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Chapitre 9 — Rencontre impromptue

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Emma avait envoyé un texto à Charlotte. Elle lui confiait qu’elle avait croisé Gabriel. Son dîner avec Candice ne s’était pas éternisé à la suite de ses propres confidences. Elle s’était laissée aller à s’épancher sur un sujet totalement personnel avec Candice, lui donnant probablement des espoirs sur une possible amitié entre elles. Elle ne se trouvait aucune affinité avec la femme d’affaires. Elle était rentrée pour travailler un peu et digérer la rencontre qu’elle avait faite avec Gabriel.

Emma avait à peine mis les pieds dans son petit appartement que son téléphone sonnait. Elle ne le retrouvait plus et perdit patience en invoquant tous les saints du ciel et de la terre avant de réussir à mettre la main dessus ; il était caché dans le fond de son sac à main. C’est sur un ton irrité qu’elle décrocha à la troisième sonnerie.

— Bonjour, Emma ? demanda doucement une voix chaude et grave.

Emma avait reconnu la voix de Gabriel ainsi que son accent qu’elle trouvait tout simplement craquant. Elle sentit ses jambes vaciller et marcha de peine et de misère jusqu’à la première chaise qui se trouvait devant elle. Elle feignit de ne pas le reconnaître et tenta même de réagir normalement. C’était par contre difficile pour elle.

— Oui, c’est moi. Qui est à l’appareil ?

— C’est Gabriel Jones. Est-ce que nous pouvons parler ?

Emma sourit malgré elle. Sa voix l’apaisait miraculeusement.

— Bonjour Gabriel. Oui, nous pouvons discuter, répondit-elle après un silence.

L’homme se racla la gorge et sourit avant de reprendre la parole.

— Je suis vraiment heureux de t’avoir croisée tout à l’heure...

— Quelle coïncidence, effectivement !

Emma avait coupé la parole de Gabriel par nervosité. Elle avait cette mauvaise manie de parler comme une pie lorsqu’elle était fébrile.

— Je ne crois pas aux hasards. Je crois aux rendez-vous que le destin nous offre, répondit-il calmement.

Emma sourit à son tour en entendant les mots de l’homme, elle savourait ses paroles. Il reprit :

— J’ai quelques explications à te donner à propos de ma vie personnelle...

— Non, ça va. Pas de promesses, tu te rappelles ? Nous avons vécu le moment présent, naturellement. Le temps s’est arrêté et nous avons vécu ce que nous avions à vivre, c’était simple. C’était spontané...

— Emma, je suis marié, c’est vrai.

Emma se sentit nauséeuse et son regard se brouilla de larmes. Il confirmait ce qu’elle avait appris et, même si elle le savait, elle ne trouvait rien à répondre à l’homme. Elle se rappela simplement les mots que sa meilleure amie lui avait dits : « C’était un coup d’un soir. » Puis, Gabriel reprit la parole.

— Alyssa m’a quitté il y a déjà six mois. Elle est partie avec mon meilleur ami, Paul, avec qui elle file le parfait amour depuis. Enfin, il ÉTAIT mon meilleur ami. Aujourd’hui, je ne lui parle plus. Emma, je n’ai trompé personne. Tu es le premier petit bonheur que j’ai eu sur mon chemin depuis que cette tempête a balayé ma vie. Aussi fou que cela puisse paraître, je ne suis pas un homme qui apprécie les coups d’un soir.

Emma eut un rire nerveux. Elle était soulagée de savoir qu’il était séparé. Il était sincère, elle le ressentait dans sa voix. Elle adorait cette vulnérabilité qu’il n’hésitait pas à partager avec elle. Gabriel était un homme comme il en existe peu.

— Merci pour ton authenticité, Gabriel. Moi non plus, je ne suis pas ce genre de personne. Je me suis vraiment sentie mal lorsque j’ai appris qu’il y avait une madame Jones. Je ne voulais pas être l’instigatrice d’une rupture ou d’une infidélité. Je respecte trop les gens pour ça. Je respecte le mariage et l’engagement que certaines personnes prennent l’une envers l’autre.

