ASSORTIR v. tr. est un composé (XIVe s., au participe passé) passablement démotivé de sorte*, avec le préfixe a- et le suffixe verbal (-ir à l'infinitif).
❏  Le mot apparaît au XIVe s. avec un participe passé (« partie du ciel... assortie ») de sens obscur (« disposée selon son ordre » ?). ◆  L'emploi actif (1530) correspond à « mettre ensemble (des choses) », puis (1559) « (des personnes) de manière à former un tout harmonieux ». ◆  En moyen français, assortir qqch. de... (fin XIVe s.) correspond à « fournir » et, au figuré, à « doter ».
❏  Le participe passé ASSORTI, IE, adjectivé, se dit des personnes et des choses ; assorti de... au sens d'« accompagné, doté de... » est toujours en usage, à la différence du sens correspondant du verbe.
■  Le dérivé ASSORTIMENT n. m. (XVe s.) désigne l'action ou la manière d'assortir des choses ; à propos des personnes, il a signifié simplement « union » (1690, Mme de Sévigné). ◆  Le sens aujourd'hui le plus courant correspond à l'ancien emploi de assortir « fournir, garnir » ; il s'est spécialisé (1620) pour désigner un ensemble de marchandises variées de même nature, en relation avec assorti, adj.
■  Les autres dérivés, ASSORTISSAGE n. m. (XVIe s.), ASSORTISSANT, ANTE adj. (déb. XVIIe s.), ASSORTISSEUR, EUSE n. (1858), nom de métiers et d'instruments pour assortir, dans des sens spécialisés, sont archaïques ou techniques.
Le préfixé RÉASSORTIR v. tr. a remplacé la forme rassortir (1808) pour « reconstituer (un ensemble) en remplaçant ce qui manque » et spécialt, dans le commerce « renouveler ou retrouver (un type d'objet, de marchandise) ». De là RÉASSORTIMENT n. m. (1838) qui, dans le domaine commercial, particulièrement en librairie, est abrégé en RÉASSORT n. m.
ASSOUPIR v. tr., d'abord attesté sous la forme du participe passé assopi (XVe s., Juvénal des Ursins), est peut-être la réfection du verbe assevir, assouvir* (du bas latin assopire « satisfaire, rassasier »), d'après la forme latine, l'ancien français sopir et le sens du verbe simple sopire « endormir », qui avait d'ailleurs pris en Gaule le sens tardif de « calmer ». Sopire, comme sopor (→ soporifique), est rattaché à somnus « sommeil » (→ 3 somme, à sommeil). Assevir, assouvir est plus ancien et courant en moyen français ; assouvir ne se répand qu'au XVIIe siècle.
❏  Les premiers emplois du verbe (assopir, XVe s. ; assoupir, XVIe s.) correspondent à « adoucir, affaiblir (des effets nuisibles) » et à « calmer » (XVIe s.), par exemple assopir une guerre (1549) ; ces valeurs, dès le XVIIe s., sont senties comme métaphoriques du sens moderne, lequel, avec la valeur du latin sopire, apparaît aussi au XVIe s. (1550, Ronsard), d'où s'assoupir (1622) et ASSOUPI, IE adj. (déb. XVIIe s., d'Urfé). ◆  Depuis lors, s'assoupir et assoupi signifient aujourd'hui, à l'actif et au participe passé, « s'endormir pour un léger somme » et « à demi endormi ».
❏  Les dérivés ASSOUPISSANT, ANTE adj. (XVIIe s. ; assopissant, 1549), d'abord « qui endort », et ASSOUPISSEMENT n. m. (1531) ne sont guère attestés qu'au sens de « sommeillant » et de « somme ». La valeur ancienne de assoupir est cependant représentée (av. 1550) pour assoupissement « affaiblissement », sens sorti d'usage.
ASSOUPLIR → SOUPLE
ASSOURDIR → 1 SOURD
L ASSOUVIR v. tr., verbe sans correspondant roman hors de Gaule, pose un problème étymologique. Il est probablement issu d'un verbe gallo-romain °assopire « calmer » (→ assoupir), de sopire « endormir », dérivé de sopor « force qui endort » (→ soporifique), qui avait pris en Gaule le sens de « calmer ». On a évoqué (depuis Ménage) un rapprochement avec sufficere (→ suffire) et, par ailleurs, un croisement avec l'ancien français assevir « achever », du latin populaire °assequire, altération du latin classique assequi « atteindre », de ad (→ à) et de sequi (→ suivre), présent en ancien français sous la forme assuir.
