BILAN n. m. est emprunté (1584) à l'italien bilancio (XVIe s.), terme de banque désignant un inventaire financier ; c'est le déverbal de bilanciare « peser, mettre en équilibre », correspondant au français balancer*.
❏
Bilan est repris de l'italien comme terme de banque, à propos du tableau résumé de la comptabilité d'une entreprise ; l'expression déposer son bilan, appliquée à l'acte par lequel un commerçant en cessation de paiement fait connaître au tribunal de commerce sa situation active et passive, est attestée en 1798.
◆
Au XIXe s., le mot se diffuse dans l'usage général en référence à l'inventaire des éléments d'une situation (de là des emplois spécialisés en médecine, en psychologie et en physique), et prend le sens figuré de « état, résultat global » (1866).
❏
Au
XXe s., bilan a produit
BILANCIEL, ELLE adj., peut-être d'après le radical de l'italien
bilancio, terme technique de comptabilité qualifiant ce qui est relatif à un bilan.
■
En psychologie, il a donné BILANISME n. m. (1937, Ch. Odier), terme décrivant une conduite pathologique consistant à établir constamment un bilan de ses profits et pertes.
◈
Le préfixé
ÉCOBILAN n. m., de
éco- (1991) désigne un bilan destiné à évaluer l'impact d'une substance, d'un bien matériel ou d'un service sur l'environnement, depuis sa production et sa commercialisation jusqu'à son élimination.
BILBOQUET n. m. est probablement, comme l'indiquent les premières formes bille boucquet (1534), billeboquet (1576), un composé dont le premier élément est l'impératif d'un verbe : celui-ci est soit °biller, « jouer au bâtonnet », dérivé de bille « bâton dont on se sert au jeu de bâtonnet » (→ 2 bille « pièce de bois »), soit plus probablement le moyen français biller, « jeter une boule, jouer aux boules » (1375) et, par extension, « faire tourner une pièce de bois par un bout », à rattacher à 1 bille* « petite boule ». Le second élément est également douteux : soit un diminutif de bouc*, ce terme s'adressant par plaisanterie à la boule, soit un diminutif de bouque, « boule », à rapprocher du liégeois bouquets, « jeu d'osselets ».
❏
Le mot désigne un jeu formé d'un petit bâton pointu dans lequel on doit enfiler une boule percée qui lui est reliée par une cordelette. Ce jeu fut très pratiqué, notamment à la Cour, à la fin du XVIe siècle.
◆
Bilboquet a aussi désigné une figurine lestée de plomb de sorte qu'elle se trouve toujours debout, sens auquel se rattachent la locution comparative se tenir droit comme un bilboquet et le sens figuré classique de « homme dont on se joue » (fin XVIIe s., Saint-Simon) qui sont sortis d'usage.
◆
L'argot des typographes l'a repris à propos d'une presse à imprimer (1843, Balzac) et aujourd'hui de menus ouvrages, sens réalisé également par bibelot, les deux mots ayant interféré.
BILE n. f. est emprunté (1539) au latin bilis, « liquide sécrété par le foie », employé au sens figuré d'« amertume, colère » par application de la théorie antique des quatre humeurs (bile jaune, bile noire, sang, pituite) et des tempéraments correspondants, développée en grec par Hippocrate. Bilis, concurrent de fel (→ fiel), qui est le mot indoeuropéen, n'a de correspondant qu'en brittonique sous des formes bistel, bestl.
❏
Le mot désigne le liquide amer, de coloration jaune ou brune, que sécrète le foie et qui s'écoule dans l'intestin au moment de la digestion. En médecine ancienne, la bile jaune était censée favoriser la colère (Cf. étymologie de colère) et la bile noire la mélancolie (Cf.atrabile, mélancolie).
◆
En dépit de l'abandon par les médecins et psychologues de la théorie des humeurs, au cours du XVIIIe s., bile a gardé le sens figuré de « colère » dans l'expression vieillie mais encore connue échauffer la bile (1668), et le sens de « souci » dans la locution se faire de la bile restée usuelle, notamment en emploi négatif, où bile se réfère à la bile noire, la tristesse (voir ci-dessous bileux, se biler). Bile est aujourd'hui lexicalisé pour « souci ».
