BARBADINE n. f., dérivé du nom de la Barbade, est le nom de la passiflore et de son fruit, appelé en français de France fruit de la passion, aux Antilles françaises, en Guyane, en Haïti (où l'on dit aussi grenadine).
? BARBAQUE n. f., attesté dans la seconde moitié du XIXe s., est d'origine obscure. L'hypothèse d'un emprunt à l'espagnol du Mexique barbacoa, « gril servant à fumer la viande » (1518) qui, par métonymie, aurait servi à désigner la viande fumée, lui-même d'origine indienne (arawak), manque de fondement géographique : aucun texte ne confirme que le mot aurait été rapporté par des soldats de l'expédition militaire française au Mexique. Il serait alors apparenté à barbecue*. L'hypothèse d'un emprunt au roumain berbec « mouton » convient moins bien du point de vue phonétique et n'est pas fondée historiquement. La première attestation inciterait à penser à un nom propre.
❏  Le mot, d'abord attesté en argot comme le sobriquet d'un boucher marron de la Chapelle (1873), s'emploie familièrement pour désigner la viande de boucherie de mauvaise qualité (1877-1880) et, par extension, toute viande.
BARBARE n. et adj. est emprunté (1308) au latin barbarus, d'abord appliqué à tous les peuples autres que les Grecs et les Romains, avec le sens d'« étranger » ; il est employé au figuré pour « rude, grossier, inculte », en particulier pour qualifier un usage incorrect de la langue ; chez les auteurs chrétiens, il équivaut à gentilis (→ gentil) et à paganus (→ païen). Barbarus est repris du grec barbaros, qui désignait les non-Grecs, mot formé sur une onomatopée évoquant le bredouillement, l'expression incompréhensible : le sanskrit barbara « qui bredouille », utilisé au pluriel comme désignation des peuples étrangers, se laisse bien rapprocher ; on a évoqué à tort, semble-t-il, le sumérien bar-bar « étranger » et le babylonien barbaru, car l'akkadien barbaru ne signifie que « loup ». Comme on le voit avec le latin balbus (→ balbutier), l'onomatopée est d'un type bien attesté en indoeuropéen.
❏  En français, le mot désigne et qualifie, surtout au pluriel, les étrangers à la civilisation chrétienne d'Europe occidentale et à ses références antiques. Avec la Renaissance, il développe des valeurs figurées et affectives, se disant de ce qui est inculte, non civilisé (v. 1580), d'une personne rude et cruelle (1650), aussi en appellatif au XVIIe et au XVIIIe s., par exemple dans la rhétorique amoureuse. ◆  Il s'est dit spécialement d'une expression qui choque, qui heurte les règles (XVIIe s., Boileau). ◆  Le plus souvent péjoratif, il s'emploie quelquefois, notamment chez les écrivains romantiques, dans un contexte laudatif, le barbare étant considéré comme vigoureux, jeune par rapport aux décadences des civilisations raffinées. ◆  Repris en histoire, le mot s'applique aux envahisseurs venus d'Europe centrale et du Nord, en majorité germaniques, par rapport au fonds celte des Gaules. Il est aussi adjectif (les invasions barbares).
■  L'expression à la barbare loc. adv. (attestée en 2000) correspond à un sens atténué de l'adjectif avec la valeur de « rapidement et grossièrement ».
❏  Ses dérivés, apparus au XVIe s., se sont d'abord employés dans un contexte linguistique.
■  BARBAREMENT adv. (1529) a signifié « d'une manière contraire aux règles de la langue » avant de prendre le sens général « d'une manière barbare, cruelle » (1615).
■  BARBARISER v. tr. (1534) est d'abord intransitif en parlant d'une personne qui s'exprime de manière barbare ; sorti d'usage au XVIIe s., il a été repris au XVIIIe s. avec le sens général de « rendre barbare ». Il est archaïque.
BARBARISME n. m. est emprunté (1265) au latin barbarismus, « expression vicieuse », lui-même repris au grec barbarismos (Aristote). Ce dernier provient de barbarizein « parler, se conduire comme un barbare » d'où, en politique, « prendre le parti des barbares », c'est-à-dire des Perses, dérivé de barbaros. ◆  Le mot a gardé sa spécialisation linguistique.
BARBARIE n. f. est emprunté (1495) au latin barbaria ou barbaries, employé à propos de l'Italie selon l'usage des Grecs, puis de tous pays en dehors de la Grèce et de l'Italie. Comme barbare, il se dit par extension de la rudesse des mœurs, de la grossièreté, de la cruauté et du langage fautif.
■  Le mot a été repris avec le sens moral de « cruauté, violence de barbare ». Depuis Montaigne, il se dit de l'état d'un peuple non civilisé sous le regard d'un autre (1580). Par extension, il recouvre tout ce qui contrevient aux formes intellectuelles, esthétiques reconnues par une civilisation et de ce qui peut être taxé de grossièreté (1690).
BARBARESQUE adj. et n. est emprunté (1534) à l'italien barbaresco (XIVe s.), dérivé de l'adjectif barbaro pour qualifier ce qui se trouve chez les barbares et, par ailleurs, dérivé de barberia comme adjectif ethnique (→ aussi 2 barbe) [cheval barbe]. ◆  Le mot qualifie au XVIe s. ce qui se voit, ce qui se trouve chez les barbares ; disparu à l'époque classique, il est repris au XVIIIe s. (1752). ◆  Par un second emprunt à l'italien, il désigne alors, puis qualifie (1798) un habitant de la « Barbarie », c'est-à-dire l'Afrique du Nord. C'est aujourd'hui un mot d'histoire, surtout appliqué aux pirates maghrébins de la Méditerranée, du XVIe au XVIIIe siècle.
