BALSAMITE n. f., d'abord balesamite (XIIIe-XIVe s.), est emprunté au latin médiéval balsamita, donné comme pluriel neutre désignant dans les glossaires (Xe s.) la menthe aquatique et synonyme de sisymbria. Le mot latin est dérivé du latin balsamum, « suc du baumier, baume » (→ baume), lui-même repris du grec balsamon, qui désigne également la menthe coq. Il est probablement emprunté à une langue sémitique (hébreu bāšām, arabe bašām).
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Le mot désigne un genre de plante aromatique. Il est plus rare que l'adjectif qui lui correspond (ci-dessous).
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BALSAMIQUE adj. est dérivé (1516) du radical du latin
balsamun avec le suffixe
-ique.
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Le mot qualifie ce qui contient du baume et, par extension, ce qui a des propriétés comparables à celles du baume (1636), spécialement en médecine, en pharmacie.
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Il se dit au figuré de ce qui calme, apaise (1708) et, dans le style soutenu, d'un air chargé du parfum des plantes (av. 1751, Diderot).
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BALSAMIQUEMENT adv., attesté en 1888 chez Verlaine, est littéraire et rare.
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BALSAMINE n. f. est lui aussi un dérivé savant (1545) du radical du latin
balsamum, avec le suffixe
-ine. Il désigne une plante à tige charnue, à feuilles allongées, à fleurs de couleurs vives avec quatre pétales irréguliers, et dont les capsules éclatent dès qu'on les touche.
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En dérive BALSAMINACÉES n. f. pl. (1867), en botanique.
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BALSAMIER n. m. est un dérivé ancien (1165) du latin
balsamum. Le mot désigne un arbrisseau épineux des zones chaudes, dont plusieurs espèces produisent les baumes, dont la myrrhe
(Cf. baumier).
BALUSTRE n. m. est emprunté (1529) à l'italien balaustro (attesté un peu plus tard, av. 1573), dérivé de l'ancien italien balaustra (italien balausta) « fleur et fruit du grenadier » (XIVe s.) en raison de l'analogie de forme entre les piliers façonnés et cette fleur. Balaustra vient de l'italien balaustio (attesté seulement en 1550) qui représente le latin balaustium « fleur de grenadier sauvage » (Pline), lequel est emprunté au grec balaustion, d'origine inconnue ; le mot latin a été prolongé par le moyen français balauste (1314), balustre (v. 1560).
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Le mot a été repris comme terme d'architecture pour désigner une colonnette renflée, généralement associée à d'autres par une tablette à hauteur d'appui ; par métonymie, il s'applique à un assemblage de balustres, en particulier servant de clôture dans une église ou une chambre d'apparat. Par analogie, il s'emploie en ébénisterie pour désigner la colonnette ornant le dossier d'un siège (1680) et en technique pour un compas dont l'ouverture peut être réglée avec précision au moyen d'une tête à ressort et d'une vis antagoniste, par ellipse de compas à balustre.
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Le dénominatif
BALUSTRER v. tr. (1546) « entourer d'une balustrade » n'est guère employé qu'au participe passé adjectivé
balustré.
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BALUSTRADE n. f. est emprunté (v. 1550) à l'italien
balaustrata, dérivé de
balaustra. Oudin, en 1653, donne la forme italienne
balaustrata.
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Le mot, dont le suffixe indique la valeur collective, désigne une rangée de balustres portant une tablette d'appui et, par métonymie, une clôture (souvent ajourée) à hauteur d'appui le long d'un escalier, d'une terrasse, d'un pont.
BALZAN, ANE adj. m. et n. f. est emprunté (1584) au mot italien balzano, attesté au XIIIe s., par le latin médiéval balzanus adj. et au XIVe s. en toscan dans la langue littéraire. Lui-même est pris à l'ancien français baucent « tacheté, en parlant d'un cheval » ou peut-être à l'ancien provençal bauçan de même sens. Sur l'origine de ces mots d'ancien français, bausan (v. 1100-1130), baucent (v. 1165), baucenz (1369), plusieurs hypothèses ont été avancées : la plus sérieuse (Diez) y voit le dérivé du latin balteus « baudrier » (→ baudrier) au sens de « rayé comme un baudrier », mais elle ne rend pas compte du suffixe, pour lequel on doit postuler un type °balteanus, de balteatus qui aurait donné bauçan, bauzan en provençal et qui, après avoir été emprunté en langue d'oïl, y aurait subi une restitution de suffixe. On peut aussi évoquer le suffixe germanique -ing.
