BELLIQUEUX, EUSE adj. est emprunté au XVe s. (av. 1475) au latin bellicosus « guerrier, vaillant », de bellicus « de guerre », « valeureux », lequel est dérivé de bellum « guerre », dont la forme archaïque, duellum, a donné duel*.
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Le mot qualifie une personne qui aime la guerre, une chose qui excite à la guerre (1475) et, par extension, un rapport agressif entre humains.
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Le dérivé
BELLIQUEUSEMENT adv. (1611) ne s'est répandu qu'au
XIXe siècle.
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Le latin
bellum et son dérivé
bellicus ont fourni deux séries de mots.
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BELLIGÉRANT, ANTE adj. et n. est emprunté (1744, Ordonnance royale) au latin belligerans, participe présent de belligerare « faire la guerre », de bellum « guerre » et gerare « porter » (→ gérer).
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Le mot qualifie et désigne un État qui prend part à une guerre. Par extension, il qualifie en droit des personnes prenant part aux opérations de guerre dans l'armée régulière. Il passe dans l'usage à propos de personnes et, par métonymie, de choses abstraites, en plein conflit.
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COBELLIGÉRANT n. m. (1794, co-) désigne, en général au pluriel, les États qui se combattent.
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BELLIGÉRANCE n. f., mot proposé en 1845 par Richard de Radonvilliers, est entré dans l'usage en 1874.
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NON-BELLIGÉRANT, ANTE adj. (v. 1939) qualifie l'État qui s'abstient de prendre part à un conflit.
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NON-BELLIGÉRANCE n. f. (1939) désigne la situation d'un État qui, sans forcément observer une stricte neutralité, s'abstient de participer à un conflit. La date où apparaissent ces deux mots, peu avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, est significative.
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BELLICISME n. m. est dérivé savamment (1871) du radical du latin
bellicus « qui aime la guerre », sur le modèle de
belliqueux, avec le suffixe
-isme (Cf. catholique-catholicisme). Il a donné un antonyme à
pacifisme, un peu antérieur.
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Le mot, appliqué d'abord à Bismarck, a été repris pour caractériser l'attitude et la doctrine des partisans de la Première Guerre mondiale (1915).
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BELLICISTE adj. et n., formé de manière analogue (1871) sur le radical de bellicus, a lui aussi qualifié Bismarck avant de se dire en général d'un partisan de la guerre (1908).
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ANTI-BELLICISTE adj. et n. (1936) est rare.
BELLUAIRE n. m. est un dérivé savant (1845), avec le suffixe -aire (latin -arius), du latin bellua « bête », mot d'origine expressive qui met souvent l'accent sur les qualités de grandeur, de férocité ou d'inintelligence, et qui est plus noble que bestia (→ bête).
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Bescherelle, qui est le premier à enregistrer le mot, le donne, sans doute inexactement, comme adjectif avec le sens de « cruel, féroce ». Hugo l'emploie avec son sens propre de « gladiateur qui combattait les bêtes fauves ou entretenait les animaux du cirque » (Les Châtiments) et également par métaphore (1853, « Tacite à lui seul, ce grand belluaire »).
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Le mot, d'usage littéraire, est quelquefois employé à propos d'un dompteur dans un cirque ; Flaubert l'a confondu avec 1 bestiaire (terme dont il est partiellement synonyme) au sens de « recueil de textes allégoriques sur les animaux » (1872).
BELON n. m. est l'emploi comme nom commun (1953) de Belon ou Bélon, nom d'un petit fleuve côtier de Bretagne où se trouvent des parcs à huîtres.
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Le mot désigne une variété d'huître plate (l'huître* véritable) et ronde, d'abord élevée dans les parcs à huîtres du Belon.
BÉLON n. m., d'abord écrit bellon (1551), est un terme d'origine dialectale. Il est issu de l'ancien français beslong, belong « de forme allongée », conservé en français moderne sous une autre variante (→ barlong, berlong).
