Les jours qui suivent, je n’ai absolument pas le temps de m’occuper de mon problème de trésor. Je pense beaucoup à Monsieur Lumbago. À l’école, il paraît que je suis souvent dans la lune. Je ne dis rien à personne. Je ne réponds à aucune question du genre :
— Comment c’était en ambulance ?
Ou bien :
— Qu’avez vous fait à l’hôpital?
Je ne réponds pas, c’est notre secret à moi et à Madame Lumbago.
Je fais une visite au salon funéraire avec mes parents pour voir si Monsieur Lumbago se ressemble. Je le reconnais à peine, on dirait que ce n’est plus lui. Il est plus froid qu’à l’hôpital. Il y a beaucoup de monde autour de lui et Madame Lumbago est assise dans un coin. Elle parle à voix basse à des gens que je ne connais pas, sauf Mademoiselle Luce Lalonde. Tout habillée en noir, elle ressemble vraiment à une sorcière.
Je n’assiste pas à l’enterrement parce que, selon mon père, ma mère et Madame Lumbago, ce n’est pas un endroit pour une petite fille.
Des enterrements, j’en ai vu des dizaines à la télévision et je sais exactement tout ce qui se passe, alors ne venez pas m’achaler avec ça! On fait des prières les mains jointes, puis on descend le cercueil dans une fosse, puis on jette quelques poignées de terre dessus. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. Puis tout le monde pleure parce que la musique est triste. Chacun s’en retourne dans sa maison et là, il y a toujours quelqu’un qui dit :
— Hé oui mon vieux, la vie continue!
Alors on regarde un autre poste ou on met une cassette dans le vidéo pour se changer les idées et c’est vraiment vrai, la vie continue.