AMPÈRE n. m. est tiré du nom du physicien André Marie Ampère (1775-1836) sur proposition du physicien S. W. Thomson au congrès d'électricité de 1881, qui se tenait à Paris. Ce terme remplaçait Weber, conservé en magnétisme.
❏  Le mot désigne l'unité de mesure de l'intensité des courants électriques.
❏  L'instrument de mesure de cette grandeur a été nommé AMPÈREMÈTRE n. m. (1881).
■  Le nom de l'unité a servi à former les composés AMPÈRE-HEURE n. m. (1887), VOLTAMPÈRE n. m. (1890).
■  Elle a pour dérivé AMPÉRAGE n. m., formé (1905) d'après voltage.
AMPHÉTAMINE → AMMONIAC (AMINE)
AMPHI- est tiré du préfixe grec amphi « des deux côtés » et « autour de ». Ce préfixe semble appartenir à la même racine que le latin ambi- (→ ambi-), l'albanais mbi- et le gaulois amb-, précédés par le sanskrit abhī-, supposant un indoeuropéen °m̥bhi-.
❏  Cet élément a produit de nombreux composés dans les langues européennes et notamment en français. Le grec avait déjà formé des composés, dont certains, directement ou par le latin, sont passés en français.
❏  AMPHITHÉÂTRE n. m. est un emprunt ancien (1213) au latin amphitheatrum, lui-même emprunté au grec amphitheatron « théâtre double », de theatron qui a été lui-même emprunté (→ théâtre).
■  Le mot s'applique d'abord aux constructions romaines antiques, circulaires ou ovales. La graphie actuelle est la réfection (XIVe s.) de amphiteaitre et de quelques autres formes. Le mot s'applique ensuite à la partie d'un théâtre moderne située au-dessus du parterre (1676) et aux spectateurs qui s'y trouvent (fin XVIIe s., La Bruyère). Depuis le XVIIIe s. (1751), il se dit de la salle de dissection d'une école de médecine, puis (1829) d'une salle de cours munie de gradins. ◆  De la forme dite en amphithéâtre (attestée 1690), on passe à divers emplois spéciaux, en marine (1743), dans un jardin (1715, amphithéâtre de verdure), en parlant de la disposition d'un terrain (1677), sens repris en géologie, par exemple dans amphithéâtre morainique (1928).
■  Du sens de « salle de cours », appliqué à toute grande salle à gradins, même rectangulaire, vient le mot familier AMPHI n. m. (1888). Cette abréviation s'employait déjà, selon Esnault, en 1829 (sinon elle est attestée en 1889, Larcher) pour parler d'un cours professé en chaire. Cette acception s'étend (1918) à tout exposé verbal, à l'ensemble des étudiants suivant le même cours (mil. XXe s.), à une réunion d'étudiants (dans des composés, en argot des grandes Écoles). ◆  Le sens initial d'amphithéâtre en contexte pédagogique est repris pour amphi « salle de dissection » (av. 1926, M. Stéphane), d'où « morgue » (1975, Doillon).
■  AMPHITHÉÂTRAL, AUX adj., emprunté (1548) au dérivé latin amphitheatralis, est demeuré rare, moins cependant que AMPHITHÉÂTRIQUE adj., emprunt (1562) à amphitheatricus, qui s'est employé à propos d'un papyrus préparé près de l'amphithéâtre d'Alexandrie, puis a été repris pour « en amphithéâtre » (1836), avant de sortir d'usage.
AMPHISBÈNE n. m. est un emprunt ancien (d'abord amphimenie, v. 1265), refait au XVIe s., au latin amphisboena, pris au grec amphisbaina, du verbe bainein « aller ».
■  Le mot désigne un serpent mythique à deux têtes qui peut aller dans les deux directions, puis un reptile réel (1767), un lézard apode du sous-ordre des AMPHISBÉNIENS n. m. pl.
AMPHIBOLE, emprunté isolément au latin amphibolus, grec amphibolos, au sens d'« ambigu » (1611), a été recréé par Haüy en 1796 pour désigner le minéral appelé schorl, parfois confondu avec la tourmaline, avec l'intention, dit-il, d'« avertir l'observateur de ne pas s'en laisser imposer par des dehors équivoques » (et non pas, comme on l'a prétendu, parce que le minéral était de composition incertaine). Le mot a eu d'autres emplois.
■  Le dérivé AMPHIBOLITE n. f. (1815) est resté en usage, à la différence de amphiboliques n. m. pl. (1813) et amphiboloïde adj. (1810).
■  Le grec amphibolia, comme amphibolos, est dérivé du verbe amphiballein « envelopper ».
■  Amphibolia, par le latin classique, avait fourni au français AMPHIBOLIE n. f. (XIIe-XVIe s.) « ambiguïté », repris (1803) d'après l'allemand chez Kant, mais éliminé au sens rhétorique par un emprunt au latin tardif (médiéval et renaissant) amphibologia, AMPHIBOLOGIE n. f. (1533), d'où AMPHIBOLOGIQUE adj. (1596), déjà employé isolément, comme latinisme, par Oresme (1370).
AMPHIBIE adj. est emprunté (1553) au grec amphibios, de amphi- et bios « vie », « qui vit dans deux milieux ».
