ADÉNO- est un élément emprunté au grec adên « glande », rapproché du latin inguen « enflure, tumeur », puis « aine » et, dans le domaine germanique, d'un mot vieil islandais signifiant « enflure ».
❏
Il a donné (XVIe s., puis XIXe-XXe s.) de nombreux composés savants, en sciences naturelles et en médecine, puis en biochimie. Le mot grec avait donné par emprunt adones n. f. pl. « ganglions » (1534, Rabelais).
❏
ADÉNOÏDE adj., emprunt au composé grec
adenoeidês, de
-eides (→ oïde), signifie « glanduleux » (1541) et spécialement « des ganglions lymphatiques », d'où
ADÉNOÏDIEN, IENNE adj. (1920).
■
ADÉNITE n. f. (1833) concerne aussi l'inflammation des ganglions lymphatiques.
■
ADÉNINE n. f. est emprunté à l'allemand Adenin (Kossel, 1885), formé sur le grec adên, et désigne une base azotée qui intervient dans la constitution des acides nucléiques (A. D. N.). De Adenin et ribose, Levere et Jacobs ont formé l'allemand Adenosin (1909), passé en français sous la forme ADÉNOSINE n. f. à propos d'une substance formée d'un pentose (ribose, désoxyribose) et d'une molécule d'adénine. Les composés adénosine mono-, di- et triphosphate s'appliquent à des nucléotides où l'adénosine est liée à l'acide sulfurique.
■
ADÉNOME n. m. (1858), « tumeur bénigne développée aux dépens d'une glande », a pour dérivés ADÉNOMATEUX, EUSE adj. (XXe s.) et ADÉNOMATOSE n. f.
■
Les recueils du milieu du XIXe s. (Complément de l'Académie, Littré-Robin, 1865) attestent la multiplication des composés en ADÉNO-, comme ADÉNOPATHIE n. f. (1855), ADÉNOFIBROME n. m. (1920), ADÉNOCARCINOME n. m. (av. 1929 ; 1889, en anglais adenocarcinoma), ADÉNOVIRUS n. m., emprunt à l'anglais adenovirus (1956) pour un virus appelé adenoid degeneration agent en 1953 (Rowe et collab.).
ADEPTE adj. et n. vient du latin des alchimistes adeptus, du verbe adipisci, de ad- (→ à) et de apisci, inchoatif de apere « attacher, lier » (→ apte).
❏
Le mot signifie proprement « qui a atteint » et s'applique (depuis 1630) à l'alchimiste sur la voie du « grand œuvre » ; de là le sens d'« initié à une secte » (1723). La valeur moderne de « disciple, partisan », sans idée initiatique, se répand au début du XIXe s., d'après l'anglais adept, ce sens étant déjà préparé par certains emplois au XVIIIe s. (1775, d'Alembert, in T. L. F.) où le mot garde la valeur métaphorique de son emploi fort, aujourd'hui assez oubliée.
❏ voir
ADAPTER.
ADÉQUAT, ATE adj. est un emprunt (XIVe s.) au latin adaequatus, du verbe adaequare, tiré de ad- (→ à) et aequare « rendre égal », formé sur l'adjectif aequus « égal » (→ égal). Ce verbe avait fourni à l'ancien français, par évolution phonétique, aïver « niveler, rendre égal », employé aux XIIIe-XIVe s. et, par emprunt, adequer, aux mêmes époques.
❏
Attesté isolément au XIVe s., le mot est repris et se diffuse au XVIIIe s. (1736). Il est resté didactique au sens de « qui rend compte de son objet d'une manière exhaustive », en philosophie scolastique d'abord.
◆
Il est devenu relativement courant avec la valeur de « bien approprié à son objet » (1864), d'où procède le dérivé ADÉQUATEMENT adv. (1889, chez Bergson).
❏
ADÉQUATION n. f. (mil.
XIXe s.) est emprunté au dérivé bas latin
adaequatio, employé en scolastique (
adaequatio rei et intellectus correspond à la théorie de l'intellection).
