BINOCLE n. m. est emprunté (1677) au latin scientifique binoculus, nom forgé à partir de bini, « une paire » (→ binaire), sur le modèle du latin monoculus (→ monocle), donné en 1645 à un télescope à deux oculaires par A. M. Schyrle de Rheita, astronome allemand (Oculus astronomicus binoculus, sive praxis dioptrices). Les œuvres de ce savant furent rendues accessibles en français par le père Chérubin d'Orléans (in T. L. F.).
❏  Le mot, d'abord employé adjectivement pour qualifier un oculaire à deux lentilles, n'est plus usité que substantivement ; il a d'abord désigné un télescope double (1677), sens où il sera supplanté par jumelles à la fin du XIXe siècle. ◆  Il est entré dans l'usage courant au sens de « double lorgnon à verres fixes » (1798, L. S. Mercier). Terme caractéristique de l'époque où cet instrument d'optique était à la mode (comme lorgnon, binocle), il se dit encore plaisamment au pluriel à propos de lunettes.
■  Par remotivation du sens propre du mot latin, le mot désigne en médecine un bandage destiné à recouvrir les deux yeux (1903).
❏  BINOCULAIRE adj. apparaît aussi chez Chérubin d'Orléans (1677) composé du latin bini et de oculaire* pour « qui se rapporte aux deux yeux ». ◆  L'adjectif s'applique (1863) à des instruments d'optique habituellement monoculaires, par exemple microscope binoculaire, d'où un binoculaire.
■  BINOCLARD, ARDE adj. et n. est dérivé tardivement (1885) de binocle « lunettes » et du suffixe péjoratif -ard pour qualifier et désigner la personne qui porte des binocles, et aujourd'hui des lunettes. Il est familier.
BINÔME n. m., d'abord binome (1554) puis écrit binôme (1798), est d'origine controversée. L'hypothèse la plus fondée est celle d'une adaptation du latin médiéval binomium, « quantité algébrique à deux termes », terme employé par Gérard de Crémone (1114-1187), auteur d'une traduction latine des commentaires arabes de Fadl ben Hatim an-Naizîrî sur les dix premiers livres de la Géométrie d'Euclide. Binomium serait composé du latin bis « deux fois » (→ bi-), et de nomen (→ nom) par traduction du grec onoma « nom » (→ onomatopée). L'hypothèse d'une formation à partir du préfixe bi-* et du grec nomos, « part, portion » (→ -nôme), ne semble pas à retenir. Il en va de même de l'hypothèse selon laquelle le terme de mathématiques serait une transposition de l'adjectif latin médiéval binomius, « qui a deux noms », en parlant d'une personne, lui-même latinisation des représentants romans du latin nomen (→ nom).
❏  Ce terme de mathématiques désigne une expression algébrique formée par la somme ou la différence de deux termes appelés plus tard (fin XVIIe s.) monômes. Il est aussi employé adjectivement (1613). ◆  Il est devenu un terme de taxinomie scientifique, désignant l'ensemble des deux termes latins, le premier pour le genre, le second pour l'espèce dans la classification de Linné. ◆  Il a été repris plaisamment par l'argot des écoles à propos du condisciple avec qui on effectue des travaux pratiques en sciences (1841, à Polytechnique).
❏  BINOMIAL, ALE, AUX adj. (v. 1450) qualifie ce qui est relatif à un binôme en mathématiques, puis une nomenclature de sciences naturelles constituée de binômes.
D'après binôme, par substitution de mono- à bi-, on a formé MONÔME n. m. (1691) en mathématiques, à propos de l'expression algébrique entre les constituants de laquelle il n'y a ni signe d'addition ou de soustraction, ni signe indiquant une relation. ◆  Par allusion à la suite des termes du monôme des mathématiciens, les étudiants de l'École polytechnique ont baptisé monôme une file d'étudiants se tenant par les épaules et se promenant sur la voie publique (1878).
■  TRINÔME n. m. (1613) désigne un polynôme à trois termes.
❏ voir POLYNÔME.
BIN'S n. m., mot d'argot militaire, est tiré de cabinet, employé dans une grande école (1893) pour « désordre, situation confuse », Cf. merdier.
❏  Le mot est attesté à partir du milieu du XXe s., d'abord en milieu militaire, pour situation confuse, désordre, avec la même valeur que bordel.
BINTJE n. f., prononcé bintch, est un emprunt au néerlandais, comme nom d'une variété de pomme de terre à chair jaune, un peu farineuse.
