BONBONNE ou BOMBONNE n. f., apparu tardivement en français (1823), est emprunté au provençal boumbouno « dame-jeanne » (Mistral) avec substitution de suffixe -onne à la terminaison provençale, par attraction de bonne, féminin de bon*. Boumbouno est dérivé avec le suffixe -ouno à valeur augmentative (Cf. italien -one) du provençal boumbo « récipient de terre cuite rond à col très court », emprunté au français 1 bombe* de même sens (1771). La graphie étymologique bombonne tend à céder devant bonbonne, imposé par l'analogie formelle avec bonbon.
❏  Le mot, synonyme usuel de dame-jeanne, désigne un récipient bombé, souvent en verre, et aussi un récipient cylindrique en métal (bonbonne de gaz).
BONDAGE n. m. est un américanisme, de la famille de bound « lien ».
❏  Ensemble de pratiques sexuelles sadomasochistes où un des partenaires est attaché et subit des sévices.
? + BONDE n. f., attesté au XIVe s. (1332) mais probablement antérieur (Cf. ci-dessous bondenel, de bondon), est d'origine obscure : on le fait en général venir d'un gaulois °bunda, féminin de °bundos, base bien attestée dans la toponymie de l'Italie du Nord et de la Suisse romande et à laquelle correspondent le moyen irlandais bond, bonn « plante du pied, base, support » et le cymrique bond « fond ». Les mots celtiques semblent se rattacher à l'indoeuropéen °bundhos « sol » ; le provençal bondo, « terrain marécageux », de l'ancien provençal bunda, est de même origine, tandis que les formes germaniques (allemand Spund) sont empruntées au roman. L'hypothèse d'un étymon germanique (ancien haut allemand, moyen haut allemand bunde) est peu vraisemblable, étant donné que la terminologie viticole a été fournie en grande partie par le latin aux peuples germaniques ; elle paraît en outre peu compatible avec la localisation du mot dans l'aire germanique (dialectes de Suisse alémanique et souabe, alsacien). L'évolution sémantique depuis « base, sol » vers « bouchon de tonneau » et « ouverture d'un étang » s'expliquerait par le fait que les bondes sont situées à la partie inférieure de ce qu'elles obstruent. P. Guiraud, contestant cette justification, postule un °bombita, « objet rond et renflé », participe passé féminin substantivé du bas latin bombitare (→ bondir), mot selon lui tombé dans l'attraction de l'étymon bobb-, bomb- désignant un objet rond (→ 1 bobèche, bobine).
❏  Le mot désigne le trou pratiqué dans une douve de tonneau et, par métonymie, le bouchon permettant d'obturer ce trou. Dès son apparition, il désigne également l'ouverture de fond destinée à vider l'eau d'un étang, d'un réservoir et la pièce utilisée pour la fermer (1347).
■  D'après son dérivé bondon, il a pris le sens figuré de « fromage en forme de bonde ». ◆  Le mot avait pris dans l'argot des détenus les sens métonymiques de « réclusion » (1844) et de « maison centrale » (1872), sortis d'usage, probablement par allusion au sens de bonder « boucher », donc « enfermer » (plutôt que parce que ce fromage était consommé dans les prisons, comme on l'a dit).
❏  BONDON n. m., attesté indirectement par le dérivé bondenel (v. 1170) et lui-même à partir du XIVe s., désigne le bouchon en bois cylindrique servant à obturer la bonde du tonneau. ◆  Par analogie de forme, il désigne un fromage non fermenté fabriqué à Neufchâtel-en-Bray (1834). Cf. bonde.
■  Le mot a servi à former BONDONNER v. tr. (1571), « boucher avec un bondon » et, par changement de suffixe, BONDARD n. m. (1856) qui lui sert de synonyme comme nom de fromage et par métonymie, s'est employé en argot, comme bondon, aux sens de « détenu » et « réclusion » (1881, aller aux bondards).
BONDER v. tr., dérivé de bonde, est attesté une première fois (1483) au sens ancien de « boucher du vin » et une seconde fois (1672) en marine avec le sens de « remplir (un navire) autant qu'il est possible » qui procède de « remplir (un tonneau) jusqu'à la bonde ». ◆  Il se répand au XIXe s. dans ses deux sens, son participe passé BONDÉ, ÉE étant adjectivé au sens de « plein, comble » (av. 1868), devenu usuel à propos des lieux publics, véhicules de transports en commun, etc.
