BABYLONE ! → BABEL
? + 1 BAC n. m. serait issu (v. 1160) d'un latin populaire °baccu, °baccos « récipient », restitué par le latin tardif bacar (fin VIIIe s.), bacarium (VIIIe-IXe s.), peut-être apparenté à la famille de °baccinum auquel remonte bassin*. Le mot, abondamment attesté dans les parlers gallo-romans au masculin et au féminin au sens d'« auge », d'où « bateau », est propre à la Gaule et doit être d'origine gauloise. Le breton a bag, plur. bigi « bateau(x) ». P. Guiraud nie la spécificité gallo-romane du mot, évoquant un mot ibérique, baccea, et des représentants vénitiens et siciliens de bacar ; il fait de °baccus, °baccu « récipient », le substantif verbal de bacchari « célébrer Bacchus » (→ bacchante, à bacchanale) pris dans le sens de « préparer le vin dans un récipient ».
❏  Le mot désigne un type de bateau plat surtout utilisé pour de courtes traversées (rivières, étangs, lacs...), qui semble avoir été moins plat au moyen âge que de nos jours (Cf. en un bac, chez Chrétien de Troyes). ◆  Par analogie de la forme initiale, il s'est employé pour un évier (1406), un bassin (1468), une cuve en pierre pour recueillir de l'eau de pluie (1612), un grand récipient de bois dont se servent les brasseurs pour faire de la bière (1752). ◆  De nos jours, il sert à désigner un récipient utilisé en technique (1751, Encyclopédie), spécialement, en électricité, le récipient qui, dans un accumulateur ou une pile, contient des électrodes. Il se dit couramment d'un récipient mobile dans un réfrigérateur, et aussi des boîtes ouvertes où sont présentés les disques mis en vente ; de là l'expression (être) dans les bacs « en vente », pour un disque. ◆  Le mot, au sens de « récipient », donne lieu à plusieurs syntagmes courants, bac à glace, bac à ordures, surtout en français de Belgique, où l'on emploie aussi bac à cendres (« cendrier »), bac à linge (panier, en France), bac à papier (« corbeille »), bac à outils (« caisse »). Par extension, bac d'eau minérale, de bière « porte-bouteilles ». ◆  En français d'Haïti, le mot s'applique à tout récipient à fond plat employé dans le transport et le commerce des denrées.
❏  BAQUET n. m. (1328), issu de bac par l'intermédiaire d'une forme baqué (1300), s'applique dès les premiers textes à un petit récipient servant à divers usages, notamment le lavage du linge, dont certains techniques, en céramique, dorure, gravure, papeterie, imprimerie. ◆  Dans plusieurs régions de France (Ouest, Centre-Ouest, Gers...), le mot s'applique ou s'appliquait à une sorte de récipient en bois, employé pour le jardinage ou les vendanges. ◆  Le mot désigne aussi (v. 1960) le siège bas très emboîtant des voitures de course et de sport, souvent en apposition dans siège baquet.
■  Le dérivé BAQUETER v. tr. (1364), « puiser (l'eau d'un baquet) », est sorti d'usage, ainsi que son dérivé BAQUETAGE.
■  BAQUETURES n. f. pl. (1718) s'emploie techniquement pour le vin qui tombe dans le baquet placé au-dessous du tonneau en perce pendant le soutirage ou la mise en bouteille.
1 BACHOT n. m. (1538) est dérivé de bache « bac à passer l'eau » (1393 en wallon), forme féminine de bac à rapprocher du latin médiéval bacca. Le mot, avec la valeur diminutive attachée au suffixe -ot, désigne un petit bateau à fond plat servant à passer des bras d'eau.
■  En dérivent 1 BACHOTAGE n. m. (1735), « conduite d'un bachot », et 1 BACHOTEUR n. m. (1735) « celui qui conduit un bachot », rares.
❏ voir BACHOLLE, BASSIN.
