ARYEN, YENNE adj. et n. L'adjectif et nom Arien (1562 et jusqu'au XVIIIe s.) est un emprunt au latin Arianus, Ariani « habitant(s) de l'Ariana », « région de Perse », terme ethnique de l'Antiquité. La base est le sanskrit āryas « noble, distingué ».
❏
Le mot est repris (1838) dans un sens plus général, portant la trace du latin
Arianus, avant d'être modifié en
aryen (apr. 1850) d'après le sanskrit
ārya-, par lequel se désignaient les anciens Indo-Iraniens.
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Le mot
arien, aryen s'est employé en linguistique sous l'influence de l'allemand
arisch, de même origine ; il renvoie à une filiation supposée du sanskrit. Dans ce sens, l'adjectif est concurrencé par
indo*-européen (1836), qui l'élimine vers 1870,
indo-germanique (1810) ayant échoué en France.
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Arien (1859, Pictet), puis aryen, la graphie en i risquant de faire confusion avec arien (de l'hérésie d'Arius), s'est appliqué aussi aux populations, avec un contenu informé par les théories raciales, notamment allemandes, à partir du début du XXe s. (1907, in T. L. F.). Il s'oppose dans ce contexte à sémite, juif et s'applique aux populations du nord de l'Europe, comme ses dérivés. Le mot est sorti de la terminologie scientifique française (on emploie indoeuropéen et spécifiquement indo-iranien) en passant de l'histoire à la propagande raciste plus ou moins influencée par le nazisme, qui s'appuyait sur une interprétation mythique de l'histoire valorisant les ethnies germaniques.
❏
Le dérivé ARYANISÉ, ÉE n. (1921) et son antonyme préfixé NON-ARYEN, YENNE (1934) ont des connotations nettement racistes.
ARYTÉNOÏDE adj. et n. m. est un emprunt médical (1541) au grec arutainoeidês « en forme d'aiguière », de arutaina « aiguière ; récipient pour puiser l'eau », dérivé de aruein « puiser » (encore en grec moderne), verbe d'origine incertaine, et de -eidês, dérivé de eidos « forme » (→ idée). Le mot est employé par Galien pour désigner l'ensemble des deux cartilages, qu'il croyait unique ; ce n'est qu'à la fin du XVe s. que l'on découvrit le caractère double de cet ensemble.
❏
Le mot, employé dans cartilage aryténoïde puis comme nom (1585, Paré), désigne deux cartilages du larynx.
❏
Il a pour dérivé ARYTÉNOÏDIEN adj. et n. m. (1618, écrit aritén-) « (muscle) inséré dans les aryténoïdes et qui ferme le larynx ».
AS n. m. est emprunté au latin as, assis « unité (monnaie, poids, mesure) », puis « unité numérique » (Vitruve), qui est peut-être un emprunt à la langue étrusque, désignant une unité-étalon monétaire, dans un système duodécimal. Matériellement, l'as romain fut d'abord une pièce rectangulaire, puis ronde.
❏
Le mot français apparaît au
XIIe s. (1174) pour désigner la face d'un dé marquée d'un seul point, sens qui n'existe pas en latin attesté. La valeur latine (monnaie) passe aussi en français (1559), mais reste cantonnée au didactisme et au contexte romain antique.
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Le mot se développe au contraire comme terme de jeux, s'appliquant aux cartes (1546, Rabelais), où il désigne dans chaque couleur la carte marquée d'un seul point, et aux dominos (1792). Alors que la valeur de la face de dé marquée d'un point, la plus faible, explique les anciennes locutions
de deux as « sans valeur » (
XVIe s.),
ne valoir un as (
XIIe-
XIVe s.) « ne rien valoir du tout », celle de l'as aux cartes étant devenue pour des raisons inconnues la carte supérieure, le pouvoir métaphorique du mot s'en est trouvé transformé. Cependant, plusieurs locutions figurées l'utilisent, avec l'idée de tour de cartes, d'escamotage :
passer qqn à l'as « ne rien lui donner » (1882), sortie d'usage, puis
passer à l'as « disparaître, être éliminé » (1894), évoquent encore en partie la valeur négative de l'as du jeu de dés, comme dans les anciennes locutions
être à l'as « sans argent » (1878),
bouffer à l'as « jeûner » (1901).
