AMITIÉ → AMI
+ AMMONIAC n. m. est d'abord adjectif, sous la forme armoniac (XIIIe s., sal (sel) armoniac), puis armonial (1359) ; la forme moderne (1575) restitue le latin ammoniacum (Pline), emprunté au grec ammôniakos. Ce dernier vient du nom de Ammon, désignation orientale de Zeus (Jupiter) empruntée au nom du dieu égyptien solaire, « roi des dieux » (à l'origine, dieu de l'air, du vent). Le grec ammôniakos (d'où le latin ammoniacus) signifie « libyen », la Libye étant célèbre pour son temple de Zeus Ammon, et s'appliquait au chlorure d'ammonium naturel (halas ammôniakon, d'où en latin sal ammoniacum), gutta (gomme) ammoniaca et lacrima (larmes) ammoniaci, désignant par ailleurs la résine d'une plante orientale, la dorème. Pline faisait venir le mot du grec ammos « sable », mais cette origine est fictive.
❏  Le mot est passé en français et en ancien provençal sous la forme armoniac, sous l'influence de armeniacus « arménien », l'Arménie étant un fournisseur de « sel ammoniac ». Sel armoniac ou ermoniac (XIIIe s.) s'est continué par armoniac n. m. (Furetière). Par ailleurs, armoniac désigne aussi (v. 1300) la résine dite aussi gomme armoniaque (1660). ◆  Ces formes sont éliminées par ammoniac au XVIIIe s., après restauration au XVIe s. de la forme grecque et latine, faussement motivée par le grec ammos « sable ». D'où sel ammoniaque (1575), sel ammoniac (1570), substantivé au XVIIe s. en ammoniac n. m. (Furetière) pour désigner le chlorhydrate d'ammonium, et gomme ammoniac (1538) et ammoniac n. m. (Paré) pour la résine, emploi sorti d'usage au XVIIIe s., surtout lorsque l'autre emploi se développe en chimie.
En 1782, Guyton de Morveau fait de ammoniac n. m., d'après le premier sens évoqué ici, le nom d'un gaz formé d'azote et d'hydrogène et qui venait d'être isolé par Priestley en 1774, à partir de sa solution dans l'eau. Celle-ci était appelée alcali* et son nom courant restera au XIXe s. sous la forme alcali volatil. Ce gaz contient le radical chimique dont un sel, un chlorure, était appelé sel ammoniac ; dans cet emploi, la graphie AMMONIAQUE n. f. (1787) est devenue usuelle. On parle aussi (1811) de gaz ammoniac.
❏  Le radical chimique, commun au gaz et au sel, fut nommé en 1808 par le chimiste anglais H. Davy AMMONIUM n. m., mot qui passe immédiatement en plusieurs langues, dont le français (1809).
■  L'adjectif dérivé AMMONIACAL, AUX était déjà formé en français (1748) pour qualifier le sel « ammoniac », puis la solution (d'où les ammoniacaux, médicaments excitants, 1863), avant de suivre le sens chimique.
■  La forme ammoniaque, adoptée par Morveau (1786), a donné AMMONIAQUÉ, ÉE adj. (1838), qui remplace ammoniacé, ée (1814), et signifie « qui contient de l'ammoniaque », puis (1933) « qui a l'odeur de l'ammoniaque ».
Parmi les dérivés et composés de ammoniaque et ammonium, les plus importants sont AMMONIATE n. m. (1836), AMMONISATION n. f. « transformation en composé ammoniacal » (1928), et les composés médicaux AMMONIURIE n. f. (1890), AMMONIÉMIE n. f. (1855), sur -iurie et -émie.
■  Le syntagme nitrate d'ammonium, notamment quand il désigne un engrais, a donné naissance au composé AMMONITRE n. m. (mil. XXe s.).
Par ailleurs, le composé oxamide (ou oxalammide), formé par Dumas en 1830 à partir de acide oxalique et de ammoniaque, fut suivi par benzamide, formé en allemand (1832) par Wöhler et Liebig à partir de benzène. Ces formations aboutissent chez Berzélius (1832), puis Dumas et Pelouze (1833) au mot AMIDE n. m. ◆  De manière analogue, les composés MÉTHYLAMINE n. m. et ÉTHYLAMINE n. m. (1849, Wurtz) formés sur méthyl-, éthyl-, le radical de ammoniaque (on les appelait ammoniaques composés) et -ine, sont suivis par d'autres composés analogues et aboutissent à AMINE n. m. (1851 en allemand). ◆  Amine et amide désignent les composés organiques obtenus par substitution à l'hydrogène de l'ammoniac de radicaux acides (-ide) et hydrocarbonés (-ine) ; on parle en chimie de fonction amide et fonction amine.
