Je me dirigeai vers le lac d'une démarche rapide.
Être entourée par l'espèce qui avait assassiné mes parents mettait mes nerfs à vif. J'avais besoin de me défouler avant de faire une action qui me trahirait. Comme me ruer sur Christopher ou Tala et essayer de les tuer. Oui, c'était un très bon moyen de ruiner ma couverture.
Une fois arrivée, je m'assis et me relevai aussitôt. J’essuyai mon postérieur pour en ôter le sable et observai les gens qui se baignaient dans le lac. Au loin, des kayakistes s'amusaient à s'arroser à l'aide de leurs pagaies. Peut-être que cela me détendrait.
Je me rendis à l'endroit où il y en avait et demandai à une surveillante si je pouvais en prendre un. Elle accepta et me donna un gilet de sauvetage. Elle énuméra les endroits où je pouvais aller. Je devais bien évidemment faire attention aux nageurs. Je choisis un kayak rouge et pris une pagaie. Je retirai mes chaussures, ainsi que mes bas, et les laissai près de la surveillante. La plupart des gens avaient mis leurs souliers là, alors ça me semblait sécuritaire. Du moins, je l'espérais, les humains étaient si étranges.
J'avançai suffisamment le kayak dans l'eau pour pouvoir embarquer facilement dedans et pour éviter qu’il reste coincé dans le sable. Je grimpai dedans en manquant de justesse de tomber les fesses les premières dans l'eau. Je commençai à pagayer tout en regardant le paysage. L'eau était claire et calme. Si calme que je pouvais apercevoir mon reflet. Mes cheveux auburn attachés en queue de cheval avaient commencé à friser à cause de l'humidité. D'un coup de pagaie, je fis disparaître mon reflet et continuai d'avancer.
Le ciel était bleu et presque aucun nuage n'était visible. Peu à peu, ma colère diminua, et je posai ma pagaie sur mes genoux. Je pris une grande inspiration et expirai lentement. Et dire que j’allais devoir servir Christopher le soir même. Moi qui avais été certaine de gagner ce concours. Tu es trop impulsive, Oracle, me souffla ma conscience. D'un mouvement sec, je détachai mes cheveux et les agitai. C'est également ce que m'avait dit Alexandre lors d’un de nos entraînements. Il n'arrêtait pas de dire que si je continuais ainsi, je ne ferais pas long feu sur Terre. Il avait peut-être raison finalement. Non. Je m'étais fait une promesse. Je devais lui montrer que j’étais capable de faire cette mission. Peut-être qu’alors, j’allais enfin obtenir son respect. Oui. J’allais lui montrer que j’étais digne de sa confiance.
Stimulée, je retournai vers la rive en songeant qu'Anastasia me cherchait peut-être. Je repris mes chaussures et mes bas qui, heureusement, étaient toujours au même endroit. Je les enfilai en vitesse et me dirigeai vers ma cabine. Anastasia m'y attendait, assise sur les marches. Lorsqu'elle me vit, elle se leva en vitesse et fonça dans ma direction.
— Mais où étais-tu passée ? Lorsque je suis arrivée à la table, Tala réprimandait Christopher sur je ne sais quoi, et Emmanuel ne cessait de dire qu'il aurait dû te suivre pour pouvoir faire je ne sais pas quoi également.
— Tu sais que tu es très précise ?
Elle me regarda d'un air entendu.
— Ne tente pas de changer de sujet.
— Ce n'est pourtant pas mon intention, dis-je en levant les mains.
Elle soupira.
— Pourrais-tu m'expliquer ? Je croyais que Christopher te plaisait bien.
Ce que je dis alors me répugna :
— Physiquement, oui. Mais c’est quand même un connard. Je n'aime pas les connards.
Faux, tu aimes bien Alexandre, me chuchota ma conscience. Génial.
— Je suis certaine que son intention n’était pas d'être blessant.
Je rigolai avec amertume.
— Bien sûr que non, il a simplement perdu le contrôle de sa bouche. Cela arrive à tout le monde, quoi.
— Laisse-lui une chance. Après tout, il t'a bien aidée à trouver tes affaires ce matin, non ?
J’acquiesçai à contrecœur.
— Bon, tu vois, il n'est pas forcément mauvais.
L’image d'un loup à la gueule ensanglantée me traversa l'esprit. Pas nécessairement mauvais ? Je ne crois pas, non. Anastasia fronça les sourcils.
— Peux-tu me dire pourquoi tu es trempée et pourquoi il y a du sable partout sur tes vêtements ?
Je regardai mon linge et grimaçai. Je n'avais pas non plus pensé à cela.
— Je faisais du kayak sur le lac.
Elle me prit par le bras et m’emmena dans notre cabine.
— Tu dois vite prendre une douche et te préparer pour la fête.
Une fois à l'intérieur, elle me regarda et dit à nouveau :
— Et tu gardes tes cheveux détachés.
Je réalisai que j'avais oublié de les rattacher.
— Je n'ai pas besoin de prendre une douche. De toute façon, nous allons probablement nous baigner. Ou plutôt les autres et toi allez sûrement vous baigner. Moi, je serai l'esclave de Christopher.
— Je m'en fiche ! Tu vas prendre cette fichue douche et pas de discussion.
Je souris.
— Oui, mère.
— Ah ! Et montre-moi ton linge. Je ne veux pas que tu portes un simple tee-shirt et des jeans par-dessus ton maillot.
J'ouvris mon tiroir sans discuter et la laissai fouiner. Quelques secondes plus tard, elle sortit un petit haut bleu décolleté et une jupe noire plutôt courte. Attendez, j'avais vraiment cela dans ma valise ? Dacre ! Je n'allais certainement pas me promener avec seulement cela sur le dos.
— Je suis certaine que tu vas plaire à Christopher avec ces vêtements, dit-elle en me les tendant.
Je n'avais pas vraiment le choix de plaire à Christopher si je voulais me rapprocher de lui, alors je les pris en maugréant. Je cherchai mon maillot de bain et le trouvai parmi mes survêtements. Il était rose pâle, avec une petite boucle entre les deux bonnets.
— Plutôt pas mal. Je suis surprise que tu possèdes ce genre de maillot. J'avais plutôt l'impression que tu étais le type de fille à porter un une-pièce. En fait, je suis surprise de la plupart des vêtements que tu possèdes. Je n'ai pas l'impression que c’est ton genre.
— Ce sont mes amies qui ont fait ma valise.
— Il me semblait aussi. Allez, sous la douche !
Elle me poussa dans la salle de bain et referma la porte derrière moi.