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Chapitre 6 — Mauvais souvenir

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Charlotte ouvrit la porte de la salle de réception de l’hôtel. Elle repéra rapidement son amie Emma qui fixait sa flûte de champagne, l’air complètement perdu. Elle était partie quelques minutes avant elle. Charlotte privilégiait toujours une entrée remarquée, c’était dans son tempérament cette exubérance à vouloir attirer l’attention sur elle. Elle devinait que son amie aurait préféré être ailleurs plutôt que dans cette réception mondaine où chaque personne présente y était pour se montrer et se mettre en valeur.

— Dix sous pour vos pensées, m’dame, ricana Charlotte, lorsqu’elle arriva près d’elle, imitant un vieil accent français.

— J’ai tellement hâte d’aller dormir et de retourner chez moi. Je suis totalement épuisée. Je n’ai plus accès à mon téléphone depuis hier soir. Il a rendu l’âme. Tu imagines ? Je ne peux pas faire le suivi de mes courriels ou de mes messages textes. J’ignore à quoi j’ai pensé de laisser mon chargeur à la maison, se plaignit Emma.

— Prends-le comme un signe, riposta Charlotte en balayant la salle du regard.

— Le signe de quoi ?

— Je ne sais pas moi ! Que tu travailles trop et que tu devrais t’amuser ce soir !

Elle sourit et leva son verre à l’attention d’un client qui fit la même chose lorsqu’il croisa son regard. Elle reporta toute son attention sur sa meilleure amie. Elle inspira et expira fortement.

— Et puis, ce soir, essaie d’oublier Ian. La mer est remplie de poissons. Et il y a de gros poissons ici, avec beaucoup de fric...

Emma prit une gorgée de son vin, avec un petit sourire en coin.

— Je sais. J’en ai pêché un hier...

Charlotte eut un regard étonné vers sa meilleure amie et lui fit signe de continuer ce qu’elle avait commencé à raconter, mais Emma préféra poursuivre sur un autre sujet.

— Tu sais pourquoi Candice m’observe autant. Ça devient vraiment agressant...

— Elle est étrange cette femme-là, ne t’en occupe pas. Personne ne sait à quoi elle pense. C’est un mystère total.

— Je l’ai croisée hier au bar. J’ai donc passé une bonne partie de la soirée avec elle...

— Non ! Je ne te crois pas... Candice dans un bar ?

— Si, si ! Je me demande si ce n’est pas à cause de ça...

Charlotte allait ajouter quelque chose, mais fut interrompue par Candice même, qui était arrivée sur l’entrefaite. Elle était accompagnée d’un homme d’un certain âge et d’une femme plus jeune que lui. Candice les présenta à Charlotte sans grande cérémonie et bouda complètement Emma, qui en profita pour s’éloigner d’eux. Cette ignorance totale ne l’avait pas offusquée, elle était plutôt heureuse de passer inaperçue. Elle s’installa dans un coin à l’opposé de l’endroit, dans la salle où elle se trouvait initialement.

— C’est mortel ce genre de soirée quand on n’a pas envie d’y être.

Emma tourna la tête et vit une grande rousse dans la trentaine s’adresser à elle. Elle lui fit un sourire en hochant la tête.

— Disons que je me sens un peu dans le rôle de l’imposteur, dit Emma.

— Inaya Hill, se présenta la femme, en tendant sa main pour serrer celle d’Emma.

Elle le fit à son tour, écoutant la femme lui faire le récit de son métier d’attachée de presse. Sa présence ici était surtout due au fait que son mari était designer pour une des maisons de couture qui avaient été invitées à la réception. Elle aimait beaucoup parler et Emma la laissa raconter sa vie en tentant de suivre le plus possible. Elle était très sympathique et se permettait de temps à autre de poser des questions à Emma qui répondait poliment à chaque fois.

— Est-ce que ça fait longtemps que vous travaillez pour Candice ?

— Je ne travaille pas vraiment pour elle. C’est mon premier contrat avec elle ici. Vous la connaissez ?

— Tout le monde connaît Candice dans le milieu. C’est tout un personnage. Certaines personnes disent qu’elle a plus de couilles qu’un homme.

