Batraciens du Brésil*
Au cours de ces dernières annés, j'ai réuni, à I'Institut Oswaldo Cruz, une collection de batraciens indigènes, comprenant 120 espèces, dont une trentaine n'étaient pas décrites. J'en ai déjà signalé plusieurs et, aujourd'hui, je présente des aquarelles, faites d'après les animaux vivants, représentant 11 espèces ainsi que les photographies et exemplaires conservés d'une douzaine d'espèces. Je joins les caractères spécifiques qui, avec les caractères génériques, suffisent pour l'identification (L. indique la distance de la pointe du museau à l'anus).
1° Pseudis bolbodactyla; L. 47 mm – [Parmi les autres espèces, seul P. paradoxa est plus grand (L. 69)]. Le dessus est vert vif. Le dessous est blanchâtre, avec quelques vermiculations et de grandes raies noirâtres, le long de la cuisse; doigts et orteils à pointes renflées. Batracien purement aquatique, se trahissant par un coassement court et fort. Trouvée à Minas (Belo Horizonte et Lassance).
2° Crossodactylus dispar; L. environ 26 mm – Le dessus est brun avec des taches, des verrues et des lignes glandulaires plus foncées sur le trocnc et des barres transversles sur les extrémités; le dessous est blanchâtre. Le mâle a les membres antérieurs épais; la gorge et la région sternale, pointillées de noir chez le mâle, sont couvertes d'un réseau noirâtre à larges mailles chez la femelle. Les deux sexes peuvent montrer 3 pointes cornées noires au premier doigt. Trouvé dans les montagnes de l'Etat de Rio de Janeiro.
3° Eupemphix maculiventris. – Se distingue de Nana par la tête encore plus étroite en avant des yeux et d'assez grandes taches noires à centre clair sur le ventre. La voix est différente. L. 19-21 mm. Trouvé dans les montagnes, près de Santos.
4° Eupemphix olfersioïdes; L. 18 mm – Cette espèce ressemble à Paludicola olfersii, qui est bien plus grande. Le dessus est brun clair, avec une large bande latérale bien plus obscure et un demi-anneau brun foncé sur le milieu de la cuisse; la face centrale est claire. Habitudes terrestres. Trouvée sur le littoral de l'Etat de Rio de Janeiro.
5° Eupemphix bolbodactyla, L. 17 mm – Les doigts et les orteils présentent une dilatation terminale. Le dessus est fond brun olivâtre clair avec deux bandes submédianes ondulées et les barres transversales sur les extrémités plus foncées. Région inguinale largement colorée en orange vif. Le dessous est noirâtre avec 5 points blancs sur le bord maxillaire; pointillé blanc avec quelques taches plus foncées sur le ventre. Habitudes terrestres. Trois exemplaires provenant de Angra dos Reis.
6° Hyla (Hylella) eurygnatha; L. 17 mm – Le dessus est vert, passant au jaunâtre au museau, aux doigts, aux orteils et sur une ligne marginale. Tête courte, élargie derrière les yeux, ce qui est dù à la largeur de la mandibule. Iris or mat; lobule supérieur et inférieur au bord de la pupille. Pointillé noirâtre plus accentué après la mort. Membrane courte entre les doigts, plus longue entre les orteils. Un seul exemplaire provenant de la Serra da Bocaina.
7° Hyla fuscomarginata; L. 23 mm – Dents petites; tympan couvert, petit; tête courte, à angle préoculaire presque droit et apical obtus. Le corps est allongé, pas plus large que la tête. Canthus rostral distinct à marge brune. Le dessus présente un fond couleur café au lait, avec une raie médiane et une raie interoculaire formant une croix brune; double bande marginale brune de l'oeil à l'aine. Extrémités à barres brunes transversales. Le sac vocal du mâle citrin. Le dessous du corps reste crême, cendré et pointillé de noir aux pattes postérieures. Trouvé à São Paulo et Belo Horizonte.
8° Hyla elongata. Type du précédent; L. 21 mm – Le dessus est jaune ou vert sur le vivant, pointillé de rouge violet après la mort. Pas de barres sur les extrémités, mais parfois 1-2 bandes longitudinales foncées sur la jambe et le tarse. Une raie brune accompagnant le canthus, une autre autour du dos, séparée en partie par une ligne blanche. Le sac est citrin; les disques sont orangés. Espèce très variable, mais distincte de fuscomarginata avec laquelle elle a été trouvée.
9° Phyllomedusa bahiana. Grande espèce, L. 75 mm – Premier doigt plus court, mais premier orteil plus long que le second. Le dos est vert durant la vie. Les pattes antérieures et postérieures, ainsi que le tronc sont blanc en dessous. Disques petits. Trouvé à Bahia.
