+
1 AFFECTER v., forme attestée au XIVe s., recouvre en français moderne trois verbes distincts et deux ou même trois sources latines, toutes issues de facere « faire* ». En latin, ad-ficere (afficere) signifie « mettre (qqn) dans une certaine disposition ; toucher, notamment en mal » ; ce verbe produit affectus et affectio, qui traduisent d'abord le grec diathesis, puis se spécialisent (affectus correspondant à pathos → patho-), et afficere coexiste avec le verbe fréquentatif affectare « se mettre à (faire) », puis « rechercher », qui se confondra plus tard, pour la forme, avec un verbe bas latin °affectare « arranger », doublet de °affactare. Ce dernier est l'altération du latin classique affectare d'après le participe de facere, factus, et a donné l'ancien français affaitier « arranger, disposer » (→ afféterie). Le participe passé de cet °affectare est affectatus, attesté en latin médiéval (864). La recomposition de ad- et du thème fact- ou fect- a conduit à de nombreuses formes (affact-, affect-, affait-) mêlées en latin médiéval, et les trois verbes ci-dessous distingués ont dû être en général confondus, ce qui s'exprime par de nombreuses interférences sémantiques. 1 affecter v. tr. est emprunté (XIVe s.) au latin classique affectare.
❏
Il signifie d'abord « rechercher, désirer » et spécialement « rechercher par ambition (le pouvoir, etc.) ». Ces valeurs latines sont sorties d'usage après le XVIIe s. ; on les rencontre encore au XIXe s. par archaïsme.
◆
Un autre sens du latin, « prendre ostensiblement (une forme, une manière d'agir) », passe en français (XVIe s. ; un exemple antérieur est incertain), soit à propos de personnes avec la double idée de mensonge et de manque de naturel, sens vivant et usuel, soit de choses, dans un usage littéraire, pour « prendre (telle forme) ».
❏
L'emprunt correspondant au dérivé latin
affectatio, 1 AFFECTATION n. f. désigne d'abord un désir, une recherche (1541), sens archaïque, puis (
XVIe s., Montaigne) un comportement peu naturel, sens à rapprocher de celui d'
afféterie, et aussi (1701) un comportement trompeur.
■
AFFECTÉ, ÉE adj. suit la même évolution, de « porté à » (déb. XVe s.), sens disparu, à « simulé » (1546), valeur très vivante.
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2 AFFECTER v. tr. signifiant (
XVe s., Chastellain) « toucher par une impression physique ou morale », procède des autres sens du verbe, notamment de
1 affecter, mais peut aussi être dérivé de
affectus, comme le moyen français
affect « attaché, passionné », et
malaffect « malade ». Il a en outre subi l'attraction sémantique de
affection* et a influencé
affectif.
■
Le verbe est d'abord attesté au sens psychologique, puis (1636) en médecine ; d'où s'affecter (1863) pour « contracter une lésion ». Le sens moral se précise au XVIIe s., et s'affecter, « ressentir une impression pénible », est attesté en 1740, à peu près en même temps que AFFECTÉ, ÉE adj. (chez Lesage).
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3 AFFECTER v. tr., « destiner », est attesté au milieu du
XVIe s. (1551) mais doit être antérieur (voir ci-dessous
2 affectation). Il est emprunté au bas latin, plutôt qu'au latin classique (voir ci-dessus) et relatinise probablement l'ancien français
afaitier (1080), issu du latin populaire
°affactare au sens d'« arranger, mettre en état », « préparer » (1240), « instruire, élever » (
XIIe s.), d'où « apprivoiser » et aussi « transmettre (un bien) » (
XIIIe s.).
◆
On trouve la forme
affaictier (1530),
affaicter (1573) pour ce verbe, dont l'usage est constant au moyen âge et jusqu'à la fin du
XVIe s. avec de nombreux dérivés.
■
Affecter a développé ses emplois modernes au XVIIe s., d'abord à propos de choses (affecter un rôle, un droit à qqn, av. 1690), d'abstractions (1680), de sommes d'argent en comptabilité, et plus tard de personnes, pour « désigner (qqn) dans une fonction » (1830).
◆
En français d'Afrique, le verbe correspond à « nommer à un poste » et parfois à « muter, changer de poste ». De même, demander son affectation signifie en général « demander sa mutation ».
■
Le participe passé AFFECTÉ, ÉE adj., qui signifie d'abord « attaché, porté à qqch. » (déb. XVe s.), a pris au XXe s. les acceptions du verbe et de affectation ; de là un emploi substantivé, affecté spécial (1946), tiré de affectation spéciale.