BIO-, élément préfixal, est un emprunt au grec bio-, représentant le substantif bios qui désigne non pas le fait de vivre, mais la manière de vivre, le mode de vie humain (quelquefois animal), d'où concrètement les moyens de vivre, les ressources, et, à époque tardive, la foule, le monde. Bios, qui repose sur un thème indoeuropéen °gwiy(e)- est un nom-racine thématique, existant en grec conjointement à un verbe de forme zên (→ zoo-) et ayant de nombreux correspondants dans les autres langues indoeuropéennes (en ce qui concerne le latin, vita, vivere → vie, vivre). À côté de bios, le grec a un autre substantif biotos, formé avec le suffixe -tos et signifiant « vie » et surtout « moyens de vivre, ressources » ; il est peu représenté en français.
❏  Bio- est peu productif avant le XIXe s. : il entre cependant dans BIOGRAPHE n. (1693, Ménage), formé de bio- et de l'élément -graphe*, à rapprocher du latin biographus, attesté au même sens, « auteur qui écrit la vie d'une personne », dans Du Cange.
■  Le substantif correspondant, BIOGRAPHIE n. f., attesté ultérieurement (1721), est directement emprunté au grec tardif biographia (v. 500), tout comme l'anglais biography. ◆  Le mot désigne le fait d'écrire une vie et le récit d'une vie, un ouvrage portant sur la vie d'une personne et le genre littéraire que constitue ce type de récit. Ce genre, qui existe depuis l'antiquité gréco-latine (Suétone, Plutarque), est illustré en France d'abord par les vies de saints et depuis la Renaissance, d'artistes, de savants, de personnages historiques. Dénommé en Angleterre vers la fin du XVIIe s. (Dryden, 1683, biography) et en français au XVIIIe s., le genre devient encyclopédique et universel au XIXe s. (1811, début de la Biographie universelle de L. G. Michaud) en même temps que l'intérêt se porte moins sur la rhétorique sociale et plus sur l'individu, avec le romantisme.
■  Il a pour dérivé usuel BIOGRAPHIQUE adj. (1800), qui a lui-même servi à former BIOGRAPHIQUEMENT adv. (1876).
■  BIOGRAPHIER v. tr. (1832), semble inusité.
Le préfixé en auto-*, AUTOBIOGRAPHIE n. f. (1836, L. Reybaud, mais antérieur) semble emprunté à l'anglais (1809, Southey) au sens actuel ; le mot a signifié aussi en français « biographie manuscrite », sens rapidement disparu. La valeur moderne, illustrée dès le XVIIIe s. par les Confessions de Rousseau, se développe avec le romantisme. De nos jours, le genre est commenté dans la mesure où il met en cause le rapport de l'énonciateur à son énoncé, du narrateur au récit.
■  AUTOBIOGRAPHIQUE adj. (1832) correspond aux connotations successives du mot. ◆  Voir aussi bibliographie (biobibliographie).
Le sens et la fortune de l'élément bio- sont liés au succès du mot BIOLOGIE n. f. apparu en 1802 chez Lamarck en même temps que l'allemand Biologie, mot forgé par le naturaliste allemand G. R. Treviranus dans Biologie oder die Philosophie der lebenden Natur (« philosophie de la nature vivante »), à partir des éléments grecs bio- et -logos (→ -logie). Biologie répond au besoin de nommer l'étude générale des organismes vivants, après la constitution d'une botanique et d'une zoologie scientifiques ; on parlait auparavant de physiologie générale ; le mot est en rapport avec l'importance prise par la notion d'organisation et d'organisme, avec le concept de cellule et de tissu vivants. Biologie a d'abord été compris comme le nom de la science générale des êtres vivants, incluant celle des plantes, des animaux et de l'homme. Lorsque les diverses branches de ce domaine d'études ont eu des noms usuels, biologie a désigné spécifiquement la science ayant pour objet l'étude générale des phénomènes vitaux et spécialement leur étude dans la cellule, dans l'individu et dans l'espèce (fin XIXe s.). ◆  Le mot a évolué selon l'histoire du concept, passant de l'idée initiale de « science des êtres vivants », réalisée dans biologie animale, végétale, à celle qui s'applique aux conditions générales de la vie, au niveau de la cellule (biologie cellulaire) du dynamisme de la variation dans l'individu et dans l'espèce, vers la fin du XIXe s., en relation avec embryologie, puis génétique, les modèles se rapprochant au milieu du XXe s. des réalités physico-chimiques (biologie moléculaire).
L'adjectif dérivé BIOLOGIQUE adj. (1832) a suivi l'évolution du concept de biologie, de même que BIOLOGISTE n. (1832), qui a remplacé BIOLOGUE n. ◆  L'adjectif a servi à former l'adverbe BIOLOGIQUEMENT (1826).
■  BIOLOGISME n. m. (1936, Sartre) s'applique à une explication sociologique ou psychologique par la biologie, souvent opposée au culturalisme. ◆  Biologie entre comme second élément dans des composés désignant des branches de la biologie (agrobiologie, astrobiologie, radiobiologie, sociobiologie, etc.).