◆
Au contraire, l'as symbolise la carte majeure, et par extension l'argent, dans
être plein aux as (1909), d'abord
être à l'as (1881),
aux as (1916), sortis d'usage.
◆
As de pique (1680) désigne par analogie de forme un croupion de volaille (1866), l'anus (1883).
As de pique « niais », qui est attesté antérieurement (1643), pourrait venir du sens argotique de « cul », qui, dans cette hypothèse, serait longtemps resté oral. Un calembour sur
hast (« manche »)
de pique (Guiraud), satisfaisant quant au sens de
fichu (foutu...) comme l'as de pique « mal habillé, mal bâti » (1861) et pour d'autres comparaisons péjoratives, ne l'est pas autant pour le sens du
XVIIe siècle ; en outre,
hast n'était probablement plus compris après le
XVIe siècle.
◆
As de carreau « sac de soldat » (1858, jusqu'en 1917) s'explique par une simple analogie de forme.
■
L'argot de sports emploie le mot dès 1868 pour désigner le premier aviron d'une yole, et l'argot des courses, avant 1918, pour « cavalier du peloton de tête » (sens disparu), puis pour « cheval portant le numéro un ». Une autre acception est « aviateur remarquable », sens attesté pendant la guerre de 1914-1918 pour « pilote ayant abattu dix avions ennemis » (1915), par allusion, semble-t-il, à un coup gagnant à la manille.
◆
Puis as se dit (1920) de toute personne de grande valeur, avec un sens voisin de champion. Cet emploi, à la mode entre 1920 et 1940, est devenu archaïque.
◆
Enfin as est employé pour un, dans certains décomptes : « table de café, de restaurant portant le numéro un » et « les clients qui l'occupent » (1878).
❏
Le composé AMBESAS n. m. s'applique au trictrac, pour le coup amenant deux as (1690), d'où BESAS n. m. (1694) et BEZET n. m. « deux as au trictrac » (1690) et au figuré « personne qui a de la chance au jeu » (id.). Ces mots, qui figurent encore dans les dictionnaires du XXe s., ont dû vieillir et disparaître au cours du XIXe siècle.
ASBESTE n. m. est emprunté (1546, comme adjectif) au latin asbestos, pris au grec asbestos « incombustible », de a- privatif (→ 2 a-) et sbestos, adjectif verbal de sbennunai « éteindre », mot d'origine indoeuropéenne dont la racine °gwes- est repérable en baltique et en slave, probablement aussi en sanskrit. Asbestos est employé par Pline pour désigner l'amiante.
❏
Le nom (av. 1650) qui désigne l'amiante à l'état naturel, a succédé à l'ancien français abestos (XIIe-XIIIe s.), abeston (v. 1330), formes empruntées au latin médiéval asbeston, lapis abeston (VIIIe s.), de même origine.
❏
Les dérivés sont didactiques : ASBESTOÏDE n. f. « variété d'amphibole » (1811) ; ASBESTOSE n. f. « maladie pulmonaire due à l'inhalation de poussière d'amiante » (Larousse, 1948).
ASCARIDE n. m. est emprunté au latin tardif et médiéval ascarida, pris au grec askaris « ver intestinal », « larve de moustique » (Hippocrate, Aristote). La dérivation du verbe grec askarizein, de skairein « sauter, danser », calquée par l'allemand Springwurm, est aujourd'hui contestée.
❏
Le mot désigne (1365) un ver parasite de l'intestin. La variante ascaris (1759), qui vient de Linné (en latin scientifique), est reprise au grec.
❏
Les dérivés sont didactiques, en taxinomie :
ASCARIDIENS n. m. pl. (1834),
ASCARIDÉS n. m. pl. (1836), et en médecine :
ASCARIDIASE n. f. (1941), francisation de
ascaridiasis (1855),
ASCARIDIOSE n. f. (1922), formé avec le suffixe
-ose, désignant comme le précédent un trouble causé par les ascarides.
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ASCARICIDE n. f. désigne une plante utilisée contre les ascarides (1836).
