Lorsque j'arrivai devant ma cabine, je remarquai que Monica et Ana m'attendaient, toutes deux assises sur le perron. Monica semblait très sérieuse, et Ana sur le bord de la panique.
— Monica ? Que faites-vous ici ?
Lorsqu'elles me virent, elles bondirent sur leurs pieds et vinrent me rejoindre.
— En tant que directrice du camp, je tenais personnellement à te remercier d'avoir fait en sorte que Percy évite le pire. Je tenais aussi à te dire que le surveillant a été renvoyé. Je n'en reviens pas qu'il ne se soit rendu compte de rien. Tu peux aussi aller rendre visite à Percy si tu veux, je suis certaine que cela lui fera extrêmement plaisir.
Je mordillai ma lèvre inférieure.
— Et pour le gamin qui a tiré la flèche ? Que va-t-il lui arriver ?
Monica prit un moment pour répondre.
— Comme la famille de Percy et de Christopher est l'une des plus importantes de la région, sa punition sera conséquente. Les parents de Percy demanderont sûrement qu'il se fasse renvoyer du camp, ou bien ils voudront le poursuivre en justice.
Je cillai en regardant Monica. Ce n'était pas sérieux ? Le poursuivre en justice ? Je savais que Percy aurait pu être plus grièvement blessé, mais il n'avait pas vu Percy lorsqu'il avait tiré. Tous les gamins faisaient des erreurs, bien que certaines fussent plus graves que d'autres.
— Mais Percy n'a qu'une petite blessure, il n'est pas mort. Le poursuivre en justice ne serait pas...trop sévère ?
— C'est une situation délicate, Oracle, je voulais simplement te mettre au courant. De plus, ce n'est pas moi qui vais prendre la décision sur ce cas.
Je soupirai avant d'approuver d'un signe de tête. Il était vrai qu'elle ne pouvait pas faire grand-chose dans cette situation. Monica regarda sa montre et nous dit qu'elle devait nous quitter. Elle nous salua et se dirigea vers une autre cabine un peu plus loin. Ana me regarda et me demanda si j'allais bien.
— Ce n'est pas moi qui ai été blessée, Ana.
— Je le sais, mais tu aurais pu recevoir la flèche.
— Eh bien, ce n'est pas arrivé.
— Et j'en suis soulagée.
Elle fit une pause et ajouta :
— Même si j'aurais préféré que personne ne soit blessé. D'ailleurs, tu étais avec Christopher lorsque son petit frère s'est fait blesser, comment a-t-il réagi ?
Je toussotai, mal à l'aise.
— Mal.
— Il a perdu son sang-froid, il s'est fâché ? demanda-t-elle, perplexe.
— Un peu des deux.
Je ne mentionnai pas qu'il avait soulevé le gamin qui avait tiré ni qu’il lui avait fait une peur bleue.
— Je le comprends, le pauvre, soupira-t-elle.
Je restai silencieuse en voyant son visage s'assombrir. Elle devait penser à son grand frère. Je décidai de changer de sujet.
— Tu ne devais pas être avec Xavier ?
— Oh, oui, mais Christopher l'a appelé en panique et lui a demandé de venir à l'infirmerie, car son frère était blessé. Alors, il est parti en s'excusant.
— Tu as quelque chose à faire ?
Elle secoua la tête négativement en faisant virevolter ses cheveux bruns de chaque côté de son visage.
— Pourquoi n'irions-nous pas rejoindre Xavier et Christopher à l'infirmerie pour voir comment va Percy ? lui proposai-je.
— Ce n'est pas comme si je connaissais vraiment Percy, mais pourquoi pas ?
Je lui souris avant de demander, mal à l'aise :
— Tu sais où se trouve l'infirmerie, toi ?
— Je crois, me répondit-elle, visiblement incertaine.
***
Nous arrivâmes à l'infirmerie après avoir demandé notre chemin à quelques personnes. L'infirmière qui était venue au champ de tir était à l'accueil, et nous lui demandâmes où se trouvait Percy. Elle pointa une porte du doigt et nous demanda de ne pas faire trop de bruit. Ana et moi la remerciâmes, et je cognai doucement à la porte que Jane nous avait indiquée. Quelqu’un nous demanda d’entrer, et j'ouvris la porte. Celle-ci grinça, et, l’espace d’un instant, je me demandai si elle n'allait pas me tomber dessus.
Christopher, Tala, Xavier et Emmanuel étaient dans la chambre. Percy quant à lui était allongé sur un lit, avec une attelle pour supporter son bras. Lorsqu'il me vit entrer, son visage passa de joyeux à rayonnant. J'avais l'impression qu'il était content de me voir. Monica avait eu raison. Il sortit de son lit et essaya de m'enlacer. Christopher l'attrapa par les épaules et l’obligea à se rassoir.
— Tu devrais faire plus attention à toi, dit-il.
Percy fit la moue et tapota l'espace libre près de lui.
— Oracle, tu voudrais t'asseoir à côté de moi ?
Je regardai Christopher, et il me sourit. Je haussai les épaules et allai m'asseoir près de Percy.
— Alors, comment va ton bras ? Est-ce qu'il te fait mal ?
Il haussa le menton.
— Non. Je n'arrête pas de répéter à Jane que ce n’est rien, mais elle ne veut rien savoir.
— Tu es fait fort, dis donc, dis-je en riant.
Il m'offrit un sourire éclatant comme réponse.
— Je vais y aller, dit Emmanuel.
Lorsqu'il passa près de moi, il me chuchota à l'oreille :
— Merci, chérie.
Tala s'excusa à son tour en racontant qu'elle avait un coup de fil à passer. Elle embrassa Percy sur le front et nous salua. La pièce fut silencieuse un bref instant avant que Xavier ne parle :
— J'ai entendu dire que le surveillant qui était responsable du champ de tir pendant l'accident s'est fait virer.
Je vis la mâchoire de Christopher se crisper.
— Il mériterait plus que cela, dit-il.
— Je ne suis pas mort, grand frère.
— Je le sais très bien, mais si Oracle n’avait pas été là...
J'intervins :
— Mais j'étais là, alors nous n'avons pas à penser à ce qui aurait pu arriver.
— Tu devrais écouter Oracle, grand frère.
Christopher secoua la tête, découragé, avant de me regarder.
— En passant, j'ai appelé mes parents tout à l'heure. Ma mère tient absolument à te rencontrer.
— À me rencontrer ?
— Oui. Elle organise un souper demain soir en ton honneur. Tu es obligée de venir.
— Mais je croyais que nous ne pouvions pas sortir du camp, excepté lors de la journée de repos, qui est aujourd'hui.
— Crois-moi, nous en avons tout à fait le droit.
Je tapotai le lit d’hôpital nerveusement en fixant le bras de Percy.
— Puisque je n'ai pas le choix. Comment dois-je m'habiller ?
Il me répondit immédiatement.
— Avec une robe, ce serait parfait. Attends-moi à l'entrée du camp vers 17 heures, une voiture viendra nous chercher.
Je mordillai ma lèvre inférieure, mon corps vibrant d'excitation. J’avais peut-être sauvé un loup, mais la situation tournait une nouvelle fois à mon avantage.