■  Par ailleurs, plus récemment, les emplois de biologique au sens de « naturel », « sans traitements chimiques », dans le contexte de l'agriculture, a donné naissance à un BIO, adj. et n. (apparu vers 1970), devenu très courant : produits bio, par extension magasin bio, adverbialement manger bio. ◆  Enfin, biologique s'est enrichi sémantiquement et détaché de biologie, avec des emplois comme mère, parents biologiques, ou, dans un tout autre contexte, armes, guerre biologique, utilisant des organismes vivants pathogènes. C'est à ces emplois que se rattachent des composés récents (voir ci-dessous).
De nombreux composés préfixés dénomment des aspects particuliers des sciences de la vie.
AÉROBIOLOGIE n. f. (1968) s'applique à l'étude des micro-organismes en suspension dans l'atmosphère terrestre (pollens, spores, acariens...). De là AÉROBIOLOGIQUE adj. ◆  EXOBIOLOGIE n. f. (v. 1960) désigne l'étude scientique des possibilités de vie dans l'univers, en dehors de la Terre et de son atmosphère, notamment dans d'autres planètes. ◆  GÉOBIOLOGIE n. f. (1955) dénomme la science qui étudie les rapports entre l'histoire géologique de la Terre et l'évolution de la vie dans ce milieu. Le mot s'applique aussi à l'étude de l'influence des phénomènes terrestres (tellurisme, magnétisme, etc.) sur les êtres vivants. On a interprété le feng shui chinois comme géobiologique.
Dans le premier tiers du XIXe s., bio- sert à former des noms de sciences ou de domaines scientifiques liés à la biologie. Après BIOMÉTRIE n. f. (1833) « étude de la durée de la vie », sens archaïque, et BIOMÉTRIQUE adj. (id.), apparaissent des noms de disciplines.
■  BIOCHIMIE n. f. (1842) et BIOCHIMIQUE adj. (d'où BIOCHIMISTE n., 1920) correspondent à l'analyse du domaine trop extensif de la chimie.
■  BIODYNAMIQUE n. f. (1838-1842), « dynamique des formes vitales », est aujourd'hui terme d'histoire des sciences.
■  BIONOMIE n. f. et BIONOMIQUE adj. sont aussi enregistrés dans le Complément de l'Académie (1838-1842).
■  À la même époque, apparaît BIOSPHÈRE n. f. au sens disparu de « globule supposé à l'origine de tous les corps organisés », sens archaïque, le mot étant repris (1900) pour « portion du globe — croûte superficielle et couches basses de l'atmosphère — qui abrite la totalité des organismes vivants sur la Terre ».
■  BIOMAGNÉTISME n. m. est attesté dès 1858.
■  BIOCÉNOSE n. f. est un emprunt (1908) à l'allemand Biokönoze (K. A. Mœbius, 1877), du grec koinos « commun », mot correspondant au latin cum (→ co-), et se dit des populations d'êtres vivants dans une portion définie du milieu (biotope le concurrencera).
■  Après BIONOMIE n. f. (1842), « étude des rapports des êtres vivants avec leur milieu », et BIOGÈNE adj., d'abord employé en botanique (1842) puis (XXe s.) pour « qui engendre ou stimule la vie », sont attestés BIOGÉNIE n. f. (1866), vieilli, BIOGENÈSE n. f. (1899) « genèse, origine de la vie », d'où BIOGÉNÉTIQUE adj. (1899 ; 1898, dans un autre sens).
■  BIOGÉOGRAPHIE n. f. « géographie des phénomènes vivants » et BIOGÉOGRAPHIQUE adj. sont enregistrés dans les dictionnaires généraux en 1907.
■  BIOTHÉRAPIE n. f., formé avec thérapie*, « thérapeutique par des organismes vivants » (1909), a produit plus tard (v. 1950) BIOTHÉRAPIQUE adj.
■  Depuis le début du XXe s., de nombreux phénomènes physiques observés chez les êtres vivants sont dénommés grâce à l'élément bio- : BIOLUMINESCENCE n. f. (1905), BIOÉLECTRIQUE adj. (1925), BIOÉNERGÉTIQUE adj. (1911) semblent bien antérieurs aux substantifs correspondants comme BIOÉLECTRICITÉ n. f. (v. 1970).
■  BIOMÉCANIQUE n. f., qui existait déjà (1898) pour désigner ce que l'on appelle aujourd'hui biochimie et biophysique, est repris (mil. XXe s.) à propos de la science des effets extérieurs sur la cellule. ◆  BIOPHYSIQUE adj., emprunté à l'anglais biophysics (1892), est substantivé (la biophysique) au XXe s. (1938, Garnier et Delamare).
■  BIOTYPOLOGIE n. f. (1925) concerne l'homme, alors que BIOTYPE n. m. est un concept de biologie générale (Johannsen).
