ATTENDRE v. tr. est emprunté (atendre, XIe s.) au latin attendere « tendre à ; porter attention à », de ad- (→ à) et de tendere (→ tendre) ; l'italien (attendere), l'espagnol, l'ancien provençal n'ont que le sens psychologique du latin, attesté en français du XIIIe au XVe et même jusqu'au XVIe s. (Montaigne), en ce qui concerne s'atendre, « s'appliquer à ». Ce sens rend compte du rapport entre attendre, attention* et attentif, aujourd'hui détruit.
❏
Les sens actuels de « demeurer jusqu'à l'arrivée de qqn », d'où « patienter », sont propres au domaine gallo-roman ; ils apparaissent en français dès l'apparition du mot (XIe s.), mais ont pu se développer oralement en roman.
◆
Une extension ancienne (v. 1160) correspond à « compter sur (une arrivée, un événement) ». Ces valeurs donnent lieu à une phraséologie : en attendant, attendre de pied ferme, et aussi à la construction s'attendre à... (1601).
◆
Une expression plaisante et fréquente est il est urgent d'attendre (attestée dans les années 1930, mais Bernet et Rézeau signalent urgence d'attendre dès 1860).
◆
Avec le sens de attendre un enfant, attendre famille en français de Belgique, on emploie aussi le verbe absolument, en Wallonie (elle attend pour cet automne).
◆
En français de Suisse, attendre sur (qqn, qqch.) [1747] semble un calque de l'allemand warten auf. On dit aussi attendre dessus, là-dessus, adverbialement. Ces emplois existent aussi en France, en Franche-Comté, à Metz.
❏
Le participe passé
ATTENDU, UE adj. possède le sens dominant du verbe et a produit
INATTENDU, UE adj. (1613), lequel a développé un sémantisme original, « soudain ; inespéré ; exceptionnel... ». Il est aussi substantivé (
l'inattendu).
◆
Par ailleurs,
attendu conserve par un emploi juridique la valeur latine : « examiné, considéré » (1390), d'où
attendu que, loc. conj. (1379), « considérant que ». La substantivation juridique
(les attendus d'un jugement) n'est attestée qu'au
XIXe s. (1866, dans le
Larousse universel).
◈
ATTENTE n. f., qui correspond pour le sens à
attendre, vient (v. 1050,
atente) d'un participe passé latin
°attendita, développement de la forme classique
attenta « considéré avec attention », participe de
attendere.
■
Le mot entre dans des syntagmes, comme salle d'attente ; pierre d'attente (1676) ; course d'attente (dès 1860, en cyclisme), en attente.
■
Il a produit les dérivés ATTENTISME n. m. et ATTENTISTE adj. et n. (tous deux v. 1918).
❏ voir
ATTENTIF.
ATTENTER v. tr. ind. est emprunté (1302) au latin attentare, variante de attemptare, « entreprendre qqch. contre qqn », composé de ad- (→ à) et de temptare (→ tenter).
❏
D'abord employé absolument, puis dans attenter contre (1330-1332), le verbe se construit en français moderne avec à (XVe s., atenter à). Il signifie « agir de manière à détruire », le complément désignant souvent la vie d'une personne, un sentiment.
❏
ATTENTAT n. m. est un emprunt (1326,
attenta) au latin
attentatum, attemptatum, participe passé neutre de
attemptare.
■
Les constructions avec contre (1656) puis avec à (1665) sont prises au verbe.
◆
Parmi les syntagmes juridiques, attentat aux mœurs et à la pudeur sont usuels.
◆
Le sens fort et absolu du mot a reçu des connotations nouvelles dans le contexte du terrorisme, surtout après 1955-1960.
◈
ATTENTATOIRE adj. est tiré (1690) de
attentat ; c'est un terme juridique, comme
décisoire, etc., qui s'emploie aussi dans l'usage général et soutenu
(mesures attentatoires à la liberté).
ATTENTIF, IVE adj. est dérivé (XIVe s.), à l'aide du suffixe -if, -ive, du supin latin attentum, du verbe attendere « porter attention à », de ad- (→ à) et de tendere (→ tendre).
