AVULSION n. f. est un latinisme savant, emprunté (XIVe s.) à avulsio, de avellere « arracher », de vellere « tirer violemment », verbe dont les dérivés ont donné convulsion*, révulsion*, rattaché à une racine indoeuropéenne °wel- (→ flanelle, laine, velu).
❏  Rare après le XVIe s., avulsion a été repris par latinisme en chirurgie dentaire (1836).
AVUNCULAIRE adj. est un dérivé savant (fin XVIIIe s.) du latin avunculus « oncle* » et d'abord « oncle maternel » (l'oncle paternel est appelé patruus), diminutif familier de avus « grand-père » ; nom familier indoeuropéen pour désigner un ancien dans le groupe social.
❏  Cet adjectif didactique correspond à oncle et à tante.
❏  Le dérivé AVUNCULAIREMENT adv. (1834) est encore plus rare.
■  AVUNCULAT n. m., autre dérivé savant (1936), s'emploie en anthropologie, comme AVUNCULOCAL, ALE, AUX adj. (mil. XXe s.) « qui se fait chez l'oncle maternel ».
AWALÉ n. m., emprunt à une langue africaine, désigne en français d'Afrique un jeu de stratégie qui se joue sur un plateau à douze trous, chaque joueur disposant de vingt-quatre pions.
AXE n. m. est emprunté (1372) au latin axis « essieu », puis « axe de machine, arbre » et « axe du monde », d'un thème indoeuropéen °aksi-, élargissement d'un nom °aks ; d'autres formes élargies ont donné le grec axôn « axe, essieu », le sanskrit áḳsạh, l'avestique asa. En latin, le mot ala « aisselle » (→ axillaire), puis « aile » (→ aile), est une réduction de °aks-lā. ◆  Cet axis est sans rapport avec celui qui a donné ais.
❏  Le mot est d'abord un terme d'astronomie et de géométrie, repris au latin de Vitruve en architecture (1676, Félibien) et, sans doute encore au latin, en mécanique (av. 1690). De nombreuses valeurs scientifiques modernes se développent ensuite : optique, anatomie (1704), magnétisme (1751), cristallographie (1801, Haüy). ◆  Axe est passé dans la langue générale (av. 1690) pour désigner une pièce matérielle autour de laquelle tourne une roue, etc. et, récemment, une voie (axe routier). ◆  Le sens abstrait, « direction, ligne générale », semble récent (1er quart XXe s.), ainsi que la valeur politique, dans l'axe Rome-Berlin (emprunt à l'italien, dans une phrase de Mussolini, le 1er novembre 1936, sur l'« axe vertical de l'Europe » — le traité germano-italien date du 23 octobre), d'où les puissances de l'Axe. ◆  Être dans un, dans l'axe correspondant à « dans la bonne direction », être en axe s'emploie en Afrique, notamment en Guinée, pour « être correct, convenable ».
❏  Parmi les dérivés, l'adjectif participal AXÉ, ÉE (1562) signifie « fixé par un axe ». ◆  Abandonné jusqu'au XIXe s., le mot réapparaît avec le verbe AXER en sciences (1892) ; ce dernier signifie « diriger selon un axe » ; il prend ensuite (1928) le sens figuré d'« orienter ». ◆  À la même époque et en sciences, on relève DÉSAXER v. tr., au propre par métaphore (1924), et au figuré en psychologie (1924), surtout au participe passé adjectivé DÉSAXÉ, ÉE (1924), synonyme courant de déséquilibré. ◆  DÉSAXEMENT n. m. (1907) est plutôt technique, de même que son synonyme DÉSAXAGE n. m. (1933).
■  L'adjectif AXIAL, ALE, AUX est formé au milieu du XIXe s. (1846).
■  Le préfixé COAXIAL, ALE, AUX adj. (1911) qualifie ce qui a le même axe qu'un autre objet. Le syntagme le plus courant, câble coaxial, donne (1976) le substantif un coaxial.