■  Ces deux termes ont de nombreux dérivés et composés. De amide dérivent AMIDASE n. f. (1865), AMIDÉ, ÉE adj. (1931) « qui possède la fonction amide », ainsi que AMIDOPYRINE n. f. (1960), nom d'un analgésique et le préfixé POLYAMIDE n. m., qui désigne un corps résultant de la réaction d'un polyacide (→ acide) sur une polyamine (ci-dessous) ; le nylon, de nombreuses matières plastiques sont des polyamides. ◆  De amine, AMINÉ, ÉE adj. (1908) s'applique à des acides transformés en amines, appelés aussi AMINOACIDE(S) n. m. De là vient AMINATION n. f. (1947). ◆  AMPHÉTAMINE n. f. (1947, par le dérivé ci-dessous), emprunté probablement à l'anglais amphetamine (1938), tiré de « alphamethylphenethylamine » (et non pas du grec amphô « les deux »), désigne un médicament excitant du système nerveux central. On parle aussi d'amines de réveil (1960, Larousse) et aussi de psychamines (1951). ◆  Le mot a pour dérivé AMPHÉTAMINIQUE adj. (1947, chez J. Delay), notamment dans choc amphétaminique. ◆  POLYAMINE n. m. semble emprunté par diverses langues, dont le français (1962 dans un dictionnaire), à l'anglais polyamine, (1861) pour désigner les substances possédant plusieurs fois la fonction amine.
■  Du radical de amine, par préfixation, sont formés DÉSAMINATION n. f. (1929), TRANSAMINATION n. f. (1964, Larousse) « transport du groupement aminé NH2 » et TRANSAMINASE n. f. (1959) « enzyme effectuant la transamination », important comme symptôme de dysfonctionnement hépatique.
Oublié et caché dans ces mots de chimie et de pharmacologie, le nom du dieu Ammon se retrouve dans quelques termes didactiques : la corne d'Ammon (le dieu égyptien, assimilé à Zeus-Jupiter en Libye, étant symbolisé par un bélier ; corne de Hammon, 1562, du latin Ammonis cornu) fournit AMMONITE n. f. (1752) par le latin zoologique ammonites (Breyn, 1732). Le mot désigne un céphalopode fossile et d'abord sa trace dans la roche. ◆  De là AMMONITIDÉES n. f. pl. (1872) et AMMONITIDÉS n. m. pl. (1883, Lapparent), noms de famille, après AMMONÉS n. m. pl. (1838), sorti d'usage.
■  AMMONIE n. f. a désigné (1797) le nautile, d'après le latin scientifique ammonia (1732, Breyn).
AMMO-, premier élément de mots scientifiques, est emprunté au grec ammos « sable », créé à partir de amathos de même sens. Ce dernier est rapproché d'un mot germanique qui a donné l'anglais sand et l'allemand Sand « sable », mais cette parenté ne permet pas de poser une racine indoeuropéenne.
❏  AMMOBATE n. m., de bate, grec -batos, de bainein « marcher », est le nom donné par Latreille (1810) à un genre d'hyménoptères. ◆  Un autre genre est nommé AMMOPHILE n. m. (1810), aussi nom d'une graminée des bords de mer (1845).
■  AMMOCŒTE ou AMMOCÈTE n. f., du grec koitê « couche », d'où « gîte d'un animal », désigne (1816) la larve de lamproie.
AMNÉSIE n. f. représente (1771) le grec tardif amnêsia, de a- (privatif) (→ 2 a-) et -mnêsia, de mimnêskein « se souvenir » (→ amnistie).
❏  Le mot, employé en français dans la seconde moitié du XVIIIe s., est passé par le latin médiéval amnesia, formé avant 1674, date où il est attesté en anglais. Il désigne un affaiblissement ou une perte anormale de mémoire.
❏  Le dérivé AMNÉSIQUE, d'abord adjectif (1843), désigne, aussi comme nom, la personne frappée d'amnésie (1874). D'abord scientifique, il est devenu usuel.
Par substitution de préfixe, ont été formés en médecine PARAMNÉSIE n. f., de para- (1843, Lordat) « trouble de la mémoire conduisant à des déplacements : faux souvenirs, un mot pour un autre, etc. » ; HYPERMNÉSIE n. f., de hyper- (1881, Ribot) « mémoire pathologiquement aiguë » ; ECMNÉSIE n. f. (1887), désignation par Pitres de l'« amnésie partielle rétrograde ».
ANAMNÈSE n. f. est emprunté (1831), comme anamnésie n. f. (1826) vieilli, au latin anamnesis, grec anamnesis, pour désigner le retour des souvenirs, le fait de se ressouvenir, puis en médecine (1907) la fin d'une amnésie et en psychanalyse le retour d'éléments psychiques refoulés.
AMNIOS n. m. est un emprunt de la Renaissance (1541) au grec amneios (Galien), avec prononciation byzantine, dérivés de amnos « agneau », d'origine indoeuropéenne, apparenté au latin agnus (→ agneau).
❏  Le mot désigne la membrane la plus interne qui enveloppe le fœtus des mammifères, des oiseaux et des reptiles. ◆  Il est étendu (1826) au liquide épais qui entoure l'embryon des plantes.
