ACHEVER v. tr. est le dérivé (1080), aujourd'hui non perçu, de l'ancien français a chief « à bout », où chief, chef « tête » (→ chef) a le sens extensif de « bout, extrémité ».
❏
Traire [« tirer »] a chef, « se terminer », et a chief venir, « venir à bout », sont usuels en ancien français. Eschever (XIIe s.) et chever (XIIIe s.) n'ont pas vécu, achever les ayant remplacés.
◆
Le sens spécial « tuer (qqn), donner le coup de grâce à » apparaît chez Rabelais (1534). Dans la langue classique, achever signifie figurément (1614) « ruiner la santé, la fortune de (qqn) ». Le sens moderne, « compléter un effet pénible sur (qqn) », « fatiguer à l'extrême », lui est apparenté.
◆
Le verbe est courant au pronominal (XIIe s., apr. 1170), au sens passif « être en train de finir ».
❏
Le participe passé
ACHEVÉ, ÉE fonctionne comme adjectif depuis le
XVIe s. (1538) ; il a eu des valeurs figurées dans la langue classique « complet » (péjoratif), par exemple dans
un sot achevé, et « ruiné ». Le sens dominant est « parfait ».
◆
Le mot est substantivé dans
achevé d'imprimer « texte légal indiquant les références de l'impression d'un livre ».
◈
Le dérivé
ACHÈVEMENT n. m. (
XIIIe s., apr. 1273) désigne spécialement la perfection d'une œuvre (1611).
■
ACHEVAGE n. m. (1842) est un terme technique de poterie, de céramique.
■
Achevé a servi à former un préfixé antonyme, INACHEVÉ, ÉE adj., mot proposé ou enregistré par Mercier (1783), devenu usuel au concret comme à l'abstrait pour « non achevé », d'où « incomplet ». Une célèbre symphonie de Schubert est appelée L'Inachevée.
■
INACHÈVEMENT n. m., formé sur achèvement (1836, chez Balzac), correspond à inachevé.
■
Un verbe, INACHEVER v. tr. (1935, L. Daudet, in T. L. F.) « laisser inachevé », est rare.
◈
PARACHEVER v. tr., formé en ancien français (1213) avec l'adverbe intensif
par (→ 2 par), signifie « achever complètement ». Il est aussi employé au participe passé adjectivé et a pour dérivés assez rares
PARACHÈVEMENT n. m. (mil.
XIVe s.) et
PARACHEVABLE adj. (1571).
ACHIGAN n. m. est un emprunt (1683 ; 1657 achigen) à l'algonquin, l'étymon signifiant « celui qui se débat ».
❏
Le mot désigne deux poissons différents d'Amérique du Nord, dont le plus connu est appelé perche noire (ou truitée). Il est usuel en français du Canada.
❏ voir
MALACHIGAN.
ACHILLÉE n. f. est un emprunt (1572), après le moyen français aquilée (XIVe s.), au latin achillea, emprunté aussi sous cette forme (1562). Le latin est lui-même un emprunt au grec akhileios « herbe d'Achille », le héros grec ayant guéri Télèphe, qu'il avait blessé, à l'aide de cette plante. Les dérivés viennent respectivement du latin Achilles et du grec Akhilleus « Achille », mot d'origine inconnue.
❏
Le mot désigne une plante appelée communément saigne-nez, mille-feuilles.
❏
Le dérivé ACHILLÉINE n. f. (1866) désigne l'alcaloïde tiré de la plante.
ACIDE adj., emprunt au latin acidus, n'apparaît qu'au XVIe s. (1545) à propos d'un fruit. L'adjectif latin vient du verbe acere « être aigre », apparenté à acer « pointu, perçant », d'un radical indoeuropéen °ak- « pointe », présent dans acetum « vinaigre » (→ acéto-), acies « pointe » (un dérivé donne acier*), acus (→ aiguille), acer (→ âcre, aigre), d'où acerbus (→ acerbe).
❏
En français, l'adjectif, comme c'était le cas pour le latin acidus, s'emploie au figuré, mais seulement depuis le XIXe s. (P. Larousse cite Lamartine, Hugo).
◆
Sans cesser d'appartenir à la langue courante, acide qualifiant et désignant l'une des quatre saveurs fondamentales, le mot devient un terme de chimie, comme adjectif et surtout comme nom (fin XVIIe s.).
◆
Le concept chimique moderne apparaît à la fin du XVIIIe s. avec Lavoisier et Guyton de Morveau, en opposition à base, puis se modifie avec la théorie atomique et ionique.