■  Le mot est substantivé dès le XVIe s. et s'applique aux animaux vivant sur terre et dans l'eau, notamment aux batraciens. ◆  Au figuré, il désigne au XVIIe s. un religieux vivant aussi dans le monde (v. 1650), un homme exerçant deux professions peu compatibles (d'abord adj. dans ce sens, 1666), puis au XVIIIe s. une personne de sexe incertain (1777), acception qui, par allusion aux mœurs hétéro- et homosexuelles, donne à amphibie le statut de terme injurieux (1917). ◆  Appliqué à un hydravion pouvant se poser sur terre (1928), l'adjectif qualifie aussi un véhicule militaire capable de naviguer (1948).
■  Le dérivé AMPHIBIENS n. m. pl. (1822, Blainville) a désigné les batraciens.
■  Plusieurs composés savants en AMPHIBIO- ont été créés, depuis amphibiologie n. f. (1778) « sciences des animaux amphibies », puis sont sortis d'usage lorsque cette caractéristique éthologique a cessé d'être utilisée en zoologie.
AMPHICTYON n. m., terme d'antiquité grecque, est emprunté (1556) au latin amphictyones, pris au grec amphiktiones (pl.). Le mot désigne les députés à une assemblée délibérante grecque.
■  Il est moins courant que AMPHICTYONIE n. f. (v. 1700), emprunt au grec amphiktionia, qui désigne surtout (1829) le conseil, l'assemblée.
■  AMPHICTYONIQUE adj. est plus ancien (1568).
AMPHIPROSTYLE n. m., emprunt (1547) au latin de Vitruve amphiprostylus, est formé du grec amphi-, pro- et stulos « colonne ».
■  Le mot désigne un temple grec garni de colonnades à l'avant et à l'arrière.
AMPHIGOURI n. m. « discours embrouillé » (1738), vient très probablement du grec amphi, au sens de « double, ambigu », mais le second élément est obscur (grec agoreuein « discuter » [→ agora], ou mot populaire apparenté au moyen français se gorrier « s'habiller à la mode » ?).
■  Les dérivés AMPHIGOURIQUE adj. (1748) et AMPHIGOURISME n. m. (1876) sont didactiques, surtout le second, mais attestent la relative vitalité du mot.
Sont formés en français AMPHIARTHROSE n. f. (1630) ; AMPHISTÈRE n. m., altération, peut-être d'après amphisbène (ci-dessus), de amphiptère (1655) « serpent à deux têtes » ; AMPHIGÈNE n. m., nom d'un minéral « de double origine » (-gène), créé par Haüy (1801) ; AMPHIPNEUSTE n. m., du grec pnein « souffler », « qui a des branchies et des poumons (d'un reptile) » (1838).
■  AMPHIOXUS n. m., du grec oxus « pointu » (1845), désigne un petit animal marin étudié comme représentant remarquable de la genèse des vertébrés.
AMPHITRYON n. m. est le nom propre grec d'un personnage légendaire, fils d'Alcée et roi de Tirynthe. Zeus (Jupiter) revêtit son apparence pour séduire Alcmène, son épouse fidèle, qu'il rendit par tromperie mère du demi-dieu Héraklès (Hercule). Le mythe, repris à diverses époques, et notamment en France au XVIIe s., fait mention du dîner d'Amphitryon, offert par Zeus-Jupiter ; faisant allusion à l'ambiguïté des deux Amphitryon, le valet Sosie déclare que le véritable est celui qui invite à dîner (Cf. Rotrou, Les Sosies, puis Molière).
❏  Le mot est devenu nom commun, au sens de « hôte », au XVIIIe s. (1727), d'où AMPHITRYONNE n. f. (1867, Barbey d'Aurevilly), rare.
❏  Les dérivés sont peu usités, sauf peut-être AMPHITRYONISME n. m. (v. 1835).
AMPHORE n. f. est un emprunt (1518) au latin amphora, du grec amphoreus, n. m., avec changement de déclinaison (→ ampoule). Amphoreus, « jarre à deux anses », signifie proprement « instrument porté des deux côtés » ; il est formé de amphi (→ amphi-), du radical de phoros « qui porte » (→ phosphore) et d'un suffixe -eus caractérisant des instruments.
❏  Le mot désigne un récipient antique de terre cuite, et une mesure antique de vingt litres environ (1534).
❏  Le dérivé AMPHORIQUE adj. se dit en médecine (1837) d'un souffle, perçu à l'auscultation, analogue au bruit du souffle dans un récipient vide.
❏ voir AMPOULE.
L AMPLE adj. est issu (XIe s. in F. e. w.) du latin amplus « large, vaste », puis « grand, abondant », d'origine inconnue.
❏  Le mot a dès l'origine ses deux valeurs, l'une concrète « vaste, qui se déploie », l'autre abstraite « considérable », appliquée à un récit, au pouvoir, etc. (v. 1120). ◆  En ancien français, il est aussi adverbe (1190) et nom masculin pour « grande étendue » (XIIe s.) ; il s'emploie dans la locution par ample le pais (v. 1190), la contree (v. 1200) signifiant « par toute son étendue ».