❏  Le dérivé AMNIOTIQUE adj. (1799) est assez courant, alors que d'autres mots sont réservés à la biologie : AMNIOTE adj. « qui a un amnios » (1886), d'où les amniotes n. m. pl. (1893) et ANAMNIOTES n. m. pl. (1898 ; précédé par anamniens, 1893 et anamniés, 1884).
■  Plusieurs composés en amnio- ont été formés, de AMNIOMANCIE n. f. (-mantie, 1751), mot de divination antique, à AMNIOGRAPHIE n. f. (1935), terme de médecine.
AMNISTIE n. f. est un emprunt (1550 ; amnestie 1546) au grec hellénistique et tardif amnêstia « pardon », de amnêstos « oublié », composé comme amnêsia (→ amnésie), de a- privatif (→ 2 a-) et de formes du verbe mimnêskein « se souvenir » et aussi « avoir dans l'esprit », « mentionner » (ici, l'adjectif verbal). Mimnêskein se rattache à une importante racine indoeuropéenne °men- que l'on retrouve en grec même, dans mania (→ manie), le second élément de automatos (→ automatique), dans le latin memini et mens (→ mental) et dans des formes d'un verbe sanskrit signifiant « mentionner ». Le i vient d'une prononciation du grec tardif, mais la forme plus correcte amnestie est attestée jusqu'au XVIIe siècle.
❏  Le mot désigne un acte de pouvoir par lequel sont suspendues des sanctions pénales ; il signifie par extension (1553, amnestie) « pardon » en général. Le mot a été un moment confondu avec armistice (1796, Bonaparte). ◆  Le mot français, sous la forme amnestie, a été emprunté par l'allemand Amnestie et l'anglais amnesty, aujourd'hui connu mondialement par l'action d'Amnesty International contre les violations des droits de l'homme.
❏  Le dérivé AMNISTIER v. tr. apparaît significativement après une époque de condamnations massives (1795), aussi au participe passé adjectivé amnistié, ée.
■  De là AMNISTIABLE adj. (1845), AMNISTIANT, ANTE adj. (1879), par exemple dans grâce amnistiante, et AMNISTIEUR n. m. (1885), plus rare.
? AMOCHER v. tr., comme nombre de mots argotiques, est d'origine incertaine. On le rapporte à moche n. m., « écheveau de fils vendus en gros paquets », par une métaphore non attestée « arranger grossièrement », d'où (1867) « défigurer, détériorer ». Moche, mot technique ancien (1723), viendrait selon Wartburg du francique mokka « masse informe » (restitué d'après l'allemand Mocke) et aurait pu donner naissance à l'adjectif familier moche, « laid », attesté après amocher, en 1878.
❏  Amocher signifie « abîmer (qqch.) » et « blesser, faire du mal à (qqn) », par exemple dans se faire (salement) amocher. L'idée de « défigurer » a dû, dès les premiers emplois, évoquer l'adjectif moche « laid ».
❏  Le verbe argotique AMOCHIR (1921) « rendre plus laid » est un croisement de amocher et de moche adj. « laid ».
❏ voir MOCHE.
AMODIER v. tr. est un emprunt (1283) au latin médiéval admodiare (1224), de ad- et modius « boisseau, muid* (de blé) ».
❏  Le verbe signifie « mettre (un domaine) à ferme moyennant une redevance en nature (muids de blé) ». Il s'emploie aussi au pronominal (1580).
❏  AMODIATEUR, TRICE n., réfection de admodiator (1381), est dérivé du verbe et signifie « personne qui prend une terre par amodiation ».
■  AMODIATAIRE n. (1513) a le sens d'amodiateur et aussi de « propriétaire qui amodie » (1564).
■  AMODIATION n. f. est emprunté (1564) au latin médiéval admodiatio (1227), la variante antérieure amodiacion étant dérivée (1419) de amodier.
AMOINDRIR → MOINDRE
AMOK n. m. est un emprunt (1830, faire amok) au malais amuk, par les voyageurs, repris en ethnologie.
❏  Le mot désigne une forme de folie homicide d'abord observée chez les Malais, ainsi que l'individu qui en est atteint.
AMOLLIR → MOU
AMOME n. m. est emprunté (1213) au grec amômon par le latin amomum, mot qui concerne plusieurs plantes différentes ; le mot grec est un emprunt à une langue orientale.
❏  Amome désigne une plante à tubercules, apparentée au gingembre, à fruits en grappes, utilisée en thérapeutique, ainsi que le parfum qui en est extrait (1530). ◆  Par un autre emprunt (1768), on appelle amome, ou pour lever l'ambiguïté faux amome (1791), amome des jardiniers, la berce, ombellifère, dont les graines ont une odeur comparable.
❏ voir CARDAMOME.
AMONCELER → MONCEAU
AMONT → MONT
+ AMORCE n. f. est le participe passé au féminin (amorse, XIIIe s., f. de amors) de l'ancien verbe amordre (v. 1170, jusqu'au XVe s.), issu du latin populaire °admordĕre avec un e bref, altération de admordēre, de ad- (→ à) et mordēre (→ mordre). Amordre a signifié « mordre » ou « faire mordre », d'où « attirer » et « appâter ». Ainsi, l'amorse, puis amorce (1538), c'est la « chose qui est mordue (par le poisson) », l'appât.