■  Les années 1950-1970 voient apparaître de nombreux composés désignant des disciplines nouvelles appliquant des connaissances scientifiques spécifiques au domaine du vivant : BIOACOUSTIQUE n. f., BIOASTRONAUTIQUE n. f. (1966), BIOCLIMATOLOGIE n. f. (1960) avec BIOCLIMAT n. m. et BIOCLIMATIQUE adj. (1966), à propos des éléments du climat qui influent sur la flore et la faune (d'une région), d'où BIOCLIMATOLOGIE n. f. ; BIOCYBERNÉTIQUE n. f. (1964), BIO-ÉLECTRONIQUE n. f. (1970), BIOMATHÉMATIQUE adj. et n. f. et BIOMATHÉMATICIEN, IENNE n. (v. 1970), BIOMÉDECINE n. f. (v. 1970) d'où BIOMÉDICAL, ALE, AUX adj., BIOMÉTÉOROLOGIE n. f., BIOPSYCHOLOGIE n. f., BIOPOLITIQUE n. f., BIOSPÉLÉOLOGIE n. f., BIOSYSTÉMATIQUE n. f. qui entrent dans les dictionnaires généraux entre 1964 et 1969 et concernent tous les applications de la science désignée par le second élément aux phénomènes vitaux ou aux êtres vivants.
■  Les composés désignent aussi des opérations, comme BIOCATALYSE n. f. (d'où BIOCATALYSEUR n. m.), BIOSYNTHÈSE n. f. (1950) ainsi que des substances : BIOSTIMULINE n. f. (v. 1965).
■  BIOCOMPATIBLE adj. (v. 1970) qualifie une substance tolérée par un organisme.
■  BIODÉGRADABLE adj. (1966), devenu courant dans le contexte de l'écologie, qualifie une matière que les micro-organismes peuvent détruire (de là BIODÉGRADATION n. f., 1966).
■  BIO-INDUSTRIE n. f. (av. 1979 in Robert) et BIOTECHNOLOGIE n. f. (1980) anglicisme probable substitué à BIOTECHNIQUE n. f. (d'abord « psychotechnique biologique », mil. XXe s.), et BIOTECHNOLOGIQUE adj. sont devenus relativement usuels. Ces valeurs nouvelles attachées à bio- ont suscité de nouveaux composés à partir des années 1980, par exemple autour des risques que présentent les biotechnologies : BIOSÉCURITÉ n. f., BIOVIGILANCE n. f.
Longtemps après biocénose (ci-dessus) apparaissent BIOTOPE n. m. (1947) et BIOMASSE n. f. (1966 in T. L. F.).
Parmi les anglicismes (très nombreux) certains se confondent avec des formes composées en français. C'est le cas de BIORYTHME n. m., emprunté (1972) à biorythm.
BIOPSIE n. f. est formé (1879) de l'élément bio-* et du grec opsis « vue » (→ optique). ◆  Ce mot de médecine désigne le prélèvement d'un fragment de tissu ou d'organe sur un être vivant pour analyse. Il est devenu relativement courant en tant que procédé d'examen (dépistage du cancer...).
■  Le dérivé BIOPSIQUE adj. (v. 1920) est plus didactique.
Dans certains cas, l'élément bio- ne vaut pas pour « vie », mais pour « biologie ». C'est le cas pour quelques-uns des composés signalés plus haut, et plus clairement, pour BIO-ÉTHIQUE adj. et n. f. (1982), qui concerne les problèmes moraux liés à la recherche biologique, génétique et médicale, ou BIOTECHNOLOGIE n. f. (1980) « ensemble de techniques de biologie appliquée ».