❏
BILEUX, EUSE adj., attesté une première fois en 1611 et repris en 1810, qualifie d'abord la personne qui est remplie de rancœur, qui abonde en bile.
◆
Concurrencé fortement par l'emprunt
bilieux*, il n'est guère employé que dans la locution familière
n'être pas bileux « ne pas se faire de souci » (1901) qui correspond à
ne pas se faire de bile.
■
Le verbe pronominal SE BILER (1894), le plus souvent employé à la forme interrogative ou négative (ne pas se biler), exprime la même idée.
■
BILIAIRE adj., « qui a rapport à la bile » (1687) courant dans vésicule biliaire, est attesté (1926) comme nom (un, une biliaire).
◈
BILIEUX, EUSE adj. est, comme
bile, un emprunt de la langue médicale de la Renaissance (1537) au latin
biliosus, « relatif à la bile », de
bilis.
◆
Le mot qualifie proprement ce qui est relatif à la bile, qui abonde en bile (1557, en parlant d'une humeur).
◆
Il a pris la valeur psychologique de « enclin à la colère » (1670) emploi vieilli avec la valeur correspondante de
bile, et, dans l'usage courant, « enclin à la mélancolie », remplaçant le mot propre,
atrabilaire, d'usage strictement didactique.
■
Il a pour dérivé BILIEUSEMENT adv. (1866) « à la manière d'un bilieux », d'emploi rare.
◈
ATRABILE n. f. est un emprunt (attesté chez A. Paré, v. 1575) au latin
atra bilis « bile noire », de
ater « noir »
(→ airelle), expression qui correspond au grec
melankolia (→ mélancolie). Dans l'ancienne médecine, il désignait l'humeur noire, et s'est employé jusqu'au début du
XIXe s.
◆
Son dérivé
ATRABILAIRE adj. (1546, Ch. Estienne) avait la valeur correspondante (encore 1808 en médecine, Cabanis), mais est resté vivant au figuré dans l'usage littéraire (fin
XVIe s.) pour « bilieux, irritable », aussi comme substantif (1690).
BILIMBI n. m. est un emprunt (1602) à l'anglais de l'Inde blimbee, lui-même du malayalam (langue dravidienne) vilimbi, demeuré courant en français de l'océan Indien, pour deux arbres différents et leurs fruits, le bilimbi long (souvent préparé en achards) et le bilimbi rond, le premier oblong, le second rond et côtelé, tous deux assez acides.
BILL n. m. est un emprunt contemporain de la « révolution » anglaise (1668) à l'anglais bill, lui-même emprunté à l'ancien français bule, bulle*.
❏
Le mot ne s'applique qu'à l'Angleterre, désignant surtout (1698) un projet de loi, puis aussi à d'autres pays anglo-saxons.
◆
Il s'est employé au XIXe s. (1793, Mme de Staël ; encore 1875, G. Nouveau) pour « lettre, papier (écrit en Angleterre) », emploi sorti d'usage.
G
1 BILLE n. f. est, selon l'hypothèse couramment admise, issu (1164) du francique °bikkil, « dé », attesté par le moyen haut allemand bickel « dé, osselet » et le néerlandais bikkel « osselet ». P. Guiraud préfère supposer un emploi métonymique de 2 bille « bâton recourbé » (→ billard), en passant par l'intermédiaire d'un verbe biller « jeter une boule au jeu de quilles » (attesté seulement aux XIVe-XVe s.). L'italien biglia, l'espagnol billa sont empruntés au français.
