G +
BLESSER v. tr., d'abord blecier (fin XIe s.), écrit blecer (1080) puis blesser (XVe s.), est issu d'une forme gallo-romane °blettiare « meurtrir », qui remonte à un francique °blettjan, dérivé d'un substantif correspondant à l'ancien haut allemand bleizza « ecchymose, trace d'une blessure, cicatrice », attesté dans le composé freobleto, frioblitto « plaie qui s'étend ». Ce substantif francique est aussi à rapprocher de l'adjectif anglo-saxon blate « pâle, blême » (v. 1100), vieil anglais blát « blême ».
❏
Le sens étymologique de « meurtrir » (fin
XIe s.) se rencontre jusqu'au
XVe s., surtout pour l'acte consistant à meurtrir des fruits (pommes, olives) pour les faire mûrir, et aussi pour « faire une contusion à (qqn) » (1080), voire avec la simple idée de « presser », par exemple presser avec le pied en signe d'amour. Cet emploi vit encore dans les dialectes du Nord et de l'Est, notamment le liégeois
blessi « broyer, piler », le suisse romand (Genève)
blyési « amollir un fruit » et dans le dérivé français
blet (ci-dessous).
◆
Le sens secondaire d'« endommager (qqch.) » (v. 1155), réalisé concrètement et abstraitement avec la nuance de « porter préjudice à (qqn) » (1080), s'est éteint au
XVIe siècle. Il s'est prolongé en marine où on a dit
blesser à propos d'un navire, pour « endommager », ceci du
XVIIe au
XIXe siècle.
■
Le sens moderne de « frapper (qqn) d'un coup qui cause une lésion » apparaît de bonne heure dans un contexte guerrier (1080) et se répand rapidement, supplantant l'ancien français nafrer, navrer (→ navrer), lui aussi d'origine germanique ; il est également réalisé à la forme pronominale se blesser (v. 1175) et avec un nom de chose pour sujet (XVe s.), comme dans la locution figurée savoir où le bât blesse (XVe s.) et frapper qqn où le bât le blesse (1602) « au point sensible ».
◆
Au figuré, le verbe signifie « toucher péniblement, atteindre désagréablement » (1176), en particulier avec un sujet désignant des paroles (v. 1130-1165), et autrefois un sentiment fort, tel que l'amour (v. 1360).
◆
Les sens secondaires, « nuire » (v. 1270), et plus encore « offenser, choquer », en parlant de choses contraires à la morale ou aux bienséances (1501-1504), qui étaient usuels à l'époque classique (blesser la pudeur, etc.), relèvent de nos jours d'un usage littéraire.
❏
Outre les adjectifs tirés des participes
BLESSÉ, ÉE (v. 1155) et
BLESSANT, ANTE (v. 1165), lequel ne s'emploie plus qu'au figuré, où il est usuel (
propos blessants ; être blessant « insultant »),
blesser a produit un premier dérivé dès le
XIIe siècle.
■
BLESSURE n. f., d'abord blescëure (v. 1155), désigne la plaie produite par un coup, puis par métaphore une atteinte morale (XIVe s.), une souffrance infligée à l'amour-propre (1538).
■
BLESSEMENT n. m., d'abord blecement (v. 1370) chez Oresme au sens abstrait de « dommage », a été reformé au XIXe s. comme synonyme d'« infraction, violation » (1840) dans la langue juridique archaïque. Le sens concret de « blessure physique » (1394) est lui aussi sorti d'usage au XVIIe s. sous la concurrence de blessure.
◆
Celui de « fait de blesser moralement » est rare.
■
BLESSABLE adj., attesté à quelques reprises au XVIIe s. (1603, 1611, 1628), puis de nouveau en 1893 chez P. Bourget, est demeuré rare.
◈
BLET, BLETTE adj., réfection (v. 1295) d'après les adjectifs en
-et, -ette, de l'ancien français
blece « meurtri (d'un fruit) », de genre féminin, lui-même dérivé du verbe
blecier pris au sens étymologique de « meurtrir des fruits », n'est plus senti comme étant lié à
blesser.
◆
Le mot est d'abord attesté au féminin (le masculin
blet apparaissant fin
XIVe s.), parce que les noms des fruits en ancien français étaient presque tous de genre féminin. Employé à propos d'un fruit trop mûr et, par métaphore, d'une chose concrète ou abstraite, d'une personne (fin
XIVe s.),
blet est peu attesté avant le
XVIe siècle.
■
Il a produit BLETTIR ou BLÉTIR v. intr. (1338), de sens propre et figuré, qui a lui-même donné BLETTISSEMENT n. m. (1826) et BLETTISSURE n. f.
◈
L'ancien adjectif
blece s'est maintenu sous une de ses formes régionales,
BLÈCHE adj. et n. m., originaire de Normandie. Par transposition du sens physique de « mou, gâté » sur le plan moral, le mot a désigné (1596) et qualifié une personne molle, manquant de fermeté.
◆
Ce sens a vieilli, mais l'argot a gardé le mot avec la valeur plus floue de « vilain, mauvais », spécialement l'argot des typographes (1794) pour qualifier une période improductive, sans gain d'argent, dans l'expression
faire banque blèche, disparue avec cet emploi.