◈
Le composé et antonyme
INADÉQUAT, ATE adj. n'est attesté qu'au
XVIIIe s. (1760) ; il vient probablement de l'anglais
inadequate (1675) de même origine.
INADÉQUATION n. f. (1907, chez Bergson) est vraisemblablement aussi un anglicisme.
ADHÉRER v. tr. est un emprunt (XIIIe s.) au latin adhaerere, de ad- (→ à) et haerere « être attaché », d'où « être arrêté », verbe dont on retrouve le radical dans cohérence, hésiter. Il a été plus ou moins influencé par l'ancien français aerdre, aherdre, d'où ahérer (1216) [jusqu'au XVIe s.] « saisir, s'attacher à », qui vient peut-être (s'il ne provient pas de adhaerere) d'un latin supposé °aderigere « se dresser contre », composé de erigere (→ ériger). Le sens abstrait « être de l'opinion, du parti de (qqn) » a été influencé par aerdre. Des autres mots de la famille, l'un est resté concret, adhérence, les autres ont les deux valeurs.
❏
Adhérer a d'abord été pronominal avant d'être transitif indirect (adhérer à, 1377, « être du même avis »). Il a eu aux XVIe et XVIIe s. des emplois étendus pour « être attaché moralement, sentimentalement », et même « sexuellement » (adhérer à une femme).
❏
ADHÉRENCE n. f. est emprunté (
XIVe s.) au dérivé bas latin
adhaerentia, au sens concret, et s'est spécialisé en médecine dès le
XIVe s.
(azerence), surtout au
XVIe s. (Paré). Il a signifié au figuré « entente » (1465), « attachement à un parti » (1477), ce sens étant encore attesté au
XVIIIe s., alors que le premier disparaît plus tôt ; dans ces valeurs, le mot a été remplacé par
adhésion.
■
Si ADHÉRÉ, « partisan » (1420), a disparu, le participe présent a produit, d'après le latin adhaerens, ADHÉRENT, ENTE adj. et n., d'abord adhérant (1331), repris au sens concret au XVIIe s. (attesté 1680), avec plusieurs emplois techniques.
◆
Le substantif, un adhérent, a été repris au XIXe s. (1855) pour « membre d'une organisation, d'une association (politique, syndicale, etc.) », acception usuelle liée à l'emploi correspondant de adhérer et adhésion.
◈
ADHÉSION n. f. est emprunté (1372) au latin
adhaesio, dérivé de
adhaerere, aux sens abstrait et (v. 1380) concret, « jonction ».
◆
Il a été repris (1701) pour « consentement, approbation » et se spécialise en politique (v. 1860) pour « inscription (à une organisation, un parti) ».
◈
Le dérivé
ADHÉSIF, IVE adj. est concret (1478), avec une substantivation en médecine (1866), puis en photographie (1922) et des emplois spécialisés
(ruban adhésif).
◆
Le sens abstrait, « qui exprime l'approbation » (1838), est demeuré exceptionnel.
■
L'adjectif a pour dérivés ADHÉSIVEMENT adv. (1866) et ADHÉSIVITÉ n. f. « fixation de l'attention sur une idée » (1865) et « approbation d'autrui », avant le sens concret (1928, dans les dictionnaires).
◆
ANTI-ADHÉSIF, IVE adj., terme technique apparu dans les années 1970, qualifie une substance qui empêche l'adhérence. On l'emploie aussi comme nom masculin.
AD HOC adj. est l'emprunt (attesté en 1765 tuteur ad hoc, mais antérieur) d'une locution latine formée de ad (→ à) et de hoc, pronom démonstratif : « cela », et signifiant « à cet effet » (→ ce).
❏
Emprunté en droit, le mot désigne une personne qualifiée pour une activité, puis un groupe et aussi une chose (attesté 1748) destinée à un effet, et aussi un élément abstrait (argument, explication...).
AD HOMINEM, emprunt (1623) à une locution latine, « vers l'homme », est d'abord rhétorique.
❏
L'expression qualifie un argument dirigé contre la personne même de l'adversaire.
