10
DES FUNÉRAILLES MOUVEMENTÉES

En pénétrant dans les bureaux de la brigade, lundi matin, Jana Stucki constata que l’inspecteur adjoint et le légiste étaient plongés dans la lecture du Temps et de La Tribune de Genève qui titraient MEURTRE MYSTÉRIEUX À JUSSY pour le premier et HORRIBLE MEURTRE À GENÈVE, avec en sous-titre : La police impuissante ! pour le second.

Parfait, pensa-t-elle avec un sourire intérieur. Pendant que les « pisses-copies » s’agitaient en exposant des hypothèses absurdes pour lecteurs avides, elle aurait le loisir d’enquêter plus tranquillement sur les premiers indices tangibles qui alimentaient enfin son dossier.

Elle se dirigea vers son bureau et arracha au passage et sans ménagement le journal que lisait Max, riant de le voir sursauter sur sa chaise.

– Renaud, apportez-moi les infos sur Shaw envoyées par le FBI. Max, dans mon bureau.

Ils s’exécutèrent pendant que Jana s’installait dans son fauteuil, parcourant d’un œil distrait et rapide le quotidien que Max lisait peu d’instants auparavant.

– Il y a aussi un article au sujet des enfants américains dans le Herald, précisa-t-il, persifleur, vous voulez en prendre connaissance, inspecteur ?

– Plus tard, Max.

– J’espère vous avez remarqué ce que j’ai rajouté sur le panneau de travail !

– En effet, dit-elle en posant le journal, et je me demande ce que tu attends pour m’en parler.

– Rien ne vous échappe, inspecteur, railla-t-il poliment.

Pour toute réponse, Jana lui offrit un regard sombre qui n’appelait aucune réponse.

Max se dirigea vers le panneau et l’embrassa du regard avant de livrer les résultats de ses recherches, alors que Pascal Renaud pénétrait dans le bureau.

– Les quatre lignes mystérieuses de texte qui figurent dans l’enveloppe déposée l’autre jour sont de Charles Lutwidge Dodgson, inspecteur, commença Max, d’une petite voix qui exigeait une écoute attentive.

– Qui ça ?

– Lewis Carroll si vous préférez. Ces lignes ont été écrites alors qu’il enseignait au Christ Church College, et semblent être liées à une période idéalisée de son enfance. Le professeur de littérature anglaise de l’Université de Genève que j’ai interrogé m’a précisé que Lewis Carroll avait de très nettes tendances pédophiles ! Il aimait photographier les jeunes – très jeunes – filles et souffrait d’une obsession maladive pour les fillettes qu’il photographiait de préférence nues. Dans l’Angleterre rigoriste de « Queen Victoria », le père du futur écrivain est pasteur et fait régner la terreur sur ses onze enfants. À tel point que sept d’entre eux sont affligés d’un fort bégaiement qui n’a pas épargné le futur Lewis Carroll. En revanche, il est intéressant de noter que ce handicap disparaît, dit-on, lorsqu’il est en présence de ses « amies-enfants ». Ces fillettes représentent, en quelque sorte, la figure de la mère, idéalisée bien sûr, car celle-ci était partisane elle aussi d’une éducation aussi sévère – le mot est faible – que celle que le père imposait à ses enfants. Voilà ! Vous vouliez connaître l’auteur du message. C’est chose faite.

– Quoi ? C’est tout ? lança Jana, déçue.

– Le papa d’Alice aux pays des merveilles, pédophile et adepte de la flagellation, c’est pas mal quand même ! précisa Max, indigné de la réaction peu enthousiaste de son chef.

– Comment ça « adepte de la flagellation » ? intervint Pascal Renaud qui faisait enfin la relation entre Lewis Carroll et Alice au pays des merveilles lorsque son collègue fit allusion à son œuvre, dont il avait entendu parler dans ses jeunes années.