■
Le dérivé 2 AFFECTATION n. f. est attesté dès 1413 pour « fait d'attribuer (un bénéfice ecclésiastique) à certains dignitaires ». Puis il signifie « application (d'une chose) à un usage » (XVIe s.). Le mot a des spécialisations juridiques, notamment « fait d'hypothéquer » (1611), et comptables.
◆
Il s'applique beaucoup plus tard (1899) aux personnes, en général dans le contexte militaire et souvent au passif (être affecté à...). Pour le sens de ce nom en français d'Afrique, voir à affecter.
■
AFFECTATAIRE n. désigne la personne qui est affectée à un poste (1877).
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Le préfixé
DÉSAFFECTER v. tr. signifie (1877) « cesser d'affecter (une somme) à un emploi » et (v. 1900) « enlever à (un édifice) sa destination », d'où
DÉSAFFECTATION n. f. (1876) et
DÉSAFFECTÉ, ÉE adj., plus courant
(église désaffectée).
❏ voir
AFFECTION.
AFFECTION n. f. est emprunté (1190) au latin affectio « modification », en latin impérial « attitude psychologique résultant d'une influence », dérivé de afficere (→ affecter).
❏
Le mot apparaît à la fois au sens général de « sentiment, émotion » et de « sentiment d'attachement tendre » (1190, F. e. w.), les connotations modernes se précisant à la Renaissance (1546, Rabelais). Il conserve le premier sens dans l'usage didactique (les affections de l'âme) et signifie aussi en moyen français « ardeur », « désir » (XIVe s., jusqu'au XVIIIe s.).
◆
Une autre acception, « maladie » (1539), correspond aux valeurs étymologiques d'influence, d'effet, et est à rapprocher des emplois correspondants d'affecter.
❏
Le dérivé
AFFECTIONNÉ, ÉE adj. (
XIVe s.), « qui a de l'attachement pour qqn » et aussi « dévoué, zélé » (
XVIe-
XVIIe s.), s'est employé dans la langue de la politesse
(votre affectionné...), et comme substantif.
◆
Il a pour dérivé
AFFECTIONNÉMENT adv. (1541).
■
Le verbe AFFECTIONNER v. tr. (mil. XVIe s.) « aimer, être attaché à » (fin XVIe s.), et le pronominal s'affectionner à ou de qqn (XVIe s.) ont vieilli.
◈
Une série préfixée,
DÉSAFFECTION n. f. (1787) « perte de l'affection »,
DÉSAFFECTIONNÉ, ÉE adj. (1743),
(SE) DÉSAFFECTIONNER v. (1794,
v. tr. ; 1834,
pron.), d'où
DÉSAFFECTIONNEMENT n. m. (1838), est littéraire
(désaffection) ou rare (les autres).
◈
AFFECTIF, IVE adj., emprunt (
XVe s.) au dérivé latin
affectivus, est contemporain du verbe
2 affecter. Il s'emploie d'abord en philosophie pour qualifier des sentiments éprouvés et non manifestés, amour, dévotion, etc., par opposition à
effectif, puis pour « émouvant » (v. 1600) et, à propos des personnes, « sensible, impressionnable » (
XVIe-
XVIIe s.), ces acceptions étant sorties d'usage. L'adjectif prend sa valeur moderne au
XVIIIe s. et se répand au
XIXe s.
(Cf. affectivité).
◆
Le dérivé
AFFECTIVEMENT adv. (1616) suit la même évolution.
■
AFFECTIVITÉ n. f., autre dérivé de affectif, est plus récent (1865) et correspond au développement de la psychologie.
■
Il en va de même pour AFFECT n. m., repris (1908) à l'allemand Affekt, après avoir signifié « état, disposition de l'âme » en moyen français, où il représente la réfection de affet (v. 1235), par emprunt au latin affectus.
◈
Ce même mot latin produit en bas latin un adjectif
affectuosus qui donne par emprunt
AFFECTUEUX, EUSE adj., d'abord (
XIIIe s.) « ardent », puis « émouvant » (1568), sens disparus.
◆
Le sens moderne de cet adjectif apparaît en français classique, d'abord en parlant des sentiments qui témoignent de tendresse (1611), puis des personnes (1718) et des actes.
■
Il a pour dérivé AFFECTUEUSEMENT adv., d'abord (XIIIe s.) « avec zèle, ardeur », puis (1611) « avec affection ».