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Le mot désigne un grand cuvier à pressoir où l'on met à macérer les pommes en vue de faire le cidre. Il est mentionné dans les dictionnaires de Trévoux en 1771 et de Bescherelle en 1845, ce qui montre qu'il avait dépassé l'usage dialectal (Normandie).
◆
Le dialecte champenois l'emploie aussi pour la cuve à vendange (appelée ailleurs banne ou benne) et le dialecte lorrain l'emploie à propos du chariot de vendange (1875, dans la Meuse).
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BELOTE n. f., attesté en 1926 chez Giraudoux (mais évidemment antérieur), est d'origine obscure, peut-être du nom propre de F. Belot, qui aurait mis au point ce jeu ou l'aurait perfectionné. P. Guiraud, pour qui ce Belot n'est qu'un « fantôme étymologique », rattache le mot à belle*, pris au sens de « carte gagnante » dans quelques jeux de cartes et dans certaines régions (bello en provençal ; bèle « atout », en Moselle ; belle « as d'atout », en wallon ; in Wartburg). En effet dans ce jeu, une carte mineure, le valet, bat toutes les autres dans la couleur tournée et gagne la belle. Il s'agirait alors d'une variante de bellot au féminin.
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Le nom de ce jeu de cartes entre dans l'expression belote et rebelote, nom d'une figure (roi et dame d'atout) annoncée par ces mots, dissociés lorsqu'on abat le roi (belote) puis la dame REBELOTE, formé avec le préfixe re-. De là, l'emploi figuré de rebelote ! dans la langue familière au sens de « on remet ça ! ». Belote, rebelote est souvent complété par dix de der (dix points de dernière levée).
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De belote sont dérivés BELOTER v. intr. (1932, Céline) et BELOTEUR, EUSE n. (av. 1938, Giraudoux).
BELVÉDÈRE n. m. est un emprunt (1512) à l'italien belvedere attesté depuis le XVIe s., composé de l'adjectif bel correspondant au français beau* et de vedere (→ voir).
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Le mot, qui signifie « belle vue », désigne un pavillon construit dans un lieu d'où la vue est agréable ou étendue. Par extension, il se dit d'un lieu d'où la vue est étendue, d'où l'on domine.
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Sa spécialisation régionale pour une plante de la famille des rosacées (1536), également reprise de l'italien belvedere (av. 1540), réalise la valeur différente de « beau à voir » comme l'indique une autre dénomination, belle-à-voir.
BÉMOL n. m., d'abord bemoulz (XIVe s.) puis bémol (1466), est l'adaptation du latin médiéval b molle, de mollis (→ mou), attesté dans le domaine italien (v. 1030) et employé en alternance avec b rotundum « b rond », par opposition à b quadratum (→ bécarre).
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Ce terme de musique désigne le signe d'altération en forme de b placé devant une note pour l'abaisser d'un demi-ton. La locution figurée mettre un bémol « radoucir son ton, ses manières » procède partiellement de l'identification de la finale au sens de « mou » ; mais il y a un bémol « une difficulté » reprend l'idée d'« altération » contenu dans le terme musical.
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Le dénominatif BÉMOLISER v. tr. (1752), « marquer d'un ou plusieurs bémols », a développé des emplois métaphoriques avec le sens d'« adoucir » ; il est archaïque au figuré.
BÉNARD n. m. vient de l'expression pantalon à la Bénard, modèle serré au genou et couvrant le dessus du pied, qu'avait créé en 1874 Auguste Bénard, tailleur du Faubourg Saint-Antoine, à Paris.
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Mot populaire, puis familier et courant, pour « pantalon ».
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Suffixé en BÉNOUZE n. m. (dans Céline, 1938). Abrégé en BEN n. m.