– Voyez-vous, j’ai appris que les pratiques éducatives de l’époque, c’était « quelque chose » ! s’exclama Max. Imaginez que dans les Public schools, en fait des établissements privés, les filles, aussi bien que les garçons étaient battus en public. Les punitions corporelles se transformaient sournoisement en flagellation à caractère souvent érotique. Je vous passe les détails, car je ne pense pas utile d’en faire un florilège, mais il faut admettre que c’est édifiant !

Jana se leva et se planta devant le panneau pour lire à haute voix les quatre lignes dont le sens lui échappait toujours :

Je donnerai bien volontiers toutes les richesses,

Fruits amers du déclin de la vie

Pour être à nouveau petit enfant

Durant une seule journée d’été.

Un long silence plana dans le bureau à l’ordonnance parfaite de Jana.

– Qu’a-t-on bien voulu nous dire par ce message énigmatique ? finit-elle par grommeler.

Max vint au secours de sa supérieure :

– La théorie du prof, c’est que cet indice est destiné à nous mener vers les enfants.

– Les enfants ? reprirent en chœur Jana et l’inspecteur adjoint.

– Oui. Si l’auteur du message mystérieux avait voulu nous donner un indice précis, il l’aurait sans doute mentionné et rédigé dans ce sens : un nom, des faits, une menace, un avertissement… que sais-je ? Même de façon voilée. Au lieu de cela, il cite un auteur culte et populaire qu’on lit aux enfants le soir dans leur lit bien douillet.

Le légiste arpentait le bureau de sa stature massive, une main dans la poche, l’autre rythmant ses propos qui avançaient une première hypothèse de travail. Son maigre auditoire l’écoutait religieusement, se gardant bien de l’interrompre.

– Moi, je suis comme la plupart des gens, j’ai toujours pensé que Lewis Carroll était un auteur « politiquement correct » ! Il semblerait que cela ne soit pas le cas… à l’instar de nombreux contes de fées dont la charge érotique est sous-jacente mais bien réelle.

– Donc l’indice proposé par le message est lié à la personnalité, aux caractéristiques… Quoi ? à la moralité de l’auteur ? interrogea Jana Stucki.

– Absolument ! La critique moderne nous apprend que Lewis Carroll connut une enfance pénible et reçut une éducation d’une violence inouïe et inacceptable aujourd’hui, mais néanmoins : « poli-ti-que-ment co-rrecte » pour l’époque, précisa-t-il, le ton solennel et les index levés vers le plafond, d’une brutalité telle qu’elle rendit l’enfant bègue et développa ses névroses sexuelles. En bref : « un pédophile victorien ».

– C’est quoi un pédophile victorien ? s’enquit, penaud, Pascal Renaud.

– Voyons, inspecteur adjoint, la reine Victoria a régné sur l’Empire britannique durant la quasi-totalité du dix-neuvième siècle, d’une main de fer pour tout ce qui concerne les valeurs morales, l’éducation, la famille, tout ça ! Vous comprenez ? Une sorte de maréchal Pétain sans képi mais avec la barbe…

– Ça suffit Max, on s’égare. Vos opinions politiques n’ont pas à être développées au sein de notre travail.

– Désolé, inspecteur.

Alors que Pascal Renaud roulait des yeux noirs dans son coin, exaspéré par les humiliations que lui imposait régulièrement son collègue, Max reprit :

– L’histoire est pleine de ces relations ambiguës : l’homosexualité de Verlaine et Rimbaud, les pièces censurées de Baudelaire, les relations incestueuses entre Byron et sa demi-sœur, la bisexualité d’Alexandre de Macédoine, Oscar Wilde jeté en prison pour homosexualité… pour n’en citer que quelques-unes, sont de notoriété publique. Ici, le sens du mystérieux message n’est pas réellement important, même si le sujet est lié à l’enfance. Focaliser sur le sens du texte était une erreur de ma part. On constate néanmoins en analysant ces lignes que le souvenir de cette période, pour l’auteur, est empreint d’une profonde nostalgie. Il est étrange de constater que l’éducation pour le moins malsaine pratiquée à l’époque chez les british était dans l’ordre des choses. Lewis Carroll considérait comme parfaitement normal de photographier des fillettes nues car, à ses yeux, le corps d’une enfant de cet âge ne devait pas poser de problème d’ordre moral.