❏ voir 2 BARBE, BRAVE.
+ 1 BARBE n. f. est emprunté (v. 1050) au latin barba, « poils du menton et des joues de l'homme (incluant parfois la moustache) », appliqué par extension aux poils de la mâchoire d'un animal, aux filaments de certains végétaux, et employé en locutions figurées, à propos des humains, avec une notion de vénérabilité ou d'archaïsme. Le mot a des correspondants dans la partie nord-ouest du domaine indoeuropéen, dans le vieux slave brada (russe boradà), le lituanien barzdà, l'ancien haut allemand bart.
❏  En français, la valeur du mot est à peu près identique à celle du latin : barbe désigne les poils du menton et, par extension, s'emploie dans la description des animaux et des plantes ; dans ce dernier domaine, où il semble d'abord avoir désigné une gerbe (par exemple avec l'ancienne locution figurée faire barbe de paille à qqn « le tromper »), il connaît une certaine vitalité dans la désignation des plantes (barbe-de-Jupiter, barbe-de-chèvre, XVIe s.).
■  Par analogie, le mot désigne une chose qui, par son aspect ou son emplacement, rappelle la barbe ; c'est le cas en numismatique (1676), en artillerie, en astronomie, en marine, en habillement, en serrurerie et en confiserie (barbe à papa [1934]) pour « filaments sucrés ».
■  Les emplois métaphoriques et figurés issus du sens dominant, « poils du menton », sont nombreux dès le moyen français dans les anciennes locutions en barbe « en face » (fin XVe s.), d'où faire barbe « résister », bailler en barbe, mettre en barbe « opposer », rencontrer, trouver, voir en barbe « avoir à lutter contre ». La locution apparue à la même époque à la barbe de (XVIe s.), qui a éliminé en la barbe de, s'est répandue pour « en présence de qqn et malgré lui, en le narguant ». ◆  Barbe a développé d'autres sens figurés, passant par un cheminement mal éclairci dans l'argot des imprimeurs par la locution prendre barbe « s'enivrer » (1702). ◆  La notion d'ennui, réalisée dans les expressions familières faire la barbe (1866) et, elliptiquement, la barbe (1881), procède probablement de rébarbatif, employé avec un sens analogue dès le XVIIe s. (Cf. raser et ci-dessous barber). Cette valeur, comme l'exclamation la barbe !, et comme l'espression c'est la sainte Barbe (→ saint) a vieilli.
❏  La dérivation, nombreuse, est étalée sur plusieurs siècles.
■  BARBELÉ, ÉE adj. et n. m. vient (v. 1120), non de barbe, mais de son ancien diminutif barbel (XIIe s.) « petite barbe » d'où « pointe, dent d'un objet », peut-être par analogie avec le latin barbula « duvet de plante ». ◆  Le mot qualifie une chose hérissée de pointes disposées comme les barbes d'un épi, en particulier et couramment, un fil de fer ; de là, par ellipse, un emploi substantivé (du barbelé) pour ce type de fil de fer et, par métonymie, l'ouvrage ainsi confectionné.
■  Par substitution de suffixe, a été formé BARBELER v. tr., d'abord dans un emploi métaphorique chez Verlaine (1896).
BARBIER n. m. (v. 1221) a longtemps désigné non seulement celui qui fait la barbe, mais celui qui exerçait cette fonction conjointement à celle de chirurgien (barbier-chirurgien), type social qui existait encore récemment en pays musulman. Le sens restreint de « celui qui fait la barbe » (v. 1230) a été plus tard supplanté par coiffeur, mais il subsiste en français du Canada, et aussi en français du Liban, en parlant du coiffeur pour hommes. ◆  Le mot a désigné (v. 1580) un poisson dont la nageoire est en forme d'épine tranchante, commun en Méditerranée.
■  BARBIÈRE n. f. a servi à la fin du XIIIe s. et au XIVe s. à désigner une pièce d'armure destinée à protéger le cou et le menton ; il est de nouveau répertorié dans les dictionnaires généraux du XIXe siècle.
BARBET n. m. (fin XIIIe s.) se dit d'un chien à poils longs et frisés ; il a donné au XVIIe et au XVIIIe s. quelques locutions comparatives, telles suivre qqn comme un barbet et être crotté comme un barbet (1690), sorties d'usage (Cf. ci-dessous 1 barbichon).
■  BARBETTE n. f., diminutif de barbe (1294), a vieilli, tant pour désigner une sorte de mentonnière portée par les religieuses, les femmes âgées, les veuves, qu'avec son sens littéral de « petite barbe » appliqué aussi aux animaux (1376, en fauconnerie).
BARBELURE n. f., dérivé (XIVe s.) comme barbelé de l'ancien diminutif barbel servant à désigner une aspérité disposée en barbe d'épi, est sorti d'usage au XVIe s. et a été repris au XIXe s. en technique.
BARBILLON n. m., dérivé de barbe avec le suffixe -illon (1389), a d'abord désigné une petite barbiche, un petit poil de barbe, avant de développer ses spécialisations modernes. Il ne s'est pas conservé à propos de la radicelle d'une plante (v. 1393), mais sert à désigner chacune des petites dents d'une flèche (v. 1393), et aussi une maladie de la langue des oiseaux de proie (v. 1465), ou encore un appendice charnu pendant de chaque côté du bec (v. 1465, en fauconnerie).
BARBER v. tr. apparaît relativement tard en moyen français (1397) au sens propre de « faire la barbe », sorti d'usage au profit de raser (XVIIIe s.). ◆  Le sens figuré, « ennuyer » (1882), d'abord argotique puis familier, procède par synonymie de l'emploi familier de raser sous l'influence du sens de rébarbatif (Cf. ci-dessus barbe).