Inaya semblait être au fait de tous les potins qui circulaient sur la femme d’affaires et se fit un plaisir de les raconter à Emma qui, après un moment, avait cessé d’écouter. Elle chercha Charlotte du regard pour qu’elle puisse venir la sortir de cette drôle de situation, mais ne la trouva pas. Elle choisit de finir son verre et de monter à sa chambre pour aller dormir. Elle était restée assez longtemps.

Emma s’excusa auprès d’Inaya qui lui tendit sa carte professionnelle, qu’elle glissa dans son sac à main. Elle n’avait pas songé à en apporter avec elle et elle ne pensait pas garder contact avec cette femme qui semblait s’écouter parler plus qu’autre chose. Après avoir pris congé, elle se dirigea vers la sortie. Cet univers ne lui appartenait pas et faire figure de bibelot à cette soirée était la dernière de ses ambitions. Elle avait observé quelquefois sa meilleure amie qui avait visiblement une aisance remarquable pour ce genre de réception superficielle. Elle avait une facilité à créer des liens avec les personnes qu’elle croisait. Emma l’avait aperçue qui discutait avec des gens de tous âges et de tous milieux, et ce, comme si elle connaissait tout le monde depuis des années. Charlotte était une femme exubérante de nature et savait toujours retourner une situation à son avantage. Emma était, quant à elle, introvertie et plutôt solitaire.

Elle chercha Charlotte du regard pendant un instant, mais elle l’avait complètement perdue de vue. Elle posa sa flûte de champagne vide sur une petite table et résolut de quitter la réception par la première porte qu’elle vit. Elle fit un sourire discret aux gens qu’elle rencontrait, espérant que personne ne l’arrête pour discuter avec elle. Elle avait évité le sujet de la mode toute la soirée, ne s’y connaissant pas du tout.

Emma prit la direction de l’ascenseur, mais se ravisa et décida d’emprunter l’escalier de service. L’expérience de la veille lui remontait en tête. À mi-chemin, Candice l’interpella. Elle s’arrêta, malgré son envie irrépressible de s’enfuir en courant en entendant son nom, et tourna les talons vers l’endroit d’où venait la voix de la directrice du magazine.

— Vous nous quittez déjà, Emma ?

Candice se trouvait à quelques mètres d’elle. Elle fit quelques pas de plus pour se retrouver seulement à quelques centimètres et faire face à Emma tout en la dévisageant. Elle était un peu plus petite que la femme d’affaires. Elle n’avait pas remarqué ce détail avant ce soir. La voix de Candice s’était adoucie, comparativement au ton qu’elle avait employé avec elle en matinée. Emma admira pendant quelques secondes la robe rouge et argenté qu’elle portait et qui lui allait comme un gant. Le vêtement lui fournissait un style haut de gamme qu’elle ne posséderait jamais. Ses cheveux blonds, presque platine, étaient relevés en chignon et lui donnaient un air presque princier. Emma se demanda si elle portait de faux cils pour que ses yeux bleus paraissent aussi beaux.

— Oui. Je suis terriblement fatiguée. Je ne me sens pas tellement à ma place parmi vous, avoua Emma. Ne désirant pas s’attarder plus longtemps, elle ajouta : bonne soirée !

— Non, attendez !

La femme effleura ses doigts sur le bras d’Emma pour la retenir et l’entraîna avec elle directement dans la cage d’escalier pour l’isoler et parler en plus grande intimité. Elle fixa sa main sur l’épaule d’Emma qui s’écarta aussitôt comme si elle l’avait brûlée. Candice comprit qu’elle n’appréciait pas les gestes qui pouvaient être familiers. Elle avait retrouvé le regard utilisé durant une partie de la journée. Elle observait son visage, cherchant quelque chose, mais quoi ?

— Qu’est-ce qui ne va pas? osa demander Emma qui n’avait pas envie de passer plus de temps qu’il n’en fallait à échanger des regards dignes d’une mauvaise série télé.

— Emma, à propos d’hier soir...

C’était donc ça, pensa Emma. La fameuse réunion au bar. Elle ressentit le besoin de rassurer la femme.

— Je n’en parlerai pas. Vous pouvez dormir tranquille. Ce sera notre secret...