G
BLEU, BLEUE adj. et n. est issu (v. 1121), par l'intermédiaire du latin médiéval blavus (VIe s., Isidore de Séville), d'un francique °blao de même sens, reconstitué par l'ancien haut allemand blāo, blāwīr et d'où vient l'allemand moderne blau. Le mot vient d'une forme germanique °blaewaz, à laquelle remontent également l'ancien frison, le néerlandais blaauw, l'ancien norrois blár « bleu foncé, livide », etc. Le mot germanique est probablement apparenté aux mots latins flavus « blond jaune, rougeâtre », fel (→ fiel), florus « blond », adjectif de la poésie archaïque qui se rattache à une racine indoeuropéenne occidentale °bhlē-, °bhlō-. Comme pour d'autres noms de couleur (Cf. blanc, blond, gris), la signification du mot est imprécise à l'origine et s'est précisée à mesure de ses applications.
◆
Parmi les anciennes formes, blef (v. 1221) est un masculin refait d'après le féminin ancien bleve (de °blęwa) ; blo, bloe (v. 1175) et blou (v. 1200) s'expliquent à partir de la forme primitive blao ; la forme actuelle bleu, bleue (XIIIe s.) provient du type °bláwu. L'anglais blue (→ blues) est emprunté au français.
❏
Le sens le plus ancien de l'adjectif semble être, soit « pâle, blanchâtre », soit « livide, bleuâtre », sens avec lequel
bleu qualifie surtout le teint du visage et l'état d'une peau contusionnée, à mettre en parallèle avec la nuance de l'ancien espagnol
blavo « gris-jaunâtre ». Ce sens physiologique — et peut-être guerrier, s'agissant de blessures — se maintient dans la locution
être bleu de peur et dans la description de certaines pathologies (1837,
maladie bleue) ;
Cf. ci-dessous un bleu. Un autre sémantisme, pour l'adjectif qualifiant une personne, est réalisé en français de Belgique, avec
être bleu de (qqn, qqch.) « très épris ».
◆
Le sens aujourd'hui dominant, « couleur du ciel pur, clair ou couleur analogue plus foncée », apparaît au
XIIe s. (v. 1150), se fixant dans un certain nombre de syntagmes dont les plus récents sont
zone bleue (1957),
carte bleue (désignant une carte de crédit).
◆
Le sens du mot reste cependant indécis dans plusieurs syntagmes courants : il entretient notamment un rapport complexe avec
rouge dans les syntagmes
vin bleu « vin rouge de mauvaise qualité » (v. 1850),
bifteck bleu « très peu cuit » (v. 1950), intensif de
saignant et
sang* bleu, ce dernier étant généralement considéré comme un calque de l'espagnol
sangre azul, appliqué au sang des grandes familles castillanes qui le déclaraient exempt de « sang » maure ou juif, peut-être parce que les peaux les plus claires laissent transparaître des veines bleues ou pour des raisons plus symboliques.
■
Bleu est substantivé (le bleu) pour désigner la couleur bleue (1180-1200), en particulier celle des vêtements, et une matière colorante bleue (1577), la locution figurée passer au bleu « faire disparaître » (1877) s'expliquant d'après le bleu de lessive utilisé pour blanchir le linge.
◆
Un bleu au sens de « marque sur la peau, ecchymose » est attesté plus tard (1863).
◆
Dès l'ancien français, un bleu (ou une bleue) désigne par métonymie une chose de couleur bleue (1254 pour un linge bleu), une personne vêtue d'un vêtement bleu ou caractérisé par un accessoire bleu : on a appelé bleues (1679), pour filles bleues, les religieuses en manteau bleu de l'un des ordres de l'Annonciade. En histoire, d'après l'uniforme, les bleus a désigné successivement, en France, un des corps de la maison du roi (1752), les soldats républicains (1793), les bonapartistes (1867).
◆
Par allusion au fait que les soldats d'origine populaire arrivaient souvent à la caserne en blouse bleue, bleu est devenu la désignation familière d'une jeune recrue (1791), sens répandu au XIXe s., avec des dérivés (Cf. ci-dessous bleusaille), et s'est étendu à un nouvel élève dans une classe (1898) (Cf. bizuth).
◆
L'expression cordon bleu, appliquée proprement au ruban moiré et bleu porté par les chevaliers du Saint-Esprit (1694), a désigné un chevalier du Saint-Esprit (XVIIe s.) puis, par extension, une personne qui se distingue en qqch. (1721), avant de se spécialiser plaisamment à propos d'une cuisinière très habile (1835).
■
Une tradition remontant peut-être aux contes bleus « récits fabuleux » (allusion à l'ancienne bibliothèque bleue, célèbre collection de colportage constituée de romans d'aventure traditionnels), a donné conte bleu au sens péjoratif de « sornette » (seconde moitié du XVIIe s.), liant le nom à l'idée d'illusion. De là les locutions familières (avec le mot substantivé) en dire de bleues « mentir » (régionalement), n'y voir que du bleu (1837) et être dans le bleu « dans l'irréel » (1866), cette dernière évoquant les valeurs d'idéal associées à la couleur du ciel, l'azur (Cf. être dans les nuages). C'est bleu « surprenant, invraisemblable », en être bleu « être stupéfait », notés par les dictionnaires d'argot du XIXe s. (1867), ont vieilli. Cet emploi est peut-être en rapport avec le belgicisme être bleu de... (ci-dessus).
◆
Le sémantisme différent de l'expression en voir de bleues (1843), « supporter des choses désagréables », est peut-être dû à bleu « marque de coup ».
