L ARBOUSE n. f. (1557), d'abord arbouce (1562), aussi arbousse (1614), est issu, comme l'ancien provençal arbous (1550), du latin arbuteus, variante de arbutus, de même sens (on disait aussi unedo), d'étymologie inconnue.
❏  Le mot désigne le fruit rouge, aigrelet, d'un arbre de la famille des Éricinés.
❏  Le dérivé ARBOUSIER n. m. (1552), aussi arbouzier, arboussier (1605), arboisier (1660), désigne l'arbre qui porte ces fruits.
L ARBRE n. m. est issu du latin arbor, arboris (primitivement arbos), nom féminin de forme exceptionnelle qui signifie « arbre » et aussi « mât », mot obscur (il n'y a pas un type « arbre » en indoeuropéen). Le féminin en latin s'explique par la féminisation de la « mère (productrice) des fruits », phénomène lié à un concept religieux qui est, lui, à peu près universel. L'accusatif arborem, en latin populaire °arbrem, a donné arbre. Le mot est passé en italien (albero), espagnol (árbol) ; en portugais il est resté féminin, les autres langues ayant adopté le genre masculin du bas latin, par analogie avec les autres mots en -or.
❏  Arbre est courant en français à toutes époques (depuis 1080), avec des valeurs symboliques d'origine mythique (dans arbre de Noël ; arbre de la science du bien et du mal, d'après la Genèse, dès le XIIe s.) et métaphoriques, symbole de force et aussi de lignée, de race, d'où la figure de l'arbre de Jessé et le sens de arbre généalogique. ◆  De nombreux syntagmes servent à désigner des plantes, arbres et arbustes, d'après une caractéristique ou une utilisation : arbre de Judée (XVIe s.), arbre saint (1768), l'azédarach, dont les graines servaient à la fabrication des chapelets, arbre à la glu (1845), le houx, arbre à pain (artocarpe), arbre du voyageur (proche du bananier). ◆  Des objets de forme analogue au tronc d'un arbre ont reçu ce nom : « mât » (XIIIe-fin XVIIIe s.), d'où arbre de mestre « grand mât » (1690), arbre de trinquet « mât de misaine » (1835) ; « moyeu » (XIIe s., d'un moulin, d'un pressoir), sens réemprunté au latin arbor, très vivant en mécanique, par exemple au sens d'« axe (d'un pendule) » (1690) et dans arbre de couche (1866), arbre de manivelle (1873).
■  Arbre désigne en particulier des arborescences, par exemple arbre de corail (1672), arbre des philosophes (1721) « mercure (en alchimie) », des cristallisations : arbre de Mars (1751), arbre de Saturne (1811). ◆  De nombreux syntagmes, en plus de ceux qui sont connus en français d'Europe (ci-dessus), appartiennent à un usage spécifique du français, par exemple arbre à beurre (karité), arbre à éventail (ravenala), arbre véritable (artocarpe), arbre-parapluie, en Afrique ; arbre à caoutchouc (ficus à latex abondant) en Nouvelle-Calédonie (appelé aussi arbre caoutchouc à l'île Maurice) ; arbre de Cythère à Maurice ; arbre à laque, au Vietnam. ◆  Dans le domaine culturel, on parle en français d'Afrique d'arbre à palabres, d'arbre-fétiche (arbre sacré, sous l'ombrage duquel se déroulent des cultes). En Nouvelle-Calédonie, une coutume consiste à accrocher des canettes au bout des branches de certains arbres, appelés arbres à bière.
L'idée de schéma à bifurcations, également présente dans arborescent*, s'est développée abstraitement à partir du XVIIIe s. (arbre encyclopédique, 1755), puis aux XIXe et XXe s. en logique, en linguistique, sous l'influence de l'anglais tree, qui témoigne de la même métaphore.
❏  Les dérivés français ont disparu : arbrier n. m. « fût d'arbalète » (XIVe s.), aussi arbrière n. f. (1338) ; arbret n. m. (1337) et arbrot, arbrel, diminutifs, arbroie n. f. (XIIIe s.) [arbraie] « lieu planté d'arbres », arbreux adj. (1330) et plusieurs verbes (→ arbor-).
