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AMADOU n. m., qui apparaît au XVIIe s. (1628, amadoue) dans l'argot des truands (mendiants), est d'origine obscure.
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Le mot, très probablement antérieur au XVIIe s. puisqu'on trouve son dérivé amadouer « frotter avec de l'amadoue » dès 1546 (Rabelais), désigne la préparation avec laquelle les mendiants se jaunissaient le teint pour paraître malades et provoquer la pitié. Il semble lié au verbe amadouer (ci-dessous), mais il n'est pas certain que amadou au sens moderne, « substance spongieuse et inflammable tirée de quelques champignons » (1723), soit de même origine ; celle qui est en général retenue est le provençal amadou « amoureux », de l'ancien provençal amador, dérivé du verbe qui correspond à aimer*. Ce nom aurait été donné à un champignon dont la substance s'« enflamme » avec facilité et qui sera nommé en français AMADOUVIER n. m. (1775), mot formé avec le suffixe -ier et un v de liaison.
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Amadou s'est dit par analogie de la fonction de la matière inflammable faite avec du linge brûlé (1845). Des locutions, sec comme de l'amadou (1845), prendre feu comme de l'amadou (1845), ont été courantes au XIXe siècle.
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2 AMADOUEUR n. m. est tiré (1728) de
amadou pour « fabricant d'amadou ».
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AMADOUER v. tr. est en général considéré comme le même verbe que
amadouer (1546) « frotter avec l'onguent nommé
amadoue » (ci-dessus), et qui semble dérivé de
amadoue, amadou, bien qu'il soit attesté avant lui.
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Il signifie dès 1531 (R. Estienne) « apaiser, flatter par de belles paroles », avec une idée de tromperie qui appuie l'hypothèse argotique.
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Cependant, en argot, amadouer a signifié « tomber amoureux » (1822) et il est alors lié à aimer, probablement par le provençal (ci-dessus) ; de là AMADOUAGE n. m. en ancien argot « mariage » (1822).
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Au sens moderne, amadouer a pour dérivés AMADOUEMENT n. m. (1531) et 1 AMADOUEUR, EUSE n. (1531, au masculin).
AMALGAME n. m. est emprunté (1431) au latin médiéval amalgama, qui pourrait venir d'une expression arabe ῾amal ᾿al ǧam῾ « l'œuvre d'union ». Une forme simplifiée algame est attestée au début du XVIIe s. (1611).
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Du sens chimique, « alliage du mercure et d'un autre métal », encore utilisé en chirurgie dentaire, on passe à des valeurs figurées, telle « mélange hétérogène », et spéciales.
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AMALGAMER v. tr. (XIVe s.) et AMALGAMATION n. f. (1620) sont empruntés aux dérivés latins du moyen âge amalgamare et amalgamatio.
AMAN n. m. est un emprunt (1781) à l'arabe ᾿aman « sécurité », d'où « pardon, octroi de la vie sauve ».
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Le mot ne s'emploie guère que dans demander (ou un verbe synonyme) l'aman, soit à propos d'un conflit en pays arabe soit, par extension et rarement, en emploi général (1889, Journal des Goncourt in T. L. F.).
AMANCHER v. tr. est un préfixé dialectal de manche, correspondant à emmancher en français central (→ 2 manche), mais en grande partie démotivé par ses emplois figurés, propres au français du Canada.
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En français québécois, il s'emploie pour « adapter, assembler de manière approximative ». Avec un composé comme coup, claque, il correspond à donner. Au figuré, avec le sémantisme d'arranger, il se dit pour « tromper », comme rouler en français de France. Le pronominal s'amancher est péjoratif en emploi concret (« mal s'habiller », Cf. fagoter), mais non au figuré pour « se préparer, s'organiser ». L'adjectif tiré du participe passé AMANCHÉ, ÉE s'emploie dans bien, mal amanché, au propre et au figuré. En emploi absolu, il est positif au sens de « fort, musclé » (un gars amanché).