ASCENDANT, ANTE adj. et n. m. est la seule forme vivante venant du verbe latin ascendere, qui avait produit en ancien français les verbes ascendre (v. 1270) et ascender (XVIe s.), formes éliminées à partir du XVIe s. par monter, sauf par archaïsme ou allusion à ascension (en ballon) [voir ci-dessous]. Ascendere signifie « monter », « faire monter », et correspond à descendere ; ces deux verbes sont composés de ad- (→ à), de-, et de scandere « gravir » (→ scander). Le participe présent ascendans avait acquis plusieurs valeurs spéciales, juridique (ascendentes) et astrologique en latin médiéval.
❏
Comme adjectif, le français
ascendant, ante est justement attesté en astrologie, puis en anatomie (1503,
veyne ascendente) et avec des valeurs abstraites. Au concret, le mot est repris en navigation aérienne (
force ascendante, 1861).
■
Le nom masculin est lui aussi d'abord astrologique (1372), « degré du zodiaque qui monte sur l'horizon au moment de la naissance », puis « destinée qui est censée en résulter » (XIVe s.), et astronomique.
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En dérive l'idée d'influence exercée comme une domination sur qqn (langue classique ; les exemples signalés au XIVe et au début du XVIIe s. sont difficiles à interpréter, et plutôt métaphoriques), ascendant désignant aussi le succès social (1636), sens disparu.
■
Comme terme relatif à la parenté, ascendant est d'abord substantif (les ascendants, déb. XVIIe s.) puis adjectif (ligne ascendante, 1690).
❏
Le dérivé
ASCENDANCE n. f. semble avoir été tiré de
ascendant par J.-J. Rousseau (
in Mercier), au sens d'« influence dominante » ; le mot s'est répandu au cours du
XIXe s., après s'être dit pour « ascension » (1789), à la fois en généalogie (1798), en astronomie et en mathématiques.
◆
En musique (1836), il correspond à
harmonie ascendante (1829).
■
Le verbe ASCENDER intr., qui a succédé à ascendre (voir ci-dessus), s'est maintenu en Suisse romande, où il est spécialisé dans ascender à « s'élever à, atteindre » (une somme, un prix).
❏
Les dérivés du latin
ascendere ont produit des mots plus durables que le verbe
ascendre.
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ASCENSION n. f. est emprunté (fin XIIe s., asention) au latin chrétien ascensio, qui traduit le grec analepsis, pour désigner la montée miraculeuse de Jésus au ciel et la fête liturgique, au jour anniversaire de ce miracle. Le mot est attesté dans ce sens chez Chrétien de Troyes (1172-1175).
◆
Ascension est aussi attesté pour « assomption » (de la Vierge) [une fois au XIIIe s. ; 1552].
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Le mot est repris au latin scientifique en astronomie (acention, v. 1260), dans l'expression ascension droite (1690), et en sciences naturelles pour « mouvement ascendant d'un liquide » (1520).
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Les valeurs plus courantes correspondent aux débuts de l'alpinisme : « action de gravir une montagne » (1787, de Saussure) et à ceux de la locomotion aérienne (1781, à propos de l'aérostat ; 1796, du passager) ; le premier voyage aérien de Montgolfier a lieu en 1783.
◆
Un sens métaphorique (av. 1848, chez Chateaubriand) correspond à « fait de s'élever, moralement ou socialement ».
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Le substantif a un dérivé de valeur générale, ASCENSIONNEL, ELLE adj., d'abord ascensional (1537) « qui tend à monter », refait en ascensionnel au XVIIe s. (1691, différence ascensionnelle en astronomie), spécialisé en physique et en aéronautique (force ascensionnelle, 1784).
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Il a aussi deux dérivés sur les sens sportifs, ASCENSIONNER v. intr., « faire une ascension », en parlant d'un aéronaute (1851) puis en montagne (1882), et ASCENSIONNISTE n., « alpiniste qui fait des ascensions » (1863), « personne qui monte en ballon » (1889).
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ASCENSEUR n. m., dérivé savant du latin
ascensum, supin de
ascendere, a signifié au
XVIe s. (v. 1510) « cavalier » ; cet emploi semble propre à un seul auteur.
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Le mot, recréé indépendamment par l'inventeur Édoux (1867) pour désigner son appareil d'élévation, a eu un grand succès : il a absorbé le complémentaire descenseur, a survécu à la concurrence passagère de l'anglicisme lift et l'emporte en fréquence sur monte-charge.