Au XVIIIe et au XIXe s., BLEU n. m. devient la dénomination d'un certain nombre de choses concrètes. En cuisine, la locution au bleu (1718) s'applique à une façon de préparer les poissons d'eau douce (Cf. en allemand, Forelle blau « truite au bleu »). Du bleu a désigné (comme du vin bleu) un vin rouge de mauvaise qualité (1851). Le bleu (1928) se dit d'un type de fromage à pâte persillée par des moisissures (bleu d'Auvergne, bleu de Bresse) différent du roquefort.
◆
Le nom sert aussi régionalement à désigner certaines espèces animales (1803, un squale). Une altération du lait due à un microbe communiquant au liquide une teinte bleuâtre (1922) s'appelle aussi le bleu.
◆
Le mot s'applique aussi à une combinaison de travail, d'abord de couleur bleue (un bleu, 1945). Un bleu, un petit bleu s'est dit d'un télégramme sur papier bleu. Au Québec, c'est le nom de la feuille de licenciement (recevoir son bleu). En français de Suisse, bleu est le nom familier du permis de conduire. En France, par allusion au maillot bleu de l'équipe nationale de football, les Bleus se dit des joueurs de cette équipe.
◆
Le féminin BLEUE, déjà employé comme nom pour désigner une baie (1586, à propos de la Floride), préparait l'emploi de bleuet (ci-dessous). Il est lexicalisé dans la grande bleue « la mer » et spécialement « la Méditerranée » (1868, Juliette Adam).
◆
Une autre valeur de bleue n. f. est, en français de Suisse, celui de « liqueur forte tirée de l'absinthe » (sens qui a existé aussi en France, supplanté par la verte).
◆
Le pluriel les BLEUS, en français québécois, est un emprunt à l'anglais the blues et avoir les bleus correspond au français de France avoir le cafard. Tomber dans les bleus « délirer, devenir fou ».
❏
BLEUIR v. (1360-1384), d'abord
blauir (v. 1290) « devenir bleu », a absorbé l'ancien français
bloir (1175) « devenir blême sous le coup d'une vive et soudaine émotion ». L'emploi transitif pour « rendre bleu », répertorié en 1690 par Furetière, est certainement bien antérieur.
■
Les dérivés de ce verbe apparaissent au XVIe s. : BLEUISSEMENT n. m. (1838), BLEUISSAGE n. m. (1845), BLEUISSURE n. f. (1867, Goncourt) expriment respectivement le fait de devenir bleu, de rendre bleu et son résultat. BLEUET ou BLUET n. m. est d'abord un adjectif (1291-1295) devenu rare après le XVIe s. et repris dans la seconde moitié du XIXe s. par les poètes (1873, Cros).
◆
Le mot s'est répandu comme substantif (1380) en botanique, à propos d'une centaurée à fleur bleue (1404) antérieurement appelée bleuele (1371), fournissant le nom régional de plusieurs espèces de fleurs et aussi de fruits, dont celui de l'airelle bleue, emploi usuel au Canada depuis le XVIIe s. (1674, écrit bluet 1632), qui a donné des syntagmes comme vin de bleuets et le dérivé BLEUETIÈRE n. f. « terrain à airelles » (1937). On trouve déjà une bleue, dans ce sens, dans un récit de voyage en Floride, au XVIIIe s. (1786).
◈
BLEUÂTRE adj., d'abord
bleuate (1493), puis
bleuastre (1552) et
bleuâtre (1669), qualifie ce qui tire sur le bleu.
◈
Bleu redevient productif au
XIXe s. avec
BLEUTER v. tr. (1843), verbe technique, « passer légèrement au bleu », dont le participe passé adjectif
BLEUTÉ, ÉE (répertorié en 1845 par Bescherelle sans le verbe) signifie « légèrement bleu ».
■
BLEUTERIE n. f. est un terme technique (1889).
■
Rimbaud, avec BLEUITÉ n. f (1871) et BLEUISON n. f. (1871), et Montesquiou, avec BLEUEUR n. f. (1896), ont forgé des mots sans lendemain.
◈
BLEUSAILLE n. f. (1865,
bleuzaille), terme collectif pour « ensemble des bleus, des jeunes recrues », d'où
BLEUSAILLON n. m. (
XXe s.), et
BLEU-BITE n. m. (1936) ont vu le jour dans l'argot militaire pour désigner la jeune recrue, ce dernier à l'aide de
bite « classe militaire », peut-être par altération d'un mot régional
bisteau « jeune apprenti » (Genève), mais rapidement senti comme étant en relation avec
bite « pénis »
(Cf. quille).
◆
En français d'Afrique,
bleusaille a le sens étendu de « ensemble des nouveaux, dans un groupe », et dans des argots scolaires, en relation avec le verbe
bleuir « bizuter », de « bizutage ».
❏ voir
BAS-BLEU (art. BAS), BLUE-JEAN, BLUES.
?
BLIAUD ou BLIAUT n. m., d'abord blialt (1080), puis bliaut (v. 1150) et bliaud (fin XIIe s.), est un terme de l'aire gallo-romane, attesté en ancien provençal blidal, blizal (1181), bliau (XIIe s.), passé dans l'espagnol (1140), le catalan et le portugais brial, mais aussi le moyen haut allemand blîal, blîant « étoffe de soie brodée d'or », et l'anglais blihant « tunique, riche étoffe dont elle est tissée » (v. 1314). Son étymologie est obscure : l'hypothèse d'un étymon francique °blîfald « manteau de couleur écarlate », composé de °bli- déduit de l'ancien saxon blî « coloré, brillant » et de -fald « action de plier, pli » — Cf. anglais to fold —, fait difficulté. L'étymon ancien haut allemand bridelt, participe passé de bridelen, britelen « tisser* » est à écarter (→ bride).