ARBRISSEAU n. m. vient, sous les formes arbroisel (XIIe s.) et arbriscel, arbrissel (XVIe s.), du latin populaire °arboriscellum (arbriscellum en latin médiéval), diminutif de arbor. ◆  Le mot, depuis le XIIIe s. sous cette forme, désigne un végétal ligneux plus petit que l'arbre et ramifié depuis la base.
■  Il a pour composé en botanique SOUS-ARBRISSEAU n. m. (1701).
ARBUSTE n. m. est emprunté (1495) au latin arbustum « bosquet », de l'adjectif arbustus « de l'arbre » ; le mot désigne un petit arbrisseau et est devenu courant. ◆  Dans l'usage général, il désigne plutôt un petit arbre, qui peut être plus grand que l'arbrisseau, distinction contraire à la terminologie botanique.
■  Un autre dérivé de arbor, arbuscula, avait donné au XVIe s. ARBUSCULE n. m., archaïque et repris au figuré en zoologie.
■  Le dérivé ARBUSTIF, IVE adj. (1551) se dit de plantes analogues aux arbres ou (vigne arbustive) plantées au pied d'un arbre.
❏ voir ARBORER, ARBORESCENT (et mots en ARBOR-).
L + ARC n. m. est issu (1080) du latin arcum, accusatif de arcus, comme l'italien et l'espagnol arco ; le mot français s'est prononcé ar jusqu'au XVIe s., le c, lorsqu'il est prononcé, servant à lever l'ambiguïté avec art. Arcus désigne en latin l'arme, puis des objets ayant la forme du bois d'un arc tendu : l'arc-en-ciel, l'arche, la voûte. Arcus est un mot de l'aire indoeuropéenne occidentale, à rapprocher du vieil islandais et du vieil anglais (or, orvar, earh), d'où procède l'anglais arrow « flèche ». Les trois principales valeurs du latin, développées en latin médiéval, se sont prolongées en français.
❏  Le mot désigne, dès l'origine, une arme formée d'une tige flexible, courbée au moyen d'une corde et servant à lancer des flèches ; les variantes (are, art, arche, ark) ont disparu au XVIe siècle. En ancien français, on opposait l'arc à manier, a main, de main « à la main » (XIIe s.) à l'arc à tour (1288), ancêtre de l'arbalète. Certains arcs lançaient d'autres projectiles que les flèches : arc à jalets (balles de terre glaise) [1454], à pierres (arc a perre, 1419, en anglo-normand), à balles. Mais le mot, employé seul, évoque la forme primitive et le jet de flèches, par exemple dans la locution avoir deux cordes à son arc (XIIIe s.), plus d'une (déb. XVIIe s.), plusieurs (1611) cordes à son arc. Ce sens a donné naissance à deux dérivés, archer et archère (ci-dessous). ◆  Par métonymie, arc désignait aussi la portée d'un arc (1240). ◆  Après le remplacement de l'arc comme arme de guerre ou de chasse, le mot change de statut ; il s'emploie surtout, depuis le XVIIe s., comme terme d'histoire ou d'ethnologie puis en sports, le tir à l'arc ayant réapparu en tant que sport.
■  Le second sens emprunté au latin (v. 1150) concerne la construction courbe servant de sommet à un édifice et s'appuyant sur deux points solides. Des syntagmes, tel arc doubleau (1399) « arc en saillie, sous une voûte », des composés (ci-dessous arc-boutant) et des acceptions analogiques s'ensuivent. ◆  Arc signifie alors « portique », « arcade », surtout dans les dialectes, « arche (d'un pont) » (XVIe s.) ; mais ces valeurs, en français central, sont souvent remplacées par des dérivés de arc, notamment arche et arcade. ◆  Une spécialisation (en anglo-normand, 1165, puis en France) concerne ce que l'on nomme en français moderne et depuis l'ancien français (XIIe s.) arc de triomphe. Au sens architectural, les différents types d'arcs (et de voûtes) servent à caractériser les styles : arc en plein cintre (roman), arc brisé, en tiers point (gothique), arc en anse de panier (Renaissance), arc outrepassé (arabe), etc.
