Mark ne sait pas exactement où se situe la clinique, mais ce n’est pas très important. Quelque part dans le sud-ouest de Berlin, dans un parc clos aux arbres magnifiques, est une approximation suffisante. Comparativement au « placard » du service Urgences de l’hôpital dans lequel on l’a installé après l’opération, il lui est facile de supporter les vitres blindées, les onomatopées polies des barbouzes en trois-pièces col Mao qui sillonnent le bâtiment dans lequel lui n’a qu’un espace restreint de mouvement, le sourire compréhensif et les indications médicales hyperpointues des blouses blanches, l’absence de tout moyen de communication avec l’extérieur et même la gamme très variée des douleurs qui lui déchirent le bras quand les antalgiques ne font plus effet.
Ce que le toubib de l’ambulance lui a présenté comme une blessure en séton, certes impressionnante mais dont on se remet très vite, se révèle une vraie fourmilière à séquelles. Os touché, articulation compromise, tendons sectionnés. Il passe deux fois cinq heures sur le billard pour une chirurgie de réparation qui tourne à la reconstruction au sens propre du terme. Graphite, téflon, corail artificiel et autres joyeusetés synthétiques constituent désormais l’essentiel de son coude droit. La rééducation sera longue, pénible et ne lui permettra pas de redevenir le tennisman talentueux qu’il n’a de toute façon jamais été.
Et pour la chistera ?
Non, ce qui horripile Mark, c’est que personne ne rit à son humour, alors qu’il s’est rarement senti aussi drôle. Bien sûr, ses bons mots fleurent l’ail mais, après tout, qu’existe-t-il de plus efficace pour se protéger des vampires ?
On le laisse mariner trois jours dans sa convalescence avant que le Dracula en chef daigne le visiter. Un quadra grisonnant très athlétique et pas franchement jovial, Hugo Boss des pieds à la tête, petite épingle discrète à l’œillet de son col de veste. Très sport, la veste, et infroissable jusque dans le combat rapproché. À peine moins vrai que James Bond, mais beaucoup plus crédible.
— Jorge Espinhaõ, le présente Nathalie, responsable de la Coordination des Services de Renseignement européens.
Espinhaõ s’avance et tend la main (la gauche, pour ne pas embarrasser Mark).
— Je m’efforce de faire le lien entre les différents départements sans froisser les susceptibilités.
La voix est légèrement sifflante et vaguement nasale : un reste d’accent noyé dans un français impeccable. Le sourire est diplomatique, un brin commercial. La main ferme. Mark la serre sans chaleur et désigne sa chambre.
— C’est luxueux, mais je n’ai que deux sièges. L’un de nous devra rester debout.
Trente mètres carrés, un lit de 160, deux fauteuils, une table basse, un bar réfrigéré et une armoire Stark, une salle de bains attenante avec baignoire à remous et douche multijets, le plafond à plus de trois mètres du sol, des portes-fenêtres immenses ouvrant sur une terrasse, et une bibliothèque en douze langues. C’est fastueux.
— Le manoir a reçu beaucoup d’hôtes qu’il convenait de soigner pendant la guerre froide, explique Espinhaõ.
— Par « soigner », vous entendez « mettre au vert » ou « mettre au secret » ?
Espinhaõ engage Nathalie à s’installer dans l’un des fauteuils et présente l’autre à Mark. Lui-même ouvre la porte-fenêtre la plus proche et s’adosse au chambranle.
— Les deux.
Mark s’assoit et s’efforce de ne pas croiser le regard de Nathalie.
— Et vous me classeriez dans quelle catégorie ?
Aucune hésitation :
— Les deux aussi. Vous aviez besoin de repos et nous devions nous assurer que votre vie n’était pas en danger avant de vous laisser reprendre le cours normal de vos activités.
— Et quand donc pourrai-je reprendre le cours normal de…
— Médicalement, dans deux jours. Vous récupérez vite et l’opération est une réussite totale. En ce qui concerne votre sécurité, vous pourriez quitter le manoir dès aujourd’hui.
