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AUGE n. f. est l'aboutissement normal (XIe-XIIe s.) du latin alveus « récipient, vase » et « corbeille » (→ alvéole).
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Le mot latin semble apparenté à alvus « ventre » et « cavité d'un arbre (où se met l'essaim d'abeilles) », et peut-être au grec aulos « tuyau creux », surtout « flûte ».
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La première attestation (1080) semble douteuse au sens latin de « récipient » (mais le dérivé auget apparaît fin XIIe s.). Depuis le XIIIe s. (1268), on trouve la spécialisation « bassin pour donner à boire aux animaux », puis au XVe s. (1446) le mot signifie « pétrin » et, un siècle plus tard, « récipient » en technique (1567). Il désigne ensuite divers récipients.
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On parle, en géologie, d'auge glaciaire à propos d'une vallée au fond large et plat.
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Les dérivés AUGÉE n. f. (1450) et AUGETTE n. f. (1415) sont plus rares que AUGET n. m. (v. 1190, « panier »), qui prend (fin XIVe s.) son sens moderne de « petite auge (pour les oiseaux) » et vers la fin du XVIIIe s. (1798) une valeur technique, « godet », dans roue à augets.
AUGMENTER v. tr. est emprunté (mil. XIVe s.) au bas latin augmentare, de augmentum, terme courant remplaçant l'archaïque augmen, du verbe augere « faire croître » et « s'accroître ». Ce verbe est à la source de nombreux mots latins et romans, dont augure*, auteur*, autorité*, auxiliaire*. Il remonte à une racine verbale indoeuropéenne polymorphe (°aweg-, °ug-, °aug-) qui se retrouve en de nombreuses langues, du sanskrit et de l'avestique au grec (→ auxine) et aux langues germaniques.
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Augmenter est d'abord transitif et pronominal (s'augmenter, v. 1355), puis intransitif (1536). Sémantiquement, il n'a pas changé, malgré son utilisation dans des contextes successifs et différents avec le plus souvent des compléments désignant des quantités mesurables et notamment des prix, des valeurs. Par métonymie, augmenter qqn (1752) correspond à augmenter son traitement, son salaire. Le verbe a des emplois étendus, qui ne seraient pas naturels en français d'Europe, en Afrique où l'on dira par exemple augmenter la lumière (d'une lampe), augmenter la radio (le volume du son).
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À côté de s'augmenter, les emplois absolus et intransitifs sont très courants, notamment dans le contexte des prix, du coût de la vie (tout augmente, la vie augmente).
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AUGMENT n. m., pris au latin
augmentum, est déjà employé en ancien français (depuis
XIIIe s.) au sens d'« augmentation » et dans une acception juridique au
XVIe siècle. Seul l'emploi linguistique (
XVIIe s.) est resté vivant.
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AUGMENTABLE adj. (v. 1510) est didactique ou rare.
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AUGMENTATIF, IVE adj. semble formé en français (1370) ; l'emploi linguistique apparaît au XVIIe siècle.
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AUGMENTATION n. f. est un emprunt (
augmentacion, déb.
XIVe s.) au bas latin
augmentatio, dérivé du supin de
augmentare ; il a remplacé
augment n. m. (voir plus haut).
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L'emploi spécial dans
augmentation de gages (Furetière, 1690), puis
de salaire (1793), est devenu une valeur importante du mot, aussi employé seul :
demander une augmentation.
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AUGMENTATEUR, TRICE n. est lui aussi emprunté (v. 1501) à un dérivé latin augmentator.
AUGURE n. m., au sens de « présage, divination », est emprunté (v. 1150) au latin augurium, terme général par rapport à auspicium (observation divinatoire des oiseaux), mais réservé aux présages favorables. Le mot vient de augur « prêtre qui fournit des présages favorables », c'est-à-dire propres à accroître (augere ; → augmenter) les entreprises humaines. Le sens premier de augur, augurium devait concerner le développement de ces entreprises accordé par les dieux. Augustus, dérivé de augur (→ août, auguste), signifiait « consacré par l'augure ; promis au succès par les dieux ». Augurium avait pris dès le latin classique (Cicéron) le sens profane de « prévision ».
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En français, augure apparaît dans un contexte antique, avec pour dérivé augureor (1213, augurerres, sujet), c'est-à-dire « augureur ».
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L'emprunt au latin augur, pour désigner le prêtre, est attesté en 1355.
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Les extensions à la langue courante semblent postérieures à l'emploi moderne du verbe augurer et sont peut-être suscitées par lui, en tant que déverbal : prendre un mauvais augure de qqch. (déb. XVIIIe s., Galland), puis de bon, de mauvais augure, qui est restée vivante.