■  Son participe présent BARBANT, ANTE adjectivé (1907) a le sens correspondant, « ennuyeux », et a été en vogue dans la première moitié du XIXe s. (Cf. ci-dessous barbifier). Barbant, probablement au sens de « barbu », avait existé dans ce contexte au XVIe s. (1587, Cholières).
BARBICHE n. f., d'abord attesté au masculin, avec le sens de « petit barbet » (1694) puis de « homme barbu » (1794), a pris au féminin son sens actuel de « petite barbe » (1842).
■  En ont été dérivés 2 BARBICHON n. m. (1813) et BARBICHETTE n. f. (1913) avec le sens diminutif de « petite barbiche », ainsi que BARBICHU, UE adj. « qui porte une barbiche » (1927, chez Léon Daudet).
■  BARBILLE n. f. (1751), autre diminutif de barbe, recoupe ce dernier dans son sens technique de « filaments restant parfois au flanc des monnaies ».
BARBIFIER v. tr., après une attestation isolée comme intransitif au sens de « porter la barbe » (XVIIe-XVIIIe s.), a été repris au sens de « faire la barbe à (qqn) » (1752), également « se raser » à la forme pronominale (1835) où il double barber et est éliminé par raser. ◆  Comme barber, il a développé le sens familier d'« ennuyer » (1889).
■  Ses dérivés BARBIFICATION n. f. (1892) et BARBIFIANT, ANTE adj. (1918 dans Proust), « ennuyeux », ont vieilli.
BARBULE n. f., emprunt savant (1838) au latin classique barbula dans son sens botanique, ne s'est implanté qu'avec le sens analogique de « filament implanté sur les barbes d'une plume » (1838).
BARBOUZE n. et adj. est une formation argotique (1926) avec le suffixe péjoratif -ouse, au sens de « barbe » et « fausse barbe », d'où « agent d'une police parallèle, des services secrets » (1961).
■  On en a dérivé BARBOUZERIE n. f., mot familier et plaisant pour désigner l'ensemble des barbouzes (1965).
Le préfixé ÉBARBER v. tr. (XIIe-XIIIe s.) s'est éloigné du sens propre, « couper la barbe de (qqn) » pour prendre celui de « enlever les aspérités de (une chose) » (1438), d'usage technique, se spécialisant en imprimerie, en métallurgie, en horticulture.
■  En ont été dérivés les substantifs ÉBARBEMENT n. m. (1691), plus souvent ÉBARBAGE n. m. (1765) noms d'action, ÉBARBURE n. f. (1755) « déchets de ce qui est ébarbé », ÉBARBOIR n. m. (1755) et ÉBARBEUSE n. f. (1873) ou ÉBARBEUR n. m., noms d'instruments.
SOUS-BARBE n. f. a désigné un coup porté sous le menton (1611). Il s'applique (dep. 1605) à une pièce de harnais passant sous la mâchoire, et, en marine (1687), à un cordage maintenant le beaupré par-dessous.
Une série de dérivés, à la suite d'un phénomène d'aphérèse qui l'a séparée de barbe, a été totalement démotivée. Leur origine est 1 BARBICHON n. m. (1587), dérivé de barbe avec une terminaison diminutive en -ichon, pour traduire le latin barbatulus en zoologie, nom d'un chien à longs poils frisés, également appelé barbet. ◆  Barbichon s'est également employé en ornithologie (1770-1783, Buffon) comme diminutif de barbiche, pour un gobe-mouches au bec garni de longues soies.
■  Par aphérèse, barbichon a donné BICHON n. m. (1588), « petit barbet à longs poils soyeux ». ◆  Par extension, probablement sous l'influence de biche*, ce mot a acquis une valeur affective, s'employant familièrement à l'adresse d'un enfant (1714, mon bichon). ◆  Par analogie, il désigne le petit coussinet dont les chapeliers se servent pour lustrer les chapeaux (av. 1878).
■  Son dérivé BICHONNER v. tr., élargissement (1725) de BICHONNÉ, ÉE « frisé comme le poil d'un bichon » (1690), correspond à ses différents emplois : « friser (une chevelure) comme la toison d'un bichon », familièrement « cajoler, parer avec coquetterie » (1807) et, en chapellerie, « mettre en forme et assouplir les bords d'un chapeau » (1951). ◆  À son tour, le verbe a produit BICHONNAGE n. m. (1782-1788).
❏ voir BARBEAU, BARBON, BARBOTER, BARBU, IMBERBE, JOUBARBE, RÉBARBATIF.
2 BARBE adj. et n. m. est emprunté (1534) à l'italien barbero (1505-1530), qualificatif pour un cheval de selle oriental, lui-même dérivé de Barberia « la Barbarie (le Maghreb) », dérivé de barbaro (→ barbare).
❏  Le mot, qui a gardé son sens d'origine dans cheval barbe, est aussi employé substantivement (1619).
BARBEAU n. m., réfection suffixale (1549) de barbel (v. 1178 au pluriel, barbiaus), est emprunté au latin populaire °barbellus, issu par changement de suffixe de barbulus, diminutif de barbus « poisson ». Lui-même est dérivé de barba (→ 1 barbe) en référence aux barbillons qui garnissent sa mâchoire (→ barbu, barbue). Le mot français témoigne peut-être de l'influence de barboter*.