❏  Le sens est lui aussi hybride : d'abord « achever, mener à bien » (jusqu'au déb. XVIe s.), puis « calmer complètement », d'où « satisfaire, combler » (1270). La forme assouvir au sens de « rassasier » date de 1268 environ (Étienne Boileau). ◆  Le pronominal, d'abord passif (v. 1410), courant dans la langue classique, est littéraire.
❏  Le participe passé ASSOUVI, IE adj. s'emploie d'abord aux sens anciens du verbe, « porté à son comble » (1403), « pourvu de (qualités, biens, etc.) » (XVe s.), « parfait » (id.), ceci jusqu'au XVIe s., puis au sens moderne, « comblé », spécialement « satisfait sexuellement » (depuis XVe s.), valeurs restées vivantes.
■  Le préfixé INASSOUVI, IE adj. (1794) est d'usage littéraire.
Le dérivé ASSOUVISSEMENT n. m. (1340) correspond au verbe ; il est aussi d'usage soutenu et littéraire, comme le préfixé antonyme INASSOUVISSEMENT n. m. (1845) et INASSOUVISSABLE adj. (1845).
❏ voir ASSOUPIR.
ASSUJETTIR v. tr., d'abord sous la forme (3e pers. du présent) assugetty (v. 1445), puis pronominalement (s'assoubiectir, 1539, qui correspond à une graphie de sujet : soubiect), est le composé de a-, de sujet* n. m., avec un suffixe verbal du deuxième groupe.
❏  L'origine en est aujourd'hui peu ressentie, mais le sens était d'abord clair, quand le verbe signifiait seulement « rendre sujet, esclave ». ◆  Assujettir a pris, semble-t-il d'abord au pronominal (mil. XVIIe s.), la valeur psychologique de « dominer (une personne, une tendance) », puis (fin XVIIe s.) le sens concret et technique de « maintenir en place ».
❏  Le participe passé ASSUJETTI, IE adj. se dit des personnes ; il peut alors être substantivé : les assujettis à l'impôt. Il qualifie aussi des choses, dans les sens successifs du verbe.
■  ASSUJETTISSEMENT n. m. (1531, assubject-) a surtout pris le sens initial et la valeur psychologique.
■  ASSUJETTISSANT, ANTE adj. (1688) s'est spécialisé psychologiquement pour « astreignant ».
ASSUMER v. tr. est emprunté (XVe s.) au latin assumere « prendre pour soi » et, en latin chrétien, « se charger de », dont le dérivé a donné assomption*. Le verbe latin est formé de ad- (→ à) et de sumere « se charger de, entreprendre » et « prendre par adoption », mot d'origine discutée. Sumere pourrait représenter un °susmere, composé de sus- et de emere « prendre », « prendre contre de l'argent », « acheter » (→ exempt, rançon). Susmere serait tiré du synonyme suscipere, de même sens, composé en sub- de capere « prendre ».
❏  Assumer signifie d'abord « prendre, absorber (du vin) », puis, dans la langue chrétienne (1re moitié XVe s.) et générale (1530) « se charger de », le complément désignant fréquemment la responsabilité d'un acte, une charge. ◆  Le mot est à la mode au XXe s. dans un contexte psychologique général.
■  Le sens logique, correspondant à celui de assomption, est repris (1924) à l'anglais to assume, mais correspond à un sens du latin cicéronien, « prendre à titre d'hypothèse ».
❏ voir ASSOMPTION.
L + ASSURER v. tr. provient, d'abord par les formes diphtonguées comme asoürer (1080, au pronominal), asseürer, du bas latin °assecurare « protéger », de ad- (→ à) et de securus (→ sûr), mot postulé par les verbes de la plupart des langues romanes.