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AMANCHURE n. f. se dit d'un objet mal adapté à sa fonction, et aussi d'un accoutrement (et par métonymie d'une personne mal habillée, laide et ridicule). Au figuré, le mot s'applique à une situation emmêlée et désagréable.
L
AMANDE n. f. vient (déb. XIIIe s.), avec la variante amandre (jusqu'au XVIe s.), du bas latin amandula, altération de amandala, qui altère lui-même le latin classique amygdala, du grec amugdalê (→ amygdale) ; une forme méridionale °amyndula correspond à l'aire occitane. L'influence de l'italien mandorla, par le Dauphiné et la région de Lyon, n'est nullement établie ; l'espagnol (almendra), le provençal (amelo) sont apparentés. Outre amande et les formes occitanes (ancien provençal amelha, meilla et mella, amenla, amela, amenda, etc.), la descendance du latin amygdala par amandula, type tardif, comprend l'ancien et moyen français almande, alemande (XIIe-XVe s.), aussi almandre et allemande (XVe-XVIe s. en Normandie, Saintonge) et le moyen français amandre (fin XIVe s.) et armande (déb. XVe s.). Amande l'a emporté comme forme normalisée, éliminant en français central les autres formes ainsi que le réemprunt au grec, amygdale*, spécialisé dans un autre sens.
❏
Amande, aussi
amende (
XIIIe s. ; courant jusqu'au
XVIIe s.), désigne le fruit de diverses espèces d'amandiers et la graine comestible qu'il contient (sens plus usuel). On distingue l'
amande amère (
XIVe s.) et l'
amande douce (
dulce, XVe s. ; puis 1542). L'utilisation du fruit en confiserie donne
amande lissée (1694), « dragée contenant une amande »,
amande pralinée (1835),
amande brûlée, termes archaïques ou techniques. Les syntagmes
pâte d'amandes, aux amandes sont en revanche usuels.
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Par extension, le mot désigne diverses graines, des fruits à coques dures servant de petite monnaie aux Indes (1723).
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La forme caractéristique de l'amande et le syntagme
en amande font que le mot s'applique à divers objets naturels, un coquillage (1803), une perle (1836), ou artificiels : « partie ovale d'une garde d'épée » (1751) ; « encadrement ovale de certaines représentations » : Christ en gloire, par exemple (1866), à côté de l'italianisme de même origine
mandorle (aussi
amande mystique, pour la Vierge). En outre, des syntagmes sont employés par analogie :
amande volcanique (1866),
calcaire (1907).
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La couleur de l'amande dans sa coque a donné lieu à l'expression vert amande (1897).
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AMANDIER n. m., dérivé de
amande (1372), s'est substitué à l'ancien français
amandelier et à ses variantes
amanlié, amellier (
XIVe-
XVe s.), mots issus du dérivé latin médiéval
amandolarium, d'où
amellarius (1077) et d'autres formes. De son côté, l'ancien français
alemande, almande a un dérivé
alemandier (
XIIe-
XVIe s.), et
amandre a produit
amandrier. Comme pour
amande, amandier a éliminé ses concurrents.
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En français d'Afrique, d'Haïti, des Antilles françaises, le nom s'applique au badamier, dont les fruits sont appelés
amandes.
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AMANDAIE n. f. (
XVIe) « plantation d'amandiers » (Olivier de Serres) est repris au
XIXe siècle.
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AMANDÉ, ÉE adj. a eu le sens culinaire de « garni d'amandes » (XVIe s.) avant de qualifier ce qui est parfumé à l'amande (1829).
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AMANDINE n. f. s'est dit d'une pâte à base d'amandes servant de cosmétique (1834), puis de la substance albuminoïde contenue dans l'amande douce (1855) ; enfin (1898) d'une préparation comestible à l'huile d'amandes.
