LA LANGUE ANGLAISE
Origines et ancien anglais
La langue anglaise appartient à l'ensemble germanique* des langues indoeuropéennes. Les évolutions historiques l'ont passablement éloignée de l'allemand et du néerlandais, qui font partie comme elle du groupe germanique occidental. La langue qui serait la plus proche est le frison, parlé dans la province de Frise (Pays-Bas) et les îles de la côte du Schleswig. Par ailleurs, l'ancien anglais présente des similitudes avec l'islandais, qui est la langue germanique et nordique la plus conservatrice.
Les îles Britanniques furent envahies aux Ve et VIe s. par trois peuples de langue germanique, les Jutes qui venaient du Jutland (actuel Danemark continental), les Saxons du Schleswig et les Angles du Holstein. C'est le latin Angli, appliqué à ces derniers, qui a fourni en ancien anglais Engla (génitif) -land, le nom du pays. Les Jutes s'étant établis dans le Kent, le sud du Hampshire et l'île de Wight, leur idiome est appelé kentien (kentish). Les Saxons installés dans le Sud-Ouest (au sud de la Tamise) parlaient le saxon occidental. Les Angles établis plus au Nord voient leur parler, l'anglien, se subdiviser en deux dialectes : le mercien au sud de la rivière Humber, le northumbrien (« au nord de la Humber ») au Nord. Ce dernier était culturellement mieux établi que les autres au VIIIe s., mais les raids (fin VIIIe s.), puis l'invasion des Vikings (865), danois et ensuite norvégiens, détruisirent cette suprématie au bénéfice du Wessex et du dialecte saxon qui y était parlé.
La langue germanique importée par les Anglo-Saxons dans les îles n'était pas pure de tout contact : elle avait déjà emprunté au latin des mots usuels : strata qui donnera street « voie », vallum (wall « mur »), cocina (kitchen « cuisine »), episcopus (bishop « évêque »), butyrum (butter « beurre »), etc. En « Bretagne » (Grande-Bretagne), les chefs politiques christianisés se servirent de l'écriture latine.
À l'époque même où les Celtes d'Irlande diffusaient les lettres latines par leurs monastères (Ve-VIIIe s.), les Anglo-Saxons commencèrent à noter leur langue par l'écriture : un premier poème, imité de la Genèse, fut transcrit dans une abbaye du Yorkshire dès 680.
C'est dans cette langue que furent écrits, deux siècles plus tard, les premiers textes importants d'ancien anglais : chronique Parker, traduction du latin (saint Augustin, importateur du christianisme dans les îles, à partir de 597 ; saint Grégoire, Bède le Vénérable) ; des poèmes en dialectes mercien et northumbrien furent aussi adaptés. Cet ancien anglais fut illustré dans la seconde moitié du Xe s. par Aelfric (v. 955-v. 1010).
Cette langue, contemporaine du plus ancien français, garde des traces de la riche morphologie germanique. Les noms ont quatre cas : nominatif, accusatif, génitif, datif ; les adjectifs aussi, avec une déclinaison « forte » et une « faible ». Certains noms ont des racines fléchies : mon « homme », men « hommes » : ils ont résisté aux grandes simplifications morphologiques de la langue. Les pronoms personnels (1re et 2e personnes) conservent un duel. Les verbes ont trois modes (indicatif, subjonctif, impératif) et seulement deux temps (présent-futur et passé). Les verbes « forts » présentent des variations de voyelles (« chanter » : singan, sang, sungon et gesungen) ; mais tous les verbes nouveaux se rangent dans la classe « faible » ou « consonantique » et ne présentent pas de variation vocalique. Outre le masculin et le féminin, un neutre apparente sur ce point la langue à l'allemand, le genre étant rarement marqué par la terminaison des noms, mais par les adjectifs et déterminants ; le système se simplifia, d'abord au nord (XIe s.) puis au sud du pays jusqu'au XIVe siècle.
Comme en ancien français et en allemand, la morphologie de l'anglais entraîne une assez grande liberté dans l'ordre des mots ; dans les subordonnées, le verbe est en général placé en dernier.