Candice parut surprise et se mordilla la lèvre inférieure. C’était elle, à présent, qui était mal à l’aise. C’était elle qui évitait le regard d’Emma dorénavant. Elle se rapprocha encore comme pour lui confier un secret. Emma se trouvait acculée au pied du mur et n’avait plus d’issues parmi lesquelles se faufiler. Elle avait en horreur la proximité qui se trouvait maintenant entre elles. Candice hésita un instant et se décida à parler.

— En fait, il me manque un bout de la soirée.

— Vous avez un black-out ? demanda Emma qui n’était pas du tout surprise de cette tournure.

— À vrai dire, la dernière image que j’ai, enfin, je veux dire, ce dont je me souviens, c’est vous, dans ma chambre, au-dessus de moi...

Candice la fuyait toujours du regard. Emma ne comprenait pas vraiment où la femme souhaitait en venir. Elle l’avait tout simplement raccompagnée parce qu’elle était complètement ivre et que, si elle ne l’avait pas fait, elle aurait été irresponsable de la laisser seule dans cet état. Elle aurait pu être facilement à la disposition de n’importe qui avec de mauvaises intentions.

— Nous avons passé une partie de la soirée ensemble hier, au petit bar sur la plage. Nous nous sommes croisées par hasard. Ian, l’homme de ce matin, m’a posé un lapin et ne s’est pas présenté au rendez-vous qu’il m’avait fixé. Nous avons pris quelques verres, puis vous m’avez raconté l’histoire de la rencontre avec votre mari. Vous aviez beaucoup bu et je vous ai ramenée à l’hôtel...

— Il ne s’est passé rien d’autre ? interrogea Candice.

— Non. Je vous ai traînée à votre chambre. Vous m’avez serrée dans vos bras. Vous m’avez embrassée sur la joue. J’ai posé une couverture sur vous. Qu’est-ce qui aurait pu se produire ? demanda Emma sans trop comprendre le sens de sa question.

Candice souriait, visiblement toujours mal à l’aise dans la discussion qu’elles avaient conjointement. Elle se résolut à plonger son regard bleu glacial dans celui de la jeune femme.

— Nous n’avons rien fait, ensemble ?

Candice avait insisté sur le dernier mot. Emma finit par saisir ce qu’elle tentait de lui demander depuis le tout début de leur conversation et hoqueta de surprise. Elle s’était imaginé qu’elles avaient eu une aventure. Elle trouvait l’idée totalement désagréable et ne comprenait pas ce qui aurait pu lui laisser cette impression d’une éventuelle histoire entre elles. Emma était persuadée que son visage était rouge. C’était chacune leur tour d’être mal à l’aise et de détourner les yeux.

— Non ! Au grand jamais, non ! Vous êtes tombée sur votre lit, morte de sommeil... pas qu’il y aurait eu quelque chose si vous... non. Eh bien... rien.

Emma s’enfonçait malgré elle, gênée par la situation. Elle aurait désiré se cacher six pieds sous terre ou partir en courant et ne plus jamais revenir, tant le contexte était inconfortable pour elle. Elle découvrait maintenant l’attitude qu’avait eue Candice une partie de la journée. Par contre, elle n’arrivait pas à s’expliquer pourquoi cette dernière s’imaginait qu’elles avaient eu une aventure. Candice semblait soulagée et sourit chaleureusement à Emma.

— Ça va. Je voulais juste m’assurer que je n’avais pas fait de bêtise...

— D’accord...

— Emma, cette conversation peut rester entre nous ? Je sais que vous êtes proche de Charlotte...

— Je comprends, bien entendu...

Candice tourna les talons après lui avoir souhaité une bonne nuit et retourna vers la salle de réception, abandonnant Emma, perplexe. Est-ce qu’elle sous-entendait que Charlotte et elle avaient une relation plus poussée que de l’amitié ? Après l’entretien que les deux femmes avaient eu, tout était possible et cela lui laissa un goût amer.