❏  Le mot désigne un poisson d'eau douce de la famille des Cyprinidés, dont la bouche est garnie de quatre barbillons et, par référence au sens argotique de maquereau, s'emploie en argot pour « souteneur » (1866). ◆  En français acadien, le mot s'applique à un autre poisson, de petite taille, vivant en eau peu profonde, et utilisé comme appât. Cet emploi est attesté dès 1672.
❏  En sont dérivés BARBILLON n. m. (1300) « jeune barbeau » et, récemment, le terme argotique BARBIQUET n. m. « jeune souteneur » (1952) d'après biquet*.
■  3 BARBE n. m. « souteneur » est l'apocope de barbeau, comme mac de maquereau.
BARBECUE n. m., d'abord barbecu (1884 à Montréal), aussi barbacue (1913), puis barbecue (1954 ; 1938 à propos d'un pique-nique aux États-Unis), est emprunté à l'anglo-américain barbecue n. m. (1697, anciennement barbecu, barbacot, barbicue), lui-même emprunté à une langue amérindienne de Haïti barbacoa (→ barbaque). Le mot désigne proprement les piquets de bois où l'on accroche au-dessus d'un feu de la viande à sécher ou à fumer. Il s'applique ensuite à une rôtissoire (XVIIIe s.) puis, par métonymie, à la bête rôtie en entier. Il a pris aux États-Unis le sens spécial de « pique-nique où l'on fait des viandes rôties » (1733), puis de « viande grillée, rôtie » (1947), « rôtisserie », et enfin « viande accompagnée d'une sauce dite aussi barbecue ». Ce terme a toujours désigné, en anglais britannique, une pratique exotique ; c'est des États-Unis qu'est venue la coutume de préparer ainsi les viandes dans les pique-niques et même chez soi.
❏  En français, barbecue désigne le brasero et, par métonymie, la grillade faite sur cet appareil, ainsi que la réunion où l'on mange des viandes ainsi grillées (1949). Le mot, prononcé à l'anglaise ou à la française, a résisté aux critiques. Au Canada, le mot possède le sens américain particulier de « poulet rôti à la sauce barbecue », inusité en français de France, où le sémantisme du mot est assez proche de celui de méchoui. Au Québec, comme aux États-Unis, le mot s'abrège souvent en barBQ ou B. B. Q.
BARBELÉ, ÉE → 1 BARBE
BARBITURIQUE adj. et n. m. est formé (1864) de l'élément barbitur- tiré de l'allemand Barbitursäure, mot composé par Baeyer en 1863, avec Barbitur- d'origine obscure (le barbital, synthétisé par Fischer et Von Mering le jour de la Sainte-Barbara, ce qui fournirait une origine formelle, ne le fut qu'en 1903) et säure « acide » (→ choucroute). Le mot français a été repris par l'anglais barbituric (1866).
❏  Le mot s'emploie en chimie et en pharmacie pour qualifier un acide dont les dérivés sont utilisés pour la préparation d'un grand nombre de médicaments (sédatifs, somnifères). Il est substantivé (1936) et employé couramment pour désigner un médicament hypnotique dérivé de l'acide barbiturique et de ses homologues.
❏  En sont dérivés quelques termes didactiques de médecine, chimie et pharmacie : BARBITURISME n. m., BARBITOMANIE n. f., BARBITOMANE n. et BARBITAL n. m., tous attestés autour de 1950. ◆  Le terme de chimie et de pharmacie BARBITURATE n. m. (1898) signifie « sel ou ester de l'acide barbiturique ».
BARBON n. m. est emprunté (XVIe s.) à l'italien barbone, lui-même dérivé de barba « barbe » (→ 1 barbe) avec le suffixe augmentatif -one. Le mot italien est attesté au sens ancien de « sicaire » (av. 1535) — Cf. en français moderne barbouze —, puis au sens littéral de « barbe, barbe fournie » (1550) et, enfin, par métonymie (déb. XVIIe s.) à propos d'une personne portant une grande barbe, avec une connotation plaisante.
❏  Le mot s'est employé familièrement pour désigner un vieillard, un vieux beau, et, dans la locution faire le barbon, en parlant d'un homme trop sérieux pour son âge (XVIIe s.). Courant dans l'usage classique, le mot s'applique alors à un homme vieillissant et ennuyeux par rapport aux activités galantes : le thème du barbon et de la jeune épouse alimente la comédie.
? BARBOTER v. est d'origine incertaine. Un premier verbe (fin XIIe s.), signifiant « parler entre ses dents », et en usage jusqu'au XVIIIe s., pourrait être dérivé de 1 barbe (« parler dans sa barbe »), à moins qu'il n'appartienne à un radical onomatopéique bar- (Cf. barbare*), croisé avec barbe (→ 1 barbe) par étymologie populaire. Avec le sens actuel de « patauger » (v. 1220) le verbe serait plutôt borbeter, variante de bourbouter attesté en même temps (v. 1220), peut-être dérivé de bourbe*, l'altération se faisant par dissimilation, l'influence du premier barboter amenant à la forme actuelle (Cf. aussi barbouiller). L'hypothèse selon laquelle le mot serait issu dans les deux sens de l'ancien français barbeter « fouiller dans la boue », et aussi « bredouiller », se heurte au fait que le second sens de bourbouter, borbeter, attesté plus tard (XIVe s.), doit correspondre à une continuation. Ainsi l'initiale bor- ou bour-, primitive au sens de « patauger », est en concurrence dès le XIIIe s. avec bar-, qui l'emporte au XVIe siècle. La deuxième syllabe, au début bou- ou bour-, se fixe rapidement en bor-. Quant au sens du premier barboter « bredouiller », il disparaît en français classique.