❏
Le mot qualifie un cheval noir ou bai qui a des taches blanches à la partie inférieure des membres. Balzan a aussi désigné une tache blanche au-dessus du sabot (encore chez Hugo en 1842), remplacé dans ce sens par le féminin BALZANE n. f. (1553).
BAMBARA adj. et n. inv. est un emprunt à un mot de cette langue du groupe mandé, pour qualifier et désigner les populations d'Afrique de l'Ouest (Mali, Burkina, Côte d'Ivoire, Sénégal, Gambie) parlant le bambara. L'art bambara est caractérisé par sa sculpture, ses masques.
BAMBIN, INE n. et adj., attesté isolément au XVIe s. (1575, selon Bloch et Wartburg) puis à nouveau depuis 1726, est emprunté à l'italien bambino « petit enfant » (av. 1527, Machiavel), d'abord employé comme terme de peinture pour une représentation de l'Enfant Jésus, puis (av. 1625) pour désigner l'Enfant Jésus lui-même. Le mot est à rattacher à la racine onomatopéique bamb- du langage enfantin (→ bamboche). Il est vraisemblable qu'il a été popularisé par la présence de nombreux ouvriers (maçons, etc.) italiens travaillant en France.
❏
Le mot est employé dans le langage familier, généralement dans un contexte majoratif, pour désigner un petit garçon, et, moins souvent une petite fille (bambine). Il s'est appliqué péjorativement à un jeune homme sans expérience.
◆
La forme italienne bambino, employée quelquefois en histoire de l'art italien, a des emplois familiers pour « jeune enfant ».
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BAMBOCHE n. f. serait attesté depuis 1789, si l'on en croit les titres de Mirabeau cités par Apollinaire (Œuvres du Comte Mirabeau : Mylord Arsouille ou les Bamboches d'un gentleman). Le mot serait un dérivé régressif de bambochade — voir ci-dessous — sous l'influence de débauche* et, peut-être aussi, de termes désignant des victuailles (bidoche) ou un repas (médianoche), voire de formes dialectales de noces (noches). L'hypothèse plus simple d'un déverbal de bambocher requiert une autre chronologie.
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Le mot s'emploie dans le langage familier avec le sens de « bombance, ripaille ».
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Le problème étymologique se pose aussi pour
BAMBOCHER v. intr. (1805), que l'on peut interpréter soit comme le dérivé de
bamboche, soit comme celui de
bambochade (par analogie avec les couples
bousculade / bousculer, rigolade / rigoler, embrassade / embrasser) dans le cas où
bamboche serait un déverbal.
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Du verbe sont dérivés BAMBOCHEUR, EUSE n. (v. 1814) et adj. (1833) « fêtard » et BAMBOCHARD n. m.
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BAMBOCHADE n. f., attesté depuis 1747 selon Bloch et Wartburg, est emprunté à l'italien
bambocciata, désignant depuis le
XVIIe s. des peintures représentant des scènes rustiques animées de personnages gouailleurs et caricaturaux. Le mot italien est dérivé de
Bamboccio, surnom donné, en raison de sa petite taille, au peintre hollandais Pieter Van Laer (mort en 1642), auteur de ce genre de peintures qu'il mit à la mode à Rome lors de son séjour en 1626-1638.
Bamboccio, « fantoche, marionnette » (av. 1564) et « enfant grassouillet, gauche » (av. 1609), lui-même passé en français dans l'ancien
bamboche (1680) avec les mêmes sens, est dérivé avec le suffixe péjoratif
-occio de
bambo « enfant » qui a pour diminutif
bambino (→ bambin).
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Bambochade désigne un tableau ou un dessin représentant des scènes champêtres grotesques ou burlesques prises sur le vif, genre influent dans la peinture flamande, puis française avant la montée du classicisme qui imposa les « sujets nobles ».
