BANDANA n. m., attesté en 1984 en français, est emprunté, par l'anglais, au mot hindi bandhnu, et désigne un petit foulard carré en toile imprimée.
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1 BANDE n. f., d'abord bende (1100-1150), puis bande (1165-1170), est emprunté au germanique °bindo-, « bande, ruban », déduit de l'ancien haut allemand bintan (allemand moderne Binden), du gotique et anglo-saxon bindan (anglais to bind) et de l'ancien norrois binda « lier ». Ce mot germanique appartient à une racine indoeuropéenne °bhendh- « lier », à laquelle se rattachent également le sanskrit badhnā́ami « je lie », et en grec et en latin, uniquement des noms : pour le premier, peisma « câble, cordage », pasma « pédoncule » ainsi que pentheros « parent par alliance » ; pour le second offendix, ancien terme de rituel désignant les nœuds du cordon servant à tenir le petit bâton enroulé de laine que les flamines (prêtres) portaient à la pointe de leur bonnet. L'hypothèse d'un emprunt ancien au germanique est confirmée par l'ancienneté du mot dans les langues romanes (ancien provençal banda, XIIe s. ; italien benda, XIIIe s., latin médiéval du domaine italien binda, XIIIe s.) ; elle est préférable à celle d'un emprunt au francique. Le terme pourrait être issu du commerce de la fourrure importée dans la Romania par des marchands romains qui auraient exercé dans les pays germaniques.
❏
Le mot s'est d'abord employé pour une pièce de métal en forme de cercle, un anneau, un cercle ou un cerceau servant à renforcer qqch. (av. 1150) ; ce sens demeure vivant en charronnerie, à propos des renforts de roue.
◆
Il s'est rapidement défini par sa forme, ne désignant plus qu'un morceau de matière souple, long et étroit servant à panser, à border, à protéger, à maintenir et à serrer (v. 1165-1170). De là, des emplois spécialisés en blason, désignant la pièce honorable qui traverse l'écu de l'angle dextre du chef à l'angle senestre de la pointe (v. 1175) ; en architecture, la barre de fer soutenant les manteaux de cheminée et une penture de porte (1676), sens disparu, de nos jours les parties plates des architraves, chambranles et les bandes de linteau.
◆
Une valeur spéciale est « côté intérieur rembourré du billard » (1740), d'où au figuré
prendre (qqn, qqch.) par la bande « de biais, indirectement » (v. 1950), qui vient de
jouer par la bande.
◆
L'emploi de
bande à propos d'une partie allongée et étroite de qqch., en particulier d'un terrain, est relativement tardive (v. 1811). Cette acception est entrée en géographie pour désigner une zone de forme allongée, en particulier dans le nom de la
bande de Gaza. L'emploi du mot pour « zone allongée délimitée » est spécialisé avec les
bandes d'une chaussée, canalisant la circulation, dites
bandes de circulation en français de Belgique et du Luxembourg.
◆
Au Québec, le mot s'applique à la clôture entourant une patinoire et à chacune de ses sections.
◆
À partir du
XIXe s.,
bande est entré dans le langage scientifique. En physique (1882), le mot s'applique à l'ensemble des fréquences comprises entre deux limites, et en mathématiques à la région d'un plan limité par deux droites parallèles.
◆
Le développement des médias lui a donné de nouveaux sens, en télécommunication
(bande de fréquence) et, par analogie de forme, pour un film cinématographique, et surtout le support magnétique allongé (
bande magnétique ou
bande) servant à enregistrer le son et l'image (milieu
XXe s.).
◆
Le syntagme lexicalisé
bande dessinée est attesté avec certitude en 1940, dans des contrats de l'agence internationale
Opera Mundi, et aurait été employé peu après 1930 par P. Winkler. L'expression, répandue en 1949-1950, traduit l'anglais
comic strip (1910), de
comic « comique »
(→ comique) et
strip « bande », mot d'origine germanique. Il est familièrement abrégé en
B. D. ou
BÉDÉ n. f. (1966), qui a produit des dérivés :
BÉDÉPHILE n. « amateur de bédés » (1978) et
BÉDÉISTE (1984).
