?
2 BARON n. m., terme d'art culinaire (1928), est d'origine incertaine : un rattachement au titre de noblesse 1 baron paraît très douteux ; on a évoqué un emprunt à l'anglais baron of beef, « gros morceau de bœuf », lui-même attesté avant 1755 et sans étymologie établie.
❏
Le mot, dans des syntagmes déterminés (surtout baron d'agneau), désigne une grosse pièce de viande.
BAROQUE adj. et n. m., d'abord écrit barroque (1531), est un emprunt technique au portugais barroco, d'abord barroca (XIIIe s.) appliqué à un rocher, à une perle irrégulière. Ce mot est d'origine obscure, probablement préromane en raison du suffixe -ŏccu, très répandu sur le territoire ibérique ; P. Guiraud le rattache à un gallo-roman barus « divergent », d'une racine bar- (→ baril). L'hypothèse d'un emprunt du français à l'espagnol barrueco semble à écarter, celui-ci n'ayant le sens de « irrégulier » (en joaillerie) que depuis 1605.
❏
En français, le mot qualifie une perle irrégulière, sens accueilli par les dictionnaires (Furetière, 1690 ; Académie, 1718) et de nos jours technique (perle baroque).
◆
Le développement du sens figuré, « bizarre, insolite » (1718 ; visage baroc, 1688 Regnard, n'est pas clair), comparable à l'évolution de grotesque, suppose peut-être un croisement avec le latin médiéval baroco. Ce dernier, assemblage arbitraire de syllabes, a été créé au XIIIe s. par les scolastiques pour désigner une sorte de syllogisme (v. 1210-1220) : employé ensuite par moquerie par les adversaires de la scolastique (comme Montaigne), il aurait contribué à donner à baroque une valeur péjorative, « inutilement compliqué, bizarre ». Ce sens, enregistré dans les dictionnaires depuis 1740, s'est spécialisé en histoire de l'art (1749) à propos d'un style architectural et décoratif qui s'écarte des règles de la Renaissance classique. Le mot a été substantivé pour caractériser un style : « le baroque en architecture est une nuance du bizarre. Il en est, si on veut, le rafinement, ou, s'il étoit possible de le dire, l'abus » (1788). Il s'est alors notamment employé à propos des architectes italiens du XVIIe s. (Guarini, Borromini), surtout chez les théoriciens partisans de l'antique et rénovateurs d'un art architectural classique, les artistes baroques en France employant l'expression « à la romaine ». Le mot demeure pendant tout le XIXe s. empreint d'un jugement de valeur plutôt négatif.
◆
Emprunté par l'allemand (1759), il a d'abord dans cette langue les mêmes emplois, mais, vers la fin du XIXe s., y acquiert une autre acception, plus précise et typologique (H. Wölfflin, Renaissance und Barock, 1888). Ce n'est qu'au XXe s. que baroque, sur le même plan que renaissance, qualifie et désigne (comme nom masculin) non plus seulement un style, mais aussi une époque de l'art, d'abord en architecture (où l'allemand distingue nettement baroque [XVIe-XVIIe s.] de rococo [XVIIIe s.], le français utilisant baroque dans les deux cas), puis dans tous les arts, en musique et en littérature. Ces valeurs sont passées dans toutes les langues européennes entre 1930 et 1960. En français, on parle de littérature, de musique baroque, celle-ci faisant l'objet d'une renaissance à partir des années 1970, d'où une fréquence accrue pour les syntagmes musicien, orchestre, instrument baroque, etc.
❏
La dérivation est tardive :
BAROQUERIE n. f. archaïque (1791) et
BAROQUEMENT adv. (1882) sont rares.
■
Les termes d'histoire de l'art et d'esthétique BAROQUISME n. m. (1926) et BAROQUISTE adj. (1936) correspondent à la vogue de baroque en histoire de l'art. Ils s'appliquent à l'art baroque du XVIIe s. puis aussi avec une valeur plus générale et non historique.
■
BAROQUISER v. tr. (P. Morand, 1932 à la forme pronominale) est un terme d'art, comme BAROQUISÉ, ÉE adj. et DÉBAROQUISER v. tr., employé à propos des édifices anciens (romans, notamment) transformés selon l'esthétique baroque (baroquisés) et auxquels on redonne leur aspect primitif (par exemple en Italie du Sud : Calabre, Campanie).
■
BAROQUEUX, EUSE adj. et n. s'emploie familièrement dans les milieux musicaux (v. 1980) à propos d'un musicien spécialisé dans la musique baroque.
BAROUD n. m. est emprunté (1924) à un mot chleuh (dialecte berbère du sud du Maroc), bārūd, « poudre explosive ».
❏
Le mot, introduit par la Légion étrangère, est, en France, un terme de l'argot des casernes pour désigner le combat, la bagarre. Il entre dans la locution baroud d'honneur « dernier combat purement symbolique pour sauver l'honneur », également employée avec une valeur figurée (1936).
◆
Le mot arabe a d'autres valeurs en français du Maghreb et des Français d'origine maghrébine, et s'applique au combat, à l'action militaire, le baroud d'honneur désignant une cérémonie militaire précise, où des cavaliers au galop tirent des coups de fusil (Cf. fantasia). Baroudeur (ci-dessous) possède aussi ces valeurs.
❏
BAROUDER v. intr. (1915), « combattre », est d'usage militaire, à la différence de son dérivé BAROUDEUR n. m. (1923), qui s'est répandu dans l'usage familier en français d'Europe, avec une connotation d'« aventurier cherchant les combats ».
BAROUF ou BAROUFLE n. m., attesté en français depuis 1861, est d'abord en usage dans les ports méditerranéens, sous la forme baroufa, n. et v., « dispute » et « se quereller ». Il est enregistré comme terme du sabir algérien dans le Dictionnaire de la langue franque ou petit mauresque imprimé à Marseille en 1830. Ce mot, probablement véhiculé par le marseillais baroufo, est emprunté à l'italien baruffa « procès, querelle confuse » (XIVe s.), lui-même passé dans le corse baruffa (1475) désignant la contestation judiciaire. Baruffa est le déverbal de baruffare, « se disputer, se quereller » (XIIIe s.), verbe issu du longobard °bihrôff(j)an déduit de l'ancien haut allemand bihruofjan (1136), continué par l'allemand moderne berufen. La forme baroufle s'expliquerait soit par analogie avec des termes péjoratifs comme maroufle*, soit par l'introduction d'un -l- consolidant le -f final. P. Guiraud voit plutôt dans le mot un composé de bar-, préfixe à valeur péjorative exprimant une opposition par divergence, et d'un verbe onomatopéique roufer, roufler exprimant une idée de « précipitation », « bagarre », « bousculade ».
❏
Le mot, argotique puis familier, exprime la notion de tapage, et s'emploie surtout dans la locution faire du barouf ; une variante graphique baroufe a été en usage au XIXe siècle.
BARQUE n. f., indirectement attesté au
XIIIe s. par son dérivé
barquette mais qui n'est relevé pour la première fois qu'au début du
XIVe s., serait emprunté à l'italien
barca (déb.