BÉNÉDICITÉ n. m., d'abord écrit benedicite (XIIIe s.), est l'emprunt, avec changement de classe grammaticale, du latin benedicite, deuxième personne du pluriel de l'impératif du verbe benedicere (→ bénir), littéralement « veuillez bénir », formule qui commence une prière récitée avant le repas pour remercier Dieu des aliments qu'il donne.
❏
Il donne son nom à une courte prière catholique récitée avant le repas.
❏ voir
BÉNÉDICTIN, BÉNÉDICTION, BENÊT (et BENOÎT), BÉNIR.
BÉNÉDICTIN, INE n. et adj., attesté depuis le XIIIe s. (Bloch et Wartburg) ou seulement en 1566, est dérivé en -in du latin Benedictus, nom latin de saint Benoît de Nursie qui fonda cet ordre monastique au Mont-Cassin vers 529.
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Le mot désigne un religieux de l'ordre de Saint-Benoît. Cet ordre connut son plus grand rayonnement vers la fin du XIIe s. et son influence s'est étendue aux domaines religieux, culturel, artistique, politique et social. Par allusion aux travaux d'érudition des bénédictins de la congrégation de Saint-Maur aux XVIIe et XVIIIe s., il est employé au figuré avec le sens d'« érudit qui se consacre à des travaux de longue haleine », en particulier dans la locution travail de bénédictin.
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Le féminin
BÉNÉDICTINE (1680) a servi à désigner une édition savante (1748) par abréviation de
édition bénédictine.
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Le mot désigne aujourd'hui une liqueur élaborée à la fin du XIXe s., qui aurait été primitivement fabriquée par les bénédictins de l'abbaye de Fécamp (1868) ; Cf. chartreuse.
❏ voir
BÉNÉDICITÉ, BÉNÉDICTION, BENÊT (et BENOÎT), BÉNIR.
BÉNÉDICTION n. f. est emprunté (déb. XIVe s.) au latin chrétien benedictio, -onis qui, avant le XIe s., désigne une grâce accordée par Dieu et, par extension, un bien, un avantage que l'on estime dû à la faveur du ciel (Xe s.), des vœux de bonheur (formulés en remerciement), un souhait solennel de bonheur auquel on accorde un caractère sacré, enfin la cérémonie liturgique faite pour rendre une chose sacrée et vénérable. Il est dérivé du radical de benedictum, supin de benedicere (→ bénir). Bénédiction, forme savante, a remplacé l'ancien français beneïçun, forme populaire attestée entre 1080 et le XVIe siècle.
❏
En français, où il est rare avant le
XVIe s.,
bénédiction désigne une grâce accordée par Dieu ; par extension, il se dit de tout événement heureux qui semble dû à la faveur du ciel (1680). En liturgie, il désigne l'action du prêtre qui bénit ses fidèles (1690, Furetière).
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Dans un contexte laïque, il s'applique à des vœux de bonheur et de prospérité (
XVIe s.), particulièrement à un souhait solennel de bonheur (1606).
BÉNICHON n. f. est une forme issue, après l'ancien français beneiçun ou beneiçon (voir ci-dessus) du latin benedictio, qui a survécu dans les dialectes et dans le français de Suisse (benission, 1414), altéré en bénichon (1864).
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Le mot désigne la fête traditionnelle, surtout dans le canton de Fribourg, à l'époque des récoltes, ainsi que les repas, les bals qui l'accompagnent. Les dérivés BÉNICHONNER v. intr. et BÉNICHONNEUR, EUSE n. sont en usage.
❏ voir
BÉNÉDICITÉ, BÉNÉDICTIN, BENÊT (et BENOÎT), BÉNIR.