ADIABATIQUE adj. créé par le physicien Clausius en allemand, se trouve en 1868 en français dans sa traduction. Le mot était pris au grec adiabatos « impossible à traverser ».
❏
Le mot qualifie les transformations physiques, impliquant une expansion ou une compression sans perte ou gain de chaleur.
❏
ADIABATISME n. m. désigne un système physique évolutif où aucune quantité de chaleur n'est transmise.
ADIPEUX, EUSE adj. est dérivé en français (1503, adipos) du latin adeps, -ipis « graisse ». On soupçonne un emprunt à un dialecte italique qui, lui-même, aurait repris le grec aleipha « huile, graisse ». Celui-ci se rattache à aleiphein « oindre, frotter » (en général « oindre d'huile » dans les gymnases), verbe dont le thème est apparenté au latin linere ou linire (→ liniment).
❏
L'adjectif est d'abord didactique et signifie « qui est de la nature de la graisse ». Il passe vers la fin du XVIIIe s. dans l'usage courant, se disant d'une personne grasse (1801, Mercier).
❏
La langue scientifique connaît de nombreux composés en
adip(o)-, dont
ADIPOSE n. f. (1878) et en chimie
ADIPIQUE adj. (1855) dans
acide adipique.
■
ADIPOSITÉ n. f. est dérivé (1869) du radical de adipeux et reste didactique, à la différence de l'adjectif.
ADJACENT, ENTE adj. est un emprunt (1314) au latin adjacens, participe présent de adjacere, qui signifie « voisin, placé (“jeté”) à côté de » et qui a donné par voie orale aise*. Cet adjectif, rare en latin classique, est usuel dans les actes juridiques médiévaux. Le verbe latin vient de ad- (→ à) et de jacere « jeter », dont le fréquentatif jactare a donné jeter* (→ jacent).
❏
Le mot, en ancien et en moyen français, s'emploie au sens général de « voisin, contigu », mais surtout dans l'usage technique (médical) et scientifique, en géographie (1324). Il s'est spécialisé en géométrie (angles adjacents, 1751).
ADJAS n. m. pl., dans mettre les adjas, vient du verbe romani (tsigane) natcha, « s'enfuir » (1899), après des formes en jaja.
❏
Mettre les adjas, « s'enfuir, partir », s'est employé en argot pendant un siècle.
ADJECTIF, IVE adj. et n. est un emprunt (1365) au latin tardif et didactique adjectivum (nomen), « nom qui s'ajoute », de adjicere « ajouter », de ad- (→ à) et jacere « jeter, lancer ». Dans ce sens linguistique, le mot traduit le grec epithêton « ajouté à » (→ épithète).
❏
Adjectif, rare comme qualificatif (v. 1350) par exemple dans nom adjectif, est surtout substantif (aussi depuis le XIVe s.).
❏
Parmi les dérivés, ADJECTIVEMENT adv. (XVe s.), ADJECTIVER v. tr. (1801, Mercier) qui a eu au XIXe s. (1867, Delvau) la valeur familière d'« insulter » (adjectiver qqn).
◆
ADJECTIVAL, ALE, AUX adj. (1922) et ADJECTIVATION n. f. (mil. XXe s.) sont des termes de grammaire et de linguistique.
L
ADJOINDRE v. tr. provient du latin adjungere, sous la forme ajoindre (v. 1190), relatinisée en moyen français (XIVe s., puis XVIe s.) ; le verbe latin est composé de ad- (→ à) et de jungere (→ joindre). On trouve en roman la forme adjungeat « il joint » dès le VIIIe siècle.
❏
En ancien et moyen français, ajoindre, puis adjoindre signifie « ajouter » et « unir ». L'intransitif, ajoindre à qqch., correspond à « être contigu » (v. 1300) et s'ajoindre à « être près » (1575).
◆
La forme moderne (XIVe s.) s'emploie pour « mettre (des personnes) avec d'autres », d'où s'adjoindre avec qqn puis à qqn (1538), et s'adjoindre à qqch. « y participer ». Le sens du verbe actif pour « ajouter, joindre (qqch. à une autre) » date d'Oresme.