❏  Ce sens spécialisé (amorse, XIVe s.) est précédé par le figuré « ce qui attire en flattant » (XIIIe s. ; courant au XVIIe s.). D'autres spécialisations ont eu cours, comme « embuscade » (v. 1510). ◆  Plus inattendu, le passage à « ce qui provoque (attire) une explosion » (1549), c'est-à-dire « petite masse détonante ». Ce sens s'explique par l'évolution du verbe dérivé amorcer (ci-dessous) dont amorce devient le déverbal. ◆  D'autres valeurs, « commencement (d'un fonctionnement) », « ébauche (d'un mouvement) », d'où (1866) « élément qui sert de début », « quantité d'eau pour faire partir une pompe », etc., sont dérivées du verbe. ◆  De amorce, « matière explosive », on est passé à « lumière d'une arme à feu » (1611) et récemment à « poudre fulminante dans du papier, qui explose au choc », nom d'un jouet d'enfant (1890), employé dans pistolet, fusil... à amorces.
❏  Le dérivé AMORCER v. tr. (XIIIe s.) est passé de « attirer, flatter, séduire », sens archaïque, d'où s'amorcer « se laisser séduire » (v. 1590), à des valeurs concrètes, d'après amorce (ci-dessus). Amorcer se dit pour « garnir (une arme à feu) du dispositif qui déclenche l'explosion », valeur spéciale à l'origine du sens moderne de amorce (ci-dessus) [v. 1510] et pour « garnir (un hameçon) d'une amorce » (1530). Dès le XIVe s., une spécialisation du sens initial, « attirer (des animaux) », est en usage jusqu'à la fin de l'époque classique. ◆  Des emplois techniques correspondent à « commencer (une opération) », d'abord pour le percement d'un trou (1680), d'où amorçoir n. m. (1680), pour un soudage (1751), puis pour « mettre (une pompe) en fonctionnement » (1838), sens devenu courant. ◆  De là semble procéder l'acception figurée pour « commencer (une recherche, une affaire, une opération) » (1928 dans les dictionnaires) et plus tard « commencer (une conversation) » (mil. XXe s.).
■  Le verbe a plusieurs dérivés, dont amorce dans ses emplois seconds (voir ci-dessus). AMORÇURE n. f. (XIIIe s., amorsure) et AMORCEMENT n. m. (1611) ont disparu, le second remplacé en emploi concret (1611, aussi) par AMORÇAGE n. m. (1838), relativement usuel en plusieurs sens du verbe, notamment dans l'amorçage d'une pompe.
■  AMORÇOIR n. m. se dit des armes à feu (1584, amorsoir, en artillerie), puis en technique pour « ébauchoir » (1680) et enfin en pêche (1922).
■  AMORCEUR, EUSE adj., « qui attire » (1564), a été repris comme nom pour « séducteur » (1636), sorti d'usage, puis pour « personne qui amorce une ligne de pêche, une arme » (1845).
Le préfixé DÉSAMORCER v. tr., attesté au XIVe s. (desamorser), a été repris au XIXe s. pour « enlever l'amorce de (une arme) », « arrêter le fonctionnement de (une pompe) » et « enlever l'amorce de (un hameçon) » (1870), d'où au figuré « arrêter (un processus, un fonctionnement) ». ◆  De là DÉSAMORÇAGE n. m. (1864).
■  RÉAMORCER v. tr. (1932) s'oppose à désamorcer.
AMORPHE adj. est un emprunt savant (1784) au grec amorphos, de a- privatif et morphos « forme » (→ morpho-).
❏  C'est d'abord un terme de science, qualifiant un état non cristallin des minéraux. L'emploi de l'adjectif s'est étendu à tout objet matériel sans structure ou organisation régulière décelable. ◆  Il est passé dans l'usage général à propos de ce qui est ou semble informe, puis d'un être humain sans personnalité construite (1896), et par extension, sans énergie, incapable d'agir. Le mot est ainsi passé de l'idée d'origine à celle d'absence de force, de dynamisme.
L AMORTIR v. tr. est issu (v. 1190) d'un latin populaire °admortire ou °ammortire « tuer » et « mourir », composé de ad- (→ à) et de mors, mortis (→ mort) qui a produit des correspondants romans et a fourni au XIIIe s. une spécialisation juridique admortire, reprise en français (ci-dessous).
❏  Le verbe apparaît (v. 1190) au sens étymologique de « rendre comme mort », d'où (XVIe s.) « figer, paralyser ». Ce sont les valeurs figurées, abstraite et psychologique, pour « gêner dans sa vitalité » (fin XIIIe s., à propos du cœur), ou juridique, d'après le latin médiéval « concéder à titre de mainmorte » (1277), qui l'ont emporté, la seconde s'appliquant (XVe s.) à une sorte de vente en viager. ◆  Au XVIe s. apparaît un sens technique, admortir un ouvrage (d'architecture), correspondant à « terminer », d'où « orner en terminant » ; ce sens a disparu.