– Conclusion, enchaîna Jana, le message a pour objectif d’attirer notre attention sur la piste d’enfants abusés sexuellement.

– C’est ce que je pense, inspecteur. Oleg Kounev est lié, d’une façon ou d’une autre, à un trafic d’enfants. Le labo confirme également que c’est bien un enfant de sept ou huit ans qui a écrit ces mots, dictés par un adulte, bien entendu.

La conclusion les laissa sans voix. Max s’assit et sortit un mouchoir de sa poche pour éponger son front.

À cet instant, le téléphone sonna.

– Inspecteur Stucki.

Elle raccrocha rapidement après avoir marmonné quelques « hum, hum » suivi d’un « merci, nous serons présents ».

– Les funérailles d’Oleg Kounev sont prévues demain matin. C’était Tatiana. Elle a pris toutes les dispositions nécessaires pour la cérémonie.

Jana réfléchit quelques secondes avant de donner ses consignes.

– Voilà ce que je propose : Max, tu rédiges un rapport sur le message de Lewis Carroll et tu l’envoies en urgence à Steve Kurtz au FBI en lui demandant de confirmer ou non ta théorie. Renaud, vous me sortez tous les dossiers traitant d’enfants disparus ces six derniers mois. Interrogez nos fichiers et celui du VICAP et partagez vos infos avec le FBI. Les cadavres d’enfants retrouvés par Kurtz aux États-Unis sont peut-être liés à notre affaire. Pour ma part, je vais étudier le dossier de Shaw et j’irai voir ce soir le juge pour lui exposer notre théorie. Elle est encore bien fragile, mais je pense que ça se tient malgré tout. Demain, nous nous rendrons aux funérailles de Kounev. Shaw sera certainement présent et nous pourrons avoir une petite discussion avec lui.

– Vous pensez que Shaw est impliqué, inspecteur ?

– Aucune idée, Renaud, mais c’est la seule piste que nous possédions. Au boulot messieurs !

Chacun s’exécuta.

Restée seule, Jana saisit le dossier relatif à Shaw envoyé par l’inspecteur Kurtz et se mit à le parcourir.

*

Un soleil de plomb s’étendait sur les costumes noirs, donnant de l’éclat aux toilettes élégantes et alourdissant le voile léger comme une ombre qui recouvrait le visage pâle, perlé de larmes, de Tatiana Kounev.

Jana Stucki se tenait un peu à l’écart du rassemblement alors que ses hommes surveillaient la scène depuis leur voiture banalisée. Elle était à nouveau sous l’emprise de la beauté de la jeune Russe. Sa silhouette aujourd’hui tremblante et lasse attirait tous les regards de la petite troupe réunie dans le cimetière ordinairement calme de la commune de Jussy.

Reporters et photographes peu scrupuleux étaient fermement refoulés par les agents en charge de la sécurité.

Malgré le recueillement profond, entrecoupé de sanglots de plusieurs jeunes femmes dont Oleg avait été le bref amant, une atmosphère étrange se dégageait de la fosse béante à côté de laquelle le cercueil attendait de disparaître au regard des vivants.

Sandra Neff, l’assistante d’Oleg Kounev, soutenait Tatiana dans sa douleur et lui manifestait une sorte d’allégeance empruntée. Elle paraissait avoir trouvé dans la sœur de son défunt patron une remplaçante de choix pour satisfaire ses besoins de soumission. Tatiana posa une main tremblante sur le cercueil de son frère au moment où les croque-morts se saisirent des cordes permettant la descente de la bière.

Les circonstances dramatiques de la mort de leur ami, collègue, connaissance, client, ennemi et amant conféraient à la cérémonie un caractère hors du commun, dont l’intensité n’échappait à personne.