XIVe s.) plutôt qu'à l'ancien provençal
barca. Ces deux derniers, de même que le portugais
barca (911 en latin médiéval) et l'espagnol
barca (v. 1140), sont issus du bas latin
barca attesté au sens de « chaloupe » vers l'an 200 dans une inscription du sud du Portugal et lui-même d'origine obscure. L'hypothèse communément reçue est celle qui, du rapprochement de
barca et de la forme
barga (876), déduit une base latine
°barica, issue du grec
baris « galiote égyptienne », lui-même emprunté à l'égyptien (néo-égyptien
brn, copte
bari). D'autre part, l'implantation de
barca dans le domaine ibérique a suggéré l'hypothèse d'une origine ibérique : on a évoqué le basque
ibi, ibai « fleuve », dans lequel
i est l'article ibérique, le sens propre de
barca ayant pu être « barque fluviale ».
■
L'ancien français a surtout employé BARGE n. f. (v. 1080), type adapté du latin médiéval barga et qui a été supplanté par barque, subsistant comme dénomination de diverses embarcations de peu d'importance.
❏
Le mot désigne un petit bateau de faible capacité et d'abord la chaloupe d'un bateau de mer. Il a donné quelques locutions figurées comme mener sa barque, conduire sa barque « se conduire » (1593), courantes à partir du XVIIe siècle. Passer dans la barque de Charon, « mourir », était usité dans le style noble pendant la période classique par allusion mythologique.
◆
L'expression moderne charger la barque (attestée en 1990) signifie « en rajouter à l'excès ».
❏
BARQUETTE n. f., d'abord en apposition dans le syntagme
nef barquette (1238) puis en emploi autonome (v. 1320), apparaît avant
barque mais doit en être dérivé.
◆
Terme rare de marine pour « petite barque »,
barquette a développé quelques sens spéciaux par analogie de forme avec un petit bateau : « pâtisserie ovale » (1680) et récemment « petit panier utilisé pour la vente de certains fruits et légumes ».
■
BARQUOT n. m. (1680), diminutif de barque, est d'usage régional.
◈
EMBARQUER v. tr., d'abord substantivé sous la forme
embarchier (1418), signifie « mettre (qqch.), faire monter (qqn) à bord » (1511) et, à la forme pronominale
s'embarquer, « monter à bord » (v. 1550). Cette dernière a bientôt développé le sens figuré de « s'engager (dans une affaire périlleuse et compliquée) » (v. 1590), auquel correspond l'emploi transitif d'« engager dans une opération, dans une affaire » (av. 1654).
◆
Ultérieurement, le mot a développé en marine le sens spécial de « laisser entrer (l'eau) » (1843), également en emploi absolu ou intransitif (1864).
◆
Par extension, il exprime le fait d'emporter avec soi, souvent avec la valeur familière de « dérober » (
XXe s.), d'« arrêter » (1883) ou simplement de « faire monter choses et personnes dans un véhicule » (déb.
XXe s.).
■
EMBARQUEMENT n. m., substantif d'action (1533), possède seulement le sens propre, « action d'embarquer », et son extension « action de faire monter à bord ».
■
Embarcadère* est un emprunt du XVIIe s. à l'espagnol.
■
REMBARQUER v. tr. (v. 1500) et le dérivé REMBARQUEMENT n. m. (v. 1500) réalisent une valeur itérative.
◈
1 DÉBARQUER v. (1564) signifie proprement « descendre à terre marchandises et personnes » et, intransitivement, « quitter un navire » (fin
XVIe s.).
◆
De là, le sens figuré, « être nouveau venu » (1692 au participe passé
débarqué) et par extension celui de « descendre d'un moyen de transport quelconque » (1713).
◆
En procède également l'emploi transitif figuré de « écarter (un indésirable) de son poste ; renvoyer » (1918).
■
2 DÉBARQUER et DÉBARQUÉ n. m. (1771) sont la substantivation de l'infinitif et du participe passé, surtout dans l'expression au débarquer « au moment du débarquement ».
■
Débarquer a produit DÉBARQUEMENT n. m. (fin XVIe s.), qui a développé au XXe s. une valeur militaire : « fait de débarquer des troupes et du matériel pour repousser les ennemis », sens devenu usuel après le débarquement anglo-américain du 6 juin 1944 sur les côtes normandes, succédant à des opérations analogues, par exemple en Sicile.
■
Sur le modèle d'embarcadère*, débarquer a produit DÉBARCADÈRE n. m., d'abord débarcadour (1687) ; le mot, usuel pour désigner l'emplacement aménagé dans un port ou sur une rive pour le débarquement des voyageurs et des marchandises, a été appliqué pendant un temps au quai de départ (en concurrence avec embarcadère) ou d'arrivée des trains de marchandises (1840), sens où il a été éliminé par quai.
❏ voir
BARCAROLE, EMBARCADÈRE, EMBARCATION.
BARRACUDA n. m. est emprunté (1848) à l'anglais barracuda, également barracoota, barracouta (1678), nom d'un grand poisson vorace que l'on trouve au large des côtes américaines, lui-même probablement emprunté de l'espagnol.
❏
Le mot a gardé le sens de l'étymon.
L +
BARRE n. f. est issu (v. 1120) d'un latin populaire °barra dont l'existence est démontrée par les correspondants romans, italien, espagnol et ancien provençal, barra. On rapproche ce mot du gaulois °barro-, attesté seulement dans des noms propres (Cf. la ville Bar) qui a dû signifier « extrémité », et que l'on reconstitue par l'irlandais barr « sommet », le gallois barr « sommet, cime », d'où « branche », comme le breton barr-, mais ce sens est éloigné. P. Guiraud propose de voir dans le latin populaire °barra un doublet du latin vara, « traverse de bois, bâton fourchu », de varus « opposé » (→ prévariquer) sans exclure un croisement avec le mot celtique °barra, dégageant le sens de « branche placée en travers ».
❏
Le mot désigne une pièce souvent de bois, ou de métal, longue et rigide, sens qui rapproche le latin médiéval
barra « barrière de péage » (1100) et « barrière » (
XIIe s.). La première valeur de
barre est « démarcation, séparation », que ce soit pour la barre de porte ou, en anatomie animale, pour une partie de la mâchoire du sanglier (1389) puis, de nos jours, du cheval (1678).
◆
Le mot dénomme en particulier la barrière qui sépare l'assistance des juges dans un tribunal (1542) et, par métonymie, le lieu où comparaissent les témoins (dans
à la barre, par exemple) et où plaident les avoués à l'audience
(voir ci-dessous barreau).
■
Dans un emploi extensif où il désigne concrètement un objet allongé de grandes dimensions, il s'applique à une accumulation d'alluvions qui se forme devant l'entrée d'un estuaire (1678) et, en géologie, à une forme de relief constituant un abrupt.
■
Avec la valeur d'« appui », il désigne la pièce de bois transversale soutenant le fond d'un fût (1610), d'où la locution technique être à la barre qui se dit d'un liquide qui est au niveau (1610).
◆
Outre divers emplois techniques, barre se dit en gymnastique (déb. XIXe s.) et en chorégraphie (1928) avec, dans le premier emploi, les syntagmes barres parallèles (1819), barre fixe.