DÉBONDER v. tr. est créé au XVe s. sur bonde avec le sens d'« ouvrir en retirant la bonde » et au figuré « épancher » (1580) auquel correspond un emploi pronominal (v. 1550), sorti d'usage après l'époque classique. ◆  L'emploi intransitif de « se répandre en abondance avec rapidité » (av. 1665), au propre et au figuré, tend également à disparaître.
■  De débonder est dérivé le nom d'outil DÉBONDOIR n. m. (XXe s.) qui concurrence TIRE-BONDE n. m. (1836).
G BONDELLE n. f., attesté en français dès le XIVe s., est pris aux dialectes de Suisse (bondala) d'origine gauloise, de la racine °bunda « le fond », désignant un poisson vivant au fond des lacs de Neuchâtel et de Bienne, un corégone apprécié pour sa chair. Le mot n'est guère connu qu'en Suisse romande (la gastronomie a diffusé féra).
L + BONDIR v. intr., d'abord bundir (1080) puis bondir (XIIIe s.), est issu d'un latin populaire °bombitire. Celui-ci est une variante, peut-être d'après °tinitire, prototype de l'ancien français tentir (→ retentir), du bas latin bombitare (IVe s.), fréquentatif du latin classique bombire, « bourdonner » en parlant des abeilles. Ce verbe appartient à une famille de mots expressifs calquée partiellement du grec et exprimant la notion de bourdonnement, bombinare (→ bombiner à bombyx), bombilare, bombizare, et le substantif bombus (→ bombarde).
❏  Le sens étymologique de « retentir, résonner », en emploi transitif « faire résonner », dominant en ancien et en moyen français, est sorti d'usage au cours du XVIe siècle.
■  Le passage au sens actuel de « faire des sauts », attesté timidement au XIIIe s., s'expliquerait par un changement de registre où l'impression auditive de sons montants et descendants a dû se substituer une impression visuelle. Pour ce mot faisant partie d'un groupe ayant très anciennement associé son et mouvement (par le tournoiement de l'insecte, le tourbillonnement de la toupie), P. Guiraud invoque le moyen français bonde « balle de paume » qui aurait servi d'intermédiaire, bondir évoquant alors les mouvements de la balle après qu'elle ait frappé le mur. ◆  Par transposition, un sens figuré, « réagir sous l'empire d'une émotion », apparaît au XVIIe s. (1690) dans la locution le cœur bondit. Bondir, au concret comme à l'abstrait, est un intensif par rapport à sauter.
❏  BOND n. m., déverbal de bondir, d'abord employé dans la locution adverbiale de premier bond, « tout d'abord, dès le commencement » (av. 1430), paraît à ses débuts très lié à la pratique d'un jeu de balle : il se dit du mouvement de la balle renvoyée par le sol ou un autre obstacle (1580) donnant dès le XVIe s. plusieurs locutions figurées dont certaines, comme faire faux bond à qqn (1584), sont encore en usage. ◆  Bond se dit également de l'action d'un être animé qui s'élève par une brusque détente musculaire (XVIIe s.), avec une valeur intensive par rapport à saut.
BONDISSEMENT n. m., dérivé du radical bondiss- (1379) a perdu le sens de « retentissement », vivant au XIVe s., pour celui de « mouvement de ce qui bondit » (1547).
REBONDIR v. intr. a suivi une évolution analogue à celle de bondir. ◆  Le sens de « retentir » (v. 1160) a cédé au XVIe s. devant le sens spatial correspondant à celui qu'avait pris bondir ; déjà en germe dans le sens ancien d'« être ébranlé » (v. 1165), il s'est répandu à partir de 1530. Appliqué surtout au mouvement spontané d'un objet élastique, le verbe se sépare alors de bondir par ses emplois. ◆  Par extension, il décrit, sans notion dynamique, une partie du corps présentant une éminence arrondie (1680) (Cf. ci-dessous rebondi). Il se dit, au figuré, de ce qui reprend une nouvelle vigueur après un arrêt momentané (av. 1778).
■  REBONDISSEMENT n. m. (fin XIVe s.) est employé dans les premiers textes avec le sens moderne d'« action de faire un ou plusieurs bonds », qui a éliminé celui de « retentissement » et a donné, au figuré, « action de reprendre de la vigueur » et « développement imprévu » (1922).
■  REBONDI, IE, participe passé de rebondir est adjectivé avec son sens descriptif et statique du verbe, se disant pour « arrondi » en parlant d'une partie du corps (v. 1460).