BAMBOU n. m., d'abord bambu (1598) cité comme mot portugais, est emprunté par le canal du néerlandais au portugais bambu, mambu (XVIe s.), lequel est emprunté au marathe et au guzrati, langues dravidiennes de la côte ouest de l'Inde (plutôt qu'au canara qui n'est pas une langue de navigateurs ou encore au malais qui ne possède pas la forme mambu et où bambu est probablement un emprunt plus récent au portugais). La forme bambou, attestée dans la Description du premier voyage fait aux Indes orientales par les François en 1603, est reprise sans intermédiaire.
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Le mot désigne une graminée arborescente cultivée dans les régions chaudes et constituée d'une tige cylindrique ligneuse. Par métonymie, il s'applique à la seule tige ligneuse, servant à différents usages (papeterie, ameublement, cuisine).
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Un bambou désigne aussi (1788) une canne en bambou.
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La locution coup de bambou (1610, concret) a pris dans la langue familière le sens figuré d'« insolation » (1919), et s'applique à une facture trop élevée (Cf. coup de fusil).
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Un bambou, en français d'Haïti, désigne aussi l'instrument à vent fait d'un tronçon de bambou.
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BAMBOUSERAIE n. f. est le nom de la plantation de bambous.
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BAMBOUNIÈRE n. f., propre au français de Nouvelle-Calédonie, se dit d'un bosquet de bambous.
BAMBOULA n. m. et f. (1790), d'abord bombalon (1685) et baboula (1722), est emprunté à un mot des langues sarar et bola (Guinée portugaise) ka-mombulon, ka-bumbulu « tambour », la forme bamboula apparaissant dans une chanson haïtienne en 1757.
❏
Le mot, introduit par les relations de voyages en Guinée (La Courbe, 1685), désigne d'abord un tambour africain (Cf. tam-tam). Cet emploi est resté isolé et le mot, prenant le genre féminin (1714, baboua), s'est employé par métonymie pour désigner une danse exécutée au son de cet instrument.
◆
Par extension, il s'emploie dans le contexte colonial et avec des connotations racistes, au XIXe s., à propos de toute danse de caractère violent et primitif. Par l'intermédiaire de l'argot militaire, il est devenu synonyme de « fête », surtout dans la locution faire la bamboula (1914-1918, argot des tirailleurs algériens) ; Cf. nouba. Tous les emplois ont vieilli.
BAMI n. m. est un emprunt (2e moitié du XXe s.) à l'indonésien, où le mot d'origine chinoise désigne un accompagnement culinaire. En français de Nouvelle-Calédonie, il désigne un plat de vermicelles ou de pâtes, préparé avec d'autres légumes, des crevettes séchées, du poulet. Le bami-vermicelles est plus courant que les bamis-pâtes-blanches et pâtes-jaunes.
+
BAN n. m. est emprunté (v. 1130) au francique °ban « loi dont la non-observance entraîne une peine », restitué par l'ancien haut allemand ban « commandement sous menace de peine, défense, juridiction » et par l'ancien norrois ban « défense ». °Ban se rattache au verbe germanique °bannan « commander ou défendre sous menace de peine », qui lui-même appartient à la racine indoeuropéenne °bha- « parler » (représentée en grec et en latin, → aphasie, fable), par l'intermédiaire d'une forme de présent °bh-en-. L'origine francique est corroborée par le fait que le mot apparaît d'abord dans le domaine gallo-roman (ancien français et provençal) d'où il passe en ancien italien (banno, XIIIe s.) et en ancien espagnol (bando, 1300). Le francique ban est attesté sous la forme bannus ou bannum en latin médiéval, depuis le VIe s., pour « amende infligée à cause d'un délit contre le pouvoir public » et, postérieurement, aux divers sens relevés en français : il désigne la convocation lancée par le suzerain aux vassaux pour le servir à la guerre (v. 775), la proclamation du suzerain pour ordonner ou défendre une chose (VIIe s.), par métonymie le territoire soumis à la juridiction du suzerain (983). Voir tableau.
❏
Le mot français, concernant les institutions féodales, désigne la convocation faite par le suzerain à ses vassaux. Par métonymie, il s'applique à l'ensemble des nobles ainsi convoqués (1573), notamment dans la locution
convoquer le ban et l'arrière-ban (1573 avec le verbe
crier) —
Cf. ci-dessous arrière-ban —, qui a pris le sens figuré de « s'adresser à tous ceux dont on peut attendre aide ou secours » (1835).