❏  Les premiers emplois sont concrets et concernent les personnes : « mettre en sécurité » : assurer qqn de qqch. s'emploie encore dans ce sens au XVIIe siècle. ◆  Puis apparaît (fin XIIe s. ; v. 1175, au pronominal) la valeur psychologique de « tranquilliser, rendre confiant » qui sera concurrencée par le préfixé rassurer (ci-dessous). ◆  Le verbe a signifié en ancien français (XIIe s.) « livrer (qqch.) à qqn » avec des emplois spéciaux en droit, « céder (un bien hypothéqué) » (1305), de là s'assurer de qqch. « se garantir de la possession ou de l'usage de qqch. » (1640), encore en usage.
■  À la même époque, apparaît la deuxième grande valeur du verbe, qui est intellectuelle : « donner pour sûr, certain », dans assurer qqn de qqch. (mil. XIIe s.) et assurer à qqn que (v. 1180, Marie de France), sens abandonné avec un complément nominal, alors que assurer que... (et complétive) [1461] est bien vivant. ◆  Avec un nom de personnes pour complément, assurer signifie encore « rendre (qqn) certain (de qqch.) » (v. 1175, aseürer qqn de...). De là, la formule très courante du langage parlé : je t'assure, je vous assure, cherchant à entraîner la conviction. Des emplois du participe passé (XIIIe s.) correspondent à cette valeur (soyez assuré que...). ◆  Depuis le moyen français (1486), le verbe s'emploie concrètement en parlant des choses, au sens de « fixer, consolider, rendre stable » et de « rendre ferme (son corps, etc.) ». Cette valeur produit des spécialisations comme, en alpinisme, « donner une prise solide » (1780, Saussure) et, par extension, « attacher (la corde) » (1913). Dans ce sens, le verbe a des dérivés (ci-dessous). ◆  Au figuré, assurer, en emploi intransitif, correspond récemment à « mettre tout en œuvre pour réussir, se comporter de manière responsable et efficace ». Cette valeur semble provenir de l'argot des musiciens, où assurer v. tr. est employé pour « fournir un accompagnement rythmique sûr » (assurer le rythme) ; de là, un emploi plus général dans le contexte des groupes de musique (1971) et l'emploi général (1974). ◆  Une autre extension correspond à « avoir de l'allure, de la prestance », l'influence de être assuré, avoir de l'assurance étant alors très sensible.
■  Une autre valeur spéciale, celle-là ancienne, est « garantir (un navire, des marchandises) contre les risques » (déb. XVe s.), sens qui, soutenu par assurances, correspond au XIXe s. (1829) à « garantir (des biens quelconques) par un contrat ». ◆  Le pronominal s'assurer, très ancien (voir ci-dessus), s'est spécialisé avec s'assurer contre qqch. « se défendre, se protéger » et s'assurer de qqn ou de qqch. « s'en garantir l'usage, l'aide, etc. ». Les acceptions intellectuelles, s'assurer de..., que..., si... « contrôler, vérifier », sont extrêmement courantes.
■  Le participe passé adjectivé ASSURÉ, ÉE possède les principales valeurs du pronominal ; le sens de « certain, sûr », très courant dans la langue classique, est cependant archaïque. S'assurer a reçu la valeur correspondant au sens économique de assurance.
❏  1 ASSURANCE n. f. Ce dérivé, d'abord sous la forme asseürance (2e moitié XIIe et jusqu'au XVIe s.), correspond à plusieurs sens du verbe : « sentiment de certitude, de conviction », puis (v. 1200) « de confiance, de tranquillité » (concurrencé par sécurité), valeurs aujourd'hui archaïques, à la différence de donner des assurances (XVIIe s.), qui correspond à rassurer (le verbe simple ayant vieilli dans ce sens). En ancien et moyen français, le mot désigne une garantie de paix, une trêve (1238, jusqu'au XVIe s.) et un serment de fidélité (1330). ◆  Le mot acquiert au XVIe s. (1539) le sens de « confiance en soi, aisance » (Cf. sûr de soi).
