? BOISSEAU n. m., réfection (boissel, 1198) de boistiel (1188-1191), est d'origine controversée : l'hypothèse généralement admise est celle d'une dérivation de l'ancien français boisse, « mesure de blé, sixième partie du boisseau », attesté seulement depuis 1262 et jusqu'au XVe s. et lui-même issu d'un latin de la Gaule °bostia, dérivé d'un gaulois °bosta, « creux de la main », que l'on restitue d'après l'irlandais boss et le breton boz « paume de la main ». Cette hypothèse convient bien du point de vue phonétique si l'on admet que les anciennes formes en -st- (latin médiéval bustellus, boistellus, bostellus), localisées en normand et en picard, ont subi l'influence de boiste (→ boîte). L'évolution sémantique est analogue à celle du provençal ponhadièra, punhièra, « contenu d'une poignée », pris au sens de « mesure d'un are », c'est-à-dire, surface qu'on peut ensemencer avec une poignée de graines. ◆  Selon P. Guiraud, boisseau représenterait plutôt un roman °buxellus, de buxus, « objet de buis » (→ buis), et du bas latin buxa, « boîte de buis » (VIIIe s.), qui aurait donné régulièrement boisse « boisseau » et l'ancien provençal boissa.
❏  Le mot désigne une ancienne mesure de capacité, un récipient cylindrique de contenance variable et, par métonymie, son contenu. ◆  Le nom s'est conservé en français du Canada pour une mesure pour les grains, de 8 gallons (36,37 litres). Par analogie, il désigne dans quelques techniques un appareil cylindrique rappelant ce récipient : il s'emploie en céramique pour l'étui dans lequel on cuit les pipes de terre et d'autres objets (1694), en plomberie pour la partie conique d'un robinet dans laquelle s'emboîte la clé (1751) [dans l'expression technique robinet à boisseau]. Un autre sens technique est « élément emboîtable pour certains conduits ». ◆  La locution figurée mettre, tenir, garder, rester sous le boisseau « cacher la vérité » vient des traductions de l'Évangile (1690 chez Furetière ; évidemment antérieur).
❏  Les quelques dérivés sont formés sur le radical de l'ancienne forme boissel.
■  BOISSELÉE n. f. (XIIIe s.), terme technique, signifie « contenu d'un boisseau » et s'est employé comme nom d'une mesure agraire répandue dans le centre de la France, correspondant à la portion de terre pouvant être ensemencée avec un boisseau de grains (1295).
■  BOISSELIER n. m. (1338) désigne l'artisan, l'ouvrier qui fabrique des boisseaux et autres ustensiles de bois cintré ; le mot est plus rare que boissellerie, en français d'Europe. En Afrique, boisselier, ière désigne une personne de la caste qui s'occupe du travail du bois.
■  BOISSELAGE n. m. (fin XIVe s.) « mesurage au boisseau » est quasiment inusité.
■  En revanche BOISSELLERIE n. f., enregistré par l'Encyclopédie (1751), qui désigne la fabrication et le commerce d'objets en bois (à l'origine, notamment de boisseaux), est relativement usuel.
L BOISSON n. f. est issu (v. 1275) du latin médiéval bibitionem, accusatif de bibitio « acte de boire » (VIIe s.), lequel est dérivé de bibitum, supin peu employé avant le IIIe s. de bibere (→ boire).
❏  Le mot désigne concrètement tout liquide qui se boit, en particulier une boisson alcoolique (1611).
■  Avec cette dernière spécialisation, il s'emploie aussi avec la valeur d'un substantif d'action pour « habitude de boire de l'alcool avec excès » (av. 1778), par exemple dans s'adonner à la boisson, être pris de boisson. En français québécois, on dit être en boisson, dans le même sens. ◆  Aux Antilles, le mot s'emploie pour « liqueur, vin doux » (distingué de rhum, punch).
❏  BOISSONNER v. intr. (1858), mot familier avec le sens spécialisé de « boire de l'alcool », est rapidement sorti d'usage.
L + BOÎTE n. f., d'abord boiste (v. 1150), est hérité d'un latin populaire °buxita, forme gallo-romane issue, par substitution de suffixe, du bas latin buxida (IVe-Ve s.). Ce dernier vient de l'accusatif de buxis, -idis, forme altérée, avec influence de buxus (→ buis), du latin classique pyxis, -idis « petite boîte, coffret ». Buxis et buxus sont de même origine. Pyxis est emprunté au grec hellénistique puxis « boîte en buis » d'où « boîte » en général, dérivé de puxos « buis », qui est sans doute un terme d'emprunt (→ buis).
❏  Le mot a gardé le sens général d'« objet rigide servant de contenant, souvent muni d'un couvercle ». S'il lui arrive encore de désigner un petit coffret à couvercle (1177), il a progressivement perdu la connotation précieuse du mot latin, échue en ancien français au diminutif boistelette et assumée de nos jours par cassette, écrin, coffret. Boîte est employé dans plusieurs syntagmes désignant la fonction, le contenant pouvant être de nature variable, mais toujours rigide, tel boîte aux lettres (1835), aboutissement de divers syntagmes descriptifs comme boiste à porter lettres (1352). Voir aussi le préfixé toute-boîte ci-dessous. Certains syntagmes ont une autre valeur que leurs éléments ne l'impliquent, tel boîte à gants, « espace de rangement dans une voiture, à côté du conducteur ». ◆  En français québécois, le calque de l'anglais lunch box, boîte à lunch, est courant pour « gamelle, boîte à repas » (prononcé bouète). L'équivalent de la « boîte aux lettres » de France est boîte à malle, par calque de l'anglais mailbox (emploi critiqué, en recul). ◆  À la boîte postale de France (abrév. B. P.) correspond case postale au Québec comme en Suisse.
■  Par analogie, boîte désigne un objet creux qui en contient un autre, spécialement en anatomie au XIVe s. (1314) mais antérieur (Cf. ci-dessous boiteux), comme dans la locution boîte crânienne (1833) et en mécanique (1723, boeste de montre) ; Cf. boîtier ci-dessous. ◆  Boîte noire (1965) désigne le dispositif d'un véhicule, surtout d'un avion, enregistrant les données nécessaires à la marche, ainsi qu'un système dont on ignore le fonctionnement interne et qui n'est connu que par ses réponses aux sollicitations extérieures.
■  Par extension, boîte se dit d'une maison, d'un local, dès le XVe s. dans la locution imagée boiste aux cailloux « prison ». Employé absolument, il s'applique de nos jours familièrement à une maison, un lieu de travail (1860), à un lycée (1868) et, dans boîte de nuit (1918), à un établissement où l'on se distrait la nuit en dansant, parfois appelé boîte, sans qualification (sortir, aller en boîte). Dans les années 1960-1970, l'expression québécoise boîte à chanson correspond à peu près au café-théâtre de France.
■  À partir du XIXe s., le mot a pris quelques sens figurés argotiques puis familiers, dans des locutions ; certaines, comme boîte à marquer « sergent » (1881) sont sorties d'usage, d'autres comme mettre en boîte (1910), d'après emboîter « se moquer de qqn » (1880), sont devenues courantes. ◆  L'image du contenant, selon les époques, donne lieu à des locutions variées. L'une des plus récentes, en usage chez les jeunes des banlieues, est boîte de six, désignant dans les supermarchés une boîte de six beignets de poulet et pris au figuré pour « fourgon de police » remplaçant le traditionnel panier à salade. Le sens policier de poulet y est peut-être pour quelque chose.