■
Au sens de « dispositif donnant une impulsion », barre désigne la pièce de bois au moyen de laquelle on actionne le gouvernail d'un navire (1678), d'où la locution métaphorique être à la barre « gouverner » (1789, Mirabeau).
Depuis le moyen français, le mot possède un certain nombre d'emplois analogiques où il désigne une forme droite et allongée ; il se dit, en blason, du trait séparant obliquement l'écu (1461) ; au pluriel
les barres désigne un jeu de course entre deux camps limités chacun par une barre tracée sur le sol (1606), sens tombé en désuétude avec le jeu
(jouer aux barres), mais la locution figurée
avoir barre sur « avoir un avantage sur » (1606), auparavant
avoir une barre (1554), est toujours vivante.
■
Le mot se dit aussi d'un trait droit, en écriture (faire des barres) ; Cf. « les barres et les ronds » de Pascal enfant. Ce sens s'applique au système de notation musicale (1771). De nos jours on parle de code à barres ou code-barres (v. 1975) désignant un code de prix électronique, formé de barres verticales.
◆
En français québécois, barre s'emploie là où l'on emploie ligne en français d'Europe, en signalisation routière (la barre blanche d'une route).
◆
En français de la Réunion, barre de rein désigne la colonne vertébrale.
◆
Un usage ancien, dans le sens de « zone allongée », la barre du jour, « l'aube, les premières lueurs du jour », s'est maintenu en français du Canada et de l'océan Indien (à la Réunion).
■
La locution figurée coup de barre s'applique à une addition très élevée (XXe s.) et à un accès de fatigue (1868), par l'image du coup, barre évoquant une arme (concrètement dans barre de fer) et s'appliquant en outre à une douleur interne (1846).
❏
1 BARRER v. tr. (1144) signifie « consolider avec une barre » et, surtout, « fermer avec une barre » (v. 1155), sens qui a donné par extension l'acception figurée d'« empêcher, faire opposition à (qqn) », en droit (1429) et dans le langage courant (
XVe s.). Cette acception reste très vivante en français régional (Bourgogne, ouest de la France) et plus encore en français du Canada, en français d'Afrique, où
barrer correspond à certains emplois de
fermer du français d'Europe. Au Québec,
barrer s'emploie aussi pour « bloquer (un mécanisme) »
(barrer le volant d'une voiture, barrer une bicyclette). Avec ce sémantisme, qui correspond à ceux de « fermer, verrouiller » et « paralyser, immobiliser », le verbe a plusieurs valeurs figurées en français québécois : « contracter »
(le froid lui barre les mains) ; « empêcher d'agir, d'avancer », aussi au (faux) pronominal dans
se barrer les jambes, les pieds (synonyme
s'enfarger), « s'empêtrer ».
◆
Dès le
XIIIe s., la valeur analogique de « marquer d'une ou plusieurs barres » apparaît en héraldique, avant de s'étendre à « rayer (qqch.) d'un trait pour annuler » (1690).
◆
Au
XIXe s., le mot passe dans le vocabulaire de la marine pour « tenir, manœuvrer la barre d'un gouvernail » (1831), avec et sans complément (1900).
◆
Le participe passé
BARRÉ, ÉE adj., outre les valeurs attendues du verbe en français d'Europe, a conservé au Canada comme en Afrique le sens de « fermé, cadenassé » et, au Québec seulement, de « rayé »
(un tissu barré), le français d'Europe n'employant l'adjectif que pour « biffé » (par ex. dans
chèque barré). Une
dent barrée se dit en français de France d'une dent dont les racines, obliques ou horizontales, rendent l'extraction difficile.
◆
Au figuré, les emplois en français québécois sont variés, à propos des personnes : « gêné, paralysé, contracté », entraînant la fréquence des emplois négatifs,
pas barré correspondant à « libre, à l'aise, généreux... ».
◆
DÉBARRER v. tr. est, comme
barrer au sens de « fermer », d'usage régional (ouest de la France). Il signifie, non pas « ouvrir (une porte) », mais la rendre possible à ouvrir, en enlevant la barre, en déverrouillant, etc.
◈
Le verbe
1 barrer a lui-même fourni plusieurs dérivés et composés.
■
BARRAGE n. m. semble le premier dérivé attesté de barrer, une première fois sous la forme altérée barnage (1130-1160), avec le sens concret de « ce qui ferme un passage, une porte ». Le mot a désigné en droit féodal une barrière que l'on ne pouvait franchir qu'en payant un droit de passage (1363).
◆
Sa spécialisation pour un ouvrage hydraulique barrant un cours d'eau, attestée depuis 1669, est devenue très courante, s'appliquant à des dispositifs de plus en plus complexes et importants avec l'évolution des techniques.
◆
Ultérieurement, il a développé la valeur abstraite d'« obstacle, difficulté », spécialement en psychanalyse et en psychiatrie pour traduire l'allemand Hemmung, et la valeur dynamique d'« action de barrer », surtout en sports (1904) et en technique militaire (1915, tir de barrage).
◆
Son dérivé BARRAGISTE n. m., nom de l'éclusier (1845), n'a pas eu de succès.
■
BARREMENT n. m., substantif d'action, a d'abord (1318) le sens juridique de « moyen d'interdiction » ; il a été repris en art vétérinaire pour une opération qui consistait à barrer les veines d'un cheval ou d'un oiseau (fin XVIe s.).
◆
Disparu, le mot a été reformé comme terme de banque pour l'opération consistant à barrer un chèque (1890).
■
2 BARROT n. m., « pièce de charpente » en marine (1384), a produit BARROTER v. tr. (1694), sorti d'usage.
■
BARREUR, EUSE n. s'est dit adjectivement (1752) d'un chien dressé à devancer le gibier et à lui barrer les issues.
◆
Il a été reformé pour désigner la personne qui tient la barre du gouvernail (1855).
■
Enfin, un composé récent de barrer est BARRE-LA-ROUTE n. m. inv. (v. 1945) pour la position perpendiculaire à la route, en parlant d'un emplacement publicitaire.
◈
Barrer a aussi servi à former deux préfixés.
■
DÉBARRER v. tr. (v. 1174) signifie « ôter la barre d'une porte », sens archaïque en français central. Il a été repris au XIXe s. avec des sens techniques, notamment pour une opération textile débarrassant un tissu de ses irrégularités (1870), avec les dérivés DÉBARREUR, EUSE n. et DÉBARRAGE n. m. (1870).
■
EMBARRER v. tr., autre dérivé verbal de barrer (XIIe s.), s'est éteint aux sens de « enfoncer » et de « fermer avec des barres ».
◆
Comme débarrer, il se maintient avec les sens techniques qu'il a développés tardivement, spécialement en marine.
■
Son propre dérivé verbal REMBARRER v. tr. (fin XVe s.), créé avec la valeur intensive de « repousser vigoureusement », est courant avec le sens moins concret de « s'opposer à (qqn) par un refus catégorique » (1559), d'où « rejeter brutalement (après une demande) ».
◈
D'autres dérivés de
barre sont usuels.
■
BARREAU n. m. (1285) désigne une petite barre faisant partie d'un ensemble (grille, porte, etc.), le grillage d'une visière dans l'armure médiévale, puis tout ce qui peut servir de support ou de clôture, spécialement la fermeture des issues (prison, etc.).
