Cet essai a pour objet de dresser un tableau précis des opérations intellectuelles à l'œuvre dans l'entreprise de recherche de Marcel Mauss, entre sociologie, anthropologie et philologie, durant la première moitié du XXe siècle. Il ne s'agit pas de reprendre un travail fait par ailleurs, que ce soit la biographique intellectuelle de Marcel Fournier dans laquelle il s'est attaché à montrer « ce dont Mauss a été capable{1} », ou des commentaires parfois très académiques qui cherchent à faire le point sur ses hypothèses concernant le système du don{2}, l'articulation du sociologique et du psychologique{3} ou encore l'inscription, au cœur de son anthropologie du religieux, de la question du symbolique{4}. Au contraire, nous voulons prendre sa « table de travail » comme lieu d'enquête et d'analyse – ce qui nécessite d'identifier, de relever et de classer un grand nombre d'éléments, souvent minuscules – et faire porter le regard vers ses pratiques savantes qui relèvent, à la fois, de la lecture, de l'écriture, de l'archivage ou encore de l'édition. Des pratiques que les archives de Mauss matérialisent d'une manière ou d'une autre.
Trois fonds d'archives sont répertoriés et inventoriés comme appartenant à Marcel Mauss.
Le plus important déménagea du Collège de France pour l'Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine (IMEC) en 2001. Un peu plus de la moitié des 52 boîtes de documents sont des manuscrits d'œuvres politiques et scientifiques et des documents de nature plus hétéroclite, comme des notes de travail, des brouillons, des imprimés... La seconde moitié qui compose ce fonds comprend de la correspondance reçue, des lettres familiales, ainsi que les copies des nombreuses lettres administratives et de recommandation que Mauss rédigea à partir du milieu des années 1920 pour Métraux, Leiris, Griaule ou encore Haudricourt et Leroi-Gourhan. Correspondance qui est classée sans distinction, par ordre alphabétique, en fonction de l'expéditeur{5}. Ces archives sont le produit naturel de l'activité d'un savant, professeur à l'École pratique des hautes études depuis 1902, puis à l'Institut d'ethnologie qu'il co-dirigea à partir de 1925 avec Paul Rivet et Lucien Lévy-Bruhl, puis au Collège de France à la chaire de sociologie à partir de 1931.
L'ampleur et la variété de la documentation produite par Mauss pendant près de soixante ans d'activité montrent chez lui une tendance étonnante à la conservation. Pratique tout à fait particulière qui consiste à garder l'ensemble de ses correspondances, notes de cours, brouillons, ou encore l'ensemble des états intermédiaires de son travail. On s'est souvent interrogé sur l'aspect contraire, le rapport négatif à l'archive, l'absence quasi totale de traces. Avec Mauss, il faut se demander ce que sa volonté de se conserver peut nous apprendre de ses pratiques savantes ? Volonté d'autant plus forte qu'il n'a pas seulement été le méticuleux conservateur de lui-même, mais l'archiviste des papiers de ses amis et collègues disparus dont Henri Hubert, Robert Hertz et, en premier, Émile Durkheim qui décéda en 1917.
Un second fonds est accessible au Muséum national d'histoire naturelle. Les documents conservés sont d'un autre genre. Ils concernent son activité scientifique après 1925 et principalement sa tentative de refondation de L'Année sociologique{6}. À la différence des archives de l'IMEC, celles-ci creusent une coupe longitudinale de l'activité scientifique de Mauss, à un moment précis de son parcours, montrant comment il pouvait passer de son rôle d'enseignant à celui de chercheur, de militant... On a aussi à faire à des écritures domestiques, des listes, des notes, une déclaration d'impôts mais aussi des factures et des fiches de compte qui précisent ses frais professionnels, ses traitements et salaires. À cela s'ajoutent diverses invitations à des conférences ou à des congrès internationaux. Des documents qui eux aussi donnent à voir des micro-pratiques quotidiennes qui ne sont pas celles que l'on perçoit, généralement, comme relevant du « métier » de savant.