■  L'adjectif a pris au XVIIe s. le sens de « copieux » dans un ample repas (1690), emploi disparu. ◆  Le mot est devenu plutôt littéraire, sauf en parlant de vêtements non ajustés et des développements du discours.
❏  Plusieurs dérivés ont disparu : amplement n. m. (1663), ampler v. tr. « augmenter de volume », amplir et plusieurs verbes composés, amplete n. f. (XIIe s.), amplesse n. f. (XIIIe s.), mais deux se sont maintenus et semblent aujourd'hui plus courants que ample.
■  AMPLEMENT adv. (1190) s'emploie surtout par extension pour « beaucoup, largement, en grand nombre ».
■  AMPLEUR n. f. (1640), dérivé assez tardif de ample qui correspond à l'ancien provençal amplor (1294), a remplacé les anciens dérivés pour « caractère de ce qui est ample ». ◆  Il s'emploie notamment en couture (1755), alors en concurrence avec amplure n. f. (1725) qu'il élimine, et par extension pour « surplus de tissu pour un vêtement » (v. 1930). ◆  Figurément (1787) il s'applique au développement d'un récit, du style, à l'importance d'une action.
Les dérivés latins sont continués en français : ampliatio donne AMPLIATION n. f., d'abord (1339) « agrandissement », puis en droit, « duplicata authentifié » (XVIIe s.) ; AMPLIATIF, IVE adj. (XVe s., « qui agrandit » ; 1704, en droit) en est dérivé. Ces sens juridiques viennent du latin, où amplius, « plus ample », a signifié « supplément d'enquête » et ampliare « ajourner ».
Amplificare, devenu en français amplier (XIIIe s.), redonne par emprunt AMPLIFIER (XVe s.) « augmenter, rendre plus vaste » (1549). Comme amplification, le verbe s'est spécialisé en rhétorique (XVIe-XVIIe s.) puis en physique, en parlant d'un phénomène (s'amplifier, 1856).
AMPLIFICATION n. f., emprunt (XVe s.) au dérivé latin amplificatio, est d'abord employé au figuré, pour « fait de s'épanouir (d'une personne) », puis au concret pour « augmentation de surface, élargissement (d'un chemin) » (v. 1500) et en général pour « fait d'amplifier, d'augmenter, de grossir » (XVIe s.), d'où « augmentation apparente de volume » (1801). ◆  Vieux ou très littéraire dans ces emplois, le mot est repris en rhétorique, désignant une figure (1521), puis un développement excessif du discours (1636) et, du XVIIe au XIXe s., un exercice scolaire de développement d'un sujet, sens disparu au cours du XIXe siècle. ◆  Amplification ressuscite en sciences, d'abord en photographie (1828) pour « rapport d'agrandissement », puis en électricité (1924), en relation avec amplificateur.
■  AMPLIFICATEUR n. m., emprunt parallèle (1532) au dérivé latin amplificator, s'est dit alors d'une personne qui augmente (un droit, un pouvoir) puis (1636) qui amplifie un discours. ◆  Disparu, le mot a été repris au début du XIXe s. comme adjectif et nom, au sens général de « (chose) qui augmente l'importance » (1809) et d'après amplification pour « agrandisseur », en photo (1898), sens disparu, puis en électricité (1922) au sens d'« appareil, dispositif permettant d'amplifier les sons ». ◆  De là, en radio, un AMPLI n. m. (1934) et le composé PRÉAMPLIFICATEUR n. m., abrégé en PRÉAMPLI n. m. (1955 ; par exemple dans le syntagme ampli-préampli, désignant un élément d'une chaîne de reproduction sonore). ◆  Un autre composé est AMPLI-TUNER n. m. (1971).
Enfin amplitudo, « grandeur, importance matérielle ou morale », a donné AMPLITUDE « durée » (XVe s.), « grandeur, prestige » (1495), « ampleur », « grandeur physique » (1495). ◆  Le mot s'est spécialisé en astronomie (1557), géométrie (XVIIe s.) et enfin en physique pour « grandeur maximum d'une variable de nature oscillatoire, onde, etc. » (1784) et en météorologie (« écart maximum de température »).
L AMPOULE n. f. est issu (1174) du latin ampulla « fiole », diminutif de ampora, amphora (→ amphore), détaché de son origine.
❏  Le mot français, sous des formes diverses (ampole, ampolle, ampoule depuis 1260, ampule), désigne des objets fabriqués, depuis le sens latin de « fiole renflée », spécialement la sainte ampoule (1260), jusqu'au contenant pharmaceutique (1886) et au globe de verre enfermant un filament à incandescence (1881). On parle dès 1879 d'une « petite ampoule de cristal » dans laquelle on fait le vide et on introduit du charbon de papier (invention d'Edison, 1878) pour en faire une lampe* électrique — le syntagme ampoule électrique apparaissant à la fin du XIXe s. (1898, Paul Adam).