❏  L'ancienneté de BOITEUX, EUSE adj. et n. sous la forme boistous (1226) prouve indirectement celle de boîte dans son sens anatomique de « cavité d'un organe ». Le mot, qui qualifie et désigne (1260) un être humain ou un animal (mammifère) atteint de claudication, a aussi signifié « courbe » (v. 1240) jusqu'au XVIe siècle. Il a développé la valeur figurée de « déséquilibré, qui manque d'harmonie » (1580), spécialement en parlant d'un ensemble visant l'équilibre (vers, en poésie 1835 ; composition littéraire, musicale, etc.). Il a progressivement cessé d'être perçu comme le dérivé de boîte, démotivation qui se lit dans l'absence d'accent circonflexe des mots de sa série.
■  Le dénominatif BOITER v. intr. (1539) a évincé le plus ancien boistoier v. intr. (1358), lui-même dérivé du radical de boiste, boîte. ◆  Ce verbe a produit le substantif d'action BOITEMENT n. m. (1539), « fait de boiter », de nos jours concurrencé par BOITERIE n. f. « état de boiteux » (1803), BOITAGE n. m. (1961) demeurant rare ; il a aussi donné le diminutif verbal BOITAILLER v. intr. (1858), sorti d'usage et remplacé par BOITILLER v. intr. (1867), courant, qui a pour dérivés BOITILLEMENT n. m. (1867) et BOITILLANT, ANTE adj. (1881).
BOÎTIER n. m. (1268-1271) a désigné un fabricant de boîtes.
■  Il est devenu au XVIe s. un nom de contenant par une seconde formation se disant d'une boîte de chirurgie à compartiments (1596) et, en horlogerie, d'une boîte de métal renfermant le mécanisme d'une montre (1744, au Canada), sens qui s'est maintenu dans l'usage courant.
■  Il a été redérivé de boîte comme nom d'agent, proposé comme néologisme pour nommer l'employé des postes préposé à la levée du courrier (1801), mot ensuite éliminé par facteur. Il a été repris pour désigner le membre d'une assemblée parlementaire chargé de voter pour l'ensemble de son groupe en jetant les bulletins dans une boîte servant d'urne (v. 1960).
BOÎTAGE n. m. apparaît tardivement (1832) dans des Instructions sur le service des manufactures de tabac pour « action de mettre un produit dans une boîte ». Cette acception a disparu. Par métonymie, il désigne rarement un emballage ayant la forme d'une boîte ; Cf. emboîtage, ci-dessous, qui a une valeur différente.
EMBOÎTER v. tr. apparaît (1328) avec son sens actuel : « assembler (deux pièces) en (les) faisant entrer l'une dans l'autre ». Le sens propre de « mettre en boîte », postérieur (1606), ne subsiste guère que dans des spécialisations techniques, notamment en reliure (1876). ◆  Par extension, le verbe s'emploie à propos d'une chose qui en enveloppe exactement une autre (1843). ◆  La locution emboîter le pas se dit d'une personne qui suit de près une autre personne (déb. XIXe s.). ◆  Les sens figurés de « railler qqn » (1880) et « mettre en prison » (1894), d'usage populaire, formés directement d'après des sens figurés de boîte, sont vieillis, le premier étant remplacé par mettre en boîte.
■  EMBOÎTURE n. f. (v. 1550) apparaît en menuiserie pour désigner l'endroit où deux choses peuvent s'ajuster l'une à l'autre. Par métonymie, le mot désigne une pièce de bois destinée à recevoir dans une rainure les extrémités d'un panneau fait de plusieurs pièces (1639) et une technique consistant à faire s'emboîter des pièces (1870) ; le mot demeure d'usage technique.
■  EMBOÎTEMENT n. m. (1606) se dit de l'état de ce qui s'emboîte ou de ce qui est emboîté.
■  EMBOÎTAGE n. m., apparu ultérieurement au sens d'« insertion d'une chose dans une autre » (1787, Mémoires de l'Académie des sciences), est devenu, après la recommandation du Journal officiel du 20 septembre 1874, le substantif d'action correspondant à un sens disparu d'emboîter : il a désigné l'action de mettre en boîte, et a conservé un sens spécial en reliure à propos de l'action de placer les cahiers cousus dans la couverture préparée à l'avance (1890). ◆  Par métonymie, il désigne concrètement ce qui permet la mise en boîte : enveloppe, récipient, étui ; c'est là son emploi le plus usuel.
■  EMBOÎTÉ, ÉE participe passé adjectivé de emboîter, est substantivé en chorégraphie (XXe s.) comme équivalent du syntagme pas emboîté (1838).
DÉBOÎTER v. tr. (v. 1550) exprime le fait de faire sortir de sa place un objet encastré dans un autre et, spécialement, de faire sortir un os de son articulation, en anatomie. ◆  Il se construit intransitivement avec le sens de « sortir d'un alignement » en parlant d'une troupe (1870), par extension « sortir d'une file de circulation » en parlant d'un véhicule, sens devenu usuel.
■  Le substantif d'action DÉBOÎTEMENT n. m. (1530) est employé techniquement en anatomie, en termes militaires (1826) et pour « fait de déboîter », d'une automobile (1948).
TOUTE-BOÎTE ou TOUTES-BOÎTES n. m., de boîte dans boîte aux lettres, désigne en français de Belgique un imprimé en général publicitaire, une publication gratuite distribuée partout, sans nom de destinataire.
❏ voir BOUSSOLE, BOX, BUIS, PYXIDE, RIBOUIS.
? BOÎTON n. m. ne doit son accent circonflexe qu'à une confusion, le mot n'ayant rien à voir avec boîte. C'est un mot ancien, peut-être d'origine gauloise, du radical °bote(g) suffixé, passé dans les dialectes gallo-romans et en latin médiéval (buatonus, 1471 à Lausanne) et en français régional de la zone franco-provençale, notamment en Suisse (buatton, 1616).
❏  Le mot désigne la porcherie, le compartiment des porcs dans une étable, et au figuré (1820), avec influence évidente de boîte, un local d'habitation exigu et sale, un taudis.
1 BOL n. m. est emprunté (1256) au bas latin bolus « boulette » (IVe s.), lui-même emprunté au grec bôlos « motte de terre », d'où « terre » chez les poètes et « boule, lingot ». Bien que le sens originel soit précis, l'étymologie de ce mot est inconnue.
❏  Le mot est d'abord employé dans bol armenike, refait en bol d'Arménie « variété d'argile utilisée comme médicament ». Par métonymie, il se dit d'un remède se présentant sous la forme d'une grosse pilule ovoïde (XIVe s.). ◆  L'expression bol alimentaire (1767, Cuvier) désigne une quantité d'aliments mastiqués et déglutis en une seule fois.
❏  L'unique dérivé de 1 bol, BOLAIRE adj. (1762), qualifie une terre argileuse très fine, de la nature du bol d'Arménie.
❏ voir influence sur BROUILLAMINI.