De très nombreux composés sont apparus dans la seconde moitié du XXe s., notamment :
BIONIQUE n. f., mot-valise, de électronique (1958), est le nom d'une science interdisciplinaire s'inspirant des modèles observés chez les animaux pour l'échange de messages, en vue d'une application à l'électronique, par l'élaboration d'automatismes inspirés du monde vivant. ◆  BIOCIDE n. m. (1969 de -cide, élément de composés) s'applique à tout produit, fongicide, herbicide, pesticide, etc. qui détruit des êtres vivants. ◆  BIODESIGN n. m., emprunté à l'anglais, de bio- et design (→ design), se dit (1987) d'un type de création de formes s'inspirant du vivant, notamment du corps humain, sans angles vifs. ◆  BIOCARBURANT n. m. (1977 ; de carburant) s'applique aux carbutants d'origine végétale, comme l'éthanol, les esters de colza, de tournesol, le biodiesel... ◆  BIOGAZ n. m. désigne tout gaz combustible produit par la fermentation de déchets animaux ou végétaux. ◆  BIODIESEL n. m., de (carburant) diesel, est le nom (années 1990) d'un biocarburant tiré de matières grasses organiques. ◆  BIODIVERSITÉ n. f. (v. 1985) désignant la diversité des espèces vivantes dans un milieu donné (y compris les micro-organismes) est devenu un mot courant, dans le contexte de la disparition de plus en plus rapide d'espèces vivantes avec l'exploitation humaine. ◆  BIOÉNERGIE n. f. (v. 1975) emprunt à l'anglais, de energy, désigne une thérapie visant à libérer l'énergie vitale d'une personne. En français, le mot est très postérieur à BIOÉNERGÉTIQUE adj., attesté dès 1911 avec une valeur plus large, pour qualifier tous les processus modifiant l'énergie dans les tissus vivants. ◆  BIO-INFORMATIQUE n. f. (1995) s'applique à l'informatique appliquée aux données quantitatives fournies par la biologie. ◆  BIOMATÉRIAU n. m. (1969) désigne les substances libérées par l'organisme et qu'on peut utiliser pour les prothèses. ◆  BIOMOLÉCULAIRE adj. (1986), emprunt à l'anglais biomolecular, qualifie ce qui relève de la biologie moléculaire. ◆  BIOPUCE n. f., calque (années 1980) de l'anglais biochip (1981), s'applique à un support garni de fragments d'ADN pour des analyses de mélanges complexes. ◆  BIORÉACTEUR n. m. (1982) s'applique à un dispositif où s'effectuent des réactions biochimiques. ◆  BIOSCIENCES n. f. pl. (1982) est le nom rarement employé, donné à l'ensemble des sciences de la vie (appliquées, par exemple, à l'étude globale de l'environnement). ◆  BIOSÉCURITÉ n. f. (1990) désigne la prévention des risques liés au développement des biotechnologies, comme le génie génétique, les cultures transgéniques (voir OGM)... Cf. biovigilance. ◆  BIOTERRORISME n. m. (attesté 1998) s'applique à l'utilisation des armes biologiques (germes pathogènes, etc.) par le terrorisme. ◆  BIOVIGILANCE n. f. (1989) dénomme la surveillance sanitaire des organes, cellules et tissus vivants utilisés à des fins médicales (greffes, transplantations...). Un autre sens donné au mot est « surveillance des cultures de végétaux génétiquement modifiés (OGM, notamment) ».
BIOTIQUE adj. est un emprunt (1845) au bas latin bioticus, lui-même pris au grec biôtikos « qui permet la vie », de bioun « vivre ». ◆  Cet adjectif, synonyme disparu de vital, a été repris (attesté 1966) pour qualifier des organismes vivants et ce qui permet la vie, alors opposé à abiotique (→ antibiotique). ◆  PRÉBIOTIQUE adj. semble emprunté (vers 1970) à l'anglais prebiotic (1958) pour « qui précède l'apparition de la vie sur la Terre », s'appliquant notamment à la chimie des molécules conduisant à la chimie organique. En physiologie, l'adjectif qualifie une substance qui résiste à la digestion et permet l'existence de la flore intestinale. ◆  PROBIOTIQUE adj. est un emprunt (1987) à l'anglais probiotics (1965) à propos d'un aliment contenant des micro-organismes exerçant un effet bénéfique sur l'organisme qui les ingère.
-BIE, élément suffixal formé d'après la finale de amphibie* emprunté au grec, ne se trouve que dans AÉROBIE adj. et n. m. (1875), d'où ANAÉROBIE adj. et n. m. (1863), employés à propos d'organismes vivants qui se développent dans l'air ou dans un milieu privé d'air ; on en a tiré ANAÉROBIOSE n. f. (v. 1890) et ANAÉROBIQUE adj. (XXe s.). Les dates d'attestation laissent à penser que anaérobie a été formé (sur an- [a- privatif], aéro- et -bie) avant aérobie.
■  NÉCROBIE n. f. (1867), d'où NÉCROBIOTIQUE adj. (1867), est archaïque.
❏ voir AMPHIBIE, ANTIBIOTIQUE, CÉNOBITE, MICROBE et MICROBIOLOGIE.
BIP n. m., onomatopée internationale, s'est imposé sous la forme répétée (bip bip) à l'occasion du lancement du premier satellite artificiel soviétique (le spoutnik).
❏  Le mot a d'abord désigné un signal acoustique répété ou non, et, par métonymie le dispositif capable d'émettre un tel signal.
❏  BIPER v. tr. (1989) signifie « avertir au moyen d'un bip, par un bip sonore ».
■  BIPEUR n. m. est moins courant que bip pour « appareil qui émet un bip ».
BIPÈDE adj. et n. est un emprunt de la Renaissance (1598) au latin bipes, -edis, formé de bi- et de pes, pedis (→ pied).
❏  Le mot signifie « qui marche sur deux pieds ». Il est substantivé (1755) et, s'appliquant surtout à l'homme, s'emploie plaisamment pour « être humain ».
■  En équitation, le bipède désigne deux jambes d'un cheval.