■  Un autre sens du latin populaire a probablement fourni au français (XIIIe s.) l'emploi du mot pour « cloque, vésicule ». Dans cette acception, le latin pulla, féminin de pullus, « petit d'un animal » (→ poule) d'après le sens de pullare « pousser » (« ce qui pousse ») et le latin bulla ont pu interférer avec ampulla. ◆  Ampole, ampoulle, ampoule s'emploie dans ce sens depuis l'ancien français, dans l'usage courant, et donne lieu à la locution figurée ne pas se faire des ampoules (aux mains) « travailler paresseusement » (1866). ◆  D'autres emplois, en botanique (1817) puis en anatomie (1865), où ampoule a le sens de « production anatomique formant un petit gonflement », peuvent être une métaphore du sens premier.
Le verbe AMPOULER (1580) « écrire, faire des vers avec emphase » est emprunté au verbe latin ampullari (Horace) « s'exprimer emphatiquement », qui, comme ampulla au sens d'« emphase », vient de l'idée de gonflement, de boursouflure, imitée du grec lêkeuthos. Ce verbe, actif et pronominal (v. 1620) est rare, comme ampoule n. f. « emphase dans l'expression » (1787), emprunt au latin ampulla (comme adjectif paroles ampoulles, 1640).
■  Par contre AMPOULÉ, ÉE adj. (déb. XVIIe s. Régnier ; déjà empoullé, 1550), dit d'un style boursouflé et par métonymie de la personne qui s'exprime ainsi, est usuel.
AMPUTER v. tr. est emprunté en moyen français (1480) au latin amputare « tailler tout autour », d'où « mutiler », composé de am- (→ ambi-) et de putare « émonder les arbres » et « apurer un compte », puis « calculer » (spécialisation d'un sens général, « nettoyer »). Le mot est peut-être indoeuropéen (Cf. sanskrit pūtáḥ « purifier »), mais sa relation avec purus (→ pur) n'est pas assurée. D'autres composés latins de putare ont donné des mots français (comput, disputer, imputer, réputé, supputer).
❏  Le verbe s'est spécialisé au XVIe s. en chirurgie (A. Paré) et dans des emplois figurés, attestés en premier. On a dit aussi amputer un arbre (1519) « tailler », par latinisme. ◆  Au XIXe s., on passe par métonymie de amputer un membre à amputer qqn (1835) et un nouveau figuré apparaît : « retrancher une partie de » en parlant d'un pays, d'une propriété et aussi d'un texte (1842).
❏  AMPUTÉ, ÉE, adjectivé au figuré (1611), se dit d'un membre coupé (1829) et d'une personne dont on a coupé un membre, aussi substantif (1re moitié XIXe s., Chateaubriand). On parle en psychophysiologie de l'illusion des amputés (1879), par laquelle un membre coupé est encore perçu. ◆  Au figuré, amputé de qqch. ou de qqn correspond à « privé de » (v. 1880).
AMPUTATION n. f. est emprunté au dérivé latin amputatio.
■  Le mot s'emploie en chirurgie (1478) et au figuré dans un contexte abstrait (1521), puis en horticulture (1826). ◆  De nouveaux sens figurés, comme pour le verbe, apparaissent au XIXe (« retranchement important », 1866) et au XXe s. (« abrègement d'un mot, coupe », 1955).
L AMUÏR v. tr. apparaît en ancien français (v. 1120) et est issu d'un latin populaire °admutire, de ad- (→ à) et de mutus (→ muet) avec suffixe verbal.
❏  Le verbe s'est employé en ancien français pour « rendre muet ».
■  Il a été repris en phonétique à la fin du XIXe s., sous la forme pronominale s'amuïr, à propos d'un phonème qui cesse de se prononcer, qui devient muet.
❏  Le dérivé AMUÏSSEMENT n. m. a signifié « mutisme » en ancien français (1275, amui-). ◆  Il a été repris en même temps que s'amuïr en phonétique pour « disparition (d'un phonème, d'un son qui était prononcé) ».
AMULETTE n. f. est un emprunt savant (1558, amulete) au latin amuletum, mot d'origine inconnue attesté depuis Varron et qui rend le grec phulakterion « talisman » (→ phylactère).
❏  Le mot français s'est longtemps écrit amulete (1558, jusqu'au XIXe s.) ; d'abord masculin (aussi amulet, v. 1610), il s'emploie au féminin depuis le début du XVIIe s., ce genre l'emportant au XIXe s., en relation avec la resuffixation diminutive -ette. ◆  Le mot désigne un petit objet censé avoir des vertus magiques, protectrices, et que l'on porte sur soi.
AMURER v. tr. est un emprunt (1552, Rabelais) à l'espagnol amurar (attesté 1538), dérivé probable de muro au sens de « paroi de la coque », du latin murus (→ mur).
❏  Le verbe désigne l'action d'orienter une voile selon le vent en fixant les cordages. Amure ! est un commandement. Des emplois figurés sont attestés dans les argots maritimes, en intransitif dans des locutions comme amurer du mauvais bord, au passif être mal amuré « mal parti » (argot de l'école navale), ou amurer un coup de poing « flanquer » (1919, Esnault), emploi disparu.
❏  AMURE n. f. (1634) semble être le déverbal de amurer (plutôt qu'un emprunt au provençal ancien amura, mal attesté). Le mot désigne le cordage qui fixe la voile du côté d'où vient le vent. La phraséologie comprend amure de misaine, de grand-voile, point d'amure, fausse amure, amure à bâbord, à tribord (1797, La Pérouse) et bâbord amure(s), tribord amure(s).