Gabriel était sous le charme de la jeune femme. Il avait envie de la connaître davantage et de passer du temps avec elle. Son horaire était chargé. C’était quelque chose qu’il avait du mal à gérer, mais en même temps, c’était un choix. Il avait choisi un métier qui exigeait beaucoup d’heures et, pour lui, il s’agissait d’une vocation. Emma possédait quelque chose qui l’attirait et il ne pouvait expliquer ce que c’était exactement. Tout ce qu’il savait en ce moment, c’est qu’il voulait pousser plus loin l’expérience Emma Tyler.

— Si je prenais l’initiative de t’inviter à souper pour apprendre à te connaître ? Est-ce que tu penses que j’aurais une réponse positive ou négative ?

Le cœur d’Emma battait tellement rapidement qu’elle avait l’impression qu’il allait se rompre. Elle n’avait jamais pu imaginer un meilleur dénouement.

— Ça me ferait immensément plaisir. Sincèrement, souffla-t-elle.

— Eh bien, mademoiselle Tyler, est-ce que vous croyez que nous pourrions partager un repas ce soir ? Je suis disponible après 18 h...

Emma accepta sans réfléchir.

— Et à quel endroit ?

— Je ne sais pas... je connais un petit restaurant très simple...

Emma eut la folle pensée de le convier chez elle pour le souper. Elle osa l’invitation.

— Quelle bonne idée. Je vais faire cuisiner le repas dans un bistrot italien, j’apporte le vin et les pâtes. Tu aimes les pâtes ?

Emma lui dicta son adresse qu’il prit en note et raccrocha. Elle devait se préparer et faire le ménage pour recevoir Gabriel au souper.

***

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Charlotte ferma son iPod et retira ses écouteurs. Elle venait de faire 10 kilomètres de jogging sur la piste cyclable située près de son travail et elle était en sueur. Elle prit ses messages et sourit lorsqu’elle entendit celui d’Emma qui lui expliquait les dernières nouvelles au sujet de Gabriel et elle. Charlotte était très heureuse de voir que la situation tournait de belle façon pour son amie.

Elle monta l’escalier qui menait vers la porte de son logement et déverrouilla avant de la pousser pour entrer. Elle avait tout juste le temps de prendre une douche avant qu’Alec n’arrive pour sa leçon d’anglais. Charlotte terminait de se sécher lorsqu’elle entendit frapper. Elle mit sa robe de chambre blanche et alla ouvrir à l’enseignant.

— Bonjour, Alec, tu peux passer au salon, je vais aller m’habiller. Je reviens de courir, tu sais ce que c’est... dit-elle en expliquant.

L’homme la salua, la suivit au salon et s’assit sur le divan sectionnel en cuir rouge. Il suivit la jeune femme du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans sa chambre. Alec Wilson était un homme de 45 ans qui vivait seul depuis un long moment déjà. Il était blasé de la vie en général et ne semblait que survivre et regarder les jours s’écouler, sans réellement éprouver de passion en lui que la lecture. Il avait fière allure et il était même séduisant quand il prenait la peine de sourire, mais la vie l’avait cassé plus souvent qu’à son tour et, au lieu d’en avoir tiré le positif, il était devenu défaitiste.

La rencontre de Charlotte avait impulsé un nouveau souffle dans sa vie. Il avait gardé ses distances au tout début, même lorsque Charlotte avait tenté sur lui ce pouvoir de séduction avec lequel elle semblait prendre plaisir à maltraiter les hommes. Il n’avait jamais cédé et elle avait baissé sa garde. Elle s’était montrée telle qu’elle était réellement avec lui et, à force de la côtoyer, il appréciait de plus en plus sa compagnie. Il était conscient qu’il s’agissait probablement plus que de simples sentiments amicaux et il n’avait pas l’intention d’en informer la jeune femme. Il ne pouvait pas s’imaginer qu’elle puisse vouloir d’un homme comme lui. Alec trouvait Charlotte rafraîchissante.

Après quelques minutes, elle revint habillée d’un jean et d’un t-shirt. Il ne l’avait jamais vue dans une telle sobriété et il en fut légèrement désarmé. Mais il la trouvait jolie.

— Tu t’es exercée un peu cette semaine ? demanda-t-il en anglais quand elle s’assit à ses côtés.

— Pas vraiment beaucoup. J’ai imposé à Candice de me parler uniquement en anglais, mais elle ne le fait pas très souvent.

— Tu n’auras plus besoin de moi sous peu. Ton anglais deviendra meilleur en acquérant de la confiance et en t’exerçant. Je ne serai plus essentiel très bientôt, avoua Alec en souriant.