■  Un développement original dans le domaine financier, par spécialisation du sens de assurer « rendre (qqn) certain » et « fournir des garanties de sécurité », correspond à une assurance « un contrat qui garantit à qqn (l'assuré) une somme convenue, en échange d'une prime ou cotisation versée ». Ce sens est d'abord attesté en marine (1489), d'où bureau, chambre des assurances au XVIIe siècle ; le procédé s'est étendu au début du XIXe s. à diverses garanties de risques, de là compagnie d'assurances (1829) et, par ellipse, assurances (XXe s.), avec des syntagmes institutionnels comme assurances sociales, assurance maladie (1909) et bien d'autres. Ainsi, Balzac emploie l'expression l'assurance de ma vie (1836), on trouve ailleurs assurance sur ma vie (1837), avant assurance vie (1936 au Canada ; Cf. angl. life insurance). En France les assurances, l'assurance désignent en général des sociétés privées, depuis la désignation par Sécurité* sociale des systèmes de protection sociale. ◆  Les préfixés coassurance, réassurance correspondent à des verbes préfixés (ci-dessous).
■  ASSURABLE adj. (1864) et ASSURANTIEL, IELLE adj. (mil. XXe s., « des assurances sociales ») n'existent que dans ce sens.
■  C'est aussi la valeur dominante du dérivé 1 ASSUREUR n. m. (asseureur, 1550, en droit maritime), qui désigne depuis le XVIIe s. (1681), par un emploi répandu au XIXe s. (1803), toute personne ou société s'occupant d'assurances.
■  À cet emploi correspond ASSURÉ n. m. (1563), d'où récemment assuré social (1964), ainsi que ASSURABLE adj. (1865), INASSURABLE adj. (1965) et ASSURABILITÉ n. f. (1977).
L'adverbe tiré du participe passé du verbe, ASSURÉMENT (XVIIe s. ; d'abord aseüreement, v. 1160), a d'abord signifié « avec force et sûreté de soi », puis a pris le sens moderne : « de manière certaine » (1532, Rabelais). ◆  Il s'emploie en réponse pour « certainement » (1884).
Le dérivé ASSUREMENT n. m. (aseürement, fin XIIe s.) s'est employé normalement jusqu'au XVIe s. là où le français moderne utilise assurance ou sécurité. Le mot a été repris au XIXe s. (1855), en histoire, à propos de la protection royale de Saint Louis aux seigneurs qui s'en remettaient à sa justice.
Par ailleurs, assurer, en alpinisme, a produit trois dérivés.
■  2 ASSURANCE n. f. (1931) est rare par suite de l'homonymie.
■  ASSURAGE n. m. (1932) s'applique aux techniques qui préviennent et enrayent les chutes.
■  2 ASSUREUR, EUSE n. (1934) se dit de l'alpiniste qui en assure d'autres.
Les préfixés rassurer et réassurer se répartissent deux valeurs très différentes du verbe simple, l'une psychologique, l'autre financière.
■  RASSURER v. tr. apparaît sous la forme rasseurer (1165) au sens de « tranquilliser », aussi au pronominal. Ce composé préfixé en re- s'est spécialisé dans ce sens : « rendre la confiance, la tranquillité à (qqn) ». Son emploi concret pour « affermir, rendre stable » (1476, rassurer) a été abandonné. Il en va de même pour « rendre plus sûr, sans danger » (XVIe s.). ◆  Rassurer, « rendre confiance à qqn, libérer des craintes », a d'ailleurs éliminé assurer dans ce sens (voir ci-dessus) et les deux verbes sont aujourd'hui sémantiquement disjoints.
■  Le participe passé RASSURÉ, ÉE (rasseuré, 1275) est usuel comme adjectif.
■  Le participe présent RASSURANT, ANTE est devenu aussi un adjectif courant (1777) qui se dit des personnes et des choses.
■  Le dérivé RASSUREMENT n. m. (1676) reste littéraire.
Dans cette série, le préfixe re- ne marque que la distinction de sens ; mais assurer a un autre préfixé en re-, cette fois itératif, et réservé au sens financier : RÉASSURER v. tr. est ancien (1683) au sens général d'« assurer de nouveau ». Au XIXe et au XXe s., le verbe et ses dérivés ont pris une valeur spéciale dans le domaine financier des assurances, désignant l'opération par laquelle un assureur s'assure lui-même en faisant garantir par un autre système d'assurances, tout ou partie des risques qu'il a couverts. Le dérivé RÉASSUREUR n. m. (1907) s'applique à ce système d'assurances second, et RÉASSURANCE n. f. (1836, après des emplois dans un sens plus vague, 1681, puis 1783) à ce type d'opération financière.