De l'acception en physique, vient le préfixé PASSE-BANDE adj. inv., formé (1945) avec passer et bande de fréquence, et qui se dit d'un dispositif électrique (un filtre) qui sélectionne une seule bande de fréquence. Cf. haut et bas.
❏
Le dérivé
BANDEAU n. m. (
XVe s., av. 1463), d'abord
bendel (v. 1100, et jusqu'au
XIVe s.), désigne proprement une petite bande, en particulier le morceau d'étoffe dont on couvre les yeux d'un condamné (1482) et celui dont on ceint la tête de qqn pour le coiffer (1567).
◆
Ultérieurement, ce mot s'est spécialisé en architecture pour une plate-bande unie, en saillie autour d'une baie, porte ou fenêtre (1676).
◆
Bandeau s'applique aussi à une coiffure féminine divisant les cheveux au milieu de la tête et les ramenant sur les côtés (1832).
◈
BANDER v. tr. (av. 1150) exprime l'idée de couvrir ou de renforcer avec une bande (1165-1170), de placer un bandeau sur les yeux de qqn (fin
XIIe s.), sens technique devenu archaïque.
◆
Par extension de la valeur concrète « étendre, tendre » (comme on étend une bande), il a développé le sens de « tendre avec effort », d'abord à propos d'un arc ou d'une arbalète (fin
XIIe s.), d'un ressort, puis aussi en parlant d'un effort physique (1580) et, par métaphore, d'un effort moral.
◆
Ces sens ont vieilli, du fait de la spécialisation érotique par laquelle le verbe, en emploi intransitif, a pris le sens familier d'« être en érection » (1587), d'où la valeur figurée « être excité » (1813), spécialement « désirer ardemment »
(bander pour) toujours marqué érotiquement, comme ses dérivés (ci-dessous).
■
Le verbe a servi à former plusieurs dérivés dont, très tôt, l'antonyme 1 DÉBANDER v. tr. (fin XIIe s.), prenant, par l'intermédiaire du sens de « détendre ce qui est tendu » (1549), le sens érotique familier de « cesser d'être en érection » (1690), d'où au figuré sans débander « sans s'arrêter (de travailler, etc.) ».
■
BANDAGE n. m., d'abord bandaïge (1508), formé avec le suffixe collectif -age, désigne la pièce servant à bander une arbalète, puis la bande de fer entourant une roue (1521), remplacée sur les automobiles par une bande de caoutchouc plein (1895), avant l'invention des pneumatiques.
◆
Le mot est surtout courant pour ce qui sert à bander une plaie (1653). Son emploi comme substantif d'action (avec un autre suffixe -age) est lui aussi repéré depuis le XVIIe siècle.
■
En est dérivé BANDAGISTE n. (1701), nom de la personne qui fabrique, vend des bandages chirurgicaux.
■
Les autres dérivés de bander, tous tardifs, familiers ou argotiques, procèdent de son sens érotique : ce sont BANDAISON n. f. (1837, Flaubert) vieilli et parfois repris (G. Brassens), BANDANT, ANTE adj. (1920), d'abord argotique, répandu (v. 1975) au sens figuré d'« excitant » et BANDEUR, EUSE n., par extension « excité sexuellement ».
◈
BANDELETTE n. f. (1377), dérivé de
bande par double suffixation diminutive en
-el et
-ette, désigne une petite bande ; moins spécialisé que
bandeau, le mot a toutefois des acceptions spécialisées en architecture (1660), en décoration et en anatomie.
■
BANDEREAU n. m. (1636) a désigné le cordon à l'aide duquel on porte une trompette en bandoulière.
◈
BANDÉ, ÉE adj., enregistré par Furetière (1690), mais évidemment antérieur, s'est spécialisé en blason pour qualifier ce qui porte plusieurs bandes.
❏ voir
PLATE-BANDE.