AMUSER et dérivés → MUSER
AMYGDALE n. f. est un emprunt ancien (XIIIe s.) au latin amygdala, du grec amugdalê (→ amande), mot emprunté d'origine inconnue. Le latin classique a été altéré en amandula, d'où amande*.
❏  Le mot désigne d'abord l'amande, et plusieurs dérivés continuent cette valeur étymologique (voir ci-dessous). Il a pris vers 1250 un sens anatomique, « organe en forme d'amande », désignant spécialement, dans l'usage courant, deux organes lymphoïdes situés de part et d'autre du larynx, fréquemment enflammés (Cf. amygdalite) et devant être excisés. ◆  Le mot est passé au XIXe s. de l'usage savant à la langue générale, comme l'attestent les locutions familières s'humecter, se rincer les amygdales (1888) « boire (de l'alcool, du vin) », se caler les amygdales (1896) « bien manger » ; ces emplois ont vieilli. ◆  En revanche, une acception métonymique familière, pour « inflammation des amygdales » (avoir les amygdales, d'un enfant), est restée vivante.
❏  Le mot, au sens anatomique, a pour dérivés et composés AMYGDALITE n. f. « inflammation des amygdales » (1775), AMYGDALIEN, IENNE adj. (1852), AMYGDALOTOME n. m. (1853) et AMYGDALOTOMIE n. f. (1856), puis AMYDALECTOMIE n. f. (1927).
■  Du sens d'« amande » dérivent AMYGDALOÏDE n. f. (1752) « roche à noyaux en forme d'amande », AMYGDALÉES n. f. pl. (1789, Jussieu) « tribu de plantes rosacées dont le type est l'amandier », AMYGDALINE n. f. « glucoside existant dans l'amande amère ».
❏ voir MANDORLE.
AMYL- → AMIDON
L AN n. m. est issu (v. 1080), comme l'italien anno et l'espagnol año, du latin annus ; ce mot semble autochtone de l'Italie, proche de l'osque (akenei « dans l'année ») et de l'ombrien (aenu, à l'accusatif pluriel) ; il signifie aussi « récolte annuelle ».
❏  An, « durée de la révolution de la Terre autour du Soleil », donne lieu à des locutions, comme le jour de l'an (XIVe s.), le premier (jour) de l'an, l'an neuf (1274, régionalement ; an nuef, 1488), le nouvel an (1611). En religion, le bout de l'an se dit (1549) d'une messe célébrée un an après l'enterrement de qqn. ◆  Le mot est souvent déterminé pour caractériser une manière de compter : an de l'Incarnation (XIIIe s.), mesuré à partir de Pâques, de la Nativité, etc., an Nostre Seigneur (XIIIe s.), an de salut (1691), ont disparu, mais an de grâce (1260) sert toujours à évoquer un compte d'années chrétien. An civil (1636) est remplacé par année civile ; an lunaire (isolément au XIIIe s. ; puis 1636), an solaire (id.), an planétaire (1691) sont tous archaïques (Cf. année). ◆  Bon an a servi dans des formules de souhait, comme bonjour bon an (XVIIe s., Voiture). ◆  De nombreuses locutions servent à caractériser une époque, un rythme : (une, deux...) fois l'an (1319) est toujours usuel, comme ...par an (1273), alors que d'an en an (1291), chacun an « chaque année » (XIIIe s.) ont disparu au XVIIe s. (sauf régionalement) ; an et jour (XIIe s.) a signifié « depuis longtemps ». ◆  Aujourd'hui encore, bon an mal an (1re moitié XVIIe s., Scarron) signifie « en moyenne, les bonnes années compensant les mauvaises ».
■  Au pluriel, ans, qualifié, a servi à marquer l'âge : jeunes ans (1666), vieux ans (1540) ont cédé devant année, comme chargés d'ans (1636) ; mais on dit encore le poids des ans. ◆  En parlant des animaux, on désigne les chevaux de courses par l'âge, dans un deux ans, un trois ans (1856).
❏  Le dérivé ANNÉE n. f. (1170, anée) signifie aussi « temps d'une révolution de la Terre autour du Soleil » avec un début socialement fixé, ainsi que « durée de douze mois » (av. 1550) et « cette durée, à partir de la naissance de qqn » (déb. XVIIe s. pour année ; Cf. anniversaire). ◆  Ses emplois ne sont pas identiques à ceux de an ; en phraséologie, ils les ont souvent remplacés. Ainsi, dans le comput : année sainte, année ecclésiastique (1690), année civile (1671), année julienne (1690), grégorienne (1680), puis année républicaine (1792), année olympique (en Grèce antique, 1845) ; année lunaire (XVIe s.), astronomique (1671), tropique (1732). ◆  De même d'année en année (1694) a remplacé d'an en an, et bonne année (1771), formule de souhait (d'abord surtout attestée en Picardie, dans le Centre, le Sud-Ouest), s'est substitué à bon an, antérieur. Nouvelle année est en concurrence avec nouvel an. En français mauricien, faire l'année se dit pour « fêter la nouvelle année ». ◆  À l'année longue se dit en français du Québec, pour « tout au long de l'année ».