2 BOL n. m. est emprunté sous la forme anglaise bowl (1760), francisée en bol (1792), à l'anglais bowl, « récipient hémisphérique plus large que profond », mot très ancien (v. 950). Le mot anglais, d'abord bolla, puis bolle et bowl d'après sa prononciation, a des correspondants germaniques dans le moyen néerlandais bolle, le néerlandais bol, l'ancien norrois bolli, l'ancien haut allemand bolla « bourgeon », « cosse ronde », « récipient sphérique ». Comme tous ces mots, il appartient à une racine indoeuropéenne signifiant « enfler, être enflé », représentée, par des cheminements différents, dans enfler, 2 balle, belge, fou, bouge, bogue. Selon Wartburg, le mot proviendrait en français de l'emprunt antérieur (1653) bolle ponge, calque du syntagme anglais bowl of punch, bowl o'punch « bol de punch », très courant au XVIIe s., mais il peut s'agir pour la forme simple d'un réemprunt.
❏  Jusqu'au milieu du XIXe s., les emplois de bol sont étroitement liés à ceux de punch* : après bolleponge, encore répertorié en 1771, Brillat-Savarin (1826) emploie bowl de punch « contenu d'un bol de punch » ; bol jouit d'une grande vogue chez les écrivains romantiques, partiellement en hommage au conte d'Hoffman, Le Vase d'Or, profession de foi poétique dans lequel le bol de punch joue un rôle initiatique. ◆  Désignant un récipient exotique à usage particulier, le mot est encore mal acclimaté avant la seconde moitié du XIXe siècle. Il avait donné par métonymie le sens de « contenu d'un bol » (1760), plus tard en concurrence avec bolée ; par métaphore, il s'emploie dans la locution prendre un bol d'air (1909). Dans le domaine alimentaire, bol a divers emplois en français d'Afrique, pour « plat consommé dans un bol » (bol de riz au poisson), le bol étant un récipient plus large et moins creux que ceux qui correspondent à ce mot en français de France. ◆  Au Québec, le mot peut désigner la cuvette des toilettes, comme bowl en anglais. Voir ci-dessous bolle.
■  Bol, comme d'autres noms de récipients (vase, pot, bock, bocal), a pris en argot le sens de « cul, anus » (1872) réalisé dans la locution familière de sens figuré en avoir ras* le bol, d'abord argotique, et où bol n'est plus compris malgré la vitalité de la variante ras le cul. L'acception figurée de « chance » (v. 1945), réalisée dans les locutions manquer de bol, avoir du bol, correspond à cette série métaphorique sur « anus ».
❏  BOLÉE n. f. (1885) « contenu d'un bol », ne l'emporte sur l'emploi métonymique de bol que dans un usage régional (notamment bolée de cidre) ; il double bol dans le syntagme bolée d'air.
BOLLE n. f., emprunt francisé à l'anglais bowl, s'emploie en français québécois, comme bol, pour « cuvette des toilettes ». ◆  Le mot a pris le sens de « tête » (se cogner la bolle, avoir mal à la bolle), d'où d'après le sémantisme d'« esprit, intelligence » lié à tête, le sens figuré courant de « personne douée, intelligente » (c'est, d'un homme ou d'une femme, une bolle). De là BOLLÉ, ÉE adj. « très doué ».
BOLCHEVIK adj. et n. m. est emprunté (1918) au russe bolchevik, « partisan du bolchévisme, membre du parti bolchévique, communiste », proprement « membre de la majorité », en russe bolchinstvo. L'origine de ce terme d'abord « parfaitement incolore » (N. Berdiaev) remonte à 1903 au IIe congrès du P. O. S. D. R. (Parti ouvrier social-démocrate de Russie). Réuni à Bruxelles, puis contraint de siéger à Londres, ce congrès fut le point de départ de la plus grave division qu'ait connue la social-démocratie. Après le congrès, pour désigner les protagonistes des deux tendances affrontées, on nomma bolcheviki (bolcheviks) les partisans de la conception de Lénine, majoritaires lors du vote, et mencheviki, d'où MENCHEVIKS, n. m. pl. (1912), les minoritaires, dont le chef de file fut Martov. Bolchevik est dérivé de bolche « plus » (comparatif de supériorité de mnogo « beaucoup »), avec le suffixe -ik et la consonne euphonique -v-, la combinaison e-v-ik (-evik) étant bientôt considérée comme un suffixe. Bolche est le neutre de bolchiy, « plus grand », comparatif de supériorité de l'adjectif bolchoi « grand ». Ce dernier, auquel répondent des formes en vieux slave, ukrainien, bulgare, serbo-croate et slovène, appartient à la même racine indoeuropéenne que le sanskrit bála- « force », le grec belteros, beltiôn « meilleur », le latin debilis (de-bilis) « faible » (→ débile). De bolchevik a été dérivé en russe avec le suffixe -izm (français -isme) le substantif bolchevizm dont a été tiré, sur le modèle des correspondants russes de athéisme-athéiste, le type bolchevist, resté sans lendemain mais emprunté par le français. Avant la Première Guerre mondiale, le mot russe a été traduit par maximaliste, compris erronément au sens de « partisan du maximum, extrémiste ».
❏  En français, BOLCHEVISTE n. (1917-1918) s'est chargé d'une connotation péjorative ; vivant dans la littérature politique entre les deux guerres, il est sorti d'usage. Bolchevik désigne le partisan du bolchevisme dans l'histoire de la Russie et de l'U. R. S. S. ; par extension, il est appliqué chez certains auteurs au partisan du marxisme intégral, et, avec la connotation péjorative d'« extrémisme », au partisan du communisme. La variante graphique bolchevick est sortie d'usage.
❏  Le premier quart du XXe s. a vu apparaître BOLCHEVIQUE adj. (1917), BOLCHEVISME n. m. (1917-1918, Barrès) et BOLCHÉVISER v. tr. (1920, Proust sous la forme du participe présent adjectivé bolchévisant) dont on a tiré BOLCHÉVISATION n. f. (1924, M. Thorez).
■  ANTIBOLCHÉVIQUE adj. et n. est attesté à partir de 1920 (anti-bolchevik).
■  L'abréviation familière BOLCHO n. m. (1966) s'applique aux communistes français orthodoxes de tendance soviétique (par opposition aux marxistes, etc.) et a vieilli.
■  Toute la série ne correspond plus qu'à des contextes historiques.
❏ voir BOYARD.
BOLDO n. m., attesté sous la forme boldu (1834) puis sous la graphie boldeau (1838) avant boldo (1865), est emprunté à l'espagnol d'Amérique du Sud boldu, boldo (1660), lui-même probablement d'origine araucane.
❏  Le mot désigne un arbre originaire du Chili dont les feuilles renferment une substance estimée pour ses propriétés toniques et laxatives.
BOLDUC n. m. est l'altération et l'emploi comme nom commun (1693 à Montréal ; n'a pas été repéré en France avant 1868) de Bois-le-Duc, nom français d'une ville du Brabant septentrional, en Hollande, où l'on fabriquait ce type de ruban.
❏  Le mot désigne un ruban fin, souvent de couleur vive, servant à ficeler et à parer l'emballage des petits paquets (par exemple en pâtisserie).
BOLÉRO n. m. (1812), d'abord écrit bollero (1803), est emprunté à l'espagnol bolero « danseur professionnel » et « air de danse populaire » (fin XVIIIe s. dans ces deux sens), également « chapeau rond » en Amérique centrale et « petite veste courte » à Cuba. Le mot espagnol est d'origine incertaine, soit dérivé de vuelo (→ vol) à cause des sauts que comporte cette danse, soit dérivé de bola (→ boule) par allusion au chapeau rond que portait le danseur.