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AUGURAL, ALE, AUX adj., emprunt (1531) au dérivé latin auguralis, est resté un terme d'Antiquité, alors que AUGURER v. tr. (1355 ; latin augurare) a pris (fin XVIe-déb. XVIIe s., Brantôme) le sens de « prévoir, grâce à un signe », courant à l'époque classique en emploi absolu (bien, mal augurer de...), et conservé en français moderne.
❏ voir
HEUR, INAUGURER.
AUGUSTE adj. est un emprunt (1243) au latin augustus, dérivé de augur (→ augure), adjectif qui s'est dit des entreprises semblant vouées au succès « de bon augure », puis s'est appliqué à l'empereur à partir d'Octave, pour rendre le grec sebastos, qui a donné en français le prénom Sébastien. En outre, l'adjectif avait pris la valeur d'« imposant, digne de respect ».
❏
En français, l'adjectif apparaît pour qualifier le nom d'un empereur romain (
César auguste, 1243). Le sens extensif latin a été repris par le français (
XVe s.), sens courant dans la langue classique et devenu archaïque.
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L'emploi du mot comme nom masculin, à propos des clowns grimés (1898), semble venir de l'allemand (Tom Belling) où Augustus, prénom issu du latin, a été pris par plaisanterie comme nom de personnage. L'auguste s'oppose au véritable clown (ou clown blanc), mais le terme est demeuré technique ; les profanes nomment (à tort) clown* ce type de personnage violemment maquillé et vêtu de manière grotesque.
❏
Le dérivé
AUGUSTEMENT adv. (1503), « de manière auguste », est inusité.
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AUGUSTAT n. m. (1823), « dignité d'empereur romain, d'Auguste », est didactique.
❏ voir
AOÛT.
AULIQUE adj. est un emprunt savant de la Renaissance (1546) au latin aulicus, dérivé de aula « cour intérieure », et qui correspond au grec aulikos. Aula est emprunté au grec aulê « cour » et « cour du palais royal », aussi « parc à bestiaux », qui correspond au latin atrium (→ atrium). Le mot grec, dont l'acception première est « gîte », est dérivé du thème attesté par le verbe iauein « dormir » que l'on retrouve en arménien. Il est lié à aesa, aoriste de aeskein « passer la nuit », et remonte au thème indoeuropéen °au-, attesté par le hittite, le sanskrit vásati « séjourner », le gotique wisan.
❏
Le mot s'est employé en terme d'Antiquité, pour « relatif à la cour d'un souverain », et spécialement en histoire (1710), à propos des institutions suprêmes de l'Empire romain germanique.
❏
AULA n. f. a été repris à l'allemand Aula (1848 dans le journal d'Amiel), lui-même emprunt au latin, qui avait pris le sens de « salle des fêtes », « amphithéâtre ». Le mot désigne une grande salle, dans une université d'un pays germanique ou anglo-saxon (aux États-Unis). Cet emploi n'est courant en français qu'en Suisse, où il désigne toute grande salle dans un établissement d'enseignement, un musée (à côté de auditoire).
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Au sens archéologique de « cour intérieure (d'une maison romaine) », c'est un réemprunt au latin.
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AULNE n. m. est issu (XIIe s.) du latin alnus, mot appartenant à une série indoeuropéenne de vaste diffusion, vieil anglais, langues slaves, lituanien... Dans le domaine gaulois, le mot se serait implanté au nord de la Loire et des Vosges, parce qu'il était renforcé par le francique °alisa (et non °alira, hypothèse antérieure) de même sens, d'où la forme ausne (v. 1200). Au sud de la même ligne, en revanche, alnus se heurtait au substrat gaulois °verno (d'où verne, vergne) et ne s'est pas imposé. Pour Jakob Jud, c'est même °alisa, croisé pour la finale avec le latin fraxinus (frêne), qui aurait produit aulne, ce qui ne tient pas compte de la diffusion romaine du type latin alnus (Italie du Nord, etc.).
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Le mot désigne un arbre des lieux humides. La célèbre ballade de Goethe Erlkönig a été traduite en français (Nodier) par le Roi des aulnes. Erl correspond à l'allemand Erle « aulne », mot apparenté à l'anglais alder, au néerlandais els et, au-delà, au latin alnus. On écrit aussi aune.
❏
Le dérivé
AULNAIE n. f., réfection (
XVe s.) de
auneiz (v. 1170), puis
aunoie (1260), vient du latin tardif
alnetum (
IXe s.), dérivé de
alnus. Le mot désigne un lieu planté d'aulnes.