2 BAC → BACCALAURÉAT
BACCALAURÉAT n. m., d'abord bacalareat (1623), bacalaureat (1624), puis baccalauréat (1690), est emprunté au latin tardif baccalaureatus « degré de bachelier donné dans les universités », attesté dans le domaine anglais (v. 1522 et v. 1549), également sous la forme bacchilaureatus (v. 1592). Le mot résulte probablement du croisement entre bacchalariatus (1424), « grade inférieur dans le chœur des chanoines », et baccalaureus, altération de baccalare, de baccalaris, forme ayant donné bachelier*. Il semble que ce soit en milieu universitaire que se soit faite l'altération plaisante (et sans doute distinctive), à une époque qui opposait souvent le clergé et la chevalerie, se disputant la suprématie sociale, de baccalarius en baccalaureus sous l'influence de laureare « couronne de lauriers » (→ lauréat). Il n'est peut-être pas nécessaire pour expliquer la forme baccalaureus d'avoir recours à l'attraction de bacca laurea « baie de laurier » d'abord proposé par Alciat, jurisconsulte italien mort en 1550, dans la mesure où baccalaureus est attesté depuis la première moitié du XVe s. au sens de « jeune homme aspirant à être chevalier ».
❏  Le mot désigne le degré de bachelier, c'est-à-dire d'abord le premier degré donné dans les universités pour les sciences de théologie, médecine, droit civil et droit canon. ◆  Le sens moderne, qui a entraîné l'évolution sémantique de bachelier, est attesté en France depuis la création, en 1808, d'un grade universitaire conféré après le succès aux examens terminant les études secondaires. ◆  Au Canada, le mot désigne le diplôme du premier cycle de certaines universités donnant accès au second cycle ou maîtrise.
❏  Le mot est abrégé par apocope en 2 BAC n. m. (1880), d'abord employé dans l'argot des lycéens et, de nos jours, de plus en plus fréquent à côté de baccalauréat et de 2 bachot (→ bachelier). Dans les années 1990, est apparue l'expression bac plus (un certain nombre d'années), caractérisant le niveau d'études universitaires de quelqu'un.
? BACCARA n. m., attesté depuis 1851, est d'origine incertaine : son apparition relativement tardive ne s'accorde pas avec l'hypothèse selon laquelle le jeu de cartes qu'il désigne aurait été introduit d'Italie à l'époque de Charles VIII lors des guerres d'Italie. Du reste, l'hypothèse d'un tel emprunt se heurte au fait que le mot italien n'est attesté qu'après le français, chez Panzini (1863-1939). Selon T. E. Hope, le mot serait apparenté à l'arabe baqara ou baqarat « troupeau », qui se serait spécialisé au jeu avec une valeur symbolique de richesse, mais cette hypothèse s'appuie surtout sur la date d'apparition du mot en français, qui correspond à l'apogée de la puissance française en Afrique du Nord, en Égypte et au Levant, laquelle a vu nombre d'emprunts (almée, burnous, cheik, zouave...). ◆  Cependant, le Trésor du Félibrige de Mistral donne le mot comme provençal et le rattache à bacarra qui veut dire « rien du tout » dans l'expression faire bacarra « n'avoir rien à manger » et dans l'interjection bacarra ! « bernique ! ». Selon P. Guiraud, qui rappelle cette hypothèse, le mot représenterait plutôt B-carré ou bécarre* (carrat, carra étant la forme méridionale de quarré) et se rattache à la locution par bécarre « au suprême degré », dans un contexte péjoratif. De là, il ressort que faire bacarra signifie « faire qqch. de négatif au suprême degré », ce qui concorde, comme chez Mistral, avec le sens.
❏  Baccara, nom d'un jeu de cartes et du plus mauvais point possible à ce jeu (voir ci-dessus), est passé dans l'argot, peut-être du provençal, au sens de « faillite, échec » (1935), surtout dans des locutions comme être en plein baccara « dans les ennuis ».
BACCHANALE n. f., d'abord bachanales (v. 1355) puis Bacchanales (1690) au pluriel, est emprunté au latin Bacchanalia « fêtes consacrées à Bacchus », lui-même dérivé, sur le modèle de Volcanalia « fêtes consacrées à Vulcain » et Saturnalia « fêtes de Saturne » (→ saturnale), de Baccha « femme qui célèbre le culte de Bacchus ». Ce dernier est dérivé de Bacchus, nom du dieu de la vigne et du vin, repris du grec Bakkhos, autre nom pour Dionusos (→ dionysiaque) surtout usité en poésie, également employé par métonymie pour désigner un adorateur du dieu, une personne inspirée, quelquefois pour le vin, ou une branche de vigne portée par les initiés. Bakkhos est d'origine inconnue ; le lydien a Baki- dans l'adjectif bakivalis en face de Dionusikléous, mais le lydien peut être emprunté au grec attique.