◆
Plus largement, il désigne dès le
XIIe s. une proclamation faite par le suzerain dans sa juridiction pour ordonner ou défendre qqch. (v. 1165). C'est de là que viennent les locutions
battre le ban des récoltes, des vendanges, encore usitées au
XIXe s. pour « annoncer le jour d'ouverture des récoltes, des vendanges ». La
levée de ban correspond à l'autorisation de commencer les vendanges. Cette valeur du mot s'est conservée en français de Suisse, où l'expression
à ban s'emploie aussi pour « interdit », d'un stationnement.
◆
Au pluriel, dans
bans de mariage (1225-1250), le mot a subsisté jusqu'à nos jours en parlant de l'annonce d'un mariage futur
(publication des bans).
◆
En glissant de la proclamation à ce qui l'annonce, on passe à « signal annonçant le ban, que ce soit au son du tambour, ou de la trompette ou des timbales » (Furetière, 1690) et, spécialement, « roulement de tambour précédant la publication d'un ordre ou la remise d'une décoration », d'où
ouvrir, fermer le ban, puis à « applaudissements rythmés » (1839).
■
Par un développement métonymique d'un autre type, ban désigne le territoire soumis à la juridiction d'un suzerain (1257) et le droit du seigneur, spécialement dans four, moulin par ban (1273) « à l'usage desquels un seigneur a le droit d'assujettir par proclamation ceux qui sont dans l'étendue de sa seigneurie » (Cf. ci-dessous banal). Encore de nos jours, en Alsace, en Lorraine, sur les pentes des Vosges, le mot recouvre l'ensemble des terres exploitables d'une commune ; en français du Luxembourg, le ban est le territoire d'une commune.
■
Par spécialisation, l'idée dominante étant celle d'exclusion par décision d'une autorité, ban a pris après le moyen âge le sens d'« exil » (1547) [Cf. ci-dessous bannir]. Cette acception s'applique à l'ancienne juridiction féodale, mais se perpétue jusqu'au XIXe s. en droit pénal pour « interdiction de séjour ». Cette longévité explique probablement la vitalité de l'expression mettre au ban (1694), au figuré « déclarer indigne » (1932), et celle de rupture de ban (1780, rupture de mon ban) « crime commis par celui qui rentre dans le territoire interdit avant expiration de la peine », qui a pris un sens figuré : « affranchi des contraintes de son état » (1868, en rupture de ban).
◆
Par extension d'objet et de domaine, ban est employé régionalement (Suisse, Franche-Comté) pour l'interdiction d'accès à un lieu (forêts, vignes). Enfin, en Suisse romande, à ban est usuel pour « interdit d'accès ».
❏
Certains dérivés et composés de
ban sont plus usuels que lui en français contemporain.
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BANLIEUE n. f. (1185) est composé de ban et de lieue* sur le modèle du latin médiéval bannileuga (1069), attesté à Toul puis en territoire français (1080), encore fréquent aux XIe-XIIIe s. sous les formes bannileuca, banleuca, banleugium ; de la même façon, le moyen haut allemand a banmile, de ban et mile (allemand Meile) « lieue », mais il est difficile d'établir si l'allemand a servi de modèle au français ou inversement.
◆
C'est un terme de féodalité désignant l'espace, d'environ une lieue, autour d'une ville, dans lequel l'autorité faisait proclamer les bans et avait juridiction. Le passage au sens actuel de « territoire et ensemble des localités environnant une grande ville » s'est fait, par extension, aux XVIIe et XVIIIe s. ; il a évolué, avec le paysage urbain, de la campagne environnante (1718) à l'ensemble des agglomérations ; l'emploi absolu, en France, concerne souvent la banlieue parisienne (habiter en, dans la banlieue).
◆
L'emploi figuré du mot, repéré chez La Fontaine avec une valeur ironique (1710), est peu répandu.
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De banlieue est dérivé BANLIEUSARD, ARDE n., d'abord qualification péjorative lancée (1889) par des conseillers municipaux de Paris aux élus des communes suburbaines (Les Premiers Banlieusards, par A. Faure, 1991), surtout dit de qqn qui habite la banlieue de Paris, employé aussi comme adjectif.