❏
La première attestation du mot au sens figuré de « chose sans valeur », sorti d'usage, correspond au sens concret attesté plus tard de « petite boule, petite masse sphérique » (v. 1278). Avec ce sens, le mot désigne en particulier la petite boule de verre (ou d'argile, pierre, verre, etc.) servant à des jeux d'enfants (par exemple dans
jouer aux billes, un sac de billes), ainsi que la boule d'ivoire, puis de matière synthétique, avec laquelle on joue au billard (1611). De ces emplois en termes de jeu proviennent plusieurs locutions figurées comme
faire bille pareille « être à égalité » (
XVIe s. sous diverses formes), sortie d'usage et, de nos jours,
bille en tête (attesté mil.
XXe s.) « en se lançant dans l'action », par jeu métaphorique sur
la tête la première, toucher sa bille (v. 1970) « être très compétent », métaphores du billard ;
reprendre ses billes fait allusion au jeu d'enfants.
■
Par analogie, le mot se dit en argot de ce qui est en forme de bille, en particulier la tête (1883), sens aujourd'hui usuel dans le langage familier avec des locutions comme bille de clown. La péjoration attachée au mot (« tête ronde, inexpressive, hébétée... ») a suscité le sens familier d'« imbécile », aussi adjectif (c'est une vraie bille ; ce que t'es bille !).
■
Dans le langage technique, le mot désigne aussi une petite boule, souvent métallique, servant à divers usages (1892), et spécialement la petite boule sur laquelle s'opèrent certaines rotations, par exemple dans roulement à billes, dispositif dont le principe fut inventé en 1869 (Suriray), mais ainsi nommé plus tard, semble-t-il.
◆
De ce sens procèdent les locutions stylo à bille (v. 1950), bombe à billes (v. 1970).
❏
BILLEBAUDE n. f., attesté au XVIIe s. (1676, Mme de Sévigné), est probablement composé de bille et du féminin de l'ancien français baut, « hardi », encore usuel au XVIe s. (→ baudet). Le patronyme Billebaut est attesté dès le XIVe siècle.
◆
L'évolution sémantique vers l'idée figurée de confusion, désordre, n'est pas claire : peut-être est-on passé de « petite boule lancée hardiment » à « hasard, confusion ». De nos jours, le mot est archaïque, y compris dans la locution à la billebaude (XVIIe s., d'abord à la billebode), « en désordre », encore employée à la chasse, pour une partie où chacun tire à sa fantaisie et, par extension, à propos d'une « chasse » photographique où l'on photographie les animaux rencontrés (1973).
◆
Le titre d'un livre à succès d'Henri Vincenot a redonné à ce régionalisme bourguignon une certaine vitalité.
❏ voir
BILBOQUET.
+
2 BILLE n. f. est l'adaptation (1372) du latin médiéval billia (1198), antérieurement attesté au XIIe s. sous les formes du féminin billa et du masculin billus. Ce mot, de même que ses correspondants d'Italie septentrionale (Émilie, Piémont), est peut-être issu d'un gaulois °bilia que permettent de reconstruire l'irlandais bile, « tronc d'arbre », et le gaélique bile dont le sens est très éloigné, « petite feuille ».
◆
Certains voient en 1 bille, « boule », une métonymie de ce mot.
❏
En passant en français, le mot a reçu par métonymie le sens de « pièce de bois prise dans la grosseur du tronc ou de grosses branches », le pluriel billes désignant des quilles. L'accent étant mis sur la forme allongée (1393), le mot a été synonyme de « baguette, bâton » (1532).
◆
Ce sens, déjà vieilli au XVIIe s., subsiste dans quelques spécialisations techniques : le mot désigne une pièce de bois servant à fermer les ballots par torsion (1680), sens attesté antérieurement pour le verbe biller (ci-dessous), ou utilisée par les mariniers pour le halage (1690), ou servant à rouler la pâtisserie (1741).
◆
Par analogie, bille a pris en argot le sens d'« argent » (1579 ; v. 1520, selon Esnault) d'après celui de « lingot de métal » ; cet emploi est sorti d'usage.
◆
Il a désigné une barre de chocolat (fin XVIIe s.), avant d'être supplanté par barre, se maintenant dans certaines régions du sud de la France, des Hautes-Alpes à la Gironde et aux Landes.