Le vocabulaire fondamental de l'anglais se constitue alors : il est évidemment germanique et s'enrichit par composition (procédé majeur, comme en allemand) et dérivation. Un autre aspect essentiel, qui commence alors à se manifester, est le transfert (de verbe à nom, de nom à verbe) qui confère à l'anglais sa physionomie lexicale spécifique.
Le moyen anglais
La situation linguistique des îles Britanniques se modifia après la conquête des Normands (1066). Plusieurs évolutions essentielles transforment alors l'ancien anglais et ses variantes. Tout d'abord, une répartition en partie différente oppose deux dialectes du Sud, celui du Sud-Ouest qui continue le saxon occidental, celui du Sud-Est qui s'étend au-delà du Kent, continuant la langue des Jutes. Au centre, l'ancien mercien se subdivise en deux dialectes des Midlands, un à l'Est, un à l'Ouest, tandis qu'au Nord, le northumbrien se sépare en un dialecte d'Angleterre et un dialecte des Basses-Terres d'Écosse, repoussant vers le Nord le celtique. Le parler des Midlands orientales, préservé de l'effet des invasions, est souvent considéré comme la norme de l'anglais du XIe au XIVe s., mais tous les dialectes jouissent alors d'un statut équivalent, après la primauté du saxon occidental.
La phonétique évolue avec un allongement des voyelles : nama (a bref) donne nāme, nosu (o bref) nōse, etc. ; un allongement similaire se produit en allemand à la même époque (XIIIe s.). En revanche, dans les mots de trois syllabes, les voyelles des premières syllabes se raccourcissent (ex. hāligdaeg → holiday). Les conjugaisons verbales se modifient de manière différente selon les dialectes. Du côté de la graphie, l'usage de l'écriture carolingienne élimine les lettres d'origine irlandaise, empruntées lors du rayonnement des monastères d'Irlande, et de nombreux signes évoluent, y devenant u, u long devient ou et ow (en finale). Certains u deviennent o (sunu → sone, anglais moderne son), des i aboutissent à y. Le groupe cw s'écrit qu (cwēn → queen), hw devient wh (hwaet → what), le groupe ht de miht s'écrit (mi)ght.
Quant au vocabulaire, à côté du fonds germanique qui concerne toutes les réalités fondamentales et quotidiennes, les mots grammaticaux, les auxiliaires, des emprunts scandinaves résultent des invasions vikings du IXe s. : ils concernent même des éléments grammaticaux (les pronoms they, their, them). La plupart du temps, les mots d'origine anglo-saxonne et scandinave apparentés au germanique aboutissent à une forme identique, mais il existe des doublets : à l'anglais shirt (aujourd'hui « chemise ») correspond le scandinave skirt (« jupe »), à less (« moins ») loose (« lâche »). De très nombreux mots usuels d'origine scandinave sont ainsi passés des dialectes de l'Est à tout le territoire anglo-saxon.
Après l'invasion normande, le vocabulaire anglais reçoit un énorme apport français, qui modifie tout l'équilibre du lexique. Au XIe s., ce sont des mots normands et picards, puis à partir de 1154, date où l'Empire angevin s'étend vers le Sud, des mots « français », de la langue institutionnelle qui l'emporte en France, partant de Paris : il en résulte pour l'anglais des doublets qui reflètent les différences dialectales du français : catch à côté de chase (« chasse »), real à côté de royal, wage à côté de gage, etc. Au XIIIe s., le pouvoir des Capétiens augmentant, l'apport du français proprement dit surclasse celui du picard et du normand. Ce que l'on appelle l'anglo-normand* est en fait un français d'Angleterre, parlé par les couches supérieures de la société et influençant le moyen anglais qui demeure la langue de la majorité. Du XIe au XIIIe s., le rôle du latin est lui aussi très important et les emprunts à cette langue, souvent par l'entremise du français, sont nombreux. Comme pour toutes les langues vivantes d'Europe, la suprématie du latin, langue écrite du savoir, entraîne de fortes influences. Par ailleurs, le néerlandais a fourni depuis le XIIe s. son contingent de termes de marine (deck, dock, pump, skipper...).
Cependant, l'anglais prendra peu à peu la place de l'« anglo-normand » et, en 1362, les statuts de Pleading — longtemps avant l'ordonnance de Villers-Cotterêts en France — décident que les actes judiciaires seront rédigés en anglais. C'est l'époque où Chaucer commence à donner l'exemple d'un moyen anglais évolué, fixé et admirablement maîtrisé, qui tend vers l'anglais moderne.