La médiathèque du musée du quai Branly constitue un dernier lieu de conservation. Il est possible d'y voir une grande partie de la bibliothèque personnelle de Mauss qui a été sauvée en 1942, quelques semaines avant son expulsion de l'appartement qu'il occupait boulevard Jourdan, grâce au concours d'André Schaeffner et d'Yvonne Oddon. Si cette bibliothèque permet de préciser ce que l'anthropologue a lu, elle nous offre aussi la possibilité de comprendre le rapport que Mauss chercha à établir tout au long de son parcours entre les divers domaines du savoir dont il a été à un moment ou à un autre le spécialiste (linguistique, archéologie, histoire des religions, sociologie, philologie, indologie...). La cartographie des influences subies par un penseur, qu'elles soient revendiquées ou dissimulées, est un passage obligé pour toute analyse sérieuse. La présence ou au contraire l'absence de telles ou telles œuvres dans sa bibliothèque est signifiante, comme le sont ses lectures décalées et inavouées{7}.
Une particularité saute immédiatement aux yeux concernant les archives de celui que l'on prit coutume de désigner comme le « père » de l'ethnologie française{8}.
Les documents conservés dans ces trois fonds ne sont pas ceux d'un ethnologue de terrain, au sens d'une enquête collective, méthodique et en profondeur. Il n'existe pas chez Mauss de carnets d'enquêtes comme dans les archives d'autres ethnologues qui suivirent ses enseignements{9}. On peut penser par exemple aux archives de Marcel Griaule, qui contiennent plus de 12 000 fiches ou pages de registres rédigées par Griaule lui-même ou par ses proches collaborateurs qui l'ont accompagné dans ses diverses missions. Éric Jolly rappelle que, avant d'écrire une monographie, forme d'expression classique de l'ethnologie française en tout cas jusqu'à la publication des Structures élémentaires de la parenté de Claude Lévi-Strauss (1949), l'ethnologue pratique toute une série d'opérations du savoir qui tendent à standardiser les faits recueillis sur le terrain pour leur attribuer une logique thématique. La modification de ces opérations de savoir éclaire la transformation des méthodes ethnographiques ainsi que les changements dans la présentation et le traitement des données publiées{10}.
Avec Mauss, ses archives renvoient certes à des activités scientifiques, administratives et pédagogiques, mais elles indiquent surtout que l'activité sociale du savant est complexe, qu'elle se développe sur différents plans, à différents niveaux, qu'elle implique différents rythmes qui ne se confondent pas, même s'ils s'entrecroisent constamment. Pour autant, ces documents n'ont jamais été analysés pour ce qu'ils sont vraiment. Une désaffection qui s'explique en grande partie par un réflexe disciplinaire de la part des sociologues et des ethnologues qui partagent l'idée que travailler sur de l'archive, c'est travailler sur un texte écrit, construit et élaboré. L'oralité, au contraire, leur apparaît comme un matériau plus spontané, et donc d'une certaine manière plus authentique. Il faut donc commencer par donner une définition plus large de ce que l'on désigne généralement par archive et qui, dans de très nombreux cas, garde la mémoire de son processus de production. L'archive n'est pas seulement une donnée potentiellement réutilisable pour quiconque voudrait revisiter un terrain, saisir l'évolution du parcours des différents acteurs ou reconstituer, dans une logique génétique, le cheminement des textes du brouillon à l'œuvre publié. L'archive est constituée, de manière bien plus complexe, par le tissu des correspondances et des échanges qui ont accompagné la publication d'un article ou d'un livre ; le réseau de sociabilités dans lequel s'insère un texte ; la constellation institutionnelle dans laquelle il va ou non se déployer ; le moment de rédaction ou de co-rédaction ainsi que de la publication ; la collection dans laquelle l'ouvrage est publié, le numéro de revue dans lequel l'article paraît...