❏  Surtout employé au pluriel, avec ou sans majuscule, bacchanale est introduit comme terme d'antiquité romaine par Bersuire dans son Tite-Live (livre XXXIX). ◆  Par extension, il s'est dit d'une réjouissance du Carnaval dans laquelle on se couronnait de lierre et on imitait les fêtes de Bacchus (1690).
■  Le mot s'est employé par figure à propos d'une débauche bruyante (1752), sens avec lequel il a éliminé la forme BACCHANAL n. m. (1835), reprise de l'ancien français baquenas (v. 1155), baquenal (v. 1317), emprunt au latin bacchanal « lieu où l'on célèbre les bacchanales », « fête de Bacchus », de bacchanalia. ◆  Bacchanales se dit aussi de la représentation picturale des fêtes antiques (1680) et, au singulier, d'une danse tumultueuse dans un ballet ou un opéra (1835).
❏  BACCHANT, 1 BACCHANTE n. est emprunté (1572) au latin bacchans, -antis, participe présent, substantivé pour désigner les prêtresses de Bacchus (Ovide : Bacchantes). Le mot vient du verbe bacchari « avoir le délire inspiré par Bacchus », d'où « être dans les transports sous l'effet d'une passion violente », de Bacchus.
■  Le masculin bacchant est attesté une fois en 1572, puis au XIXe s. (1842), comme terme d'antiquité romaine, désignant le fidèle de Bacchus ; il est très rare. ◆  Le féminin bacchante, « prêtresse de Bacchus » (1596), est passé dans l'usage littéraire au sens de « femme débauchée » (1682).
❏ voir BACHELIER (hypothèse Guiraud), 2 BACCHANTES, peut-être 1 BAIE.
2 BACCHANTES ou BACANTES n. f. pl., mot argotique (1875-1876), est probablement dû à une allusion mythologique facétieuse aux bacchantes (→ bacchant, à bacchanales) et à leur longue chevelure flottante, qui serait assez dans l'esprit de la Belle Hélène. L'étymon proposé par Esnault, l'allemand Backe « joue », est séduisant pour le sens (les favoris couvrant la joue), mais pose un problème pour la forme.
❏  Le mot a désigné les favoris, la barbe puis, par déplacement (1901), les moustaches. La locution sonner qqn aux bacchantes « l'agacer » a eu cours dans l'argot des Poilus (1916), puis a disparu.
? BÂCHE n. f., d'abord bache (XVe s.) puis bâche (1741), antérieurement bacha en latin médiéval (1364), est d'origine incertaine. On y a vu une forme abrégée de l'ancien français baschoe, baschoue (1384), encore attestée en 1611 sous la forme altérée baschole « récipient de bois ou d'osier, hotte » qui remonte au latin bascauda « cuvette où on lave la vaisselle », auquel Martial attribue une origine gauloise. Ce mot aurait été plus ou moins contaminé par les représentants de °baccus, °bacca (→ 1 bac). Cette hypothèse est difficile à admettre en raison de l'accentuation de baschoe, qui conduit à proposer une forme bachot (avec changement de suffixe) attestée dans les dialectes mais non à date ancienne : de cette forme, comprise comme suffixée, viendrait par régression la forme simple bâche. Pour expliquer l'absence du -s- attendu, on a évoqué un rattachement au latin tardif baccea, bachia « vase à vin » et « mare, bourbier », passé dans l'ancien français bachas, bachat, bachasse « auge » et dans le provençal bacha « auge ». ◆  P. Guiraud préfère rapprocher bâche du provençal basto « panier de transport », « hotte de vendange », et aussi « grande toile couvrant les bateaux » : selon lui, la bâche serait une sorte de bât ; l'opposition -ch-/-t- à la finale de la racine postulerait la présence d'un suffixe roman -ĭcus/-ĭtus et donc un doublet hypothétique °basĭtus et °basĭcus dont le radical ne peut être que le latin basis (→ base). Afin d'expliquer le passage au sens de « grosse toile couvrante », il est amené à supposer que le radical du verbe a à la fois un sens passif (« ce qui est supporté ») et un sens actif (« ce qui supporte ») ; toutefois, on reste loin du sens de « toile couvrante » et le premier sens attesté (vêtement) reste inexpliqué.