Alors la mixité (germanique-roman) du vocabulaire aboutit à une complète intégration, que souligne l'« hybridité » : composés venant des deux sources, dérivés germaniques d'emprunts romans : gentle (1225), de gentil, donne très vite gentlewoman (1230) et gentleman (1275) ; easy, pris au normand aisé (ancien français aisié), donne uneasy et uneasiness. Le procédé inverse existe aussi : le suffixe roman -able s'ajoute aux radicaux germaniques.
Du XIe au XIIIe s. inclus, l'Angleterre et l'Écosse sont bilingues (trilingue dans le cas de l'Écosse gaélique). Le français (anglo-normand) est la langue du pouvoir et de la haute aristocratie ; celle d'une littérature de cour, de qualité égale et parfois supérieure à celle du français de France. Le vieil anglais, avec ses dialectes, reste le parler du peuple et de la petite noblesse. Ce clivage social est reflété par les romans historiques de Walter Scott. Quant aux positions linguistiques, l'anglais est alors surtout une langue parlée ; comme langue écrite, il reprend de l'importance à partir de 1200, d'abord dans l'ouest du pays, puis au nord, enfin dans la région de Londres. Vers 1400, l'usage du français est devenu exceptionnel.
Le XVe et le XVIe s.
correspondent à une époque de transition. C'est le début de la Renaissance, venue d'Italie et de France, avec (comme en français) l'intervention de plus en plus importante du grec comme source d'emprunts, directement ou travers le latin, tandis que le flot des emprunts au français d'Ile-de-France et au latin s'accentue : ceci reflète l'équilibre entre latin et langues vivantes, et celui que ces langues établissent en Europe. Par ailleurs, l'imprimerie est introduite par William Caxton (1476). Cet humaniste, conscient des incertitudes de l'usage (syntaxe, morphologie et surtout graphie), sut exposer les lacunes de l'anglais face aux besoins de la traduction et de la fixation typographique du discours écrit.
Par ailleurs, les dialectes étant mis sur un pied d'égalité, le creuset où s'élabore le nouvel état de l'anglais est Londres. La ville, avec 40 000 habitants en 1400, dépasse Bristol, Coventry, Norwich ; les usages des Midlands et de l'Est s'y rencontrent avec ceux du Sud, Kent et Wessex.
C'est alors que les voyelles longues du temps de Chaucer produisent les diphtongues de l'époque élisabéthaine, qui conduisent à la prononciation moderne. Par exemple, le a long de name (ancien anglais nama) devient un e long, puis la diphtongue ei ; le o long de mone devient ou, puis oou (moon), le i de lyf, ei puis ai (life), le ou long de hus devient ouw puis aw (house), etc. Par ailleurs, certaines consonnes devant consonne commencent à disparaître, dans knight (de cniht) « chevalier », dans knife, malgré leur conservation dans l'écriture, dans hlaf qui donne lof puis loaf. Plus tard le son l de talk, de should, le r de dark, de service s'amuiront aussi.
L'anglais moderne
Les débuts de l'anglais moderne (Early Modern English), vers 1500-1660, correspondent à une intense activité d'enrichissement et de stabilisation. L'influence du français, du latin et du grec est alors essentielle : ainsi, Thomas Morus écrit son Utopia en latin et la fait traduire en français ; elle ne paraîtra en anglais qu'après sa mort (1551). Berners termine la traduction des Chroniques de Froissart en 1525 ; Tyndale traduit la Bible.
Les emprunts au latin sont concurrencés par le grec, qui transite fréquemment par le latin, ce dernier étant souvent véhiculé par le français et venant concurrencer de plus anciens emprunts directs au français (chance et cadence ; count et compute ; frail et fragile ; sure et secure). À real, leal de l'anglo-normand, royal et loyal du français, s'ajoutent les latinismes regal, legal. L'historien de la langue A. Baugh estime à 10 000 les emprunts faits par l'anglais à cette période.