◈
BANAL, ALE, AUX ou ALS adj., d'abord
bannel (1247) à rapprocher du latin
bannalis (1032), est d'abord un terme de féodalité qualifiant une personne soumise au droit d'usage fixé par le seigneur et une chose appartenant à une circonscription seigneuriale (1269). Après la disparition du régime féodal, le mot s'est maintenu comme synonyme de « communal » surtout dans
four, moulin banal (plur.
banaux), jusqu'au
XIXe siècle.
◆
Par extension, par l'intermédiaire d'un sens non marqué qualifiant une personne qui se met à la disposition de tout le monde (1688), l'adjectif est passé au sens figuré actuel, « sans originalité, sans personnalité, à force d'être utilisé, vécu, regardé » (1798).
◆
Le sens neutre s'est toutefois maintenu dans des domaines spécialisés, en chemin de fer
(voie banale), en mathématiques, en informatique (une
mémoire banale enregistrant aussi bien les nombres que les adresses ou des instructions) ;
Cf. aussi banalité.
■
BANALEMENT adv., d'abord banaulment ou bannalment (1289), a d'abord signifié « en utilisant le four, le moulin, le pressoir du seigneur » et « en faisant publier ».
◆
Sorti d'usage au XIVe s., il a été repris au XIXe s. (av. 1845) avec son sens actuel, « ordinairement, de manière peu originale ».
◈
BANALITÉ n. f., d'abord
bannalité (1555), correspond sémantiquement à
banal et
banalement. C'est un terme de féodalité désignant le droit du seigneur d'assujettir ses vassaux à l'usage d'objets lui appartenant et, par métonymie, l'étendue de territoire soumise à cette juridiction (1611).
◆
Puis, en relation avec
banal, le mot exprime le caractère de ce qui est trop commun, sans originalité (1793) et se dit par métonymie
(une, des banalités) d'un écrit, ou d'une parole, devenu vulgaire à force d'être répété (1828).
◆
Son emploi technique pour qualifier une locomotive non affectée à une seule équipe responsable (1934) se soustrait à la valeur péjorative.
◈
BANALISER v. tr., proposé par Richard de Radonvilliers dans son double usage transitif et pronominal (1842), apparaît d'emblée avec le sens actuel de « rendre commun, vulgaire ». Quelques emplois spéciaux, en droit et en chemin de fer avec l'idée de « faire conduire une locomotive par plusieurs équipes successives » (v. 1950), procèdent du sens non péjoratif de
banal.
■
Le participe passé BANALISÉ, ÉE adj. s'applique notamment (v. 1960) aux voitures de police non signalées comme telles.
■
BANALISATION n. f. (1882) a les valeurs du verbe.
◈
ARRIÈRE-BAN n., d'abord
riere ban (v. 1155),
arier ban (av. 1188) et
arriereban (1167), est l'altération, par étymologie populaire d'après
arrière*, de l'ancien français
herban (1101), également
araban, arban.
◆
Ce mot désignait les prestations exigibles par le seigneur pour le rachat de l'obligation de l'ost (armée) et la convocation des arrière-vassaux (1301).
◆
Le mot est emprunté aux deux éléments franciques
°hari « armée »
(→ auberge, harangue) et
°ban, par un composé à rapprocher de l'ancien haut allemand
heriban, « convocation à l'armée des hommes libres en état de porter les armes ». Le mot francique a été latinisé au moyen âge sous la forme
herebannus, heribannus au sens de « amende infligée par le pouvoir public à ceux qui se dérobent au service de l'ost » (664-666), puis de « redevance en argent qui remplace les prestations en nature imposées aux domaines pour les besoins matériels de l'ost » (814-820).
■
Ce terme de féodalité désigne le corps des arrière-vassaux ; il a développé de bonne heure le sens figuré d'« ultime recours » (v. 1250), passé au second plan au profit de celui d'« ensemble des gens ayant un lien quelconque ».
❏ voir
ABANDON, AUBAINE, BANNIÈRE, BANNIR, FORBAN.
BANA-BANA n. m., emprunt à une langue du groupe mandé, désigne en français d'Afrique occidentale, du Mali au Sénégal, un marchand ambulant. On en a dérivé BANABANISME n. m. « petit commerce utilisant les bana-banas ».