❏
BILLETTE n. f., indirectement attesté (1234) par son dérivé
billeté, est employé en blason à propos d'une pièce en forme de rectangle. Désignant aussi un scapulaire de même forme, le mot a servi à nommer des religieux.
◆
Billette s'est appliqué à un bâtonnet, d'abord en fauconnerie (1304), puis à un morceau de bois de chauffage fendu et séché (1414).
◆
Il a été repris en architecture à propos des petits tronçons de tore espacés d'une moulure (1549, par le dérivé
billeté ; puis 1833).
◈
1 BILLON n. m., dérivé (1276-1277) de
bille au sens de « lingot de métal », est un ancien terme de finances qui a désigné une pièce de monnaie, spécialement une monnaie de cuivre mêlée ou non d'argent et, par extension, une monnaie divisionnaire (1576).
■
De ce sens procède 1 BILLONNER v. (1356), d'où BILLONNEMENT n. m. (1401) et 1 BILLONNAGE n. m. (v. 1450), tous relatifs à l'idée d'un trafic illégal sur les monnaies et sortis d'usage.
◆
Voir ci-dessous les homonymes 2 et 3 billon.
◈
BILLOT n. m., d'abord
billoc (1354-1377), désigne un tronçon de bois court et gros dont la partie supérieure est aplanie et qui servait à appuyer la tête du condamné à la décapitation, d'où la locution figurée
la tête sur le billot « même menacé de mort » (1690).
◆
Il a développé quelques emplois techniques (1577), spécialement en marine et, d'après
bille au sens ancien de « bâton, baguette », se dit du morceau de bois attaché au cou d'un animal que l'on veut entraver (1561).
◈
BILLARD n. m. procède (1399) de
bille au sens de « bâton recourbé » avec influence de
2 bille, « boule ». Le mot, désignait proprement un bâton recourbé pour jouer aux jeux de billes ou de boules, plus tard remplacé par un bâton droit. Ce sens est encore vivant dans la locution figurée familière
dévisser son billard « mourir » (1859).
■
Billard est devenu par métonymie le nom d'un jeu spécifique (1558) où le bâton utilisé se nomme queue.
◆
Par métonymie, billard se dit de la table du jeu de billard (1680) et du local où elle est installée (1752).
◆
Il a été repris avec des valeurs métaphoriques pour « terrain plat, route facile à parcourir » (1896), d'où la locution familière c'est du billard (1914), et aussi pour « table d'opération », par exemple dans passer sur le billard.
■
En dérivent BILLARDER v. intr. (1704), « jouer au billard », sorti d'usage, puis au figuré, « marcher en jetant la jambe latéralement » (du cheval) en manège (1751), et BILLARDIER n. m. (XVIIIe s.) « celui qui répare ou fabrique des billards », mot rare.
◈
BILLER v. tr. procède de sens techniques de
bille qui ne sont clairement attestés que plus tard : « lier » (
XVe s.), « corder un ballot » (1527), « attacher une corde à la “bille” pour haler les bateaux » (1611).
◆
En boulangerie, l'emploi pour « aplatir la pâte au moyen d'un rouleau » est attesté en même temps que
bille pour ce rouleau (1741).
■
2 BILLON n. m., « pièce de bois », peut être considéré comme une création distincte de son homonyme 1 billon dans la mesure où il vient (1513) de bille au sens de « baguette » ; il est spécialement employé en viticulture à propos d'un sarment taillé très court (1732).
◆
Le verbe dérivé 2 BILLONNER v. tr. (1732), d'abord attesté en viticulture, signifie aussi « tronçonner des arbres abattus » (1892) par influence probable de billot.
◆
On en a dérivé 2 BILLONNAGE n. m. (1928).
■
Le terme d'agriculture 3 BILLON n. m. (1771) désigne un léger exhaussement de terre bordé par des sillons profonds ; il peut se comprendre comme un emploi métaphorique du précédent par analogie de forme avec une pièce de bois, mais semble plutôt dérivé directement de bille avec le suffixe -on, d'après sillon (Cf. le premier sens de sillon).