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AULNETTE n. f. (1690), de même sens, est rare.
L
AUMAILLE n. f. est issu (déb. XIIe s.) du latin animalia, pluriel neutre de animal, -alis (→ animal).
❏
Le mot, rural ou archaïque, signifie « gros bétail ».
AUMÔNE n. f. est emprunté sous la forme almosne (déb. Xe s.) au latin populaire °alemosina, qui provient du latin ecclésiastique eleemosyna, hellénisme, par ouverture du e initial sous l'influence du l. Le grec classique eleêmosunê, dérivé de eleêmôn « compatissant », signifiait « compassion » et avait pris en grec chrétien le sens de « don généreux fait aux pauvres ». Eleêmon dérive de eleos « pitié », mot qui subsiste en grec moderne et n'a pas d'étymologie connue (→ Kyrie Eleison).
❏
La valeur du mot en français n'a pas varié, mais il a acquis un sens métaphorique (l'aumône d'un regard) et a perdu de sa vitalité. Ce recul, lié à l'évolution des mœurs et de la sensibilité sociale, est plus sensible encore avec le vieillissement et la disparition des dérivés, AUMÔNER v. tr. (eumoner, 1133) « faire l'aumône », 1 AUMÔNIER adj. « qui fait l'aumône » (1155), ou l'ancien français almosnier (XIe s.) « pauvre qui reçoit l'aumône ».
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Cette évolution n'est pas ressentie dans les milieux francophones musulmans, tant en France qu'au Maghreb ou en Afrique subsaharienne, l'aumône étant l'une des obligations des cinq « piliers » de l'islam, et le mot français traduisant les termes arabes achour, zakat. En Afrique, il s'est spécialisé à propos des petits cadeaux faits aux assistants d'une cérémonie en l'honneur d'un défunt.
❏
Cette dernière forme a été reprise dans
2 AUMÔNIER n. m. (1174,
aumosnier) « personne chargée de la distribution des aumônes », pris au latin chrétien
elemosynarius, dérivé de
elemosyna.
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Le mot français a acquis, probablement au
XVIe s. (Nicot, 1606), le sens de « chapelain », puis de « directeur spirituel d'un établissement » (attesté déb.
XIXe s.).
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Parallèlement AUMÔNERIE n. f. (1190) signifie « charge d'aumônier », aux sens successifs du mot.
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AUMÔNIÈRE n. f. (aumosniere, 1176) a désigné une bourse destinée en principe à l'argent des aumônes, puis un petit sac. Vieilli dès le XVIe s., le mot s'est réemployé sporadiquement, selon les modes.
G
AUNE n. f. vient, sous la forme alne (1080), du francique °alina, restitué par le gotique aleina, l'ancien norrois, le moyen néerlandais, par l'intermédiaire probable du latin médiéval alnus (attesté XIe s.). La série des mots germaniques (allemand Elle) signifie « avant-bras », d'où « longueur de l'avant-bras » par une extension courante (Cf. brasse, pied, pouce...).
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En français, aune désigne une mesure (1,18 m, puis 1,20 m) utilisée surtout en commerce, et spécialement dans la mesure des tissus pour la vente, et ceci jusqu'en 1840. Le mot est resté, en histoire et dans des locutions métaphoriques, comme long d'une aune (XVIIe s.), notamment en parlant d'un long nez, ou savoir ce qu'en vaut l'aune « juger par expérience ».
❏
Le verbe dérivé
AUNER v. tr. (v. 1180) s'est surtout employé pour le drap.
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AUNAGE n. m., d'abord aunaige, dérivé (XIVe s.) de auner, a d'abord désigné (1318) un droit payé par les marchands de toile, puis (1322) le fait de mesurer à l'aune.
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AUNÉE n. f. (fin XIIIe s., ausnee) a désigné la longueur d'une aune.
AUPRÈS adv. est un composé français (1424) de au et près.
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Son emploi adverbial a vieilli (les lieux situés auprès), remplacé par près ou tout près. En revanche, la loc. prépositive auprès de est restée usuelle ; au figuré, elle exprime un rapport entre personnes ou entités (l'ambassadeur auprès de...) et peut s'appliquer à la comparaison (ce n'est rien auprès de cette action).
AURA n. f. est un latinisme scientifique (1793) pris au latin moderne aura vitalis (attesté en 1577, mais antérieur ; Cf. la francisation comique en aure vitale, chez l'écolier limousin de Rabelais, 1553) qui signifie « souffle vital », du latin aura « souffle » et « atmosphère ». Le latin aura est un emprunt littéraire et poétique au grec aura et a donné en français orage*. Aura est généralement rapproché, mais sans certitude, de aêr, qui a donné aéro-* et air* en français.