COASSURANCE n. f. (1876) a suscité COASSURER v. tr. (1965) et COASSUREUR n. m. (1965).
ASSYRIEN, ENNE adj. et n., écrit assirien au XIIIe siècle, est transcrit assyrien en 1548, d'après la graphie d'Assyrie.
❏  Il qualifie ce qui est relatif à l'Assyrie, partie septentrionale de la Mésopotamie, qui correspond aux civilisations d'Akkad, puis de Sumer. Le mot est imprécis, mais encore usuel, notamment pour parler de la langue sémitique ancienne de cette région et (emploi archaïque) d'un style évoquant ces civilisations.
❏  Plusieurs composés en ASSYRO- sont en usage. ASSYRIOLOGIE n. f. et ASSYRIOLOGUE n. (mil. XIXe s., dans le Grand Larousse) concernent l'étude de l'antiquité mésopotamienne.
❏  ASSYRO-BABYLONIEN, IENNE adj. concerne la civilisation de Babylone, en Mésopotamie centrale. On emploie aujourd'hui akkadien, ienne. Voir Babylonien.
ASTER n. m., ASTÉRO-, nom et premier élément, sont empruntés au latin aster, transcription du grec astêr « étoile », qui a plusieurs prolongements en français comme dans plusieurs langues indoeuropéennes. Le grec astêr a de nombreux dérivés et composés en astro- (→ astro-) ; il vient d'un radical indoeuropéen °ster attesté en sanskrit, celtique, germanique, tokharien et, avec la variante *stel, en latin (stella ; → étoile) : les noms de l'étoile sont apparentés dans de nombreuses langues.
❏  Le substantif ASTER n. m. a été emprunté deux fois : au XVIe s. (1549) pour désigner une plante dont la fleur est « étoilée » ; puis vers 1880 (1883, Charpentier) en biologie : « figure en forme d'étoile qui apparaît pendant la mitose ».
■  ASTÉRIE n. f. apparaît en 1495 sous la forme asterice pour nommer une variété d'opale à réflexion radiée (phénomène dit plus tard astérisme) ; le mot sera réemprunté (1729) pour désigner l'échinoderme couramment appelé étoile de mer.
ASTÉRISQUE n. m. est emprunté au XVIe s. (1570 ; variante astérique, à cette époque) au latin médiéval asteriscus, hellénisme, pris au grec tardif asteriskos, diminutif de astêr. La « petite étoile » est un signe typographique de renvoi.
Le grec astêr, par le latin, a surtout servi à former des mots de sciences naturelles (zoologie, botanique), comme ASTÉRACÉES n. f. pl., du latin moderne asteraceae, créé par l'Anglais Lindley (av. 1865).
Cependant, la valeur initiale, astronomique, réalisée dans le grec astron, latin astrum (→ astre), existe aussi pour astêr.
■  Témoin ASTÉROÏDE n. m., emprunt à l'anglais asteroid (1802, Herschel), passé en français en 1815 ; le grec asteroeidês « en forme d'étoile », source de cet emprunt, est composé de astêr. ◆  Il était déjà passé du grec en français (astéroïde, av. 1752, Trévoux), mais pour désigner une plante à fleur radiée, et avait aussi fourni le nom de la classe d'échinodermes dits astéries (ci-dessus).
ASTHÉNIE n. f. est emprunté (1790) au grec astheneia, de asthenês « sans force », de a- privatif (→ 2 a-) et de sthenos « force », mot archaïque d'origine inconnue.
❏  C'est un terme médical et psychiatrique, sans doute issu d'un latin moderne international asthenia. Il désigne une faiblesse pathologique.
❏  Il a produit le dérivé ASTHÉNIQUE adj. et n. (1814), « (personne) qui souffre d'asthénie ».
ASTHME n. m. est emprunté, d'abord sous la forme francisée asme « angoisse » (v. 1265), refait en asthme (1595), au latin asthma, hellénisme. Le grec asthma « essoufflement, respiration difficile » vient probablement de la racine de anemos « air » (→ anémo-), avec un suffixe -sthma.