Au XVIe s., le mot désigne plus largement toute forme en segment de courbe (1562), sens déjà réalisé auparavant en géométrie (v. 1474, Chuquet), d'où arc de cercle, et en astronomie (arc dou zodiac, arc du jour av. 1324). En arc qualifie (1636) cette forme. ◆  Des spécialisations techniques, en imprimerie (1571), en carrosserie (1680), en marine (1740), semblent archaïques. ◆  Des emplois scientifiques, en anatomie (1776, arc du colon, etc.), en électricité (1814, arc excitateur, puis arc voltaïque ; arc électrique, 1890), sont toujours en usage. La dernière acception désigne l'étincelle entre deux électrodes, dont la forme est d'ailleurs légèrement arquée, puis à peu près rectiligne ; de là lampe à arc, soudure à l'arc.
Enfin, au troisième sens du latin (arc, XIIe-XIVe s.), l'usage a préféré les formes issues du latin coelestis arcus (Cf. ci-dessous arc-en-ciel).
❏  Le composé le plus ancien, calque du latin coelestis arcus, est ARC-EN-CIEL n. m., d'abord écrit arc en ciel (1270), précédé par arc del (dou) ciel (mil. XIIe s.), la variante arc au ciel (1485) ayant disparu. Écrit arc-en-ciel (1636), le mot désigne le météore aussi appelé écharpe d'Iris, s'appliquant par extension aux couleurs du spectre. ◆  La forme arquée devenant secondaire, le mot s'applique à des poissons irisés (1875), par apposition truite arc-en-ciel, et s'emploie comme adjectif de couleur (1945), par exemple dans maillot arc-en-ciel, du champion du monde de cyclisme.
Formé avec arc au sens architectural, ARC-BOUTANT n. m. (1387), du participe présent de bouter « pousser », désigne le système de contre-butée propre au gothique. C'est de ce nom que vient arc-bouter (ci-dessous).
■  Enfin, un ancien composé (XIe s.) ARC VOLT (de volutus, de volvere), désignant une voûte ou une arcade, a donné en ancien et moyen français les formes soudées arvol (XIIe-XIVe s.), arvoil, arvoux, prolongées dans les dialectes, avec de nombreux sens spécialisés. Des formes dérivées sont courantes en ancien français. Les formations sont parallèles à celle de l'italien qui a donné archivolte*.
Le dérivé (diminutif) 1 ARCHET n. m., parfois arhet en ancien français, désigne d'abord (mil. XIIe s.) un petit arc, en construction, puis une niche voûtée (1530), une arcade au-dessus d'une baie (1490). Le mot a disparu dans cet emploi, mais s'est maintenu en technique et sourtout en musique, alors démotivé par rapport à arc.
■  En effet, depuis le milieu du XIIIe s., il se dit de la baguette d'abord courbe, tendue d'une mèche de crin, qui frotte sur les cordes d'un instrument pour en tirer des sons continus. Le mot est aujourd'hui sans rapport perçu avec arc, l'archet étant devenu droit, ce qui oblige à employer archet courbe en histoire de la musique ; il est inséparable du nom des principaux instruments à corde : violon, alto, violoncelle, contrebasse.
■  Le mot a en outre de nombreux sens techniques, en chirurgie (XVIe s., Paré), en imprimerie (1567), etc.
ARCEAU n. m., étant donné sa phonétique et son ancienneté (arcel, 1170), vient plutôt d'un dérivé latin populaire °arcellus que de arc. ◆  En construction, il est synonyme de archet, au sens ancien de « petit arc, niche » ; il sert aussi à désigner un petit arc de triomphe (1548) et se dit de toute tige recourbée (1514), d'un arçon de selle (1549), d'un châssis de berceau (1636). ◆  Le sens le plus vivant, hors des techniques, concerne l'architecture des jardins (arceau d'une tonnelle).
■  Un autre dérivé diminutif est ARCHELET n. m. (XVIe s.) « archet, arceau ; petit arc (arme) », conservé en technique (XVIIIe s.).
■  D'autres formes, ARCELET n. m. (av. 1552, « anneau de métal dans la coiffure féminine »), arcelot, désignent divers objets en forme d'arc.
Deux mots se rattachent exclusivement à l'acception de arc « arme pour lancer des flèches ».
■  ARCHER n. m. (archier, XIIe s.) vient probablement d'un dérivé latin populaire de arcus. Le mot, avec des variantes en ancien français (arkier, arcier), désigne un soldat ou un chasseur armé de l'arc ; la forme moderne apparaît en anglo-normand (XIIe s.) et l'emporte au XVIe siècle. Comme arc, archer est devenu un terme d'histoire et d'ethnologie, mais il a été repris dans le contexte du tir à l'arc sportif (1905). ◆  Au XVIe s., le mot désignait un officier de justice subalterne (1530, archier), un agent de police (1549), alors démotivé par rapport à arc, ces « archers » portant au XVIIe s. des mousquets et autres armes à feu ; le mot est en concurrence avec sergent. Ce sens disparaît au XVIIIe s., se conservant par plaisanterie (1814, « agent de la sûreté ») et dans les dialectes.