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De tartelette amandine (1898) est tiré le nom d'un gâteau aux amandes (XXe s.) : une amandine.
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AMANDON n. m., emprunt (1829) au provençal
amendon (1423), de
amenda, désigne en Provence l'amande fraîche, dans son enveloppe verte. Au figuré, les
amandons « les testicules »
(tu nous brises les amandons) n'est connu qu'en Provence.
❏ voir
MANDORLE.
AMANITE n. f. est emprunté (1611) au grec amanitai (pl.), probablement tiré d'un nom de lieu (peut-être le mont Amanos, en Asie Mineure).
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Le mot désigne une famille de champignons dont certains sont comestibles et d'autres vénéneux, voire mortels, comme l'amanite phalloïde, l'amanite tue-mouches.
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Le dérivé AMANITINE n. f. a désigné (1838) le principe vénéneux de certains parmi ces champignons.
AMARANTE n. f. est emprunté, d'abord sous la forme amarantha (1544), puis amaranthe (1564), amarante (1636), au latin amarantus (Pline), emprunté au grec amaranton, substantivation de amarantos « qui ne peut se flétrir ». Cet adjectif est formé, avec a- privatif, sur l'adjectif verbal de marainein « pourrir, se flétrir » ; ce verbe doit sans doute être rapporté à la famille du latin mori (→ mourir).
❏
Le mot désigne une plante d'automne à fleurs pourpres et (déb. XVIIe s., d'Aubigné) cette couleur, aussi comme adjectif (1632), emploi à la mode au XVIIe s., comme l'atteste le sonnet de l'abbé Cotin dont Molière se moque dans Les Femmes savantes.
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Le mot a eu des emplois extensifs, par exemple bois d'amarante (1748), nom d'un bois d'Amérique du Sud (Brésil, Guyane) employé en marqueterie et de l'arbre qui le produit (en Guyane, acajou de Cayenne).
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Il se dit aussi d'un oiseau d'Afrique au plumage pourpre ou rose.
❏
Le dérivé
AMARANTINE n. f. (1667) désigne une anémone rouge, puis une tulipe (1715).
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AMARANTACÉES n. f. pl. désigne (1808) la famille de plantes dont l'amarante est le type ; le mot est aussi adjectif (1838).
+
AMARRER v. tr. est un emprunt du XIVe s. au moyen néerlandais (origine fréquente de nos termes de marine anciens) aenmarren, du préfixe aen et de marren « attacher ». Le verbe marren, de l'ancien saxon merrian « empêcher, bloquer », appartient à une riche série germanique, dont l'idée de base est « gêner, empêcher, entraver », à côté de « gâter, détruire » : ancien frison meria, ancien haut-allemand marren, merren, gotique marzjan « faire trébucher » et abstraitement « fâcher ». Le francique °marrjan, dans des emplois figurés, est passé en français dans le verbe soi marrir (→ marri).
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Ce verbe, depuis son apparition et encore de nos jours, concerne les bateaux, leurs cordages et chaînes, d'abord au sens de « retenir (un bateau) immobile en l'attachant à un point fixe », puis (XVe s.) pour « attacher (qqch.) à bord d'un navire ». Le verbe s'emploie aussi par extension avec la valeur de « fixer, attacher », emploi archaïque ou dialectal en France, mais vivant à la Réunion, en français d'Acadie, à Saint-Pierre-et-Miquelon, par influence du vocabulaire des marins.
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Le dérivé
AMARRE n. f. (
amare, 1386) s'emploie parfois en outre métaphoriquement (« attache, lien »). L'expression maritime
larguer les amarres s'emploie au figuré pour « partir, se détacher (d'une situation) ». En français d'Acadie, le mot a conservé la valeur étendue de « lien, attache », parfois « lacet »
(amarre à soulier).
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AMARRAGE n. m. vient soit du nom (1636, « réunion de deux amarres »), soit du verbe (1678, « action ou manière d'amarrer »).