◆
En est dérivé 3 BILLONNER v. tr., « labourer en billons » (1782), dont est tiré 3 BILLONNAGE n. m. (1835).
◈
HABILLER v. tr. est formé (v. 1200) sur
bille avec le préfixe
a-* (du latin
ad-) et la désinence
-er, et signifie initialement « préparer une bille de bois ». D'abord écrit
abiller, le verbe a pris sa graphie moderne avec
h- (
XVe s., Commynes) d'après le rapprochement fait de bonne heure avec
habile et surtout avec
habit, responsable d'un déplacement de sens qui sépare complètement le verbe de son étymon français. Ceci explique que le sens propre ne soit plus attesté que par quelques emplois techniques (1701,
habiller un arbre) ou dialectaux du langage agricole, aujourd'hui compris comme des figures du sens dominant.
■
Dès les premiers textes, le verbe réalise l'idée plus générale de « préparer, apprêter », surtout dans un contexte militaire et à la forme pronominale. On retrouve cette idée générale d'apprêt dans quelques acceptions techniques, en cuisine (v. 1450), en médecine (1456), en tannerie (1559) et en poterie (1680).
■
Le sens usuel de « couvrir de vêtements », d'abord à la forme pronominale (déb. XVe s.) puis en emploi transitif (1456), est dû à l'influence du mot habit et a dû s'implanter d'autant plus aisément qu'il s'inscrivait à la suite de celui de « (s')équiper pour la guerre ». C'est devenu le seul sens usuel du verbe, s'habiller ayant les valeurs secondaires de « se vêtir de telle manière (1478-1480) », absolument « mettre des habits de soirée, une tenue de cérémonie » (1866).
◆
Habiller, avec un nom d'habit pour sujet, signifie « aller plus ou moins bien, être plus ou moins seyant » (1690 ; 1866, en emploi absolu).
◆
Par analogie, le verbe a pris l'acception de « recouvrir comme un vêtement » (1463) et « arranger sous un aspect séduisant » (1665), au figuré.
■
Le dérivé HABILLEMENT n. m. (1374), d'abord synonyme d'équipement jusqu'au XVIe s., a suivi l'évolution du verbe, désignant concrètement les vêtements (XVe s.) et fournissant un substantif d'action à habiller « action de fournir qqn en vêtements » (1823).
■
La série des sens techniques de habiller s'exprime dans l'autre substantif d'action HABILLAGE n. m. (1462), « action de mettre en état (qqch.) », spécialement de préparer de la viande (1530), le cuir (1559), la poterie (1765).
■
HABILLEUR, EUSE n. (1552) a conservé de la valeur initiale de habiller quelques sens techniques, en tannerie (1552), médecine (1584) et pêche (1770).
◆
D'après la valeur dominante du verbe, il a pris le sens plus courant de « personne qui habille qqn », apparu le dernier (1843, au féminin), surtout réalisé dans un cadre professionnel (1846, au théâtre).
◈
Habiller a produit deux verbes préfixés.
■
L'itératif RHABILLER v. tr. (1390) a signifié « remettre en état, réparer », dans l'usage technique, et « remettre un os démis », en chirurgie (v. 1575).
◆
D'après les sens modernes d'habiller, il signifie couramment « vêtir de nouveau » (1675), surtout au pronominal se rhabiller employé familièrement dans aller se rhabiller de va te rhabiller ! adressé à un comédien, puis à un sportif, etc., que l'on renvoie (au vestiaire).
■
Il a produit RHABILLAGE n. m. (1506-1507) et RHABILLEMENT n. m. (1538), mot dont les acceptions techniques ont été supplantées par le sens courant de « action de vêtir à nouveau ».
■
RHABILLEUR, EUSE n. (1549), ancien nom pour l'ouvrier chargé de remettre en état, s'emploie familièrement pour « rebouteux » (1575).