■  FRANC-ARCHER n. m. (1448) se disait d'hommes de guerre exempts d'impôts (Cf. franc bourgeois*), membres d'une milice créée par Charles VII.
■  Archer a pour diminutifs ARCHERET n. m. (1340) et ARCHEROT n. m. (XVIe s.), mot archaïque dès le XVIIe s. et désignant en poésie le « petit archer », Cupidon.
ARCHÈRE n. f. (arciere, puis archiere, XIIIe s.), dont la forme moderne apparaît au XIVe s. et s'établit au XVIe s., désigne une meurtrière pour tirer à l'arc. Disparu, ce sens est repris (1644) en histoire de l'architecture. Le mot signifie par extension « lucarne » (1826), reprenant une valeur attestée en flamand vers 1300. ◆  Au sens de arc et arche en construction, archère s'est appliqué aussi à une petite arcade (1324) et à diverses arches, acception sortie d'usage.
D'autres mots rattachés à arc (arme) ont disparu, notamment les verbes archier (une fois au XIIe s.), archoier, archeier (XIIe-XVe s.) « tirer, chasser à l'arc » ; archiee n. f. « portée d'un arc » (v. 1165).
■  ARCHERIE n. f., « fabrication des arcs » (XIVe s.) et « technique de l'arc » (XVe s., L'Art d'archerie), a été repris au XIXe (1866) et au XXe s. pour « matériel de tir à l'arc ».
ARQUER v. tr., qui est plutôt dérivé de arc, arche qu'issu du latin arquare, a succédé (1611) à archer (XIIIe s.) « courber en arc », aussi comme intransitif (1678) et, celui-ci s'employant peu, comme pronominal. ◆  Il a pris des valeurs techniques, en architecture, en construction navale (s'arquer, 1680), et familières (« se courber », 1867). ◆  La valeur populaire, pour « marcher » (1854), semble ancienne dans les dialectes ; les enjambées y sont comparées à des courbes, d'où les acceptions « sauter », « faire des enjambées » (aussi en parlant d'un cheval). Les emplois modernes, en ce sens, sont négatifs : ne plus pouvoir arquer (1921), d'où « être épuisé ».
■  ARQUÉ, ÉE adj., « courbé en arc » (XVIe s., Paré), succède lui aussi à archié (fin XIVe s.), arché. Il a des emplois spécialisés, en marine (1678), en hippiatrie (1680), etc., mais s'emploie surtout dans l'usage général avec jambes arquées.
■  ARCURE n. f. (1304) succède à archeure (1290) au sens de « courbure, état de ce qui est en arc ». Le mot a été repris en viticulture (1817) pour « action de courber les sarments », en horticulture et plus tard en technique (1872) pour désigner une courbure provenant d'un défaut de fabrication, pour un canon.
ARCADE n. f., mot de la Renaissance (1555), succède au latin médiéval arcata (1291 en Avignon), à l'occitan et au provençal arcada (XIVe s.), arcado, désignant surtout l'arche d'un pont. Wartburg le fait venir de l'occitan plutôt que de l'italien arcata, qui signifie « portée de l'arc » et n'est attesté en architecture qu'au début du XVIIIe siècle.
■  Le mot désigne une ouverture en arc dans un mur, ainsi que l'arche d'un pont (1600). Au XVIIIe s., il prend des valeurs spéciales en technique (1845, pour le métier Jacquard), en anatomie (1762), comme arc. Fausse arcade (1755) désigne un renforcement cintré sans baie ouverte. ◆  En architecture, la spécialisation par rapport à arc et à arche donne au mot l'acception « ensemble formé par l'arc et ses supports ». Surtout employé au pluriel, par exemple dans galerie à arcades, d'où les arcades, il en vient à désigner collectivement une galerie formée d'arcades, souvent aujourd'hui une galerie commerciale, sens emprunté à l'anglais, notamment à propos d'une galerie de jeux électroniques (emploi fréquent au Québec). ◆  Par métonymie des arcades d'une rue, le mot s'emploie en français de Suisse (d'abord à Genève) pour « local commercial de taille réduite ».