■  C'est dans la seconde moitié du XVIIe s. que sont attestées les deux acceptions les plus vivantes en français moderne, outre la valeur psychologique de « calmer, émousser, rendre moins vif », usuelle dès le XVIIe siècle. Amortir correspond à « rendre moins violent (un choc, l'effet d'un projectile) » (av. 1680, La Rochefoucauld) d'où « diminuer (un bruit) » (attesté XIXe s.). ◆  Par ailleurs, le sens juridique latin aboutit (Richelet, 1680) à une valeur financière, « éteindre (une rente) » d'où (mil. XIXe s.) « reconstituer le capital dépensé, par le bénéfice » et « maintenir en état (un capital) », sens liés à amortissement (ci-dessous).
❏  Le participe passé AMORTI, IE est adjectivé dans les principaux sens du verbe, surtout pour « atténué, affaibli » et, des personnes, « qui a perdu son enthousiasme, sa vivacité ». ◆  Le XXe s. a vu plusieurs substantivations : une AMORTIE n. f. pour « balle amortie » en tennis (1933), un AMORTI n. m. au football et en ski. ◆  À propos des personnes, au masculin comme au féminin, le mot s'applique à un homme ou une femme d'âge mûr, qui n'est pas encore un croulant (à la mode v. 1950-60).
Le verbe a plusieurs dérivés.
■  AMORTISSEMENT n. m. est d'abord (1263) un terme de droit, lié à l'acquisition des biens de mainmorte. Il correspond aussi (v. 1400) au sens du verbe en architecture, pour « couronnement d'un édifice, qui va en se réduisant ». ◆  L'emploi comme substantif d'action, au sens d'« affaiblissement graduel » (XVe s.), est devenu archaïque, mais celui de « manière de réduire un effet (de choc, etc.) » et de « diminution d'amplitude » en physique (1854, amortissement des oscillations) est plus courant. ◆  La valeur la plus usuelle est financière (1604, Henri IV parlant de l'amortissement des rentes) et correspond à « extinction progressive d'une dette », puis (mil. XIXe s.) « imputation comptable des sommes nécessaires au maintien en état d'un capital ».
■  AMORTISSABLE adj. (admortissable, 1465) est spécialisé en droit, puis (1611) en finances, à propos d'une dette et aussi d'une rente (1771).
■  AMORTISSANT, ANTE adj. (1834) est rare au sens de « qui adoucit, calme ».
■  AMORTISSEUR, créé en ancien français pour « personne qui amortit un bien » (1269), a disparu, puis a été reformé en technique (1894) à propos d'un dispositif destiné à amortir des chocs, des sons, etc. Le mot est devenu usuel avec sa spécialisation en automobile (1906).
1 AMOUR n. m., d'abord sous la forme amor (fin Xe s.), surtout féminin jusqu'au XVIIe s., est un emprunt au latin amor ; sa forme actuelle, amour, est influencée par l'ancien provençal amor, illustré par la conception des troubadours, la fine amor, amour courtois, qui se développe en France du sud vers le nord, remplaçant l'idéologie féodale marquée par les mœurs franques, et qui n'est guère féministe. En effet, le latin amor a donné directement amur (842), d'où amurer ; la forme normale ameur (Cf. fleur) étant attestée plus tard (déb. XIIIe s.). Le mot latin, dérivé du verbe amare (→ aimer), comme amicus (→ ami), équivaut aux mots et aux concepts grecs distincts de erôs (→ érotique) et philia « amour (physique et sentimental) » et « amitié » (→ -philie) ; c'est un nom de genre animé, souvent personnifié en nom de dieu (comme Erôs en grec).
❏  En ancien français, le mot, en concurrence avec amitié*, exprime toutes les nuances fortes de l'affection, de celle qui est portée à Dieu (Xe s.), héritage du latin chrétien amor Dei (pro Deo amur, Serments de Strasbourg) et aux êtres humains. Il a le sens d'« amitié », du XIIe (1139) jusqu'au XVe s., mais s'applique en particulier, sous l'influence de l'occitan, à la passion sentimentale à composante érotique et hétérosexuelle (bien différente cependant de l'eros grec, surtout homosexuel, et de l'amor latin), et ceci depuis le XIIe s. (Chrétien de Troyes). Cette valeur est appelée à dominer les emplois du mot, en relation avec l'évolution inverse d'amitié* vers des liens plus sociaux. ◆  Un, des amours désigne la passion et les relations amoureuses d'une personne (v. 1150).