❏
Le mot, employé en ancien français, est sorti d'usage avec le vêtement.
◆
Il est de nouveau attesté à partir de 1752 chez les historiens du costume, pour désigner une longue tunique de laine ou de soie portée au moyen âge par les femmes et les hommes.
◆
Son emploi régional pour une tunique de travail portée par les hommes (H. Pourrat) empiète sur l'usage du féminin blaude n. f. (1582 ; antérieurement blode, 1546, dans le canton de Vaud) et de sa variante blaude n. f. (1732), dans lequel on a voulu voir l'étymon de blouse*.
BLINDER v. tr. est dérivé (1678) de blinde n. f. (1628), surtout employé au pluriel blindes (1678), terme technique d'art militaire désignant des pièces de bois qui soutiennent les fascines d'une tranchée et mettent les occupants à l'abri des projectiles de l'ennemi. Ce mot est emprunté à l'allemand Blinde attesté au XVIIIe s. aux sens d'« installation destinée à dissimuler un ouvrage fortifié », « renfoncement pratiqué dans un mur » et « fausse porte, fausse fenêtre ». C'est le déverbal de blenden « rendre aveugle », à rattacher à l'adjectif blend « aveugle » (→ blende) ; Cf. l'anglais blind. L'hypothèse selon laquelle blinde serait le déverbal de blinder est moins satisfaisante d'un point de vue chronologique.
❏
Blinder signifie « couvrir (un ouvrage fortifié) de blindes », sens qui est sorti d'usage avec les progrès des techniques de fortification. Par extension, il signifie « protéger de manière à amortir le choc des projectiles » (1678), spécialement « entourer (un navire, puis un véhicule) d'une cuirasse, d'une armure de plaques de métal » (1831). Le verbe est passé dans le langage technique pour « isoler (un appareil électrique) par une protection » (
XXe s.). Il a pris la valeur figurée de « protéger, endurcir » (1866).
■
Le pronominal argotique puis familier se blinder « s'enivrer » (1888) et le participe passé adjectivé blindé, ée « ivre » (1881) sont d'origine obscure ; il faut peut-être y voir une altération de dans les brindes « ivre », bien attesté dès le XVIIIe s., de brinde « toast, verre bu à la santé d'un ami ».
❏
BLINDÉ, ÉE adj. et n. m., participe passé de
blinder, s'emploie adjectivement avec les mêmes valeurs que le verbe.
◆
Substantivé, il désigne un véhicule blindé (1941) en concurrence avec
char, les blindés (ou l'
arme blindée) se disant pour « la cavalerie motorisée ».
■
BLINDAGE n. m. (av. 1740) assume le rôle de substantif d'action et, par métonymie, désigne concrètement les matériaux servant à blinder (1941).
BLING BLING adj. et n. est un emprunt à une onomatopée anglaise, employée aux États-Unis à propos des ornements métalliques (chaînes, etc.) brillants et cliquetants portés par les rappeurs californiens.
❏
Le mot s'est d'abord employé comme onomatopée (« des chaînes en or qui font bling-bling ») puis (années 2000) pour « clinquant », à propos de la mode et des personnes. Le mot a dû sa diffusion en France au goût affiché du président Sarkozy pour le « bling-bling ».
BLINQUER v. intr. est un emprunt (attesté 1977) du français de Belgique au néerlandais blinken « briller ».
❏
Reluire, briller pour avoir été astiqué.
BLINIS n. m. inv. est emprunté (1883, J. Verne, Keraban le têtu) au russe bliny, pluriel (accentué sur la dernière syllabe) de blin n. m. « petite crêpe ». Le mot existe en vieux russe où il résulte, par un phénomène phonétique constaté en vieux slave, de mlin. Ce dernier est à l'origine le nom d'un instrument servant à moudre, employé par métonymie pour le résultat de l'opération, « ce qui est moulu », et désignant par extension ce qui a été moulu, concassé avec la farine. Il vient d'un mot slave commun formé avec le suffixe -in- sur le radical verbal °ml- « moudre », que l'on a dans le russe molot' « moudre ». Ce radical se rattache à la racine indoeuropéenne de même sens °mel- « moudre, concasser », bien représentée en latin (→ meule, moudre) et en grec (→ amidon).
❏
Le mot désigne une petite crêpe épaisse de froment ou de sarrasin consommée lors du carême orthodoxe, et souvent servie avec des hors-d'œuvre dans la cuisine d'inspiration russe.
BLITZ n. m. est emprunté (v. 1940 ; attesté 1948) à l'anglais blitz (1940), mot désignant les bombardements nocturnes de Londres par l'aviation allemande au cours de l'hiver 1940-1941. Ce mot est issu par apocope de l'allemand Blitzkrieg, littéralement « guerre éclair », composé de Blitz « éclair », mot apparenté à blank (→ blanc), et de Krieg « guerre ». Blitzkrieg est un terme de tactique militaire qui fut d'abord utilisé à propos de l'attaque de la Pologne par l'Allemagne en 1939, puis de la campagne de Belgique en 1940 ; cette tactique, exposée par le général Heinz Guderian en 1938, était basée sur l'effet de surprise, la rapidité et la supériorité en matériel : en Angleterre, elle devait précéder un débarquement qui n'a pas eu lieu.