ARCATURE n. f. est soit dérivé (1845) de l'italien arcata, soit de arc, d'après le sens d'arcade. Le mot désigne une série d'arcades.
■  Il a pour composé CONTRE-ARCATURE n. f. (1869).
2 ARCHE n. f., au sens de « voûte », est issu (XIIe s.) du latin populaire °arca, nom féminin, tiré de arcus.
■  Le mot constitue une variante pour l'un des sens de arc, par exemple dans arche triomphale (1475), mais c'est la valeur la plus ancienne, « partie cintrée d'un pont », qui l'a emporté, un moment concurrencée par ARCHIE n. f. (1390), dérivé éliminé par arcade (ci-dessus).
ARC-BOUTER v. tr. est dérivé (1604) de arc-boutant et non pas formé sur l'ancien verbe bouter ; il s'emploie en architecture pour « soutenir par un effet de contre-butée (arc-boutant, etc.) ». Un emploi général du pronominal s'arc-bouter s'est développé dans la première moitié du XIXe s., le sujet désignant une personne, une partie du corps. ◆  Le participe passé ARC-BOUTÉ, ÉE est adjectivé.
❏ voir ARBALÈTE, ARCHIVOLTE, ARÇON, NARQUOIS.
ARCANDIER n. m. est une variante régionale de aricandier ou haricandier, modification du verbe germanique haricoter (→ 1 haricot) « mal travailler ou travailler de-ci de-là », qui a donné un mot régional (centre de la France) pour « tâcheron, ouvrier agricole ». Devenu très péjoratif sous la forme arcandier, le mot, des Pays de Loire à la Bourgogne et au Lyonnais, est devenu injurieux pour « feignant, bon à rien » ou même « fripouille » (1928 en argot lyonnais).
ARCANE n. m. est un emprunt didactique au latin arcanum « mystère », de l'adjectif arcanus « secret, caché », passé dans la langue religieuse au sens d'« ésotérique », et pourtant simple dérivé du mot concret arca « coffre » (→ arche).
❏  L'adjectif archane « secret » (1504) n'a pas vécu après le XVIIe siècle ; en revanche, arcane, substantif masculin, « préparation alchimique réservée aux adeptes » (1613), déjà au XVIe s. « secret », et sous la forme arquenne chez Marco Polo, a connu un regain d'intérêt au début du XIXe s., où l'on parle des arcanes de la nature (1833, Balzac), de la science. ◆  Mais le mot, dont le genre est hésitant — on le rencontre au féminin —, demeure littéraire, s'il n'est pas terme historique d'alchimie (arcane double « sulfate de potassium », 1751).
ARCANSON n. m. (1636), comme la variante romande arguenson (1567), est une altération phonétique du nom de Arcachon, sous la variante ancienne Arcasson.
❏  Le mot, corrigé au XVIIIe s. en arcachon (1759), lequel n'a pas réussi à s'imposer, désigne la résine obtenue par distillation de la térébenthine et qui sert à fabriquer la colophane.
ARCHAÏSME n. m. est directement emprunté au grec arkhaismos, dérivé de arkhaios « ancien », à l'époque classique (1659, Chapelain). Arkhaios vient d'un thème arkh-, arkhe (→ archi-), qui correspond d'abord à « marcher le premier » (d'où arkhos « chef »). On retrouve des composés grecs et français de arkhaios sous la forme archéo-*, préfixe.
❏  En français, archaïsme concerne d'abord un fait de langue ancien et sorti de l'usage (un, des archaïsmes), puis (v. 1780) un style affecté et rempli d'archaïsmes. ◆  Au XIXe s., le mot s'applique aussi à l'imitation des Anciens, en art, et, au XXe s., au caractère conservateur d'une langue.
❏  L'adjectif dérivé ARCHAÏQUE signifie d'abord « antique » (Dictionnaire archaïque, 1776) et se spécialise, d'après archaïsme, à propos du langage (1838). ◆  En histoire de l'art, archaïque s'applique (XIXe s.) aux époques antérieures à l'épanouissement d'un style alors dit « classique », d'abord à propos de l'art grec. ◆  Passé dans un usage assez courant au sens de « désuet, vieillot », le mot a pris des valeurs spéciales en psychologie et en général dans les sciences naturelles et humaines, pour « qui appartient à un stade très ancien d'un processus ».