❏  Sous la forme gréco-latine asthma (v. 1580), puis asthme (1611), le mot est employé depuis le XIVe s., en médecine et couramment, pour désigner un syndrome de difficulté respiratoire.
❏  ASTHMATIQUE n. (asmatique, XIVe s. ; forme moderne et savante, 1538) « malade de l'asthme » est emprunté au latin asthmaticus, du dérivé grec asthmatikos. ◆  Le mot devient adjectif au XVIIIe s. pour « de l'asthme ».
ASTIC → ASTIQUER
? ASTICOTER v. tr. L'origine de ce verbe familier, attesté au milieu du XVIIIe s. (av. 1765, Caylus), est discutée. On le rattache classiquement à dasticoter (1640) « parler allemand », d'où tasticoter (1718) « discuter, tergiverser » (attesté en Picardie, en Lorraine). Dasticoter venait du juron dasticot (1574) ou d'asticot, qui transcrit l'allemand Das dich Gott... « que Dieu te... », premiers mots de formules d'imprécations proférées par les lansquenets allemands dans le nord et l'est de la France. Si la chute de la consonne initiale est possible, le passage sémantique de « discuter, jargonner en tergiversant » à « agacer » est peu vraisemblable. L'influence de astic, estic, formes dialectales du Nord et de Belgique, qui sont à l'origine de astiquer*, peut être évoquée (P. Guiraud) : l'astic est un outil qui pique. Quant à la finale -oter, elle peut bien provenir de dasticoter, mais aussi être suffixale (Cf. picoter).
❏  Le verbe est familier et signifie « harceler, agacer », souvent par jeu.
❏  Les dérivés ASTICOTAGE n. m. (chez Mme de Staël, 1779), ASTICOTEUR, EUSE n. (1813) sont eux aussi familiers.
ASTICOT n. m. se trouve chez Vidocq (1828) au sens de « petit ver blanc ». Il s'agit probablement d'un dérivé (déverbal) de asticoter, le ver servant à « agacer, taquiner » le poisson, ou bien d'une variante de mots dialectaux liés à astiquer, comme estiquet « brindille » avec le sémantisme « objet pointu » (P. Guiraud).
■  Asticot désigne figurément (1845) une personne, avec une valeur voisine de type, zèbre, sans doute avec l'image de petitesse (ou de maigreur) remuante.
ASTIGMATE → STIGMATE
ASTIQUER v. tr. Ce verbe familier apparaît d'abord (1823) dans l'argot militaire et signifie « faire briller, polir (du cuir) avec l'astic ». Ce substantif ASTIC, aujourd'hui technique et archaïque, désigne à l'origine (1721) un petit instrument en os, en métal ou en bois dur. Il s'agit d'un mot dialectal du Hainaut, dérivé d'un verbe régional supposé °astiker, °astiquer (attesté indirectement par astiquette, instrument du mineur, en Artois), qui correspond aux mots liégeois astitchî « pousser en avant, pointer ». Ce verbe remonte à l'ancien picard estiquier, ancien français estichier (v. 1300) « ficher, enfoncer », formes empruntées au germanique (francique °stikkan « piquer ») [→ étiquette].
❏  Le verbe français a signifié figurément « battre, frapper » (1823, s'astiquer, dans Balzac), sens archaïque. ◆  Il s'est diffusé dans l'usage familier avec la valeur de « frotter, polir » et, par extension, « nettoyer à fond, avec énergie ». Mais l'idée de frotter reste vivante, par exemple dans des emplois érotiques du pronominal pour « se masturber ».
En français de Nouvelle-Calédonie, s'emploie, comme en français de France au XIXe s., pour « frapper, battre ».
❏  Les dérivés ASTIQUAGE n. m. (1866) et ASTIQUEUR, EUSE n. (1884) sont plus rares que le verbe.
ASTIQUÉE n. f. est propre au français régional du Doubs et au français de Suisse (1867), pour « volée de coups, raclée » (Cf. assommée), et au figuré « réprimande, engueulade ». Il signifie aussi « coup violent, chute » et figurément « ivresse » (prendre une astiquée). Comme assommée, c'est un mot oral familier.
❏ voir ASTICOTER.