Cette fois, Mark tourne la tête en direction de Nathalie. Elle est appuyée contre le dossier du fauteuil, les jambes croisées haut sous une jupe plus courte qu’à l’accoutumée. Elle est magnifique et son regard, qu’elle rive au sien, ne parle que de leur relation.
— Comprenez bien, monsieur Sidzik, je ne suis pas certain que vous ne couriez aucun risque. Je pense même que vous allez tout faire pour en prendre sans cesse davantage, mais je ne crois pas que vous soyez immédiatement en danger et je ne veux pas interférer avec l’enquête que vous conduisez.
Le visage de Mark affiche ouvertement sa stupéfaction.
— L’enquête que je conduis ? Alors pourquoi avoir mis le WER sur la touche ? Pourquoi paralyser le professeur Salinger ? Pourquoi...
Espinhaõ lève une main pour interrompre le flot de questions.
— Les réponses à toutes vos interrogations dépendent de ce que nous savons de Markus Weinmar et de ce que nous avons découvert dans les quatre affaires où il est impliqué. Je vais essayer de vous expliquer.
« Nous sommes certains que Weinmar a agi seul avec des moyens ultramodernes mais extrêmement réduits. C’est d’ailleurs ce qui embarrasse tout le monde : il est assez facile de détecter un commando, quasi impossible de repérer un solitaire, surtout à l’échelle de la planète, alors qu’il dispose de plusieurs milliers de cibles potentielles que nous ne connaissons pas toutes et sur lesquelles il possède plus d’informations que nous. Nous sommes tout aussi certains qu’il bénéficie d’un carnet d’adresses exclusivement constitué de truands anodins. Aucun terroriste, aucun mafieux, aucun pro digne de ce nom. Seulement des autodidactes et des opportunistes. Impossible donc de compter sur des indics ou d’espérer exercer des pressions sur des criminels organisés pour qu’ils nous le vendent. Ce qui nous ramène évidemment à Internet et c’est là que ça coince. Weinmar y fait son marché et y pioche ses contacts parmi des centaines de milliers d’interlocuteurs tout aussi anodins que lui, sans qu’il y ait nécessairement collusion. Le hic, voyez-vous, c’est qu’il ne se trompe jamais.
« Depuis des années, de la même façon que Microsoft lutte contre les crackers et les fac-similés de ses produits, la NSA et bien d’autres services spéciaux inondent la toile de faux hackers, faux extrémistes, faux dealers, faux marchands d’armes, etc., etc., pour piéger les vrais fournisseurs et leurs clients éventuels. Dans certains domaines, comme précisément les trafics d’armes, d’explosifs et de faux papiers, plus de quatre-vingts pour cent des vendeurs du deepweb sont des attrape-couillons, et cela fonctionne admirablement. En général, puisqu’une majorité de transactions n’aboutissent pas, aucune poursuite n’est engagée – les tribunaux ne pourraient pas suivre et, souvent, rejetteraient ce qu’ils considèrent comme des infractions mineures, des intentions sans passage à l’acte, des instructions mal étayées ou des méthodes d’investigation attentant à la liberté individuelle – mais les contrevenants, reconnus ou supposés, sont fichés et surveillés par les services qui les ont détectés. Weinmar n’a jamais été détecté et n’a jamais pris contact avec un trafiquant fiché.
Il a peut-être beaucoup de chance, manque objecter Mark, mais Espinhaõ poursuit :
— Nous en concluons... nous, c’est-à-dire tous les services spécialisés des nations industrielles. Nous en concluons que le carnet d’adresses de Weinmar ne compte qu’un seul correspondant dont les renseignements sont d’une fiabilité à toute épreuve. Pour des raisons politiques, le World Ethics and Research est le candidat qui arrive en tête de la liste établie par les agences de renseignement nord-américaines. Elles exigent donc sa dissolution. En Europe, nous préférons la thèse d’un lobby, genre secte, loge ou club, qui posséderait des antennes à tous les niveaux de la société dans tous les États, nous sommes en train de passer au crible ceux que nous connaissons. Il n’empêche que nos politiciens doivent composer avec leurs homologues américains.
— On leur offre donc Salinger en pâture.
