Sur la Schmardaella lutzi Michaelsen*
Depuis ma première communication, j'ai trouvé la Schmardaella dans les canaux efférents des reins de Hyla faber de notre pays et de Hyla septentrionalis de Cuba, ce qui étend son territoire sur une zone de plus de 46 degrés de latitude, comprenant toute la zone tropicale. Elle a été trouvée en proportion variable chez toutes les espèces examinées, c'est-à-dire une de Cuba, deux du Vénézuela et au moins huit de quatre endroits différents du Brésil. Elle ne se trouvait pas dans d'autres organes et manquait dans les Bufo et Leptodactylus des mêmes endroits. Le choix d'un organe qui ne contient guère de substances nutritives est assez singulier, d'autant plus que les Vers s'y maintiennent pendant les mois que l'hote peut passer sans se nourrir.
Cette infection si spécialisée n'est donc pas exceptionnelle. Dans la Hyla septentrionalis, je l'ai trouvé trois fois sur quatre et deux fois il y avait plus de cinquante Vers, en grande partie imparfaits, mais tous vivants.
L'infection des têtards est facile puisq'ils vivent dans les eaux stagnantes. L'existence d'une phase libre de la Schmardaella était suggerée par des observations faites sur d'autres espèces et par la présence des Diatomées trouvées par Michaelsen dans l'intestin de la forme parasitaire. Moi-même, j'ai observé par deux fois sur les Vers, dans les uretères, des Vorticelline à style simple, qu'on trove fixées sur la peau et les coquilles d'animaux aquatiques.
J'ai donc mis les uretères contenant des Vers dans l'eau et j'ai observé la sortie spontanée. Vers et Infusoires vivaient très bien dans l'eau, mais après quelques jours je les portai sur de la gélose à l'eau, à 1 p. 100, où ils se conservaient pendant des semaines, généralement à la surface, mais parfois entrant dans la masse. On peut mettre un couvre-objet, ce qui ne paraít pas les gêner et qui permet de les étudier très bien. On voit bien les vaisseaux sanguins, l'un dorsal et l'autre, avec deux anastomoses dans chaque segment. La régénération des fragments continue.
Après quelques jours de vie libre, les Vers montrent au dernier segment une espèce de bourse caudale basse, portant de chaque côté quatre appendices branchiaux en forme de doigts, qui peuvent être pliés jusqu'à un certain point. En même temps apparaíssent, à l'endroit des faisceaux dorsaux, de longues soies isolées, accompagnées seulement à leur base d'une petite soie en forme d'S, à pointe bifurquée. On voit aussi très bien la contraction des vaisseaux sanguins, surtout à l'extrémité caudale.
Le Ver a maintenant les caractères de Dero et je crois qu'il doit entrer dans ce genre. La forme parasitaire représenterait ainsi un stade larvaire.
J'ai observé ces Vers en vie pendant plusieurs semaines. On peut les alimenter avec les dépôts des eaux stagnantes ou avec le contenu intestinal d'animaux aquatiques, mais ils peuvent rester longtemps sans nourriture. On voit alors la masse du sang diminuer et le Ver devenir plus pâle.
Dans les premiers temps, la division ne s'observait pas, mais, plus tard, on voyait des chaínes de segments, vivants ou morts, se détacher à l'extrémité postérieure, après quoi il y avait régénération des branchies.
Le nombre des segments, chez les Vers libres, ne dépasse pas cinquante; dans la forme parasitaire, j'en ai observé exceptionnellement jusqu'à soixante.1
(Instituto Oswaldo Cruz)