2 BANDE n. f. (XVe s.), d'abord écrit bende (1360), est emprunté à l'ancien provençal banda « troupe, compagnie de gens » (fin XIVe s.), mot d'origine germanique dont la voie de pénétration est difficile à préciser : on pense à un emprunt au gotique bandwo « signe », attesté en latin médiéval par bandum « étendard, bannière » (v. 675), la forme provençale étant alors issue du neutre pluriel banda, pris pour un féminin. On peut également supposer un emprunt au germanique °banda, le mot étant ancien dans l'ensemble des langues romanes. L'évolution sémantique se fait par métonymie : du sens d'« étendard » à « troupe assemblée sous un même étendard » et à « troupe ». L'hypothèse d'un emprunt au correspondant italien banda, attesté seulement chez Machiavel, n'est pas satisfaisante chronologiquement. Voir aussi le schéma.
❏
Le mot s'est d'abord employé dans un contexte militaire, désignant un groupe d'hommes rangés sous une même bannière, un même chef ; de là, la dénomination chef de bande pour un tribun militaire (av. 1597). Par analogie, bande a pris le sens de « parti, faction » (v. 1460), sorti d'usage, puis le sens actuel général de « réunion de personnes » (1509). Ce dernier, malgré certains emplois spéciaux (en musique, il est synonyme d'« orchestre », 1669) et certains emplois neutres, a souvent une valeur péjorative, sensible dans bande de voleurs (1718), bande de maraudeurs, de brigands (1835). De là, bande de... en interjection, suivi d'un nom péjoratif, et servant d'insulte. Le mot a été repris de manière très péjorative à propos de groupes plus ou moins violents en milieu urbain (une bande de jeunes).
◆
En revanche, en français du Québec (où l'équivalent de bande est gang ou gagne), le mot bande a été donné à une communauté amérindienne légale à laquelle un territoire est affecté (conseil de bande).
◆
En français d'Haïti, on parle de bande (avec l'influence très probable de l'anglais band « orchestre ») pour un groupe de musiciens ambulants.
◆
La locution faire bande à part (1601, malgré le F. e. w. qui la donne dès 1549) poursuit l'idée réalisée par l'ancienne locution à bande « à l'écart » (XVIe s.).
❏
De
bande est dérivé
2 DÉBANDER v. tr. (v. 1550), anciennement « détacher d'une troupe (une partie de ses effectifs) pour les lancer contre une autre ». Toujours dans un contexte militaire, il signifie moins précisément « disperser (une troupe) » (1834), surtout à la forme pronominale.
■
Son dérivé DÉBANDADE n. f. (1604) se dit d'abord d'une troupe, puis d'un groupe quelconque qui se disperse dans le désordre, notamment dans en débandade.
❏ voir
BANDERILLE, BANDEROLE, BANDIT, BANDOULIÈRE, BANNIÈRE, BANNIR, CONTREBANDE, FORBAN.
BANDERILLE n. f. est, comme tout terme de tauromachie, emprunté (1782) à l'espagnol. L'étymon est banderilla, proprement « petite bannière », diminutif (1607) de bandera « bannière », lequel est dérivé de banda « étendard, bannière » (→ 2 bande).
❏
Le mot désigne le dard orné de bandes de papier ou de rubans multicolores que l'on plante sur le cou du taureau après les piques.
❏
BANDERILLERO n. m. est emprunté (1782 ; vanderillero en 1776) en même temps que banderille à l'espagnol banderillero « torero chargé de planter des bandelettes », de banderilla.
BANDEROLE n. f., d'abord bannerolle (1446) par attraction de bannière*, puis banderolle (1584) et banderole (1578), orthographe étymologique retenue, est emprunté à l'italien banderuola (XVe s.). Ce mot est dérivé de bandiera « étendard, pavois » (XIIIe s.), probablement repris de l'ancien provençal bandiera « bannière », lequel est dérivé, peut-être d'après le français bannière, de banda (→ 2 bande). L'ancien provençal ou l'italien ont donné en français bandière (→ bannière).