La floraison littéraire élisabéthaine (Shakespeare) est suivie par un rapide enrichissement du savoir. Mais la philosophie anglaise du XVIIe s., comme la science, s'exprime encore en latin (Bacon, 1626 ; Harvey, 1628, etc.). John Milton lui-même écrit en latin.
Un tournant décisif a lieu après Cromwell, lorsque la monarchie est restaurée. Avec le modèle de l'Académie française, qu'admire Dryden, la Royal Society for the Promotion of Natural Knowledge est fondée à Londres (1662). Son effort pour fixer l'anglais et le rendre plus clair fut un échec, comme le sera, pour des raisons politiques, la tentative mémorable de Swift en 1712. Il n'y eut pas d'équivalent anglais des académies espagnole ou française, mais le XVIIIe s. vit, de même que le troisième tiers du XVIIe s. en France, le triomphe de la langue nationale sur le latin (Newton, auteur des Principia mathematica, 1687, écrit en anglais son Opticks, 1704).
Au XVIIIe s., la grammaire de l'anglais moderne étant constituée, elle peut être décrite de manière plus systématique. Cet effort métalinguistique se fait alors au nom du bon usage, toujours à l'image du XVIIe s. français. Par rapport à l'anglais aisé d'Addison, Samuel Johnson, Gibbon et d'autres préconisent une correction rhétorique plus contrôlée. Alors que l'anglais didactique, on vient de le voir, triomphe du latin, du même coup il se latinise quelque peu : on a noté alors la fréquence accrue du passif, la subordonnée à l'infinitif, le participe absolu. L'effort vers une rationalisation, qui occulte la continuité d'un anglais vivant, plus spontané, aboutit, après Robert Lowth (Grammar, 1761), à la célèbre grammaire normative de Lindley Murray (English Grammar, 1795) qui règne sur le XIXe siècle.
Quant au lexique, un effort parallèle de description se développe. Après Nathan Bailey (1721), le grand lexicographe de l'époque est le fameux Dr Johnson, dont l'excellent dictionnaire (1755) fait progresser grandement la lexicographie. Utilisant les richesses des dictionnaires bilingues (notamment français-anglais), proposant de nombreux exemples littéraires, il fait la synthèse des nombreux enrichissements du lexique anglais, qui, depuis le XVIe s., a puisé aux sources latine et grecque, a emprunté à l'italien, à l'espagnol, à l'allemand, a continué de le faire au néerlandais, au français. Comme en France, et souvent avant la France, l'évolution scientifique, technique, politique suscite des termes nouveaux, formés à partir des mots disponibles, souvent des mots d'origine latine, à partir des radicaux grecs et latins, ou encore empruntés. À partir de 1750, dans les échanges entre l'anglais et le français, c'est l'anglais qui sert le plus souvent de source. Ce mouvement d'exportation du savoir et des mots se renforcera au XIXe siècle.
La courbe des emprunts que l'anglais a faits au français, après le sommet du XIVe s., marque une diminution régulière jusqu'au XVIIIe s. (de 306 emprunts significatifs au XIVe s. à 59 au XVIIIe s., d'après l'Oxford Dictionary), avant de remonter du fait de l'accroissement des échanges. Parfois un même mot français est réemprunté sous une forme différente : jaunty « désinvolte » (XVIIe s.) est, comme gentle (XIIIe s.) et genteel (XVIe s.), pris à gentil. Il ne faut pas négliger les emprunts de contact, propres aux îles Britanniques ; parmi les langues celtiques mises à mal par l'anglais et qui ont laissé à date ancienne de très nombreux noms de lieux, l'écossais (clan, glen, loch) et l'irlandais (whisky, Tory, galore...) fournissent leur contingent de mots à l'anglais moderne. En outre, comme dans d'autres langues d'Europe occidentale, des langues asiatiques et américaines, outre l'arabe, sont mises à contribution.
Cette richesse pléthorique est jugée excessive par beaucoup : comme en France, la lutte des puristes qui souhaitent choisir, clarifier, expulser le mauvais goût contre les tenants de l'enrichissement se poursuivra du XVIIIe au XXe siècle. À côté de Johnson, conscient de l'impossibilité de « fixer la langue », les grands acteurs de l'évolution, Priestley, Lowth, Buchanan, jouent un rôle normatif et puriste. Le dogme de la supériorité du latin, notamment, durera jusqu'au milieu du XIXe siècle.