◆
Par métonymie, le mot désigne un espace fermé par une barrière, spécialement en droit (1571) où il s'étend à la profession d'avocat elle-même (1571) et au palais de justice (1680).
◆
On en a dérivé tardivement l'adjectif BARREAUDÉ, ÉE (v. 1960), « muni de barreaux », pour lequel on rencontre aussi la variante barreauté.
◈
BARRIÈRE n. f., d'abord
barrere (
XIVe s.), désigne un assemblage de pièces de bois, de métal, etc. fermant un passage. Le mot se dit d'abord d'une porte de ville et de l'enceinte fortifiée autour de celle-ci, des quartiers s'étendant à l'extérieur, notamment à Paris
(la barrière de Clichy). Dans la seconde moitié du
XIXe s., le mot a pris une valeur péjorative analogue à celle de
fortification, zone (des rôdeurs de barrière) ; cet emploi a disparu.
◆
Barrière se dit spécialement de la clôture d'un champ (1541) et, par extension, d'un obstacle naturel qui s'oppose au passage (1668) d'où, abstraitement, d'un obstacle (1670). À la
barrière de dégel des routes françaises correspond en Afrique la
barrière de pluie. Les
barrières de protection, destinées à contenir la foule, sont appelées en français de Belgique et aussi au Québec
barrières Nadar.
◆
Avec la valeur abstraite de « limite », le mot s'est spécialisé en économie
(barrière douanière) et en fiscalité
(barrière fiscale), ainsi qu'en physique où il désigne la limite à ne pas franchir
(barrière thermique) et en biologie (
barrière génétique, entre espèces différentes).
■
Voir aussi garde-barrière (art. garder).
■
1 BARRETTE n. f. « petite barre » (1412-1414) est peu attesté avant le XVIIIe s., où il reparaît dans l'Encyclopédie (1751) avec des sens techniques, spécialement en horlogerie. Il désigne ensuite un bijou allongé servant d'agrafe (1838) et en broderie un fil tendu reliant deux motifs recouverts d'un point de broderie (av. 1867, points de barrette). Il se dit ensuite d'une pince à cheveux munie d'un système de fermeture.
■
BARRISTE n., dérivé tardif de barre (1930), est un terme de cirque et de gymnastique désignant la personne qui travaille à la barre.
❏ voir
2 BAR, BARIL, BARIOLÉ, 2 BARRER, BARRIQUE, EMBARGO, EMBARRASSER, SNACK-BAR.
?
2 BARRER v., d'abord verbe d'argot (1866, Delvau), est d'origine incertaine : une spécialisation sémantique à partir de barrer, de barre*, se comprendrait à la rigueur d'après le sens de « rayer d'un trait, biffer », d'où « finir ». L'hypothèse d'un emprunt de l'arabe algérien barrâ « va-t'en » est attestée en français d'Afrique du Nord (A. Paraz, Le Gala des vaches). Si le sens de « fuir » était premier, on pourrait penser au jeu de barres comme origine possible.
❏
Le mot est d'abord attesté dans l'argot des marbriers de cimetière pour « abandonner son travail » ; cet emploi a disparu ; simultanément (1866) se barrer s'emploie pour « s'en aller, fuir » ; cet emploi seul est demeuré vivant dans l'usage familier (Cf. se tirer).
◆
L'emploi transitif de « abandonner (une femme) » est aujourd'hui inusité. En revanche, barrer v. intr. est en usage.
❏
Le participe passé BARRÉ, ÉE est employé couramment dans la locution familière récente être mal barré « mal parti », au figuré.
2 BARRETTE n. f., d'abord barrete (1366), est emprunté à l'ancienne forme italienne dialectale barretta correspondant au toscan berretta. Celui-ci est attesté sous la forme du latin médiéval biretum en 1211 à Bologne et en italien même au sens de « chapeau » (1255-1312), plus précisément de « chapeau de prélat » depuis le XVe s. sous la forme biretta. Le mot italien, au féminin berretta comme au masculin berretto, est emprunté à l'ancien provençal berret (→ béret).
❏
Le mot désigne un petit bonnet plat, spécialement un type de bonnet de feutre ou de laine foulée porté au XVe et au XVIe s., ainsi qu'un bonnet ecclésiastique à trois ou quatre cornes ; de là l'expression recevoir la barrette « être nommé cardinal ».
◆
Après avoir servi à désigner le chapeau de cuir que portaient les mineurs du Pas-de-Calais, il est devenu synonyme de « casque de mineur ».
+
BARRIQUE n. f. est emprunté (1455) à l'occitan du Sud-Ouest barriqua, qui n'est attesté en ancien provençal qu'en 1498. Ce mot est issu d'un type gallo-roman °barrica, dérivé du radical de barre*, baril*, dans lequel la conservation du suffixe -ica s'expliquerait seulement en gascon. On relève le latin médiéval barriqua en 1476, dans l'actuel département du Gers. Barrique est encore enregistré en 1549 comme un mot d'Aquitaine ; l'occitan moderne a toujours barrica, le gascon et le béarnais ont barrique.
❏
Le mot désigne un gros fût, une tonne et, par métonymie, son contenu ; il s'emploie dans la locution familière être plein comme une barrique (Cf. soûl), parfois altéré en comme une bourrique*.
❏
Le dérivé
BARRICADE n. f. (
XVIe s.) est formé avec le suffixe
-ade, sans doute par analogie avec des mots en
-ade empruntés de l'italien à la même époque
(gabionnade).
◆
Le passage du sens originel de « ensemble de barriques (utilisé comme obstacle) » au sens moderne de « obstacle, retranchement formé de l'amoncellement de divers objets » (v. 1571) est peut-être en rapport avec le moyen français
barriquer, « fermer avec des barriques », et reste lié au sémantisme de termes issus du radical de
barre*, barrer* (Cf. latin médiéval barrica pour barrium, « enceinte, faubourg », savoyard barricadâ, « fermer ou consolider avec une ou plusieurs barres »). Avec ce sens, le mot n'est plus senti comme dérivé de
barrique, mais reste associé à
barrer.
◆
Par métonymie, le pluriel
barricades s'emploie à propos d'un soulèvement au cours duquel ont été dressées des barricades, d'abord par allusion aux événements de la Fronde, en août 1648 ; de là son emploi dans la dénomination de certains événements historiques comme
la journée des barricades (1835) et à propos de juillet 1830,
les barricades de juillet (1842). D'où, au figuré,
être de l'autre côté de la barricade « dans le camp opposé », expression que Péguy attribuait à Clemenceau.
■
Barricade a principalement donné BARRICADER v. tr. (1588) qui signifie d'abord « fermer par des barricades ». De nos jours, détaché de barricade et lié à barrer, il signifie « fermer solidement » au propre (1596, porte barricadée) et au figuré (1611, se barricader).
◆
BARRICADEUR n. m. (1650), « personne élevant des barricades », est dérivé du verbe et son synonyme BARRICADIER, IÈRE n. et adj. (1870) de barricade ; ils sont peu usités.
◈
BARRICOT n. m., diminutif de
barrique d'après l'occitan languedocien
barricau, est attesté au début du
XVIe s. à Bordeaux, pour « petite barrique ou tonneau ».