BANANE n. f., d'abord bannanas (1598), puis banane (1602), également bannane au XVIIe s., est emprunté au portugais banana (1562), probablement d'un mot bantou de Guinée. Le fruit a été apporté d'Afrique occidentale au Brésil par les Portugais ; les Antillais ont dû emprunter le mot au portugais au cours d'escales en Afrique occidentale et celui-ci s'est vulgarisé aux Antilles à partir de 1640, date où Bouton donne le mot comme « propre aux habitants de la Martinique ». Le fruit était déjà connu en français au XIIIe s. sous la dénomination pomme (« fruit ») de paradis.
❏
Bannana apparaît dans le
Premier Livre de l'histoire de la navigation aux Indes orientales par les Hollandois, texte français écrit par un Hollandais ; la forme francisée est repérée dans la traduction française d'un ouvrage latin, lui-même traduit du portugais. Il désigne un fruit tropical oblong, généralement consommé cru lorsqu'il est mûr. En français d'Afrique et des Antilles, employé seul, il renvoie le plus souvent à la banane à cuire, appelée aussi
(banane) plantain, la banane sucrée étant appelée
banane douce, petite banane, banane dessert (notamment en Guyane),
figue banane ou même
figue (notamment en Haïti).
■
En français d'Afrique, banane-cochon, banane-foutou se dit d'une banane peu sucrée, consommée comme légume, comme la plantain. Banane-cochon s'emploie aussi en français du Pacifique (Nouvelle-Calédonie). Une petite variété est appelée banane-doigt en Afrique, banane-mignonette à Madagascar, où l'on appelle banane batavia la variété sucrée de taille moyenne. En français d'Europe (et d'Amérique) banane, sans autre précision, concerne la banane douce, après mûrissage.
◆
La locution peau de banane a pris la valeur figurée de « procédé déloyal » par l'intermédiaire des phrases comparatives ou métaphoriques basées sur le caractère glissant de la peau du fruit.
◆
Banane est aussi employé en apposition à un nom comme adjectif de couleur (1909).
◆
Par analogie de couleur, il sert à désigner familièrement une décoration militaire (ruban jaune à liseré vert, 1917) et, par extension, toute décoration.
◆
Par analogie de forme, il se dit de divers objets (un meuble déjeté, la partie saillante verticale d'un pare-chocs), et d'une coiffure masculine consistant en une épaisse mèche gominée à l'avant du front (v. 1955). Le mot a signifié « imbécile » (1952) et depuis les années 2000, s'emploie comme appellatif familier et méprisant ou simplement plaisant.
❏
Le dérivé
BANANIER n. m., d'abord
bannanier (1604) avant
bananier (1640), a éliminé l'emploi au même sens de
bannanas (1598). La plante, une musacée, est originaire d'Asie et se cultive dans toutes les régions chaudes pour ses fruits groupés en « régimes ».
Bananier plantain se dit en Afrique de la plante produisant la variété à cuire.
◆
Le mot s'emploie adjectivement pour « relatif aux bananes » dans la dénomination
cargo bananier (elliptiquement
un bananier).
◆
L'expression figurée
république bananière, d'abord appliquée aux régimes d'Amérique centrale dominés par l'influence des grandes compagnies bananières et du capital étatsunien en général, puis à tout régime corrompu, où la démocratie n'est qu'une apparence (fin du
XXe s.).
■
BANANERAIE n. f., plus tardif (1928), a remplacé le type antérieur BANANERIE n. f. (1838).
◈
BANANER v. tr., par allusion à
peau de banane, s'emploie familièrement pour « faire tomber, compromettre » (
se faire bananer correspond à « être trompé, couillonné »).
Se bananer v. pron. signifie « tomber », au figuré « échouer, se planter ».
BANASTE n. f. attesté en 1597 en français de Narbonne, est emprunté au languedocien ancien banasta, correspondant à l'ancien français banaste ou banastre (1080). Le mot reste vivant dans la France du sud, pour une corbeille ou un panier à deux anses, servant au transport de produits alimentaires. Par la métaphore du panier, du « ballot », le mot s'emploie aussi pour « idiot, niais ».