❏
L'ancien français connaissait le mot
aure (apr. 1170) pour « souffle de vent », sens abandonné, puis repris par archaïsme (et sans suite) par Chateaubriand.
Aura en français (ou
aura vitalis) désigne une émanation servant de principe d'explication dans la physique et la physiologie anciennes. Le latin médical de Galien,
aura epileptica (av. 1820 en français), puis
aura (1846), s'emploie encore en médecine.
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Enfin, le mot est entré, avec l'influence très probable de auréole, auréoler, puisqu'il ne s'agit plus de « souffle », dans le vocabulaire des sciences occultes pour « halo visible par les seuls initiés » (fin XIXe s.) et de là dans le registre courant (1923, Proust) pour « atmosphère plus ou moins mystérieuse ».
❏ voir
ESSOR, ORAGE.
AURÉOLE n. f. est emprunté, d'abord avec adaptation orthographique en oreole (1291), au latin aureola, adjectif féminin dans corona aureola, « couronne d'or », dérivé de aurum (→ or).
❏
Le mot, dont la graphie latine est restituée au XIVe s. (auriole ; puis XVe s., auréole ou aureolle), est passé du sens de « petite couronne en or » au sens religieux actuel, d'abord attesté en latin médiéval pour aureola.
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Il a pris ensuite des valeurs figurées, « ce qui entoure la tête », « cercle de lumière » et « gloire, prestige », valeurs qui se sont développées au XIXe s., époque où apparaît le verbe dérivé.
❏
AURÉOLER v. tr. est d'abord attesté au participe passé adjectif
AURÉOLÉ, ÉE (1856, chez Baudelaire traduisant Poe ; mais
aureoled n'est attesté en anglais qu'en 1860, Oxford).
S'auréoler pron. est chez Nadar (
in P. Larousse) ; comme le transitif (citation de M
me C. Bachi,
ibid.), il doit dater aussi du milieu du
XIXe siècle.
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AURÉOLAIRE adj. (1845), « en forme d'auréole », est littéraire et rare.
AURI-, AUR(O)- élément emprunté au latin aurum (→ or), sert à former des composés didactiques.
❏
Les principaux sont
AURIFÈRE adj. (1535), emprunt au composé latin
aurifer (Cf. -fère), pour « qui contient de l'or, à l'état naturel » ;
AURIFIER v. tr. (attesté 1863), « obturer avec de l'or », et
AURIFICATION n. f. (1858), qui concerne aussi surtout les dents « en or ».
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AURIQUE adj. (1842), dérivé savant de aurum, concerne l'or trivalent.
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AUREUS n. m., emprunt (1845) à l'adjectif latin dérivé de aurum (« d'or »), désigne une pièce d'or servant d'unité monétaire dans la Rome antique.
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Récemment a été formé AURÉOMYCINE n. f. (1950), sur myce- et -ine, pour désigner un antibiotique utilisé en poudre jaune doré (latin savant streptomyces aureofaciens) découvert en 1948 (Duggar).
❏ voir
AURÉOLE.
AURICULAIRE adj. et n. est un emprunt (1532, Rabelais) au bas latin auricularius dérivé de auricula (→ oreille).
❏
L'adjectif, dans doigt auriculaire, qualifie en français le petit doigt que l'on peut mettre dans l'oreille (image remontant au latin). Il ne sera substantivé dans cette acception qu'au XIXe s. (1866).
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Au sens large, « de l'oreille ; auditif », il apparaît dans confession auriculaire (1561, Calvin) ; le latin médiéval connaissait auricularius n. m., « confesseur ». Il s'emploie aussi dans témoin auriculaire (av. 1690).
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Auriculaire n'est utilisé en anatomie, avec le sens initial du latin, qu'au XIXe s. (1824), et reste didactique.
❏
AURICULE n. f., emprunt (1377) au latin
auricula, a désigné l'oreillette du cœur, plus tard remplacé par
oreillette.
◆
Le mot a été repris (1838) pour désigner un diverticule prolongeant l'oreillette, avec d'autres valeurs en botanique.
■
AURICULOVENTRICULAIRE adj. s'emploie en anatomie (1814) pour « relatif à l'oreillette et au ventricule* (du cœur) ».