10° Phyllomedusa appendiculata. Espèce petite, L. 33 mm – Le dessus est bien ardoisé vert, pendant la vie. Le membre antérieur au-dessus du coude, la cuisse, les pattes antérieures et postérieures, le ventre, sont blanc-crême. Le talon présente un appendice conique.
11° Hylaplesia nigriventris; L. 21 mm – Le dessus est fond crême rougeâtre, sans tache sur le front, le reste couvert de taches noires formant barres sur les extrémités et de points blancs, groupés en étoile au niveau de la région scapulaire postérieure. Le dessous présente un fond pointillé de noir et de taches noires denses avec quelques points blancs. Trouvé à Itatiaia et Serra de Cubatão.
12° Hylaplesia flavopicta, L. 32 mm – Le dessus est noir, une raie canthale et marginale, une autre submédiane formée de points et de taches dispersées sur les extrémités et qui sont toutes couleur jaune doré tournant à l'orangé rouge dans la région inguinale et sur la cuisse; à la jambe, il y a une tache ventrale de la même couleur. Le dessous est fond blanc bleuâtre ou verdâtre à grandes vermiculations noires, sinueuses ou ramifiées. Trouvé à Belo Horizonte.
Les aquarelles, accompagnées de descriptions plus détaillées, seront publiées ultérieurement.
Séance du 6 mai 1925
J'ai l'honneur de présenter à la Société deux nouvelles espèces de Crapaud et 11 autres Batraciens nouveaux représentés par des aquarelles, faites d'après nature. J'en donnerai ici les noms et les diagnoses sommaires.
1° Hyla clepsydra L. 40 mm – La face ventrale est blanchâtre, la face dorsale est beige clair. Le museau présente une tache angulaire brune, une seconde très grande, figurant une clepsydre dont le bord antérieur est disposé sur et entre les paupières; le bord postérieur, dans la région lombaire, émet 2 prolongements obliques avec une anastomose transversale. Il y a des bandes transversales brunes sur les extrémités. La face postérieure des cuisses est rosâtre, sans dessin. Un mâle de la Serra da Bociana.
2° Hyla crospedospila. L. 30 mm – Membrane interdigitale nulle à la main, bien développée au pied. Le dos est à fond beige, avec des taches brunes disséminées sur le corps et formant des barres assez larges sur les extrémités. Toutes les taches sont à bord foncé. Le ventre est clair. Trouvée près de l'eau ou dans les Broméliacées à Rio de Janeiro et São Paulo.
3° Hyla cuspidata. – Voisine de crospedospila, mais plus petite et le museau encore plus pointu. Membrane interdigitale comme dans l'espèce précédente. Le dos présente une couleur de fond brunâtre ou olivâtre, une strie canthale, une tache interoculaire, et deux bandes fragmentées le long du dos bien plus foncées, les dernières sont garnies tout autour de points blancs. Sur les extrémités il y a des barres brunes assez larges. Le ventre est clair, la région gulaire du mâle est citrine. L'iris est cuivré. Les os sont verts. Commune dans les Broméliacées à Rio de Janeiro.
4° Hyla decipiens. L. d'une femelle adulte, moins de 2 cm – Caractères de Hylella. Le front et le bord du dos sont citrins, le reste est couvert d'une grande tache brune, lisière plus foncée. Les extrémités sont dépourvues de barres transversales, et portent quelques groupes de points noirs. Membrane interdigitale au pied seulement. Cette espèce ressemble un peu à de jeunes exemplaires de Hyla leucophyllata, mais se distingue par les caractères de Hylella. Pas trop rare dans les marais, près de Rio.
5° Hyla fuscovaria. L. 41 mm – Voisine de H. rubra, mais bien plus bigarrée. Le dos est de couleur café au lait avec un grand nombre de points et un réseau de taches plus sombres et parsemé de points clairs. Les extrémités présentent des barres brunes. Fond citrin au flanc, sur la cuisse, au bord antérieur du tarse et au bord de la jambe, en bas seulement. Le reste du côté ventral est crême, un peu rose ou moucheté de bun, surtout au bord de la mâchoire. Chez un mâle adulte de Água Branca (Minas), observé pendant longtemps, ni le dessin ni les couleurs ne changèrent.
6° Hyla pallens. Femelle adulte L. 22 mm – Type de Hylella. La tête est large et courte, Il n'y a une membrane interdigitale qu'aux pattes postérieures. Le dos est café au lait, à grandes taches longitudinales plus foncées, mais à lisière blanche, pouvant s'anastomoser entre les yeux et à la région lombaire. Le dessous est blanc jaunâtre, le ventre granulé. Les jambes présentent 2 barres brunes obliques, qui ne se retrouvent pas sur les cuisses. Toutes les couleurs sont pâles. Espèce commune dans les marais de Rio et dans les états voisins.