◈
DÉSHABILLER v. tr. apparaît d'abord au pronominal (
XVe s.) et correspond à « enlever les habits de, dévêtir ». Le verbe a des connotations très différentes, selon les contextes (
déshabiller un enfant, une femme, etc.).
Se déshabiller, comme
s'habiller, est très usuel (
se dévêtir étant littéraire).
■
Le verbe a pour dérivés DÉSHABILLÉ n. m., participe passé substantivé (1608) au sens de « vêtement féminin d'intérieur ».
◆
L'adjectif correspond à tous les emplois du verbe, la valeur dominante étant cependant érotique, avec des extensions du genre revue, film déshabillé(e), « où l'on voit des femmes peu vêtues ».
■
DÉSHABILLAGE n. m. (1804) a lui aussi des connotations érotiques.
■
DÉSHABILLEUR, EUSE n. (1891) est rare.
?
BILLET n. m. est le masculin (1359 ; 1357 selon Bloch et Wartburg) de l'ancien français billette « lettre, sauf-conduit » (1389). Celui-ci est généralement regardé comme l'altération d'après 2 bille*, « pièce de bois », de l'ancien français bullette, « sceau » (1299), « attestation, certificat » (1371), diminutif de bulle* « sceau » (→ bulletin). Cependant, P. Guiraud, qui tient cette altération pour peu vraisemblable, préfère y voir le diminitif de 2 bille* et expliquer le cheminement sémantique d'après celui qui a conduit le mot étiquette du bâtonnet que l'on fiche dans un objet pour en indiquer la nature au petit carré de carton ou de papier remplissant la même fonction. Une troisième hypothèse, celle d'un emprunt à l'italien biglietto, se heurte à l'attestation plus tardive (2e moitié XVIe s.) de ce mot, mais un usage plus ancien du mot italien n'est pas exclu.
❏
Billet désigne un bref message écrit réduit à l'essentiel, le développement sémantique du mot se faisant selon les emplois particuliers liés aux fonctions remplies. Ainsi, au
XVIe s., le mot a désigné une lettre de cachet et aussi une formule magique. Il s'est répandu au
XVIIe s., Richelet faisant déjà état dans son dictionnaire, en 1680, de sa valeur actuelle : ce sens de « courte lettre, missive » (1674) se diffuse avec la mode d'écrire de courts messages sans signature ni souscription à la place des lettres de cérémonie ; d'où les expressions
billet doux, demeurée usuelle,
billet galant, billet amoureux (1680). En même temps,
billet se dit d'un avis écrit ou imprimé faisant part d'un événement tel qu'un mariage, un enterrement, emploi sorti d'usage.
■
Investi d'une valeur d'échange, il désigne le petit imprimé donnant accès quelque part (1680, billet pour entrer à la Comédie) ; plus tard l'anglicisme ticket prendra une partie de ses emplois. De ce sens vient la locution figurée prendre un billet de parterre (1838) « tomber (par terre) ». Parmi les billets d'abonnement, le billet de saison, en français du Québec, est un abonnement aux rencontres d'une saison sportive, notamment de hockey.
◆
Billet se réfère également à la promesse écrite, à l'engagement de payer une somme (1680), d'où billet d'épargne, billet de change, billet payable au porteur (1694) et, un peu plus tard, billet de banque (2 mai 1716, billet de la banque, dans les lettres patentes créant la banque de Law), emploi devenu très usuel et produisant un sens spécial de billet au XIXe s. (par exemple dans des gros billets, un billet de cent francs).
◆
Enfin, ce mot désigne un papier reconnaissant ou attestant quelque chose (1690, billet de santé), emploi dont procède la locution familière je vous donne, je vous fiche mon billet que... « j'affirme que » (1821).
❏
BILLETON n. m. (1936, Céline) est un croisement de
billet (de banque) et de
biffeton (→ biffer), sans usage réel.
■
BILLETTERIE n. f. a été créé récemment (1973) pour remplacer l'anglais ticketting, désignant l'ensemble des opérations relatives à l'émission et à la délivrance de billets (spectacles, etc.) et aussi un distributeur automatique de billets de banque.