+
BANC n. m. est emprunté (1050) au germanique °bank-, mot masculin et féminin désignant un siège allongé, restitué d'après l'ancien haut allemand banch (allemand Bank). Ce mot, auquel répondent le vieil anglais benć (anglais bench), l'ancien frison benk, l'ancien norrois °benkr (islandais bekkr), appartient à un type germanique °bankir, qui figure dans plusieurs mots des langues germaniques désignant un récif, une arête (anglais bank, suédois backe). Le mot a été introduit en français par l'intermédiaire du latin populaire bancus, indirectement attesté au moyen âge par son dérivé bancalis « coussin où l'on s'assied » (VIe-IXe s.), puis en 1025 « long siège », et au sens analogique « étal de marchand » (fin XIe s.). L'hypothèse d'un emprunt au francique fait difficulté étant donné l'extension du mot dans la Romania, où ces mots sont directement empruntés au germanique (le francique n'ayant été en contact qu'avec le français).
❏
Le mot désigne un siège long et étroit où peuvent se tenir plusieurs personnes, puis un siège réservé à une certaine catégorie de personnes, notamment dans des expressions comme banc de jugement (1458), sortie d'usage, banc de rameur (1611), banc d'église (1718) et banc d'œuvre (1835, banc de l'œuvre) pour le siège d'église réservé aux marguilliers. Banc public est en usage en France. L'emploi du mot dans un contexte scolaire a donné lieu, par métonymie, à la valeur d'« école, université » dans la locution être sur les bancs, se mettre sur les bancs (1611) « commencer ses études » et, spécialement, « soutenir un acte en Sorbonne ». Ce sens a disparu, mais on dit en français d'Afrique être sur les bancs, faire les bancs pour « aller en classe, faire des études ».
◆
En français du Canada, banc se dit aussi d'un siège sans dossier ni bras, plus long que le tabouret (banc de piano). Dans un autre contexte, on parle au Québec du banc des joueurs, où s'assoient les joueurs de hockey lorsqu'ils ne jouent pas.
◆
Par analogie, banc se dit aussi d'un bâti, d'un assemblage de montants et de traverses servant dans divers métiers, en particulier d'un étal de marchand (fin XIIe s.) et, autrefois, d'un comptoir où se faisait en public le commerce d'argent (1450-1500), sens dont témoigne aussi banque*.
◆
Par la suite, l'acception concrète s'emploie techniquement en verrerie (1723), en chirurgie (1751, banc d'Hippocrate), en passementerie (1751, banc à ourdir) et désigne, dans les expressions banc d'épreuve (1866) et banc d'essai (1907), un bâti servant à éprouver respectivement les armes à feu et les moteurs d'automobiles. Banc d'essai s'est répandu dans l'usage avec le sens figuré de « concours organisé à titre d'essai pour les débutants » (1927, à propos d'une épreuve cycliste), puis « examen (comparatif) ».
◆
Le mot désigne aussi, depuis le XVIe s., un amas de matières formant une couche horizontale sous l'eau (1529), des valeurs analogues existant dans les langues germaniques pour les mots apparentés. Employé en ce sens en géographie, il entre dans la locution banc de neige (1722), adaptation possible de l'anglais snow bank « congère, amas de neige », sens fréquent (parfois critiqué) en français du Canada. Banc de glace semble antérieur (1609, Lescarbot) (→ banquise).
◆
En français général, il se dit aussi d'une troupe importante d'animaux marins de même espèce se déplaçant ensemble en formation horizontale sous l'eau (1797).
◆
En géologie, puis en physique, il signifie « couche de matières homogènes » (XIXe s.).
❏
1 BANQUE n. f., féminin de
banc (1376), attesté par le latin médiéval
banca dès le
XIIIe s. (1253) pour « comptoir de marchand », désigne une sorte d'étal avec différents usages techniques répertoriés (1751). Ce sens s'est conservé en français rural, dans quelques régions. Il est employé régionalement (Normandie) pour une levée de terre servant de clôture (1549).
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Par le même développement que
tréteau, il s'est spécialisé dans le domaine théâtral, désignant la boutique de forains (av. 1615), dans la locution disparue
monter en banque « faire le baladin », analogue dans un autre registre à
monter sur les planches. Il a développé divers emplois métonymiques, référant à la troupe de comédiens ambulants (1750) et, argotiquement, au boniment de charlatan, au propre et au figuré (1833).
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L'homonyme
2 banque* est pris à l'italien.
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1 Banque a pour dérivés BANQUISTE n. m. (1789) « saltimbanque », par extension « bonimenteur », et BANQUISME n. m. (1877), mot péjoratif pour l'attitude du charlatan, tous deux archaïques.