❏
Comme
attention, attentif conserve les valeurs latines de
attendre, et s'est complètement séparé par le sens des mots français
attendre-attente.
◆
L'adjectif, qui apparaît dans
attentif à qqn avec la valeur de « soumis aux ordres, qui observe la volonté du supérieur », semble rare avant le
XVIIe siècle. Il se dit des personnes et par extension des attitudes, de parties du corps (
une oreille attentive, XVIIe s. ;
un œil attentif, 1690), parfois des animaux.
Attentif à correspond à « soucieux de », « qui observe avec soin » et se construit aussi avec l'infinitif.
Le dérivé ATTENTIVEMENT adv., mot de la Renaissance (1542), est resté usuel.
❏
ATTENTION n. f. est un emprunt (1536) au latin
attentio, dérivé du supin de
attendere, au sens du latin classique « tendre son esprit vers ».
◆
Outre cette valeur dominante, qui a donné l'expression usuelle
faire attention (qui se répand au début du
XIXe s.) et l'exclamation
attention !, il a pris rapidement (1552) celle de « soin attentif », d'où (fin
XVIIe s.), au pluriel, « prévenances ».
■
Cette dernière valeur a produit le dérivé ATTENTIONNÉ, ÉE adj. (1823), « qui a des égards, de la prévenance », également dans attentionné à « appliqué à » (mil. XIXe s., A. Karr).
◈
Le préfixé
INATTENTION n. f. (1662) ne s'est imposé qu'au
XVIIIe s., époque où apparaît
INATTENTIF, IVE adj. (1723, chez Massillon) qui se dit des personnes, des actes, etc. et se construit, comme
attentif, avec
à.
◆
Faute, erreur d'inattention (1740), « étourderie, oubli », qui correspond à « faute commise par inattention », donne lieu à hésitation, par rapport à
faute (« défaut, manque »)
d'attention.
❏ voir
ATTENDRE.
ATTÉNUER v. tr. est emprunté (v. 1120) au latin attenuare « amincir, amoindrir », de ad- (→ à) et de tenuare, dérivé de tenuis « mince » (→ ténu).
❏
Le verbe, en français, signifie dès son apparition « rendre faible physiquement » et figurément « rendre moins actif (un contrat) » ; il semble très peu usité avant le XVIe s. où il est attesté (1525) au sens physiologique, et au participe passé, puis (1530) au sens abstrait : atténuer le pouvoir.
◆
À la fin du XVIe s., atténuer les humeurs signifie « les rendre moins épaisses » (d'où un atténuement, 1701) ; au XVIIIe s., s'atténuer (1771) correspond à « maigrir, s'affaiblir ».
◆
Les valeurs figurées l'emportent définitivement au XIXe siècle.
❏
Le participe présent
ATTÉNUANT, ANTE a été substantivé en médecine pour « remède qui atténue les humeurs » (1690,
in Furetière) — emploi disparu — et adjectivé en droit pénal dans
circonstances atténuantes (déb.
XIXe s.), alors opposé à
aggravant.
◈
ATTÉNUATION n. f. est emprunté (1345,
atenuation) au dérivé latin
attenuatio, d'abord pour désigner la diminution d'une somme, puis en droit (1498) une diminution de charges contre un accusé.
◆
Le sens figuré général, « action d'atténuer, de rendre moins fort », semble plus récent. Le mot, qui a eu (1594) une valeur scientifique (« réduction en très petits éléments »), a acquis diverses acceptions techniques aux
XIXe et
XXe siècles ; celle de « diminution d'intensité (d'un courant) » (1932, Académie), puis « diminution d'un phénomène physique, en général », correspond à l'apparition d'un nouveau dérivé du verbe.
■
Ce dernier, ATTÉNUATEUR, TRICE adj. (1948), est employé en technique, aussi comme nom masculin.
❏ voir
EXTÉNUER.