7° Hyla semiguttata. L. 41 mm – Membrane interdigitale 1/3 à la main, 1/2 au pied. L'articulation tibio-tarsale dépasse la pointe du museau. Le tympan est assez grand, et de couleur brune. Le dos est brun clair, avec une bande submarginale de chaque côté et une médiane, toutes brunes et fragmentées par places, formant alors des taches longitudinales ovales ou rondes. Une tache de la même couleur sur la paupière supérieure et sur la jambe. Le dos est bordé de blanc sur les côtés et en arrière. Extrémité brun clair, à raies longitudinales brunes un peu rougeâtres. La face ventrale est crême, granulée et pointillée de gris au corps, à la face postérieure des cuisses, aux extrémités antérieures et postérieures. Un exemplaire conservé de São Bento, état de Santa Catarina, paraít adulte.
8° Hyla squalirostris L. 28 – 29 mm – La tête est plus large que le corps, le museau est projeté en dessus et en avant de la bouche. Le corps et les extrémités sont très grêles. La membrane interdigitale est peu développée, au membre postérieur seulement. La peau est transparente, ce qui donne aux membres un ton rosâtre. Le dos est à fond brunâtre et présente une ligne vertébrale foncée. Raie canthale noire, bordée de blanc en dedans. Derrière les yeux, il y a une bande longitudinale double, noire, à intervalle blanc. Les membres antérieurs et postérieurs ne présentent pas de barres transversales, mais sont un peu pointillés de noir. Le ventre est blanc jaunâtre; la peau du sac vocal est citrine. Plusieurs mâles, pris la nuit dans des marais de la Serra da Bocaina.
9° Corythomantis adspersa. – Diffère de greeningi par la couleur et par le museau plus court. L. 76 mm. Les crêtes osseuses et les bords du casque sont à points jaunes; il y a quelques taches noires, allongées, sur la tête. Pupille rhombique. La membrane interdigitale existe seulement entre les 3 premiers doigts de la patte postérieure. Disques noirs, assez grands. Le fond du dos est châtain clair, à petites taches noires dans les régions latérale et lombaire, sur l'avant-bras et la jambe; quelques bandes longitudinales noires sur les extrémités. Le ventre, granuleux, blanc, porte une réticulation brune. La gorge est presque complètement noire. Un exemplaire de Niterói genre voisin de Trachycephalus par la forme et les habitudes.
10° Hylodes nasutus. L. 38 mm – La pointe des doigts est un peu dilatée et arrondie. Les membres sont grêles et longs; l'articulation tibio-tarsale peut être amenée devant le museau. La face dorsale est d'un brun clair, non tachetée, semée de granulations claires sur la tête et les paupières, plus foncées au long du canthus et de la marge dorsale. Il y a des barres transversales presque éteintes sur l'avant-bras et la cuisse et deux stries blanches transversales sur la jambe. La face ventrale est claire et ne présente pas de taches. Le museau est proéminent en avant et audessus de la bouche. Cette espèce, bien distincte des autres Hylodes, fut recueillie la nuit, à Nova Friburgo, en s'orientant sur l'appel des mâles.
11° Bufo paracnemis. – Plus grand que le B. marinus (agua) commun à Rio et São Paulo (L. 18 cm). Le mâle et la femelle sont bien plus semblables. En outre des parotides énormes il y a, au long du tibia, une série de glandes formant une masse et contenant la même sécrétion laiteuse et toxique. Le dos marbré ne montre pas de grandes taches blanches, mais il peut y avoir quelques taches noires, au moins chez le mâle. Il y a une crête supra oculaire formant avec la crête rétro-oculaire un angle mousse. Tout le corps est couvert de verrues lenticulaires, à pointes cornées chez le mâle. Le ventre moucheté de noir sur fond clair. Nous avons observé des individus vivants, de l'état de Minas, envoyés en partie par l'Institut Ezequiel Dias, de Belo Horizonte.
12° Bufo rubescens. L. du mâle, 8-9 cm, de la femelle jusqu'à 12 cm – Les deux sexes couverts de verrues lenticulaires foncées portant, chez de mâle, de petites pointes cornées. En outre, il peut montrer des excroissances nuptiales noirâtres sur les 3 premiers doigts. Le dos est brun ou olivâtre; côté ventral blanc très légèrement moucheté de noir. Les flancs sont plus ou moins marbrés et parfois on voit des barres transversales foncées sur les membres. Ce qui caractérise surtout l'espèce, c'est d'abord la couleur rouge brique des crêtes céphaliques et des membres, pouvant envahir le ventre, simulant des taches d'érythème et les parotides formant un bourrelet et long. Les crêtes supra et rétro-oculaires se continuent sans angle. Le tympan est toujours oval. J'ai observé une quinzaine d'individus, envoyés par l'Institut de Belo Horizonte. L'espèce n'est connue que dans l'état de Minas.