Cependant, l'amour médiéval entre homme et femme est à la fois sexualisé et idéalisé, en tant que sentiment central de l'univers courtois*. L'hésitation entre valeurs érotiques et valeurs idéales marque d'ailleurs le mot, dans ce contexte, tout au long de son histoire, avec une dominante différente selon les époques, les milieux et les rhétoriques. En outre, la valeur non érotique, où amitié va éliminer amour, est normalement exprimée par ce dernier mot jusqu'au XVe s., une amour correspondant par métonymie à « acte d'amitié » (1250-1280) ; jusqu'au XVIIe s. amour vaut aussi pour « attachement à une chose », sans l'aspect aujourd'hui stylistique de cet emploi, qui correspond aux extensions du verbe aimer ; ces emplois se développent au XVIIe s. (faire qqch. avec amour). ◆  Mais l'importance de l'amour érotique et courtois au moyen âge se marque déjà par les métonymies, amour désignant (fin XIIe s.) la personne aimée, d'abord au féminin, genre encore usuel et ici renforcé par le fait qu'il s'agit le plus souvent (dans un discours en majorité masculin) d'une femme « objet » du sentiment courtois ; puis au masculin, d'où assez tardivement (1671) l'appellatif mon amour. ◆  Une autre métonymie, où les amours s'applique à un pays, une chose qu'on aime, est attestée depuis le XVIIe siècle. On peut y rattacher, plutôt qu'au nom du dieu de l'amour (ci-dessous), l'expression familière un amour de (enfant, chapeau, etc.), attestée au XIXe s. (Balzac), et c'est un amour, d'où l'adjectivation populaire il est amour.
■  Si amour employé seul évoque surtout en français moderne le sentiment humain passionnel, le premier emploi du mot (pro Deo amur) s'est maintenu dans pour l'amour de Dieu (pour amur Deu, XIe s. ; pour amor Dieu, 1271 ; pour l'amour de Dieu, XVe s.) et simplement l'amour de Dieu, « porté à Dieu », aussi en parlant de la bienveillance divine pour les créatures (Dieu est amour, etc.).
L'hésitation entre valeurs courtoises et valeurs érotiques explicites est aussi marquée dans la phraséologie, avec les locutions par amour (1080) « amicalement », puis « de grâce » (XIIIe s.), d'amour (d'amors, XIIe s.), pour (l')amour (de) [XIe s.] affaibli en ancien français jusqu'à signifier « parce que » (XIIIe s.) et « afin que » (v. 1300). ◆  Témoin de la même ambiguïté, l'expression faire l'amour (à qqn), qui, après l'ancien provençal far amor (ad alcun) [XIIIe s.], signifie « courtiser », sens encore normal dans l'usage classique (XVIIe-XVIIIe s.), mais concurrencé par la valeur érotique physique « accomplir l'acte sexuel (avec qqn) », emploi attesté depuis 1622 mais qui ne l'emporte nettement qu'au XIXe siècle. ◆  En revanche, femme d'amour (1591), maison d'amour (déb. XVIIe s.), puis fille d'amour (déb. XIXe s., Béranger), oubliés ou vieillis (pour le dernier), font exclusivement allusion à l'amour physique, expression poissarde (Collé) répandue pour lever les ambiguïtés. ◆  Amour socratique (mil. XVIIIe s., Rousseau) désigne l'homosexualité masculine ; le mot amour, avec la levée des interdits, s'applique au XXe s. sans réticence aux relations homosexuelles. ◆  On peut rattacher à ce sémantisme l'expression (être) en amour, qui provient en fait d'un autre mot signifiant « humeur, sève » (d'où « en rut ») ; Cf. 2 amour ci-dessous. ◆  En français du Canada, tomber en amour, calque de l'anglais to fall in love, est usuel et familier. On dit de même être en amour.
■  Quant à l'expression amour courtois, elle reprend le sens de l'ancien provençal fin amor (XIIe s.), mais semble récente et vient des historiens du moyen âge et de sa littérature (1883, Gaston Paris).
Cependant, certaines valeurs affaiblies et plus abstraites se maintiennent et se développent en relation avec aimer, dont amour est senti comme la substantivation. Des emplois figurés apparaissent à partir du XVIe s., formés avec d'amour : pomme d'amour(s) désigne l'aubergine (1535, jusqu'au XVIIIe s.) et aussi la tomate (1557), puis une plante solanée, la cerisette (1752), enfin une confiserie (pomme caramélisée) ; poire d'amour (1721), arbre d'amour (1796) sont entièrement sortis d'usage, tandis que puits d'amour s'applique en français contemporain à une pâtisserie. Un gâteau à la noix de coco, à la Martinique, est appelé amour caché, et à la Guadeloupe tourment d'amour. ◆  En français de Suisse, une formule de santé, en buvant, est à vous les amours !, les amours se disant des dernières gouttes d'une bouteille.
C'est aussi à la Renaissance qu'apparaît l'expression propre amour de soy mesmes (fin XVe s.), d'où amour de soi (1521), lexicalisée avec changement de sens en AMOUR-PROPRE n. m. « égoïsme, attachement à ses intérêts » (1521), puis « tendance à la fierté » (v. 1640) et, spécialement, « opinion trop avantageuse de soi-même » (1665), sens vieilli. L'expression correspond aujourd'hui à « sentiment de sa valeur, de son honneur ».