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Plusieurs syntagmes et sens spécialisés (« élévateur pour bateaux », 1890, etc.) et une expression courante renvoyer l'ascenseur (att. 1913 [D. D. L.], puis 1958) soulignent le caractère nécessaire du mot dans la civilisation urbaine moderne.
◆
Un sens technique s'applique aux courants d'eau fractionnés qui permettent à certains poissons, comme les saumons, de remonter les cours d'eau (ascenseur à poissons).
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Du sens courant vient la métaphore banalisée ascenseur social (attesté en 1977, Bernet-Rézeau).
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Le dérivé ASCENSEURISTE n., « spécialiste de l'installation et de la réparation des ascenseurs » (1977), demeure technique. On a tendance à employer la forme « savante » ASCENSORISTE.
ASCÈTE n. est emprunté (1580, aschète) au latin chrétien asceta (Ve s.), lui-même pris au grec askêtês, spécialisation ecclésiastique du grec classique, où le mot signifie simplement « personne qui exerce une activité », « professionnel » et, spécialement, « athlète ». C'est un dérivé du verbe askein « exercer (une activité), s'exercer » et d'abord « façonner, travailler (un matériau) » ; originellement, le terme s'appliquait sans doute à un travail technique, mais on ignore lequel ; son étymologie est inconnue.
❏
L'idée initiale du grec est encore perçue au XVIIe s. (« ascètes, c'est-à-dire exercitants », Bossuet), mais seule l'idée de « privation volontaire dans un but religieux » est retenue, comme on le voit par le figuré « personne qui vit de manière austère » et par les dérivés, notamment ascétique.
❏
ASCÉTIQUE adj. est emprunté (1641) au dérivé latin chrétien
asceticus. Il s'est d'abord dit des ouvrages traitant de la vie des ascètes (1673,
un ascétique ; 1718, comme adjectif), puis des personnes (déb.
XVIIIe s., comme nom au sens d'
« ascète » ; 1740, comme adjectif).
◆
Plus que
ascète, l'adjectif a pris au
XIXe s. des valeurs extensives : « austère ; fait de privations » (1883) et, en parlant des apparences physiques, « qui évoque l'austérité des mœurs ».
■
L'adverbe dérivé ASCÉTIQUEMENT (1808, Cabanis) est rare, mais le dérivé de ascète, ASCÉTISME n. m. est aussi courant que ascétique, auquel il correspond. Il désigne la vie des ascètes (1833) et figurément (1818, Nodier, un ascétisme d'amour) une vie ou des attitudes d'austérité.
■
ASCÉTISER v. tr. (1886-1887, Laforgue) est rare.
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Un autre substantif plus didactique que ascétisme, ASCÈSE n. f., emprunté au grec askêsis pour correspondre plus exactement au sens propre de ascète, désigne la discipline qui conduit à l'ascétisme, avec une idée d'exercice directement empruntée au grec et aux valeurs classiques de cette famille de mots (askêsis désignait en grec classique tout exercice, particulièrement les exercices gymniques). Le mot s'est diffusé à la fin du XIXe siècle ; Renan l'emploie dans l'Avenir de la science, écrit en 1848-1849 et publié en 1890.
ASCIDIE n. f. est emprunté indirectement au grec askidion « petite outre », diminutif de askos, d'étymologie obscure, désignant une outre faite avec la peau d'un animal écorché, d'où usuellement une outre en peau de bête. Le mot grec a fourni le latin scientifique ascidium (1780, Baster), puis ascidia (1767, Linné).
❏
Ascidie (1789) désigne un animal marin (tuniciers) en forme d'outre.
■
Par francisation du latin botanique ascidium, (1865) le mot s'applique aussi à une formation en forme de petite outre (voir les dérivés botaniques, ci-dessous).
❏
Les dérivés sont nombreux en taxinomie :
ASCIDIENS n. m. pl. (1816, Lamarck),
ASCIDIACÉS n. m. pl. (1834, Jourdan),
ASCIDITES n. m. pl. (id.) et récemment
ASCIDIIDÉS n. m. pl. (
XXe s.).