◈
PORTE-BILLETS n. m. (1828) désigne un portefeuille simple pour ranger les billets de banque.
❏ voir
BILL.
?
BILLEVESÉE n. f. (XVe s.) est de formation obscure : le second élément est l'adjectif vesé, vezé, « ventru », peut-être pris au sens de « gonflé », dérivé de veze, « cornemuse » (1532), encore attesté dans les dialectes et appartenant à la racine onomatopéique ves- exprimant le souffle (→ vesse). Le premier élément demeure douteux ; 1 bille semble exclu puisqu'il désigne un objet solide, qui ne peut être gonflé ; une altération de beille « boyau », issu du latin °botula de botulus (→ boyau), présente des difficultés phonétiques : il faudrait admettre que bille- représente une fausse régression à partir de beille d'après les formes où -eille correspond à -ille (par ex. en poitevin de l'Ouest). Bulle, qui conviendrait sémantiquement, pose un problème phonétique.
❏
Le mot, surtout employé au pluriel dès les premiers textes, désigne une parole vide de sens, une idée creuse. Il est devenu littéraire et assez archaïque.
BILOKO n. m., emprunté à une langue africaine, s'emploie en français d'Afrique centrale, dans l'usage spontané, pour « chose » (Cf. machin, truc, en français d'Europe). Les bilokos de qqn, « ses effets personnels ».
BIMBO n. f. est emprunté à un mot anglo-américain pris à l'italien, de bambino « enfant » → bambin.
❏
Le mot, attesté en français (1988) dans un usage « branché », désigne un type de femme stéréotypée, vulgaire et provocante.
BINAIRE adj., réfection de binere (1554), est emprunté au bas latin binarius, « composé de deux éléments » (IVe s.), substantivé en arithmétique au sens de « deux » (VIe s.). Ce mot est dérivé de bini (pluriel) « chaque fois deux », d'où « paire, ensemble de deux objets », distributif de bis « deux fois » (→ bi-, bis).
❏
L'adjectif qualifie ce qui est formé de deux éléments ou comporte deux aspects. Introduit en mathématiques, il a qualifié un nombre composé de deux unités, puis un système de numération comptant deux états définis et distincts (1704, Leibniz, arithmétique binaire).
◆
En musique il qualifie une mesure pouvant se partager en deux temps (1643), en chimie un corps composé de deux éléments (1816), en astronomie une étoile formée de deux astres (XXe s.).
◆
La notion de code binaire est à la base de l'informatique ; dans ce contexte, binaire rend l'anglais binary.
❏
BINARITÉ n. f., employé en 1869 par Lautréamont comme une transposition substantivée de
deux (« la binarité de mes bras »), exprime en sciences la qualité de ce qui est binaire (déb.
XXe s.).
■
BINARISME n. m. (XXe s.) se dit en linguistique du procédé d'analyse par lequel des rapports entre les unités d'un énoncé peuvent être réduits à des rapports entre deux termes.
■
BINON n. m., issu (v. 1970) de binaire et électr-on, s'emploie en informatique à propos de l'un ou l'autre des deux caractères d'un code binaire.
❏ voir
BINER, BINOCLE, BIT.
L
BINER v. est issu (1269), peut-être par l'intermédaire de l'ancien provençal binar, d'un latin populaire °binare, « retourner la terre une seconde fois », attesté en latin médiéval surtout au figuré (av. 1141). Le verbe est formé sur le latin bini, qui semble avoir perdu à basse époque sa valeur distributive et le sens de « paire, couple » pour ne plus être qu'adjectif numéral (→ binaire). Cette forme est commune aux dialectes hispaniques et gallo-romans.
❏
Le verbe est employé en agriculture au sens de « labourer (la terre) pour la deuxième fois », en horticulture « ouvrir la surface d'un sol pour le nettoyer ou pour l'aérer » (1697).