AXILE adj. est un mot savant emprunté au latin supposé °axilis, de axis, ou formé directement sur axis (1697).
■  AXIS n. m., réemprunt au latin anatomique (1696), est inconnu jusqu'au XIXe s., alors en concurrence avec axe (1801), pour désigner la deuxième vertèbre du cou.
■  Enfin AXONE n. m., « prolongement de la cellule nerveuse » (attesté 1898), est pris à l'anglais axon (1842), emprunt au grec axôn.
❏ voir AXONGE, ESSIEU.
AXILLAIRE adj. est un dérivé du bas latin axilla « aisselle » et à l'origine « petite aile », dérivé de ala (→ aile, aisselle).
❏  C'est l'adjectif savant de aisselle (1363 ou déb. XVe s., Chauliac ; puis mil. XVIe s., Paré). Il s'emploie par analogie en botanique, en entomologie.
AXIOME n. m. est un emprunt de la Renaissance (1547) au latin axioma, grec axiôma « ce qui est convenable, ce qui vaut, ce qui mérite » (axios), du verbe axioun « juger digne, valable », de la même famille que agein « conduire » (→ agonie), au sens d'« entraîner (par son poids) », d'où « peser ».
❏  Axiome désigne une vérité générale admise de tous ; le mot apparaît dans un ouvrage de chirurgie, mais se spécialise en logique et en mathématiques, ou encore en philosophie (XVIIe s.). ◆  Il prend la valeur courante de « vérité d'évidence » au début du XIXe s. (1803, Chateaubriand).
❏  AXIOMATIQUE adj. est directement emprunté au dérivé grec hellénistique axiômatikos lorsque G. Budé l'emploie pour « qui exprime l'autorité ». ◆  L'adjectif actuel apparaît au début du XIXe s. en philosophie et en logique (1830, chez Balzac), pour « fondé sur un système d'axiomes ».
■  AXIOMATIQUE n. f. apparaît au XXe s. (attesté 1921, dans une traduction d'Einstein). ◆  L'importance du concept d'axiome en mathématiques et en sciences formelles est corroborée par l'apparition de AXIOMATISER v. tr. (p. p., 1935), AXIOMATISATION n. f. (1936, Gonseth), AXIOMATIQUEMENT adv. (même source), ainsi que des composés savants du grec axios, AXIOLOGIE n. f. (1902, créé par Lapie) « science des valeurs de vérité, des conditions de vérité », d'où AXIOLOGIQUE adj. (1927).
AXONGE n. f. est un emprunt (1363), d'abord altéré en amxumge (sic, in D. D. L.) [déb. XIVe s.], axungle (1320), au latin axungia « graisse de porc » (Pline), composé de ax- (axis) « essieu » (→ axe) et de ungia « graisse », les essieux des chars étant graissés avec cette substance. Ungia vient de ungere qui a donné oindre* (→ onguent) ; le mot remonte à une racine indoeuropéenne °ungw-, représentée en sanskrit, gaélique, germanique.
❏  Le mot, didactique, désigne une graisse fine.
AYATOLLAH n. m. est un emprunt à un substantif arabe, composé de ᾿āyāt-, pluriel de ᾿āya qui désigne un signe miraculeux (et un verset du Coran), et du nom divin ᾿allah, connu sous sa forme persane, où le o rend le u du nominatif arabe. Il s'est répandu en français, comme en d'autres langues, en 1978, lorsque le dignitaire chiite iranien (ayatollah) Khomeini, de retour en Iran, déclencha la révolution qui mit fin au régime du shah. Devenu imam, le chef des intégristes et son régime ont suscité plusieurs emprunts à la terminologie du shi'isme (chiisme) iranien (hezbollah, hedjatoleslam, etc.) ; mais seul ayatollah a une certaine vitalité lexicale, en Occident. Le mot est employé au figuré (attesté dep. 1980).
AYURVEDA n. m. est un emprunt (diffusé dans les années 1980) à un mot sanskrit signifiant « connaissance (veda) de la vie, de la santé (āyur) ».