◆
La variante
BARIGOT n. m. s'emploie en français d'Afrique pour un gros récipient pour contenir et transporter de l'eau (fût métallique, tonneau, jarre).
BARRIR v. intr. est emprunté (1546) au latin barrire qui se dit de l'éléphant qui pousse son cri (fin Ier-déb. IIe s.). Ce verbe est dérivé de barrus « éléphant », terme d'origine indienne attesté depuis Horace et qui a dû pénétrer avec les éléphants indiens amenés pour les jeux, en concurrence avec elephantus (→ éléphant), mot plus ancien emprunté au grec et d'origine africaine.
❏
Le verbe signifie « pousser son cri, pour l'éléphant et le rhinocéros » ; on dit aussi BARÉTER v. intr.
❏
Le dérivé BARRISSEMENT n. m. n'est repéré qu'en 1863 dans le Salammbô de Flaubert.
◆
Il a supplanté le mot plus ancien BARRIT n. m. (v. 1580), emprunté au latin barritus dérivé de barrire. L'attestation antérieure de bari (fin XIIIe s.), « chant de guerre », représente un emprunt au latin barritus qui, avec ce sens, est peut-être une altération de barditus (→ bardit).
BARTAVELLE n. f. est emprunté (1740) au provençal bartavello, également bartabello, « anneau de verrou, axe contre lequel bat le traquet d'un moulin », au figuré « personne bavarde » et spécialement « perdrix », en raison de son chant évoquant le bruit d'un loquet. Le mot provençal vient de l'ancien provençal bertavéla (1378), bartavela (1396), « pièce de verrou », d'un latin populaire °bertabella, attesté en latin médiéval (v. 1305) sous la forme bartavella « pièce de verrou ». Ce mot vient lui-même du bas latin vertibula, « articulation, vertèbre » (IVe s.), ou d'un °vertabella, transformation de vertibulum « articulation » (→ verveux), de la famille de vertebra (→ vertèbre). Le traitement du v- initial devenant b- révèle un mot originaire du Sud-Ouest ; effectivement il est encore recensé avec la signification de « crécelle » dans l'Atlas linguistique de la Gascogne. Du même mot latin vient le français vertevelle*.
❏
Bartavelle, dont l'Académie enregistre une variante bertavelle en 1842, a été repris pour désigner une perdrix rouge du Midi.
◆
Au figuré (1852 à Genève), le mot a désigné une personne, une femme très bavarde, avec un dérivé BARTAVELER v. intr. « bavarder ».
BARYTE n. f. a été proposé par Lavoisier et ses collaborateurs (fin XVIIIe s.), par réfection étymologique, en remplacement de barote, proposé en 1782 par Guyton de Morveau. Ce dernier l'avait dérivé savamment du radical du grec baros « pesanteur, poids » au propre et au figuré, substantif neutre correspondant à l'adjectif barus « lourd, pesant » (→ baryton) qui a lui-même servi à former le terme actuel.
❏
Le mot, terme de chimie, désigne l'oxyde de baryum.
❏
En dérive
BARYTINE n. f. (1833) nom d'un sulfate de baryum naturel.
◈
Le grec a par ailleurs fourni l'élément
BARY-, qui entre dans la composition de quelques termes didactiques, tels
BARYMÉTRIE n. f. (1798 in
Grand Robert) « détermination des poids par mensuration »,
BARYCENTRE n. m., d'abord « centre de gravité » (1877) et devenu terme de mathématiques (1928),
BARYSPHÈRE n. f. (1910) « noyau central hypothétique de la Terre » et
BARYON n. m. (v. 1959) « particule élémentaire de masse égale ou supérieure à celle du proton », d'où
BARYONIQUE adj.
◈
BARYUM n. m. est emprunté sous la forme
barium (1813), refaite en
baryum (1824) d'après le grec, à l'anglais
barium (1808). Ce mot a été créé en 1808 par sir Humphry Davy (1778-1829) avec le radical de l'anglais
baryta, « protoxyde de baryum »,
barytes de même sens (1791), eux-mêmes formés du grec
barus « lourd ».
Baryum est formé avec le suffixe
-ium d'après
aluminium*, métal isolé et dénommé par le même savant en 1808.
◆
Ce terme de chimie désigne un corps simple appartenant aux métaux alcalino-terreux, malléable, qui décompose l'eau à la température ordinaire.
◈
Parmi les termes scientifiques tirés du grec
barus « lourd », figure
BARYON n. m., formé avec la finale
-on des noms de particules, et qui désigne toute particule « lourde », dont la masse est égale ou supérieure à celle du proton.
BARYTON n. m. est emprunté (1589, barytonnant est antérieur) au grec barutonos, employé en grammaire pour un mot dont la dernière syllabe est grave (IIe s. av. J.-C.) et en musique pour une voix grave (Aristote), une note grave. Ce mot est formé de barus « lourd », d'où au figuré « pénible » et spécialement « grave » d'un son, d'un accent. C'est un ancien adjectif en -us identique au sanskrit gurú-, avestique gouru (→ gourou), gotique kaurus. Il est apparenté au latin gravis (→ grave). Le second élément est tonos (→ 1 ton).
❏
Le mot est introduit par les grammairiens de la langue grecque pour un mot qui n'a pas d'accent sur la dernière syllabe.
◆
Sa spécialisation en musique est ultérieure : il désigne aux XVIIe-XVIIIe s. une viole d'amour basse appelée aussi viola di bordine et une voix d'homme intermédiaire entre celle de ténor et de basse (1768), sens dominant aujourd'hui. Par extension, il se dit d'un homme ayant une telle voix et, par analogie, d'instruments à vent dont la tessiture correspond à la voix de baryton, (saxophone baryton, d'où un baryton).
❏
BARYTONNER v. intr. (1452, barytonnant), rare, est dérivé savamment du grec barutonos.
◆
BARYTONNANT, ANTE adj. s'est dit d'un chant en baryton et a qualifié celui qui chante sur un ton intermédiaire entre la basse et la taille (1513). Puis le verbe est employé plaisamment par Rabelais. Inusité au XVIIe et au XVIIIe s., il a été repris en 1834. Il n'a guère eu de succès, non plus que le doublet BARYTONISER v. intr. (XVe s., barritoniser).
❏ voir
BAR (et BAROMÈTRE), BARYTE, MILLE (MILLIBAR), ISO- (ISOBARE).
L +
BAS, BASSE adj., n. m. et adv. est issu (v. 1119) du latin bassus, attesté comme nom de personne (cognomen) en latin classique puis, à basse époque, avec les sens de « gras, obèse » (déb. VIe s.), « de petite taille », « peu élevé » (VIIIe s.). Bassus est d'origine obscure, peut-être osque, les premiers porteurs du nom Bassus, Bassa ou Bassius, Bassia étant campaniens ; l'hypothèse qui le rapproche du surnom grec Bassos est écartée par Chantraine.