❏
Le mot désigne une bande d'étoffe flottante terminée en double pointe que l'on arbore au sommet d'un mât, au fer d'une lance, autour d'un casque de tournoi.
◆
Par analogie, il se dit couramment pour une grande bande de tissu (XVIIIe s.) servant d'ornement et, spécialement, portant une inscription, sens précédé par celui de « liste de tarifs, sur un panneau » (dans le commerce des bois et charbons, 1672, Ordonnance de la Ville de Paris).
❏
BANDEROLER v., d'abord banderoller, cité comme néologisme par Mercier en 1801, « orner de banderoles », n'est guère employé.
BANDIT n. m., d'abord bandi (1621), puis bandit (1663), est emprunté à l'italien bandito, proprement « banni, hors-la-loi » (av. 1533) d'où « malfaiteur, vaurien » (1686). Ce mot est le participe passé substantivé de bandire « proclamer, proscrire », qui ne semble pas apparenté à bannir, mais emprunté au gotique bandwjan, « faire signe », dérivé de bandwo, « signe », autre forme de bandwa de même sens (→ 2 bande). Pour le sens de « proscrire », l'influence de la série de bannir* est vraisemblable.
❏
Le mot apparaît dans les relations de voyage, en référence aux malfaiteurs italiens (« de la Savoye, de Piedmont, du Milanois et autres lieux ») et à ceux de l'Orient. Furetière, en l'enregistrant (1690), mentionne encore le sens étymologique d'« exilé » à côté de « voleur ». Bandit s'est répandu au XIXe s. sous l'influence de la mythologie du bandit corse, diffusée par des écrivains comme Mérimée.
◆
Le mot, concurrencé par des emprunts (tel gangster), est néanmoins resté très vivant, mais marqué, et s'emploie par extension plaisante, comme avant lui fripon, en parlant d'une personne malhonnête, sans scrupule, d'un enfant turbulent, etc. C'est le cas en français d'Afrique, où le mot s'emploie aussi comme adjectif (t'es trop bandit !). Faire le bandit, « mal se comporter ». Le mot s'emploie là où l'on dirait voyou en français de France.
❏
BANDITISME n. m., glosé dans la correspondance de Flaubert comme un « mot gouvernemental » (1853), a conservé le sens fort de bandit et est toujours en usage, surtout dans le vocabulaire administratif (répression du grand banditisme, etc.).
BANDONÉON n. m. est emprunté (1905) à l'allemand Bandoneon, terme formé à partir du nom propre de Heinrich Band, commerçant de Krefeld qui diffusa cet instrument de musique vers 1840. Le mot doit sa finale -eon à l'allemand Orpheon (XVIIIe s.) [→ orphéon] ; quant au groupe -on-, c'est peut-être seulement une syllabe de renforcement.
❏
Le mot, qui, en français, a peut-être été repris de l'espagnol d'Argentine, désigne un petit accordéon à boutons utilisé d'abord dans les orchestres de tangos.
BANDOULIÈRE n. f. est emprunté (1586) et adapté du catalan bandolera, dérivé de bandolero « bandit », par allusion à la manière dont les hors-la-loi portaient leurs armes. Bandoler, qui a donné le moyen français bandelier (1466), bandoulier (1537) « bandit de grand chemin », vient (XIVe s.) de bandol ou bando (→ 2 bande). L'hypothèse d'un emprunt du français à l'espagnol banderola, attesté seulement au XVIIe s. et lui-même repris au catalan, est moins satisfaisante.
❏
Le mot désigne la bande de cuir ou d'étoffe que l'on porte en écharpe de l'épaule gauche sous le bras droit et qui supporte une arme, puis tout autre objet. De nos jours, il est surtout courant dans la locution en bandoulière (bien attestée déb. XIXe s. : Stendhal, Chateaubriand, et très probablement antérieure), qui qualifie une chose portée avec une bandoulière en diagonale sur la poitrine ou dans le dos et, au figuré, d'une chose affichée de manière ostentatoire.