■  ARCHAÏSANT, ANTE adj. (1906 dans les dictionnaires) qualifie ce qui tend à l'archaïsme, emploie des archaïsmes, en littérature et en art.
■  ARCHAÏSER v. tr. « utiliser des archaïsmes » (Verlaine, 1891) est peu usité.
❏ voir ARCHIVES.
L ARCHAL n. m. est issu (XIIe s.) du latin aurichalcum, altération d'après aurum (→ or) de orichalcum, emprunt au grec oreikhalkos « laiton », sens qu'il a conservé en français. Le mot grec vient de oros « montagne » et de khalkos « cuivre » et « bronze » ; le « bronze de la montagne » correspondant à « cuivre rouge ». Khalkos est d'origine obscure, peut-être d'une racine signifiant « rouge », ou bien emprunt ancien à une langue proche-orientale, peut-être le sumérien ou le phénicien.
❏  Le mot, qui signifie « laiton », a d'abord eu la forme orchal (1170) et reste en usage dans fil d'archal (XIVe s.).
ARCHANGE → ANGE
L 1 ARCHE n. f. est sans rapport avec le mot homonyme, 2 arche*, de la famille de arcus (→ arc), et vient du latin d'Église arca, désignant le vaisseau où Noé, dans la Bible, se réfugie pendant le déluge, et traduisant le grec kibôtos. Arca signifiait « coffre » en latin classique et avait pris plusieurs sens : « caisse », « cachot », « cercueil », etc. ; il vient probablement du verbe arcere « contenir, maintenir », apparenté au grec (arkein « écarter, résister »), à l'arménien, et donc propre à une partie du domaine indoeuropéen.
❏  En français, arche concerne d'abord (1131) le bateau de Noé (on a dit plus tard arche de Noé pour lever les ambiguïtés), puis (1170) le coffre contenant les Tables de la Loi, d'où arche sainte (XVIIe s. pour « arche de Noé » ; 1798 au figuré), arche du Seigneur (1798). ◆  Comme en latin, il a pris des sens techniques, ces acceptions religieuses étant concurrencées dès le XIIe s. par des usages profanes, « coffre, huche à pain » (jusqu'au XVIe s.) et aussi « bahut », et par métonymie « pétrin » (1570), « coffrage des pompes » en marine (1584), « four du verrier » (1723) et en archéologie arche sépulcrale « cercueil », réemprunt au latin attesté au XIXe s. (1845).
■  L'expression arche de Noé, remplaçant arche pour « bateau construit par Noé pour échapper au déluge, et empli par lui de spécimens d'animaux de toutes sortes », a désigné par analogie un coquillage (1736) et au figuré une maison remplie de gens hétéroclites (1640), arche se disant en argot ancien pour « galère » (1560) et au figuré pour « lieu de refuge » (1690). Le mot s'est appliqué par plaisanterie à l'Académie française (1640). Ces acceptions ont disparu.
❏  La plupart des dérivés sont sortis d'usage, tels 2 ARCHET n. m. « coffre » (1512), éliminé par l'homonyme, de arc, ARCHELETTE n. f. (1611) « petit coffre ».
Le terme de marine ARCASSE n. f. (1491 ; mais le dérivé arcasser est attesté au XIVe s.), emprunt au provençal °arcassa, de arco, qui correspond à arche « charpente de poupe », est encore connu.
■  Le composé ARCHEBANC n. m. (XVe-XVIIIe s., en Suisse), représenté en provençal et dans plusieurs dialectes, désignait un long coffre servant aussi de banc.
❏ voir ARCANE.
2 ARCHE → ARC
ARCHÉE n. f. est emprunté (1578) au latin des alchimistes archeus, tiré du grec arkhê « commencement » et « commandement, pouvoir, souveraineté », employé par les philosophes pour désigner les principes, les éléments premiers, et dérivé du verbe arkhein « commencer » et « commander » (→ -archie).
❏  Comme son étymon, le mot, très didactique, désigne un principe immatériel de vie.
❏  Les dérivés, ARCHÉAL, ALE, AUX adj. (1721), ARCHÉISME n. m. « théorie de l'archée » (1823), sont inusités.
ARCHÉO-, premier élément de mots savants, est tiré du grec arkhaio-, de arkhaios « ancien » (→ archaïsme, archi-).