❏  Bâche a d'abord désigné un sous-vêtement monacal, une sorte de caleçon de toile, sens repris au XIXe s. par les médiévistes. ◆  Au XVIe s., il désigne une hotte en osier ou un filet en forme de poche pour prendre le poisson (1572) ; puis une auge (1610), une caisse, un bac, dans différents domaines techniques : cuvette de bois qui reçoit l'eau d'une pompe aspirante (1751), cuvette où passe l'eau d'arrosage en horticulture (1835), petite caisse servant à mesurer le minerai (1863).
■  Le développement du sens actuel de « grande pièce de toile épaisse et imperméable servant à protéger, à couvrir » (1741) consiste probablement en un transfert métonymique de ce qui est couvert à ce qui couvre ; peut-être cette acception continue-t-elle le sens médiéval de « vêtement de toile », et dialectal de « sac », « paillasse ». ◆  En Champagne et en Lorraine, le mot s'emploie là ou le français central dit « serpillière ». BÂCHER v. tr. signifie « laver avec la bâche ». ◆  L'usage signalé au XVIIIe s. de placer un lit de paille ou de foin entre la bâche et la marchandise pour protéger celle-ci a peut-être servi d'intermédiaire. ◆  En argot familier, bâche signifie aussi « casquette » (1878) et « drap de lit » (1881) ; Cf. bâcher.
■  De bâche « casquette » semble venir BACHI n. m. « béret de marin » (employé par J. Genet dans Querelle de Brest).
❏  Le dérivé BÂCHER v. tr., d'abord attesté (XVIe s.) sous la forme du participe passé baché, ée « habillé, vêtu », a été repris au XVIIIe s. avec le sens de « couvrir d'une bâche » (1751). De ce dernier procèdent les sens argotiques de « se coucher » (1878), en emploi intransitif, ainsi que « vêtir, habiller » (1900, dès 1887 à la forme pronominale se bâcher qui retrouve le sens du XVIe s. mais constitue une métaphore du sens usuel). ◆  En français de Suisse, d'après le sens populaire et régional pour « se coucher », le mot s'emploie pour « cesser un travail, une activité », « finir une journée de travail » et aussi « céder, renoncer » (peut-être avec l'influence de baster). ◆  En français d'Afrique, le participe passé est substantivé dans un BÂCHÉ n. m., une BÂCHÉE n. f. « un véhicule, une auto dont l'arrière est fermé par une bâche ».
■  De bâcher sont dérivés BÂCHAGE n. m. (XIXe s.) et BÂCHEUR n. m. (1873, Journal Officiel), d'usage technique pour « ouvrier chargé de poser des madriers dans les mines de charbon ». ◆  De bâcher « se coucher » vient le sens argotique ancien de bâcheur pour désigner un hôtelier (1900).
■  Le préfixé verbal DÉBÂCHER v. tr., « enlever la bâche », est attesté à partir de 1741 ; on rencontre quelquefois DÉBÂCHEMENT n. m. et DÉBÂCHEUR n. m.
L BACHELIER, IÈRE n. est l'altération par changement de suffixe (XIIIe s.) de bacheler (1080), encore en usage au XIVe s., issu du latin populaire °baccalaris, attesté sous la forme baccalarius. Baccalarius désignait dans le sud de la France un serf non pourvu d'une tenure et vivant dans le ménage de ses parents (813), et en Catalogne un paysan sans aucune terre à sa charge (XIe s.). On notera l'évolution du latin médiéval baccalarius en terre catalane : au XIIe s., des baccalarii escortent un coursier sarrazin, en 1193, un baccalarius remplace un chevalier dans un duel judiciaire : les baccalarii formaient donc un groupe social intermédiaire entre le chevalier et le paysan, d'où en catalan des valeurs analogues à celles de soudard (→ soldat) « homme de mauvaise vie », « fripon » et non plus « vilain ». En France aussi, baccalarius désigne un chevalier qui ne conduit pas de compagnons armés au combat (av. 1050) et, par extension, un jeune homme noble (1223), puis un étudiant avancé (1252). ◆  L'étymologie du mot latin fait problème : on a proposé une origine celtique par rapprochement avec l'irlandais bachlach « serviteur », « berger » et « individu grossier ». Il s'agit là d'un type celtique °bacalâcos, peut-être dérivé de l'irlandais et gaélique bachall « bâton, houlette », emprunt au latin baculus (→ bacille). Selon d'autres, °baccalaris reposerait sur un type °bakkánno- « paysan », d'un gaulois plus ancien °bakkágno-, °bakkúgno-, d'une racine °bakk- (cymrique bach « petit ») munie du suffixe diminutif gaulois -agno. Les deux étymologies se heurtent à de sérieuses difficultés phonétiques pour aboutir à la forme °baccalaris. P. Guiraud fait de baccalaris le domestique attaché à la baccalaria, mot désignant un domaine agricole, probablement un vignoble : l'origine en serait bacchus « vigne », « vin » (→ bacchanale).