◆
En moyen français et encore dans certains dialectes (Touraine) un autre verbe biner « embrasser » (1598), s'explique probablement d'après le sens « deux » de bini, l'idée étant « embrasser sur les deux joues » avec influence possible de biser*, « faire une bise ».
◆
L'emploi intransitif pour « célébrer deux messes le même jour, généralement dans deux églises différentes » (1680), en liturgie, est directement dérivé du radical du latin bini « deux ».
❏
Le verbe, au sens agricole, a produit plusieurs dérivés.
■
BINAGE n. m. (1311), substantif d'action, est d'abord un terme d'agriculture employé dans le cadre du droit féodal.
◆
D'après le sens liturgique de biner, binage désigne aussi le service de deux paroisses assuré par un même curé (1771).
■
BINOT n. m. (1311) est d'origine dialectale, du picard binô, binot ; c'est probablement le déverbal de BINOTER v. tr., « donner à (la terre) une seconde façon » (attesté 1356, mais antérieur ; Cf. binotage), bien attesté en picard pour « labourer superficiellement », de biner. Le mot désigne une petite charrue légère servant à biner ; on dit aussi BINOIR n. m., autre dérivé de biner.
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Du verbe binoter dérive également BINOTAGE n. m., attesté dès le XIIIe s. pour l'action de biner légèrement.
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BINEUR, EUSE n. (1539), peu attesté du début du XVIIe à la fin du XIXe s. (1899), désigne l'ouvrier chargé du binage et, au féminin BINEUSE, la machine exécutant la même opération (1855) ; le masculin est rare en ce sens.
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1 BINETTE n. f. (1651), nom de l'instrument qui sert à biner, est usuel.
❏ voir
DÉBINER.
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2 BINETTE n. f., au sens de « visage » (1843), est d'origine incertaine. L'hypothèse traditionnelle d'une dérivation de Binet, nom d'un coiffeur de Louis XIV, fait difficulté car binette, « perruque à la Louis XIV », n'est pas attesté avant 1813 (une première attestation en 1791 est sujette à caution). L'hypothèse d'une aphérèse puis d'une dérivation de trombine* au sens de « tête ridicule » (1836), proposée par Esnault, est séduisante. Celle d'une aphérèse de °bobinette, « figure », se heurte au fait que seul bobine (1846) et non bobinette est attesté au sens de « visage ». Enfin, l'influence de la paronymie bine-, bille « tête » est vraisemblable.
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Le mot désigne une figure ridicule, d'abord en argot puis dans la langue familière. Il tend à veillir au profit d'autres dénominations synonymes.
BING ! interj. et onomatopée, évoque un coup, un mouvement brusque (Cf. bang, boum). Il est attesté par écrit depuis 1865.
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BINGO n. m. est un emprunt (1944) à un mot anglais des États-Unis (1936), spécialisation et extension de sens probables de l'exclamation bingo !, de l'onomatopée bing. Le mot désigne un jeu de loto public ; il est courant en français du Canada (Québec et Acadie). Les bingos sont souvent organisés pour financer des œuvres.
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Lorsque bingo est employé en français de France comme exclamation ou onomatopée évoquant une explosion, il s'agit d'un réemprunt à l'anglais.
BINIOU n. m., une première fois beniou (1799), puis écrit bignou (1800) et enfin biniou (1823), est emprunté au breton moderne biniou « cornemuse ». Ce mot est le pluriel masculin employé au nord de la Bretagne (la partie sud employant binieu) de béni « bobine ». Le moyen breton benny a déjà le sens de « cornemuse » ; il appartient à la même racine celtique que le gallois °bannom, « corne », auxquels correspondent le cymrique ban et l'irlandais benn.
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Le mot désigne la cornemuse du folklore breton.
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Au figuré, il se dit en argot des musiciens (mil. XXe s.) d'un instrument à vent, surtout trompette ou cornet (1888, repris et diffusé au XXe s. en jazz), et familièrement du téléphone (un coup de biniou), concurrençant alors bigophone*.