◆
Le participe passé ajouint « contigu » (XIIIe s.), puis ajoint, substantivé pour « allié » (1314) et « associé », au XIVe s. sous la forme ADJOINT (1337), a pris des valeurs spécialisées au XVIe s., en droit (1549 ; encore ajoint en ce sens au XVIIe s.), en administration pour « assistant du maire », mot de la Révolution (1795), et dans l'armée (1825).
❏
ADJONCTION n. f. (1306), réfection de
ajonction, n. f. (v. 1250, « union entre époux »), aussi
ajunction (
XVIe s., Amyot), est emprunté au latin
adjunctio, du supin de
adjungere.
■
Le mot signifie « chose adjointe » et « annexe (d'un bâtiment) » (1306).
ADJUDANT n. m. est un emprunt (1671) à l'espagnol ayudante (on trouve la forme ayudant en 1701) « aide », dérivé du verbe ayudar « aider » (aiudar), modifié en français d'après son origine latine adjuvare « aider » (qui a donné en français adjuvant* et dont le radical se retrouve dans Joconde). Le fréquentatif de adjuvare a donné aider*.
❏
Le mot désigne d'abord un aide militaire, notamment un aide canonnier, puis un officier qui seconde un officier de grade supérieur (1776) et, dans l'armée moderne, le plus élevé en grade des sous-officiers, néanmoins au-dessous de l'adjudant-chef (ci-dessous).
◆
Au XIXe s., le mot prend des connotations péjoratives d'autoritarisme borné ; il reçoit des synonymes argotiques, comme juteux, et a servi en argot à désigner un lavement (1881), par jeu de mots, lavement signifiant « personne insupportable ».
❏
Le sens général devenant archaïque, le mot a servi à former des composés, avec un nom de fonction :
ADJUDANT-PILOTE n. m. en marine (1701),
ADJUDANT-SOUS-OFFICIER (1825) « chef des sous-officiers », emplois disparus.
■
Est resté usuel ADJUDANT-CHEF n. m. « sous-officier supérieur » (in Larousse, 1922).
◆
D'autres grades ont disparu, comme ADJUDANT-MAJOR (1790) et ADJUDANT GÉNÉRAL (1818) « colonel adjoint à un général », adjudant-major prenant le sens de « capitaine qui assiste un commandant » (1825).
■
La forme populaire ADJUPÈTE n. m. (1895) s'est employée couramment dans l'armée ; elle évoquait le sous-off qui « pète sec ».
L
ADJUGER v. tr., comme adjoindre, est une réfection ancienne (adjugier, 1208 ; adjuger, XIVe s.) de ajuger, ajugier « juger, condamner » (XIIIe s.), qui vient du latin adjudicare « attribuer par jugement », avec influence de juger ou d'un sens tardif non attesté. Adjudicare est formé de ad- (→ à) et judicare « juger* ».
❏
Le verbe a signifié en droit « attribuer (une chose contestée) à l'une des parties », puis (1549) « déclarer qu'une personne est devenue propriétaire de (un bien mis aux enchères) », sens demeuré vivant, d'où adjugé ! (in Académie, 1835).
◆
Dans l'usage général, ajuger puis adjuger un prix s'est dit pour « donner, décerner » (XVe s.).
◆
S'adjuger, depuis la fin du XVIIe s. (La Bruyère), correspond à « s'emparer arbitrairement (de qqch.) ».
❏
ADJUDICATION n. f. est un emprunt (1330) au dérivé latin
adjudicatio.
■
ADJUDICATIF, IVE adj. est formé (1534) sur adjudication, comme les suivants.
■
ADJUDICATAIRE n. m. désigne (1560) la personne à qui un bien mis aux enchères est attribué et, spécialement sous l'Ancien Régime, un fermier des droits du roi (1690).
■
ADJUDICATEUR, TRICE n. (1823) désigne la personne qui cause l'adjudication.
ADJURER v. réfection (1465) de l'ancien verbe ajurer (XIIIe s.), emprunt au latin adjurare « promettre avec serment » (Plaute), devenu fréquent en latin chrétien, aussi pour « conjurer (les esprits) », de ad- (→ à) et jurare (→ jurer).