❏  Le mot désigne un air de danse ou de chant espagnol à trois temps, de mouvement vif, et, par extension, une composition musicale apparentée.
■  Par métonymie ou nouvel emprunt à l'espagnol, il a désigné un petit chapeau de femme à bords relevés (1880) et aujourd'hui une petite veste de femme, le plus souvent sans manches (1897).
BOLET n. m., boulet dans un glossaire latin-français (déb. XIVe s.) puis bolet (1505), est emprunté au latin impérial boletus employé le plus souvent au pluriel, qui désignait tous les champignons terrestres, comestibles ou non, concurrençant le terme générique ancien fungus (→ fongus). L'hypothèse de Niedermann, qui y voit un dérivé de Boletum, nom d'une ville d'Espagne, est plausible, les champignons se dénommant volontiers d'après des lieux où ils se trouvent en abondance.
❏  Le mot désigne une espèce de champignon charnu à pied central plein et souvent renflé en bulbe à la base, à variétés comestibles (comme le cèpe) ou vénéneuses.
❏  BOLÉTIQUE adj. (1811), terme de chimie, qualifie un acide que l'on peut extraire du bolet.
BOLIDE n. m. est emprunté (1548) au latin bolis, -idis, « météore igné en forme de trait » (Pline) et « sonde marine », lui-même emprunté au grec bolis, -idos, proprement « objet qu'on lance », « trait ; dé et jet de dés ; sonde », lequel est tiré de bolê, substantifs d'action de ballein « lancer, jeter » (→ par le latin bal). Conformément au genre des mots grec et latin, bolide est resté féminin au XVIe siècle.
❏  Le sens de « sonde marine » est sorti d'usage après le XVIe siècle.
■  Celui de « météore » (1570) est entré dans l'usage courant, avant d'être concurrencé par météorite ; il n'a plus cours de nos jours en astronomie. ◆  Par analogie, le mot désigne un véhicule atteignant une très grande vitesse (1907) et s'applique à des avions (1913), quelquefois, par dérision, à un véhicule quelconque, même lent. Le vocabulaire du ski l'a repris pour dénommer une attitude de recherche de vitesse (1969) et celui des jeux de balle à propos d'un coup imparable (1935).
BOMBANCE n. f. est, sous sa forme moderne (1530), l'altération par assimilation régressive ou sous l'influence de bombarde* de l'ancien français bobance (v. 1170), également beubance (v. 1220). Ce mot, qui exprime l'idée de fierté, d'insolence, est à rapprocher de l'ancien français boban de même sens (v. 1160) dont il présente une forme suffixée en -ance. Il appartient probablement au radical onomatopéique bob- exprimant la notion de gonflement (→ bobard, 1 bobèche, bobine, bobo).
❏  Le sens psychologique de « fierté, arrogance » a disparu au cours du XVIe siècle. ◆  Par l'intermédiaire de l'emploi particulier pour « grand appareil, faste » (v. 1220), le noyau sémantique s'est déplacé vers l'idée de « festin, ripaille » (1560), surtout dans la locution faire bombance.
❏  BOMBANCER v. intr. (XVe-XVIe s.), « ripailler », est l'altération, en relation avec bombance, de l'ancien français bobancier (1176) « se vanter ». Le verbe, disparu au XVIIe s., a été repris par Huysmans (1901) ; il est peu usité.
■  BOMBANCIER n. m. (1877, Goncourt), « celui qui aime à faire bombance », est dérivé de bombance ; par sa forme, il reprend l'ancien et le moyen français boubancier (v. 1170) « orgueilleux » dont le féminin est substantivé au XVIe s. (boubanciere) ; il est sorti d'usage.
2 BOMBE n. f. est probablement le dérivé régressif de bombance (1881) plutôt qu'un emprunt à l'espagnol bomba « tâte-vin, ébriété » ou à l'italien sbombettare « boire à l'excès » (XVIe s.). D'abord employé par les soldats dans la locution partir en bombe (1881) — où un calembour avec 1 bombe est probable —, il est surtout usité dans la locution faire la bombe (1890, argot des ouvriers).
■  Ses dérivés 2 BOMBER v. intr. « faire la noce », et 2 BOMBEUR, EUSE n. (1910), « personne qui fait la bombe », sont rares.
BOMBARDE n. f., d'abord bombare (1271) puis bombarde (1413), est dérivé, avec le suffixe -arde, du latin bombus, emprunt ancien (déjà chez Ennius) au grec bombos « bourdonnement, bruit retentissant ». Ce mot (qui subsiste en grec moderne) appartient à une famille exprimant les notions de tourbillonner, bourdonner, en associant étroitement le mouvement et le son ; on peut en rapprocher, quoique de manière vague, de nombreux mots indoeuropéens, comme le sanskrit bimba- « disque, balle », des mots baltes, le vieux slave bubenŭ « tambour ». On évoque aussi le latin bombine (→ bondir). Le mot français peut être rapproché du latin médiéval bombarda désignant un instrument à vent, au XIIe s., chez un auteur italien de Salerne.
❏  Le mot est le nom d'un instrument de musique, une variété de hautbois. Il désigne spécialement un instrument breton au son très puissant, et le plus puissant des jeux d'orgue (1721).
■  Bombarde est aussi un terme d'art militaire désignant une machine de guerre servant à lancer de grosses pierres (1363) : le développement de ce sens n'est probablement pas, comme on l'a dit, un emprunt à l'italien bombarda (1311), qui serait au contraire repris au français. ◆  Les notions de « bruit assourdissant » et de « mouvement bourdonnant » sont vraisemblablement issues du sens initial, mais confondues avec le bruit de l'arme, lorsque, à partir du milieu du XVIIe s., le mot est associé à 1 bombe. ◆  Par métonymie, bombarde désigne une ancienne galiote munie de bombardes (XVIIe s.) et, par analogie, un petit navire moderne dont la voilure rappelle celle de la galiote.
■  Dans tous ses emplois le mot est archaïque, sauf comme terme d'histoire, mais il a produit des dérivés bien vivants.
❏  Les dérivés de bombarde procèdent de l'ancien terme d'artillerie.
■  BOMBARDIER n. m. (1431) a désigné le servant d'une bombarde puis, au moins jusqu'en 1918, celui d'un mortier. ◆  Comme tous les mots de la série, il se rattache à 1 bombe après l'apparition de ce mot en français (1640). Il a trouvé une nouvelle vitalité dans le domaine de l'aviation où il désigne à la fois l'avion chargé de larguer des bombes (1933), alors opposé à chasseur (et combiné à ce mot dans chasseur-bombardier), et l'aviateur qui les lance (1937).
■  BOMBARDER v. tr. (1515), proprement : « attaquer en lançant des projectiles », s'est répandu du domaine militaire dans l'usage courant après l'apparition de 1 bombe. ◆  Il correspond à « lancer des bombes sur... » et a développé les sens figurés de « harceler » et « nommer inopinément à un poste », tous deux employés par Saint-Simon (av. 1755) et marqués comme familiers ; le sens classique « envoyer (qqn) » (XVIIe s.) a probablement servi d'intermédiaire au second. ◆  Une valeur familière, fondée sur l'idée de fumée, a donné au verbe le sens de « fumer avec excès ». ◆  Le verbe a été repris en physique nucléaire au début du XXe s. pour « projeter des particules élémentaires à grande vitesse sur des noyaux d'atomes ».