Si Candice avait pu imaginer qu’il y avait eu quelque chose entre elles, c’est que cela était déjà arrivé par le passé. Emma grimaça malgré elle. C’était beaucoup trop d’informations d’un coup. Ce séjour l’avait propulsée dans diverses situations étranges. Elle avait réellement hâte de retourner dans sa routine et son existence bien rangée. Elle se rendait compte que sa vie était peut-être ordinaire, mais, au moins, elle ne courait pas de surprise en surprise. D’autant plus que ces surprises n’étaient pas toutes bonnes. Elle avait promis de garder le secret sur cette conversation, mais elle finirait par en parler à un moment donné à Charlotte, car c’était trop. Elle attendrait que la poussière retombe. Emma ne voulait pas non plus ternir l’image de femme forte et de tête que sa meilleure amie chérissait. Elle monta les marches en courant, essoufflée, puis elle entra dans sa chambre, se déshabilla, se glissa sous les couvertures de son lit, qui avait été fait de manière impeccable par le personnel de l’hôtel, et s’endormit paisiblement presque aussitôt.

***

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Gabriel prit une douche et choisit de mettre des vêtements confortables pour une soirée bien méritée. Il travaillait le lendemain, mais il préférait se concentrer sur le moment présent. Seul ce temps lui appartenait en ce moment précis. Il était heureux d’avoir passé quelques jours à l’étranger pour des colloques et des conférences avec des collègues américains. Il avait trouvé cela épuisant quand même, plus encore que d’avoir travaillé à l’hôpital, ce qui était pour lui une vraie passion.

Il prit le téléphone portable sur le bureau de la chambre, dont la charge était maintenant pleine, avec l’intention de consulter ses courriels. Il réalisa après avoir lu le premier message, celui d’un certain Ian Mark, que ce n’était pas son téléphone, mais celui d’Emma qu’il avait rapporté avec lui. Gabriel passa la main dans ses cheveux machinalement, geste qu’il avait adopté lors des moments de nervosité. Ils avaient dû interchanger leurs téléphones au moment où ils avaient ramassé leurs affaires quand l’ascenseur s’était finalement remis en marche. Il avait pris l’appareil et l’avait glissé dans le fond de sa poche, sans y prêter attention, et quand il avait voulu consulter ses messages, le matin suivant, la pile était à plat.

Gabriel était un homme prévenant, mais il n’avait pas du tout pensé à apporter le fil dont il avait besoin pour charger son téléphone. Il composa son numéro personnel malgré l’heure tardive, espérant qu’Emma réponde, mais il tomba sur sa propre voix qui intimait de laisser un message après le bip. Il raccrocha et se gratta le menton. Il tenterait un nouvel essai demain et, dans le pire des cas, Emma aussi chercherait à le joindre lorsqu’elle se rendrait compte de l’erreur.

Gabriel prit quelques minutes pour nourrir son poisson rouge. Teddy lui avait été offert par son neveu de cinq ans, Charlie, pour qu’il ait de la compagnie. Il avait trouvé l’attention touchante de la part du fils de sa sœur. Il tira la chaise de son bureau et s’y installa pour vérifier ses courriels via son ordinateur. Il entendit un sifflement venant du téléphone d’Emma. Curieux, il se leva et alla voir, sur l’écran allumé, le message de Ian qui disait : « Tu me manques ». Il était agacé, même jaloux, mais il ne voulait pas se l’avouer. Ils n’étaient rien l’un pour l’autre, uniquement une rencontre fortuite, une passion de passage. Ce qu’il avait ressenti à son contact l’avait bouleversé. Il s’était senti vivant pour la première fois depuis trop longtemps. Il ferma les yeux et tenta d’imaginer le sourire d’Emma. Il n’avait pas l’habitude des histoires d’un soir. C’était un homme sérieux. Celui d’une seule femme. Gabriel avait saisi l’occasion qui s’était présentée, sans trop réfléchir aux conséquences et à la suite possible.

Il retourna s’asseoir à son bureau, prenant au passage son portefeuille pour consulter la carte professionnelle d’Emma. Il ouvrit sa boîte de courrier électronique avec l’intention de lui écrire. Il ne savait pas quoi rédiger. Gabriel n’était pas très bon avec les mots, il communiquait bien mal et c’était d’ailleurs un de ses pires défauts. Il posa son menton dans sa main, le coude contre la surface de travail et s’imagina Emma de nouveau. Il l’avait trouvée tellement attirante. Le moment passé dans ses bras l’avait comblé. Elle était le genre de femme qu’il aurait adoré fréquenter.