◆
Au sens d'« acide lysergique » (L. S. D.), acide est emprunté à l'américain acid vers 1965.
❏
Outre
ACIDITÉ n. f., emprunt au dérivé latin
aciditas (1545) « caractère de ce qui est acide au goût », employé aussi en chimie (déb.
XIXe s.), de nombreux termes scientifiques sont formés avec
acide : ACIDIFIER v. tr. (1786), d'où
ACIDIFIANT, ANTE adj. (1786),
ACIDIFICATION n. f. (1786) et
ACIDIFIABLE adj.
■
Acidité lui-même a donné en physiologie HYPERACIDITÉ n. f.
■
Le composé ACIDIMÉTRIE n. f. (1855), « mesure de la concentration des acides », a donné le dérivé ACIDIMÉTRIQUE adj. (1866).
■
ACIDIMÈTRE n. m. (1907) est formé avec -mètre.
■
ANTIACIDE n. (1750) et adj. se rapporte au sens courant.
■
HYDRACIDE n. m. (1816, Gay-Lussac) et OXACIDE n. m. (1823) sont des termes de chimie, le premier désignant les acides dont la molécule ne contient pas d'oxygène (leurs noms sont en -hydrique), le second, dans l'ancienne terminologie, les acides contenant de l'oxygène.
■
POLYACIDE n. m. (1869) désigne les corps possédant plusieurs fois la fonction acide (diacides, triacides, tel l'acide phosphorique..., appelés couramment acides).
◈
ACIDULÉ, ÉE adj. est dérivé (1721) de
acidule dans
eau acidule (attesté 1747), emprunt au diminutif latin
acidulae (aquae) « (eaux) légèrement acides ». Il signifie « légèrement acide au goût » et est usuel, notamment dans
bonbons acidulés.
◆
Le verbe
ACIDULER est attesté en même temps (1721), le participe
ACIDULANT, ANTE étant adjectivé au
XIXe s. (1863).
■
La médecine a créé ACIDOSE n. f. (1909) pour nommer un trouble dans la concentration des acides et des bases de l'organisme, avec prédominance de l'acidité ; de là ACIDOSIQUE adj. (v. 1946).
■
Un préfixe ACIDO- sert à former des adjectifs, comme ACIDOPHILE adj. (1897), ACIDO-RÉSISTANT, ANTE (1910), ACIDO-BASIQUE adj. (XXe s.), et des noms.
❏ voir
OSEILLE (du latin acidula), ACRYLIQUE.
L
ACIER n. m. apparaît en ancien français (1080) avec les variantes acer, asser, que l'on retrouve dans certains dérivés. Le mot est issu du bas latin aciarium, dérivé de acies « pointe (d'une arme) », où l'on retrouve le radical °ak- de acide*. La pointe de l'arme devant être dure et tranchante, elle est fabriquée dans un métal plus résistant que le fer, obtenu par alliage avec du carbone (selon l'analyse moderne, faite au XVIIIe s.).
❏
Acier désigne ce métal et aussi, comme en latin (XIIe s.), la pointe d'une arme ; au premier sens, il s'emploie dans des syntagmes et au figuré, notamment dans d'acier « très résistant », qualifiant le courage, le caractère (déb. XVIIe s., d'Aubigné).
◆
Le sens concret a pris de l'importance au XVIIIe s., le concept technique étant élaboré par Réaumur (1720-1722) — époque où apparaît aciérie, et au XIXe s. avec la fabrication industrielle. Un sens extensif est « industrie de l'acier ».
❏
Le dérivé
ACÉRIN, INE adj., « d'acier » (
XIIe s.) et au figuré « inébranlable » (
XIIIe s.), a disparu, mais
ACÉRÉ, ÉE adj. « recouvert, garni d'acier » (1155) et « tranchant, aigu » (
XVIe s., Rabelais) est resté usuel ; il s'est employé au figuré pour « résistant, ferme » (
XVIe s.) et « piquant, agressif » (1625). Ce dernier sens est en usage, comme la valeur concrète « très pointu, aigu ».
■
Les autres dérivés d'ancien français en acer- ou acher- (acérer, acérure, acherure), disparus, ont parfois été repris en technique : ACÉRURE n. f. (1751), ACÉRAGE n. m. pour acérage [ci-dessous] (1762), puis « soudage d'une pièce d'acier à un outil ».
◈
La forme
acier a fourni plusieurs dérivés.