■  En parlant de l'âge, année concurrence an dans jeunes années (Corneille), dernières années (La Bruyère), le poids des années (1824). ◆  Lorsqu'il s'agit de contenu social, année l'emporte nettement : année (d'exercice) [1669], première, deuxième année (d'études) [1835]. ◆  Par métonymie, le mot sert de titre à des recueils : année littéraire (1754), scientifique, etc.
■  Dans tous les cas où un contenu est en cause, l'usage moderne préfère année ; de là le fait que les métonymies sont plus fréquentes avec année qui signifie par exemple « récolte de l'année » (1180), « gages pour une année » (1562 ; an est cependant attesté dans ce sens) ; « livraison annuelle (d'un périodique) » (1866).
■  En astronomie, année entre dans des syntagmes, année de lumière (1877) d'où abusivement ANNÉE-LUMIÈRE n. f. (1946), « distance parcourue en un an par la lumière » (unité astronomique).
❏  ANNAL, ALE, AUX adj. est emprunté (av. 1150) au dérivé latin annalis. Il s'emploie en droit pour « qui ne dure qu'un an ». ◆  De là ANNALITÉ n. f. qui équivaut en général à annualité. Ces deux termes sont rares.
■  Le composé SURANNÉ, ÉE adj. est formé (XIIIe s.) en français à partir de sur-* et an au sens de « qui a plus d'un an » ; le sens de « vieillot » (mil. XVIIe s.) procède d'un emploi juridique, « dont le délai est expiré, périmé » (XVIe s.).
ANNUEL, ELLE adj., réfection (v. 1310) de anoel (1080), est emprunté au bas latin annualis, dérivé de annus, « an, année », qui résulte de la contamination par annuus du latin classique annalis (→ annales). L'adjectif latin s'est employé en religion et en agriculture ou pour désigner une redevance, aussi substantivement.
■  Le mot se dit de ce qui a lieu chaque année, d'abord des fêtes liturgiques, puis en général (v. 1310), et aussi d'un revenu versé chaque année (1550). Plante annuelle (1694), « qui ne vit qu'un an », s'oppose à vivace.
■  Annuel est substantivé (au masculin) en religion, pour « messe annuelle pour un défunt » (1226), et en droit, pour « droit ou revenu annuel » (1306), emploi archaïque. Il a signifié aussi « grande fête religieuse annuelle » (annuel majeur, mineur, 1834).
■  Le dérivé ANNUELLEMENT adv. (v. 1350, annuelement ; anuelment, 1294) signifie « chaque année ».
■  ANNUALITÉ n. f., « caractère de ce qui est annuel » (1789), succède à l'ancien français anuelte (1292) qui désignait une rente annuelle (Cf. annuité, ci-dessous).
■  Du sens botanique viennent les préfixés BISANNUEL, ELLE adj. (1694), d'où BISANNUALITÉ n. f. (1829), et TRISANNUEL, ELLE adj. (1771), ces deux adjectifs s'employant aussi au sens général de « tous les deux (trois) ans » (1872, pour tri-).
ANNUITÉ n. f. est emprunté au bas latin annuitas, dérivé attesté en Angleterre du latin classique annuus « annuel ». D'où en anglo-normand (ancien français d'Angleterre) annuité (1386) « rente à payer annuellement ». ◆  Le français moderne, mot juridique (1607), est emprunté soit au latin médiéval, soit à l'anglais annuity qui en procède. Il a été repris (1722) pour « somme à payer annuellement par un débiteur » puis (1866) « prime annuelle d'assurance ».
ANNUAIRE n. m. est dérivé d'une forme latine tardive, contamination du latin annarius par annuus (ou par annuitas, ci-dessus).
■  Attesté une fois au XVIe s. (1555) comme adjectif, le mot est recréé comme nom pendant la Révolution. La première publication annuelle portant ce nom concerne la météorologie (1791), puis il s'agit de recueils de nature administrative, commerciale, économique (1797).
❏ voir ANNALES, ANNIVERSAIRE, ANNONE, ANTAN, BIENNAL, DÉCENNAL, PÉRENNE, QUINQUENNAL, SEPT (SEPTENNAL), TRIENNAL.
ANA n. m. pl. est dérivé (1716) de la terminaison -ana, ajoutée après le nom (masculin) d'un auteur (1669, scaligeriana, de Scaliger), d'après le pluriel de -anum, suffixe formant un adjectif latin sur un nom propre (virgilianum, etc.).
❏  Le mot désigne un recueil de pensées extraites d'un auteur ou qui lui sont attribuées. On a dit aussi livre en ana (1721). Il a pu être senti comme en rapport avec analecta (→ analectes).
ANA-, élément emprunté au grec, correspond à trois sémantismes : « de bas en haut », « en arrière » ou « en sens inverse » et « de nouveau ». C'est un mot d'origine indoeuropéenne apparenté au gotique ana « contre », au vieux perse anā « le long de », etc. ◆  Voir les mots ci-dessous, classés dans l'ordre historique de leur apparition, et quelques composés plus usuels comme analyse.