Le cœur de Charlotte se serra en imaginant devoir arrêter les séances avec lui. Elle n’avait jamais pensé à la possibilité que ces cours puissent se terminer un jour. Elle s’était attachée à cet homme au fil des semaines, peut-être un peu plus qu’il n’aurait fallu. Cette idée la choquait plus qu’elle ne l’aurait voulu.

— J’aurai toujours besoin de toi, voyons, répliqua-t-elle sans réfléchir aux paroles qui venaient de franchir ses lèvres.

Elle leva les yeux vers son professeur qui lui sourit, mais qui ne dit rien. Pendant un bref instant, l’espoir qu’elle puisse aussi éprouver les mêmes sentiments que lui s’infiltra dans ses pensées, mais ce fut très rapide comme sensation.

— Comme le petit oisillon, tu devras prendre ton envol et devenir indépendante, affirma-t-il sagement.

Charlotte ne trouva rien à répondre. Elle préféra sortir le livre qu’il lui avait conseillé de lire et le lui montra.

— Je crois que ce bouquin est en train de me transformer, même si je ne saisis pas tout ce qu’il y est écrit, dit-elle en souriant.

— Ce n’est pas le livre qui te change, c’est toi qui comprends des choses.

***

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Gabriel était nerveux comme un gamin qui se rend à son premier rendez-vous amoureux. Il tenait une boîte contenant le souper, il avait choisi une bouteille de vin en passant à la Société des alcools. Il se trouvait devant la porte de la jeune femme et hésitait avant de frapper. Il inspira un bon coup et, fermant le poing, il cogna contre le bois. Emma ouvrit presque aussitôt. Elle l’attendait, un sourire aux lèvres. Gabriel ne savait pas comme interagir avec elle. Il osa un baiser sur la joue, même s’il aurait préféré goûter ses lèvres qu’il trouvait pulpeuses et invitantes. Emma, maladroite et nerveuse, se rendait bien compte de la situation embarrassante dans laquelle ils se retrouvaient bien malgré eux. Elle prit la boîte qui contenait le souper et l’emporta sur le comptoir de la cuisine pour en sortir les plats et les apprêter, après avoir invité Gabriel à la suivre.

— Tu as un tire-bouchon pour le vin ? demanda Gabriel, ce qui brisa le silence persistant entre eux.

— Oui. Bien sûr, répondit-elle en ouvrant le premier tiroir et en choisissant l’objet convoité qu’elle lui tendit.

— Tu n’as pas eu de problème à repérer le coin ? demanda Emma en préparant les assiettes.

— Non, j’ai pris un taxi. C’est un appartement sympathique que tu as, dit-il en balayant l’endroit du regard.

Emma se demanda pendant un instant si c’était une bonne idée de l’avoir invité chez elle. Le malaise ne passait pas et ils ne trouvaient rien de bien concret à partager. Ils échangeaient sur des banalités depuis déjà un trop long moment.

— Je peux te faire visiter, dit-elle en abandonnant ce qu’elle réalisait pour lui montrer les autres pièces.

Gabriel la suivit avec entrain. Elle lui fit visiter la salle de bain, puis la chambre d’ami qu’elle avait transformée en bureau. Elle l’emmena dans sa chambre. Puis, ils revinrent dans la cuisine et le salon.

— Tu es bien installée, dit-il doucement.

Emma servit les assiettes tandis que Gabriel remplissait les verres de vin. Il prit l’une des coupes, la tendit à sa compagne et ramassa l’autre.

— Tu aimes le blues ?

— J’apprécie beaucoup le blues. J’ai longtemps écouté B.B. King pour me relaxer après une journée difficile de travail...

— Alors, je vais mettre le dernier album que j’ai acheté. J’adore le blues aussi ! Ça nous fait au moins un point commun, dit doucement Emma avant de prendre une bouchée de son spaghetti.

Gabriel sourit. Le romantique en lui avait également remarqué cette affinité qui les unissait davantage. Il l’admira en mastiquant sa première bouchée. Il la trouvait sublime dans la petite robe de couleur crème qu’elle avait choisi de porter. Ses cheveux étaient attachés, laissant à l’air libre son cou long et fin.

— Tu es magnifique, dit-il tendrement.

Emma rougit et le remercia en baissant les yeux.

— Arrête de me le dire, ça me gêne affreusement.

