La Guadeloupe se situait sur la route de Gaëlle. Les autorités météorologiques américaines avertirent leurs collègues parisiens du risque que présentait le cyclone pour l’île française.
Informée par le ministère de l’Intérieur de l’arrivée possible d’un ouragan, la préfecture plaça la Guadeloupe en préalerte. La cellule de crise, l’hôpital, les forces de l’ordre, la sécurité civile et les services de l’État concernés se mirent en branle sous l’autorité du préfet.
L’annonce d’un cyclone, c’est comme l’attente du tirage du Loto, en espérant perdre. Les calculs statistiques complexes qui prévoient leur trajectoire restent imparfaits. À quelques kilomètres près, c’est soit l’enfer, soit juste du mauvais temps. Les vents les plus forts se concentrent à proximité de l’œil. Le pire n’étant jamais sûr, rien ne pressait et sans l’avouer, chacun priait pour que le cyclone passe sur l’île d’à côté.
Gaëlle ne cessait de grossir et de se renforcer, alimenté par une eau de mer de plus en plus chaude. Les images satellite montraient une masse compacte de nuages blancs pareils à de la ouate, de plus de huit cents kilomètres de diamètre, s’enroulant autour d’un œil sombre et rond.
Après avoir envoyé ses avions de reconnaissance, le NHC de Floride pronostiqua un cyclone majeur de catégorie 3 ou 4, sur une échelle comportant cinq niveaux, au moment où il traverserait l’arc antillais. Cela signifiait des vents qui dépasseraient les deux cent dix kilomètres à l’heure. Un record de vitesse régulièrement battu, car il semblait ne plus y avoir de limites à la puissance des ouragans. Irma qui avait frappé l’île de Saint-Martin en 2017 avait généré des rafales de plus de trois cent soixante kilomètres à l’heure. Plus rapide qu’un TGV lancé à pleine vitesse.
En plus des vents destructeurs, des pluies diluviennes, des vagues dévastatrices et des marées barométriques pouvaient faire monter le niveau de l’océan de plusieurs mètres et inonder loin à l’intérieur des terres.
Les spécialistes prévoyaient qu’après avoir traversé l’arc antillais, Gaëlle infléchisse sa trajectoire vers le nord, plaçant Haïti sur sa route par une sinistre habitude.