Depuis six mois, c’était le calme plat dans sa vie amoureuse. Il bossait beaucoup et cela n’aidait pas la cause. Il ne souffrait pas de sa solitude et s’en était fait une alliée. Il referma l’ordinateur. Il avait fixé pendant dix bonnes minutes le courriel vide, cherchant les termes à y écrire. Il trouvait maintenant plus sage d’abandonner l’idée. Il tenterait de l’appeler lorsqu’elle reviendrait au pays, ce serait plus simple. Il décida d’aller dormir et, en passant près du téléphone d’Emma, il s’arrêta et le prit. Il l’ouvrit et alla directement dans les clichés que contenait l’appareil pour y admirer le visage de la jeune femme.

La première photo qu’il y trouva était celle de Charlotte et elle, dans un égoportrait, devant la mer. Elles riaient aux éclats, ce qui laissait transpirer la complicité qu’avaient les deux amies. Les deux jeunes femmes étaient jolies, mais Gabriel avait un fort penchant pour Emma chez qui il reconnaissait sa propre maturité. Il fit basculer du doigt l’image vers la gauche pour regarder la suivante. C’était un portrait de l’océan et de son infini. Elle semblait avoir un faible pour les natures mortes. L’appareil ne contenait pas beaucoup de photos d’elle.

Il se sentait comme un voyeur de contempler ainsi ses photos; après tout, il n’avait pas son autorisation. Il en regarda une dernière qui le toucha particulièrement. Le cliché paraissait avoir été pris par quelqu’un d’autre qui avait volé le moment. Elle était de profil, le visage appuyé contre sa main et regardait par la fenêtre de ce qui paraissait être un autobus ou un train. Elle avait l’air grave, sans un sourire, et semblait perdue dans ses pensées. Il la trouva particulièrement belle et fragile dans cette posture. Gabriel n’hésita pas un instant avant d’envoyer la photo par message à une de ses adresses courriel. Celle du bureau qu’il ne gardait pas en mémoire sur l’appareil afin d’éviter qu’Emma puisse se rendre compte de ce qu’il avait fait.

Il referma le téléphone, le posa sur le bureau et prit la direction de sa chambre pour aller dormir. Déjà vingt-quatre heures étaient passées depuis Emma. Et cet échange de téléphones accidentel était un appel du destin pour qu’ils puissent se retrouver. Il en était certain. Il rêvait à l’avance de ce moment où il pourrait retrouver la jeune femme et la revoir devant lui.

***

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Charlotte pénétra dans la chambre sur la pointe des pieds. Elle avait retiré ses chaussures avant d’entrer dans la pièce, sachant qu’Emma y était déjà assoupie. Candice lui avait dit qu’elle l’avait vue partir lorsqu’elle était allée lui demander si elle avait aperçu son amie quelque part. Elle alla allumer la lumière de la salle de bain, en ferma la porte à moitié et entreprit de se changer pour se coucher. Un léger faisceau de clarté éclairait le visage de sa meilleure amie, qui semblait dormir paisiblement.

Charlotte enfila sa robe de nuit et posa délicatement ses vêtements sur le dessus de sa valise ouverte par terre. Elle attrapa son téléphone, chercha l’icône qui menait à ses messages électroniques et prit quelques minutes pour écrire à Alec Wilson afin de prendre de ses nouvelles et, surtout, pour voir s’il lui avait donné signe de vie. Elle rédigea quelques mots avant de les envoyer et se glissa dans son lit. La veillée avait été forte en belles rencontres et elle avait été sage. Le retour au Québec était prévu pour le petit matin.

— Tu as apprécié ta soirée ? demanda Emma, assommée et les yeux à moitié fermés.

— Oui ! C’était juste parfait. Rendors-toi, je ne voulais pas te réveiller, chuchota Charlotte.

Les deux lits étaient côte à côte et Charlotte s’était couchée sur le côté, faisant face à sa meilleure amie.

— Oui... Bonne nuit... Gabriel... Attends-moi... je vais voir...

— Gabriel ? interrogea Charlotte.

Mais son amie se rendormit. Elle semblait rêver. Il arrivait parfois à Emma de marmonner durant son sommeil et Charlotte fut étonnée de l’entendre parler de Gabriel. Elle ne fit pas tout de suite le lien avec le médecin de Montréal qu’elles avaient rencontré durant le voyage.