■
L'adverbe comme l'adjectif, dont il dérive, sont usuels, alors qu'affectif et affect relèvent d'un usage didactique.
❏ voir
AFICIONADO.
1 AFFÉRENT, ENTE adj. est la réfection (XVIIe s. ; in Furetière, 1690) de l'ancien et moyen français aferant (XIIIe s.), aufferant (XIIe s.), participe présent du verbe aférir, impersonnel, dans il afiert, il affiert « il convient ». C'est un emprunt au latin populaire °afferire, de afferre « apporter », affert « cela convient ». Afferre est formé de ad- (→ à) et de ferre « porter » (→ -fère), dont les dérivés sont présents en français (→ fertile ; conférer, déférer, différer, inférer, proférer, référer, transférer).
❏
L'adjectif, construit avec
a-, correspond à « qui concerne (qqch.) » ; il s'emploie encore en droit
(les documents y afférents).
■
2 AFFÉRENT, ENTE adj. est emprunté en médecine (1814-1820, Nysten) au latin afferens, de afferre (ci-dessus).
◆
Il qualifie les vaisseaux, nerfs, etc. qui vont de la périphérie au centre de l'organisme, et s'emploie abstraitement en psychologie.
❏
1 AFFÉRENCE n. f., dérivé moyen français (av. 1481) de
1 afférent, a disparu.
■
2 AFFÉRENCE n. f. est un terme didactique (attesté 1957, Jankélévitch, en psychologie) qui correspond à 2 afférent.
AFFERMER → 2 FERME (n. f.)
AFFERMIR → 1 FERME (adj.)
AFFÉTERIE n. f. est un dérivé (v. 1500) de affété, ée (XVe s.) [afaitié, XIIIe s., « façonné »], participe passé de l'ancien verbe afaitier ou affaitier, affeter (→ affecter), repris sous l'influence de l'italien affetato, de même origine. C'est le quasi-doublet de 2 affectation, mais il est archaïque et littéraire. Parmi les dérivés de affaitier, plusieurs représentent le même sémantisme, à côté d'« action de préparer, de dresser, etc. » (afaiture, afaitaison, affaitage...), de « circonstance, manière » (afaite, afaitement...). Affaicterie en particulier a signifié « apprivoisement » (1611), affeterie « ruse, tromperie », avant ou à côté de la reprise de ce mot au XVIe s., sous l'influence de l'italien, l'isolant de la série de afaitier, qui était sur le point de disparaître.
❏
Le mot correspond à certaines valeurs de afaitié, affété, forme première de affecté, et qui prend le sens de ce dernier au XVIe siècle.
◆
À côté de l'idée de recherche artificielle dans les manières, les apparences, il a eu aussi dans la langue classique des connotations de joliesse apprêtée.
❏
AFFÉTÉ, ÉE adj. se dit encore dans un usage très littéraire des manières caractérisées par l'afféterie ; cet emploi (1559) vient de celui d'afféterie après influence italienne.
+
AFFICHER v. tr. est un composé ancien (1080) de ficher*, qui signifie en ancien français « ficher, fixer dans un endroit, contre qqch. » et « planter en terre » puis (1180) « accrocher ». Ce verbe avait pour déverbal affiche ou affice, n. f., désignant ce qui sert à fixer, une épingle (déb. XIIIe s.), une agrafe servant d'ornement (→ affiquet), puis un piquet (XIVe s.), mot parallèle à fiche, de ficher.
❏
Le sens actuel du verbe, d'abord « apposer et fixer (un texte officiel, un édit) », apparaît au XVIe s. et vient du sens pris par le déverbal affiche (ci-dessous).
◆
Par extension, afficher a signifié (1690) « dire, faire savoir publiquement », sens disparu, alors que « montrer publiquement, faire étalage de » (1740) est resté en usage, comme le pronominal s'afficher « se montrer avec ostentation ».
◆
Le sens propre s'emploie aussi absolument (XVIIe s.), par exemple dans l'avis officiel défense d'afficher.
◆
Le verbe, moins courant en publicité qu'affiche, prend sa valeur moderne au début du XIXe siècle.
❏
Il a pour dérivés
AFFICHEUR, EUSE n. (1664) « personne qui pose des affiches » et
AFFICHAGE n. m. (1792) « action d'afficher ».
Afficher a été repris en informatique (1974) pour « présenter (des données) sur écran, visualiser », d'où
affichage, notamment dans
affichage à cristaux liquides.