❏  BIPÉDIE n. f., terme didactique, désigne l'aptitude à marcher sur deux jambes (1955 dans Teilhard de Chardin).
? BIQUE n. f. (1509) est un terme de la France du Nord et du domaine franco-provençal d'origine incertaine : une altération de biche* (d'abord « bête ») par croisement avec bouc* n'est pas impossible, certains dérivés de biche désignant la chèvre (bichette « chèvre » dans le Centre). L'hypothèse qui en fait simplement un féminin de bouc* à voyelle expressive est moins fondée. L'idée d'un radical germanique °bik- « pointu, saillant » qui expliquerait l'antériorité de biquet sur bique, est douteuse, l'existence d'un mot germanique °bik, « chèvre », n'étant pas confirmée. Il ne faut peut-être pas écarter la possibilité d'une origine onomatopéique bik, servant à appeler la chèvre. P. Guiraud propose de réunir bique et biche comme variantes d'un étymon unique latin bis-, big-, contesté et qui ferait de la chèvre comme de la sauterelle (parfois nommée biche) un animal « qui saute en biais, en zigzag ».
❏  Bique est un mot familier ou régional pour la chèvre ; il a développé quelques emplois figurés. La locution crotte de bique désigne au figuré une chose insignifiante et le syntagme vieille bique (1830) se dit péjorativement d'une vieille femme. Bique et bouc « à la fois homosexuel passif et actif » est attesté dès 1897 (dans Bernet et Rézeau). ◆  Par extension, le mot s'est appliqué à un vieux cheval, une rosse (1864).
❏  BIQUET n. m., d'abord attesté au sens de « support » (1355) puis spécialement de « trébuchet qui sert à peser l'or et l'argent » (1399), est un exemple de transposition d'une dénomination animale à celle d'instruments techniques ; Cf. poutre, bélier... ◆  Il n'est attesté que depuis 1668 au sens propre de « petit de la bique » par une nouvelle dérivation, le féminin BIQUETTE (1842) désignant une petite chèvre. En français de France, c'est un terme mélioratif. En Nouvelle-Calédonie, c'est un mot neutre pour « chèvre ». ◆  Le masculin sert de terme d'affection à l'égard d'un enfant, plus rarement d'un adulte (1843, Flaubert, Correspondance).
■  BICOT n. m., « chevreau » (1892), est vieilli. Le mot a servi à traduire le nom du héros enfantin d'une bande dessinée américaine, évoquant un gamin gentiment turbulent.
REBIQUER v. intr., attesté au XXe s. mais antérieur dans les dialectes, est formé de re-* et de biquer ; le verbe étant dérivé de bique au sens métonymique de « corne », avec influence de bec, et employé à propos d'une pièce qui dépasse. ◆  Le dialectal rebiquer, « se mettre en travers (en parlant des poils) », s'est répandu dans l'usage familier en parlant de ce qui se retrousse en formant une corne, un angle (XXe s.).
BIRBE n. m. est emprunté (1836) à l'italien birba « coquin » (d'où birbante), probablt du même radical expressif que bribe, avec influence de barbon par le sens.
❏  Sorti d'usage pour « vieillard », péjoratif, il entre dans l'expression vieux birbe (1909 dans les Pieds Nickelés).
BIRCHER n. m. est le premier élément, tiré d'un nom propre, celui de Maximilian Oskar Bircher-Benner, médecin zurichois, du composé bircher muesli. Alors qu'en français de France et du Québec, on emploie plutôt muesli ou musli, on dit en français de Suisse bircher pour ce mets de (petit-)déjeuner, composé de céréales, fruits, fruits secs, yogourt, lait ou crème.
BIROUTE n. f. est un terme qui semble appartenir à l'argot des aviateurs (1913), mais dont l'origine est obscure, sinon que le début et la fin du mot peuvent évoquer bite, et le milieu route.
❏  Le mot a désigné le manche à air indiquant la direction du vent, essentielle pour le décollage et l'atterrissage. De ce sens quasi professionnel est venu celui, populaire et général, de pénis.
1 BIS adv. est l'emprunt, enregistré seulement en 1690, du latin bis « deux fois » (Plaute), adverbe fréquent avec des noms de nombres cardinaux, ordinaux ou distributifs (→ bissextile). Bis, à côté de bi- (→ bi-), a servi de premier terme de composition dans des formations, soit savantes (calquées sur le grec), soit populaires. Le mot, dont Cicéron cite l'ancienne forme dvis, appartient à la famille de duo (→ deux, duo) ; il correspond au grec dis, à l'ancien irlandais tvis- et au sanskrit dvíḥ « deux fois ».