■
ACIÉRER v. tr. (1549) « garnir d'acier la pointe de (une arme) », puis (1767, aciéré p. p.) « transformer en acier ».
■
ACIÉRIE n. f. désigne une fabrique (1737) puis une usine où l'on fabrique l'acier.
■
ACIÉREUX, EUSE adj. (1783) a vieilli, mais le langage technique connaît ACIÉRAGE n. m. (1753), « transformation du fer en acier » puis (1864) « opération par laquelle on garnit d'acier une surface métallique par galvanoplastie » ; ACIÉRATION n. f. (1790), terme archaïque pour « aciérage », et DÉSACIÉRER v. tr. (1838) après désacérer (1752).
ACMÉ n. f. est emprunté (1751) en médecine au grec akmê, « point critique (d'une maladie) » et « haut degré », figurés du sens propre initial « partie aiguë (d'un objet) », du radical indoeuropéen °ak- exprimant l'idée de « pointe » (→ acide).
❏
Le mot s'emploie au sens médical du grec, puis en général pour « point culminant, extrême », notamment en philosophie (1928, in T. L. F.), sens qu'avait eu le grec.
❏ voir
ACNÉ, ACRO-.
ACNÉ n. f. est un emprunt (1816) à l'anglais acne (1812, Bateman), lui-même emprunté au latin scientifique acne « couperose », emprunt au grec tardif aknê (Ve s.). Ce dernier est obscur ; on le considère souvent comme une erreur de copiste pour akmê qui, de « pointe » (→ acmé), aurait signifié « éruption, efflorescence », ou bien aurait pris le sens d'« éruption de boutons » par métonymie d'une acception attestée, « adolescence ». Mais Skinner y voit un dérivé régressif de aknêsis « éruption cutanée sans démangeaison », de a- privatif (→ 2 a-) et de knêsis « démangeaison » (aknêsmos, « sans démangeaison », est chez Hippocrate). Cependant la métaphore de l'« efflorescence » est antique, et cette dernière explication n'est pas vérifiable.
❏
Le mot désigne une affection inflammatoire de la peau et notamment la couperose (dite aussi acné rosacée : acne rosacea, 1827) et surtout, dans l'usage courant, la dermatose des adolescents dite acné juvénile.
❏
Le dérivé ACNÉIQUE adj. et n. (1858) est didactique.
ACOLYTE n. est emprunté (acolite, v. 1190, Chrétien de Troyes) au latin chrétien acoluthus, acolythus, emprunt au grec akolouthos « suivant, serviteur », dont l'équivalent latin initial est sequens ou minister. Akolouthos, « qui accompagne » et « qui aide », est formé de a- « avec » et de keleuthos « chemin », comme il est déjà indiqué dans le Cratyle de Platon. Keleuthos, malgré une morphologie anormale, est rapporté au verbe keleuein « diriger, pousser vers », apparenté à kellein « mettre en mouvement », et que l'on rapporte en général à une famille indoeuropéenne représentée par le sanskrit kălayati « pousser », le latin celer « rapide » (→ célérité).
❏
Le mot, sous différentes variantes dont acolyte (1549) et acolythe (1671), garde le sens religieux de l'étymon « clerc subalterne qui sert les prêtres et diacres ». Il s'est dit en histoire (1721) d'un officier laïc attaché à la personne des empereurs d'Orient.
◆
Dans l'usage courant, le mot désigne un aide subalterne (X et ses acolytes), par une figure péjorative probablement de nature anticléricale (av. 1740, Saint-Simon).
◆
Le féminin (déb. XIXe s., 1825 in T. L. F.) est devenu rare.
❏
Le dérivé ACOLYTAT n. m. (1721) est un terme technique de religion.
❏ voir
ANACOLUTHE.
ACONIT n. m. est un emprunt (v. 1160, aconita) au latin aconitum (Ovide), qui désignait probablement une autre plante toxique. Le mot latin transcrit le grec akoniton et les étymologies données par Pline (par exemple du latin acone « pierre à aiguiser » parce que la plante pousserait sur des roches ainsi nommées) sont fictives. Le grec akoniton s'applique à diverses plantes toxiques et son origine est inconnue, malgré celle que donnaient les Anciens, de akoniti « sans poussière », d'où « sans combat » et « invincible ». Un rapport avec la racine indoeuropéenne °ak- « pointe » (→ acide), s'agissant d'une plante vénéneuse, est possible.
