opéra

Représentation de gala.
La Muette de Portici

La représentation de gala qui donnait aux artistes de l'Opéra un parterre d'empereurs n'est pas du domaine de la critique. De telles splendeurs éblouiraient le feuilleton. Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'on a joué le quatrième acte de L'Africaine et le second acte de Giselle, avec l'ouverture de Guillaume Tell pour intermède. L'élite du chant et de la danse concourait à l'exécution de l'opéra et du ballet, qui a été parfaite. Les plus petits rôles étaient tenus par des artistes de premier ordre. L'hymne national russe avait ouvert la soirée619.

On a repris La Muette de Portici, cette œuvre éternellement jeune qui semble faite d'hier. Il n'est pas nécessaire d'ajouter que la salle était comble, que Villaret, Faure et Mlle Marie Battu ont été chaudement applaudis, et que Mlle Eugénie, dans le rôle de Fenella620, s'est montrée, comme toujours, touchante et sympathique.

619 C'est le 4 juin que Napoléon III a offert ce gala à son invité le tsar Alexandre II, en visite officielle en France avec son fils le futur Nicolas II à l'occasion de l'Exposition universelle. L'Africaine est le dernier opéra, posthume, de Meyerbeer, créé à l'Opéra le 28 avril 1865.

620 Conformément au titre de cet opéra célèbre d'Auber (créé le 29 février 1828), le personnage principal, celui de la muette, est confié à une danseuse qui mime son rôle ; Eugénie Fiocre (1845-1908) enchantait Paris par sa joliesse mutine, bien présente dans son buste par Carpeaux (1869, musée d'Orsay). Le ténor François-Pierre Villaret (1830-1896), le baryton Jean-Baptiste Faure (1830-1914) et la soprano Marie Battu (1840-1888) chantent les trois rôles vocaux : Masaniello, Alfonso et Elvira.