BÉNÉFICE n. m. est emprunté (1198) au latin beneficium, issu de la locution verbale bene facere, soudée plus tard, de bene (→ bien) et facere (→ faire) « faire du bien, rendre service ». Beneficium, en latin classique, désigne un service, une faveur et spécialement une distinction officielle. Au moyen âge, c'est un terme important du vocabulaire de la féodalité ; dès le latin médiéval, il désigne une donation en pleine propriété faite comme marque de bienveillance ou en guise de rémunération pour des services rendus (VIIe s.), ainsi que la chose qui a été l'objet d'une donation (v. 721) et en particulier une terre octroyée en tenure (v. 642) selon différents types de modalités et de contrats. Il s'emploie spécialement pour un ensemble de biens-fonds attachés à une église, à une dignité ecclésiastique et, par métonymie, pour cette dignité (IXe-Xe s.).
❏
Cette forme savante correspondant à bienfait apparaît en français avec le sens général de « grâce, privilège, avantage », qui ne subsiste que dans quelques emplois. Il s'est spécialisé en droit médiéval, désignant la fonction cléricale à laquelle est attaché un ensemble de biens-fonds (1223), sens usuel jusqu'à la Révolution et repris en français moderne dans l'expression bénéfice ecclésiastique pour éviter l'ambiguïté. Le mot désignait aussi une tenure concédée à un vassal en échange d'un service militaire (1300-1350).
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À l'époque classique, il se dit de la faveur accordée par la loi ou le souverain (1680), sens réalisé par le syntagme bénéfice d'inventaire (1680) dont est tirée la locution figurée sous bénéfice d'inventaire « sous condition ».
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Sauf dans de tels emplois figurés, comme au bénéfice de « au profit de », le mot ne s'applique plus que dans un contexte commercial, qui apparaît avec l'époque classique (1690, Furetière) ; il correspond à « gain, profit réalisé par une personne ou une collectivité, une entreprise » et s'oppose à déficit.
❏
Le mot, dans son acception économique, est familièrement abrégé en
BÉNEF n. m. (1842) et a donné le composé
SUPERBÉNÉFICE n. m. (1951).
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1 BÉNÉFICIER adj. et n. m. est emprunté (1272) au latin médiéval
beneficiarus (Cf. ci-dessous bénéficiaire), employé pour qualifier et désigner le possesseur d'un bénéfice ecclésiastique (822).
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Le mot, repris en droit médiéval, est devenu un terme d'histoire, comme
BÉNÉFICIAL, ALE, AUX adj., « qui concerne les bénéfices ecclésiastiques » (1369), emprunté au dérivé latin
beneficialis.
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BÉNÉFICIAIRE adj. et n. est emprunté (1609) au latin médiéval
beneficiarius (qui existait en latin classique avec d'autres sens), terme de droit féodal et ecclésiastique dérivé de
beneficium d'après ses sens juridiques et signifiant « par concession en bénéfice », « concédé en bénéfice », « appartenant à un bénéfice ». L'adjectif apparaît en droit dans
émancipation bénéficiaire (1609), puis à propos de l'héritier recevant une succession sous bénéfice d'inventaire (1690).
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Chez les historiens, l'adjectif a l'acception féodale de « possédé par concession en bénéfice » (av. 1714) et, substantivement, de « possesseur d'un bénéfice » (1748).
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Dans l'usage courant, d'après les valeurs de
bénéfice, le nom désigne la personne qui jouit d'avantages divers (
XIXe s.) et, au théâtre, en faveur de qui l'administration abandonne la recette d'un spectacle (1835).
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Au sens économique de
bénéfice, se rattachent un nouvel emploi adjectif et un emploi substantif au sens de « personne à qui est destinée une somme d'argent » (1823).
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BÉNÉFICIAIREMENT adv. est un terme juridique (1875) limité au sens de « avec le droit de jouir du bénéfice d'inventaire ».
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2 BÉNÉFICIER v. est emprunté (
XIIIe s.) au latin médiéval
beneficiare « concéder en guise de bénéfice » (
VIIIe s.), spécialement « concéder en usufruit » (
VIIIe s.), « munir d'un bénéfice », « investir d'un fief ». Ce terme de droit féodal et ecclésiastique est formé sur
beneficium (→ bénéfice).