— Mais on vous laisse libre de poursuivre la mission qu’il vous a confiée. Il s’agit de marchandage diplomatique au plus haut niveau, monsieur Sidzik, pas d’une collaboration ouverte dans la recherche d’une vérité policière.
— C’est dégueulasse.
Espinhaõ hausse les épaules.
— Soyez honnête : les méthodes du WER ne sont pas si différentes de celles qu’emploient ordinairement ceux qui lui font aujourd’hui la peau. Par ailleurs, elles ont engendré un Markus Weinmar.
Mark ne profite pas du blanc qu’Espinhaõ laisse. Il n’a rien à dire contre une logique qu’il estime aussi irréfutable que pernicieuse.
— Pour en revenir à ce qui vous concerne personnellement et au risque de passer pour le dernier des cyniques, je vous avoue que, tout en déplorant la mort des Ostrowiec et de Karl-Heinz Weinmar, je suis ravi que vous ayez poussé le ou les commanditaires de Weinmar à se dévoiler.
— Commanditaires ? Ah non ! Vous...
— Commanditaires, manipulateurs, associés, marionnettistes, appelez-les comme vous voulez. Ils ont maintenant une existence physique. Et ça, voyez-vous, c’est le début de la fin pour une certaine argumentation d’outre-Atlantique qui commençait sérieusement à me courir sur le système !
— Le type que vous avez arrêté a parlé ?
Nathalie décroise ses jambes et les recroise dans l’autre sens. Espinhaõ se détache du chambranle de la porte-fenêtre. Mark comprend que ce qu’il va entendre n’aura que peu de rapport avec la vérité.
— Il ne savait pas grand-chose. C’est un sous-fifre de sous-fifre, un petit casseur lié aux milieux d’extrême droite, qui fait ce qu’on lui demande de faire. Ce qu’il nous a avoué est sans intérêt. C’est ce que nous connaissions déjà de lui qui va nous faire progresser. (Il regarde sa montre). Je vous tiendrai au courant.
Il tend de nouveau la main à Mark, qui la serre sans se lever avec encore moins de conviction que la première fois, fait un bref signe de tête en direction de Nathalie et quitte chambre d’un pas lourd de responsabilités.
— À la prochaine, jette Mark à la porte qui se referme.
Il est presque certain de ne jamais le revoir.
Dès qu’ils sont seuls, Mark fixe Nathalie et fronce les sourcils pour se durcir le tempérament en découvrant la gêne dans les yeux de la jeune femme.
— Toi, tu me dois un peu plus que de vagues explications.
Nathalie hoche la tête avec empressement. Elle se redresse dans le fauteuil, décroise à nouveau les jambes et offre son regard en otage.
— Je sais ce que je n’ai pas le droit de te dire, mais pas par où commencer. D’ailleurs toute ma vie se résume à ça : des mensonges et aucune vérité sous la main pour les expliquer.
Sans lâcher Mark des yeux, elle plonge la main dans son sac et en sort une petite boîte grise qu’elle pose sur la table entre eux, puis elle l’ouvre (comme s’ouvre un téléphone mobile), appuie sur une touche que Mark ne voit pas et détourne son regard du sien, le temps de jeter un œil vers l’appareil.
— Espinhaõ m’avait garanti qu’il n’y avait pas de mouchard, mais je devais m’en assurer.
— Et il n’y en a pas ?
— Non.
— C’est ton... patron ?
— L’un des. Je suis détachée par la DGSE auprès de la Coordination qu’il dirige. Je ne lui dois qu’une fidélité relative et il est obligé de s’en contenter. C’est le problème avec l’Europe. On travaille tous la main dans la main, pendant que l’autre main fait autre chose. Ça passera quand il existera une réelle unité politique, si...
— Si ?
Elle sourit.
— Nous parlerons de l’Europe une autre fois. Pour l’instant je vais m’efforcer de te dire ce que même Espinhaõ ne sait pas. Tu le répéteras à Fred.
— Ce ne serait pas plus élégant que tu le fasses toi-même ?
Nouveau sourire, contrit cette fois.