■  BOMBARDEMENT n. m. (1697), dérivé du verbe, désigne l'action de lancer des bombes et par extension divers projectiles et objets. ◆  Il s'applique notamment en physique au fait de lancer des particules sur une cible (1897, bombardement moléculaire, d'après une expression du savant anglais sir William Crookes).
Le terme de musique BOMBARDON n. m. est emprunté (1869) à l'italien bombardone (XIXe s.), dérivé de bombarda avec le suffixe augmentatif -one. Le passage en français a pu se faire directement ou par l'intermédiaire de l'allemand Bombardone (1814), lui-même emprunté à l'italien.
■  Le mot désigne une contrebasse à vent, en cuivre et à pistons, aux basses très sonores qui s'utilisait dans les fanfares.
❏ voir 1 BOMBE.
1 BOMBE n. f. est emprunté (1640) à l'italien bomba, attesté en latin médiéval au sens de « javelot incendiaire » (v. 1452), employé ensuite pour un engin explosif (1686). Le mot est soit une formation onomatopéique indépendante, soit à rattacher au latin bombus « bruit retentissant » (→ bombarde).
❏  L'histoire du mot reflète celle des techniques d'artillerie ; bombe désignait anciennement un gros boulet creux rempli de poudre et tiré par un mortier. Le mot a attiré bombarde et ses dérivés bombarder, bombardement dans son champ sémantique. Le sémantisme d'« objet rond » s'est réalisé au Canada avec le sens, attesté au XVIIIe s., de « bouilloire » ; aujourd'hui vieilli. D'autres valeurs sont apparues en France au XIXe s. (voir ci-dessous). ◆  De nos jours, bombe désigne aussi bien un appareil explosible que fait éclater un mécanisme, un projectile sans vitesse initiale lancé par un avion, un projectile à déplacement autonome. ◆  Un explosif d'un type nouveau par fission de l'atome a été appelé bombe atomique (1945) ou bombe A. Puis le procédé de fusion d'atomes d'hydrogène dégageant plus d'énergie encore, on parle de bombe H hydrogène) ou thermonucléaire ; vient ensuite bombe à neutrons, etc. ◆  Le mot a depuis le XVIIe s. des valeurs figurées et analogiques : dès 1689, tomber comme une bombe est employé familièrement par la marquise de Sévigné à propos d'une personne, d'un événement inattendu. Avec l'idée de « grande vitesse », bombe correspond à certains emplois comparatifs et figurés de bolide. ◆  Par analogie de forme, bombe a désigné un gros vase sphérique (1771), avant de s'employer dans bombe glacée « glace comestible de forme ronde » (1807). ◆  En marine, on nomme bombe à signaux une boule en toile pour faire des signaux (1866), en géologie un fragment de lave renflé en son milieu (1845), en physique un récipient de métal (1883, bombe calorimétrique). Au Québec, bombe puante (1932), là où on dit en France boule puante, semble être un calque de l'anglais stink bomb. ◆  Le mot s'applique aussi à une casquette d'équitation à calotte hémisphérique rigide (1928). Ces métaphores sur la forme ronde ont cessé d'être productives au XXe s. avec le changement de forme des explosifs appelés bombes. ◆  Un sens figuré récent, sous l'influence de l'anglais, exprime l'idée d'un effet brusque et très fort.
■  Par analogie de fonction, le mot désigne un appareil produisant la diffusion ou la désagrégation de son contenu, à la fois dans le traitement médical (bombe au cobalt) et couramment, dans un emploi synonyme d'atomiseur (1950), par exemple dans bombe à peinture « pulvérisateur » (Cf. ci-dessous 3 bomber).
■  Les emplois mélioratifs, du genre bombe sexuelle, ont suscité l'expression c'est de la bombe « c'est extraordinaire » ; ils sont calqués de l'anglais (it's, that's the bomb, dans les années 1980).
❏  BOMBÉ, ÉE adj., littéralement « en forme de bombe », c'est-à-dire « arrondi, convexe », est enregistré en 1690 par Furetière comme un terme d'artisan pour qualifier un bois creux et courbé en arc.
■  Il est bientôt confondu avec le participe passé adjectivé du verbe 1 BOMBER accueilli dans la 2e édition du même dictionnaire (1701) avec le sens particulier de « faire un trait plus ou moins renflé » avant d'acquérir le sens général de « rendre convexe » et, intransitivement, « devenir convexe ». ◆  Ce verbe a produit les dérivés BOMBEMENT n. m. (1694) « fait d'être bombé, convexe », 1 BOMBEUR n. m. (1835), nom technique pour celui qui bombe une surface, et 1 BOMBAGE n. m. (1863), ce dernier, dans l'un de ses emplois techniques en verrerie, servant à former le nom de l'ouvrier BOMBAGISTE n. m. (1878).
BOMBETTE n. f., diminutif (1769) de bombe spécialement dit d'une petite bombe de feu d'artifice, est sorti d'usage.
■  Aux XIXe et XXe s., bombe au sens de « projectile explosif » a de nouveau produit 3 BOMBER v. d'abord terme d'argot signifiant « frapper, battre » (1889) et, intransitivement, « pleuvoir des obus » dans l'argot des soldats de la Première Guerre mondiale (1919). ◆  Sorti d'usage, il a été recréé, sans doute d'après comme une bombe « très vite », dans l'argot des cyclistes au sens intransitif d'« aller très vite » (v. 1950) passé dans l'usage familier. Cet emploi a été précédé par celui de bombarder (1920).
■  D'après bombe « atomiseur de peinture », il est formé vers mai 1968 avec le sens de « peindre, écrire (des slogans) à la bombe », produisant le substantif d'action 3 BOMBAGE n. m. (v. 1968) et le nom d'agent 3 BOMBEUR n. m.
BOMBINETTE n. f. (21-22 novembre 1964, Libération) est une création plaisante pour désigner, par dérision, la bombe atomique française, comparée aux engins beaucoup plus puissants fabriqués en grand nombre par les États-Unis et l'U. R. S. S. ; le mot réflète les polémiques autour de la force de frappe française.
❏ voir aussi l'homonyme 2 BOMBE (à BOMBANCE), BONBONNE.
BOMBYX n. m. est emprunté (1508-1517, in Godefroy) au latin bombyx, -icis « ver à soie » d'où, par métonymie « vêtement de soie ». Ce mot est emprunté au grec bombux, -ukos, mot pris à une langue d'Orient et que l'on croit retrouver dans le turc osmanli pambuk « coton » (→ basin). Le mot est adapté en français en bombiche, bombyce (1564), puis bombyx (1593) ; il a été repris au XIXe s., là encore hésitant entre bombice, bombyce (1805, Cuvier) avant de se fixer sous la forme étymologique bombyx (Littré, 1863).
❏  Il désigne un genre de papillon nocturne dont l'espèce la plus connue, le bombyx du mûrier, a pour chenille le ver à soie.
❏  BOMBYCIEN, IENNE adj. et n. (1843) a servi à qualifier un type de papier soyeux fabriqué avec du coton ou des chiffons, avant d'être substantivé au pluriel comme terme de classification zoologique, comme BOMBYCIDÉS ou BOMBYCIDES n. m. pl. (XIXe s.).