ATTERRER, ATTERRIR → TERRE
ATTESTER v. tr. est emprunté (v. 1200, atester) au latin attestari, de ad- (→ à) et de testari (→ tester), lui-même dérivé de testis « témoin ».
❏
Ce verbe signifie « rendre témoignage » et, avec pour sujet un nom de choses, « servir de témoignage » : ainsi, un usage de la langue : mot, sens, emploi, est attesté par un texte ou un enregistrement.
◆
La valeur religieuse (1618) « prendre à témoin (le ciel, Dieu) », usuelle en langue classique (j'atteste, j'en atteste le ciel, les dieux...), a vieilli.
❏
Le dérivé latin attestatio a fourni par emprunt (mil. XIIIe s.) ATTESTATION n. f., « action d'attester » et « pièce, écrit qui atteste ».
◆
Le mot signifie au figuré « preuve » (1844, Balzac), emploi rare. Il a reçu au XXe s. (attesté 1940, Vidos) une spécialisation linguistique, « fragment de texte qui fournit la preuve d'un usage linguistique, et qui permet de le dater ». — Voir « Datation » (encadré).
❏ voir
CONTESTER, DÉTESTER, PROTESTER.
?
ATTIFER v. tr. est le préfixé ancien (v. 1220, atifer) de l'ancien verbe tifer « parer », usité du XIIe (v. 1170) au XVIe s., continué régionalement dans le nord et l'ouest de la France. Ce verbe proviendrait de l'ancien normand °tippa, reconstitué par le norvégien tip « bout » (Cf. l'anglais tip), le néerlandais et l'allemand tippen « effleurer », etc. Cette racine germanique, qu'on a pu faire dériver du radical indoeuropéen dumb- « pénis » et « queue », aurait évolué de tipp- à °tipf- (attesté par l'allemand Zipfel) et c'est un verbe °tipfen qui aurait produit le mot français tiffer (hypothèse de Wartburg, contestée).
❏
Attifer a survécu à tiffer, au sens d'« orner, parer », puis, par connotation d'archaïsme (le mot est considéré comme vieux au XVIIe s.), d'« orner ou habiller de manière ridicule ».
❏
Le dérivé
ATTIFET n. m. (1480 ;
tatiffet, v. 1240), courant au
XVIe s. avec une valeur voisine du paronyme
affiquet, comme
ATTIFEUR n. m. (1587, Ronsard), est vieux.
■
ATTIFEMENT n. m. (v. 1250) et ATTIFAGE n. m. (1547), archaïques comme l'est toute la série dans la langue classique, ont été repris au XIXe s., souvent par régionalisme (George Sand, 1849, attifage).
❏ voir
TIFFES.
?
ATTIGER v., verbe argotique (1808), représente selon Sainéan une simple variante de aquiger (1596), qui se serait employé jusqu'à la fin du XIXe siècle. Ce dernier pourrait être un emprunt à l'espagnol aquejar « tourmenter » ou venir de l'ancien français aquis (1160) « accablé ».
❏
Attiger signifie « blesser » puis (1922) « exagérer ».
◆
L'expression aujourd'hui archaïque attiger la cabane, peut-être antérieure, correspond à casser la baraque et signifie « dépasser la mesure ».
❏
Le dérivé ATTIGEUR n. m., sorti d'usage, a désigné argotiquement (1826) le bourreau.
ATTIGU, UË adj. est un emprunt, soit au latin attiguus (→ contigu), soit à l'italien attiguo (1728), attesté au début du XIXe s. en français de Suisse, avec le même sens que contigu, voisin (attigu à ; des maisons attiguës). Le mot semble usuel dans le Valais.
ATTIQUE adj. et n., d'abord actique (1538), est un emprunt de la Renaissance au latin atticus, calque du grec attikos « d'Athènes », adjectif dérivé se rapportant à Athênai « Athènes ». Il a dès l'origine une valeur majorative, « propre à Athènes, dans le goût, le raffinement », par opposition aux autres cités grecques (Cf. l'opposition attique-béotien, par exemple). Le nom de la cité attique est dérivé de celui de Athênê, déesse grecque que l'on suppose être d'origine minoenne, et issue d'une déesse au serpent protégeant le palais. L'étymologie de ce nom est inexpliquée.