— Tu n’as pas à être embarrassée d’être aussi belle. Et je te le dirai autant de fois que je le voudrai. Je suis un peu entêté quand je le veux, tu sais.

Emma sourit à Gabriel. Elle prit une gorgée dans son verre tout en continuant de fixer son invité.

— Tu n’es pas mal toi non plus, osa-t-elle doucement.

Gabriel posa son coude sur la table et enfonça son menton dans sa main. Son regard était brillant et il sourit à sa compagne. Tous les deux s’observaient à la dérobée. Leur discussion ne menait à rien. La tension était trop forte entre eux et il fallait bien être fou pour ne pas s’en rendre compte. Emma poussa son assiette à moitié entamée et se leva. Elle s’approcha doucement de Gabriel qui n’avait pas changé de position.

— Qu’est-ce que tu fais ? murmura-t-il.

Elle ne répondit pas tout de suite. Elle posa sa main sur celle qui était libre et qui se trouvait sur la table. Elle la prit et la posa contre son sein.

— Tu sens mon cœur ? Il bat trop vite depuis que tu es arrivé, chuchota-t-elle.

Gabriel pouvait ressentir ses pulsations rapides. Il se leva, gardant sa main dans celle de la jeune femme et il s’approcha d’elle pour lui faire face. Il pencha la tête lentement et il l’embrassa sur la bouche délicatement. Elle n’opposa aucune résistance.

Il recula la tête doucement, plongea son regard dans le sien et prit à son tour sa main qu’il posa contre son propre cœur.

— Le mien bat tout aussi vite, dit-il.

— Croyez-vous que ce soit grave, docteur ? sourit-elle.

Ce fut à Emma de relever la tête et de l’embrasser cette fois-ci. Un rapide baiser, presque maladroit, puis il s’écarta. L’intensité de son regard faisait perdre le souffle à Gabriel. Il y avait bien longtemps qu’une femme avait eu pour lui des yeux noyés de désir. Son ego en était touché et il avait envie de faire le coq. Emma, quant à elle, tentait de se calmer. Son cœur battait à un rythme irrégulier tellement elle était sous l’emprise de cette passion qui la consumait lentement. Elle n’avait jamais connu tel engouement et, même si avec Ian ce fut intense, ce n’était en rien comparable à ce qu’elle ressentait avec Gabriel. Il savourait le goût de ses lèvres. Sensuellement, elle répondait positivement à ses caresses qui se faisaient langoureuses. Elle avait tant rêvé de revivre ce moment qu’elle osait à peine imaginer qu’il était réel. C’était encore meilleur que dans ses fantasmes.

Emma inclina la tête et donna à Gabriel un accès total à sa bouche. Il laissa sa langue pousser doucement l’entrée de ses lèvres pour entreprendre une danse lente et charnelle avec la sienne. Il n’y avait pas de mot pour décrire la sensation que ressentaient les deux amants. Elle pouvait se comparer à une explosion. Des feux d’artifice qui les enveloppaient de mille et un feux d’une passion dévorante. Emma gémit le prénom de Gabriel qui répondit d’une voix rauque, troublé par l’émotion du moment. Elle s’accrochait à quelques mèches de ses cheveux qu’elle tirait, intensifiant ce lien et ce baiser qu’ils étaient en train de vivre. Il l’agrippait, les mains sur les hanches pour être certain qu’elle reste avec lui. Pour la maintenir près de lui et qu’elle ne reparte pas.

Après quelques minutes, à bout de souffle, ils avaient cessé leur danse pour poursuivre leur élan. Leurs nez se frôlaient, leurs fronts appuyés l’un contre l’autre. Ils gardaient le silence, laissant la magie du moment intact. Le désir augmentait entre eux, devenant une obsession incontrôlable. Gabriel prit la main d’Emma qu’il porta à sa bouche et qu’il baisa tendrement, tout en prenant soin de fixer la jeune femme dans les yeux. Leurs doigts s’entremêlaient à la perfection. Le corps d’Emma s’enflamma lorsque Gabriel l’embrassa de nouveau. Elle avait l’impression que des milliers de papillons s’envolaient au même instant en elle.

— Ce n’était pas avec cette intention en tête que je suis venu te voir, tu me crois, n’est-ce pas ? finit par dire Gabriel.