❏
Le mot qualifie proprement une position spatiale ou une dimension peu élevée, ou une chose qui, par sa position, est à une faible hauteur par rapport à d'autres semblables (v. 1170,
tête basse). Sous ce rapport, il s'emploie en géographie pour qualifier une région située à faible altitude (1548), entrant dans des dénominations aujourd'hui abandonnées en raison de la connotation péjorative attachée à
bas comme à
inférieur (certains noms de départements français, telle la
Loire inférieure devenue
atlantique), et les habitants de cette région (1548). Au Québec, on parle de la
Basse-Côte-Nord (du Saint-Laurent). L'expression historique
Bas-Canada, nom du Québec de 1791 à 1841, a fourni le dérivé
BAS-CANADIEN, IENNE adj. et n.
■
L'adjectif bas s'emploie très tôt sur un plan spatial envisagé abstraitement pour décrire un degré d'intensité inférieur (v. 1170), spécialement sur l'échelle des prix et valeurs cotées (v. 1539) et sur le registre des sons, des notes de musique (1694) avec la même valeur que grave (→ aussi 2 basse, ci-dessous passe-bas).
■
Dès les premiers textes, il caractérisait, avec une valeur figurée, ce ou celui qui occupe une place peu élevée dans l'ordre de la puissance, de la hiérarchie sociale (1120), sur un plan moral, ce qui est peu estimable, vil, méprisable (déb. XIIIe s.) et, sur un plan social, ceux qui font partie des couches les plus pauvres, défavorisées et dévalorisées de la société, valeur disparue après l'Ancien Régime. Enfin, le mot caractérise les moyens d'expression, langue et style, de ces classes sociales, avec une valeur voisine de vulgaire (genre bas ; mot bas).
■
Son emploi dans l'ordre temporel lui donne également les valeurs de « tardif » (1130), spécialement dans Bas-Empire (1690), et de « premier, peu avancé » (1548), dans bas âge, qui a d'abord eu le sens large de « jeunesse ». L'expression enfant à bas âge, en bas âge est vivante en français d'Afrique.
Dès le milieu du XIIe s., bas est substantivé (le bas) pour désigner la partie inférieure d'un objet (v. 1155), en particulier d'un habit. Le mot est courant à propos d'un terrain, d'une surface (le bas de la page, en bas de page), du visage. Il s'emploie au Québec pour « partie, étage inférieur d'une construction » (parfois « sous-sol »). Géographiquement, le bas d'une terre désigne la partie la plus proche du fleuve Saint-Laurent. Spécialement, on parle du Bas-du-Fleuve pour une région sur le cours inférieur du Saint-Laurent. Dans une île, les bas peut désigner la partie la plus proche du rivage.
◆
Il se dit au figuré d'un état inférieur, une situation désespérée (v. 1155), valeur couramment réalisée au pluriel dans la locution des hauts et des bas, que l'on relève chez Villon et qui présente une variante au singulier au XVIIe s. avant de s'imposer au XVIIIe siècle.
◆
Le bas avec la valeur morale de « ce qui est trivial, vil » était usuel à l'époque classique (en concurrence avec genre bas) et a disparu.
Les premiers emplois adverbiaux de bas correspondent à la locution en bas (v. 1165) au sens spatial et absolument au sens de « à voix basse » (v. 1165) et de « à un niveau inférieur » (v. 1175). Au figuré, le langage politique a employé l'expression la France d'en bas, pour « les classes populaires » (1996, Raffarin).
◆
Le XVIe s., qui connaissait un emploi adverbial à valeur temporelle de bas, a introduit le sens de « à bas prix » (1548) et la locution à bas (av. 1544), remplacée au sens concret par en bas et de plus en plus employée avec une valeur symbolique de destruction, de dénigrement (en exclamatif à bas X !, 1787), avec influence de abattre.
◆
L'emploi de bas adverbial dans un contexte musical est enregistré en 1694.
❏
Bas a des dérivés et constitue le premier élément de noms composés de sens concret.
■
BASSESSE n. f., d'abord bassece (déb. XIIe s.), s'est employé jusqu'au XVIIe s. au sens spatial de « partie basse, état de ce qui est peu élevé ». Son premier sens figuré, « état inférieur » (v. 1195-1200) a disparu. Depuis le XVIIe s., il se dit d'une infériorité sociale (déb. XVIIe s.) et, surtout, d'une condition morale vile (av. 1662), et, avec une valeur particularisante (une, des bassesses), d'un acte méprisable (1644-1645, Corneille). Son emploi pour caractériser la grossièreté du style (1633) disparaît après le XVIIIe siècle.
◆
Malgré la polarisation des sens, le mot demeure le seul substantif de qualité de bas, après avoir éliminé basseté (déb. XIIIe s.) et basseur (XIVe s.), tous deux éteints au XVIIe siècle.
■
BASSEMENT adv. (1174) n'a pas repris tous les sens de bas. Il ne se dit plus pour « en position basse » ni pour « à voix basse ». Il a échangé sa valeur morale initiale « humblement » (v. 1550) en « vilement » (1690), conformément à la connotation péjorative de l'adjectif.
◈
1 BASSET n. m., d'abord adjectif, signifiait littéralement « un peu bas » ; l'emploi adjectif a disparu, et le mot est substantivé, désignant une sorte d'escabeau ou de tabouret de forme basse (1330), encore dans certaines régions.
■
De son emploi pour qualifier un être vivant d'une taille médiocre (1690), reste le substantif basset (1606) désignant toujours aujourd'hui un chien court sur pattes.
■
1 BASSE n. f., distinct du terme musical 2 basse qui est un italianisme, est la substantivation de bas (1484). En marine, le mot désigne un bas-fond.
■
BASSIE n. f., dérivé de l'adjectif attesté en moyen français (1478) avec un sens douteux (peut-être « latrines ») s'employait encore au XXe s. dans le centre de la France pour « évier en pierre » et « buanderie ».
◈
BAS n. m. (1552) vient par ellipse du terme d'habillement
bas-de-chausses (1538), qui désignait la partie inférieure des chausses couvrant les jambes. Le mot est passé de cet ancien sens, « partie inférieure de la chausse », à « vêtement couvrant le pied et la jambe » (1575, dans
bas de soie qui a développé quelques emplois métaphoriques). Dans plusieurs régions de France, au Québec, le mot continue à s'employer à propos de ce qu'on a ensuite nommé
chaussettes, en français central, où le mot
bas se dit surtout du vêtement de femme. Au Québec, on emploie
bas-culotte là où on dit
collant en France.
■
Le terme BAS-BLEU n. m., tiré de bas n. m. est un calque (av. 1786) de l'anglais bluestoking (1757) qui s'est d'abord appliqué à B. Stillingfleet, homme peu élégant de sa personne qui fréquentait le salon littéraire de Mrs. Montague vers 1750 et portait des chaussettes de laine bleue au lieu des bas de soie noire qui étaient de rigueur. L'appellation s'est étendue aux habitués et habituées de ce salon, puis aux femmes à prétentions littéraires, surtout au début du XIXe siècle.
◆
En français, bas-bleu s'est d'abord employé dans un contexte anglais, et les Anglais l'ont un temps repris au français (1801) ; il s'est ensuite étendu aux femmes en France même (1821) et est demeuré vivant, alors qu'il était abandonné en Angleterre.