❏
D'abord réservé au langage religieux, le mot s'applique à toute prière instante (XVIe s. ; peut-être déjà chez Guillaume de Machaut).
❏
ADJURATION n. f. est emprunté (1488) au dérivé latin adjuratio et a signifié « exorcisme », puis « action de faire promettre par serment » (1560). Le sens moderne de « prière instante » (1492) est littéraire.
ADJUVANT n. m. est emprunté comme adjectif (v. 1580) au latin adjuvans, participe présent de adjuvare « aider, seconder » (depuis Plaute), qui a donné en ancien et en moyen français (XIIIe s.) le verbe adjuver, sorti d'usage. Adjuvare, dont le fréquentatif a donné aider*, est formé de ad- (→ à) et de juvare « faire plaisir à (qqn) », puis « aider », mot d'origine inconnue, lié à jucundus « agréable, plaisant », mais qui n'est rapproché de jocus (→ jeu) que par étymologie populaire.
❏
Adjuvant désigne un médicament qui renforce l'action d'un autre (1810), aussi comme adjectif (1812), puis un produit ajouté pour déclencher un effet, un catalyseur (1932, in T. L. F.), un additif (mil. XXe s.).
◆
En sémiotique narrative, il désigne un des rôles parmi les actants du récit (Greimas).
❏ voir
ADJUDANT.
AD LIBITUM adv. est l'emprunt (1771) d'une locution latine, formée de ad (→ à) et de libitum, participe substantivé de libere, libet, d'abord lubere, lubet « avoir envie de » (→ lubie). Libet exprime le désir et a pour dérivé libido (→ libido) ; il sert à former des indéfinis comme quo libet (→ quolibet).
❏
L'expression signifie « à volonté, au choix » et s'emploie en musique pour « librement », alors abrégée en
ad lib.
■
Ad libitum ayant été abrégé par l'anglais en ad lib, les emplois de cette expression ont été empruntés (1938) par le français du Canada, pour « avec fantaisie, en improvisant », dans le théâtre comique (« burlesque ») ; jouer, répéter ad lib. Il est aussi adjectif et nom (l'ad lib).
ADMETTRE v. est la réfection (une fois au XIIIe s. ; puis 1508, F. e. w.) de amettre (XIIIe s.), d'après l'étymon latin admittere, composé de ad- (→ à) et de mittere (→ mettre). Amettre signifiait aussi en ancien français « accuser, imputer, mettre à charge », alors que admittere équivaut à « laisser venir » ou à « laisser faire ».
❏
Le français a développé la valeur « accepter, recevoir », notamment au figuré : admettre des excuses (Amyot).
◆
Le sens intellectuel, « reconnaître pour vrai », apparaît au milieu du XVIIe s. (Pascal), à peu près en même temps que admettre qqn à (se justifier, etc.), « permettre » (1643).
◆
Le verbe s'emploie aussi avec un sujet nom de chose, pour « comporter, recevoir » (1636), notamment en sciences (ce problème admet deux solutions).
❏
Le préfixé
RÉADMETTRE v. tr. est attesté en 1829.
◈
ADMIS, ISE p. p. adj. s'applique aux personnes pour « reçu (dans une société) » (1671), parfois substantivé pour « reçu à un examen » (1919, in
T. L. F.).
◆
En parlant des choses, il se dit pour « adopté par l'usage » (1636) et « considéré comme vrai ».
◈
ADMISSION n. f. est un emprunt (1568 ; 1539, selon Bloch et Wartburg) au dérivé latin
admissio « fait d'être reçu en audience » et, au moyen âge, « approbation ».
■
Le mot s'est appliqué à une loi reconnue valable, avant de se dire (1615) des personnes admises à une fonction, puis (1839) à un concours ou examen. Le sens abstrait d'« acceptation (d'une chose) » (1803) précède l'emploi concret d'abord métonymique, « ouverture par laquelle la vapeur est admise dans le cylindre » (1866), puis actif, en mécanique, pour « premier temps du cycle à 4 temps d'un moteur à explosion » (1904).