❏  ARCHÉOLOGIE n. f. est emprunté à la fin du XVIe s. (1599) au composé grec arkhaiologia (→ -logie) et désigne les études antiques. ◆  C'est à la fin du XVIIIe s. que le sens du mot se précise et qu'il correspond à l'étude systématique des civilisations disparues, peu après le développement de l'histoire de l'art antique, notamment en Allemagne (Winckelmann) et alors que Volney vient d'écrire Les Ruines. ◆  Archéologie a pris avec Michel Foucault une valeur métaphorique très riche, applicable à l'histoire des idées, « reconstitution des structures de connaissances et de sensibilité du passé » (Les Mots et les Choses, 1966 ; L'Archéologie du savoir, 1969).
■  Le dérivé ARCHÉOLOGIQUE adj., attesté en 1595, prend le sens du substantif à l'extrême fin du XVIIIe siècle.
■  ARCHÉOLOGUE n. apparaît un peu plus tard (1812) : on disait notamment antiquaire*, qui a ensuite changé de sens.
ARCHÉOPTÉRYX n. m., nom d'un fossile, a été forgé en allemand (1861) du grec arkhaios et de pterux « aile » : le mot désigne le premier oiseau connu (encore semi-reptilien).
❏ voir ARCHÉTYPE, ARCHI-, ARCHIVES.
ARCHER, ARCHÈRE, ARCHET → ARC
ARCHÉTYPE n. m. est la réfection (1548, Rabelais) de architipe (1230), emprunt au latin archetypum, lui-même emprunté au grec arkhetupon « type primitif » et « modèle », composé de arkhê (→ archéo-) et de tupon (→ type). La forme moderne a pu être réempruntée directement au grec au XVIe s.
❏  Le mot désigne, comme en grec et en latin, un type primitif et idéal et, en concurrence avec prototype, un original qui sert de modèle. Par extension, il se dit d'un modèle approchant la perfection. L'emploi comme adjectif est ancien (1268) et d'abord philosophique, relatif à l'idée platonicienne ; cet emploi est demeuré très didactique. ◆  Le nom s'est spécialisé en biologie (« espèce primordiale dans l'évolution »), en art (1866, « plâtre moulé sur un bas-relief »), en philologie (« texte primitif »). ◆  La valeur psychologique, empruntée à l'allemand (Jung), s'applique (v. 1930) à un symbole primitif et universel de l'inconscient collectif.
❏  ARCHÉTYPIQUE adj. (1946, Mounier) et ARCHÉTYPAL, ALE, AUX adj. correspondent au sens initial et psychologique du nom. Ces adjectifs sont très didactiques.
ARCHEVÊQUE → ÉVÊQUE
ARCHI- et -ARCHIE, -ARQUE sont des éléments tirés du grec arkhein « prendre l'initiative, commencer », puis très vite (dès Homère) « commander », lequel a donné un préfixe arkhi- et des terminaisons -arkhia, -arkhos (en grec). L'idée de chef dérive de celle d'ancien, la racine grecque (sans correspondant dans d'autres langues) ayant développé par ailleurs le sémantisme du grand âge (→ archaïsme, archéo-). Outre des noms tirés du grec (souvent par le latin), comme archidiacre, archevêque, archimandrite, archiprêtre, concernant tous la hiérarchie ecclésiastique, ou bien formés en français (archichancelier, archiduc...), archi-, surtout combiné avec des adjectifs, est très productif en français familier : archinul, archifou (1881), archimillionnaire (1857), etc. ◆  Voir, pour les principaux composés, le second élément, lorsqu'il existe à l'état libre (diacre, évêque, prêtre, duc...).
❏  ARCHIMANDRITE n. m. correspond au grec arkhimandrites, de mandra « cloître », d'abord « enclos » ; il désigne (1560 Pasquier) le supérieur d'un monastère orthodoxe.
ARCHIATRE n. m. est emprunté (1611), par le latin archiaster, au grec arkhiatros pour désigner « un médecin en chef ».
■  Le dérivé ARCHIATRIE n. f. (XVIIIe s., Voltaire) nomme la fonction.
❏ voir ANARCHIE, ARCHÉE, ARCHIPEL, ARCHITECTE, ARCHITRAVE, ARCHIVES, ARCHONTE, HIÉRARCHIE, MONARQUE, OLIGARCHIE, POLÉMARQUE.