■
Il a même donné des dérivés BASBLEUESQUE adj. (1890) et BASBLEUISME n. m. (1867), qui sont sortis d'usage.
◈
Bas, combiné avec un substantif, sert à former de nombreux composés.
■
BASSE-COUR n. f., fait avec cour*, désigne proprement la cour des dépendances d'une maison, par opposition à la cour principale (XIIIe s.) et par spécialisation de fonction, cette cour lorsqu'on y élève des petits animaux et de la volaille (XIVe s.). Par métonymie la basse-cour désigne l'ensemble de ces animaux (1797), quelquefois étendu, par métaphore plaisante, à des gens bruyants et agités.
◆
On en a dérivé BASSE-COURIER, IÈRE n. (1863), mot peu répandu s'appliquant à la personne chargée des soins de la basse-cour.
■
BASSE-FOSSE n. f., formé avec fosse* (v. 1460), a désigné un cachot très profond et ne s'emploie plus guère que dans la locution cul-de-basse-fosse (1798 sans tirets) « cachot construit au-dessous de la basse-fosse ».
■
Le terme d'architecture BAS-RELIEF n. m. (1547) est, vu sa date d'apparition, probablement calqué de l'italien bassorilievo (av. 1555), composé de basso « bas » (→ basse, basson) et de relievo, correspondant de relief*.
◆
Ce mot désigne un ouvrage de sculpture en faible saillie sur un fond uni, par opposition à haut-relief.
■
BAS-CÔTÉ n. m. est d'abord un terme d'architecture désignant la voûte latérale d'une église (1676) opposé à la nef principale. Le mot s'applique aussi, couramment, à la partie latérale d'une route (1816), d'un boulevard, où les piétons peuvent marcher.
■
L'ancien terme de musique BAS-DESSUS n. m. (1703), remplacé par mezzo-soprano, s'emploie en histoire de la musique.
■
BAS-MÂT n. m. (1831) et BAS-HAUBAN n. m. (1869) sont deux témoignages de l'usage de bas en marine.
■
D'autres composés sont traités à l'autre élément → branler (branle-bas), fond, taille (basse-taille), ventre (bas-ventre).
◈
SOUBASSEMENT n. m., attesté en 1358,
subassement, est formé de la préposition
sous, de
bas et d'un suffixe qui rappelle le terme d'architecture italien
basamento « base d'une colonne » (passé, par l'intermédiaire du néerlandais, dans l'anglais
basement « fondation »), désigne la partie inférieure d'une construction sur laquelle semble reposer l'édifice. Le moyen français
soubasse « socle » (1399) a rapidement disparu.
◆
Au
XVIIe s., il passe dans le vocabulaire de l'ameublement, désignant (1604) la bande d'étoffe ou de tapisserie qui enveloppait la base du lit aux
XVIe et
XVIIe s., et la pièce de tapisserie que l'on plaçait devant l'appui ou l'accoudoir d'une fenêtre.
◆
Au
XXe s., la géologie l'a repris à propos du socle sur lequel reposent des couches, des strates.
◈
CONTREBAS n. m. s'employait adverbialement (v. 1382) jusqu'au
XVIIe s., surtout dans un contexte architectural. Il a été substantivé pour désigner la partie située à un niveau inférieur, surtout dans la locution adverbiale
en contrebas, attestée isolément au
XVIe s. (av. 1544) et reprise au
XIXe siècle.
◈
PASSE-BAS adj. inv., de
passer et
bas dans
basse fréquence, se dit d'un dispositif électrique (filtre) qui ne laisse passer que les basses fréquences
(→ bande : passe-bande, et haut : passe-haut).
❏ voir
BAISSER, BASCULER, 2 BASSE (et BASSE-CONTRE, BASSON), BASSETTE, BAVOLET, CONTREBASSE.
BASALTE n. m. est emprunté, sous la forme basalten (1553), au latin basaltem, accusatif pour basaltes. Ce dernier est une forme fautive du XVIe s. pour basanites qui, depuis Pline, désignait un type de roche éruptive très dure. Ce mot est la transcription du grec basanitês, dérivé de basanos, « pierre de touche pour l'or » d'où, au figuré, « mise à l'épreuve » et en particulier « mise à la torture » ; il est issu de l'égyptien baḫan qui désigne une sorte de schiste utilisé par les Égyptiens comme pierre de touche, et on suppose qu'il est passé en Grèce par la Lydie. La forme fautive empruntée au XVIe s. était déjà devenue courante lorsque l'erreur fut reconnue, de sorte qu'elle prévalut.
❏
Le mot désigne une roche éruptive noirâtre très dure.
❏
En sont dérivés BASALTIQUE adj. (1809 ; peut-être dès 1787, d'après Bloch et Wartburg) et BASALTINE n. f. (1838), nom d'un silicate naturel à base de chaux, d'aluminium, de calcium et de magnésium se présentant sous forme de cristaux disséminés dans les basaltes.
BASANE n. f., attesté dans la seconde moitié du XIIIe s., d'abord sous les formes bazan et bezanne (1150), est emprunté à l'ancien provençal besana, basana (XIIIe s.), lui-même pris à l'espagnol badana, attesté depuis le XVe s. après une première attestation sous la forme vatana en 1050. Le mot est repris de l'arabe baṭāna « doublure », correspondant à l'arabe classique biṭāna. Le caractère tardif des attestations d'ancien provençal et d'espagnol s'explique par le caractère technique du mot.
❏
Le mot désigne la peau de mouton tannée. Il s'est spécialisé pour la peau très souple garnissant un pantalon de cavalier.
◆
La locution populaire tailler une basane « se frapper l'intérieur de la cuisse en signe de défi injurieux » procède du sens argotique de basane, « peau humaine », et de la basane des culottes de cavalier, le mot étant apparu en argot militaire.
❏
Basane a produit
BASANER v. tr. (1530) « tanner, donner au cuir la couleur de la basane » (1530), qui signifie ensuite comme
basané « donner un teint plus foncé à la peau » (1613), en parlant de l'action du soleil. Il est beaucoup plus rare que l'adjectif.
■
BASANÉ, ÉE adj., du participe passé, et attesté avant le verbe (1507), qualifie d'abord un cuir traité de manière à prendre la couleur de la basane et, par extension, ce qui présente cette couleur brune (1510), spécialement la peau humaine sous l'effet du soleil et du vent (1561). Aujourd'hui, l'adjectif qualifie une couleur de peau naturelle — à la différence de tanné, hâlé — et s'applique parfois à la distinction ethnique (dans la race blanche), d'où substantivement un basané.
BASCULER v. est, sous sa forme actuelle (1611), la réfection d'après le déverbal bascule de l'ancien type baculer (1377), encore attesté en 1750 et demeuré dans certains dialectes. C'est un composé de l'adverbe bas* et de cul* avec adjonction de la désinence verbale ; il a été influencé pour le sens par la première syllabe de battre* ou de baton*, peut-être par un rapprochement erroné avec le latin baculum « bâton » (→ bâcler).
❏
Jusqu'au XVIe s., le mot signifiait « battre, frapper sur le derrière ou contre terre » et, par étymologie populaire, « frapper (qqn) à coups de bâton » ; régionalement, il se disait encore au XIXe s. pour « battre le derrière de (qqn) avec une pelle de bois », et « frapper le derrière contre terre à plusieurs reprises ».