◈
Le déverbal
AFFICHE n. f., attesté depuis le
XIIIe s. aux sens anciens du verbe (voir ci-dessus), a pris au
XVe s. la valeur de « ce qui est affiché, fixé » dans un contexte juridique et au sens spécial d'« annonce écrite au public, fixée sur un mur ou un support » (1427).
◆
Le glissement de sens, qui va de « fixation d'une annonce » à « annonce, avis », est achevé au début du
XVIIIe s., avec l'acception de « feuille d'avis, publication périodique destinée au public » (1716), qui a vieilli depuis que le mot (v. 1830) désigne une feuille publicitaire destinée à être collée sur un support (par retour au sémantisme initial) et présentée au public. Le sens du mot est plus large, encore en français moderne, d'où la précision de
affiche-réclame, composé disparu.
◆
Parmi les spécialisations, celle qui correspond à « annonce d'un spectacle » a donné lieu à la locution
tête d'affiche « nom de la vedette ».
◆
Par ailleurs, l'affiche publicitaire étant de plus en plus souvent illustrée, le mot s'applique à la forme artistique, à l'art graphique appliqué aux affiches (fin
XIXe s.), alors en relation avec
affichiste.
◆
Par dérivation du verbe
s'afficher, le mot, qui est dans Proust, a désigné en argot mondain un homosexuel manifeste (de 1905 au milieu du
XXe s.).
■
Ce nom a pour dérivé le diminutif AFFICHETTE n. f. (1867) et le nom d'agent AFFICHISTE n. Ce dernier apparaît au sens d'affiche « feuille périodique » (1789, Beaumarchais) pour « auteur de libelle », rapidement disparu. Il est repris, remplaçant affichier (1866), pour désigner le créateur d'affiches publicitaires (1904).
◆
PORTE-AFFICHE ou PORTE-AFFICHES n. m. désignait (1842) un cadre, souvent grillagé, où l'on disposait les affiches et avis.
❏ voir
AFFIQUET.
AFFIDAVIT n. m. est un mot latin, troisième personne du parfait de l'indicatif du verbe latin médiéval affidare, qui signifie « il a fait foi, il a attesté ». Ce verbe est formé avec ad- (→ à) sur le latin classique fides « foi* ». Passé en anglais comme terme de droit, le mot a été repris en français (1773).
❏
Il désigne une déclaration faite par le porteur étranger de valeurs mobilières déjà frappées d'impôts, qui lui permet de ne pas en payer d'autres.
❏ voir
AFFIDÉ.
AFFIDÉ, ÉE adj. est un emprunt (1567) à l'italien affidato, lui-même emprunt au latin médiéval affidatus, de affidare (→ affidavit), qui avait donné l'ancien et moyen français affier (XIIe-XVIe s.).
❏
Le mot qualifie d'abord une personne à qui l'on peut se fier, se confier, et prend au XVIIe s. une valeur péjorative (1622), aussi substantivé pour « complice stipendié, acolyte ». Il est didactique ou littéraire.
AFFILIER v. tr. est un emprunt juridique (XIVe s.) au latin médiéval affiliare, de ad- (→ à) et filius (→ fils).
❏
Il signifie d'abord « adopter, rendre fils », puis (1701) « faire entrer dans une religion », valeur où l'idée de « fils » est encore sensible, et qui est sortie d'usage.
◆
Le sens moderne apparaît au XVIIIe s. et correspond à « admettre comme membre d'un groupe » ; il se répand sous la Révolution (s'affilier, 1791).
❏
AFFILIATION n. f., du dérivé latin médiéval et juridique affiliatio, suit la même évolution, allant d'« adoption » (1560) à « action d'affilier » (1762).
AFFINITÉ n. f. est emprunté (XIIe s., « voisinage ») au latin affinitas, adfinitas « voisinage, parenté par alliance », dérivé de affinis, adfinis « voisin, allié » et aussi « complice », composé de ad- (→ à) et de finis « limite, confins » (→ 1 fin, n. f.).
❏
Mot juridique, il s'étend et s'applique aux choses, pour « conformité » (1286) et, par le latin alchimique du XIIIe s., aux propriétés communes des êtres vivants (1538), puis des corps chimiques qui peuvent s'unir (XVIIe s. ; concept moderne au XVIIIe s., in Académie, 1762). Les Affinités électives de Goethe (trad. de l'allemand) sont une métaphore de la chimie.
◆
Un autre sens (1885) concerne les mathématiques.