BANG interj. et n. m. est emprunté (1952) à l'anglais bang « bruit violent » (v. 1550) et, spécialement, « déflagration d'une arme à feu » (1884) ou « mouvement extrêmement rapide » (1855). Le mot est le déverbal de to bang « donner des coups retentissants », et dans to bang off « tirer un coup de fusil » (1814), terme d'origine onomatopéique.
❏
Le mot imite le bruit d'une explosion, d'un coup de feu (1952, Jean-Luc Godard commentant un film rempli de coups de feu du réalisateur américain Samuel Fuller, Forty Guns « Quarante tueurs » ; certainement antérieur dans les bandes dessinées).
◆
Il rend également la déflagration qui accompagne le passage du mur du son par un avion, emploi dans lequel il est substantivé, mais pour lequel l'anglais dit plutôt (sonic) boom que (sonic) bang.
◆
L'expression big bang, relative à la théorie de l'origine de l'Univers, qui postule un événement initial et un temps zéro, est un emprunt autonome (1956) à l'américain big bang « grand boum », employé ironiquement par Fred Hoyle, qui l'appliquait au mathématicien belge Lemaître, auteur d'une théorie de l'atome primitif.
◆
Des emplois métaphoriques sont aussi passés en français, pour « changement brutal », notamment en politique (M. Rocard, 1993).
BANGALA n. m., emprunt à une langue africaine, s'emploie familièrement en français d'Afrique pour « pénis ».
BANGLADAIS, AISE adj. est un dérivé français de Bangla, dans le nom de pays Bangladesh (d'où l'ethnique bangladeshi) pour qualifier et désigner les habitants de cet État d'Asie, appelé auparavant en français Bengale.
BANJO n. m. est emprunté (1857) à l'anglo-américain banjo, terme du vocabulaire des chanteurs noirs désigné au XVIIIe s. (1764) sous la forme banschaw, puis (1774) banjo. Ce mot est d'origine inconnue : selon Wartburg, il serait emprunté au grec pandoura, lui-même sans étymologie claire, nom d'un luth à trois cordes probablement emprunté à l'Orient. Les Arabes auraient introduit ce mot en Afrique occidentale et de là il serait passé (par la traite des esclaves ?) aux États-Unis. En France, le mot ne s'est répandu qu'au XXe s., avec la pénétration de la musique de jazz.
❏
Le mot désigne un instrument à cordes pincées, proche de la guitare, formé d'un long manche et d'une caisse ronde tendue de peau.
❏
BANJOÏSTE n. « joueur de banjo » (1924) est soit emprunté à l'anglo-américain banjoist, soit dérivé de banjo.
❏ voir
peut-être MANDOLINE, MANDORE.
BANK-NOTE n., écrit banknote (1804) puis bank-note (1836), est emprunté à l'anglais bank-note (1695), de bank « banque » (→ 2 banque) et note « billet », pris à l'ancien français note*. Le mot a d'abord désigné un billet à ordre, une traite, puis un billet de banque. Avant d'être emprunté, le terme anglais avait été calqué sous la forme note de banque (1789, Mirabeau).
❏
En français, le mot désigne un billet de banque, toujours dans un contexte anglais ou américain. Il a vieilli.
BANNE n. f., d'abord bene (1195-1200), puis banne (1268) et benne (1307), est emprunté au bas latin benna « chariot en osier » (fin VIIIe-déb. IXe s.), mot d'origine gauloise, à rapprocher du cymrique bène « voiture, charrette ».
❏
Le mot désigne une charrette, un tombereau pour le transport du fumier, du charbon, puis un grand panier d'osier servant à transporter des fruits ou des légumes (1307), en particulier une hotte de vendangeur (1478).
◆
Par métonymie vers « ce qui couvre les marchandises ainsi transportées », banne désigne une toile tendue au-dessus d'une devanture, un auvent (1704). Dans ces différents sens, le mot se limite à un usage technique ou régional (Normandie et Lyonnais).