❏  Le mot apparaît en français comme terme de féodalité, désignant un jeune homme aspirant à devenir chevalier et, par extension, un jeune homme noble (déb. XIIIe s.), sens encore vivant en 1685 chez La Fontaine. Cette acception est passée en anglais dans bachelor « homme célibataire » (1386).
■  Au XIVe s. d'après le sens pris par baccalarius, le mot désigne celui qui, dans une faculté, est promu au premier des grades universitaires (XIVe s.), avec une signification spéciale dans le cadre des études de théologie. Puis, le mot a suivi l'évolution sémantique de baccalauréat*. En outre, il s'est appliqué à celui qui, dans un corps de métier, agit sous la direction des jurés et le devient à son tour (1366), et à celui qui passe maître dans un métier (1520) ; bachelier s'employait encore au XIXe s. parmi les artisans pour désigner un maître élu pour assister les jurés (1838).
■  Le féminin bachelière n. f. est plus tardif, désignant (une fois en 1461) une jeune fille noble, et s'est longtemps maintenu dans les dialectes pour désigner la jeune fille qui accompagne la mariée en qualité de fille d'honneur le jour de la cérémonie du mariage (Ouest). Il a été repris au XVIIIe s. pour désigner ironiquement une femme lettrée, une savante (Voltaire). C'est seulement au XIXe s. (1867) qu'il est attesté en parlant d'une femme titulaire d'un baccalauréat. ◆  Par jeu de mots misogyne sur 2 bachot, abréviation pour « baccalauréat », et 1 bachot* dérivé de 1 bac*, bachelière a été employé en argot du Quartier latin, pour désigner une femme juste assez savante pour conduire un « bachot » en Seine.
❏  De bachelier est dérivé 2 BACHOT n. m. (1856) employé d'abord dans l'argot des écoles comme synonyme aujourd'hui familier de « baccalauréat », quelquefois par métonymie avec le sens de « programme de cet examen ».
■  À son tour, bachot a produit BACHOTER v. intr. (fin XIXe s.), « préparer les examens de manière systématique » d'où viennent 2 BACHOTAGE n. m. (1892) et 2 BACHOTEUR, EUSE (1892), ce dernier passant du sens de « professeur attentif au succès des candidats au bachot » à celui d'« élève préparant un examen avec un acharnement obstiné ou obtus » (attesté 1946).
❏ voir BACCALAURÉAT.
BACHOLLE ou BACHOLE n. f, d'abord écrit baschole (1384), est un emprunt à l'ancien occitan baschalo, de la famille du latin populaire *bacca « récipient » (→ bac, baquet). Le mot, dans la région lyonnaise et en Auvergne, désigne un récipient en bois, notamment pour le transport du raisin provenant des hottes, lors de la vendange. De là un dérivé BACHOLLÉE n. f. « contenu d'une bacholle ».
BACILLE n. m. est emprunté (1838) au latin scientifique bacillus employé en botanique, en entomologie, puis par l'Allemand Cohn (1828-1898) dans ses études de parasitologie. Le mot est repris au latin bacillus « baguette », diminutif de baculus (ou baculum au neutre) « bâton », « sceptre » et au figuré « soutien » (→ imbécile). Le mot latin correspond au grec baktêria (→ bactérie), d'une racine indoeuropéenne °bak- de type populaire, qui se retrouve dans l'irlandais bacc « bâton recourbé ».
❏  Le mot désigne d'abord une production allongée en forme de pédoncule, dans certains lichens ; l'Académie (1842) enregistre son emploi en zoologie pour un insecte herbivore ressemblant à une brindille, le phasme d'Europe ; ces sens ont disparu. ◆  Sa spécialisation en parasitologie revient à Cohn (1872 en latin scientifique ; 1888 en français) pour des organismes microscopiques en forme de bâton, à côté de la dénomination générique bactérie. De nombreux bacilles sont caractérisés par une expression qualifiée : bacille de Koch, etc.