◆
Admission temporaire se dit de marchandises destinées à être réexportées (1866).
■
Le préfixé RÉADMISSION n. f. (1750) correspond à réadmettre.
◈
ADMISSIBLE adj., qui semble dérivé du participe passé du latin
admittere (le latin médiéval
admissibilis est tardif), signifie (1453) « qui peut être admis, reçu à un emploi, à un titre » et spécialement, dans l'organisation des examens et concours, « qui est admis à concourir à une deuxième épreuve, en général une épreuve orale après l'écrit » (
in Larousse, 1866, à propos de l'agrégation).
◆
En parlant de choses abstraites, il qualifie une raison, une explication, une excuse qui est considérée comme acceptable, valable.
■
De l'adjectif vient ADMISSIBILITÉ n. f. qui se dit des personnes (1789, Beaumarchais), spécialement du résultat de la première épreuve par laquelle un candidat est déclaré admissible à un examen, à un concours (1894), et des choses (raisons, explications) [1811].
■
Le préfixé INADMISSIBLE adj. se dit des choses inacceptables (1475), spécialement sur un plan moral, d'où la valeur d'« impardonnable », au XXe siècle.
◆
L'emploi à propos de l'admissibilité aux examens (1866) est rare.
◆
INADMISSIBILITÉ n. f. (1789, Beaumarchais) correspond aux valeurs de l'adjectif.
■
SOUS-ADMISSIBLE adj. (années 1960) se dit d'un candidat ayant subi avec succès les examens nécessaires pour être admissible.
◈
ADMITTANCE n. f. est un emprunt (1896) au mot anglais
admittance, d'abord « permission d'entrée » (1589), pris comme terme de physique d'après
impedance, pour désigner la notion inverse en électricité : c'est une résistance ou impédance négative.
+
ADMINISTRER v. tr. est la réfection (administreir, fin XIIe s.) de aministrer (XIIe s.), amenistrer (du XIIe au XVe s.), relatinisé en ad- (→ à), emprunt au latin administrare « prêter son aide », « prêter son aide dans un sacrifice religieux », sens rare en latin classique (où l'on emploie ministrare) mais usuel en latin chrétien ; l'ancien français emploie menistrer (déb. XIIe s.) avec cette valeur. Administrare se dit depuis Varron des affaires privées, sens développé en latin médiéval et repris en français. Le verbe latin vient de ministrare ou de minister (→ ministre).
❏
Le verbe signifie d'abord « fournir (qqch. à qqn) », d'où
administrer un sacrement (
XIIIe s.) et comme intransitif « servir », en contextes religieux (
aministrer, déb.
XIIIe s.) et civil, « exercer une fonction » (
XVIe s., Amyot).
◆
Comme transitif, il signifie en ancien français « prendre soin de (qqn) », sens sorti d'usage après le
XVIe s. comme l'acception pour « enseigner (qqn) », et « s'occuper de (qqch.) ».
■
La spécialisation moderne, concernant les affaires publiques, apparaît chez B. Latini (1262-1268) : amenistrer la cité. Cette valeur est devenue aussi vivante en emploi transitif, par exemple dans administrer justice (1485), puis la justice (1671).
◆
Le verbe a conservé la valeur ancienne de amenistrer « donner » dans administrer (un mourant), « lui donner l'extrême-onction » (1754, in D. D. L.), administrer un remède, etc. et familièrement dans administrer des coups (in Académie, 1835), administrer une punition ou s'administrer un bon repas (déb. XIXe s.), remplacé par s'envoyer.
◆
Le sens de « diriger, organiser » s'est surtout développé dans les autres mots de la série, notamment à partir de la Révolution.
❏
ADMINISTRÉ, ÉE adj., tiré du participe passé, se dit des choses (
admenistré « mis en usage », 1340) et des personnes ; en relation avec
administration, il est substantivé sous la Révolution pour « citoyen relevant d'une administration » (1795), d'où la formule de la III
e République,
mes chers administrés, dans les discours officiels.