◆
Cependant, le mot a (ou a eu) une valeur en langue populaire, « drap », par exemple, se mettre dans les bannes.
❏
La dérivation consiste en quelques mots d'usage technique ou régional.
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BANNEAU n. m., d'abord beniel (XIIIe s.), baniel (fin XIIIe s. en picard) puis banneau ou benneau (1690), désigne un tombereau léger en usage dans les salines ainsi qu'un petit récipient d'osier ou de bois utilisé pour le transport des fruits, notamment des raisins (aux vendanges) et des légumes (1690).
■
BANNETTE n. f., d'abord banete (XIIIe s.) diminutif féminin de banne, désigne un petit panier, le plus souvent en osier ou en bois léger utilisé pour le transport des marchandises. Par analogie de fonction, il désigne un plateau de faïencerie rouennaise fabriqué aux XVIIe et XVIIIe s. (1751).
■
BANNETON n. m., d'abord baneton (1284), autre mot pour un petit panier d'osier, s'est spécialisé en pêche à propos d'un coffre percé de trous dans lequel on conserve le poisson et en boulangerie pour le petit panier dans lequel on faisait lever le pain rond (1751), emploi avec lequel il est synonyme de panneton.
◈
BENNE n. f. est une variante dialectale de
banne, attestée à partir de 1579 et probablement originaire du nord-est de la France où existent le lorrain
bène « manne d'osier », le wallon
benne « grand chariot d'osier pour le transport du fumier et des marchandises ».
◆
Le mot s'emploie d'abord dans un contexte rural à propos d'un tombereau tiré par des bêtes de somme. D'après les activités à dominante minière du Nord-Est, il se spécialise dans les mines et désigne le panier, bac ou véhicule servant à extraire et transporter le charbon. Ce sens, accueilli par
l'Encyclopédie (1751) qui le signale comme un usage de la Flandre, a dû exister préalablement en patois rouchi, en lorrain, en wallon.
◆
Ensuite, le mot désigne la caisse montée sur le châssis d'un camion, la caisse de chargement d'une grue en travaux publics et, d'après la cage qui monte et descend les travailleurs dans une mine, la cabine de l'ascenseur. Cependant, il est trop déterminé par le contexte des mines et des travaux publics pour concurrencer sérieusement
cabine dans ce dernier emploi.
❏ voir
BAGNOLE.
BANNIÈRE n. f., d'abord écrit baniere (fin XIIe s.) puis bannière (1557), est probablement dérivé de ban*, « convocation que le suzerain fait de la noblesse pour le servir à la guerre », avec le suffixe -ière. Ce mot désignait peut-être à l'origine le lieu où était plantée l'enseigne, symbole du droit de ban. Le recours à l'hypothèse d'une forme supposée °bandiere issue du germanique occidental °banda « signe », correspondant au gotique bandwa (→ 2 bande) croisé avec bannir*, n'est pas nécessaire phonétiquement, mais semble convenir sémantiquement, encore que l'influence de la série de bande puisse se manifester autrement.
◆
En effet, le français a eu un mot BANDIÈRE n. f. (1305-1310) « pavois, étendard », « pavillon d'un bateau » (1505), encore employé dans la locution militaire front de bandière (1740) pour la ligne des étendards et drapeaux en tête d'un corps d'arrière-garde. Ce mot est soit emprunté à l'ancien provençal bandiera « bannière » (XIIIe s.), soit à l'italien bandiera (XIIIe ou déb. XIVe s.), lui-même repris de l'ancien provençal, lequel est dérivé de banda (→ 2 bande). Le rapport sémantique bandière-bannière a dû créer des interférences à partir du XIVe siècle.
❏
Bannière est d'abord un terme de droit féodal désignant l'enseigne sous laquelle marchaient ceux qui devaient le service militaire au seigneur et, par métonymie, l'ensemble des vassaux rangés sous cette enseigne (1250-1300). Par abstraction, il a pris le sens de « symbole » (1209), « signe de ralliement » (v. 1225), réalisé plus tard dans la locution
se ranger sous la bannière de qqn « se ranger dans son parti » (1835).