❏  C'est le nom de la médecine traditionnelle indienne, fondée sur l'harmonie entre le corps et l'esprit. On écrit aussi ayurvéda.
❏  AYURVÉDIQUE adj. qualifie ce qui est conforme aux principes de l'ayurveda.
AZALÉE n. f. est emprunté au grec azaleos « desséché », qui vient du verbe azesthai « se dessécher », où l'on retrouve une racine °as-, ou plutôt (Benveniste) °ad-, par rapprochement avec le hittite ḫat « sécher ». Le latin arere « être sec » (→ ardoir, ardre ; aride) est apparenté. Azaleos a fourni à Linné le latin moderne azalea (forme féminine de l'adjectif grec) [1798].
❏  Le mot, écrit azala (1799), puis azalea (dans Atala et Les Natchez, de Chateaubriand), s'est imposé sous la forme francisée azalée (1803). Le choix du mot s'explique par le fait que la plante se dessèche très vite.
AZEROLE n. f. est un emprunt (1553, asarole) à l'ancien espagnol (aragonais) azarolla (1365), en espagnol acerola, cerola, lui-même emprunté à l'arabe ᾿az-za῾rw̄ra.
❏  Le mot désigne un petit fruit jaune, appelé aussi nèfle de Naples, dont on faisait des confitures, des liqueurs. Sa forme actuelle (1690) a été précédée par azerolle (1651), azarole (1572), asarole.
❏  Le dérivé AZEROLIER n. m. (1690 ; azarolier, 1628), précédé par l'altération argilier (1547), désigne l'arbre (mespilus azerolus).
AZIMUT n. m., attesté dès 1415 (azimuth ; azimut, 1680), est un emprunt à l'arabe ᾿as-samt « chemin » et « point de l'horizon », dont une altération a produit zénith*. Azimut est venu en français par l'espagnol acimut (fin XIIIe s.), du pluriel arabe sumūt.
❏  Terme d'astronomie désignant l'angle formé par le plan vertical d'un astre et le méridien de l'observateur, azimut est passé en géographie, puis en artillerie, notamment avec l'expression (1908) dans tous les azimuts. Celle-ci s'est étendue récemment sous la forme tous azimuts au sens de « dans toutes les directions, par tous les moyens ».
❏  Le dérivé scientifique AZIMUTAL, ALE, AUX adj. (1579) est employé aujourd'hui en physique quantique.
■  AZIMUTER v. tr. vient de l'argot des artilleurs (1892) « regarder, observer », d'où être azimuté « repéré » et par métonymie « être bombardé », puis par une autre métaphore (1937), « avoir perdu la bonne direction, “le Nord”, être fou ».
AZOTE n. m. fait partie des termes de la nouvelle chimie forgés par Guyton de Morveau et Lavoisier (1787) ; il est tiré, écrit Morveau lui- même, « de l'a privatif du grec et de zoê (vie) ». Le préfixe privatif grec a donné le français a-*, et zoê ou zôê est apparenté au verbe zân dont le thème (→ zodiaque, zoo), d'origine indoeuropéenne, se retrouve dans le latin vivere (→ vivre).
❏  Le mot a remplacé nitrogène, qui a fourni le symbole N et de nombreux dérivés, en concurrence avec ceux de azote (→ nitr[o]-). Azote, désignant un corps simple, un gaz de l'air, correspond à un concept important et a donné naissance à une série de dérivés.
❏  AZOTIQUE adj. (1787, gaz azotique) qualifie un acide, un anhydride et un oxyde.
■  AZOTEUX adj. m. (1823), « qui contient de l'azote », entre dans acide, anhydride azoteux.
■  AZOTATE n. m. (1823), « sel de l'acide azotique », est concurrencé par nitrate.
■  AZOTÉ, ÉE adj. (1826) est courant dans engrais azotés.