❏
Le mot est un terme d'histoire désignant les violentes attaques aériennes déclenchées par les avions de bombardement allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.
❏ voir
BLIZZARD.
BLIZZARD n. m. est emprunté (1888) à l'anglais d'origine américaine blizzard, qui désigne une chose extrême dans son genre, un coup violent (1829), une réplique cinglante (1835) et spécialement une violente tempête de neige (1859). Le mot est d'origine inconnue, peut-être de l'allemand Blitz « éclair » (→ blitz), plus probablement de formation onomatopéique. Le sens météorologique s'est répandu dans la presse américaine lors du terrible hiver de 1880-1881.
❏
Le mot désigne une aveuglante tempête de neige accompagnée d'un froid très vif ; l'équivalent français en Amérique est poudrerie n. f. (Canada, 1695), en ancien français pouldrerie, de poudre*.
+
BLOC n. m. est emprunté (1262) à un mot germanique, probablement au moyen néerlandais bloc (néerlandais blok), « tronc abattu », dont les différents sens ont pu faire l'objet d'emprunts successifs. Cette hypothèse est préférable à celle d'un emprunt au moyen bas allemand blok qui convient moins bien du point de vue historique. Ces mots moyen néerlandais et moyen bas allemand, qui correspondent aussi au suédois block et au danois blok, sont d'origine incertaine : certains, et notamment Jakob Grimm, les identifient au moyen néerlandais beloc, beloke, moyen haut allemand bloch, ancien haut allemand biloh « clôture, obstruction, endroit clos » qu'ils rattachent à °bi-lûkan, de lûkan « fermer ». Kluge refuse cette identification et émet l'hypothèse d'un apparentement à la famille d'un germanique °balkon, °belkon « poutre », ayant donné l'anglais balk, le néerlandais balk, l'allemand Balken (→ balcon, bau, ébaucher).
❏
Employé dans les premiers textes au sens particulier de « tronc des aumônes »,
bloc ne semble acquérir qu'au début du
XVe s. le sens général de « gros morceau de bois » (1404) et celui de « masse d'une matière pesante et dure » (1409).
◆
Il désigne en particulier le billot dans lequel on enserrait les pieds d'un prisonnier (
XVIe s.), sens auquel on rattache, malgré l'écart chronologique, le sens métonymique de « prison » (1837) et, par extension, de « salle de police » (1861), argotique puis familier
(mettre qqn au bloc). À partir du
XVIIe s., le mot désigne le billot de plomb sur lequel le graveur pose et fixe son ouvrage (1676), la presse à l'usage du tabletier (1751), la masse de bois où l'on frappe les formes pour en détacher les pains de sucre (1751), le mandrin de bois du ciseleur (1751), le bas d'une enclume de grosse forge (1838). En français du Québec, le mot désigne l'une des cales sur lesquelles on pose une voiture après avoir démonté les roues
(l'auto est sur les blocs).
◆
Bloc se dit aussi de ce qu'on nomme
cube en français d'Europe (un
jeu de blocs pour enfants).
◆
Dès le
XVIe s., la valeur générale de « masse homogène d'éléments disparates » s'incarne dans la locution adverbiale usuelle
en bloc (1530) « globalement, ensemble ».
◆
Bloc désigne aussi un assemblage de diverses choses, principalement des marchandises (1573) puis, abstraitement, une quantité d'éléments formant un tout (1779). Concrètement, il s'applique à un ensemble de feuillets collés ensemble sur le côté et facilement détachables (1877), d'où
bloc-notes (ci-dessous).
◆
Son emploi à propos d'un ensemble d'immeubles entre deux rues constitue un emprunt (1862) à l'anglo-américain
block. Ce sens est usuel en français québécois, où l'on parle aussi de
bloc, bloc appartement, pour un immeuble d'habitation à étages, emploi qui passe aussi pour un anglicisme. Ce sens est en usage en français d'Europe, surtout en Belgique et en Suisse
(bloc locatif) où c'est probablement un emprunt à l'allemand
Block. Le mot désigne aussi un ensemble d'appareils groupés pour occuper le moins de place possible (
XXe s.).
◆
En géologie, l'expression
bloc continental (1928) s'applique à un ensemble de continents séparés par des mers peu profondes.
■
Abstraitement, le mot s'emploie en politique pour « alliance étroite de partis politiques » (1889, Clemenceau, paternité contestée par Giraudoux), « alliance d'États » ; il a des valeurs spéciales en économie monétaire, en mathématiques et en informatique. La locution faire bloc fait partie de la phraséologie courante (v. 1950).
■
Bien que le sens général « action de bloquer » ne soit pas attesté, il arrive que bloc empiète sur l'aire sémantique de blocage : au billard, il désigne l'action d'immobiliser la bille d'un adversaire contre la bande (1867) et en physiologie (spécialement en cardiologie) un trouble de la transmission de l'influx nerveux, alors avec la valeur de « processus bloquant ».
◆
De même, en marine, il a donné la locution adverbiale à bloc (1838), littéralement « jusqu'à blocage » d'où « au maximum ». Cette locution est passée en cyclisme, en parlant d'un frein serré jusqu'au blocage de la roue (1884) et d'un boyau gonflé au maximum (1902). De là, elle s'est répandue dans le langage courant, avec le sens métaphorique d'« au maximum, à fond », seule (1904) et dans gonflé à bloc (1910).