Il prit ce qu’il lui restait de courage pour s’éloigner de la jeune femme avant qu’il ne puisse plus du tout se contrôler. Il mit une distance raisonnable entre eux. Il avait envie d’elle comme ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps.

— Je sais. Moi non plus, ce n’était pas mon intention. J’ai l’impression que nous sommes deux aimants. L’un de nous est le pôle Nord[1] et l’autre le pôle Sud, irrémédiablement attirés l’un par l’autre. Je n’ai jamais ressenti cela auparavant...

Gabriel fit un pas en avant, levant le bras pour frôler sa main qui exprimait ce qu’il avait aussi remarqué à propos de cette facette de leur relation.

— C’est plus que du sexe. C’est un sentiment qui est encore plus brutal que l’amour. Plus grand que soi...

Il attira la jeune femme à lui et l’étreignit avec douceur. C’est en se faisant violence qu’il prit sa main et qu’ils retournèrent s’asseoir à la table pour terminer le vin et la nourriture qui s’y trouvaient. Les sujets qu’ils avaient décidés d’aborder portaient sur leurs goûts respectifs, cherchant quelques affinités qui auraient pu les unir davantage. Ils échangeaient à tout moment des coups d’œil complices. Chaque opportunité était propice pour qu’ils se frôlent ou se touchent.

— J’ai commencé à bosser, j’avais 13 ans. Je passais le journal avant d’aller à l’école et, le week-end, je travaillais à l’entrepôt du supermarché. Je savais que je voulais être médecin, je devais avoir 5 ans. Aussi fou que cela. Mon père travaillait dans les mines, ma mère faisait des ménages. Nous n’étions pas bien riches et c’est pour ça que j’ai commencé à gagner de l’argent tôt et à travailler fort pour obtenir ce que je désirais.

— Tu es ambitieux. C’est une belle qualité.

— Je ne sais pas si c’est toujours une qualité. Ma femme m’a laissé parce que, selon elle, je la négligeais pour mon travail et que mon ex-meilleur ami portait plus attention à elle que moi. Peut-être qu’au final, je ne l’ai jamais aimée comme elle le méritait réellement. Qu’est-ce que j’en sais ? avoua Gabriel en déposant son verre vide sur la table.

Emma se leva pour ramasser la vaisselle sale et aller la rincer au lavabo avant de la glisser dans le lave-vaisselle. Gabriel la rejoignit, l’aidant, comme si cette scène était naturelle et habituelle pour eux.

— Mon ex m’a également quittée pour une autre. Charlotte dit que j’étais comme un trophée pour lui. C’est peut-être ça aussi. Il n’a jamais été prêt à s’engager avec moi. Avec lui, j’ai perdu beaucoup de temps et d’énergie...

— Non. Tu n’as rien perdu... tu as appris, coupa Gabriel en prenant le menton d’Emma pour l’obliger à la regarder dans les yeux.

Emma sourit à Gabriel avant de l’embrasser tendrement.

— Tu as raison, dit-elle en prenant ses deux mains.

— J’ai toujours raison, répondit-il avant d’éclater de rire.

— Ça reste à confirmer...

Gabriel l’attira à lui et l’embrassa avec vigueur. Pour la première fois de la soirée, Emma remarqua que sa barbe naissante se frottait contre sa peau. Le contact, qui était rude, lançait un picotement partout en elle. Chaque moment avec lui se vivait intensément. Deux âmes à fleur de peau. Au même moment, ils entendirent frapper à la porte. Emma s’écarta de Gabriel, reprenant son souffle, le regard interrogateur. Elle n’avait aucune idée de qui pouvait être venu interrompre cette soirée avec lui.

— Je ne sais pas qui ça peut être, dit doucement Emma avant de se rendre à la porte pour l’ouvrir.

— Je vais continuer de ramasser, répondit sagement Gabriel.

Emma ouvrit la porte, ne songeant même pas à regarder par l’œil magique qui s’y trouvait. Elle perdit de nouveau son souffle, mais, cette fois-ci, ce n’était pas à cause des baisers de Gabriel.

— Ian ! Qu’est-ce que tu fais... ici ?!

Le jeune homme se tenait devant elle, un sac à dos sur l’épaule, son chapeau sur la tête et son éternel sourire satisfait sur les lèvres. Emma était abasourdie jusqu’à ce que Gabriel arrive derrière elle pour voir qui avait frappé à la porte.