■  Le déverbal REBOND n. m. (1676) fait concurrence à rebondissement dans certains de ses emplois concrets, spécialement à propos d'une balle ou d'un ballon (1869). ◆  Son emploi pour « état de ce qui est rebondi » (1934) relève du style littéraire.
BONGO n. m., emprunt à l'espagnol de Cuba, sans doute d'origine africaine, désigne un instrument de musique à percussion, formé de deux résonateurs juxtaposés, recouvert de peau tendue sur un côté, utilisé comme tambour. Le mot s'est diffusé par la langue anglaise, dans le jazz afro-cubain.
BONHEUR → HEUR
BONHOMME → HOMME
BONI n. m. est l'emprunt (1612) du mot latin boni, génitif de bonum, neutre de bonus (→ bon), tiré de l'expression aliquid boni « quelque chose de bon » (depuis Plaute) qui a dû être employée dans le langage juridique du moyen âge.
❏  Le mot, apparu dans un texte juridique dans l'expression latine boni et remanet, désigne le revenant-bon d'un compte en termes de finances, de droit, de commerce. Il a été repris pour désigner un avantage accordé à un employé sous forme d'excédent de salaire ; Cf. bonus, ci-dessous.
❏  BONUS n. m. est emprunté (1930) à l'anglais bonus, lui-même emprunté au latin bonus (→ bon), employé depuis 1773 à propos d'une somme d'argent donnée en guise de récompense ou comme rémunération supplémentaire pour services rendus et (1808) en parlant d'un bénéfice.
■  Le mot, d'abord employé au Canada, désigne une gratification accordée par une entreprise sur le salaire d'un employé. ◆  Il est passé dans le vocabulaire des assurances pour désigner un bénéfice accordé, sur le montant de sa prime d'assurance automobile, à un conducteur n'ayant enregistré aucun accident (1970). ◆  En composition avec son antonyme malus, il a produit BONUS-MALUS n. m. (1970), nom d'un système d'assurance automobile dans lequel le montant de la prime est en rapport avec le taux d'accidents précédemment enregistré.
■  BONUS a fait l'objet d'un nouvel emprunt à l'anglais (fin XXe s.) pour désigner un supplément gratuit d'un disque, d'une vidéo, comprenant répétitions, scènes de tournages (« making of »), entretiens, parties coupées au montage, etc.
❏ voir BONIFIER.
BONIFIER v. est probablement emprunté (v. 1445 ; d'après Bloch et Wartburg, sinon seulement au XVIe s., av. 1549) à l'italien bonificare (XVe-XVIe s.), « prospérer » et « améliorer » (XVIe s.), de la même famille que bonificamento « amélioration » (av. 1311). Bonificare est lui-même un emprunt au latin médiéval bonificare (1260-1270), dérivé du bas latin bonificus, altération du latin classique beneficus (→ bénéfice). ◆  En ancien français, le type bonigier, attesté dès 1275 au sens de « faire du bien, avoir une bonne influence », est hérité par voie populaire du latin bonificare, probablement bien antérieur à ses attestations du XIIIe siècle.
❏  Le verbe signifie « rendre bon ou meilleur » et, à la forme pronominale, « s'améliorer ». Sa spécialisation en finances pour « donner à titre de boni » (1712) constitue probablement un nouvel emprunt à l'italien (qui l'a dès 1688) plutôt qu'une dérivation en français d'après boni*. Le verbe, généralement transitif dans ce domaine, se rencontre plus rarement en emploi intransitif pour « faire du bénéfice ».
❏  BONIFICATION n. f., qui remplace bonifaction (1584), exprime l'action de rendre meilleur ; il s'est spécialisé comme bonifier, désignant en finances (1712) l'action d'accorder à titre de boni, de surplus. ◆  Repris en sports (1923, cyclisme), le mot désigne l'avantage accordé au sportif qui passe en tête au sommet d'un col ou à l'arrivée d'une étape, chiffré en minutes à retrancher du temps réel.
BONITE n. f. est emprunté au XVIe s. (v. 1525) à l'espagnol bonito, probablement de la famille du latin bonus « bon », pour désigner une variété de thon des mers chaudes.
BONITIER n. m. désigne un petit bateau de pêche à moteur, utilisé pour la pêche aux bonites. Le mot est surtout employé en français de Polynésie.