◆
Il se dit aussi de l'étendard que l'on porte aux processions et qui sert à distinguer une paroisse ou une confrérie (1557) : de là, la locution ironique
(c'est) la croix et la bannière (1690) « beaucoup de cérémonies, d'histoires ». Le mot désigne également l'étendard d'une corporation, d'une société (
XVIe s.).
■
Par analogie de forme, il se dit du pavillon de la poupe d'un vaisseau (XVIe s.) et, dans la locution technique voile en bannière (1690), décrit une voile dont les écoutes sont larguées ou cassées et qui flotte librement.
◆
Bannière a aussi développé des acceptions analogiques spéciales en blason (1690), en pêche, et a pris le sens familier de « pan de chemise » (1828-1829).
❏
Le terme de féodalité BANNERET adj. et n. m., dérivé du radical de bannière avec le suffixe -eret (1283), désignait et qualifiait le chevalier qui avait assez de vassaux pour en composer une compagnie et lever bannière.
BANNIR v. tr., d'abord banir (1080), est emprunté au francique °bannjan « proclamer, convoquer (des troupes) », à rattacher au francique °ban (→ ban). Le mot a été introduit en français par l'intermédiaire du latin médiéval bannire qui a lui-même subi l'influence du latin médiéval bannus. L'hypothèse d'un croisement, dans le latin médiéval, du francique °bandjan « faire signe » (gotique bandwo, → 2 bande « troupe ») et de °bannjan ne semble pas s'imposer, ni celle du gotique °bandwjan « faire signe, donner un signal », influencé dès le germanique par la famille de ban*. En réalité, deux lignées sont à distinguer : celle du francique °bannjan d'où vient le français bannir, et celle du gotique et du burgonde banwjan « faire signe » d'où viennent l'ancien provençal bandir « proclamer » (XIIe s.) et « exiler » (1313), le franco-provençal bandi « expulser » (1538, Pays de Vaud), « proclamer », « expulser » (Valais), l'italien bandire « exiler » (XIIIe s.), « proclamer par ban » (XIVe s.), le catalan bandir « citer à comparaître en justice » (XIIIe s.) et « expulser, bannir » (1461) ; dans tous ces verbes romans, le sens de « condamner à l'exil » est dû à l'influence de bannir, et les interférences entre les deux séries sont très fortes.
❏
Le verbe, utilisé en droit féodal pour « convoquer par ban une armée » (jusqu'au
XVe s.), a signifié aussi « annoncer, proclamer à son de trompe, à cri public » (v. 1155). Ce sens, sorti d'usage au
XIVe s., s'était maintenu dans les dialectes de la Normandie et de Jersey avec les valeurs particulières de « crier aux enchères » (1879) et de « publier les bans de mariage ».
■
Le sens actuel de « chasser, exclure » (1204), spécialement en droit « condamner à sortir d'un lieu » (1209), a éliminé après le moyen français les autres emplois du mot. Le verbe a pris par extension le sens de « proscrire, interdire », qui relève d'un registre soutenu.
❏
BANNISSEMENT n. m., substantif d'action dérivé de
bannir (déb.
XIIIe s.), a suivi la même évolution sémantique : avant le
XIVe s., il avait perdu sa valeur féodale de « proclamation de ban » pour ne plus se dire que de l'action d'exiler, de chasser (1283), à la fois dans le langage juridique et dans l'usage courant.
◆
Par extension, il a développé le sens abstrait de « proscription, suppression » (v. 1580), de nos jours littéraire.
■
BANNISSABLE adj. « qui peut ou doit être banni » (1661, Molière) est un terme de droit pénal.
❏ voir
FORBAN.
2 BANQUE n. f. est emprunté (1458) à l'italien banca « banc », spécialisé en finances pour désigner le comptoir du changeur (XIVe s.) et, par extension, l'établissement de crédit (XVe s.). Ce mot est de même origine que banco (→ banco) et que le français banc. C'est un homonyme du féminin de banc (→ 1 banque, à banc).