❏  Le mot a servi à former BACILLAIRE adj. et n. (1884) spécialement « caractérisé par la présence de bacilles », dans tuberculose bacillaire, d'où un tuberculeux bacillaire, aussi substantivé ; BACILLOSE n. f. (1896), BACILLURIE n. f. (1909) et BACILLÉMIE n. f. (1946).
■  BACILLIFORME adj. « en forme de bâtonnet » est tiré (1846) du latin scientifique.
COLIBACILLE n. m. est formé (1895) sur le grec kôlon (→ côlon, colique) pour désigner un bacille intestinal. ◆  Il a pour dérivé COLIBACILLOSE n. f. (1897) « infection due à des colibacilles ».
❏ voir BÂCLER, BAGUETTE.
BACK FISCH n. m. emprunt familier à l'allemand, « petit poisson à friture », s'est appliqué dans l'usage familier (1901 chez Colette) à une jeune fille ingénue à l'âge ingrat. Le mot a disparu après les années 1920-1930.
BACKGAMMON n. m. est un emprunt (1834) à l'anglais, de back, évoquant un retour en arrière dans le jeu et gamon, forme ancienne de game « jeu », pour désigner l'équivalent du jeu de jacquet (ce dernier mot ayant, par effet de mode, cédé la place à l'anglicisme).
BACKGROUND n. m. est un anglicisme graphique pour « arrière-plan », de ground « terrain ». Mot parfaitement inutile, équivalant à arrière-plan ou à contexte.
? + BÂCLER v. tr., d'abord bacler (1292) puis bâcler (1680), est d'origine incertaine. L'étymon le plus probable paraît être un latin populaire °bacculare, dérivé de °bacculum, variante de baculum « bâton » (→ bacille), bien que l'attestation relativement tardive du verbe français n'appuie pas cette hypothèse ; l'intermédiaire du provençal baclar « fermer », non attesté avant le XVIe s. (1535), est possible mais incertain. Quant à l'hypothèse d'un emprunt au néerlandais bakkelen, fréquentatif de bakken, backen en moyen néerlandais « coller fortement, attacher », elle fait difficulté parce que bakkelen n'est attesté qu'en néerlandais moderne, et seulement au sens de « geler ».
❏  Le mot, peu attesté avant le XVIe s. sinon indirectement par son antonyme débâcler (1416), signifie d'abord « fermer (une porte, une fenêtre) au moyen d'une traverse de bois » d'où « fermer » en général (av. 1596, bacler la bouche). Ce sens (analogue à barrer) est sorti d'usage en dehors du langage argotique du XIXe s. (bâcler la lourde), y compris dans sa spécialisation technique de « barrer l'accès d'un port, d'un cours d'eau » (1690 ; Cf. au XVe s. desbacler), d'où « arrêter la navigation ».
■  De l'idée concrète de fermeture on est passé au sens figuré de « conclure à la hâte, régler » (1680), d'où le sens péjoratif moderne, « expédier à la hâte et avec négligence » (XIXe s.), usuel à l'actif et au participe passé adjectivé (travail bâclé).
❏  BÂCLAGE n. m. (1751) s'est employé en navigation pour « action de bâcler », sens sorti d'usage. ◆  Il a été repris d'après bâcler pour désigner, familièrement, l'action de faire vite et mal un ouvrage (in Dictionnaire universel de P. Larousse, 1867).
■  BÂCLEUR, EUSE n. et adj. (v. 1830), dit autrefois de celui qui conclut vite en affaire, et avec la valeur péjorative de « personne qui fait à la hâte et sans soin » (1866, comme adjectif), n'est plus en usage.
■  Le sens primitif de bâcler « fermer » s'est continué dans le déverbal BÂCLE n. f. (1866) « barre servant à fermer par dedans une porte, une fenêtre », terme technique.
DÉBÂCLER v. tr., d'abord desbacler (1416), signifie d'abord « dégager (un port) en faisant sortir les bâtiments déchargés pour faire place aux bâtiments chargés qui arrivent ». Le sens de « ouvrir en ôtant une traverse » (av. 1589) est sorti d'usage avec le sens antonymique de bâcler. ◆  Le mot s'emploie aussi intransitivement en parlant d'un cours d'eau dont la glace vient de se rompre tout d'un coup (1690), sens soutenu par l'existence d'embâcle (ci-dessous).