❏
Le mot, écrit aconite (1213 jusqu'au XVIe s.), puis aconit (1550), désigne une plante toxique de la famille des Renonculacées, employée en médecine, et le suc de cette plante (1213, aconite), emploi rare avant le début du XIXe siècle.
❏
Les dérivés ACONITINE n. f. (1836), ACONITIQUE adj. (1838) sont des termes de chimie.
ACOUET n. m. vient d'une forme dialectale liée à un verbe
acoulyi, doublet du français
accueil*. Il apparaît en français au
XIXe s. (d'abord écrit
acout, 1825,
acoué 1852). On trouve le mot en Savoie pour « succès, vogue » et « entrain ».
■
En français de Suisse, le mot s'emploie pour « énergie, courage » (avoir de l'acouet, l'acouet de...).
ACOUPHÈNE n. m., mot médical attesté au mil. du XXe siècle, est tiré du grec akouein « entendre » (→ acoustique) et phainesthai « paraître ».
❏
Le mot, désignant une sensation auditive anormale ne provenant pas d'un son extérieur, est dévenu relativement courant.
ACOUSTIQUE adj. et n. f. est emprunté (1700, Sauveur) au grec akoustikos « de l'ouïe », dérivé du verbe akouein « entendre », que l'on a longtemps expliqué par une composition à partir de ous « oreille » ; mais on tend aujourd'hui à rattacher le mot, à l'intérieur du grec, à koein « percevoir », que l'on rapproche — et c'est sans doute le sens initial de cette famille de mots — du latin cavere « prendre garde » (→ caution).
❏
Le mot, proposé en français par le savant Joseph Sauveur (1653-1716), est attesté simultanément comme nom de la science des sons, branche de la physique complémentaire de l'optique (Académie des sciences, 1700), et comme adjectif, en médecine (« qui guérit de la surdité ») et en anatomie (nerf, conduit acoustique, in Furetière, 1701).
◆
L'adjectif qualifie aussi (1752) les instruments aidant l'audition, d'où cornet (1762), tuyau acoustique, ainsi que les lieux qui favorisent la transmission des sons.
◆
Le nom signifie aussi « conditions favorables à la transmission et à la perception des sons » (l'acoustique d'une salle, fin XIXe s.).
❏
Le dérivé
ACOUSTIQUEMENT adv. (
in Larousse, 1922) est didactique, comme
ACOUSTICIEN, IENNE n. (1826), qui s'emploie aussi comme apposition :
ingénieur acousticien.
■
Un certain nombre de composés préfixés DIACOUSTIQUE n. f. (1721), POLYACOUSTIQUE adj. (1765), etc. ont été formés.
◈
Du verbe grec
akouein ont été formés
ACOUMÈTRE n. m. (1836 ou 1842,
Complément Académie), plus tard remplacé par
audiomètre, ACOUMÉTRIE n. f. et
ACOUMÉTRIQUE adj. (
in Larousse, 1928), qui ont eux aussi vieilli.
◈
Du grec
akousma « ce qu'on entend » viennent
ACOUSMATE n. m. (1730), « bruit imaginaire », et
ACOUSMATIQUE (
Encyclopédie, 1751), nom donné à un disciple de Pythagore qui écoutait ses leçons, caché derrière un rideau, sans voir son maître ; le mot s'est aussi employé comme adjectif (1811), qualifiant un son entendu sans que l'on puisse en voir la cause.
L
ACQUÉRIR v. tr. est issu du latin populaire °acquaerere, altération de acquirere d'après son origine quaerere (qui a donné le verbe quérir* « chercher »). Le sens originel est « obtenir (quaerere) en plus », d'où « augmenter », devenu terme juridique, et figuré en latin chrétien. Le verbe français acquerre (1148) a changé de conjugaison et a pris sa forme actuelle au XIVe siècle.
❏
Il a eu de nombreux sens en ancien français, dont ne sont restés que la valeur commerciale et juridique d'« obtenir » et des figurés : « se procurer (des connaissances, des aptitudes) » (XVe s.). Il est resté plutôt littéraire ou didactique.
❏
Parmi les nombreux dérivés,
acquérant n. m. (v. 1250),
aquise n. f. (
XIIIe s.) « acquisition »,
aquisement, etc., trois seulement sont maintenus en français moderne.
■
ACQUÉREUR n. m. (1385) désigne la personne qui acquiert.
