La partie se termina à égalité. Deux à deux. Hope, notre gardienne, avait fait des arrêts remarquables. Xavier et le type qui m'avait aidée, Jackson, avaient marqué nos deux buts. De plus, je m'étais mieux débrouillée que je ne l’avais espéré. J'avais fait quelques belles passes et n’avais trébuché que quelques fois sur le ballon.
Je regardai les membres de mon équipe, qui étaient tous allongés au sol. Je m'assis près de Xavier, et celui-ci me dévisagea, visiblement contrarié.
— Tu n'es pas épuisée ? me demanda-t-il.
— Pas vraiment.
— Ton visage n'a même pas une goutte de sueur. Ce n'est pas juste. Moi, je dois être rouge comme une tomate.
Je haussai un sourcil. Effectivement, il était tout rouge. Il avait attaché ses cheveux en toque, et je pouvais voir des gouttes de sueur perler le long de son cou.
— Est-ce obligatoire de devenir rouge lorsqu'on fait du sport ?
Il sourit avec malice.
— Non, mais en te voyant courir comme une poule sans tête pour essayer d'avoir le ballon, je croyais que tu allais être plus essoufflée.
— Fais du jogging tous les jours et tu verras que ton cardio va énormément s'améliorer.
— Oh, alors c'est pour cette raison que tu as un incroyable cardio. Je suis jaloux, Oracle.
J'éclatai de rire, et Ana vint nous rejoindre en s'écroulant au sol. Xavier lui tapota l'épaule.
— Pitié, dis-moi que toi, au moins, tu es fatiguée. Notre amie ici semble sortir d'un centre de beauté.
Ana me regarda avec consternation. Son visage était rouge, surtout son petit nez, et ses cheveux allaient dans tous les sens.
— Merde ! C'est vrai ! Oracle, quel est ton secret ? Je suis épuisée et je suis certaine que j'ai autant couru que toi.
— Du jogging chaque jour, répétai-je.
Elle grimaça.
— Laisse tomber, je préfère être à bout de souffle. Une chance que nous avons une heure de pause avant notre prochaine activité.
— Tu parles, je n'ai que trente minutes, râla Xavier.
Ce fut au tour d'Ana de lui tapoter l'épaule.
— Alors, ton mal de tête ? demandai-je à Ana.
— Toujours présent, mais moins pire que ce matin.
Xavier se leva brusquement et tendit une main à Ana. Elle l'accepta et se leva à son tour.
— Je crois que je pourrais manger pour trois personnes, tant je suis affamé. Vous voulez aller manger, les filles ?
Je me levai et hochai la tête.
— Ça me va.
Ana approuva également. Je cherchai Christopher des yeux et, lorsque je le trouvai, je me dirigeai vers lui. Il discutait avec Jackson de la partie que nous venions de disputer.
— Nous allons manger, vous voulez venir avec nous ?
Christopher s'étira et dit :
— Avec joie, j'ai une faim de loup.
Je cillai, mais ne dis rien. Jackson quant à lui semblait chercher quelqu'un. Après un moment, son regard croisa le mien et il haussa les épaules.
— Je ne vois Hope nulle part, alors pourquoi pas ?
Xavier, Ana et le jumeau nous rejoignirent.
— Tout le monde est là ?
— Je crois, dis-je, incertaine. Jackson cherche Hope.
— Je l'ai vue partir avec Gabrielle tout à l'heure, dit Christopher.
— Qu'attendons-nous d'abord ? Allons-y ! Ma prochaine activité commence dans vingt minutes ! s'exclama Xavier.
Le reste de la journée se déroula sans problème. J'étais avec Christopher dans la majorité de mes activités, ce qui me permit de me rapprocher de lui. Nous nous fîmes compétition lors de notre cours d'escalade pour savoir qui allait arriver au sommet le plus rapidement. Ce fut moi qui remportai ce round. Christopher affirma alors qu'il m'avait laissée gagner. Mauvais perdant ! Les loups étaient si compétitifs qu'ils ne laissaient jamais leurs adversaires gagner s'ils le pouvaient.
J'analysais tout chez Christopher. Son attitude, ses actions, tout. La moindre information pouvait m'être utile. Je trouvais incroyable de voir à quel point nous pouvions en apprendre sur une personne en si peu de temps.
Plus la journée passait, plus Christopher se détendait en ma présence. Il m'avait même redemandé si je voulais toujours de l'aide pour le tir à l'arc. J'avais accepté. Après tout, j'avais besoin d’améliorer ma précision si je voulais viser un loup en mouvement. L'ironie de la situation ne m'avait pas échappé. Christopher allait m’aider à tuer les siens. En pensant à cela, je ne ressentis rien. Aucun remord, le vide total, et cela me soulageait. Je ne voulais pas hésiter lorsque j’allais avoir l'un des siens devant moi. Lors de notre prochaine journée de repos, nous allions donc nous rejoindre au champ de tir. J'avais de plus en plus de facilité à me comporter normalement en sa présence. Mais, jamais je ne relâchais ma garde avec ces monstres. J’allais obtenir ma vengeance. C'était une promesse. Même s'il fallait que je fasse à un autre ce qu’on m’avait fait. C'est-à-dire me priver de mes parents.
Ce fut sur cette dernière pensée que je m'endormis.