AURIGE n. m. est emprunté (1823) au latin auriga « cocher », parfois origa, en général expliqué (Saussure, Muller) par un composé de agere « conduire » (→ agir) avec un élément °ōre-, °aure « mors », mais la composition du sens est bizarre et l'i fait difficulté (Ernout et Meillet). La forme auriga pourrait être due à un faux rapprochement avec aures « les oreilles » (→ oreille).
❏
Ce mot d'archéologie, désignant le conducteur de char antique dans les courses, a été diffusé à la fin du XIXe s. par la découverte d'un admirable bronze archaïque grec, nommé l'aurige de Delphes.
AUROCHS n. m. est un emprunt (1414, sous la forme altérée et bizarre ourofl ; puis 1611, aurox) à l'allemand Auerochse, composé de Ochse « bœufs », d'abord sous la forme ancienne Urohse en moyen haut allemand, de Ohse « bœufs », correspondant à l'anglais ox et d'origine indoeuropéenne, et Ur. Ce dernier, mot germanique d'origine incertaine, désignait déjà cet animal et a donné le latin urus (César), d'où le moyen français ure (XVIe s., urus étant repris en zoologie).
❏
Rarissime en moyen français, le mot est repris en sciences (aurocks et aurochs, Buffon, v. 1752) pour désigner un mammifère (bovidés), bœuf sauvage de grande taille dont l'espèce s'est éteinte sans doute au XVIIe siècle.
AURORE n. f. est un emprunt (XIIIe s.) au latin aurora, que les Latins (Varron) faisaient venir de ab auro « de l'or », à cause de la teinte dorée du soleil levant. Il s'agit en fait d'un nom indoeuropéen à valeur religieuse, élargissement d'un thème °au- (comme le grec qui atteste les formes simples auôs [éolien], heôs), originairement en °es- (sanskrit uṣāh).
❏
Aurore reste rare en français avant le
XVIe siècle ; il prend des valeurs métaphoriques en langue classique et se spécialise pour désigner une couleur (1666) et un météore, l'
aurore boréale (1646), appelée plus tard
aurore polaire (le phénomène étant aussi austral), mais la première désignation demeure plus courante.
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En français contemporain,
aurore est normal au sens propre, mais d'usage évocateur et assez littéraire. En style poétique,
aurore s'emploie au moins depuis le
XVIIe s. pour « début, commencement »
(Cf. aube).
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Enfin, le mot désigne (1808) un papillon diurne à ailes blanches tachées de rouge.
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Le dérivé AURORAL, ALE, AUX adj. (1859) est didactique et littéraire.
❏ voir
AUSTRAL, EST.
AUSCULTER v. tr. est un emprunt savant (1510) au latin auscultare « écouter », qui avait pris au XIIIe s. (1270) la valeur juridique de « comparer, confronter », empruntée un temps par le français. Ce verbe est composé d'un premier élément identifié comme auris (→ oreille) et d'un second élément problématique.
❏
Le verbe avait en ancien français la valeur juridique du latin médiéval ; mais il était depuis longtemps inusité, en 1819, quand Laennec écrivit son Traité de l'auscultation pour désigner sa méthode d'écoute médicale ; ce traité n'atteste pas le verbe, qui semble un peu plus tardif.
❏
AUSCULTATION n. f. est lui aussi un latinisme (1570) emprunté au dérivé latin
auscultatio, avec la même valeur juridique que
auscultare. Comme on vient de le voir, le mot a été repris par Laennec (1819).
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AUSCULTATOIRE adj. (mil. XIXe s. ; chez Verlaine, av. 1869) qualifie ce qui concerne l'auscultation.
AUSPICE n. m., comme augure, a deux valeurs distinctes, dont une seule (XIVe s.) a survécu, l'autre étant empruntée au latin auspex, -icis « prêtre romain qui prédisait l'avenir par l'examen du vol des oiseaux ». Le mot venait de avis « oiseau » (→ avi-, oie) et de spicere « examiner » (→ aspect, spectacle). Le dérivé auspicium désignait le présage heureux.
❏
Auspice (v. 1355), emprunt à
auspicium, a pour variante en moyen français la forme altérée
euspices (1366). Ce latinisme, employé comme terme d'Antiquité, a eu aux
XVIe-
XVIIe s. un homonyme rare, emprunté à
auspex, désignant en 1570 le témoin dans un mariage, puis (1697) un prêtre de l'Antiquité, emploi exceptionnel qui a disparu.
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Le mot a pris une valeur étendue au milieu du XVIIe s. « circonstances permettant une prévision favorable ou défavorable », employée dans sous les auspices de qqn, de qqch. « sous sa protection », d'abord en contexte antique, puis moderne.