ASTRAGALE n. m. est emprunté, d'abord sous la forme astragal (1546 et jusqu'au XIXe s.), au latin astragalus, grec astragalos « vertèbre » et « os du talon ». Ce mot grec appartient à la même famille que osteon « os » (→ ostéo-), d'origine indoeuropéenne. Le latin y ajoute le sens figuré de « moulure » par comparaison avec des osselets de jeu, sens passé en français (astragalus, 1545). Une métaphore gréco-latine en fait un nom de plantes (dont la tige présente des nœuds comparés à des vertèbres), lui aussi emprunté par le français.
❏  Astragale est donc en français le nom d'un os du pied articulant le tarse et le squelette de la jambe (nom scient. talus), puis (1611) celui d'une plante (légumineuses). ◆  L'acception de « moulure », après le vers célèbre de Boileau, « ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales », est devenue évocatrice d'ornements surchargés, de fioritures.
❏  Le dérivé 1 ASTRAGALÉ, ÉE adj. (1842) concerne la plante ; il est en concurrence avec ASTRAGALOÏDE adj. (1842).
■  ASTRAGALÉE n. f. (1842) désigne le profil d'une corniche terminée par un astragale, sens auquel correspond un adjectif 2 ASTRAGALÉ, ÉE (1901) « orné d'un astragale ».
ASTRAKAN n. m. est emprunté (1775) au nom de la ville russe Astrakhan, au bord de la Caspienne, d'où provenait une fourrure d'agneau caracul, tué dès sa naissance, et à poils bouclés.
❏  Le mot désigne cette fourrure et s'emploie par analogie (1885, Goncourt in T. L. F.) pour « fourrure, poils ressemblant à l'astrakan ».
ASTRE n. m. est emprunté (XIIe s.) au latin astrum, lui-même emprunt au grec astron, variante de astêr (→ aster). C'est en latin un terme noble et poétique, employé en astrologie et au figuré pour « gloire, honneurs », le mot usuel étant sidus, -eris (→ sidéral).
❏  Comme en grec et en latin, le mot français désigne tout corps céleste ; spécialement, l'astre, l'astre du jour désigne le Soleil (courant au XVIIe s.). Son contexte astrologique est attesté au XVIe s. (1549, Calvin), mais doit être antérieur ; il donne lieu à des expressions du type être né sous un astre..., en concurrence avec étoile.
■  La valeur figurée, « personne illustre, célèbre », apparaît avec la langue classique (déb. XVIIe s. ; in Malherbe, 1630) ; les emplois sont alors nombreux (mon astre équivaut à mon amour) ; ils semblent être sortis d'usage dès le XIXe s., mais les comparaisons (beau comme un astre) et les métaphores littéraires de valeur équivalente sont toujours en usage. En français moderne, étoile et star ont repris cette figure de style.
❏  ASTRAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1533) au dérivé bas latin astralis et signifie « qui a rapport aux astres », en contexte poétique, astrologique et spirite : corps astral (Cf. ectoplasme) ; fluide astral. ◆  Par figure, on a appelé lampe astrale (1835) une lampe éclairant de haut en bas, sans appuis portant ombre.
❏ voir ASTRO-, DÉSASTRE, MALOTRU.
L ASTREINDRE v. tr. est issu (fin XIIe s.) du latin astringere « lier, attacher », d'où au figuré « lier en engageant ; obliger », composé de ad- (→ à) et de stringere « serrer, presser » (→ étreindre).
❏  En ancien français (fin XIIe s.), le verbe a des formes aujourd'hui abandonnées ([elles] astrent, [nous] astraindons), par influence des verbes en -aindre. La forme astreindre est fixée au XIVe s. (1355). ◆  Le verbe a retenu les valeurs métaphoriques et figurées du latin, « contraindre, soumettre à des obligations pénibles » ; le pronominal s'astreindre à... est aussi ancien que le transitif (astreindre qqn à...).
❏  Le participe passé a été substantivé en ASTREINTE n. f. (1875), « condamnation pécuniaire pour un retard à payer » en droit et, au XXe s., « contrainte, obligation stricte ».
■  ASTREIGNANT, ANTE adj. (attesté 1869, Goncourt) qualifie ce qui astreint, notamment un travail, une occupation.
❏ voir ASTRINGENT.