Depuis maintenant une semaine, j'avais pris l'habitude de m'entraîner seule pendant mes temps libres. Alexandre allait regretter de m'avoir dit que je ne serais jamais prête à temps. Bien entendu, il ne parla plus de ce qui s’était produit entre nous. Quant à moi, j'essayais de penser à autre chose. Mais cela ne fonctionnait pas toujours. Je savais très bien que notre relation aurait été vouée à l’échec. Après tout, j'étais une erreur et lui un membre de la garde. Enfin, c’est ce que je croyais. Je savais si peu de choses sur lui ! Je n'avais même pas ma place parmi les miens. La mère de la petite Rose me l'avait fait remarquer.
Pendant un bref moment, je me demandai à quoi cela ressemblerait de vivre avec des personnes capables de démontrer des émotions. Comme les humains. Je chassai cette pensée de mon esprit. Non. Je n'aurais jamais ma place, peu importe l'endroit. Mes parents m'auraient-ils acceptée comme j'étais ? Ou m'auraient-ils détestée ?
Tellement de questions sans réponses, et tout cela à cause des loups. Je sentis la rage monter en moi et tentai de me calmer. M’emporter n'apporterait rien de positif.
J'étais allongée sur mon lit et fixais le plafond. Je venais de terminer une nouvelle journée d’entraînement avec Alexandre. À chaque fois que j'étais le chat, il réussissait à me plaquer au sol. Mais il devait fournir plus d'efforts que la première fois pour y parvenir. Nous nous tournions d'abord autour, et mon but consistait à rester debout le plus longtemps possible. Parfois, je pouvais rester de cinq à quinze secondes sur mes jambes avant de tomber au sol. Évidemment, Alexandre me relâchait aussitôt. Il me frustrait. Heureusement, il se comportait comme d’habitude.
Comme convenu, je n'avais parlé à personne de ce qui s’était passé entre nous. Mais bon, ce n'était pas comme si j'avais adressé la parole à qui que ce soit dernièrement. Je n'avais même plus aperçu Noah depuis qu'il était venu chez moi avant le début de mon entraînement. Il me manquait énormément .J'aurais bien aimé lui parler de ce qui s’était produit. Je lui racontais habituellement presque tout ce qui m’arrivait dans ma misérable vie.
Je regardai par la fenêtre de ma chambre. Il faisait noir, et je n’entendais personne à l’extérieur. Je me redressai dans mon lit. J'avais peut-être le temps de rendre visite à mon cousin. Il habitait à côté après tout. Je sautai de mon lit et courut en direction de son bâtiment.
***
Je frappai plusieurs fois à sa porte et attendis. Je relevai ma main pour frapper de nouveau et retins mon geste à la dernière seconde pour éviter de frapper mon cousin qui ouvrait. Il me regarda et me fit un pâle sourire. Ses cheveux noirs étaient en bataille et ses yeux étaient cernés. Je devais l’avoir réveillé. Je me sentis mal pendant un bref instant.
— Oracle, mais que fais-tu ici ?
— J'avais besoin de te parler. Je peux ?demandai-je en désignant l'intérieur de l’appartement.
— Bien sûr, entre. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus, tu m'as manqué.
Je le suivis à l’intérieur.
— Alors, comment se passe l'entraînement ? D'après les rapports que fait Alexandre, il pense que tu seras prête à temps.
Oh !le menteur. Je fis une grimace.
— Il a vraiment dit cela ?
— Bien entendu.
Il me regarda un instant.
— Quelque chose cloche ?
— Cela dépend de ce que tu veux dire par là.
— Préfères-tu t’asseoir pour en parler ? Je sens que quelque chose ne va pas.
— Pourquoi pas, j'ai tout mon temps.
Nous nous rendîmes dans la salle à manger et il me tira une chaise avant de s'asseoir à son tour.
— Allez, raconte-moi.
— Une seconde. Est-ce qu’il y a quelqu'un d'autre ici ?
— Non. Oracle, tu commences à m'inquiéter. Que se passe-t-il ?
Je soupirai et passai une main dans mes cheveux, la retirant avant qu’elle ne reste prise. Ils étaient pleins de nœuds. Je ne devais pas être belle à voir. J'allais commencer à tout expliquer lorsque j'hésitai. Alexandre ne voulait que je parle de ce qui s’était passé, mais d'un autre côté, je faisais confiance à mon cousin. Et puis, j'étais venue ici pour cela, non ? Je mordillai ma lèvre inférieure.
— Noah, je peux te faire entièrement confiance, n’est-ce pas ?
— Bien sûr, nous sommes de la même famille, voyons. Oracle, dis-moi tout.
— Tu ne diras à personne ce que je vais te raconter ?
Il leva la main.
— À personne, je le jure sur Dacre.
— D'accord. Eh bien, c'est une longue histoire, alors j'espère que tu as tout ton temps.
— J'ai toujours du temps pour toi, cousine. Mais n'oublie pas que tu as un entraînement demain, et je ne veux pas que tu sois morte de fatigue.
Je balayai ses propos d'un geste de la main.
— Ne t'inquiète pas pour ça, je suis déjà morte de fatigue.