❏  Le verbe, au sens de « remuer dans l'eau ou dans la boue » (1611), serait donc une altération de l'ancien français borbeter. Une évolution sémantique s'est faite vers le sens, en emploi transitif, de « fouiller » (1561, repris début XIXe s.), d'où au figuré « voler, dérober » (1843), resté dans l'usage familier. ◆  Au XIXe s., le mot au sens propre a également développé des emplois techniques, se disant d'un navire qui n'avance pas (1831) et, en chimie, d'un gaz qui, en s'échappant, agite un liquide (1865). Enfin, au XXe s., par extension du sens premier, barboter se dit pour « s'agiter dans l'eau sans nager ».
❏  Le verbe a servi à former un grand nombre de dérivés.
■  BARBOTE n. f. (v. 1220), souvent borbote et bourbote à la même époque, est le déverbal de borboter, bourboter, barboter, peut-être influencé par barbe pour servir de nom à des poissons, la lotte commune et la loche.
■  BARBOTEMENT n. m., écrit barbottement (1542), altération de barboutement (XIVe s.), a d'abord désigné une parole trompeuse. ◆  Au XIXe s., le nom est reformé comme substantif d'action de barboter dans son sens actuel, « action de patauger » (1839).
■  BARBOTEUR, EUSE n. et adj., d'abord barbouteur (v. 1500) « personne qui parle entre ses dents », a disparu en ce sens au XVIIIe siècle. Repris comme dérivé de barboter, il sert à qualifier et à désigner un animal (1680), une personne (1867) qui barbote. ◆  Au XIXe s., il a pris en argot le sens de « voleur de nuit » et familièrement de « personne qui barbote, vole qqch. ». ◆  Dans l'usage technique, il désigne un dispositif où l'on fait barboter un liquide, un appareil où l'on fait passer du gaz à travers un liquide (1867). ◆  Avec la valeur d'« animal qui barbote », le mot a désigné en argot (1862) le canard et Larchey fait venir de ce sens la valeur argotique de 2 barbot (ci-dessous) par une comparaison entre le bec de canard et la main qui dérobe : cette hypothèse est fantaisiste.
1 BARBOT n. m. (1551) a désigné un insecte pillant les ruches ; cet emploi est assez obscur. Il a été repris sous l'influence de barbeau pour servir de nom courant à la lotte commune et à la loche franche (1810). ◆  Le sens argotique de « souteneur » (1886) est étranger aux autres emplois ; ce n'est qu'une variante graphique de barbeau.
BARBOTAGE n. m., d'abord barboutage (1562), s'est employé au XVIe s., avec l'idée de liquide agité, à propos d'un breuvage, d'un remède de bonne femme. Reformé dans la seconde moitié du XIXe s., il désigne l'action de barboter dans l'eau (av. 1867), s'employant en chimie pour « passage d'un gaz dans un liquide » (1875). ◆  L'acception technique, en agriculture, de « farine ou son délayé dans l'eau et servant de boisson rafraîchissante au bétail », est une extension métonymique (av. 1863). ◆  Le sens figuré et familier du verbe a produit l'acception de « vol » (1872 chez les forçats).
BARBOTINE n. f. (1532) désignait une variété d'absinthe à pouvoir vermifuge. ◆  Le mot a été reformé (1789) en technique (céramique) pour désigner une pâte de porcelaine délayée à consistance de bouillie claire avec de l'eau servant à fixer les éléments rapportés. Par métonymie, il désigne la porcelaine ainsi fabriquée (1888).
2 BARBOT n. m., autre déverbal (« ce qui barbote »), a été reformé (1602) avec le sens de « bouillon » (dans l'expression raves au barbot), disparu au XIXe siècle. Comme déverbal de barboter « voler », équivalant à barbotage, le mot désigne en argot ancien l'acte de vol, de fouille dans une caisse, un logis (1862).
BARBOTEUSE n. f., ancien terme d'argot pour une femme des rues (1776), peut-être par métaphore du « ruisseau », a été repris comme terme d'habillement pour désigner un vêtement d'enfant laissant les membres libres de s'agiter (1920).
■  BARBOTEUX, EUSE n. et adj. a déjà servi à désigner une espèce de canard (1838). ◆  Adjectivement, il s'applique au figuré à une peinture, à une couleur qui évoque un mélange boueux, sale (1859).
■  BARBOTIÈRE n. f. (1863) désigne la mare où barbotent les canards, ainsi qu'un baquet contenant le barbotage des chevaux, du bétail.
❏ voir BARBOUILLER.
? BARBOUILLER v. tr. (XVe s.), également babouiller au XVe s., est peut-être dérivé de barboter* au sens de « bredouiller » avec substitution de finale, d'après des verbes tels que souiller, brouiller. Ce dernier, ainsi que l'apparition de barboter « patauger », a pu faire passer le verbe au sens moderne ; il correspondrait alors à un intensif de brouiller, à valeur expressive renforcée par les éléments phonétiques bar- et bouill-.
❏  Le verbe, en emploi intransitif, signifie d'abord « bafouiller ». ◆  Depuis le début du XVIe s. il correspond à « troubler », « brouiller (un organe) » (1511), sens exploité dans les locutions barbouiller l'estomac, le cœur (1845). ◆  Au XVIe s., il avait pris le sens de « couvrir d'une substance salissante » (1550), au figuré « écrire souvent et inutilement ou mal sur... » (1580), et concrètement « enduire grossièrement et mal » (1611), d'où « mal peindre » (av. 1654). ◆  Le sens abstrait, correspondant à « embrouiller, rendre confus » (1690), aussi avec un complément désignant une personne (av. 1755), tout comme se barbouiller, « se charger de, s'embarrasser de » (1672), est sorti d'usage. Se barbouiller s'emploie en parlant d'un ciel qui se couvre de nuages, d'un temps qui se gâte (1734).