■  Il a produit les dérivés : DÉBÂCLEUR n. m. (1415), autrefois dit de celui qui présidait au débâclage d'un port, DÉBÂCLAGE n. m. (1415), lui aussi sorti d'usage.
■  DÉBÂCLEMENT n. m. (1684), « rupture des glaces dans un cours d'eau », est concurrencé par le déverbal.
■  Ce dernier, DÉBÂCLE n. f. (1680) a signifié « action de débâcler un port », sens disparu, puis « rupture des glaces dans un cours d'eau » (1690). ◆  Il a développé les sens figurés usuels de « brusque désorganisation entraînant le désordre », « déroute, effondrement soudain d'une armée », sens popularisé en 1870 (La Débâcle, roman de Zola), et « échec total ; désorganisation absolue et rapide d'une entreprise » (mil. XIXe s.).
■  EMBÂCLE n. m. (1640) est probablement formé sur débâcle par changement de suffixe et n'a aucun lien avec l'ancien français enbacler « tromper » (Roman de la Rose, v. 1278). ◆  D'abord employé au sens figuré de « embarras », il s'est limité au sens concret de « ce qui fait obstacle à la navigation d'un cours d'eau » (1755), désignant plus particulièrement, en relation avec un sens de débâcler, la formation d'un amoncellement de glaçons obstruant un cours d'eau (1838).
BACON n. m., d'abord en judéo-français (av. 1100), également bacun (XIIe s.) en ancien français, est emprunté au francique °bakko, forme déduite de l'ancien haut allemand bahho, du moyen haut allemand backe, bache « jambon, flèche de lard ». Ce dernier vient de l'ancien saxon, à rattacher à l'ancien haut allemand bah, au vieux norrois bak, à l'anglo-saxon boec, d'où l'anglais back « dos » (→ feed-back). Le mot est attesté dans le domaine gallo-roman (ancien provençal bacon, 1157) et catalan (bacco, 1063) ; son absence en italien, espagnol et portugais (on attribue une origine arabe au portugais bácoro « jeune porc ») et rhéto-roman fait exclure un emprunt roman au niveau du germanique occidental. Un emprunt francique, dans le domaine gallo-roman et catalan, s'explique dans le cadre de l'Empire carolingien qui incluait le nord de la Catalogne formant la Marche d'Espagne.
❏  Le mot se serait répandu pour désigner les flèches de lard servant de redevances en nature. Par métonymie, il a servi à désigner le jambon, du XIIe s. au début du XVIIe siècle.
■  L'emploi récent, avec une prononciation flottante, est un emprunt (1884, dans le Dictionnaire des anglicismes de H. Höfler) à l'anglais bacon (v. 1330) qui avait lui-même été repris au moyen français avec le sens général de « viande de porc » avant de se spécialiser pour désigner le lard maigre salé et fumé. Le mot se prononce en général à l'anglaise, sauf au Québec où il semble continuer l'usage du XVIIe siècle.
BACTÉRIE n. f. est la francisation (1845) du latin scientifique moderne bacterium (1842), mot forgé en 1838 par le médecin allemand Christian Gottfried Ehrenberg (1795-1876) pour désigner un micro-organisme unicellulaire. Le mot est la latinisation du grec baktêrion « petit bâton », lui-même dérivé de baktêria « bâton », abandonné en grec moderne mais repris pour désigner le micro-organisme. Baktêria semble appartenir à une racine indoeuropéenne désignant le bâton, également représentée dans le latin baculum (→ bacille) et le vieil irlandais bacc.
❏  Le mot s'est surtout répandu après les découvertes de Pasteur entre 1853 et 1860. ◆  Il est homonyme d'un terme d'entomologie, bactérie n. f. (1845), adaptation du latin scientifique bacteria, genre ainsi baptisé par Latreille par allusion à la morphologie de ces insectes au corps allongé et cylindrique. ◆  Comme bacille*, il est passé de la zoologie à la microbiologie, où le mot générique contemporain est microbe*.
❏  Les dérivés sont créés depuis la fin du XIXe siècle.
■  BACTÉRIEN, IENNE adj. (1888) s'est substitué à bactérique (1892).
■  Il a pour préfixé ANTIBACTÉRIEN, IENNE adj. (1889) « qui lutte contre les effets pathologiques des bactéries ». Cf. Antimicrobien.