■  BOMBYCINER v. intr., sorti d'usage, « s'affairer dans le vide » (1858, Journal des Goncourt) est dû à une mauvaise transcription d'un passage de Rabelais (Pantagruel, chapitre 7) qui doit être lu Chimera in vacuo bombinans, renvoyant au latin bombinare « bourdonner » (→ bondir), d'où vient la forme normale BOMBINER v. intr. « tournoyer en bourdonnant » (mot propre à Rimbaud). Le verbe latin bombycinare, attesté dans le latin des Gloses, signifie « travailler la soie ».
BÔME n. f. est un emprunt (1770) au néerlandais boom, désignant un mât de navire.
❏  Le mot, en marine, désigne l'espar horizontal qui supporte les voiles auriques et triangulaires.
L + 1 BON, BONNE adj., adv. et interj., d'abord buon (v. 881), également boen, buen et bon en ancien français, est issu du latin bonus « convenable, estimable », « brave » en contexte militaire, employé fréquemment dans des formules de politesse et, familièrement, avec la valeur de « grand » (bona pars « une bonne partie »). Dans ces emplois, bonus est opposé à malus (→ mal) et étroitement lié à ses propres dérivés, bene (→ bien) et bellus (→ beau), avant d'en être isolé dans les langues romanes. Il remonte, par une forme archaïque duenos, duonus, à un °dwenos dont le radical °du- est susceptible de rapprochement avec le védique dúvaḥ « hommage », ce qui indiquerait un ancien emploi religieux, attesté en effet en latin dans di boni « dieux bienveillants ».
❏  Les plus anciens emplois de l'adjectif bon se rangent sous la notion de « convenance » : le mot qualifie un être possédant les qualités jugées propres à sa nature, à son sexe, à son rang, à sa fonction, selon le code culturel dominant (v. 881, buona pulcella : bonne pucelle « vraie, vertueuse »). Dans une société imprégnée de christianisme, il s'applique à celui qui remplit convenablement ses obligations de bon chrétien (v. 1050). Dans cette société, féodale et guerrière, il qualifie le chevalier (av. 1250, bon chevalier), à la fois en référence à sa noblesse (→ débonnaire) et à sa vaillance, fonctionnant comme synonyme de « fort, courageux, preux ». Sa valeur est colorée par le code courtois, tandis qu'à la même époque, la société urbaine commence à mettre l'accent sur l'idée de « judicieux, avisé, efficace », conformément à une morale plus pragmatique, celle des bourgeois et des commerçants (d'où bon marchand, sur un axe différent de bon sergent ou bon archer du code guerrier). ◆  Bon qualifie aussi un animal qui s'acquitte honorablement de sa tâche et un objet qui remplit sa fonction, témoigne de sa qualité (v. 1050). Dès le XIe s., ce sens est représenté par un grand nombre de syntagmes qualifiés, à la fois avec un nom concret (1080, bons écus) et avec un nom abstrait de qualité : bon conseil, bonne foi, bonne compagnie (av. 1250). La même notion est illustrée par bon sens (v. 1270) et bonne volonté (v. 1300) ainsi que par les tours syntaxiques bon à et infinitif (v. 1130-1160), bon de et infinitif et bon pour et infinitif (1250).
■  Dès le Xe s., probablement d'après son emploi pour caractériser l'être bon par excellence, Dieu (Cf. le bon dieu*), bon qualifie du point de vue chrétien la personne qui fait le bien (v. 980) et, par métonymie, un acte, un sentiment inspiré par la bonté (XIe s., bonne intention). Cette valeur, extrêmement fertile en expressions figurées comme bon courage au sens de « bon cœur » ou bonnes grâces (av. 1250), est étroitement lié au précédent. Il s'en dégagera progressivement avec la laïcisation de la morale et la constitution d'une psychologie individuelle ; ainsi, le syntagme bon cœur, encore employé au XVIe s. avec le sens hérité de l'ancienne morale, « cœur vaillant, fier », prend l'acception moderne de « généreux, affectueux » (avoir bon cœur). ◆  À la même époque, bon affaiblit son sens en « agréable » dans bon homme (av. 1544) et bonne femme (1611), deux expressions employées communément à l'adresse de gens âgés, d'abord par déférence puis familièrement, voire avec une pointe de condescendance (→ bonhomme, bonhomie à homme), bonhomme et bonne femme aboutissant à deux synonymes familiers, respectivement de homme et de femme. Cet affadissement sémantique vaut à l'adjectif d'être employé dans des formules de politesse (vous êtes bien bon) et en témoignagne d'un lien d'affection (mon bon ami, ma bonne dame) comme le mot cher aujourd'hui.
■  Par une dérivation conduisant à une appréciation plus floue et plus subjective, bon correspond à ce qui procure du plaisir, de l'agrément (v. 1172-1175), valeur souvent éclairée par le contexte. Il est employé notamment dans le domaine des plaisirs de la table où l'expression bonne bouche (1606, faire bonne bouche) se rapporte d'abord proprement au mets odoriférant que l'on mange à la fin du repas pour se rafraîchir l'haleine, puis au meilleur morceau gardé pour la fin, également au figuré (garder pour la bonne bouche, enregistré par Furetière, 1690). La locution bon comme le bon pain (1622) joue sur les valeurs morale et concrète du mot ; elle a été modifiée, de façon elliptique, en bon comme le pain. ◆  Les dictionnaires des XVIe et XVIIe s. constatent une foule de figements où les notions de « convenance » et d'« agrément » sont bien affranchies du code culturel médiéval, comme bon mot (XVIe s.) « mot plaisant » à bon escient, faire bon accueil, à bon marché, à bon compte, bon moyen, bon à manger, à bon droit, à bon port, de bon cœur, se donner du bon temps, en bon langage, bonne maison, bonne santé, bonne renommée, bonne réputation, bonne chère, bonne contenance, de bonne grâce, bonne cause, en bonne partie (pour en bonne part), bonne mine, bons morceaux (1606). Outre ces syntagmes pour la plupart encore en usage, le XVIe s. et le XVIIe s. enregistrent les locutions proverbiales bon gré, mal gré (1560), bon sang ne peut mentir et à bon entendeur ne faut [manque] qu'une parole (1611), forme archaïque pour à bon entendeur, salut. Furetière (1690) note aussi dire la bonne aventure ; bon an, mal an ; bonne fortune ; les bons comptes font les bons amis ; avoir bon pied bon œil ; être bon prince ; à quelque chose malheur est bon ; n'être bon à rien ; toutes ces locutions sont restées usuelles et présentent déjà leur forme actuelle (à bon chat bon rat ayant remplacé à bon chien bon os, 1611). Avec un nom désignant un langage, une langue, bon qualifie la norme reconnue (en bon français, le bon usage, etc.). En français de Suisse, le bon allemand est l'allemand standard, opposé aux dialectes alémaniques.