ANACHORÈTE n. m. est la réfection d'après le grec (mil. XVIe s.) de anacorit, anachorit (v. 1190), emprunt au latin chrétien anachorita, pris au grec anakhorêtês « qui vit dans la retraite » avec prononciation byzantine. Le mot appartient au groupe de anakhôrein « aller en arrière », de ana- (voir ana- ci-dessus) et khôrein « quitter les lieux, aller ». Ce verbe est dérivé de khôra « espace », mot d'origine très incertaine. ◆  Le mot désigne un religieux solitaire, un ermite, vivant dans les privations.
■  Il a pour dérivés ANACHORÉTISME n. m. (1840) et ANACHORÉTIQUE adj. (1845), mots didactiques.
❏  ANAGOGIQUE adj. est emprunté (1377) au latin ecclésiastique anagogicus, du grec anagôgê « action de faire remonter », dérivé de anagein « conduire en haut », de ana- et agein « mener » (→ agonie). ◆  C'est un synonyme didactique de mystique, d'abord en opposition à (sens) littéral.
■  ANAGOGIE n. f. est emprunté (1560) au latin ecclésiastique anagoge, pris au grec anagôgê « élévation », pour désigner l'interprétation anagogique et aussi (1771) l'élévation mystique de l'âme.
ANAGLYPHE n. m. est un emprunt (1495, anaglife) au latin anaglyphus, grec anagluphos, de gluphein « ciseler » (→ hiéroglyphe). ◆  Le mot désigne un ouvrage sculpté et ciselé, puis (1894) un procédé d'impression pour les photographies stéréoscopiques.
■  Il a pour dérivé ANAGLYPHIQUE adj. (1838) qui se dit aussi du procédé photographique donnant l'impression du relief (1936).
ANASTOMOSE n. f. est emprunté (mil. XVIe s., Paré) au latin anastomosis, grec anastomôsis « action de déboucher », de ana- et stoma « bouche » (→ estomac, stoma-). ◆  Le mot s'applique à l'abouchement naturel d'un vaisseau de l'organisme à un autre puis à l'ouverture d'une veine (XVIe s., puis 1665) et à un abouchement chirurgical (1866).
■  Il a pour dérivés ANASTOMOSER v. tr. (1712, pron.) et ANASTOMOSÉ, ÉE adj. (1845).
■  ANASTOMOTIQUE adj. est emprunté (1694) au dérivé latin anastomoticus, emprunt au grec tardif anastomôstikos pour désigner un remède dilatateur des vaisseaux, sens disparu, puis comme adjectif (1803, Cuvier), pour qualifier ce qui est relatif à une anastomose.
ANAGRAMMATISME n. m. est un emprunt (1549) au grec tardif anagrammatismos pour « transposition des lettres d'un mot formant un autre mot », d'où ANAGRAMMATISER v. tr. (fin XVIe s., repris XXe s.) et ANAGRAMMATISATION n. f. (1976, Guiraud). ◆  Anagrammatisme, comme ANAGRAMMATISTE n. (1584), est à peu près sorti d'usage, éliminé par une recomposition française.
■  ANAGRAMME n. f. a été formé (1571) soit de ana- et gramme*, soit d'après diagramme, plutôt qu'emprunté au grec de la Renaissance anagramma (1547) qui a un autre sens ; il a la même valeur que anagrammatisme. ◆  Il a pour dérivé ANAGRAMMATIQUE adj. (1823).
ANALEPTIQUE adj., emprunt (1555) au bas latin analepticus, grec analêptikos, qualifie et désigne (1808) un remède qui rétablit les forces.
ANAPHORE n. f. est emprunté (1557) au latin anaphora, grec anaphora, terme de rhétorique, d'astronomie et de liturgie, composé de ana- « en haut » et -phora, de pherein « porter » (→ phosphore). ◆  Le mot a désigné l'ascension des planètes (1611), d'où en astrologie une « maison » du ciel (1885). ◆  Il a été réemprunté en grammaire (XXe s.) pour désigner la reprise du signifié d'un mot par le moyen d'un autre signe (pronom, etc.).
■  Le dérivé ANAPHORIQUE adj. et n. s'est dit (1829) d'une période (en rhétorique), puis d'un élément de la langue servant à l'anaphore (1928 ; autre sens, 1877). ◆  Le mot s'était appliqué à une horloge à eau (1829 ; déjà au XVIe s., altéré en anaporique, 1547), d'après le latin horologium anaphoricum.
ANAPESTE n. m. est emprunté (1671) au latin anapestus, grec anapaistos « frappé à rebours », de ana- et -paistos, de paiein « frapper », verbe que l'on a rapproché, sans certitude, du latin pavire (→ pavement). ◆  Ce terme de rhétorique antique désigne un pied composé de deux brèves et d'une longue. Il s'emploie rarement en musique (1925).
■  Le dérivé ANAPESTIQUE adj., en rhétorique (1558) et en musique (1847), est rare.
ANALECTES n. m. pl. est emprunté (1708) au latin moderne analecta, qui semble créé par Mabillon (1675) par emprunt au grec analekta « choses recueillies », de ana- et de l'adjectif verbal de legein « recueillir, choisir » et « dire » (→ logique). Le mot, didactique et vieux, désigne des morceaux choisis, en concurrence avec la forme latine analecta (reprise fin XIXe s.). En principe, le mot est sans rapport avec ana, mais la confusion est possible.