■
Le participe passé ACQUIS, ISE, d'abord adjectivé dans un sens figuré disparu, a été substantivé en ACQUIS n. m. « chose acquise » (1546) et au figuré « savoir-faire, expérience » (1601). L'adjectif est resté usuel dans maladie acquise (1608), vitesse acquise (fin XIXe s.), caractère acquis (1835, en psychologie ; XXe s., en biologie), opposé à naturel puis à héréditaire.
◆
Être acquis à qqn signifie (1610) « lui être dévoué ».
■
ACQUÊT n. m. est la réfection (XVIe s.) de aquest (v. 1150), acquest (v. 1190) « ce qu'on a acquis », puis (déb. XIVe s.) « profit ».
◆
L'emploi juridique, aussi dans droit de nouvel acquêt (attesté 1611), apparaît au XVIe s. pour « biens acquis par achat ou donation (et non par succession) » (attesté 1573).
◆
Le dérivé verbal acquester (1263 ; aquasteir, dès fin XIIe s.) n'a pas vécu après le XVIIe siècle.
◈
ACQUISITION n. f., qui fonctionne comme substantif verbal de
acquérir, est emprunté (1283) au dérivé latin
acquisitio « action d'augmenter », comme terme de droit pour « bien acquis », sens qui correspond au latin médiéval
acquisitio (1114-1118)
[Cf. ci-dessus acquêt], et au sens général d'« action d'acquérir » (1501).
■
ACQUISITIF, IVE adj. succède (v. 1450) au nom féminin acquisitive, « art d'acquérir des biens » (1372, Oresme), comme emprunt au latin acquisitivus, adjectif en bas latin (déb. VIe s.). Le mot est toujours employé en droit (prescription acquisitive) et en psychologie, où il a donné naissance au dérivé didactique ACQUISIVITÉ n. f. (pour acquisitivité) [1841, in T. L. F. ; 1839 selon Dauzat].
ACQUIESCER v. est emprunté (v. 1327, J. de Vignay) au latin acquiescere, composé de ad- (→ à) et de quiescere « se reposer » (et ablatif avec ou sans in), puis (Cicéron) « avoir confiance en » et « donner son assentiment », sens développé en latin chrétien. Quiescere dérive de quies « repos, calme » (→ coi, quiet).
❏
L'ancien français connaît un emploi transitif (acquiescer qqch. à qqn « lui permettre ») qui a disparu. Acquiescer à a signifié (1371-1375) « accepter, se soumettre (à qqch.) », et acquiescer s'emploie absolument en droit pour « donner son accord » (1327).
◆
Le sens intellectuel moderne « manifester son accord » semble fixé dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Le verbe a été repris au XVIe s. (1513) au sens étymologique du latin « se reposer », vite disparu.
❏
Le dérivé ACQUIESCEMENT n. m. (1527) s'est employé comme terme juridique et en religion (déb. XVIIe s., François de Sales).
◆
Le sens intellectuel, qui correspond à celui du verbe, est attesté dans les Lettres de Guez de Balzac (av. 1654).
ACQUITTER, ACQUIT → QUITTE
ACRE n. f. apparaît en anglo-normand (v. 1170) avec la variante agre, qui a disparu. Le mot correspond au latin médiéval accrum (839, à Gand), agram (893, en Rhénanie), se répandant dans l'ouest de la France (XIe-XIIIe s., en Normandie), tandis que le mot français s'applique à l'Angleterre et à la Normandie. C'est un emprunt aux langues germaniques, au sens de « mesure agraire » (bas allemand acker, anglais acre), probablement par les invasions scandinaves du IXe s., qui avaient touché les Flandres et la Rhénanie avant la Normandie, et avaient occasionné des partages de terre. Cependant l'ancien norrois akr ne signifie pas « mesure », mais « champ » et « grain ». Un réemprunt à l'anglais (acre « mesure agraire », v. 1000), après la bataille d'Hastings (1066), est probable. L'étymon germanique °akr(a)- correspond au latin ager, au grec agros, à l'arménien art « champ », au sanskrit ajra « pâturage », sens de l'étymon indoeuropéen °agro- (→ agreste).
❏
Le mot, qui désigne une mesure de surface d'environ 50 ares, est resté vivant dans les dialectes normands jusqu'au XXe siècle. Il a disparu du français général, en ce qui concerne la France, avec l'Ancien Régime.
◆
Il a été repris pour désigner la mesure agraire britannique (env. 40 ares), puis américaine (1764 au Canada ; 1827, Chateaubriand).
❏ voir
AGRESTE, 2 AIRE.