ARCHIPEL n. m. est la reprise du moyen français archipellegue (déb. XVIe s.) « mer parsemée d'îles », déjà nom propre au début du XIVe siècle : l'Archepelague, la mer Égée. C'est un emprunt à l'italien arcipelago (1268), probablement du grec Aigaion (Égée) pelagos « mer » (→ pélagien), d'après les mots en arci- (de arkhi- ; → archi-), avec l'idée de « mer principale ».
❏  Le mot français est passé, comme l'italien, de l'idée de « mer parsemée d'îles » à celle de « groupe d'îles ». ◆  Il a eu par métaphore la valeur d'« ensemble de lieux, de choses », et ceci en plusieurs langues témoins ; Cf. L'Archipel du Goulag, de Soljenitsyne. ◆  Il symbolise parfois les îles lointaines et l'exotisme.
ARCHITECTE n. est emprunté (1510) au latin architectus, hellénisme. Le grec arkhitektôn vient de arkhi- (→ archi-) et de tektôn « charpentier, constructeur de bateau » (d'où en français tectonique*), qui possède un correspondant exact dans le sanskrit tákṣan de même sens ; ces mots se rattachent à une racine indoeuropéenne signifiant « travailler avec la hache, construire une charpente ». D'autres formes, architecton (Oresme), d'une variante latine qui reproduit le grec, ou architecteur (XIVe-XVe s.), par emprunt à l'italien architettore, ont existé en moyen français.
❏  D'abord surtout constructeur et maître maçon, l'architecte devient au XVIIe s. un spécialiste, un professionnel, conçu à partir du XIXe s. aussi comme un artiste, capable de concevoir un édifice, d'en tracer le plan, d'en diriger l'exécution. ◆  Dès le XVIe s., la valorisation du terme et du concept est forte, les métaphores renvoyant à « maître d'œuvre » (1546) et même à Dieu, appelé architecte du monde, grand architecte (1572), divin architecte (Bossuet), suprême architecte (XIXe s.).
❏  ARCHITECTURE n. f., emprunté (1504) au dérivé latin architectura, suit la même évolution, de la technique à l'art, comme le mot art* lui-même. Au XVIIe s., on distingue architecture civile et architecture militaire (1676). Par extension, on parle d'architecture navale (1738), hydraulique (1751). ◆  Par métonymie, une architecture est un édifice ou sa disposition (1596). ◆  Par métaphore, le mot désigne le principe d'organisation, la structure d'un ensemble complexe (mil. XVIe s., Du Bellay), sens répandu au XVIIe s. (à propos du corps humain, Bossuet) ; cet emploi prépare la notion de structure.
■  Les dérivés ARCHITECTURAL, ALE, AUX adj. (1803), d'où ARCHITECTURALEMENT adv. (1845) et ARCHITECTURER v. tr. (1818), métaphorique sauf au participe passé adjectivé, manifestent l'autonomie de la notion.
ARCHITECTONIQUE apparaît presque simultanément en moyen français comme adjectif (1370) et comme nom féminin (1373). Il est emprunté au latin architectonicus, pris au grec arkhitekhtonikê « art de l'architecte », de arkhitektôn (ci-dessus). ◆  Le mot est d'abord attesté en emploi général (« relatif à la structure ») et en architecture, notamment comme nom, « l'architecture en tant que technique de construction ». Ce nom a pris en français moderne des valeurs figurées spéciales, en philosophie (déb. XIXe s., d'après l'allemand de Kant) « structuration ou structure voulue (d'une œuvre) », « structure (d'un organisme, d'un tissu) » en biologie, etc.
■  ARCHITECTONIQUEMENT adv. (1832) et ARCHITECTONIE n. f. (1943, chez Giono), emprunt au grec arkhitektonia pour « organisation architecturale » ou « structure », sont plus didactiques encore que architectonique.
ARCHITRAVE n. f. est un emprunt (1531) à l'italien architrave, de archi- (même élément que le français archi-*) et trave « poutre », du latin trabs, trabis ; il signifie donc « poutre principale » (→ travée).
❏  Le sens du mot italien était passé à « partie inférieure d'un entablement », valeur adoptée par le français. Une première forme arquitrave (1528, comme adj.) est empruntée par voie orale, avec la prononciation italienne.