Shaw était entouré par monseigneur Wythbread et Karen. Celle-ci cachait son mal-être derrière de grosses lunettes noires. Les clameurs de Bercy et les lèvres chaudes de Gil parcourant son corps lui semblaient à des années lumière.

Elle observait avec compassion Tatiana Kounev pleurer devant le cercueil qui descendait lentement en terre. Ses pensées ne pouvaient se détacher d’Oleg.

Durant des mois, il lui avait fait une cour virile mais délicate, ne renonçant jamais face à ses refus ou à ses tergiversations d’enfant gâtée, ne se laissant pas décourager par son silence inaltérable. Elle l’avait trouvé attirant, sexy, mais restait incapable d’éprouver une attirance sincère vis-à-vis de lui, à l’instar d’une certaine répulsion qu’elle éprouvait à l’égard des hommes, lui inclus. Le souvenir de l’émotion qu’elle avait ressentie et aussitôt refoulée lors de leurs premières rencontres provoqua soudain en elle une angoisse létale sur laquelle se superposa l’image de son père. Un frisson parcourut son corps. Elle fit un effort pour se concentrer sur l’instant présent et s’arracher à cette odieuse réminiscence.

À ses côtés, Gil, dans un tailleur pantalon noir anthracite large, se tenait droite, le regard imperturbable, les yeux fixés sur Jana qui se trouvait en face d’elle, légèrement décalée, derrière le groupe agglutiné autour du trou dans lequel avait maintenant disparu le cercueil blanc et brillant, désormais entièrement recouvert de terre.

Jana, qui pensait avoir trouvé une place discrète pour observer tout ce petit monde, était elle-même dévisagée. Elle fit quelques pas de côté et appela discrètement Pascal Renaud depuis son portable.

– La belle brune, à côté de Karen Shaw, vous la connaissez ? murmura-t-elle.

L’enquêteur saisit son appareil photo, activa le zoom, l’observa une seconde puis répondit par la négative.

– Faites des recherches, s’il vous plaît.

– O.K., inspecteur.

Il mitrailla la scène, fit quelques gros plans avant de s’engouffrer dans la voiture pour établir le contact avec la brigade.

La petite assemblée se dispersait au rythme des funérailles qui se terminaient. Lentement, chacun s’appliquait, non sans raideur, à se montrer digne et concentré. Quelques-uns présentaient leurs condoléances à Tatiana, qui tenait encore debout grâce aux efforts déployés par Sandra Neff, puis s’en retournaient, abandonnant la silhouette have de la jeune femme russe, brisée par son chagrin.

Peu à l’aise dans les vêtements de deuil qu’elle avait cru bon d’enfiler, Jana Stucki se dirigea vers Tatiana pour lui faire part de sa sympathie, alors que Shaw, qui en avait terminé avec les politesses mondaines, marchait dans sa direction.

– Inspecteur Stucki ?

– En effet.

– Je me présente : Edwin Shaw. Voici monseigneur Wythbread, notre évêque à Houston. Nous sommes amis de longue date, monseigneur et moi.

Les mains jointes devant lui, raide comme une tige de métal forgé dans le feu des chaudrons de l’enfer, le prélat salua Jana d’un geste de la tête, quasi imperceptible.

– J’ai appris que vous souhaitiez me voir concernant l’épouvantable assassinat d’Oleg. Je voulais vous assurer de ma totale coopération, inspecteur. Oleg était bien plus qu’une simple relation d’affaires, c’était un ami et son enthousiasme va nous manquer cruellement.

– Je vous remercie, monsieur Shaw. J’aurai en effet quelques questions à vous poser. Quand puis-je venir vous voir ?

– Je serai à « Houston » jusqu’à demain soir. Vous connaissez le chemin, je crois. Passez quand cela vous arrange.

– Je n’y manquerai pas. Vous pouvez compter sur moi.