■
Les autres dérivés français, administrance, n. f. (1530), réfection de amenistrance (XIIIe s., puis 1354), administrement, n. m. (XVe s.), de aministrement (1190), ont disparu au XVIe siècle.
◈
ADMINISTRATION n. f. apparaît en moyen français (v. 1380, Froissart) comme réfection de
amenestraison (2
e moitié
XIIe s., Gloses du Talmud), puis
aministration (v. 1300), adaptation, puis emprunt au dérivé latin
administratio « fait de s'occuper
(curare) de qqn » et « gestion », notamment « gestion des affaires politiques », et en latin médiéval « fourniture (d'aliments) », « portion », sens attesté le premier en français. Au sens actuel, le mot en moyen français est concurrencé par
menistration, qui est sorti d'usage au
XVIe siècle.
■
Disparu au sens général, pour « fait de donner (qqch.) », attesté jusqu'au XVIe s., administration s'emploie encore en contexte religieux (sacrements, XVIIe s.) ou médical (1845).
◆
Il s'est développé avec la valeur de « gestion, fait de régir, d'organiser », notamment les affaires privées (2e moitié XIIIe s.) et publiques. D'abord très général, s'appliquant aussi aux personnes (« tutelle », 1409), le mot s'est spécialisé en droit (administration de la justice, XVe s. ; « fourniture de preuves, de témoins », in Furetière, 1690).
◆
C'est vers la fin du XVIIIe s. et surtout avec la Révolution qu'administration prend sa valeur moderne, avec le sens métonymique « ensemble des personnes, des services qui administrent les affaires publiques » (1787) et « manière d'administrer » (1783, Mercier), d'où administration publique (1794).
◆
Sur le plan des affaires privées, conseil d'administration semble apparaître pendant l'Empire (1811).
◈
ADMINISTRATEUR, TRICE n. est la réfection (1290) de
aministreor (v. 1190), concurrencé en ancien français par de nombreuses formes : la plus ancienne connue est
administratour (v. 1180), mais on relève aussi (
XIIIe-
XIVe s.)
amenistreur, administreur, etc. La forme moderne est empruntée au dérivé latin
administrator, exceptionnel en latin classique, courant en latin juridique (
IIe s.), certains mots anciens étant dérivés de
amenistrer, administrer.
◆
En négligeant ces formes anciennes,
administrateur a signifié aussi « serviteur » (v. 1350), « tuteur » (1480), « personne chargée d'un travail précis » (
XIVe s.),
administrateur de justice (
XVIe s.) correspondant à « juge ».
◆
En français moderne, le mot n'est pas homogène à
administration et
administratif ; il garde une valeur plus générale et s'emploie couramment à propos de la gestion privée
(administrateur de biens, de sociétés), se spécialisant pour « personne qui administre une salle de spectacles ». Mais il se dit aussi dans certains secteurs de l'administration publique, notamment (
XIXe-1
re moitié
XXe s.) dans l'organisation coloniale. En français de l'océan Indien, notamment à Maurice, le mot s'est spécialisé pour « directeur d'une propriété sucrière ».
◆
L'emploi adjectif pour « qui aime administrer, sait bien administrer » apparaît à la Révolution (1789).
◈
ADMINISTRATIF, IVE adj., dérivé du radical de
administration, correspond à la spécialisation politique de ce dernier, au début de la Révolution de 1789 ; d'où
pouvoir administratif (1790),
corps administratif (1791),
mesure administrative (1790).
◆
Un des syntagmes le plus usuel est
droit administratif, désignant la branche du droit public qui concerne l'administration (branche essentielle du droit public distinct du droit constitutionnel).
◆
Le mot signifie par extension « caractéristique de l'administration », avec une valeur proche de
bureaucratique (formalisme administratif, lenteurs administratives). L'adjectif s'applique aussi à la gestion privée, par exemple dans
directeur administratif, services administratifs (d'une société).
◆
Substantivé,
administratif signifie « employé d'administration » (fin
XIXe s.), alors distinct d'
administrateur.
■
L'adjectif a pour dérivé ADMINISTRATIVEMENT adv. (1826, in F. e. w.).