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En botanique, ont été formés
ASCIDIUM n. m. (1811) « formation en petite outre à l'extrémité de certaines feuilles » (
ascidion, 1834), plus tard adapté en
ascidie. Ascidium s'est aussi employé à propos des capsules de certains champignons (1822), en relation avec
ASCUS n. m. (1822), mot du latin botanique emprunté au grec
askos « outre », d'où la forme francisée
ASQUE n. m. (1845) « cellule où se forment les spores, chez les champignons dits
ascomycètes », mot qui a remplacé
thèque.
❏ voir
ASCO-.
1 ASCLÉPIADE adj. est emprunté (1740) au latin asclepiadeum (metrum), pris au grec asklêpiadeion (metron), de l'adjectif dérivé du nom de Asklêpiados « Asclépiade ». Celui-ci est composé sur Asklêpios, nom d'un héros médecin originaire de Trikka (Thessalie), dont le culte s'est notamment développé à Épidaure et à Athènes. Ce nom de divinité, d'origine obscure, est peut-être emprunté à une langue d'Orient (sémitique ?).
❏
Le substantif masculin, un asclépiade, désigne un vers lyrique grec et latin, dont les quatre pieds correspondent aux douze syllabes de l'alexandrin français.
❏
2 ASCLÉPIADE n. f., suffixation francisée (1823) de
asclepias (1545), correspond à un autre emprunt au latin
asclepias, -adis, pris au grec
asklêpias, -ados « d'Asclépios », épithète d'une plante officinale.
◆
Le mot désigne en botanique la plante herbacée à fleurs roses, parfois appelée
dompte-venin.
■
Le dérivé ASCLÉPIADACÉES n. f. pl., d'abord asclépiadées (1839), désigne la famille de plantes ayant pour type l'asclépiade.
ASCO- est un premier élément de mots savants (botanique), tiré du grec askos « outre » (→ ascidie).
❏
Parmi les composés qui apparaissent dans la première moitié du
XIXe s., en latin, en français et dans d'autres langues (allemand, anglais), quelques-uns sont toujours en usage.
■
ASCOMYCÈTES n. m. pl. est emprunté (1842, dictionnaire de d'Orbigny) au latin botanique ascomycetes (1836, Fries, botaniste suédois), de -mycetes (→ myco-), et désigne un ordre de champignons à mycélium cloisonné et dont les cellules à spores sont nommées asques.
■
ASCOGÈNE adj. (1884, Van Tieghem), de -gène, qualifie les organes qui donnent naissance aux asques (→ ascidie).
■
ASCOSPORE n. f., mot formé pour désigner un genre de champignons, d'après le latin savant ascospora (1836, Fries), se dit aujourd'hui de la spore qui se forme dans les asques.
-ASE, élément final de termes de chimie, est tiré de
diastase pour désigner des enzymes (ex.
oxydase).
ASE n. f. sert de générique, en chimie, pour les enzymes (les ases).
ASEPSIE, ASEPTISER → SEPTIQUE
ASHKÉNAZE n. et adj. est un mot hébreu, cité dans la Bible comme nom de pays, d'où Ashkenazim « les habitants d'Ashkénaz », appliqué au moyen âge aux juifs d'Allemagne et employé aussi en français (attesté XXe s.) à propos des juifs de la diaspora établis en Allemagne et en Europe centrale, hors des régions méditerranéennes, où on parle de Séfarades. Le yiddish était la langue de nombreux Ashkénazes. Les juifs ashkénazes.
ASHRAM n. m. est un emprunt au sanskrit asrama, diffusé en 1960 avec les mouvements nord-américains et européens vers la spiritualité asiatique. Le mot désigne un monastère dirigé par un maître spirituel (dont le nom, gourou est plus courant en français, par des emplois figurés). Le nom est employé comme nom propre en 1930 par Romain Rolland, à propos de Gandhi.
ASIATIQUE adj. et n. est un emprunt du XVIe s. au latin asiaticus, hellénisme, du grec tardif asiatikos, de Asia, nom de ville à l'étymologie très controversée. Le mot s'applique d'abord à la province romaine correspondant au royaume de Pergame, puis son application s'étend démesurément, selon l'évolution des connaissances géographiques.
❏
Le mot a reçu dans la civilisation française les valeurs successives de Asie (à la fois Asie Mineure ou Proche-Orient, puis Asie extrême, Asie centrale, etc.) avec des spécialisations propres au XVIIe siècle. Il a alors signifié « très orné, en parlant du style » (jusqu'au XIXe s.), valeur empruntée au latin. Au XIXe s., il s'est dit pour « opulent, très riche », en relation avec des mots comme nabab ; ou encore « despotique », en parlant d'un régime politique.