❏  BARBOUILLEUR, EUSE n., relevé une première fois au sens figuré de « querelleur » (v. 1480), puis au XVIe s., s'emploie dans le domaine de l'expression, à propos d'un mauvais écrivain (1532, barbouilleur de parchemin), et surtout d'un mauvais peintre (1611). ◆  Le sens de « bavard confus, inintelligible » (1798) semble faire renaître la valeur initiale de barbouiller et de barboter « bredouiller ».
■  BARBOUILLAGE n. m. (1588) désigne l'action de barbouiller et, surtout, son résultat, d'abord dans le domaine de l'écriture, du récit (à nouveau au XVIIIe s.), puis essentiellement dans celui de la peinture (1611).
■  Le déverbal BARBOUILLE n. f., très postérieur (1927), double le précédent dans le langage familier avec le sens de « mauvaise peinture » et prend par extension la valeur d'« activité de l'artiste peintre ou du peintre en bâtiment ».
EMBARBOUILLER v. tr., d'abord noté embarboyller, sert d'intensif à barbouiller, exprimant l'action de salir (1530) et, au figuré, de mélanger de manière confuse, s'embarbouiller correspondant à « s'embrouiller » (v. 1755). Les dérivés (embarbouille n. f., embarbouillage, embarbouillement n. m.) restent peu usités, et le verbe lui-même a vieilli.
DÉBARBOUILLER v. tr., d'abord écrit desbarbouiller (1549), signifie « laver, nettoyer », au concret et, par figure, à l'abstrait (1687). ◆  Le pronominal s'est spécialisé pour « se laver rapidement la figure », forme et sens devenus les seuls usuels. ◆  Par influence de se débrouiller, on a dit se débarbouiller (1863) pour « se tirer d'embarras », mais ce sens familier a vieilli.
■  Le dérivé DÉBARBOUILLETTE n. f., courant en français du Canada (depuis 1924), désigne le petit carré de serviette éponge servant à se laver la figure, et qui correspond à ce qu'on appelle gant de toilette en français européen.
BARBU, UE adj. est emprunté (1213) au latin populaire °barbutus, réfection par substitution de suffixe (-utus pour -atus) du latin classique barbatus « qui porte barbe », « qui porte des poils », et, au figuré, « ancien, périmé », dérivé de barba (→ 1 barbe). Il est senti comme dérivé de barbe.
❏  Barbu, « qui a de la barbe », a supplanté l'ancien barbé (v. 1080), lui-même dérivé de barbe. Par extension, il qualifie un animal possédant des appendices en forme de barbe (une fois fin XIIIe s. ; de nouveau 1842), plus rarement un objet pourvu de filaments (1508-1517), en particulier une comète (1690), emploi disparu, puis un végétal garni de barbes (1803). ◆  Ses premiers emplois substantivés concernent l'histoire religieuse, s'appliquant aux convers qui, dans les ordres de Grandmont et de Cîteaux, portaient toute leur barbe (1721), avant de s'appliquer à une personne quelconque portant la barbe (1801), puis à nouveau à des communautés d'hommes spécifiques, intégristes musulmans, par exemple (valeur courante en français du Maghreb, notamment en Algérie, pour « membre d'un mouvement islamiste »). Concurremment à les barbus, le correspondant espagnol barbudos a été emprunté pour désigner les partisans de Fidel Castro à Cuba, qui portaient à peu près tous la barbe lorsqu'ils prirent le pouvoir.
■  En argot, le barbu peut désigner la toison pubienne, le sexe de la femme.
❏  Le féminin BARBUE a été substantivé (1250-1300) pour désigner une espèce de poisson plat voisin du turbot. ◆  Un ancien usage argotique pour désigner la plume à écrire (1836) suppose l'ellipse de plume ou une métonymie.
BARCAROLE ou BARCAROLLE n. f. est emprunté (1764 dans Voltaire) à l'italien barcaruola « chant des bateliers vénitiens », lui aussi attesté depuis le XVIIIe s. et passé dans le provençal moderne barcheruolo (barcaruollo), le catalan et l'espagnol barcarola. Le mot italien est le féminin d'une forme vénitienne de barcaiolo « batelier, passeur », lui-même dérivé de barca (→ barque).
❏  Le mot désigne proprement la chanson rythmée des gondoliers vénitiens et, par extension, un air de musique instrumentale ou vocale fondé sur ce rythme ternaire, en vogue à l'époque romantique.
? BARD n. m. succède (1752) aux formes anciennes baiart, bayard, boyard (fin XIIe s.), bayard et bayart s'étant conservés régionalement, puis béart (1239, jusqu'au XIVe s.) et bar (XVIe s.). L'influence des dérivés (bardeur, débarder) est probable et la forme bard doit être plus ancienne que ses attestations écrites connues. L'origine est controversée : l'hypothèse d'une dérivation de l'ancien français baer, beer, bayer*, fondée sur le fait que le mot désigne une civière à claire-voie, fait difficulté car elle ne peut expliquer la forme baiart (bayer apparaît seulement au XIVe s.). L'hypothèse d'un rattachement à l'ancien français bail « poutre » (du latin bajulus), ou à un verbe bailler* « porter » (du latin bajulare), fait difficulté du point de vue phonétique. L'hypothèse d'un étymon gaulois °bagareto, composé du latin populaire °bagus (à rattacher à l'indoeuropéen °bhāghu-s, « bras ») et du suffixe collectif gaulois -areto, ne repose pas sur des bases solides. L'hypothèse germanique de Gamillscheg supposant une forme intermédiaire °berard, issue du francique °bërhard « porteur », à rattacher au francique °bëran « porter » (→ 2 bière), pose une difficulté phonétique car le r- aurait dû produire un l- comme dans peregrinum > pèlerin*. On a enfin supposé sans base solide que baiart pouvait être le dérivé de l'adjectif bai* par assimilation du brancard avec la monture.