◆
Le sens moderne, « renverser » (fin XVIe s.), a été adopté d'après bascule, l'élément cul n'étant plus ressenti (Cf. culotte, reculer). Un usage transitif (1845) correspond au factitif faire basculer.
◆
Au figuré (1801) le verbe intransitif correspond à « se renverser », puis (mil. XXe s.) à « changer brusquement, de manière irréversible ».
❏
BASCULE n. f. est la réfection (1549) de l'ancien type
bacule (1466) d'après un accord au féminin de l'adjectif
bas dans
bassecule, mot que l'on trouve chez Olivier de Serres.
◆
Dès les premiers textes, le mot désigne un système d'élévation utilisant le principe du levier et du contrepoids, sens réalisé d'abord en référence au dispositif du pont-levis. Il s'est répandu dans l'usage courant, où il désigne en particulier un genre de balançoire (1534) et dans les langages techniques, exprimant par métonymie un mouvement analogue à celui du levier ou du contrepoids (1694).
◆
L'expression
à bascule correspond à
basculant (siège, chaise, cheval... à bascule). Par analogie de fonction,
pont à bascule se dit (1835) d'un instrument à plate-forme comportant une balance et servant à peser des objets lourds ; d'où
une bascule, dans ce sens (1862).
◈
Les quelques autres dérivés sont très postérieurs.
■
BASCULEUR n. m., terme technique (1873), désigne un appareil servant à faire basculer une berline de mine, un wagon.
■
BASCULEMENT n. m., substantif d'action de basculer (1893, en machinerie théâtrale), est concurrencé par BASCULAGE n. m. (1912), employé pour un procédé d'imprimerie.
BASE n. f. (v. 1160), d'abord basse (déb. XIIe s.), est emprunté au latin basis « partie inférieure, assise », spécialisé en géométrie à propos du plan à partir duquel est établie la hauteur d'une figure, et employé dans un sens abstrait depuis le IVe siècle. Ce mot latin transcrit le grec basis « action de marcher », par métonymie « marche, allure » et spatialement « ce sur quoi on marche », d'où « assise d'une chose ». Le mot grec appartient à une famille exprimant l'idée de « marcher » (→ acrobate, diabète) et contenant une racine indoeuropéenne à labio-vélaire initiale °gwem- ou °gwə- : le présent grec bainô « je marche, je vais » correspond d'une part au latin venio (→ venir) et d'autre part à des formes en -m comme le gotique quiman, le védique ágamaù, le lituanien gemù « naître » ; parmi les formes nominales, basis répond au sanskrit gáti- et à la racine -vent- de mots latins comme conventio (→ 1 et 2 convention).
❏
Le mot désigne la partie inférieure d'un objet concret sur laquelle il peut reposer, sens courant qui a donné certains emplois techniques.
◆
Au
XVIe s., il a repris au latin la spécialisation géométrique de « droite ou plan d'après laquelle on établit la hauteur d'une figure » (1549).
◆
À la même époque, il s'emploie abstraitement (souvent au masculin au
XVIe s.) à propos des principes fondamentaux d'un système (1598), au point de départ d'un développement avec des applications dans les sciences (au
XVIIIe s.), en économie, et au
XXe s. en linguistique et en informatique. L'expression
sur la base de (en français de Belgique
sur base de...) concerne un raisonnement s'appuyant sur (des données).
■
Concrètement, il s'est dit de l'élément principal d'une préparation médicamenteuse (1672). Au XVIIIe s. le mot, pris abstraitement, s'emploie aussi en alchimie et en chimie, d'abord pour des corps conçus comme situés à la base d'une hiérarchie ordonnant les substances des plus altérables (soude, potasse) aux moins altérables (or, platine) ; à la suite de la mise en évidence de la forte réactivité d'un acide mis en présence d'une « base » (dans ce sens), il a désigné en chimie moderne un corps capable de réagir avec un acide de manière à donner un sel et de l'eau (1808). Le concept chimique a évolué parallèlement à celui d'acide : depuis Brönsted et Lowry, il s'applique à une espèce chimique apte à accepter un proton d'une autre espèce (dite acide) et, depuis Lewis, à une espèce chimique apte à céder un doublet électronique à une autre (acide).
■
Base a reçu une acception militaire : « territoire assurant la subsistance et la sécurité d'une armée » (1834 par métaphore), sens diffusé pendant la Première Guerre mondiale (1918). De là, base navale, base militaire. En alpinisme, camp de base correspond à la même idée générale.
■
Au XXe s., par métaphore du sens spatial de « assise », base désigne le niveau le plus bas dans un groupe hiérarchisé, spécialement en politique où il se dit par métonymie pour « ensemble des militants » (1933), puis pour les fidèles en référence à la hiérarchie ecclésiastique catholique, ensuite pour l'ensemble des travailleurs considéré en tant que force sociopolitique (1968) : la base s'oppose alors à l'appareil d'un parti.
■
Par anglicisme, base se dit parfois des jalons de but du jeu de base-ball*.
❏
Le dérivé
BASILAIRE adj. (1314) présente un suffixe élargi par analogie des adjectifs du type
cimbalaire (emprunt au latin
cymbalaris). C'est un terme d'anatomie décrivant ce qui sert de base, appartient en particulier à la base du crâne. Par analogie, il a été repris en botanique et en entomologie.
■
BASÉ, ÉE adj., altéré en bassé sous l'influence du féminin de l'adjectif bas (1401), est employé en architecture à propos de ce qui est fondé sur qqch.
■
BASER v. tr. (1501) s'emploie lui aussi en architecture puis au figuré pour « fonder sur » (1787).
◆
L'acception militaire technique, « attacher à une base » (1954 au passif être basé), vient de base militaire.
◈
BASIQUE adj., employé une première fois par Rabelais au sens de « relatif à la base d'une colonne » et accueilli en 1611 par Cotgrave, a été répandu au
XIXe s. alors dérivé à nouveau de
base, comme terme de chimie (1830) puis de minéralogie.
■
On en a dérivé BASICITÉ n. f. (1838), terme de chimie (correspondant à acidité).
■
Le composé BASOPHILE adj. (1903), de -phile, « qui fixe les colorants basiques », est employé en biologie.
■
BASAL, ALE, AUX adj., autre adjectif (1838), qualifie ce qui concerne, constitue la base d'un organe, en zoologie et en médecine (1920-1924).
■
En plus de ces dérivés, base est productif depuis le XIXe s. sous la forme de l'élément BASI-, BASIO-, BASO- dans les terminologies de l'anatomie, de la biologie et de la chimie.
◈
EMBASEMENT n. m., d'abord
embassement (v. 1380) sous l'influence de
basse, a désigné la base d'un tabernacle, puis sous l'influence de l'italien
imbasamento, terme d'architecture (
XVe s.), a pris sa forme et son sens actuels de « soubassement » (1676).
■
EMBASE n. f., terme technique pour « base (d'une pièce, d'un instrument) », a suivi le même développement : d'abord embasse (1554), il est modifié en embase (1676) d'après le radical d'embasement.
❏ voir
BASE-BALL.