L'évolution de l'anglais au XIXe et au XXe s. est soumise aux mêmes effets sociaux que celle du français ou de l'allemand : enseignement généralisé — mais socialement très hiérarchique, au moins jusqu'en 1945 —, écart entre norme officielle et variété des usages spontanés, évolution du phonétisme et, plus discrètement, de la syntaxe, prolifération des vocabulaires, avec au XXe s. l'influence croissante de l'anglais des États-Unis. Du côté du sentiment linguistique et de l'étude de l'anglais, le XIXe s., dominé par la linguistique historique, voit naître un grand chantier lexical. Sur l'initiative de Richard Trench, Herbert Coleridge puis Frederick Furnivall (fondateur de la Société des textes d'ancien anglais) commencent en 1864 l'édition d'un grand dictionnaire, dont James Murray publie le 1er fascicule (1884) et que ses successeurs mènent à bien en 1928. A New English Dictionary on Historical Principles, autrement dit l'Oxford English Dictionary, enrichi d'importants suppléments dans la seconde moitié du XXe s., constitue le plus impressionnant recueil historique consacré à une langue, exhaustif ou presque, de 1150 à nos jours.
Quant à l'influence lexicale de l'anglais, puis de l'américain, sur le français, devenue très importante au XVIIIe s. (en politique, dans les mœurs), elle s'amplifie au XIXe s., fournissant au français comme à la plupart des langues du monde des emprunts de mode et des emprunts de nécessité. Ceux-ci, dans le domaine scientifique et technique, sont d'ailleurs plus souvent latino-grecs qu'anglo-saxons.
Les variétés de l'anglais
L'anglais britannique ne se réduit pas à sa forme institutionnelle et prestigieuse, le King's English « anglais du roi » ; les dialectes et variantes régionales, négligés au XVIIIe et au début du XIXe s., ont été redécouverts — quand ils n'avaient pas disparu. Ils reflètent les répartitions anciennes (voir ci-dessus) : anglais du sud de la Tamise, des Midlands, du nord de la Humber, auxquelles s'ajoutent le cockney, londonien populaire. Hors d'Angleterre, la langue anglaise du Royaume-Uni comprend la variante écossaise, avec une forte tradition littéraire (Robert Burns), et l'anglais d'Irlande, distinct dès le moyen anglais et récemment illustré par Synge, Sean O'Casey, Brendan Behan (d'autres grands auteurs irlandais, de Swift à Joyce, lui donnant une place très modeste) : il se distingue par sa phonétique, des traits syntaxiques et lexicaux qui trahissent le substrat celtique.
Hors d'Europe, l'anglais des États-Unis et celui du Canada ont connu un sort particulier (→ américain) ; celui d'Australie et de Nouvelle-Zélande ; celui d'Afrique du Sud, en contact avec le néerlandais (afrikaans) et les langues africaines de la région ont acquis une importance institutionnelle. Langue officielle dans différents points de l'ancien Empire britannique, l'anglais joue un rôle essentiel aux Indes, à côté de langues autochtones très nombreuses, indoeuropéennes (hindi, notamment) et dravidiennes. En Afrique noire, dans les Caraïbes, alors en contact avec des créoles anglais (Jamaïque, etc.), l'anglais, imposé par une colonisation plus récente, joue là aussi, à côté du français et du portugais, un rôle prépondérant.
En outre, soit par l'institution politique (Hong-Kong, Singapour), soit par la présence économique et culturelle de la Grande-Bretagne et surtout des États-Unis, l'anglais est une langue seconde privilégiée à travers le monde : l'enseignement, l'édition en anglais permettent d'en apprécier la vitalité, de la Suède ou de la Hollande au Japon. Comme idiome des communications internationales en technique et en sciences, en économie et en finance, l'anglais est partout présent et l'emporte sur toute autre langue. La suprématie technique et militaire des États-Unis renforce cette position.
En Europe, à côté du français, de l'allemand, de l'italien, de l'espagnol et du russe, l'anglais joue, au moins depuis le XVIIIe s. — époque de sa très forte expansion mondiale —, un rôle pilote dans les échanges intellectuels, culturels et pratiques.
A. Rey
BIBLIOGRAPHIE