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Le verbe a été repris en droit médiéval, avec la construction transitive latine, au sens de « pourvoir (qqn) d'un bénéfice ». Par extension, il s'est employé couramment au sens d'« accorder un bienfait, une faveur à qqn » (1382).
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Ces emplois ont disparu et le verbe moderne vient de bénéfice, au sens économique. L'Encyclopédie accueille le verbe intransitif au sens de « réaliser un gain en espèces » (1751, à propos de l'exploitation minière) ; de nos jours, la construction bénéficier de s'est généralisée (1867) pour « jouir de, profiter de ». Elle est doublée par la construction plus récente bénéficier à « profiter à (qqn, qqch.) » (XXe s.) avec changement de point de vue.
❏ voir
BÉNÉFIQUE.
BÉNÉFIQUE adj. est emprunté (1532) au latin beneficus « bienfaisant, obligeant », formé de bene (→ bien) et de -ficere, forme de facere (→ faire).
❏
Le mot, employé par Rabelais avec le sens du latin beneficus, a été repris par les astrologues pour qualifier (1690) et désigner (un bénéfique) un astre favorable, par opposition à maléfique, antérieur dans cet emploi. Le sens aujourd'hui courant de « qui fait du bien » ne s'est répandu qu'au XXe siècle.
❏ voir
BÉNÉFICE.
BENÊT n. et adj. m. est le doublet logique dialectal (prononciation normande benest, v. 1130) de benoît (ci-dessous), anciennement beneeit (v. 1130), benëoit (1172-1175). Celui-ci est issu du latin benedictus, forme à i bref (à côté d'une forme à i long dont est issu bénit), du participe passé de benedicere (→ bénir).
❏
Par un transfert sémantique connu, dû à l'interprétation courante (erronée) du passage biblique Beati pauperes spiritu (Matthieu, V, 3) « les pauvres en esprit sont favorisés par Dieu », benêt qualifie et désigne (1611) un jeune homme niais.
❏
Quant à
BENOÎT, OÎTE adj., par une évolution sémantique différente, il est passé du sens de « béni » à celui de « bienheureux, sur qui est répandue la bénédiction divine » (1172-1175) et « consacré par des cérémonies rituelles » (v. 1190).
◆
Ce dernier sens, devenu ironique (1546), a vieilli au
XVIIe s., menant à l'idée de « dévot, qui prend un air d'onctuosité hypocrite et niaise » (1838). De nos jours, le mot est un archaïsme littéraire.
◈
Benoît a produit
BENOÎTE n. f., d'abord
beneoite (
XIIe s.) puis
benoiste (1545), nom d'une plante nommée en raison de ses vertus thérapeutiques.
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BENOÎTEMENT adv., d'abord beneoitement (XIVe s.) « d'une manière bénie, heureuse », a été repris en 1823 (benoîtement) et semble plus usuel que l'adjectif.
BÉNÉVOLE adj. et n., d'abord benivole, bégnivole (1282), est emprunté au latin benevolus « bienveillant, dévoué », littéralement « qui veut bien », de bene (→ bien) et volo « je veux » (→ vouloir).
❏
L'histoire du mot est inséparable de celle de ses doublets bienveillant (→ vouloir) et bénévolent : comme ce dernier, bénévole a progressivement été évincé de l'usage courant par bienveillant. Dans son édition de 1740, le dictionnaire de l'Académie remarque qu'« il ne se dit plus qu'en badinant et dans ces phrases, lecteur bénévole, auditeur bénévole » ; elles sont aujourd'hui archaïques.
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L'adjectif a été réinterprété en « qui fait preuve de bon vouloir » (1866) et appliqué à une chose faite de manière désintéressée, sans rémunération, d'où un, une bénévole. Il est usuel dans ce sens, et a produit le dérivé bénévolat.