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Dans les régions de l'Ouest proches de la mer (Normandie, Bretagne, Vendée), il signifie aussi « fait d'attacher avec des cordages » et, à la Réunion, « lien, attache ».
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PORTE-AMARRE n. m., en marine (1854) désigne un appareil pour lancer une amarre. Syn.
lance-amarre. En apposition,
fusil, canon... porte-amarre.
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Le composé en
dé- DÉMARRER v. a subi une évolution plus forte. De
se démarrer « rompre ses amarres » (1491), on passe au verbe intransitif de même sens (1539), puis à des emplois figurés.
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Démarrer se dit pour « partir » en parlant d'une personne (1622) ; cette valeur familière s'est conservée, mais elle n'est plus aujourd'hui rapportée à son origine maritime.
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Transitivement,
démarrer une armoire s'est employé pour « la faire glisser » (1694), et, sans abandonner le sens maritime,
démarrer aboutit à des emplois terrestres : « commencer à rouler » (fin
XIXe s.), « aller plus vite » (1895, en sports), « mettre en marche (un moteur) » (av. 1908, date de
démarreur) et enfin, figurément (1948), « se mettre à marcher, à réussir ».
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Le verbe a plusieurs dérivés.
DÉMARRAGE n. m. (1702, en marine) a suivi la même évolution, de « départ (d'un navire) » à « fait de commencer à rouler, à avancer, à marcher (moteur) ».
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DÉMARREUR n. m. dérive du sens extensif du verbe pour désigner (1908) le mécanisme faisant partir un moteur, notamment d'automobile.
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Le composé REDÉMARRER v. tr. et son dérivé REDÉMARRAGE n. m., récents, ne s'emploient que pour les valeurs non maritimes du verbe.
AMARYLLIS n. est emprunté (1771, amarillis) au latin des botanistes (Linné) amaryllis, du nom propre latin Amaryllis donné par Virgile et Ovide à un personnage de bergère, d'après le grec Amaryllis, nom employé par Théocrite.
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Le mot désigne une plante à bulbe, ornementale, aux fleurs de couleurs éclatantes. Il s'applique aussi à un papillon.
AMATEUR n. m. est emprunté (1488) au latin amator, dérivé de amare (→ aimer), notamment au sens d'« être partisan de... ». Il a remplacé le dérivé français de amer ou aimer, qui était ameor (auquel correspondrait °aimeur) et qui signifiait « amoureux, amant », mais aussi « qui aime, apprécie (qqch.) ».
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Amateur signifie d'abord (XVe s.) « ami (de qqn) », puis aussi (XVIe s.) « amoureux ».
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En relation avec l'italien amatore, il s'est spécialisé (1501) en esthétique, notamment au sens de « qui aime un art, sans en faire sa profession » (1762), puis il a pris la valeur de « qui exerce une activité de manière négligente, non professionnelle » (1822, Stendhal).
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En commerce, le mot s'applique à l'acheteur vraisemblable, notamment d'objets d'art (1886), et en général à la personne qui recherche qqch., à un homme qui recherche les femmes (fin XIXe s.).
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En sports, un emploi trahit l'influence de l'anglais amateur, pris au français pour désigner le non-professionnel ; mais ce sens apparaît en français dès 1859 et se trouve chez Mérimée (1833) à propos de toreros, loin d'une influence anglaise par ailleurs vraisemblable.
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Le dérivé
AMATEURISME n. m. (1892, en cyclisme) peut venir de l'anglais
amateurism (1868). Il s'est employé aussi en art (1896) et se dit péjorativement pour « manque de professionnalisme » (1933).
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La forme féminine AMATRICE n. f. a suivi la même évolution, de « celle qui aime (Dieu) » (XVIe s., Brantôme) à « celle qui a du goût pour (qqch.) » (XVIe s.), puis (1762) « celle qui pratique un art, une activité sans en faire sa profession ». Le mot est demeuré rare (on dit plutôt elle est amateur) et la forme régionale amateuse ne s'est pas implantée.