❏
En français, l'adjectif est didactique. L'expression
sel attique est plus tardive (1672) que
urbanité, éloquence attique et même
miel attique.
■
La substantivation en architecture, un ATTIQUE n. m. (1639), « étage supérieur de dimension inférieure », vient probablement de la décoration de pilastres, évoquant le style grec. On rencontre en architecture les expressions étage attique, d'attique et en attique, cette expression étant courante en français de Suisse, avec tout mot désignant un logement. Absolument, un attique, peut-être par calque de l'allemand, correspond à ce qu'on nomme en France par anglicisme penthouse.
❏
Le dérivé atticismus, grec attikismos, a donné (1543) ATTICISME n. m., « qualité athénienne » appliquée au style moderne (1687). En latin, à la différence du grec, atticismus désignait surtout les caractères dialectaux du grec athénien, et les qualités stylistiques athéniennes, dans la littérature grecque antique. Cette valeur spéciale s'est conservée en français dans l'usage didactique.
ATTIRAIL n. m. est un dérivé (XVe s., atirail) de l'ancien français atirier ou atirer « arranger, mettre en ordre » (v. 1130), dérivé du substantif tire « ordre, rang », mot d'origine germanique. L'origine en remonte au francique °teri « position dans un ordre », restitué d'après l'allemand ancien (Cf. Zier « ornement » en allemand moderne), le scandinave, etc. Il semble que le mot, contrairement à ce que pensait Dauzat, n'ait aucun rapport originel avec attirer et tirer ; cependant, l'expression a tire « sans interruption » manifeste un croisement sémantique possible entre atirier et la famille de tirer.
❏
D'abord terme de technique militaire, attirail a pris un sens élargi (« équipement ») et, sous l'influence d'un suffixe souvent dépréciatif, la valeur péjorative d'« équipement encombrant et superflu » (1669, La Fontaine), emploi où il est resté usuel.
ATTIRER v. tr., d'abord écrit atirer (v. 1490), est dérivé de tirer* par addition du préfixe a-. Le mot est distinct de l'ancien français atirier « mettre en ordre, orner, arranger » (conservé dans l'anglais to attire), qui viendrait de l'ancien substantif tire « rang » (→ attirail), conservé dans à tire d'ailes.
◆
Attirer a remplacé l'ancien français attraire (→ attraction, attrait) comme tirer a supplanté traire dans la majorité de ses sens. L'ancien provençal a formé de même atirar, attesté dès le XIVe s. au sens de « gagner qqn à soi ».
❏
Le verbe correspond d'abord à « amener (qqn) », sens sorti d'usage tout comme « pousser (qqn) à faire qqch. » (1549, attirer qqn à faire qqch.) et « respirer » (1553, dans attirer l'air).
◆
Cependant, l'usage moderne du verbe s'est fixé avec ses sens encore vivants au XVIe siècle : attirer correspond alors à « faire venir à soi » (v. 1510), « séduire » (1538), « provoquer, causer (le malheur, l'amour) » et « solliciter (l'attention) », ces deux derniers sens se rencontrant d'abord dans le langage biblique (1553). La locution figurée attirer qqn à sa cordelle « le mettre de son côté » (XVIe s.) est sortie d'usage.
◆
La forme pronominale, s'attirer (qqch.), est attestée depuis le XVIIe siècle.
❏
Les dérivés, à l'exception de
attirant et
attirance, ont vieilli.
■
ATTIREMENT n. m. (atirement, 1547) a été employé jusqu'au XVIIe s. au sens d'« attrait » et d'« action de faire venir à soi ».
◆
Il a été repris au XIXe s., avec un sens érotique (1853, Flaubert) et avec une valeur concrète et neutre (1873), mais ne s'est pas maintenu.
◈
Dès le
XVIe s., le participe présent de
attirer, ATTIRANT, ANTE, a été adjectivé avec la valeur de « qui plaît » (1548) et a pris la nuance voisine de « qui exerce une attraction érotique » (1690).