— Je ne dis pas que nous resterons bons amis, mais toi tu me pardonneras ou tu accepteras, ce qui revient un peu au même. Pas Fred. Et, tout à fait entre nous, si les rôles étaient inversés... Bref. Le copain réalisateur de Karl-Heinz a l’oreille fine : je suis russe, ou ukrainienne, ou... enfin disons que je suis née en Union soviétique à une époque où les nationalismes locaux n’étaient pas si importants que ça. Lieu de naissance et parents inconnus, en tout cas pour moi. Je ne doute pas que le KGB savait, et peut-être la GPU, mais on s’est contenté de me dire que j’étais orpheline. D’ailleurs, à l’orphelinat, tout le monde était comme moi. Par la suite, j’ai appris que beaucoup d’entre nous étaient des enfants de parias, emprisonnés ou morts en goulag. C’est assez ironique, quand on songe à ce qu’on faisait de nous.
« J’ai grandi dans une institution d’État, donc, mais une institution très particulière. Jusqu’à onze ans, mis à part l’endoctrinement peut-être un petit peu plus poussé que dans les écoles de toute la grande nation soviétique, j’ai reçu une éducation normale d’orpheline soumise à un régime quasi militaire. À de menus détails près, il semble que ce soit le cas dans tous les internats de la planète, publics ou privés, laïcs ou religieux. À douze ans, j’ai été placée dans une école spéciale de cette même institution. On y étudiait toutes les matières mais on n’y formait qu’un seul type d’individus : les agents du KGB, l’élite des services spéciaux du monde entier et, crois-moi, je sais de quoi je parle. Quand Gorbatchev a annoncé la dissolution de l’URSS, à l’image de tout le KGB, l’école a connu une certaine déliquescence. Nous avons été quelques-uns à profiter de la panique pour fuguer. »
Il y a près d’une heure que l’antalgique a cessé d’agir, mais Mark ne sent plus son bras. Il écoute, les dents serrées, comme on écoute ce qu’on ne peut pas croire parce que c’est pire que tout ce qu’on pouvait imaginer.
— J’ai vécu quelques mois à Moscou, sous l’identité d’une étudiante morte d’overdose. Puis j’ai... Non ! Puisque je raconte, autant le faire sans omission. Je ne l’ai pas poussée à l’overdose, mais j’aurais pu la sauver. J’ai profité de l’aubaine. Comme j’ai profité de la rencontre avec un producteur français en quête d’adolescentes bon marché pour la réalisation de films X. Je te passe les détails, ils sont aussi communs que sordides. Abrégeons en disant que j’ai amené le producteur à m’obtenir des faux papiers et un visa, et à me faire quitter la C.E.I.. À Paris, j’ai travaillé encore six mois pour lui, le temps d’acquérir ce dont j’avais besoin pour démarrer une nouvelle vie. Je l’ai tué.
— Tu... tu avais quel âge ?
— Dix-huit ans. Ensuite, j’ai passé un peu plus d’un an à disparaître et à me constituer une nouvelle identité, comme j’avais si bien appris à le faire. Ça a été long, rarement agréable, parfois violent, mais j’y suis parvenue. J’ai inventé Nathalie Ghisaccia et je l’ai incarnée dans les archives administratives, française, père italien, ayant grandi entre Milan et Turin, tout droit sortie d’une école de photo florentine et ayant finalement choisi la France pour patrie. Du bon boulot ! J’ai eu de beaux jours de tranquillité. Jusqu’à l’ouverture des dossiers du KGB et au grand nettoyage qu’Eltsine a mis en œuvre. Tous les services spéciaux de l’Ouest en ont profité. Les nettoyeurs d’Eltsine ont retrouvé ma trace à Moscou. Quand ils ont acquis la certitude que j’étais en France, ils m’ont vendue à la DGSE. À partir de là, on entre dans les routines du Renseignement. J’avais envie de vivre, donc je n’étais pas spécialement discrète et je fréquentais des milieux pas forcément recommandables. À la suite d’un contrôle, j’ai été interpellée avec vingt grammes de marijuana dans mon sac. Vingt-quatre heures de garde à vue, relevé d’empreintes, etc. Rien que du banal sans conséquence. Je n’ai même pas été poursuivie. Sauf que, si les flics ont constaté que mes empreintes étaient biens celles de Nathalie Ghisaccia, jamais fichée nulle part, les ordinateurs de la DGSE ont reconnu celles de Natalia Olcheva. Tu connais la suite.