◆
Dans certains syntagmes, il signifie « qui vient d'Asie » (grippe asiatique).
◆
Dans les valeurs souvent péjoratives, parfois racistes, l'adjectif est concurrencé par jaune. À la différence de américain, il n'a pas pris de valeur géographique spécifique et semble moins usuel que les adjectifs ethniques les plus courants : indien, chinois, japonais. Sa richesse sémantique est assez limitée, la notion de référence étant probablement trop vaste et très abstraite, et l'adjectif étant concurrencé par oriental.
❏
Le dérivé régressif
ASIATE adj. et n. (1879) apparaît dans un contexte raciste et ne s'emploie que péjorativement.
■
ASIATISER v. tr. (1912) peut être positif, neutre ou péjoratif, selon les contextes.
ASILE n. m. est emprunté au latin asylum, hellénisme. Le grec asulon vient de l'adjectif asulos « qu'on ne peut saisir », de a- privatif (→ 2 a-) et de sula, neutre pluriel signifiant « butin », dérivé du verbe sulan « s'emparer de » (peut-être apparenté au latin spolia ; → spolier). Il signifie « lieu sacré », et son dérivé asulia correspond à un privilège juridique accordé à une personne (ambassadeur, athlète, par exemple) par des cités étrangères, qui la mettaient en sûreté, elle et ses biens. Ce sens dérivait d'une valeur religieuse désignant la sécurité garantie par certains temples. Passée en latin, la notion de droit d'asile est, en moyen français, religieuse.
❏
Le mot apparaît (1355) dans un contexte antique ; ce sens s'étend plus tard aux coutumes analogues. La langue classique (av. 1660, Scarron) l'étend encore à « lieu quelconque où l'on peut se mettre à l'abri d'un danger », avec en outre une valeur abstraite, « défense, sauvegarde ». Un sens affaibli, « séjour, retraite », est propre à la fin du
XVIIe et au
XVIIIe siècle.
■
Enfin le mot s'applique (1859, in T. L. F.) aux établissements de bienfaisance servant de retraite aux infirmes, aux vieillards, sens qui concurrence hôpital* au sens ancien, hospice*, puis les orphelins (Cf. orphelinat ; asile et salle d'asile ont désigné au XIXe s. l'équivalent des garderies d'enfants ou crèches actuelles), enfin et surtout les aliénés.
◆
Ce sens, souvent représenté par le syntagme asile de fous, a été usuel, mais le mot a disparu de la terminologie administrative en 1938, remplacé par hôpital psychiatrique, le sens de hôpital ayant évolué, puis par d'autres termes plus euphémistiques ; il est encore en usage dans la langue courante et figurément (à l'asile ! « au fou ! »).
❏
Le dérivé ASILAIRE adj. (1955) qualifie péjorativement ce qui a rapport à l'asile, symbole de la psychiatrie de l'internement.
ASKARI ou ASKAR n. m. est un emprunt (1898) à l'arabe asker « armée », d'où vient le mot lascar, pour un soldat de la garde d'un sultan, Sidi Mohammed, puis d'un soldat indigène, dans les anciennes colonies allemandes et italiennes d'Afrique. Plur. des askari.
ASKIA n. m. est emprunté à la langue songhaï, pour le nom du souverain de l'Empire songhaï, fondé au VIIe siècle, détaché au XIVe s. de l'empire du Mali et, à la fin du XVe s., dirigé par cette dynastie des Askia, qui le conduisit à son apogée (XVe-XVIe s.). Le nom des souverains est devenu celui du titre (comme Auguste en latin).
ASPECT n. m. est emprunté au latin aspectus « regard », substantif tiré de aspicere « apercevoir », de ad- (→ à) et de specere « apercevoir » et « regarder », dont les dérivés et composés ont produit de nombreux mots français, comme spectacle, spectre, spécimen, spéculer et circonspection, suspicion, suspect, etc. Aspectus est apparenté à species « vue » et « aspect » (→ espèce).