Réfléchir de la sorte aux conditions concrètes dans lesquelles s'est effectuée l'activité scientifique de Marcel Mauss durant la première moitié du XXe siècle est une façon de suivre les traces du travail de Christian Jacob qui, dans ses Lieux de savoir, et plus particulièrement dans son second volume sous-titré Les Mains de l'intellect, s'est attaqué à ce non-dit de l'histoire intellectuelle : les pratiques réelles des savants. L'activité savante n'est pas un processus immatériel, bien au contraire, elle est « un ensemble de pratiques que l'on peut découper en gestes distincts, dont la combinatoire définit autant de scénarios possibles du travail savant. Ces gestes comprennent aussi bien les postures du corps que l'adresse de la main, le maniement des mots et des signes que les opérations mentales{11} ».
Les archives de Mauss nous renseignent de manière évidente sur ses pratiques, ainsi que sur les rites et les genres du savoir qui sont pratiqués à son époque. Elles montrent, surtout, que le travail de recherche est un travail quotidien, une routine qui oblige le savant à plusieurs opérations, simples ou complexes, comme lire un livre, aller en bibliothèque, rédiger un compte rendu, prendre des notes, conserver les conclusions d'une discussion, décrire un phénomène, dessiner un objet, cartographier un lieu, écrire sur d'autres livres, répondre à des objections, défendre des hypothèses{12}... Camille Tarot démontra l'importance d'un tel questionnement en se demandant si Mauss avait lu le cours de Ferdinand de Saussure. Après avoir repéré que le linguiste n'est jamais cité dans l'œuvre de Mauss qui, d'ailleurs, n'utilise jamais ses catégories principales (langue/parole, synchronie/diachronie), Tarot en conclut que le linguiste qui joue un rôle fondamental dans l'anthropologie maussienne n'est pas Saussure – Mauss n'est pas un pré-structuraliste, n'en déplaise à Lévi-Strauss et à d'autres – mais l'indo-européaniste Antoine Meillet. C'est avec lui que Mauss comprend que toute analyse du social doit prendre en compte trois dimensions qui étaient jusqu'alors divisées : les phénomènes linguistiques, historiques et sociaux{13}.
L'importance de ce détour par les pratiques a également été confirmée dans le cas de la philosophie française contemporaine par le sociologue Jean-Louis Fabiani{14}. La philosophie ne peut se résumer aux textes ou aux concepts que l'historien de la philosophie tente désespérément de mettre en ordre. La philosophie, ce sont des lieux et des pratiques, des objets, des appropriations diverses et divergentes. Les concepts ont une vie sociale, une vie faite de tours et de détours qu'il est possible d'analyser par le biais des archives et au prix d'une complète relocalisation de l'activité sociale du philosophe.
Ouvrant la voie à une analyse des « pratiques savantes », c'est-à-dire de l'ensemble de ces opérations manuelles, discursives et intellectuelles qui sont mobilisées dans la production, la diffusion et la réception ou l'usage d'un savoir{15}, la sociologie historique de Fabiani comme l'anthropologie historique de Jacob ne cherchent pas à collectionner les anecdotes sur la vie et les petits travers des savants. Il s'agit bien plutôt d'énumérer des actes, des postures (au sens que Mauss a donné à cette notion dans sa fameuse conférence sur les « Techniques du corps{16} »), et des habitudes de travail.
Cette approche permet de poser de nouvelles hypothèses sur la manière dont on devient savant, sur les influences, les savoirs acquis par l'éducation, sur ce qui permet aussi à une idée d'être comprise, partagée, critiquée, relayée et vulgarisée. La science n'est pas un domaine distinct des autres activités humaines. Elle est mue par des logiques internes, des procédures spécifiques, des situations, des espaces. Comme tous les autres, le travail du savant possède des règles, des modalités, des relais et des supports, et le savant est obligé de s'ajuster aux contraintes propres à son univers professionnel en développant des savoir-faire particuliers.
Partir de l'archive de travail d'un savant de la première moitié du XXe siècle n'est pas sans poser problème.
