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McCoy était assis sur le perron de la maison et observait l’agitation. On avait envoyé une vingtaine d’hommes de l’Argyll and Bute. Ils étaient rassemblés sur la pelouse et plaisantaient en fumant. Les fourgons qui les avaient amenés bordaient l’allée. Il ne manquait plus que Wattie arrive pour lancer les recherches. McCoy espérait qu’il viendrait avec le professeur, ça leur ferait gagner du temps. Il alluma une cigarette et chassa les moustiques de son visage.

Quelque chose lui disait que Crawford Lindsay était la clef du mystère. Il avait aidé à organiser les attentats, et à présent que Lindsay faiblissait, c’était sans doute le jeune Crawford qui dirigerait la suite des opérations. Il avait menti en disant que Neil Harrison était parti pour Londres, mais savait-il pourquoi il mentait ? Se contentait-il d’obéir à son père ou était-il plus impliqué ?

Du mouvement au détour de l’allée attira son regard. C’était Faulds et Wattie, accompagnés d’un homme qui n’aurait pas pu avoir plus l’air d’un professeur même en essayant. Il portait un costume, une chemise sortie de son pantalon, de petites lunettes rondes. Il regardait autour de lui en s’efforçant de ne pas se laisser distancer par les deux autres. Ça devait être difficile pour lui, il boitait bas, traînait sa jambe gauche.

Wattie fit un signe à McCoy, qui y répondit. Il était content de le voir et pas seulement pour qu’il organise les recherches. Sa grosse tête d’idiot réussissait toujours à mettre McCoy en joie. Il se leva, s’épousseta les fesses et attendit le groupe.

– Salut, Harry, dit Wattie. Les troupes sont arrivées, je vois.

– J’ai besoin de toi pour organiser une battue, dit McCoy. Il faut fouiller le terrain et toutes les dépendances. On cherche de la terre fraîchement remuée, des amas d’arbres coupés, des caves, des sous-sols, ce genre de choses.

– On cherche un cadavre, vous voulez dire ?

– Peut-être plusieurs.

Wattie acquiesça, s’éloigna, cria aux hommes en uniforme de se rassembler.

– Je te présente le professeur Burns, dit Faulds.

McCoy tendit sa main à Burns, qui la lui serra. D’un signe de tête, il désigna la maison.

– C’est une David Bryce, dit-il en souriant.

– Une quoi ? dit McCoy.

– L’architecte. Je connais parce que j’ai grandi dans une de ses maisons. Inzievar House. Près de Dunfermline.

– Ah bon ? fit McCoy, se demandant pourquoi il avait toujours affaire à des Écossais parlant avec un accent snob anglais. Venez, on a besoin que vous examiniez des documents pour nous.

McCoy le conduisit dans la salle à manger, lui servit un whisky. Burns parut interloqué.

– Buvez, dit McCoy. Vous en aurez besoin.

Burns but une gorgée, grimaça.

– Je ne suis pas un grand buveur de whisky. Je préfère le vin rouge.

– On devrait pouvoir vous trouver ça. Hughie, tu veux bien aller nous chercher une bouteille de vin rouge à la cave ?

Faulds hocha la tête, s’éloigna en hâte.

– Votre collègue Watson, dit Burns, il ne m’a pas vraiment expliqué pourquoi on avait besoin de moi ici. Une question d’histoire militaire ?

McCoy acquiesça.

– Il y a une montagne de photos en haut, on a besoin que vous essayiez d’identifier où elles ont été prises et ce qui s’y passe. Apparemment, ça va de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’Irlande du Nord. C’est votre domaine ?

Burns confirma de la tête.

– Je suis spécialisé dans les conflits coloniaux. Les restes de l’Empire, comment ils sont libérés, comment ils deviennent indépendants. Pour être honnête, mes connaissances sont un peu plus fragiles sur la Seconde Guerre mondiale.

Faulds réapparut et tendit à Burns une bouteille poussiéreuse.

– J’ai pris la même que celle que buvait Margo, dit-il. Je n’y connais rien en vin.

Burns la prit. Ses sourcils se haussèrent.

– Château Marquis de Terme ? 1952 ? C’est une sacrée bouteille. Ça paraît dommage de l’ouvrir sans manger ou sans davantage de cérémonie.

– Ouvrez-la, dit McCoy. Vous allez en avoir besoin.