■  À côté de tous ces emplois, où bon s'oppose implicitement à mal, mauvais ou méchant (explicitement dans bon génie, bon ange et, autrefois, bonne âme, expressions attestées au XVIIe s. et ayant un contraire en mauvais), bon a reçu, peut-être d'après le latin bonus (et par réemprunt), une valeur purement quantitative, « important » (v. 1195), exprimant la plénitude, la mesure comble, dans les expressions bon pas, bon feu (1553), bon poids et bonne mesure (XVIe s.), et, avec une nuance d'intensité physique, bon coup de poing (av. 1664). ◆  La langue du XVIe s. illustrait cet usage par l'association redondante de bon et gros pour exprimer l'intensité, la quantité ; et, comme le remarque Furetière, bon devient alors ambivalent, augmentatif en bien comme en mal (un bon diable, 1690). ◆  Dans le domaine temporel, cette valeur intensive correspond à « définitif » (XVIe s., une bonne fois « une fois pour en finir » [Cf. une fois pour toutes]), et à « tôt » dans la locution usuelle de bonne heure (1606), à ne pas confondre avec à la bonne heure « sous de bons auspices » (1606), « à propos » (1690). ◆  L'usage général de bon adjectif s'est donc fixé très tôt dans la langue ; il convient toutefois de noter la disparition en ancien français de l'ancienne solidarité entre bon, beau et bien, encore sensible dans l'association d'épithètes bel et bon (av. 1250 chez Chrétien de Troyes) conservé en style soutenu.
■  L'usage de bon dans la formation du comparatif de supériorité (plus bon), encore relevé au XVIe s., a disparu au profit du comparatif synthétique meilleur, repris au latin.
L'emploi adverbial de bon (v. 1165-1170) n'a pas d'équivalent en latin où ce rôle était assumé par bene. Le représentant de ce dernier en français, bien (opposé à mal), s'est mieux implanté que bon, lequel lui a cédé la valeur de « bien, de bonne manière, heureusement », mais a conservé quelques emplois (opposé à mauvais). En moyen français et jusque dans l'usage classique, il a eu la valeur matérielle de « cher » dans vendre bon, coûter bon (encore chez Scarron) ; celle-ci s'est éteinte en laissant une trace dans l'usage très familier sous la forme rédupliquée bonbon (coûter bonbon). ◆  L'usage classique et moderne a privilégié d'une part la valeur normative de « sérieusement, véritablement » dans tout de bon et pour de bon (en remplacement de à bon, tout à bon, 1611), ou encore à quoi bon ? (1690) — d'où aquoibonisme, ci-dessous — ; et, d'autre part, une notion d'agrément. ◆  Tout de bon !, en français de Suisse, sert de formule de souhait lorsqu'on prend congé. ◆  La notion d'agrément est aussi réalisée dans sentir bon (1539) et dans sembler bon, utilisé dans ce que bon lui semble et si bon lui semble (1606). ◆  Faire bon, d'abord employé pour « promettre de payer pour soi ou pour autrui » (1606, bon y étant peut-être en emploi substantivé sans article), a fait fortune en construction impersonnelle : il fait bon exprime une idée d'occasion favorable, d'opportunité (1690, il fait bon vivre) et s'applique en particulier au climat, pour « il fait doux ». ◆  Bon réalise la même valeur intensive que l'adjectif dans la locution tenir bon « tenir fermement, ne pas céder » (1601). Il ne reste presque plus trace de l'ancienne solidarité bel et bon (1690, tout ceci est bel et bon) du fait de la fortune de formules équivalentes c'est bien beau, c'est bien joli. ◆  Bien bon s'emploie en français d'Afrique pour « très », « beaucoup ». ◆  En français de Suisse, placé devant des adjectifs brefs, en général monosyllabiques, exprimant une qualité sensible, bon s'emploie pour « de manière agréable », par exemple dans il fait bon chaud, bon frais. Cet emploi existe aussi en Alsace, en Savoie.
■  Au XIXe s., l'adverbe a été déformé sous la forme BONO (1852) dans l'argot des soldats d'Afrique qui l'ont transmis à l'usage familier (1863), aujourd'hui archaïque. → macache (bono).
L'emploi interjectif de bon (enregistré en 1690) peut être considéré comme une ellipse pour c'est bon, et marque l'approbation ou, au contraire, le dépit, l'impatience, l'ironie, le rejet, également développé en ah bon ! Il a pu être influencé par l'emploi exclamatif de l'adjectif dans bon Dieu ! bonne Vierge ! (archaïque), expressions dont la valeur adjurative a été progressivement effacée par celle de juron, et qui peuvent être révélatrices si l'on considère que le mot appartient originellement au langage religieux (voir ci-dessus).
Bon, bonne a été substantivé dès le XIIe s. (1130-1160), peut-être en partie sous l'influence du latin qui employait le neutre bonum « le bien, un bien », son pluriel bona « les biens, l'avoir », et le pluriel masculin boni, traduisant ainsi le grec to agathon, ta agatha, oi agathoi. ◆  L'ancien français a plutôt réservé bien pour la valeur morale, philosophique et juridique correspondant au nom latin, réservant bon pour « ce qui fait plaisir, ce que l'on désire, le bon plaisir ». Ce sens est réalisé à la fois dans sa généralité et dans sa particularité par le pluriel les bons, des bons (1130-1160). Dans la littérature courtoise, il se rapporte spécialement au plaisir dont un homme jouit avec une femme et aux faveurs que celle-ci accorde (XIIe s.). ◆  À la même époque, dans les romans de chevalerie, le pluriel les bons désigne les braves, les preux, ceux qu'on a également appelé les prudhommes, puis les personnes qui sont bonnes (v. 1225), par opposition manichéenne aux méchants. ◆  Avec le même affadissement que l'adjectif, mon bon, ma bonne s'est constitué en appellatif affectueux, de nos jours légèrement archaïque et familier (aussi tout bon, toute bonne, fréquent chez Mme de Sévigné).
■  C'est de cet usage que s'est détaché 2 BONNE n. f. (1708), dénomination courante de la domestique, usuelle au XIXe s. en appellatif (les enfants disaient ma bonne à la personne qui s'occupaient d'eux), péjorativement suffixée en BONICHE n. f. (1906), parfois écrit bonniche, terme très méprisant qui, heureusement, ne s'emploie plus guère. ◆  De ma bonne, terme d'adresse à une épouse, vient le redoublement BOBONNE n. f. (1828) terme d'affection petit bourgeois au XIXe s., puis « épouse petite bourgeoise d'âge moyen », avec une idée de vulgarité (aussi adj. : elle fait un peu bobonne). L'emploi pour « bonne d'enfant » (1865, About ; Maupassant) a disparu.
Pour le substantif, le sens général ou collectif de « ce qui est bon, la bonne partie de qqch. » s'est affirmé relativement tard (1576) et connaît une certaine vitalité dans rien de bon (1690), avoir du bon (av. 1695 ; antérieurement avoir cela de bon sur « avoir en cela l'avantage sur », d'après bon « avantage, occasion favorable »). En français de Belgique, avoir de bon se dit parfois pour « avoir en réserve, pouvoir utiliser ».
■  Le féminin bonne a mieux conservé que le masculin certains emplois elliptiques : être en ses bonnes (XVIe s., Rabelais), « être de bonne humeur », a disparu mais on dit encore familièrement l'avoir à la bonne, parfois prendre à la bonne avec l'idée d'humeur facile ou de bienveillance.
Un emploi substantivé de bon a cependant acquis assez d'autonomie pour être perçu comme un autre mot.