❏
BLOCHET n. m., le plus ancien des dérivés de
bloc, est son diminutif (
XIVe s.,
bloichet) ; sa forme probablement dialectale s'est imposée au
XVIIe s. au détriment de
bloquet (1392). Le mot a eu le sens de « billot », se spécialisant pour désigner une pièce de charpente horizontale recevant l'arbalétrier et le réunissant à la sablière (1676). Il est archaïque.
◈
BLOT n. m., variante graphique et phonétique de
bloc (1354-1377), s'est employé à propos de la perche sur laquelle repose l'oiseau de proie.
■
D'après le sens de bloc « ensemble de marchandises », il a pris le sens de « bon prix » (v. 1650) par allusion aux conditions intéressantes posées pour l'achat de grandes quantités.
◆
Réutilisé avec ce sens en argot, le mot, séparé de bloc par la forme et le sens, a développé les sens figurés de « sorte » (1835, du même blot « semblable ») et de « bon compte » (1844), donnant les locutions ça fait mon blot « ça me convient » (1866) et avoir son blot « avoir son compte » (1896), employées ironiquement.
◈
BLOQUER v. tr. exprime d'abord l'idée de fixer, de consolider qqch. à l'aide de pierraille (v. 1450), participant de la notion plus générale de « mettre en bloc, en masse ». Celle-ci, exception faite de deux spécialisations techniques en maçonnerie (1694) et en imprimerie (1680), ne s'est répandue qu'au
XXe s., presque uniquement avec la valeur abstraite de « mettre ensemble » (
XXe s.).
◆
Le développement sémantique du verbe s'est surtout fait d'après
blocus* : il est passé dans le langage militaire au sens d'« investir (une place forte) par un blocus » (déb.
XVIIe s.), signifiant par extension « arrêter, immobiliser » avec plusieurs spécialisations techniques (1721, au billard ; 1905, au ballon ; 1925, en boxe), puis un emploi politique (v. 1860) et économique (1867 dans
bloquer la banque « ne pas payer les ouvriers » ; 1949 dans
bloquer les crédits).
◆
La forme pronominale
se bloquer est employée dans un contexte concret (1899) et abstrait, notamment psychologique, comme le passif (être
bloqué) et le participe passé
BLOQUÉ, ÉE adj. qui s'emploie surtout à propos des personnes (en relation avec
blocage) et de l'évolution socio-économique
(société bloquée).
◆
Bloquer, en français de Belgique, s'emploie pour « travailler intensément », notamment « pour préparer un examen » qui correspond au français de France
bûcher (vieilli),
bosser. Il a alors pour dérivés
BLOQUE n. f. et
BLOQUEUR, EUSE n. Voir aussi blocus, ci-dessous.
■
BLOCAGE n. m. (1547), d'abord écrit bloccage au sens métonymique de « massif de matériaux remplissant les vides d'un mur », en architecture, est repris comme substantif verbal de bloquer « empêcher », désignant le fait de bloquer une bille de billard (1845), de serrer les freins à bloc (1907). Il s'emploie aussi en économie (1945, blocage des prix), en description médicale et en psychologie en relation avec être bloqué.
◆
ANTIBLOCAGE adj. inv. se dit d'un dispositif qui contrôle le freinage d'un véhicule et empêche le blocage des roues. Ce terme technique est un calque (attesté en 1974) de l'anglais antiblocking system (le sigle A. B. S. est aussi employé en français).
◈
DÉBLOQUER v., ancien terme militaire, s'employait intransitivement pour « se dégager d'un blocus », et transitivement pour « dégager (une place, des troupes) d'un blocus » (1611).
◆
Reformé d'après les valeurs nouvelles de
bloquer, il prend le sens général de « dégager », d'abord attesté dans des emplois figurés (av. 1850), notamment dans l'argot des soldats où il est synonyme de « déconsigner » (1838).
◆
Les emplois concrets répondant à ceux de
bloquer ne sont enregistrés qu'au
XXe siècle.
◆
À la même époque apparaît pour l'intransitif, d'abord dans l'argot militaire (1915), le sens figuré de « déraisonner », d'usage familier et quasi-synonyme de
déconner.
■
Le substantif d'action DÉBLOCAGE n. m., de sens propre et figuré (1819), tend à s'imposer devant son concurrent DÉBLOQUEMENT n. m. (1838), mais seul déblocage sert de substantif au verbe pour « fait de déraisonner ».
◈
Bloquer a servi à former
BLOQUET n. m. (
XVIe s.), terme de dentellerie,
BLOQUETTE n. f. (1866), nom d'un jeu consistant à jeter des billes dans un trou creusé contre un mur ou un arbre, et
BLOQUEUR, EUSE adj. et n. m. (
XXe s.) qui désigne une substance qui inhibe l'activité d'une substance organique, l'adjectif étant rare.
◈
BLOCAILLE n. f. est directement dérivé (1549) de
bloc pour désigner collectivement des pierres et des débris réunis en un bloc, empiétant sur le sens technique de
blocage.
◈
BLOC-NOTES n. m., en dépit de sa graphie initiale
block-notes (1882), n'est pas un anglicisme, l'équivalent n'existant ni en anglais ni en anglo-américain. Il est probablement issu par réduction de
bloc de papier à notes ou, par ellipse de
bloc à notes (→ note) avec anglicisation graphique (peut-être commerciale) du premier élément en
block. Le mot a été proposé pour remplacer l'anglicisme
blog.