❏
BÉNÉVOLAT n. m. a été créé tardivement (1954) avec le suffixe de mots désignant une profession pour exprimer l'idée de volontariat. Il s'est moins diffusé que
bénévole, se limitant à l'usage administratif didactique.
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BÉNÉVOLENT, ENTE adj. est un emprunt (1389) au composé latin
benevolens, de
bene et
volens, participe présent de
volere « vouloir ».
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Archaïque depuis le
XVIIe s., l'adjectif, qui signifie « bienveillant » et surtout « qui marque, témoigne de la bienveillance », survit dans un usage très littéraire et par allusion au passé.
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BÉNÉVOLENCE n. f., emprunté (fin XIIe s.) au dérivé latin benevolentia a suivi l'évolution d'usage de bénévolent, supplanté par bienveillance.
BENGALI adj. et n. est l'adjectif correspondant au nom francisé de la région appelée Bengale, aujourd'hui État (le Bangladesh) au nord-est de l'Inde. Ses habitants sont appelés Vanghas en sanskrit, d'où Vangalam pour le pays (XIe s.), Bangala dans Marco Polo (XIIIe s.). L'anglais Bengal est à l'origine de la forme française. L'hindi Bangla a fourni le mot anglais bungalow*.
❏
Le mot qualifie et désigne ce qui a rapport au Bengale, puis (1972) à l'État du
Bangladesh. L'adjectif est attesté en français depuis le
XVIIIe s. Comme nom, le
bengali désigne la langue indoeuropéenne du groupe indien, différente de l'hindi, parlée au Bengale et aujourd'hui au Bangladesh.
Le mot a été repris comme nom masculin par les zoologistes (1760) pour un petit oiseau passériforme au plumage bleu et brun, originaire de l'Inde.
BÉNIN, BÉNIGNE adj. est emprunté, sous l'ancienne forme épicène benigne (v. 1175), au latin benignus « d'un bon naturel », « bienveillant ». Ce mot, qui s'oppose à malignus (→ malin), est dérivé de bene (→ bien). La forme masculine actuelle bénin (1204), refaite à partir de benigne, l'emporte au XVe siècle.
❏
Le sens d'emprunt, « bienveillant, enclin à l'indulgence », est devenu ironique au XVIIe s. où le mot prend la nuance de « bonasse ». Dès 1690, Furetière signale qu'il ne se dit guère que des influences célestes et des remèdes bénéfiques qui agissent avec douceur (1670).
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Ces emplois ont disparu ; de la qualification du remède, bénin est passé à celle de la maladie qui ne présente pas de caractère alarmant (1835, fièvre bénigne) et par extension il se dit d'un phénomène dénué de conséquences sérieuses (1835).
❏
Le dérivé
BÉNIGNEMENT adv. (v. 1175), rare, a suivi la même évolution, de « bienveillamment » à « sans gravité ».
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BÉNIGNITÉ n. f., apparu en même temps que
benigne et
benignement (v. 1175), est emprunté au dérivé latin
benignitas « bonté ».
◆
Autrefois synonyme de « mansuétude », de « douceur », le mot a reçu au
XIXe s. son acception moderne, d'usage didactique, de « caractère inoffensif (d'une maladie) » (attesté 1865).
BÉNINOIS, OISE adj. et n. est le dérivé français de Bénin, nom du pays africain qui avait reçu de la colonisation française le nom de Dahomey (d'où l'adj. et n. Dahoméen, enne), nom d'ailleurs africain, formé de Dan, nom d'un roi ancien, souverain du Dauma dont parle Léon l'Africain, et de homé « demeure », en langue fon. Le Dahomey a repris (1960) le nom de Bénin au royaume ainsi nommé par les Portugais à la fin du XVe s., d'après le nom de l'ethnie Béni ou Bini. Ce royaume eut son apogée au XVIIe siècle.