■
ATTIRABLE adj. (1743), « susceptible d'être attiré », est peu usité.
■
Le XVIIIe s. a fourni un autre nom d'action, ATTIRAGE n. m. (1751), mais celui-ci, tant avec ses acceptions techniques attestées depuis l'Encyclopédie, qu'avec le sens général, « action d'attirer » (1838), ne s'est pas conservé.
■
Le seul dérivé de attirer, hormis attirant, qui soit resté vivant est ATTIRANCE n. f. (1854, Baudelaire), uniquement employé au sens de attirant, pour « charme qui attire », qui en fait le quasi-synonyme de attrait et attraction.
L
ATTISER v. tr. est issu (XIIe s.) d'un dérivé latin populaire °attitiare, induit de plusieurs formes romanes et composé de ad- (→ à) et de titio « tison », mot populaire attesté depuis Varron (→ tison).
❏
D'abord attesté sous la forme atisier au figuré (1140) pour « rendre plus vif, exciter », le verbe signifie proprement (v. 1175, Chrétien) « aviver (un feu) par des tisons », la chronologie, probablement due au hasard des attestations, permettant de supposer l'existence du sens figuré en latin médiéval.
❏
Il a pour dérivés
ATTISEUR n. m., d'abord (
XIIe s.)
atiseor, aussi
atisseur (1470) « tisonnier », qui est un nom d'agent rare (1615),
ATTISEMENT n. m. (
XVIe s.) et
ATTISOIR n. m. (1808), désignation technique d'ustensile, le mot usuel correspondant étant
tisonnier (ci-dessus).
■
D'autres dérivés, ATTISE n. f., mot technique de brasserie (1751), ATTISAGE n. m. (1836-1838), « action d'attiser », ATTISANT, ANTE adj. (1874, Barbey, au figuré) et composés, tels ATTISE-FEU n. m. « tisonnier » (1480) et au figuré ATTISE-QUERELLE n. m. (1564), sont sortis d'usage.
■
La série comprend aussi plusieurs régionalismes et archaïsmes, comme atisies n. f. pl. « torches allumées » (1390), ATTISÉE n. f., mot picard, « bois pour le feu » et « grand feu, flambée » (attesté 1850). Le mot, archaïque en France, s'emploie en français du Canada, où attisée désigne aussi le bois nécessaire pour cette flambée.
ATTITUDE n. f. est un terme classique de peinture (1637, Poussin), emprunté à l'italien attitudine, lui-même emprunt au latin populaire actitudo, -inis, dérivé de actitare, fréquentatif de agere (→ action). Quant à la forme actitudo, elle est formée d'après le latin tardif aptitudo, -inis (→ aptitude) ou, moins vraisemblablement, correspond à la modification de aptitudo d'après actus (→ acte).
❏
Le mot a eu rapidement du succès et est passé à l'usage général, puis (déb. XIXe s., dans les Mémoires de Napoléon) à une valeur figurée, « comportement collectif », puis « disposition mentale ». Il est usuel, tant en psychologie, en sociologie que dans l'usage général et courant. Le calque d'une expression anglaise, prononcée à la française, a fourni positive attitude dans une chanson (Lorie, 2004), expression souvent reprise en dérision, malgré la caution d'un Premier ministre optimiste, sans doute adepte de la célèbre méthode Coué.
ATTORNEY n. m., emprunt reconnu à l'anglais (1764 en français du Canada ; v. 1803 en France), correspond à un mot anglais lui-même emprunté à l'ancien français atorné (1217), participe substantivé du verbe atorner, atourner « régler (une affaire), assigner », formé sur torn, tour*.
❏
Le mot désigne un homme d'affaires dont les fonctions correspondent, en Grande-Bretagne, en partie à celles du notaire et, aux États-Unis, en partie aussi à celles de l'avocat français. Attorney général (1837 ; le mot est cité en anglais en 1698) correspond à procureur général. C'est, en français de l'île Maurice comme en anglais, le nom du ministre de la Justice, qui doit toujours être un avocat.