Les logiques de conservation actuelle sont loin de favoriser ce type de questionnement. Dans bien des cas, la correspondance qui a été classée par l'auteur lui-même a été extraite et reclassée selon un ordre alphabétique. Lorsque les bibliothèques personnelles ont été sauvegardées, aucune information n'a été collectée sur le classement décidé ou subi par le propriétaire{17}. Comme pour la correspondance, les livres sont la plupart du temps alphabétiquement reclassés puis dispersés dans les rayonnages. La question des inserts est encore plus symptomatique de cette situation actuelle. Ces feuilles griffonnées par les propriétaires des livres sont extraites des ouvrages par des bibliothécaires trop zélés pour qui un imprimé ne peut pas être, en même temps, une archive ! Ces quelques situations sont d'autant plus difficiles à contourner que les inventaires sont perçus comme définitifs, la cumulativité des informations concernant un fonds d'archives n'est toujours pas une pratique courante.
Dans le cas de Mauss, aussi, ses archives nous renvoient à un moment tout à fait particulier de l'essor des sciences sociales qui, à la fin du XIXe siècle, connaissent un changement sans précédent d'échelle entraîné par l'invention des machines à écrire et du document dactylographié. Cette véritable révolution dans les techniques documentaires a permis d'inaugurer un système inédit de traitement de l'information, quasi contemporain de la mutation d'une société qui, à la fin du XIXe siècle, se caractérise par son industrialisation, son urbanisation et son haut degré de technicisation{18}. C'est encore durant cette période de la IIIe République que les savants ont pour la première fois pu bénéficier d'une forte audience dans la société, s'imposant même face aux juristes et aux littéraires.
Relire le trajet d'un auteur comme Marcel Mauss à partir de son travail quotidien nécessite de déplacer le regard, de proposer de nouvelles problématiques, mais surtout d'engager une traversée de son œuvre à la fois diachronique et thématique dont l'enjeu est d'articuler les étapes successives d'une trajectoire intellectuelle qui a été marquée, peut-être plus que d'autres, par le mouvement et des déplacements, tant méthodologiques que théoriques.
Il est important de situer Mauss dans l'environnement intellectuel de son temps, de repérer les rapprochements comme les jeux de distanciation par rapport à d'autres acteurs du champ des sciences sociales qui ont travaillé sur des sujets connexes ou similaires, de suivre la réception critique de ses travaux dans le débat intellectuel et, plus largement, public, les résistances qu'ils ont pu susciter, mais aussi leur fécondité et leur influence (les remerciements, les notes de bas de page, mais aussi la possession ou non d'un ouvrage seront ici des indicateurs utiles). Son œuvre, cependant, se présente aussi comme un corpus stratifié où les articles publiés coexistent avec des centaines de recensions et plusieurs années de séminaires données à l'EPHE puis au Collège de France. La pensée de Mauss revient souvent sur elle-même, à différentes étapes de son histoire, et à travers différentes formes. Dans un texte autobiographique produit au début des années 1930, Mauss a lui-même retracé les grandes étapes de son itinéraire, décrivant très explicitement ses activités « quotidiennes » de savant, ainsi que sa manière de faire de la science{19}. Pour son travail de sociologue, rappelle-t-il alors, il ne s'est pas contenté d'« enregistrer » et de « classer » les faits. Il a aussi « contrôlé » ce qui avait été écrit par d'autres. Trois opérations qu'il juge indispensables à toute bonne science. Mauss insiste également sur une autre fonction qui occupa une grande partie de son temps, surtout après la Première Guerre mondiale : la publication posthume des travaux de ses amis morts prématurément. De manière étonnante, Mauss prend aussi soin d'ajouter à son « travail » de savant le temps passé à la direction de l'Institut d'ethnologie, les lourdeurs administratives afférentes, mais aussi, et plus « simplement », le fait de donner des sujets, de corriger des manuscrits et des épreuves. Un travail, regrette-t-il, qu'il a été obligé d'arrêter durant sa mobilisation entre 1914 et 1918. Mauss va même jusqu'à quantifier son travail en revenant sur son rôle dans L'Année sociologique :
« J'y ai publié environ 2.500 pages in-octavo sur les 10 ou 11.000 pages des quatorze volumes publiés ou en cours de publication (400 pages dans le volume I de la Nouvelle Série, 300 pages dans le volume 2 de cette série, si je compte ma contribution bibliographique dans toutes les rubriques). »
L'une des particularités de son parcours scientifique, au-delà de l'anecdote qui rappelle qu'il n'a jamais écrit aucun livre, est l'importance chez lui du travail collaboratif. Des collaborations qui se sont transformées pour certaines d'entre elles en de véritables « amitiés{20} » qui ont eu pour effet de l'éloigner de ses propres recherches, dont la plus importante concernait les formes élémentaires de la prière, thèse qu'il abandonna en 1909.