ANACLASTIQUE adj. est dérivé (1740) du grec anaklasis « réfraction (de la lumière) » (de ana- et klan « briser », mot rapproché de la racine du latin calamitas ; → calamité) et qualifie la courbe de réfraction, le point où un rayon se réfracte (1751).
■  ANACLASE n. f., emprunt au grec, s'est employé en médecine (1826, « torsion d'une articulation »), en optique (1866) et en rhétorique.
ANAMORPHOSE n. f. est dérivé (1751, Encyclopédie) du verbe grec anamorphoun, « transformer », de ana- et morphê (→ -morphe) ou emprunté au grec anamorphôsis. ◆  Le mot désigne une projection où les figures, passant d'une surface à une autre, sont déformées, d'où un dessin ainsi déformé. Le procédé est fréquent en peinture, dès la Renaissance (on cite souvent la célèbre toile de Holbein, Les Ambassadeurs) ; repris en optique, le mot est plus fréquent depuis que le procédé sert aux projections cinématographiques sur grand écran. ◆  Anamorphose est parfois employé au figuré (« déformation ») et en sciences (botanique, 1845, médecine, entomologie).
■  Le grec anamorphoun a aussi pour dérivé savant ANAMORPHIQUE adj. (1834).
ANABASE n. f. est un emprunt savant (1803) au grec anabasis « action de monter », et spécialement « plante grimpante » (→ base). Ce sens de « plante grimpante » est passé par le latin anabasis. Le mot, emprunté à Galien, s'est dit aussi (1836) pour « accroissement des symptômes d'une maladie ».
■  D'après le titre d'un ouvrage de Xénophon, le mot désigne aussi (1938, Nizan, in T. L. F.) une grande expédition militaire, sens repris comme titre et nom propre par Saint-John Perse.
ANABAS n. m., chez Cuvier en latin scientifique, tiré du grec anabas « qui monte », participe du verbe anabainein « monter », désigne (1817) un poisson capable de s'accrocher à des troncs d'arbres par ses nageoires épineuses.
D'autres composés ont été formés en français, tel ANABOLISME n. m., formé (1898) en même temps que catabolisme, d'après métabolisme*, pour « première phase du métabolisme, assimilatrice et correspondant à un accroissement ». ◆  De là ANABOLIQUE adj. (1907), ANABOLITE n. m. (1922), ANABOLISER v. tr. (1955), d'où ANABOLISANT adj. et n. m. « (substance) qui stimule l'anabolisme » (1969), mot répandu à cause de son usage pour le « dopage » des sportifs.
■  ANAPHYLAXIE n. f. est formé (1902, Richet) de ana-, d'après prophylaxie*, pour désigner l'hypersensibilité à une substance ; le mot a été remplacé par allergie. ◆  ANAPHYLACTIQUE adj. (1902) lui correspond.
❏ voir ANACHRONISME, ANALOGIE, ANALYSE, ANATOMIE, ANÉVRISME, BAPTÊME (ANABAPTISME).
ANACHRONISME n. m. est formé en français (1625) à partir des éléments grecs ana « en arrière » (→ ana-) et khronos « temps » (→ chrono-).
❏  Le mot désigne donc les confusions entre un fait et une époque plus ancienne ; mais l'erreur inverse et d'autres confusions de temps étant nommées par des mots rares (méta-, parachronisme), anachronisme s'applique à toute confusion chronologique et à tout décalage dans le temps.
❏  Le dérivé ANACHRONIQUE adj. (attesté 1866 mais antérieur, Cf. anachroniquement) a les valeurs correspondantes. Plus usuel que le substantif, il signifie surtout « qui correspond à un écart, à une erreur de temps, d'époque », et par extension (XXe s.) « périmé, vieillot ». ◆  Il a lui-même pour dérivé ANACHRONIQUEMENT adv. (1852).
ANACOLUTHE n. f. est un emprunt rhétorique (1751) au grec anakoluthos « sans suite, inconséquent », et terme de rhétorique, formé de an- privatif (→ 2 a-) et de akolouthein « accompagner » (→ acolyte), de keleuthos « chemin ».
❏  Ce terme de rhétorique s'applique à un mot qui n'est pas accompagné (par un mot corrélatif habituel). Il désigne une sorte d'ellipse, puis (1866) une phrase rompue où une construction amorcée est abandonnée et remplacée par une autre.
ANACONDA n. m., aussi anacondo (1845), variante disparue, est le nom donné par Daudin (av. 1836) à un boa d'Amérique ; le nom s'appliquait (anacondaia, 1693 Ray), aussi en anglais, à un python. Le mot, attribué au cinghalais, a pu être transmis par les Hollandais (Ray se réfère à une liste du musée de Leyde). Il vient peut-être du tamoul où ānaik'k'ouḍa signifierait « qui a tué un éléphant ».
❏  Le mot désigne un grand serpent (boa) d'Amérique du Sud, nommé scientifiquement eunecte, capable d'étouffer un gros mammifère.