◆
Avec sa valeur psychologique, s'agissant de relations aisées entre personnes, on relève une expression : et plus si affinité, formule terminant une petite annonce demandant une rencontre (pour une résidence commune, une activité, etc.) et qui suggère que des relations plus étroites, intimes, seraient possibles dans ce cas.
❏
L'ancien adjectif
afin, issu de
affinis, a signifié « voisin » (v. 1380), le mot s'employant déjà au
XIIIe s. comme nom pour « mari » (v. 1233) ; en moyen français,
afin signifie « semblable », du
XIVe au
XVIe siècle.
■
La reprise de AFFINE adj. en mathématiques, pour « qui reste invariant » à propos de propriétés, transformations et de l'espace caractérisé par elles, semble récente (XXe s.) et correspond à une valeur plus ancienne d'affinité.
AFFIQUET n. m. est le diminutif ancien (XIIe s.) de affique, forme normanno-picarde de affiche, au sens d'« agrafe servant d'ornement » (→ afficher).
❏
Le mot est familier et a désigné, au pluriel, de petits bijoux ou objets de parure et, spécialement en emploi régional, un porte-aiguille.
◆
Par extension, il s'est dit ironiquement (XVIIe s., Molière) de tout ornement ou parure de mauvais goût, sens archaïque ou régional.
AFFIRMER v. tr. est la réfection (XIIIe s.) de la forme ancienne afermer, affermer, d'abord (1080) « rendre ferme, consolider », remplacée plus tard par affermir (→ 1 ferme), puis à l'abstrait (1119) « assurer qu'une chose est vraie ». Les deux formes sont empruntées au latin affirmare, composé de l'adjectif firmus (→ ferme). Le verbe latin a une valeur abstraite, à la différence de confirmare, qui ne l'a prise qu'en français.
❏
Afirmer, affirmer (XIIIe s.) ont coexisté au sens abstrait, « assurer avec certitude », avec afermer, affermer jusqu'au XVIe s. inclus. Le pronominal s'affirmer, pour « se manifester au dehors », est attesté au milieu du XIXe s. (Proudhon) ; ce pronominal s'emploie aussi pour « devenir plus ferme (d'un sentiment, etc.) » et « manifester sa personnalité (d'une personne) ».
❏
Le verbe a eu plusieurs dérivés, comme
AFFIRMANT, ANTE adj. dans
proposition affirmante (1690),
AFFIRMATEUR n. m. (1564), en concurrence avec des dérivés en
afferm- (affermement, affermable, affermance), tous sortis d'usage.
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RÉAFFIRMER v. tr. (1858) est usuel, mais SURAFFIRMER v. tr. (1920, Gide), « affirmer avec force », n'a pas eu de succès.
◈
AFFIRMATION n. f., réfection (av. 1275,
-acion) de
affermation (v. 1190), est un emprunt au dérivé latin
affirmatio, terme de rhétorique. C'est un mot d'abord didactique, employé aussi en procédure (1680). Comme
s'affirmer, le mot signifie (mil.
XXe s.) « renforcement (d'un sentiment, d'une personnalité) ».
◆
Le préfixé
RÉAFFIRMATION n. f. (av. 1935) correspond à
réaffirmer.
■
AFFIRMATIF, IVE adj. est emprunté (XIIIe s.) au dérivé latin tardif affirmativus (IIe s.), mot de rhétorique ; la variante en affer- est rare (XVIe s., Pasquier).
◆
L'adjectif signifie « qui donne (qqch.) pour vrai », puis qualifie un ton résolu et la personne qui en use (XVIIe s. ; in Académie, 1694). Il s'est employé en logique et en grammaire, dans une affirmative, n. f., en ancien et moyen français (depuis 1283), proposition affirmative (1680), mode affirmatif (1845), abandonné pour indicatif, et en algèbre (1751), abandonné pour positif. Le substantif affirmative, n. f. s'emploie surtout dans répondre par l'affirmative.
◆
Le mot s'emploie en réponse, dans les transmissions militaires, au sens de « oui, d'accord », comme positif.
◆
Le dérivé AFFIRMATIVEMENT adv. (v. 1460) suit les emplois de l'adjectif et signifie d'abord « avec fermeté » puis (1636) « avec assurance », avant l'acception moderne, « par l'affirmative » (XIXe s.).
AFFIXE n. m. est un emprunt de la Renaissance (1584), après celui de l'adjectif affis (1357) puis affix (1497) « attaché, fixé », au latin affixus, participe passé de affigere « attacher à » et « enfoncer », de ad- (→ à) et figere « fixer » et « enfoncer », dont le participe fixus a donné fixer*.
