théâtre déjazet
La Maison Saladier,
vaudeville en deux actes,
de MM. Brisebarre et Eugène Nus
L'Amour du trapèze,
vaudeville en un acte, de M. Julien Deschamps
Il nous en coûte de passer de cette machine shakespearienne à L'Amour du trapèze et à LaMaison Saladier ; mais le contraste est par lui-même instructif566.
L'Amour du trapèze est une farce attardée qui a dû être faite au moment de la grande vogue de Léotard567. Mme Verpillé s'est prise d'amour pour le beau gymnasiarque. Son mari a conçu une passion non moins folle à l'endroit de Mme Bérénice dans LaMariée du Mardi gras568. – M. Verpillé se travestit en Léotard et se pend à un trapèze ; Mme Verpillé prend le costume de Bérénice et dessine les entrechats les plus fantastiques ; ainsi déguisés, les époux se rappellent leur idéal et se réconcilient. La chose est tombée tout à plat.
La maison Saladier est une pension de jeunes demoiselles où se réfugie comme sous-maîtresse une habituée du Casino Cadet569, poursuivie par ses créanciers. Elle apprend à ses élèves des danses prohibées et des couplets égrillards. Le tout est entremêlé de plaisanteries laxatives sur les pruneaux. L'agrément de la pièce consiste en ce que le sexe laid n'y a qu'un représentant, M. Saladier, vieil imbécile qui croit toutes les jeunes filles amoureuses de lui. Pour le corriger, Mme Saladier tiendra désormais un pensionnat de garçons.
566 L'Amour du trapèze, étude gymnastique en une seule séance de Julien Deschamps (1818-1889), ici assisté de l'obscur Hippolyte Lefebvre, et Maison Saladier, scènes de la vie réelle en deux actes d'Édouard Brisebarre (1818-1871) et Eugène Nus (1816-1894), ont été créés le même soir, le 22 avril 1861.
567 Jules Léotard, trapéziste (1839-1870), inventeur du trapèze volant (voir p. 334-335).
568 Folie-vaudeville en trois actes d'Eugène Grangé et Lambert Thiboust (Palais-Royal, 2 février 1861).
569 Salle de bals ouverte en février 1859 rue Cadet. Rigolboche (voir p. 291 et note 1) en était l'animatrice.