❏
Le mot s'introduit à l'époque où la France, après l'Italie et les Flandres, s'initie à l'économie commerciale et financière. Sans changer fondamentalement de sens depuis l'ancien comptoir (→ banqueroute), il a évolué avec les institutions financières, les établissements devenant à partir du XIXe s. de plus en plus complexes et puissants. Outre les banques d'État, banques centrales, et les banques privées, banques d'affaires, syntagmes courants, il existe des institutions financières internationales portant ce nom. De nombreux noms de banque figurent sous la forme de noms propres, comme Banque de France, Banque d'Angleterre, Banque mondiale (dépendant de l'O. N. U.), Banque africaine de développement (B. A. D.). Banque a développé les sens métonymiques habituels de « bâtiment où est installée une banque », « ensemble du personnel y travaillant », collectivement « ensemble des banques » et « activité bancaire » (être dans la banque).
◆
Le mot est aussi devenu un terme de jeu (1680) désignant la somme que l'un des joueurs tient devant lui pour payer ceux qui gagnent, entrant dans des locutions comme tenir la banque, faire sauter la banque.
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Au XXe s., il a emprunté de l'anglais bank le sens figuré de « réserve d'une chose mise à disposition du public », dans certains domaines (en médecine et en documentation) : l'expression banque du sang apparaît en 1948 à l'occasion de la création de la première réserve de ce type de service du docteur Quénu à l'hôpital Cochin ; elle correspond à l'anglais blood bank, la première réserve de sang ayant été créée en 1937 à Chicago par B. Fantus au Cook County Hospital. Banque de lait humain (1947), à côté de lactarium (1949), est un calque de l'anglais Human Milk Bank, la première réserve de lait ayant été instituée en 1938 au Queen Charlotte's Hospital à Londres. Par analogie, on a créé banque des os (mai 1950), banque d'organes, des yeux, du sperme, etc. sur le même modèle.
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En documentation, l'expression banque de données (v. 1970 ?) est calquée de l'anglais data bank.
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BANQUIER, IÈRE n., étant donné sa date d'entrée en français (av. 1244), est plutôt emprunté à l'italien
banchiero (
XIIIe s.) dérivé de
banca, que dérivé en français de
banque.
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Le mot désigne le propriétaire puis le directeur, le responsable d'une banque, et toute personne qui travaille à un niveau professionnel élevé dans l'activité bancaire. Il a été repris au jeu pour désigner la personne qui tient la banque (1680).
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Son féminin
banquière, attesté une première fois (v. 1570) au sens figuré d'« entremetteuse », a été repris pour désigner la femme d'un banquier (av. 1692) puis (
XXe s.) une femme exerçant la profession de banquier.
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L'emploi adjectivé de
banquier (1784) est distinct de celui de
bancaire.
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BANCAIRE adj. (déb.
XIXe s.) qualifie ce qui concerne la banque et les opérations de banque. Il est devenu très courant avec le développement des opérations de banque, dans les syntagmes comme
régime, système, crédit, prêt bancaire et surtout
chèque, compte bancaire.
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L'adjectif a pour dérivé
BANCARISER v. tr. (1988 au participe passé) « munir d'un compte bancaire », et
BANCARISATION n. f. (1973).
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BANCABLE adj., terme de commerce (1877), se dit d'un effet de commerce qui remplit les conditions nécessaires pour être admis au réescompte de la Banque de France. Par extension, un papier est dit bancable quand il est facilement négociable et n'entraîne pas de risque de recouvrement.
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BANQUER v. (1899) est une création argotique devenue familière pour « payer » et, au figuré, « purger une condamnation » (1926) ; ce dernier sens est demeuré argotique.
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Un verbe préfixé est plus ancien. DÉBANQUER v. (1701) est un terme de jeux signifiant « priver (un joueur) des moyens de poursuivre la partie ». Il a vieilli.
❏ voir
BANQUEROUTE.