■  BACTÉRIOLOGIE n. f. (1888), désignant la science qui acquit son autonomie sous l'impulsion de Pasteur, Lister et Koch, a pour dérivés BACTÉRIOLOGIQUE adj. (1888), employé par extension dans arme, guerre bactériologique (mil. XXe s.) utilisant des bactéries pour mettre l'ennemi hors de combat, BACTÉRIOLOGUE n. (1885) et BACTÉRIOLOGISTE (1891).
■  Dès ce moment, l'élément BACTÉRIO- entre dans la formation d'adjectifs et substantifs appartenant au vocabulaire médical, tels que BACTÉRIOTHÉRAPIE n. f. (1891), BACTÉRICIDE adj. (1893) « qui tue les bactéries », formé avec -cide avec un sens voisin de antibactérien, BACTÉRIOPHAGE n. m. « virus qui détruit certaines bactéries » (1918), BACTÉRIOLYSE n. f. « destruction des bactéries par dissolution sous l'action de substances présentes dans le sang », par emprunt (av. 1926) à l'anglais bacteriolysis (1897) ou à l'allemand ; BACTÉRIOLYSINE n. f. (1920-1924) à l'allemand, d'après les travaux des savants allemands Pfeiffer (1858-1946) et Israël (1848-1926) ; BACTÉRIOSTATIQUE adj. (1945) et n. m. pour une substance qui freine ou arrête la multiplication des bactéries.
BADA n. m. est l'abréviation (1927) de badaboum, mot de l'argot des chapeliers qui désignait (depuis 1925) un couvre-chef masculin de style bohême, dont on enfonçait la coiffe d'un coup de poing.
❏  Le mot, en argot parisien, désignait un chapeau, en général ; il est encore connu.
BADAMIER n. m. est un emprunt des botanistes (1790) au persan bādām « amande ».
❏  Ce mot désigne un arbre tropical ornemental dont le fruit enferme une amande comestible, à goût de noisette. Cet arbre de la famille des Combrétacées (Terminalia catappa), dont les feuilles rougissent à la saison chaude, a des propriétés médicinales. Son nom, connu des botanistes, est courant en français des régions où il pousse, Centrafrique, Congo, Madagascar, Réunion, Nouvelle-Calédonie (où on l'appelle aussi amandier, comme aux Antilles et en Haïti).
❏  BADAME n. m. Fruit du badamier ; sa graine.
BADAUD, AUDE n. et adj. est emprunté (1532) à l'ancien provençal badau n. « niaiserie » (1130-1150), et adj. « niais » (XIIIe s.), lui-même dérivé de badar « bâiller » (XIIe s.), d'où « rester bouche bée, regarder d'un air ahuri en ouvrant la bouche ». Ce verbe vient du latin tardif batare « bâiller » qui semble être d'origine onomatopéique et a donné béer, bayer*. Le suffixe provençal -au, utilisé pour former des noms d'action, a été assimilé en langue d'oïl au suffixe d'adjectifs -aud, -aude.
❏  Attesté chez Rabelais au sens de « sot, niais », comme adjectif, le mot est substantivé pour désigner celui ou celle que la curiosité arrête devant des spectacles futiles (1552). ◆  Il a été repris plus tard dans ce sens comme adjectif pour qualifier la personne qui regarde en manifestant une curiosité un peu niaise (av. 1778), la valeur péjorative diminuant au XIXe siècle.
❏  BADAUDERIE n. f. (1547) « niaiserie », puis « caractère du badaud » (av. 1679) et concrètement (une badauderie) « action de badaud » (1690), est relativement rare et péjoratif.
■  Il en est de même de BADAUDER v. intr. (1690) « faire le badaud ».
■  Étant donné son antériorité par rapport au verbe, BADAUDAGE n. m. (1594), sorti d'usage, doit venir directement de badaud.
❏  Le verbe provençal a donné en français régional BADER v. tr. attesté au XVIe s. (1558 et déjà par le nom propre Badebec, dans Rabelais 1532) est un emprunt à l'ancien occitan bada « être bouche bée », issu du latin batare. ◆  Ce verbe, employé de la Loire à l'Ardèche, signifie « ouvrir », notamment dans bader le bec (au fig. « bayer au corneilles »). Cet emploi existe aussi en Auvergne. Comme intransitif, il signifie « rester à ne rien faire » et (dans tout le sud de la France) « faire le badaud ». Comme transitif, « regarder de manière admirative ou amoureuse ».
❏ voir BADIN.