■  2 BON n. m. (av. 1755), par une spécialisation financière, s'applique à une formule écrite autorisant à fournir ou à payer pour le compte de celui qui l'a signée (Cf. le premier emploi de faire bon en 1606). ◆  Le mot désigne spécialement l'engagement souscrit par le Trésor public ou par des sociétés financières de payer une somme déterminée au détenteur du titre ou au porteur (bon du Trésor).
■  En imprimerie, un bon à tirer désigne les épreuves « bonnes à tirer » et doit procéder de l'adjectif dans épreuves bonnes à tirer et dans la formule bon à tirer.
❏  Bon a plusieurs dérivés morphologiques.
■  BONNEMENT adv. (v. 1170) a eu le sens moral de « charitablement, généreusement », mais celui-ci, qualifié de « familier » par l'Académie en 1835, a été supplanté de l'usage courant par la locution avec bonté. ◆  Le sens de « vraiment, véritablement » (av. 1553), autrefois usuel avec une construction négative ou interrogative, a décliné ; il est qualifié de « bas » (1694) puis de « familier » (1740) et puis « vieilli » (1835). ◆  L'adverbe conserve une certaine vitalité dans tout bonnement « tout simplement ».
Il est malaisé de déterminer si 2 BONASSE adj. (XVe s.) résulte d'une évolution sémantique de bonace* comme adjectif par transposition du calme marin au tempérament d'une personne, ou d'une suffixation de l'adjectif bon. On évoque aussi un emprunt à l'italien bonaccio, dérivé de buono (→ bon). ◆  Le mot a suivi le même type d'évolution que boniface et bonhomme, colorant le sens de « doux, au bon caractère » de la valeur péjorative de « trop accommodant, trop faible » (1690).
■  En ont été dérivés BONASSEMENT adv. (av. 1778) et BONASSERIE n. f. (1840), aujourd'hui archaïques.
BONBON n. m. est enregistré par Oudin en 1640 (du bon bon) mais semble déjà présent dans le Journal de Jean Héroard sur l'enfance et la jeunesse de Louis XIII en 1604. Cette réduplication enfantine de l'adjectif bon pour désigner quelque chose de bon à manger est devenue la dénomination usuelle d'une petite sucrerie, d'abord à la forme partitive du bonbon (encore au XIXe s.). L'usage moderne (un, des bonbons) correspond à l'acception moderne « petite friandise sucrée et aromatisée », en français de France. En revanche, le mot désigne en Belgique (et dans les anciennes colonies belges) un petit gâteau sec, en français de l'océan Indien un gâteau, un beignet, aux Antilles un gros gâteau à découper en parts, en français d'Afrique, bonbon glacé se disant d'une glace. ◆  Par métaphore, le mot a désigné un furoncle, une pustule (fin XIXe s.). ◆  Au pluriel les bonbons, est devenu une désignation familière des testicules, notamment dans l'emploi métaphorique de casser les bonbons « ennuyer » qui équivaut à casser les pieds et, avec la même valeur, casser les couilles. ◆  Un emploi adverbial renforce bon, dans ça coûte bonbon « très cher ».
■  Il a pour dérivé BONBONNIÈRE n. f. (1777-1783) « boîte à bonbons », au figuré « petite construction précieuse et coquettement aménagée » (1817, Stendhal), et BONBONNERIE n. f. (1804) « fabrication des bonbons, local où l'on fait et où l'on vend les bonbons ». ◆  Les emplois de BONBONNET n. m. (1910) « petit bonbon », et BONBONNER v. intr. « manger des bonbons » (1943), stylistiquement marqués, sont très rares.
■  Un composé (ou mot-valise) de bonbon et bec, BONBEC n. m. est apparu vers 1960 pour « bonbon ».
BONARD ou BONNARD, ARDE adj. (1887), introduit par l'argot des tricheurs aux cartes, est d'origine dialectale. Le manceau bonard signifie « imbécile, naïf » (1859). ◆  L'adjectif s'est répandu en français populaire parisien (1900) pour qualifier une personne qui se laisse facilement duper, un naïf, manifestant un retournement péjoratif complet de bon dans l'argot. ◆  L'adjectif a des connotations très différentes en français de Suisse, où il s'emploie pour « bon, agréable » et aussi, pour les personnes et les animaux, « sympathique, aimable ». Le féminin est rare.
La dérivation de bon a été particulièrement riche en préfixés et composés, ainsi qu'en emprunts (Cf. les renvois ci-dessous).
■  ABONNIR v. tr. est formé (XIIe s.) de a-, bon et suffixe verbal. C'est un quasi-synonyme du composé bonifier, qui a vieilli après l'époque classique par rapport à ce dernier, et qui est devenu rare. ◆  Il en va de même pour son dérivé ABONNISSEMENT n. m. (1653).
■  Récemment, on a formé AQUOIBONISME n. m. (Cocteau) et AQUOIBONISTE adj. et n. (Gainsbourg) d'après la locution à quoi bon, terme à la fois littéraire et familier se rapportant à une tendance au fatalisme.
❏ voir BONACE, BONIFIER, BONNIR, BONTÉ, BONUS (à BONI), DÉBONNAIRE et aussi CHRÉTIEN (BON-CHRÉTIEN), DIEU (BONDIEUSERIE), GARÇON (BON-GARÇON), HEUR (BONHEUR), HOMME (BONHOMME), JOUR (BONJOUR), MAMAN (BONNE-MAMAN), ROGER-BONTEMPS, SOIR (BONSOIR), 1 VIVRE (BON VIVANT).
L BONACE n. f. est issu (déb. XIIIe s.) d'un latin populaire °bonacia, altération d'après l'adjectif bonus « bon » (→ bon, bonus à boni), du latin malacia « calme de la mer », considéré à tort comme dérivé de malus (→ mal). En réalité, malacia est emprunté au grec classique malakia « mollesse », souvent « manque d'énergie » et « facilité d'humeur », lui-même dérivé de malakos « mou, doux » (→ malaxer). L'ancien provençal, l'ancien catalan, l'ancien portugais, l'espagnol et l'italien bonaccia (déb. XIIIe s. par le latin médiéval bonacia) sont eux aussi directement issus du latin populaire. Étant donné l'ancienneté du mot dans l'ensemble de la Romania, cette hypothèse semble préférable à celle d'un emprunt à l'italien, non attesté d'ailleurs dans la langue littéraire avant Dante au sens de « beau temps » et avant le XIVe s. au sens de « calme de la mer ». Seule la forme bonache (1552, Rabelais) est le reflet de l'italien.
❏  Le mot désigne l'état d'une mer très tranquille ; bien que « tombé en désuétude » au XIXe s. selon Jal (en 1848), il continue d'être employé. ◆  En revanche, les sens de « beau temps sur terre » et, par métaphore, d'« état de paix morale », en moyen français, sont sortis d'usage.
❏  1 BONASSE adj., d'abord écrit bonace (1288), représentait l'emploi adjectivé de bonace lorsqu'il sert à qualifier une mer plate.
❏ voir BON (dérivés).
BONAPARTISME n. m. est dérivé (1816, sous la forme buonapartisme, 1815) du nom des Bonaparte et notamment de Napoléon.
❏  Après avoir désigné le gouvernement impérial des Bonaparte, le mot s'applique à la doctrine politique des Bonaparte, Napoléon Ier, puis Napoléon III. ◆  BONAPARTISTE adj. et n. semble avoir été formé précédemment (1809).