❏ voir
BLOCKHAUS, BLOCUS, BLOT, PLOT.
BLOCKHAUS n. m. est emprunté (fin XVIIIe s.) à l'allemand Blockhaus « maison charpentée faite à l'aide de poutres et de piquets de bois », attesté comme terme de fortification en 1579. Ce mot correspond au néerlandais blokhuis (→ blocus) où huis correspond à l'allemand Haus, à l'anglais house, p.-ê. du radical germanique °hud- « couvrir » (Cf. l'angl. hide), d'origine indoeuropéenne (Cf. le grec heuthein « cacher »).
❏
Le sens étymologique de « maison construite en troncs d'arbres », employé par Nerval dans un contexte allemand, a disparu.
◆
Le mot a ensuite désigné un ouvrage militaire défensif étayé de poutres et rondins, puis renforcé en béton armé et blindé. L'occupation allemande en France (1941-1945) lui a redonné de la vitalité par emprunt à l'allemand.
❏ voir
BLOCUS.
BLOCUS n. m. est emprunté (1350) au moyen néerlandais blochuus « maison faite de madriers », « fortin », composé de bloc (→ bloc) et de huus « maison » (néerlandais huis), d'origine germanique (comme le -haus du correspondant d'origine allemande blockhaus*). Cette hypothèse rend mieux compte que celle d'un emprunt au moyen haut allemand blokhus de l'aire géographique des premières attestations, dans les régions limitrophes du territoire néerlandophone, ainsi que des formes blokehus (1350) et blochus (1376) en ancien wallon ; on y rencontre également les formes bloxhus (1380), blocquehuys (1485, Mons) et blochuysse (1584), ces deux dernières reflétant le néerlandais moderne (et flamand) blokhuis.
❏
Le sens de « maison de charpente », dans le nord-est de la France, a été vivant aux
XIVe et
XVe siècles. La spécialisation militaire, « fortin élevé par les assiégeants pour couper les communications d'une place investie » (1376), passée en français (1547), a été abandonnée au
XVIIe siècle.
■
L'accent est alors mis sur la fonction de ce fortin et le mot a pris par métonymie son sens moderne, « investissement (d'une ville, d'un port, d'une place militaire) en vue d'empêcher toute communication avec l'extérieur » (1663).
◆
L'expression blocus continental (décret daté du 21 novembre 1806) désigne le système d'exclusion par lequel Napoléon voulait interdire à l'Angleterre tout accès sur le continent européen.
◆
Par extension, blocus désigne abstraitement (XXe s.) l'ensemble des moyens mis en œuvre pour empêcher des relations (commerciales, économiques) normales avec d'autres nations (blocus économique). Depuis le XIXe s., le mot a redonné vie au verbe bloquer.
◆
En français de Belgique, blocus se dit pour « action de bloquer, de travailler intensément » (synonyme bloque n. f., ci-dessus).
BLOG n. m. est un emprunt (apparu en 2000, en français du Canada) à l'anglais des États-Unis blog, abrév. de web-log, de web « réseau, toile » et log, dans log book « journal de bord ».
❏
Le mot désigne, sur Internet, un journal personnel. Équivalents français possibles carnet ou journal de bord, bloc-notes. Francisation graphique : blogue.
❏
BLOGUER v. intr., BLOGUEUR, EUSE n. « auteur d'un blog », ont précédé BLOGOSPHÈRE n. f. « l'univers des blogs, leur contenu global, à un moment donné ».
?
BLOND, BLONDE adj. et n., d'abord blund (1080) puis blond (1164), est d'origine incertaine. Considérant qu'il désigne une couleur de cheveux propre aux gens du Nord (les Romains ont dû s'en servir dans la description des Germains) et que de nombreux noms de couleur sont d'origine germanique (→ blanc, bleu, brun, fauve, gris), on le fait remonter, de même que l'italien biondo et l'ancien provençal blon, au germanique °blunda-, bien que celui-ci n'ait aucun correspondant dans les langues germaniques modernes (l'allemand blond étant emprunté au français par l'intermédiaire de la poésie courtoise, l'anglais blond étant aussi repris du français). Kluge le rapproche hypothétiquement de l'ancien indien bradhńa « rougeâtre ». Le mot a dû être véhiculé par le latin populaire, bien qu'aucun correspondant en latin ne soit relevé avant le milieu du XIIe siècle.
❏
Blond désigne et qualifie (1160) une personne ayant les cheveux d'une couleur entre le doré et le châtain clair, et, par métonymie, qualifie les cheveux de cette couleur (v. 1200). Parmi les nuances de blond, le syntagme blond vénitien se réfère aux couleurs de peintres comme Titien. Ce sens a donné quelques expressions familières, dans des emplois substantivés, comme autrefois faire la blonde « prendre soin de soi-même, se parer » (1564), et blond d'Égypte (1690), employé ironiquement à propos d'un Noir.
◆
La blonde de qqn, « sa petite amie » (1810 au Canada), a vieilli en français d'Europe (la chanson Auprès de ma blonde... en garde le souvenir), mais est resté usuel au Québec.
◆
Par extension, blond se dit de ce qui est jaune-doré (1336, pain blond), souvent par opposition à brun (bière blonde, d'où de la blonde, 1882).