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RADIOAMATEUR n. m., malgré les apparences, semble avoir été formé en anglais pendant la guerre de 1914-1918 (attesté 1916), mais son usage en français ne remonte qu'au début des années 1960. Le mot désigne une personne utilisant des radiocommunications à titre personnel. On dit aussi
cibiste.
AMAZONE n. f., apparu en français sous la forme amasoine (v. 1247), refait au début du XVe s., vient du nom propre latin Amazones désignant une peuplade de femmes guerrières d'Asie Mineure. D'origine inconnue, le mot a été analysé dans l'Antiquité comme composé de a- privatif (→ 2 a-) et du grec mazos « sein », variante de mastos (→ mastodonte), mais cette origine anecdotique ne fait qu'appuyer une légende (probablement antérieure) selon laquelle les Amazones se coupaient le sein droit pour mieux tirer à l'arc — à moins que la légende ne provienne de cette pseudo-étymologie.
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Le mot a pris (déb. XVIIe s.) des valeurs extensives, dont (v. 1608) « femme courageuse, belliqueuse », puis (1765) « femme qui monte à cheval, en s'asseyant sur le côté ».
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Il a désigné par métonymie (1824) la jupe des cavalières montant en amazone.
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Dans son emploi mythologique, le nom a servi à désigner le plus grand fleuve d'Amérique du Sud, nommé río de las Amazonas à cause de la conviction d'explorateurs au XVIe s., qui pensaient avoir été attaqués par des « Amazones » (probablement des groupes d'Amérindiens lanceurs de flèches) ; d'où l'adjectif AMAZONIEN, IENNE (cette même forme avait servi au XVIe s. d'adjectif au pays des Amazones, assimilé à la région d'Asie Mineure arrosée par le fleuve Thermodon) ; on avait employé les amazoniennes pour les « Amazones » dès le XIIIe siècle.
AMBAGES n. f. pl. est emprunté (v. 1355) au latin ambages (f. pl.) « sinuosités, détours », dérivé de amb(i)- « de chaque côté » (→ ambi-), que l'on retrouve dans ambigu*, et du radical du verbe agere « marcher » (→ agir). La métaphore de la marche sinueuse est normalement appliquée aux « détours » du langage. Ambages n'est employé positivement en latin que dans un usage archaïque ou très littéraire.
❏
Le mot est considéré comme vieux par Miège en 1677 ; il ne s'emploie plus que dans la locution adverbiale encore en usage sans ambages « sans détours, franchement ».
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AMBASSADE n. f. est, comme ambassadeur, un emprunt à l'italien ambasciata, d'abord sous des formes plus francisées, empruntées plus tard par l'anglais embassy : ambasce (1299), embassee, remplacé par ambaxade (v. 1355) et enfin ambassade (1387). L'italien ambasciata, comme l'espagnol embajada, vient de l'ancien provençal ambaissada, dérivé d'un emprunt au latin médiéval ambactia « service, fonction ». Ce mot, reconnu comme gaulois par les Romains (gaulois °ambactos « personne au service d'une autre », transcrit ambactus par Ennius et César), aurait transité du celtique au germanique (gotique andbahts « serviteur », d'où andbahti « service » ; l'allemand Amt « fonction » en dérive) et de là au latin. Comme le latin ancilus, ancilla « serviteur, servante » (→ ancillaire), qui lui est apparenté, °ambactos semble venir de la racine indoeuropéenne °kwel- « circuler » (→ colon, culture), et la forme gauloise se rattache à °ambhikwalos « qui circule autour » (Cf. ambages, ambition), pour exprimer l'idée de service, de ministère.
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Ces mots ont d'abord concerné la mission d'un envoyé, d'un député ; cette valeur est conservée dans envoyer qqn en ambassade. Ils ont aujourd'hui une valeur institutionnelle en diplomatie : « représentation permanente d'un État auprès d'un autre ».