ATTRACTION n. f. est emprunté, sous la forme atration (1265), au bas latin attractio, -onis, du supin attractum de attrahere, qui a donné en ancien français attraire (1080), plus tard remplacé par attirer*. Attrahere est formé de ad- (→ à) et de trahere, qui a donné traire*. Le latin attractio signifie « contraction », puis (Ve s.) « action de tirer vers soi, d'aspirer ».
❏
Attraction a d'abord la valeur du latin tardif, « action d'attirer ; aspiration », spécialisée en physiologie. Le succès du mot date du
XVIIe s., par emprunt à l'anglais de Newton
attraction (1688), et du
XVIIIe s. par évolution rhétorique pour « force qui attire psychiquement » (1761, Rousseau), et à nouveau par emprunt à l'anglais scientifique (1733, traduction de Brown concernant l'électricité ; voir ci-dessous). Ces emprunts terminologiques étaient préparés par le sens ancien de
adtractif, puis
attractif (voir ci-dessous).
◆
L'emploi du mot en linguistique (1833), pour « modification par influence d'une forme voisine », correspond à une spécialisation et non, comme on l'a cru par une mauvaise lecture de Varron, à un réemprunt au latin.
■
Enfin, un sens de l'anglais attraction, « centre d'intérêt pour le public », passe en français vers 1860 pour se spécialiser plus tard au sens d'« élément d'un spectacle de variétés ».
■
La pluralité des valeurs sémantiques du mot s'explique par les multiples sources, et notamment par l'emploi de attractio (Albert le Grand, mil. XIIIe s.) et de attractivus (Cf. l'ancien français adtractif) en astronomie ; de là l'anglais attraction (1607), utilisé plus tard par Newton et passé dans d'autres langues, dont le français. Le sens newtonien est en relation terminologique avec gravitation*. L'anglais attraction s'est employé aussi à propos de l'aimant (1626), ce qui explique son utilisation dans la terminologie de l'électricité (Brown, voir plus haut).
❏
ATTRACTIF, IVE adj. est emprunté sous les formes adtractif (1270) puis actractif (XIVe s.), avant la forme moderne (XVe s.), au dérivé latin attractivus, du supin de attrahere.
◆
L'adjectif a dès l'origine, en français, les valeurs astronomique et magnétique prises plus tard par attraction et ne prend valeur figurée qu'au XVe s. pour « persuasif, séduisant » (en parlant d'une personne). L'emploi médical, correspondant au premier sens attesté de attraction, est attesté à partir du XIVe siècle.
❏ voir
ATTRAIT.
ATTRAIT n. m. est le participe passé masculin, substantivé (v. 1175, atret), du verbe attraire (1080, Roland), vivant jusqu'à la fin du XVIe s., puis archaïque. Ce verbe était issu du latin populaire °attragere (Bloch et Wartburg) ou directement du latin classique attrahere, de ad- (→ à) et de trahere (→ traire), comme l'italien et l'espagnol correspondants. Attraire a signifié « faire venir », puis (XIIIe s.) « charmer, séduire », entrant alors dans le vocabulaire courtois ; il a été en partie remplacé par attirer, comme traire l'a été par tirer.
❏
Le mot attrait apparaît au sens de « puissance qui attire (à propos de l'amour) » et devient très courant, surtout au pluriel, dans la langue classique, pour « qualité qui plaît » et notamment « qui suscite le désir, chez une femme » (alors en concurrence avec appâs*).
◆
Il est aujourd'hui archaïque ou littéraire, dans ce sens, et s'emploie surtout au singulier, en contexte abstrait (l'attrait de qqch. pour qqn, manquer d'attrait...).
❏
Le participe présent du même verbe attraire, ATTRAYANT, ANTE adj. (1283), correspond d'abord au verbe et signifie « séduisant », en parlant des personnes et des choses. Courant lui aussi dans la langue classique, il est aujourd'hui moins marqué et beaucoup moins littéraire que attrait, sans être aussi courant que agréable.
❏ voir
ATTRACTION.