◆
Substantivé au féminin, le mot fournit par ailleurs une désignation métonymique d'une plante, le bouillon blanc (1561), d'une espèce de dentelle de soie (1740), d'une cigarette de tabac blond (XXe s.).
❏
Le dérivé
BLONDIR v. (1180-1200) signifie en emploi intransitif « devenir blond » et transitivement « rendre blond » (v. 1300).
Faire blondir (
XXe s.) se dit en cuisine de l'opération consistant à faire légèrement rissoler une substance dans un corps gras.
■
L'adjectif tiré du participe présent, BLONDISSANT, ANTE (1549), a vieilli.
◈
BLONDOYER v. intr. (fin
XIIe-déb.
XIIIe s.) a signifié « être blond », sens disparu, puis « avoir un reflet blond » (v. 1278, en parlant du vin ;
XVIe s., des blés). Enregistré par les dictionnaires récents comme poétique et peu usité, il tend à disparaître de même que ses dérivés
BLONDOIEMENT n. m., attesté une fois en 1611 et de nouveau au
XIXe s.,
BLONDOYANT, ANTE adj. (v. 1278).
■
BLONDEUR n. f. « qualité de ce qui est blond », attesté une fois en 1275, de nouveau en 1573, puis dans le dernier quart du XVIe s., est resté absent des dictionnaires du XVIIIe et du XIXe s. avant d'être répertorié par Bescherelle en 1845. Le mot est assez littéraire.
■
BLONDEMENT adv. (1552), « avec une couleur blonde », n'a pas vécu, mais a été repris au XIXe s. (1859, Du Camp).
■
BLONDIN, INE adj. et n. (1651) apparaît simultanément comme désignation figurée d'un jeune élégant courtisant les femmes et comme adjectif qualifiant celui qui a les cheveux blonds (1652).
◆
Ce dernier sens, sorti d'usage, a donné un emploi substantivé du féminin BLONDINE comme nom d'une variété de toile écrue (1869).
◆
Le diminutif BLONDINET, ETTE adj. et n. (1842-1843), plus courant, se dit d'un enfant aux cheveux blonds.
■
BLONDERIE n. f. (1713) est archaïque.
■
BLONDASSE adj. et n. (av. 1755), terme péjoratif, qualifie des cheveux d'une blondeur fade et les personnes qui ont ces cheveux (d'où un, une blondasse).
BLOODY MARY n. m. est un emprunt (v. 1945) à l'anglais bloody Mary « Marie la Sanglante », par jeu de mots sur le surnom donné à Marie Tudor.
❏
Il désigne un cocktail composé de vodka et de jus de tomate.
BLOOMER n. m., attesté une première fois en 1899, de nouveau à partir de 1910 au Canada, en français de France en 1929, est emprunté de l'anglo-américain bloomer, du nom de Mrs Bloomer, Américaine qui lança la mode du costume de sport du même nom, jupe courte sur pantalon large serré à la cheville. Ce costume féminin, conçu pour faire du vélocipède, inaugura l'apparition du pantalon dans la tenue féminine non sans scandaliser : on accusa de bloomerism les femmes qui adoptaient un vêtement aussi audacieux. Le mot bloomer ne fut pas employé pour cette tenue en France où l'on parla de pantalon de zouave et, par la suite, de culottes de golf et de knicker-bocker.
❏
Le mot repris en français ne conserve que l'idée d'une « culotte resserrée aux jambes » et désigne une culotte de jeune enfant, bouffante et resserrée au haut des cuisses par un élastique.
◆
Par réemprunt à l'américain, il est appliqué à une culotte estivale portée à la ville par les jeunes filles (v. 1970).
BLOT n. m. semble être une prononciation régionale de bloc, notamment dans en blot pour en bloc, et en marine, au sens de « bloc de bois du loch », que Littré voulait écrire blo, le t étant inutile et analogique.
❏
Le mot semble être passé à l'usage professionnel des commerçants au XVIe s., pour « marchandises négociées en bloc ». Dans cette valeur, il a pu subir l'influence de lot. Au XVIIe s., blot peut correspondre à « prix de ces marchandises ». Au XIXe s., le sens s'élargit dans l'usage argotique ; blot est attesté dans des locutions comme c'est le même blot « la même chose » (1835), ça fait mon blot « ça me convient », le sens dominant devenant « affaire, bonne affaire » (1844). Au XXe s., blot est courant en argot et en langue populaire (Céline, Frédéric Dard qui l'écrit blaud) pour « travail », « affaire », etc.
?
BLOTTIR (SE) v. pron., d'abord au participe passé (1552), est d'origine douteuse : l'hypothèse couramment admise est celle d'un emprunt à un bas allemand °blotten « écraser », avec développement métaphorique de l'idée d'« écraser » à celle de « se cacher » (Cf. se tapir). Cet étymon a été proposé par Diez qui le déduit du haut allemand blotzen « écraser » dont il rapproche le moyen néerlandais blutsen « contusionner, meurtrir », dérivé de bluts « cloque, ampoule ». Le changement de conjugaison s'explique par l'influence de s'accroupir.
❏
Le mot exprime l'idée de « se ramasser sur soi de manière à tenir le moins de place possible ». L'accent étant mis sur le but, le verbe a pris le sens de « se cacher, se mettre à l'abri » (1596).
❏
Le dérivé BLOTTISSEMENT n. m. (1870) est peu usité.