Elle les salua et continua son chemin en direction de Tatiana Kounev, ne pouvant s’empêcher d’éprouver une sensation désagréable et angoissante au contact des deux Américains. Le charme pervers de Shaw lui laissait un goût amer mais elle souhaitait ne pas se forger une opinion sur la base de trente secondes de conversation après un enterrement qui l’avait probablement bouleversée plus qu’elle ne l’imaginait.

Karen était en train de serrer Tatiana dans ses bras. Elle l’embrassa et fila sur les traces de son père, sans paraître remarquer Jana qui ne put s’empêcher de se retourner pour admirer l’allure athlétique et décontractée de la fille de Shaw. Malgré ses talons fins, sa foulée était incroyablement légère. Elle remarqua son pantalon noir et pesta contre la jupe serrée qu’elle avait ressortie d’un placard pour l’occasion et dans laquelle elle se sentait boudinée.

Tatiana tomba dans ses bras, sous l’œil réprobateur de Sandra Neff.

– Inspecteur ! lâcha-t-elle entre deux sanglots, le visage baigné de larmes, les yeux rougis sous le voile de dentelle. Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait mais je vous en prie… trouvez celui qui m’a enlevé mon frère adoré. Je veux lui arracher les couilles ! Et si c’est une femme…

Jana fut étonnée par la vulgarité de cette déclaration qui ne correspondait pas à l’image de la fine jeune femme à l’esprit vif qui avait débarqué dans son bureau, il y a quelques jours, et dont le parfum suave la hantait encore. Elle tenta de la calmer alors que celle-ci, agrippée à sa veste, secouée par les sanglots, se laissait glisser, le corps tremblant, saisi peu à peu de spasmes.

Jana et la pauvre Sandra Neff n’eurent pas le temps de réagir.

Tatiana, déjà très pâle, devint livide, son dos s’arc-bouta avec une telle violence que l’on aurait pu supposer que sa colonne vertébrale allait se briser en deux parties. Ses yeux se révulsèrent et son corps tout entier se cabra.

Jana se précipita sur elle, la plaqua au sol, tentant vainement de contrôler ses membres. Elle hurla :

– Max ! J’ai besoin d’aide. Elle fait une crise d’épilepsie. Viiite !

Max et Renaud accoururent. Malgré son embonpoint, le légiste arriva presque en même temps que son collègue qui avait saisi Tatiana à bras le corps pour tenter de la maîtriser.

Max sortit de sa trousse médicale une seringue de Carmabazépine, un anticonvulsif puissant et effectua l’injection.

Le système nerveux de la jeune femme se relâcha aussitôt.

Le corps livide, la robe noire ondulante gisaient maintenant sur l’herbe verte du cimetière.

Sandra Neff tenait la main de Tatiana qui gémissait doucement.

– Voilà ce qui la ronge : l’épilepsie. C’est vraiment une belle saloperie, dit Jana.

– Je suis prêt à la soigner jusqu’à la fin des temps, déclara Renaud.

– Arrête, inspecteur adjoint. Tu ne fais pas la différence entre aspirine et paracétamol. Avec moi, en revanche, elle serait en sécurité.

– Ca suffit vous deux. Max, appelle une ambulance. C’est plus prudent. Renaud, as-tu du neuf concernant la belle brune qui s’est éclipsée sans que je m’en aperçoive ?

– Vous aviez vu juste inspecteur. Elle est fichée chez nous, aux mœurs plus exactement. Une histoire qui date un peu : une adolescente de quinze ans a porté plainte il y a cinq ans pour harcèlement sexuel mais la plainte a été retirée et l’affaire s’est arrêtée là.

– Tiens, tiens ! fichtrement intéressant ça ! Aucune suite, vraiment, n’a été donnée à la plainte ?

– Pas que je sache pour l’instant, inspecteur. Elle a été radiée durant deux ans par l’ordre des médecins. Aujourd’hui elle est artthérapeute pour enfants et elle travaille dans son appartement de la place du Bourg-de-Four. Elle s’appelle Gil Saunders.