Une fois hors de la douche et complètement habillée, je sortis de la salle de bain. J'avais séché mes cheveux du mieux que j'avais pu avec une serviette et les avais laissés lousses. En entendant le grincement de la porte, Anastasia leva la tête de son téléphone. Elle me sourit.
— Tu vois, je te l'avais dit que ce n'était pas trop court.
Incertaine, je tirai sur le bas de ma jupe, qui m'arrivait au milieu de la cuisse.
— Je ne suis pas très à l'aise.
Elle me regarda avec déception avant d'ouvrir le tiroir qui contenait mes vêtements, puis me tendit une jupe longue en soie blanche.
— Tiens, puisque tu ne te sens pas à l'aise, mets plutôt celle-ci. Je ne vais pas te forcer à mettre quelque chose que tu n'aimes pas ! Je ne suis pas si méchante.
J'allai l'essayer et ressortis beaucoup plus à l’aise de la salle de bain. La jupe m'arrivait en haut des chevilles et possédait une courte fente sur le côté droit. Je ne comprenais toujours pas pourquoi les femmes de mon village ne portaient que des jupes de ce style, mais je devais admettre que celle-ci était très confortable et que la sensation de la soie contre ma peau était agréable. Je souris à Anastasia.
— Beaucoup plus confortable.
Je me dirigeai vers mon lit et remarquai qu'Anastasia et moi n'avions toujours pas comparé nos horaires. En fait, je n'avais pas pris la peine de regarder le mien tout court. Je le pris et le tendis à Ana qui appliquait du maquillage sur ses yeux en plein milieu de la pièce.
— Je ne vois pas l'utilité de mettre du maquillage si tu vas te baigner. Après tout, ne va-t-il pas partir si tu vas dans l’eau ?
Elle se tourna vers moi et agita le tube qu'elle avait à la main.
— C'est pour cette raison que le maquillage que j'utilise résiste à l'eau.
Je fronçai les sourcils. Du maquillage qui résistait à l'eau ? Cela devait être nouveau. J’allai m’asseoir sur mon lit.
— Ne me dis pas que tu ignorais que cela existait, Oracle, dit-elle, abasourdie.
J'agitai une main devant mon visage.
— Bien sûr que si, je ne faisais que plaisanter.
Elle serra son maquillage dans sa bourse, prit mon horaire et l'observa attentivement. Lorsqu’elle fit la moue, je crus pendant un instant que nous n'avions rien en commun.
— Dire que je vais être coincée avec toi pendant la moitié de l'été, dit-elle finalement.
Je la regardai avec circonspection. Était-elle déçue d'être avec moi ? Je ne pouvais rien y faire. Je repris mon horaire en silence, une vague de souvenirs remontant à la surface. Les mères empêchant leurs enfants de s’approcher de moi. Les regards froids et distants de tout mon peuple lorsqu'il me regardait. Seuls Noah et Sachka, la tante d'Alexandre, n'avaient pas ce type de regard avec moi. Même s'ils n'exprimaient aucune émotion, je pouvais reconnaître qu'ils n'éprouvaient aucune animosité envers moi.
— Oracle ? Tu sais que ce je disais, c'était une blague, n’est-ce pas ?
Je lui souris, me voulant rassurante.
— Ne t'inquiète pas, je le sais. Alors, quels cours avons-nous en commun ?
— Soccer, escalade et tir à l'arc. Notre journée de repos est la même. Nous avons également de l'art, une période de baignade en commun et…de l'équitation.
Elle avait fait la grimace en prononçant ce dernier mot.
— Tu n'aimes pas les chevaux ?
— Disons que je n'aime pas beaucoup les animaux.
— J'ignorais que nous avions une journée de repos.
— Vraiment ? Tu ne t'attendais tout de même pas à ce que nous fassions des activités tous les jours ?
— Un peu. Mais une journée de repos n'est pas de trop.
— Habituellement, nous pouvons sortir du camp lors de cette journée si nous avons l'accord de nos parents. Tu n'as pas lu le formulaire d'inscription ou quoi ?
Pas même de près.
— Mes parents s'en sont chargés à ma place, dis-je plutôt en soupirant.
— Oh ! D'accord.
— En passant, est-ce que Xavier te laisse la soirée libre ? Ou bien il veut que tu le serves ce soir ?
Elle sembla être aux anges lorsque je mentionnai Xavier.
— Non, pour ce soir il me laisse libre. Il trouve trop cruel de me demander des services lors de ma première soirée.
Elle était plutôt chanceuse.
— J'espère que Christopher ne sera pas trop sans pitié, dis-je en marmonnant.
C’était un loup, le fils d'un alpha qui plus est, comment ne pouvait-il pas être sans pitié ? Je me faisais des illusions.
— Ne t'inquiète pas pour cela. Je suis certaine qu'il ne va pas te demander des choses horribles.
Je n'en étais pas si sûre.
— Quelle heure est-il ?
Anastasia regarda son téléphone et le glissa dans sa bourse.
— Nous devrions nous mettre en route, il est vingt heures.
— Ce n'est pas un peu trop tôt ? La lettre indiquait qu'il fallait être là vers vingt et une heures.
Je cherchais plutôt des excuses pour repousser le moment où j’allais rencontrer Christopher. Je cillai. J’allais passer une superbe soirée.
— Est-ce que tu connais le chemin qu'il faut emprunter ?
Je fis non de la tête.
— Moi non plus, alors nous devrions partir immédiatement. Je n'ai pas envie de me perdre et d’arriver lorsque la fête sera presque finie.
Je me levai et m’étirai.
— J'avoue que c'est une bonne idée. As-tu la lettre avec toi ?
— Oui. Il manque seulement nos serviettes.
J'allai dans la salle de bain et ouvris le tiroir qui contenait les serviettes.
— En veux-tu une ? demandai-je en haussant la voix pour qu'elle m'entende.
— Non merci, j'en ai déjà une.
Ce n'était peut-être pas une serviette de plage, mais j'aurais au moins quelque chose pour m'essuyer, pensai-je en prenant une serviette au hasard. Nous sortîmes et essayâmes de suivre les indications qu'ils avaient inscrites au verso de la lettre. Évidemment, nous nous perdîmes en chemin. En pleine forêt.
— Je suis certaine que nous sommes déjà passées par ici, dit Anastasia.
— C'est ce que je te répète depuis tout à l'heure.
Je posai tout à coup une main sur son épaule. Elle s'arrêta de marcher et me regarda.
— Quoi ?
— Est-ce que tu entends ? C’est de la musique.
Elle tendit l'oreille et secoua la tête.
— Je n’entends rien.
— Suis-moi. Je crois savoir par où passer.
Je me fiai à mon ouïe et avançai dans la direction du bruit. Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes à la fête. Elle était organisée en pleine forêt, mais l'endroit était suffisamment dégagé pour faire un feu et accueillir une centaine de personnes. La musique était si forte que j'avais l'impression de vibrer. Les gens portaient des bracelets lumineux au poignet. Ils dansaient et buvaient. Un peu plus loin, on en voyait d’autres sauter dans l'eau de la chute et ressortir quelques secondes plus tard en riant. Des bouteilles d'alcool, des sacs de croustilles et plusieurs autres choses que je ne reconnaissais pas avaient été posés sur des tables. Anastasia et moi nous regardâmes en souriant.
— Que la fête commence.