■  On peut encore mentionner AZOTITE n. m. (1838), « sel de l'acide azoteux » (Cf. nitrite), AZOTURE n. m. (1812), qui désignait le sel d'un autre acide (azothydrique), ainsi que plusieurs composés en azote-, certains étant empruntés (azothydrique, 1890, de l'allemand).
■  En médecine, AZOTÉMIE n. f. (1906, de -émie), « quantité d'azote du sang », et AZOTÉMIQUE adj. (1906), sont précédés par AZOTURIE n. f. (1855), « quantité d'azote éliminée par les urines ».
AZTÈQUE adj. et n. est un emprunt (1838) à l'espagnol mexicain azteca, dérivé du nom de lieu Aztlán, lieu d'origine de la tribu nahoa qui s'établit sur le site de l'actuelle Mexico.
❏  Le mot qualifie ce qui a rapport à cette ethnie et désigne ses membres. ◆  En français populaire, ce mot, après l'exhibition de deux monstres de foire présentés mensongèrement comme des Aztèques, a désigné, de 1861 à 1930 ou 40, un individu chétif, maladif et a servi de terme insultant.
AZUR n. m., d'abord attesté (2e moitié XIe s.) par le judéo-français lazur, est emprunté (1080) au latin médiéval azurium (v. IXe s.). La forme lazur (IXe s.), vient de l'arabe populaire lāzūrd, arabe classique lāžuward (→ lapis-lazuli), lui-même du persan lāzward de même sens. Si l'italien azzuro et l'espagnol azul « bleu » viennent de la même origine, l'allemand et l'anglais (Azur, azure) sont plutôt empruntés au français.
❏  Azur désigne d'abord (1080) la couleur bleu clair et s'emploie comme adjectif (v. 1210). Le mot désigne littérairement (1794) le ciel et, au figuré, l'idéal (voir les emplois poétiques au XIXe s., notamment chez Mallarmé). ◆  Les sens techniques, « verre coloré en bleu à l'oxyde de cobalt » (1771), synonyme bleu d'azur, et « lapis-lazuli » (XVIe s.), synonyme pierre d'azur (1611) [qui revient à l'étymologie], semblent moins usités que ces syntagmes. ◆  La riviera française a reçu au début du XXe s. le nom publicitaire de Côte d'Azur, devenu usuel.
❏  Le dérivé AZURÉ, ÉE adj. (1280, asuré, nom d'une étoffe comme azur ; puis 1285, adj.) précède le verbe AZURER (XIVe s., par métaphore ; 1549, asurer « colorer de bleu »). Le participe présent sert à former (1975) AZURANT n. m. qui désigne un produit destiné à donner une sensation de blancheur au linge blanc, dans une lessive, un papier. Syn. bleu, n. m. En apposition ou adj., agent, produit azurant.
■  AZURIN, INE adj. (1420) est archaïque et AZURINE n. f. (« matière colorante bleue », 1870), technique.
■  AZURITE n. f. (1838) désigne le lapis-lazuli, dit aussi pierre d'azurite, et un carbonate de cuivre de couleur bleue.
■  AZURÉEN, ENNE adj. « de l'azur » et « de la Côte d'azur », semble récent (mil. XXe s. ?).
AZULEJO n. m., prononcé à l'espagnole, avec la gutturale, ou à la française, « carreau de faïence orné », est un emprunt à l'espagnol (1669 ; ezzuleia, 1556), dans cette langue dérivé de azul « bleu », pris à l'arabe.
❏ voir LAPIS-LAZULI.
AZYME n. m. est emprunté (azime, XIIIe s. ; le y est restitué au XVIIe s.) au latin ecclésiastique azymus, lui-même emprunt au grec ecclésiastique (également médical) azumos, de a- privatif (→ 2 a-) et de zumê « levain » (→ enzyme), de la même famille que le latin jus (→ jus).
❏  En français, l'emploi adjectif (pain azyme, 1495) est devenu le plus usuel, à côté de l'expression fête des azymes (feste des azimes, XIVe s.).