❏  Bis, repris avec le sens du mot latin, « deux fois », est employé spécialement en musique pour marquer la répétition d'un couplet de chant, d'une phrase musicale. ◆  Depuis le XVIIIe s., pendant un concert, un spectacle, il est employé comme exclamatif pour demander la reprise d'un morceau de musique (1762) et substantivé en ce sens (les bis ; puis crier bis). ◆  En apposition après un numéro d'ordre, il indique que celui-ci est répété une seconde fois, par exemple dans la numérotation des maisons d'une rue.
❏  Son dérivé BISSER v. tr. (1820) correspond d'une part à « demander à un artiste de recommencer le morceau qu'il vient d'exécuter » et, d'autre part, avec un changement de point de vue, à « répéter un morceau à la demande du public ». Signalé comme « néologisme » par la plupart des dictionnaires généraux du XIXe s., attesté au p. p. dès 1801, il est devenu usuel.
■  En français de Belgique, le verbe s'emploie pour « redoubler (une classe) ». ◆  BISSEUR, EUSE n. se dit pour « redoublant, ante ».
❏ voir BARLONG, BÊCHER, BESACE, BESAIGUË, BESSON, BÉVUE (à VOIR), BIFIDE, BIFURQUER, BIGAME, BIGARRÉ, BIGORNE, 2 BIGOT, BINAIRE, BINER, BINOCLE, BINÔME, BISCOTTE, BISCUIT, BISEAU, BLUETTE ; et aussi BÉSIGUE, BIAIS, BICOQUE, BIGLE, BISTRE.
? 2 BIS, BISE adj. (1080) est d'origine contestée. L'hypothèse d'un francique °bîsi, « gris assombri, couvert de nuages », à rattacher au francique °bisa « vent du nord-est » (→ bise), est à écarter, notamment parce qu'elle ne peut rendre compte du correspondant italien bigio. L'hypothèse d'une transformation de l'adjectif gris* soulève des difficultés phonétiques, de même que celle d'un emprunt à un latin populaire °bysseus, « étoffe de coton », dérivé du latin impérial byssus (Ier-IIe s.), lui-même emprunté au grec bussos, « tissu de lin » puis également « de coton, de soie », terme d'origine sémitique (hébreu et araméen būṣ) ; cette hypothèse ne rend pas compte de l'-s sonore des formes gallo-romanes. La possibilité d'une formation par aphérèse du bas latin °bombyceus, « de soie, de la couleur de la soie », dérivé de bombyx (→ bombyx), fait aussi difficulté du point de vue phonétique. P. Guiraud suppose, sans autre preuve, une série de dérivés populaires du latin bis, « deux fois » (→ 1 bis), dont un °biseus qui, du sens propre de « composé de deux parties », serait passé à celui de « mélangé, impur ».
❏  Le mot qualifie une couleur d'un gris tirant sur le brun, en particulier un pain de qualité inférieure, de couleur gris-brun à cause du son qu'il contient. Pain bis est resté courant, mais les autres emplois ont vieilli (étoffe bise, etc.).
❏  BISET n. m., nom donné à une étoffe bise, est attesté une première fois à la fin du XIIe s., employé comme adjectif au XIIIe s. puis sorti d'usage, avant d'être reformé au XVIIIe s. (av. 1723). ◆  Par allusion à la couleur grise, biset est devenu le nom d'un pigeon sauvage d'un gris ardoisé (1552). ◆  Par métonymie du nom de l'étoffe, le mot a désigné un garde national qui faisait son service sans porter l'uniforme (1815).
■  BISAILLE n. f. (XVIIe s.), de nos jours archaïque, désigne une farine de deuxième qualité dont on fait le pain bis, ainsi qu'un mélange de pois gris et de vesce pour nourrir la volaille.
■  2 BISER v. intr. est signalé par Furetière (1690) à propos de grains qui dégénèrent en noircissant.
2 BISONNE n. f., répertorié par l'Académie en 1835 comme nom d'une forte toile grise servant à faire des doublures, est probablement la substantivation d'un adjectif bison, bisonne, dérivé suffixé de bis, bise, avec ellipse d'un substantif comme toile.
❏ voir BISTRE.
BISBILLE n. f. est emprunté (1606) à l'italien bisbiglio « chuchotement, murmure » (1300-1350) d'où « murmures pouvant exprimer la désapprobation, la médisance, l'intérêt, la stupeur » (XVe s.). Ce mot est le déverbal de bisbigliare « murmurer », d'origine onomatopéique (à comparer à l'onomatopée bzzz évoquant en français un vol d'insecte).
❏  Le mot, recueilli dans un dictionnaire français-italien au sens général de « murmure », désigne familièrement (1752) une petite querelle pour un motif futile.
BISBROUILLE n. f., croisement de bisbille et brouille, s'emploie en français de Belgique (déb. XXe s.) et du Jura suisse pour « petite brouille ».
BISCÔME n. m., d'abord biscope (1541), puis biscome (1709), est censé être une forme populaire venue du latin episcopus « évêque » → épiscopal, les biscômes de la Saint-Martin représentant le saint avec les attributs d'évêque. Cependant, l'initiale bis- rapproche ce nom de biscuit.