Le regard que nous voulons porter sur les pratiques savantes de Mauss, et plus généralement sur celles qui sont à l'œuvre dans la première moitié du XXe siècle dans les sciences sociales, par le biais des archives personnelles des savants, nécessite de rester attentif aux pratiques effectives de la recherche. Il s'agira donc à chaque fois de substituer aux entités abstraites, à ces grands textes publiés et qui sont aujourd'hui l'objet d'incessants commentaires, un examen des conditions du dire et du faire intellectuel dans un contexte historique donné. Il nous faudra sortir des hautes sphères pour s'attarder sur des aspects fascinants, routiniers, humains de la formation et de la pratique du savoir des sciences sociales alors en constitution.
Deux principes généraux de lecture commanderont ce travail.
D'une part, nous ne voulons pas chercher à faire de Mauss ce qu'il ne voulait pas être – à savoir un « auteur ». Comme l'a indiqué Foucault, le nom d'auteur « ne dénote pas de la même façon un texte qu'il a lui-même publié sous son nom, un autre qu'il a présenté sous un pseudonyme, un autre qu'on aura retrouvé après sa mort à l'état d'ébauche, un autre encore qui n'est qu'un griffonnage, un carnet de notes, “un papier”. La constitution d'une œuvre suppose un certain nombre de choix théoriques qu'il n'est pas facile de justifier ni même de formuler{21} ». Nous éviterons donc de nous poser des questions du type : y a-t-il un jeune et un vieux Mauss ? Un Mauss philologue, attiré par l'histoire des religions comparées, la linguistique indo-europénne et l'action socialiste, et un autre tourné vers l'enseignement de l'ethnographie et la publication des travaux de ses amis disparus durant la Première Guerre mondiale.
Le second principe qui commande ce travail consistera à ne pas faire des écrits de Mauss ce qu'il ne voulait pas qu'ils soient – à savoir une « œuvre » continue et unilinéaire. Mauss publia un ensemble hétéroclite de textes et d'écrits, fait de prises de parole et d'articles de presse, de résumés de cours et d'interventions plus ou moins militantes. Rien ne nous autorise à distinguer parmi ces textes ceux qui, en fonction du processus de classicisation de cet auteur, sont des « classiques » et ceux qui sont considérés comme « mineurs », une distinction que Mauss n'a d'ailleurs jamais établie de son vivant. Comment expliquer, par exemple, que dans sa correspondance avec Henri Hubert, Mauss évoque en priorité ses textes « engagés » et ses articles dans l'Humanité plutôt que son œuvre scientifique{22} ?
En faisant varier les focales, nous attachant à l'étude de ses notes de cours, à ses correspondances ou encore à la circulation d'une notion ou d'un livre ; ailleurs, aux stratégies éditoriales et à la pratique de la co-écriture ; enfin, à sa manière d'enseigner et de faire séminaire, nous voulons faire apparaître, parfois avec une forte sensibilité pragmatique, des pratiques ordinaires de la recherche, des lieux inédits du savoir, et l'image d'un univers savant beaucoup plus contrasté que ce qu'on a l'habitude d'en dire.