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BANCAL n. m., dans un ancien emploi substantif pour une pièce d'étoffe recouvrant un banc (1426), était un emprunt à l'ancien provençal
bancal de même sens (1240-1250), à rapprocher du latin médiéval
bancalis (507-877). Il a disparu en français classique.
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L'adjectif BANCAL, ALE, ALS (1747), ultérieurement dérivé de banc, qualifie une personne (d'abord une femme) ayant les jambes tordues par comparaison avec les pieds d'un banc à tracés divergents.
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Par extension, il s'applique à un objet mal équilibré, en particulier lorsque celui-ci est muni de pieds (1833), et abstraitement à un raisonnement manquant de rigueur. Par analogie, il est substantivé en argot militaire à propos d'un sabre à lame courbe (1819).
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Il semble que BANCROCHE adj. et n. (v. 730) soit dérivé de bancal par croisement avec l'ancien adjectif croche « crochu » (XVe s.), désignant dans la langue familière un homme bossu, difforme, et qualifiant (av. 1739) une personne ayant les jambes tordues.
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BANCELLE n. f., d'abord
bancselle (
XVe s.) puis
bancelle (1597), est issu par soudure de
banc selle (1479), formé de
banc et du moyen français
selle* « siège sans dossier » (v. 1280) avec assimilation aux mots féminins en
-celle.
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Le mot, qui désigne un petit banc étroit et long sans dossier, à deux ou quatre pieds, n'est plus usité que régionalement.
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BANCHE n. f. (1484) est la forme féminine dialectale (correspondant à
1 banque) de
banc, attesté antérieurement en latin médiéval sous la forme
bancha « étal de boucher » (1250).
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Le mot, qui correspond au sens analogique de
banc, attesté un peu plus tard, désigne un fond marin de roches tendres et unies à proximité des côtes. Dans les dialectes, il s'applique à une couche calcaire disposée par bancs sous la terre arable (Saintonge), à un lit de pierres horizontal, en particulier de pierres à bâtir (Aunis), et n'est attesté de nouveau en français qu'au
XVIIe siècle.
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Depuis 1785, il est également attesté en maçonnerie pour un panneau de coffrage employé dans la construction des murs en pisé ou en béton.
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Il a dans ce sens les dérivés BANCHÉE n. f. (1785) « contenu du moule à pisé, à béton » et BANCHER v. tr. « couler du pisé ou du béton à l'aide de banches » dont le participe passé banché, ée s'emploie adjectivement et dont vient BANCHAGE n. f. ; tous ces mots apparaissant dans les dictionnaires peu après 1950.
❏ voir
BANCO, BANK-NOTE, 2 BANQUE, BANQUEROUTE, BANQUET, BANQUETTE, SALTIMBANQUE.
1 BANCO n. m. est emprunté (1679) à l'italien banco « banque, établissement de crédit » (XIVe s.), de même origine que le français banque (→ 2 banque) et spécialisé ultérieurement au jeu pour désigner la somme engagée au jeu de cartes, à certains jeux de hasard (XVIIIe s., Goldoni).
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Repris comme terme de finances, le mot a désigné une valeur bancaire et s'est dit spécialement, dans la locution
de banco (1679), des monnaies ayant une valeur fixe indépendamment du change.
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De nos jours, par un nouvel emprunt à l'italien, il s'emploie au baccara et dans d'autres jeux pour désigner l'enjeu, surtout dans faire banco (1851) et dans l'exclamation banco ! (1854) à propos d'un joueur qui tient l'enjeu contre la banque.
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Par métonymie, il est passé dans l'usage familier au sens de « somme gagnée par chance » (1851), également dans l'exclamation banco ! lancée par celui qui relève un défi.
2 BANCO n. m., emprunt à une langue du Niger, désigne en français d'Afrique un matériau de construction fait de terre argileuse et d'un hachis de paille. Le mot est usuel depuis très longtemps ; son attestation par écrit, en 1974, n'a pas d'autre valeur que d'attester un passage à l'écrit (certainement très antérieur).
BANCOULIER n. m. est le nom d'une variété d'euphorbiacée d'Asie, d'Océanie et d'Afrique (aleurite) qui donne une huile utilisée en pharmacie, tirée de ses fruits, dits noix de bancoul.