Mark desserre enfin les dents :
— Justement non. Mais je peux l’imaginer. Ils t’ont proposé un marché : impunité contre engagement. Ta présence aujourd’hui prouve que tu as accepté et que tu y as trouvé ton compte.
— Ça a été un petit peu plus compliqué mais, en gros, c’est ça. Je suis photographe à temps partiel et, depuis peu agent de liaison à temps plein.
— De liaison ?
— Coordination des Services de Renseignement européens.
— Et en quoi consiste cette liaison ?
D’un regard, Nathalie amène Mark à poser les yeux sur ses jambes, qu’elle dénude de quelques centimètres supplémentaires en tirant sur sa jupe.
— À faire étalage de mes charmes pour un certain Mark Sidzik qui pourrait bien me conduire jusqu’à l’ennemi public numéro un.
Mark se lève d’un mouvement rageur. Cette dérision complice, qu’elle vient de lui lancer comme un os à un chien, est la petite touche de trop dans un tableau qui l’a pourtant réellement bouleversé.
— Alors là, ne compte pas sur moi !
À son tour, Nathalie se dresse. Il n’y a plus une once d’humour dans son regard.
— Markus Weinmar est un criminel, Mark, que tu ne peux pas honnêtement laisser commettre d’autres attentats.
— Je le sais, comme je sais que toi aussi tu en es une ! Il est hors de question que je vous l’apporte sur un plateau.
— Alors à qui vas-tu l’apporter ?
Mark arpente la chambre de long en large, Nathalie reste debout entre les fauteuils.
— À qui, Mark ? Sûrement pas à Salinger ! Que pourrait bien en faire Salinger s’il avait encore la moindre liberté de mouvement ? Nous le livrer ?
— Sûrement pas à vous ! Il le livrerait à la Justice.
— Et la Justice nous le remettrait pour que nous l’entendions avant de le lui rendre.
C’est le moment que la douleur choisit pour se rappeler au souvenir de Mark. Il se précipite vers le lit, tire deux cachets de la table de chevet, e les avale avec un verre d’eau et se laisse tomber de tout son long sur le lit. Il se force à articuler les mots :
— Mark est un ami. Je dois discuter avec lui avant d’envisager avec lui ce qu’il convient de faire.
Nathalie vient s’asseoir à côté de lui.
— Très bien, fais-le.
— Et comment ?
— En te servant de ce que Karl-Heinz t’a donné. Je t’ai vu te pencher sur lui.
Moins pour calmer la douleur que pour gagner du temps, Mark ferme les yeux. Nathalie attend qu’il les rouvre.
— Nous ne sommes pas les seuls à courir après Markus, mais nous sommes les seuls qui ne l’abattront pas. Même ses prétendus « associés » finiront par prendre la décision de s’en débarrasser. Contacte-le et offre-lui le choix.
— Le contacter ? Je n’ai même pas accès à un téléphone.
Nathalie retourne à son sac et en tire son portable qu’elle pose sur la table de chevet.
— Je te laisse le mien. Il est connecté au web et il est sécurisé.
L’élancement dans son bras n’empêche pas Mark de pouffer :
— C’est mieux qu’un mouchard, en effet !
— Je te dis que je te le laisse et qu’il est garanti sans écoute. Tu en fais ce que tu veux. Sinon, il te suffit d’attendre deux jours.
— J’attendrai.
Toujours debout, Nathalie soupire.
— Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas le sentiment que nos relations ont repris sur des bases très saines. Il agit en combien de temps, ton analgésique ?
— Une quinzaine de minutes. Pourquoi ?
— Pour savoir quand tu pourras de nouveau te concentrer sur autre chose que ta douleur.
Mark se dresse sur son coude valide, tout ouïe.
— Tiens donc ! Te resterait-il deux ou trois petites choses à me révéler ?
La jeune femme lève les yeux vers le plafond puis les baisse sur lui d’un air affligé.
— Une seule, mais je me demande vraiment si tu vas être capable de t’en servir.
Elle porte la main à son chemisier et entreprend de le déboutonner.