❏  Le mot s'emploie en français de Suisse pour un pain d'épice de couleur brune, souvent décoré de figures en sucre.
BISCORNU → CORNE ; BIGORNE
BISCOTTE n. f. est emprunté (1807) à l'italien biscotto, attesté depuis la première moitié du XIVe s. comme substantif, ainsi que dans le syntagme pane biscotto « pain cuit deux fois ». Le latin médiéval biscottum est attesté dès 1218 à Modène, capitale de l'Émilie. Le mot italien est formé du préfixe bis- (→ bi-, 1 bis-) « deux fois » et de cotto, participe passé masculin de cuocere « cuire », correspondant du français cuire*.
❏  Le mot désigne d'abord, chez Grimod de la Reynière, une friandise constituée de pain au lait aromatisé recuit deux fois. C'est le sens dominant au XIXe s., où le mot (v. 1850) s'applique aussi à un aliment pour les jeunes enfants, qu'on délayait pour faire des bouillies, puis à des biscuits secs (biscottes de Bruxelles, biscotte de Verdun, à l'anis). Le mot s'est répandu, au XXe s., avec la fabrication industrielle de tranches d'un pain spécial séché et doré remplaçant souvent le pain dans certains régimes, et présentées en paquets.
❏  BISCOTIN n. m. est emprunté (1680), antérieurement à biscotte, à l'italien biscottino (XVIe s.), diminutif de biscotto. Le mot désigne un petit biscuit dur et craquant fabriqué dans le midi de la France.
❏ voir BISCUIT.
BISCOT(T)EAU → BICEPS
BISCUIT n. m., soudure de bis cuit (1538), est la réfection savante d'après le latin bis (→ bi-, 1 bis) de l'ancien français bescuit « cuit deux fois » (v. 1112). Ce mot, comme le provençal bescueit, l'espagnol bizcocho, le portugais biscuto et l'italien biscotto (→ biscotte), vient d'un latin médiéval °biscoctus « deux fois cuit », substantivé par ellipse de panis (→ pain), de bis « deux fois » et coctus, participe passé de coquere (→ cuire).
❏  Le mot, souvent dans pain biscuit en ancien français, a désigné un pain cuit deux fois, spécialement une mince galette cuite deux fois et dont on faisait provision pour les longs voyages en mer (biscuit de mer), d'où la locution figurée il ne faut pas s'embarquer sans biscuit (1587), « il ne faut pas s'engager dans une entreprise à la légère ». Le successeur de ce biscuit est le biscuit de soldat, séché et réduit en galettes, qui remplaça le pain de munition pour les soldats en 1792, ce procédé était déjà utilisé par les légions romaines. ◆  Depuis le XVIIe s., le mot s'applique aussi à un gâteau sec fait avec des œufs, de la farine et du sucre (1660), pâtisserie dont une variété, le biscuit sec, est devenue au XXe s. une fabrication industrielle. L'expression biscuit de Savoie est attestée dès 1607 ; biscuit à la cuiller en 1827. Au Québec, biscuit soda « biscuit salé ». En français mauricien, biscuit cabine, « biscuit salé croustillant », biscuit-Marie, sorte de petit-beurre, biscuit sorbet, « gaufrette à la crème ».
■  Biscuit a développé aussi, en français classique, des acceptions techniques, autrefois pour une fausse teinture qui ne résiste pas au débouilli (1690), de nos jours pour la pâte du potier avant que la couverte y soit appliquée (1751), et surtout pour une porcelaine blanche non émaillée, ainsi nommée (1798) non pas pour une double cuisson, mais parce que la matière, poreuse, a été comparée à du biscuit de soldat (d'après P. Larousse). ◆  De là, un biscuit s'est dit par métonymie pour « figurine en biscuit ». ◆  Par analogie, il se dit de l'os de seiche que l'on donne aux petits oiseaux en cage pour s'aiguiser le bec (1834).
■  Enfin, le mot a pris en argot le sens figuré de « difficulté » (1862) dont découle probablement celui de « contravention » dans l'argot des chauffeurs de taxis (1935).
❏  BISCUITÉ, ÉE adj. (1806, dans un contexte militaire) a qualifié un pain cuit plus longtemps que le pain ordinaire et se dit d'une porcelaine ayant subi une cuisson spéciale (1867).
■  BISCUITER v. tr., d'abord au participe passé (1845, pour une tuile ; 1867, pour la porcelaine), est un terme technique pour « cuire au four une pièce de poterie pour la durcir ».
■  BISCUITERIE n. f. (av. 1877) est relatif à la fabrication des biscuits secs et à une branche de l'industrie de la porcelaine (1930).
❏ voir BISCOTTE.
1 BISE, BISOU → BAISER