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Enfin, le mot ambassade a pris en français d'Afrique (Zaïre) une valeur plaisamment érotique : « lieu de rencontres galantes », « maîtresse » et même « vagin » (Inventaire du français en Afrique noire).
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AMBASSADEUR n. m. est emprunté (1366), d'abord sous la forme
ambassator (déb.
XIVe s.), à l'italien
ambasciatore, du provençal
ambaissador, dérivé de
ambaissada. Il désigne le représentant, puis le représentant permanent d'un État auprès d'un autre.
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Le féminin AMBASSADRICE n. f. (1694), d'abord embasciatrice (fin XVIe s.), est lui aussi un italianisme. Selon l'évolution des mœurs, il a signifié et signifie encore « épouse d'un ambassadeur », puis (mil. XXe s.) « femme assumant cette fonction ».
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Masculin et féminin s'emploient normalement aux sens de « personne chargée d'un message » et « représentant (ante) à l'étranger » (une ambassadrice de l'art, du goût français).
AMBI n. m., nom de marque déposée, s'emploie en Afrique subsaharienne à propos de ce produit qui est censé éclaircir la peau.
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De là les dérivés S'AMBIFIER v. pron. et AMBIFIÉE adj. et n. f., qui s'emploient à propos des Africaines qui cherchent à éclaircir leur peau à l'aide d'ambi.
AMBI-, AMBO- est un premier élément de composés, emprunté au latin ambo « double ; des deux côtés ; tous les deux » et aussi « tout autour », dérivé de l'ancienne préposition am- et correspondant au grec amphi-*.
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Il sert à former des composés dont les plus usuels sont ambidextre*, ambivalent et ambivalence*.
❏ voir
AMBIGU ; AMBAGES, AMBASSADE, AMBIANT, AMBITION, ANDAIN.
AMBIANT, ANTE adj. est un emprunt, d'abord sous la forme ambiens (1515), au latin ambiens, participe présent du verbe ambire « aller autour » (→ ambages, ambassade, ambition).
❏
Terme de sciences, ambient qualifiait (XVIe-XVIIe s.) l'air, un fluide qui « circule autour » ; il a été repris comme nom masculin (un ambient, 1720 ; puis ambiant, 1745) pour désigner un corps pouvant être « parcouru », traversé par un autre, notamment un fluide.
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L'adjectif, repris au début du XIXe s. (attesté 1835), a fait fortune surtout au figuré : « qui appartient au milieu » ; et plus encore son dérivé ambiance.
❏
AMBIANCE n. f. est courant à partir de Villiers de L'Isle-Adam (1885) au sens d'« atmosphère matérielle ou morale ». Du domaine littéraire, le mot est passé à l'usage courant ; le cinéma l'a répandu (v. 1928) avec les lumières d'ambiance (1934) et il a fini par évoquer l'atmosphère gaie d'une réunion (surtout v. 1945-1950 où il sert à traduire l'anglais mood). Il semble que le mot ait cessé d'être à la mode, sauf en français d'Afrique, où il désigne par métonymie une réunion dansante (attesté par écrit en 1970), d'où AMBIANCEUR, EUSE n. (1989) « personne qui fréquente les ambiances », d'où « boute-en-train », et AMBIANCER v. intr. (1976).
AMBIDEXTRE adj. et n. est un emprunt savant (v. 1350) au latin ambidexter, composé de ambi « les deux » (→ ambi-) et de dexter « droite » (→ dextre).
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L'adjectif, repris au XVIe s. (1547), qualifie puis, substantivé (1797), désigne la personne qui se sert de ses deux mains aussi facilement. Le mot est en rapport avec gaucher et droitier.
❏
Les dérivés AMBIDEXTÉRITÉ n. f. (1826), formé sur dextérité*, et AMBIDEXTRIE n. f. (1887) sont rares.