❏  Bard (ou ses formes anciennes) est un terme technique désignant une civière sans pied, parfois à claire-voie, servant au transport à bras, en particulier en horticulture et en maçonnerie. Par analogie, il désigne aussi (1239, béart) un chariot bas destiné au transport des grosses charges.
❏  BARDEUR n. m., dont le type actuel est issu (1387) par contraction de baiardeur (v. 1220), désigne l'ouvrier qui utilise le bard, en particulier pour le transport des pierres, et le chariot qui transporte des blocs de béton (1900).
■  BARDÉE n. f. (1642) désigne, comme les noms suffixés en -ée, un contenu, celui du bard.
DÉBARDER v. tr. (1522), dont le sens littéral de « décharger à l'aide d'un bard, d'un chariot » est oublié, se dit pour « décharger et entreposer à quai les bois amenés par bateau ou par flottage », d'où par extension « décharger toutes sortes de marchandises ».
■  Son dérivé DÉBARDEUR n. m. (1528), à la différence du substantif d'action purement technique DÉBARDEMENT n. m. (1680), est passé dans l'usage courant, s'appliquant par métonymie à un vêtement rappelant celui des débardeurs, mis à la mode au début du XIXe s. (1845) et repris au XXe siècle.
1 BARDER v. tr. (1751), postérieur à débarder, s'est employé pour « charger sur un bard », et a peut-être donné lieu à un sens argotique à l'origine de la création d'un verbe 3 barder*.
■  Son dérivé BARDAGE n. m. (1837), « transport d'objets lourds », s'est confondu avec le plus ancien bardage n. m. (1638) « charge d'un bard », qui était dérivé de bard.
BARDELLE n. f. (1808), diminutif de bard, est un terme technique de verrerie désignant le bras d'un banc de verrier.
1 BARDA n. m., d'abord noté berdâa (1848) puis adapté en barda (1863), est emprunté à l'arabe barda῾a « bât rembourré pour un âne ou une mule », et « couverture de bât ». L'usage du mot, qui fait partie d'une série d'emprunts à l'arabe d'Algérie (toubib, etc.), s'est répandu par l'intermédiaire des soldats français ayant servi en Afrique (→ 1 barde).
❏  Barda désigne d'abord l'équipement du soldat (d'Afrique à l'origine) porté sur son dos. Par extension, il est passé dans l'argot des peintres (1881) et s'est répandu comme un équivalent familier de « bagage » (1883). ◆  Par le même développement métaphorique que sac (→ 1 sac), il est passé dans l'argot pour « billet de mille francs » (1952), devenant comme sac une simple unité de compte après la réforme monétaire (« nouveaux francs »).
? BARDANE n., d'abord attesté en français d'Angleterre ou anglo-normand (v. 1250), puis en France (XVe s.), est emprunté au latin médiéval bardana (VIIIe-XIe s.). Ce mot est souvent considéré comme l'altération, peut-être sous l'influence de barba (→ 1 barbe) qui désigne déjà en latin classique la partie d'une plante pouvant évoquer une barbe, de dardana (Ve s.), lui-même rattaché au germanique °daroth (→ dard). L'objection formulée contre cette hypothèse par Wartburg, parce que bardana et dardana désignaient des plantes différentes, n'est pas justifiée, ces mots étant glosés lappa et personacia, deux autres noms pouvant désigner la même plante. On a aussi supposé que bardane était un emploi figuré du lyonnais bardane « punaise », parce que les capitules de la plante s'attachent aux vêtements comme des punaises ; l'étymon serait alors le latin populaire °barritum, lui-même de °barrum « argile, boue » que l'on restitue d'après des mots romans (italien barro, espagnol barro, « boue », ancien provençal bart [→ baraque, 3 barder, embardée]) ; ceci ne permet pas de rendre compte des formes latines médiévales bardana et dardana. Quant à l'emprunt à l'espagnol bardana, il nécessite pour l'espagnol des attestations antérieures à celles dont on dispose (1555). P. Guiraud, quant à lui, pense pouvoir apparenter bardane, barder et embardée et les faire venir d'un étymon °baritare, « qui diverge, dont les côtés s'écartent » et « bombé, renflé », croisé avec barde « brancard », « bât », et surtout bart « boue ».
❏  Le mot désigne une plante (Lappa communis) dont les capitules s'accrochent aux tissus et dont la racine a des vertus thérapeutiques.
BARDASSER ou BERDASSER v. appartient à une famille de mots dialectaux où ont pu se mêler les descendants du latin brittus « breton » (Wartburg) avec des formes en bre-, bard-, berd-, ceux du francique °berd-, avec le sémantisme général de « remuer, agiter, secouer ». Ces mots, attestés dans les dialectes d'oil (France du Nord) et francoprovençaux (France de l'Est, Suisse) sont attestés en Nouvelle-France (1744) sous la forme en bre-, et bardasser, berdasser s'est employé depuis en français québécois, pour « s'occuper à des travaux insignifiants, s'affairer », puis transitivement (1840) « remuer bruyamment », et enfin (1810) « secouer (qqn) », sens attestés dans les patois français, et (1810) « rudoyer verbalement, engueuler », sens propre au Québec.
