LA LANGUE BURGONDE
Le burgonde est une langue indoeuropéenne disparue qui forme, avec le gotique et la langue des Vandales, la famille du germanique oriental. Seules quelques inscriptions datant d'environ 600, des noms de lieux et de personnes permettent d'attester le burgonde.
Chassés par les Huns du royaume qu'ils avaient fondé autour de Worms (dans l'actuel land allemand de Rhénanie-Palatinat — cet épisode constitue par ailleurs la base historique du chant des Niebelungen), les Burgondes ont émigré dans l'est de la Gaule. On les trouve déjà en 443 dans la région du lac Léman. Ils forment alors un royaume qui comprend la région lyonnaise, la Savoie, la Franche-Comté et la Bourgogne. En 534, le royaume des Burgondes passe sous la domination des Rois francs. Les Burgondes donnèrent leur nom à la Bourgogne (Burgundia).
On a attribué (Wartburg, op. cit.) la formation du domaine linguistique franco-provençal (Lyonnais, centre-est de la France et une partie de la Suisse romande) à la colonisation burgonde. Cette thèse doit être aujourd'hui nuancée. Le superstrat burgonde a certes favorisé un développement linguistique particulier dans ce domaine, mais il n'en est pas le seul responsable (thèse de Gardette, Tuaillon, Pfister, Schüle, etc.). Il est cependant incontestable que « des traces linguistiques des Burgondes dans le domaine franco-provençal existent dans le lexique, dans les noms de lieux et dans la forme médiévale des noms de personnes » (Pfister, art. cit., 55).
La différence entre le gotique et le burgonde est malaisée à établir car les connaissances sur ces deux langues sont encore faibles. On ne peut donc être sûr d'une étymologie burgonde que si l'aire du mot recouvre exclusivement le domaine franco-provençal. La liste des 76 mots gallo-romans auxquels Wartburg attribue une origine burgonde dans son Französisches Etymologisches Wörterbuch a été réduite à une cinquantaine environ et « il ne restera probablement pas plus d'une douzaine de mots » (Pfister, art. cit., 81) après examen selon des critères plus pertinents que ceux établis par Wartburg.
Le lexique du français moderne ne garde aucun élément d'origine burgonde. Seuls les parlers franco-provençaux et le français régional de cette aire conservent des traces de ce superstrat.
❏ voir langue FRANCIQUE, langues GERMANIQUES, langue GOTIQUE
M.-J. Brochard
BIBLIOGRAPHIE