❏
Le mot apparaît en français dans l'expression
estre en l'aspect de (1450) « être sous le regard, l'examen de (qqn) » et « être en face de ». Puis, il s'emploie librement pour « regard, vue » (av. 1525, Lemaire des Belges).
◆
Aspect s'emploie aussi (1467) en astrologie, pour « situation respective des astres, en rapport avec leur influence ». Ce dernier sens est repris en astronomie avec une valeur objective.
◆
Le sens classique, aujourd'hui vieilli, « fait de s'offrir aux regards », apparaît dans une spécialisation d'architecture (« perspective, orientation ») en 1546, chez Rabelais ; ce sens se réalise dans des expressions comme
avoir son aspect vers (1546),
sur (1602) avec l'idée d'orientation, d'exposition, d'où l'emploi de
aspect avec cette valeur du
XVIIe (1676) au
XIXe siècle. Cette acception, « orientation (d'un lieu, d'un bâtiment) » est encore vivante régionalement.
■
Le sens moderne objectivé, « apparence, allure extérieure » (1611), est aussi utilisé abstraitement (1684) et dans des locutions, comme à l'aspect, sous l'aspect de... ; de même que le précédent, ce sens existe en latin postclassique.
■
Enfin, en linguistique, le mot a depuis le début du XIXe s. (attesté 1828), à propos des langues slaves, par calque du russe vid « aspect, vue » et « état » (1619, en grammaire), une valeur technique concernant les catégories par lesquelles le système verbal d'une langue représente les procès temporels (développement, achèvement, inachèvement, etc.) ; l'aspect s'ajoute ainsi au temps, au mode.
❏
Dans ce sens, aspect a un dérivé didactique, ASPECTUEL, ELLE adj. (1958), qui a remplacé ASPECTIF, IVE (1922).
ASPERGE n. f. est une relatinisation du XVIe s. (1535, Estienne) des formes anciennes esparge (XIIe s.), esperge (1387), sparge (XIIIe s., in Bloch et Wartburg ; XIVe-XVe s.) ; il a eu au XVIe s. une variante, asparge, plus proche du latin (1549-1636), mais asperge l'a emporté. Toutes ces formes viennent du latin asparagus, hellénisme du sud de l'Italie, pris au grec asparagos ou aspharagos, qui signifie aussi en général « pousse » et doit se rattacher à une série indoeuropéenne signifiant « pousser, jaillir » (sanskrit sphū́rjati).
❏
Le mot désigne à la fois la plante et son bourgeon comestible, très apprécié. Des syntagmes spécifient les variétés
(asperges blanches, vertes), asperge sauvage se disant (1538) d'une variété non cultivée.
■
Le sens métaphorique de « personne grande et maigre » (av. 1833) est populaire ; il apparaît aussi dans des locutions comme asperge montée (1845, Bescherelle), d'abord asperge sucée (1808), qui pourrait faire référence au sens suivant.
◆
Celui-ci, métaphorique et argotique, « pénis », se retrouve dans les locutions aller aux asperges « se prostituer » (1960).
❏
ASPARAGUS n. m. est un réemprunt savant (1797) pour désigner une plante ornementale de la famille botanique de l'asperge.
■
De là ASPARAGÉES n. f. pl. (1807), ASPARAGINÉES n. f. pl. (1810).
■
ASPARAGINE n. f., terme de chimie (1817), se dit d'une substance contenue par l'asperge et la pomme de terre, et d'où est tiré un acide nommé ASPARTIQUE adj. (1834), d'où ASPARTATE n. m. (1834), son sel, et ASPARTASE n. f. de -ase (mil. XXe s.), « enzyme dérivée de l'acide aspartique ».
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Les formes
ESPARGOUTE n. f. (1530),
ASPARGOUTE n. f. (1549), reprises avec resuffixation (peut-être par influence de
maroute « camomille puante ») à l'ancien provençal
espargula (1150), sont en concurrence avec
ESPARGOULE n. f. (1798) pour désigner diverses plantes.
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Le mot occitan s'applique à l'asperge et à la pariétaire ; ceux qui en sont issus concernent la matricaire
(espargoutte), le petit muguet
(aspergoutte), la tanaisie, la spergule (mot de même origine), variation sémantique fréquente dans la dénomination populaire des plantes (ressemblances, analogies d'utilisation, etc.). Ces termes demeurent régionaux.