❏  Plusieurs dérivés sont ou ont été en usage au Québec. 2 BARDA n. m. déverbal (1810), pour « travaux, ménage » (grand barda), « travaux de la ferme », ne s'emploie plus ; le sens moderne de « bruit, vacarme » (1810) doit résulter d'une figure, mais a dû subir l'influence du français de France 1 barda, dans la seconde moitié du XIXe siècle. ◆  BARDASSAGE n. m. (1930) a surtout le sens de « tapage », et aussi (1965) « ennui, épreuve ». ◆  BARDASSEUX, EUSE adj. et n. (1894) est en concurrence avec BARDASSIER, IÈRE adj. et n. plus ancien (1744, bredassier), les deux formes étant attestées dans les patois de France, avec les valeurs du verbe, « agité, bruyant », en Acadie « gaspilleur », bardasseux pouvant s'employer aussi pour « gros travailleur ». ◆  BARDI-BARDA adv. (1914), « précipitamment, bruyamment » et n. m. (1904) « désordre, remue-ménage », aujourd'hui archaïque, est lui aussi, avec des variantes, attesté dans les patois de l'ouest et du centre de la France.
+ 1 BARDE n. f. est emprunté (1220 mais antérieur, Cf. bardelle) à l'arabe barda῾a, « bât rembourré, espèce de couverture sur le dos de la bête » (→ barda).
❏  Le sens de « couverture d'âne faite de laine grossière » et celui de « selle de toile rembourrée » (v. 1260) ont été, soit directement empruntés à l'arabe lors de la première croisade, soit empruntés par le provençal, le mot étant attesté en latin médiéval du pays d'oc dès 1144 et en occitan sous les formes bardon (1360), bardo (1529), bardel « bât » (av. 1234). Ces acceptions ont disparu. ◆  Le sens d'« armure faite de lames de fer », pour le guerrier et surtout le cheval (v. 1460), est peut-être un développement analogique, s'il n'est pas repris à l'italien barda de même origine, attesté en ce sens au XVe siècle.
■  Par analogie de forme et de destination, le mot est devenu un terme culinaire pour une fine tranche de lard dont on enveloppe les pièces de viande que l'on veut rôtir (1680) ; c'est là sa seule valeur usuelle, souvent dans le syntagme barde de lard.
❏  L'ancienneté de BARDELLE (XIe s. dans un texte judéo-français) prouve l'antériorité du mot simple. ◆  Le mot est un terme de bourrellerie, qui a désigné un bât rembourré et a été repris pour une selle plate sans arçons faite de grosse toile piquée et de bourre (1559).
2 BARDER v. tr. (1427) a signifié « couvrir (un guerrier, un cheval) d'une armure », évoluant par analogie vers le sens de « couvrir, protéger comme par une armure » (av. 1787), au propre et au figuré, surtout vivant à la forme pronominale se barder et au participe passé bardé, ée « protégé et armé ». ◆  En même temps que barde, il s'est spécialisé en cuisine pour « garnir une viande de bardes » (1680).
Le rattachement du terme technique BARDEAU n. m. (1358-1359) à barde, couramment proposé, suppose pour barde le sens de « mince planche employée pour couvrir les toits » qui serait issu de celui de barde « selle », ce dernier impliquant une idée de minceur et d'étroitesse ; mais ce sens est hypothétique. On a aussi proposé un étymon germanique représenté par le moyen néerlandais bert, bart « planche, panneau, plaque de bois », mais la forme d'ancien français intermédiaire °bard « planche » n'est pas attestée. Or, les représentants de °bard dans le domaine gallo-roman ne révèlent jamais le sens « planche de bois », mais régulièrement celui de « boue », et aussi de « dalle à paver » et sont principalement issus du domaine provençal : ancien provençal bart « limon, boue » (→ 3 barder) et « dalle à paver », d'où le moyen français barder « paver ». Quant à l'hypothèse d'un étymon ancien norrois bardi, désignant un navire, elle ne peut convenir du point de vue sémantique que pour le sens de « train de bois flotté », qui est lui-même attesté bien trop tard pour remonter à cette origine.
■  À partir du sens initial de bardeau « élément de couverture des toits, parfois des façades, formé d'une mince plaque de bois », apparaissent par métonymie quelques sens techniques désignant des objets en planchettes : petit train de bois flotté, cloison séparant deux chambres d'exploitation minière et, en typographie, une grande casse profonde (1803). ◆  En français québécois, le mot s'applique à un revêtement de toit à base d'asphalte, imitant les bardeaux.
■  Il a pour dérivé BARDIS n. m. (XVIe s.) « cloison en planches », spécialisé en marine à propos de la cloison destinée à empêcher l'eau d'entrer dans la partie inclinée du navire (1691), et de la séparation faite à fond de cale pour charger les grains et graines en vrac (1732) ; et BARDOCHER v. tr. « revêtir de bardeaux », propre au français d'Acadie.
❏ voir BARDOT.
2 BARDE n. m. est emprunté (1512) au latin bardus « poète, chanteur » cité comme mot étranger, probablement d'origine gauloise comme semblent l'indiquer l'irlandais bard et le cymrique bardd.
❏  Repris au XVIe s. comme terme d'histoire à propos des poètes-chanteurs gaulois qui célébraient les exploits des héros, le mot s'est étendu à un poète d'inspiration héroïque ou lyrique (1836). Il a été remis à l'honneur, en référence à la culture gaélique, par les écrivains romantiques, admirateurs de la poésie d'Ossian (en réalité écrite par l'Écossais Macpherson).
❏  BARDISME n. m., dérivé didactique (1845), désigne l'ensemble des mythes et traditions de bardes.
❏ voir BARDIT.