Un autre emploi du latin Amor, correspondant au grec Erôs, concerne le dieu de l'Amour ; il est passé en français (XIe s.), surtout par l'influence d'Ovide, au cas sujet (Amors, Amours) devenu Amour (forme du cas régime) au XVIe siècle. Le mot s'applique (1508) à la représentation du dieu (aussi nommé Cupidon) en peinture, selon une iconographie fixe (enfant joufflu, nu, muni d'un carquois, d'un arc et de flèches). ◆  Par extension, un amour désigne une personne (enfant, femme) ou une chose charmante (XVIIe s., Malherbe) et le mot s'emploie dans beau comme l'Amour (1740).
❏  Les dérivés français de amour sont peu nombreux. Amurer (XIIIe s.) puis AMOURER v. tr. (XIVe s.), pour « devenir amoureux », a disparu au XVIe s. de l'usage normal, étant parfois repris (1784, Mercier ; 1801, les Goncourt, en tant que mot d'enfant) comme variante marquée de aimer.
■  Le diminutif 1 AMOURETTE n. f. (XIIIe s.), d'abord amorete (XIIe s.), se dit d'un amour sans passion, mais a d'abord constitué un diminutif affectif, au sens fort du mot amour ; de là le sens métonymique de « femme aimée ». ◆  Les emplois figurés ont disparu, sauf « testicule (des animaux comestibles, mammifères, coqs, etc.) » (1836) et, pour des raisons moins évidentes (probablement « partie délicate »), amourettes, qui désigne aussi la moelle épinière (de bœuf, veau ou mouton) (1771), à moins que ces valeurs ne relèvent de l'homonyme 2 amour (ci-dessous). Aux Antilles françaises, en Guyane, le mot désigne plusieurs arbres locaux, dont le bois (bois d'amourette) est utilisé en ébénisterie.
Parmi les formations préfixées, DÉSAMOUR n. m. (XIIIe s.) s'est employé jusqu'au début du XVIIe et a été repris au XIXe s. (« néologisme » dans Le Complément de l'Académie, 1838) au sens de « refroidissement de l'affection ». ◆  Contre-amour n. m. (1718) et non-amour n. m. (1551) sont très rares (contramour était employé, au XVIe s., pour « amour réciproque »).
■  ENAMOURER v. tr. « rendre amoureux » (v. 1180) et aussi « aimer (qqn) » (v. 1300) est encore en usage au pronominal (XIIIe s.), aussi pour « se passionner pour (qqch.) » (1571), avec la nuance de « s'attacher de manière excessive ou ridicule », mais est moins usité en français moderne que ENAMOURÉ, ÉE adj., d'abord « amoureux » (XIIIe s.), archaïque au XVIIe s., puis abandonné, et repris (1879) avec la valeur spéciale du verbe.
Avec le pronom possessif mon, élidé comme dans m'amie, amour a donné l'appellatif affectueux m'amour (XVe s.), d'où le substantif MAMOUR n. m. (1669), repris en français moderne sous la forme faire des mamours (mil. XIXe s., E. Sue) « des caresses, des démonstrations affectueuses ». ◆  De là MAMOURER v. tr. « faire des mamours (en parole) à (qqn) » (1879, Huysmans), repris au sens érotique de « faire l'amour » par J. Lanzmann (1981).
1 AMOUREUX, EUSE adj., aujourd'hui senti comme un dérivé de amour, est issu d'un dérivé latin tardif amorosus, comme l'italien, l'espagnol et le portugais amoroso. ◆  La forme ancienne amareus (1206) a été refaite d'après amor (amoreus, XIIe s. ; amorous, v. 1200), puis d'après amour (v. 1430) en amoureux. L'adjectif signifie en ancien français « enclin à l'amour » et, objectivement, « qui inspire l'amour, au sens large », c'est-à-dire « charmant, aimable, attachant » et « aimé (de qqn) » (v. 1212), valeur commune à l'ancien français et à l'ancien provençal, qui sera éliminée par le sens subjectif du mot vers le XVe siècle.
■  Par extension, dès le XIIe s., l'adjectif s'applique aussi à ce qui concerne, puis (XIIIe s.) à ce qui exprime, dénote l'amour et à ce qui rend amoureux. Ces valeurs restent dans l'usage moderne, alors que celles qui correspondent au sens ancien de amour, « attachement, amitié », ont disparu (amoureux s'est dit pour « bienveillant », XIIIe-XVe s. ; « amical, cordial », XIVe-XVe s.). Mais on relève encore au XVIIIe s. le mot au sens d'« ami » (d'un capitaine à ses matelots, comme appellatif, 1721).