❏
En français, le nom apparaît en grammaire hébraïque pour « particule qui s'ajoute au radical » ; le sens s'étend au début du XIXe s. (in Académie Compl., 1838), englobant les valeurs de préfixe et suffixe, mots rendus plus usuels par l'enseignement.
◆
Affixe a pris aussi, par réemprunt au latin affixus, une acception mathématique (1885).
❏
Les dérivés AFFIXÉ, ÉE adj. (1852), AFFIXAL, ALE, AUX (1872) et AFFIXATION n. f. (av. 1948) sont didactiques, notamment linguistiques.
AFFLIGER v. tr. est emprunté (1120) au latin affligere « abattre », concrètement et abstraitement, au moral, composé du verbe rare et archaïque fligere, que l'on rapproche du grec phlibein « écraser » et de formes gotiques pour en faire un mot expressif ancien, comme d'autres formes latines en fl- (flare « souffler », etc.). Affligere avait donné en ancien français aflire « tourmenter, mortifier » (XIe-XIVe s.).
❏
Le verbe signifie d'abord « tourmenter par une épreuve » et par extension « ruiner, dévaster (une ville) » (1553), « battre (qqn) » (XIVe s.), sens disparus.
◆
La valeur aujourd'hui dominante, « attrister, abattre », apparaît elle aussi au XVIe s. (1550).
❏
AFFLIGÉ, ÉE p. p. est attesté comme adjectif dans ce dernier sens (1553), d'où, à même date,
un affligé, tous deux en religion.
Affligé d'une maladie, etc. est contemporain (1538), mais le sens extensif pour « infirme, estropié », courant dans les dialectes, a disparu en français central. L'antiphrase ironique (
affligé d'une fortune, etc.) apparaît au début du
XIXe s. (1812).
■
L'adjectif dérivé AFFLIGEANT, ANTE, du participe présent, est employé depuis 1578 ; il a pris assez récemment la valeur affaiblie de « pénible, tristement mauvais », par la même évolution que lamentable ou navrant.
◈
AFFLICTION n. f., emprunté au latin
afflictio (de
afflictus, supin de
affligere), est très ancien (v. 1050) et a parfois eu le sens concret de « génuflexion » (1080) et de « châtiment corporel » (
XIVe s.). Le mot s'est beaucoup employé dans un contexte religieux.
■
AFFLICTIF, IVE adj., tiré de affliction ou de afflictus (1374), est très rare au sens de « qui afflige » ; il devient au XVIIe s. un terme de droit : « qui punit physiquement » (peine afflictive, 1611, distincte de peine infamante).
◆
Le dérivé AFFLICTIVEMENT adv. (1866) est rare.
❏ voir
CONFLIT, INFLIGER.
AFFLUER v. tr. est emprunté (1375) au latin affluere « couler vers... », composé de ad- (→ à) et de fluere « couler » (→ fleuve, flux).
❏
Ce sont les sens métaphoriques d'« avoir (qqch.) en abondance » (Cf. abonder) et de « fournir » qui apparaissent d'abord (1340), le sens du latin n'étant attesté normalement qu'au XVIIe s. (1636) après d'autres métaphores : « arriver en foule » (XVIe s., Montaigne) qui se développent plus tard.
❏
AFFLUENT, ENTE, emprunté au participe latin
affluens, est d'abord adjectif (1374) et signifie « abondant ». Il se dit au
XVIIe s. (1690) d'un cours d'eau, d'où le nom masculin
un affluent au sens de « confluent » (1751), puis de « cours d'eau qui se jette dans un autre » (1835) et aussi, par métaphore de ce sens plutôt que par retour au sens général plus ancien, « rue qui aboutit à une plus grande voie » (1866).
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Le substantif AFFLUENCE n. f. (1308), emprunt au dérivé latin affluentia, a aussi concerné l'eau (1653), les humeurs du corps (1690) et les rayonnements électriques (1750).
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Mais, en français moderne, ce substantif ne désigne qu'une abondance, une arrivée massive de personnes (1443).
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AFFLUX n. m., emprunt au latin médiéval
affluxus, du supin de
affluere, a signifié comme
affluence « arrivée massive de personnes » (1611), avant de se dire des liquides organiques (1810) et du fluide électrique (1898), souvent en concurrence avec
flux*. Il s'emploie aussi abstraitement (mil.
XIXe s., Sainte-Beuve) et en économie (
afflux de capitaux, etc.).