■  Substantivé au féminin, amoureuse signifiant « maîtresse, concubine » (1530), le mot fonctionnait comme nom au masculin depuis le XIIe s. (amerus, amorous au XIIIe s. ; un amoureux, av. 1285). Cet emploi est jugé rural et archaïque à la fin du XVIe s. (Mlle de Gournay), le mot étant remplacé par amant*. Cependant, à l'époque classique (depuis Corneille), une distinction s'opère entre l'amant, qui aime et est aimé et l'amoureux, qui ne l'est pas. Puis le mot reprend une valeur plus générale, mais implique surtout le sentiment subjectif, par exemple dans amoureux transi (1616 [transif au XVIe s.], aussi adjectif) et il s'oppose à amant dans la mesure où ce dernier implique en français moderne des relations sexuelles. L'emploi adjectif reste très vivant, tant en parlant des personnes, aussi dans des syntagmes comme amoureux fou (XVIIIe s.).
■  L'adjectif a pour dérivé AMOUREUSEMENT adv. (XIIIe s.), qui s'est employé en ancien et moyen français (XIIIe-XVIIe s.) pour « amicalement, affectueusement » et se dit encore, hors du contexte de la passion pour « avec soin et plaisir » (faire qqch. amoureusement). ◆  En français d'Acadie, les amoureux se dit des capitules de la bardane, qui s'accrochent aux vêtements.
■  Les autres dérivés (amoureuseté n. f., sous des formes variées, amoureuser v., etc.) ont disparu.
C'est à l'italien amoraccio, dérivé péjoratif de amore « amour », par le verbe amoracciarsi, que le français doit (1530) amourescher, puis S'AMOURACHER (1531, in F. e. w.) ; on trouvait déjà au XVe s. amouracherie (1414) dans la première traduction française de Boccace. La forme amorazzo avait fourni amourasser « courtiser » (1396). S'amouracher, s'amouracher de qqn (1804), puis de qqch. sont et restent péjoratifs, impliquant un attachement injustifié, excessif, passager. ◆  Il en va de même pour amouraché, ée, p. p. (1845), amourachement n. m. (1531), désamouracher v. tr. (1596), mots disparus.
■  Un autre italianisme, musical, est AMOROSO adv. « avec langueur, émotion » (1768, Rousseau à propos de tendrement ; répandu au XIXe s.).
Enfin, 2 AMOURETTE n. f., « plante des champs », vient (1531) d'une confusion populaire, due aux vertus et à la symbolique des plantes, entre amour et amarouste, d'un latin populaire altérant amalusta, nom de la camomille.
2 AMOUR ou AMEUR n. m., dans une série d'emplois impliquant l'idée de sève, de saveur, d'humidité, est issu d'un latin populaire °amor, croisement de umor (humor → humeur) et de amor (→ 1 amour), et source de nombreuses formes romanes (notamment italien régional), où le sémantisme passe de « liquide » en général à « suc, sève, saveur » et, par l'idée de « sève », à « développement » et, avec un évident rattachement à amour, « ardeur sexuelle ». ◆  Tous les emplois sont archaïques ou techniques. En amour s'est dit de la terre fertile (v. 1200), d'où régionalement avoir, ne pas avoir d'amour (1805). Le mot s'emploie aussi (1863) pour désigner la bonne maniabilité du plâtre. ◆  En ameur (mil. XVe s.) et en amour (1492) « en rut, en chaleur (des animaux) » est évidemment compris comme une spécialisation de amour, « passion érotique ». ◆  Ameur, « suc, jus (d'une plante) », mot wallon, ne se dit plus depuis le XIXe siècle.
Un dérivé °amorosus, de umorosus « humide », doit être à l'origine de 2 AMOUREUX, EUSE « onctueux, humide », puis en technique agricole dans terre amoureuse (1805) « bien ameublie, rendue fertile », mot régional encore vivant dans le centre de la France, disparu des dictionnaires généraux après 1928 (Larousse).
AMOVIBLE adj. est tiré par dérivation savante (1665) du verbe latin amovere, qui avait donné le moyen français amœver (1430) « enlever ». Le latin est formé avec ad- (→ à) sur movere (→ mouvoir).
❏  Le mot se dit d'une charge, d'un emploi qui peut être retiré à qqn, puis (1690) d'une personne qui peut être destituée de sa charge (juge, prêtre). Ces valeurs ont vieilli et le sens moderne, souvent concret, concerne des objets ou des parties d'un objet que l'on peut enlever, séparer ; il apparaît pendant la Révolution (1792).
❏  Le dérivé AMOVIBILITÉ n. f. (1748, Montesquieu) se dit d'un emploi, d'une charge amovible.
■  INAMOVIBLE adj. qualifie des personnes (1743) et des charges (1771) ; comme INAMOVIBILITÉ n. f. (1774), il est resté plus vivant dans ce contexte que amovible ; en revanche, il ne s'emploie guère au sens concret et moderne d'amovible.
AMPÉLO- Élément tiré du grec ampelos « vigne », et qui a servi à former des composés : AMPÉLOLOGIE n. f. (1866), AMPÉLOGRAPHIE, etc., concernant la connaissance de la vigne, des cépages, des raisins.
❏  AMPÉLIDACÉES n. f. pl. est le nom d'une famille de plantes dicotylédones, arbustes à vrilles dont le type est la vigne.