BONJOUR → JOUR
? BONNET n. m., d'abord bonet (v. 1150) puis boneta dans un texte latin en 1184, enfin bonnet (1401), est d'origine douteuse : une hypothèse communément admise le rattache au latin médiéval abonnis, « bandeau servant de coiffure » (VIe s., également sous la forme obbonis), lui-même sans étymologie connue. Certains ont vu dans abonnis une forme dissimilée de obbonis, que l'on fait remonter à un francique °obbunni, composé de ob (correspondant au moyen haut allemand obe « en haut ») et de °bundi « ce qui est lié » (allemand binden « lier », → 1 bande), avec passage de -nd- à -nn- ; °obunni, littéralement « ce qui est lié sur », correspondrait au moyen haut allemand gebünde « ouvrage fait de bandes, de rubans » d'où « bandeau servant de coiffure ». Bien qu'attesté un peu plus tard en français, le sens premier du mot est « coiffe ». ◆  P. Guiraud préfère rattacher bonnet à bonne, variante de borne* : il s'appuie sur un texte de la Lex Ripuaria assimilant le prototype gallo-roman °botina « tertre, élévation » au latin classique mutulus, qui désigne une tête de chevron en forme d'ornement et qui a donné le français mule, mulon puis l'emprunt mutule en architecture. Mutulus est susceptible d'être un emprunt (étrusque ?).
❏  L'acception métonymique, « étoffe servant à faire des coiffes », est sortie d'usage au XVe s. au profit du sens de « coiffure » (1184 en latin médiéval). L'importance qu'a eue cette coiffure, notamment comme symbole d'une catégorie ou d'une profession (1534), se reflète dans le grand nombre de locutions et d'expressions : mettre la main au bonnet « saluer » (1459), faire qqch. sous son bonnet « en se cachant » (1545), devenues archaïques ; avoir la tête près du bonnet « être rapide à s'emporter » (1558), jeter son bonnet par-dessus les moulins (1623), c'est bonnet blanc (et) blanc bonnet « la même chose » (1640), opiner du bonnet (1654) sont encore compris et employés, malgré la disparition des contextes initiaux. ◆  Le traditionnel bonnet d'âne s'inscrit dans la lignée des bonnets jaunes (XVIe s.) qui distinguaient les bouffons et des bonnets verts (XVIe s.) qui signalaient les débiteurs insolvables. ◆  L'ancien bonnet rond (XVIe s.), « coiffure des hommes de robe et des ecclésiastiques », est sorti d'usage mais bonnet carré (XVIe s.) désigne encore la coiffe des professeurs d'université et par métonymie ceux qui la portent dans une cérémonie. ◆  L'expression gros bonnet (1623), allusion à la coiffe de personnalités et professions influentes, s'est implantée durablement. Bonnet de police (1790) qui s'est appliqué à des coiffures militaires souples différentes du béret et bonnet phrygien toujours associé à la Révolution, remontent tous deux à la fin du XVIIIe siècle.
■  Bonnet a développé quelques sens analogiques, spécialement en termes de fortification (1678, bonnet de prêtre), en zoologie (1690), en technique (1751) et en botanique.
■  En outre, le mot désigne couramment chacune des poches d'un soutien-gorge (XXe s.).
❏  1 BONNETTE n. f. « voile d'appoint » en marine (1382) est dérivé de bonnet au sens ancien d'« étoffe ». ◆  Il a été reformé ultérieurement d'après bonnet « coiffe », désignant un ouvrage de fortification (1671) et un filtre placé sur l'oculaire des instruments d'optique astronomiques (1899).
■  BONNETIER, IÈRE n. (1449 ; d'après Bloch et Wartburg peut-être fin XIVe s.) désigne un fabricant ou vendeur d'articles en tricot. ◆  Le féminin BONNETIÈRE, par ellipse pour armoire bonnetière, désigne une petite armoire, à l'origine pour ranger des coiffes (attesté 1928, Mauriac).
■  BONNETER v. tr. est un verbe moyen français pour « saluer, donner des marques de respect », attesté en 1550 mais probablement antérieur. Qualifié de « bas et familier » depuis 1704, il a de nos jours disparu, y compris dans l'emploi intransitif pour « opiner du bonnet » (av. 1755).
Bonneter a probablement produit, malgré l'hiatus chronologique, BONNETEUR n. m. (1400-1450), ancien nom appliqué à un filou qui fait assaut de civilités, de « coups de bonnet », repris en argot (1874) pour désigner celui qui tient un jeu propre à berner le client. ◆  Ce dernier, nommé par substitution de suffixe BONNETEAU n. m. (1708), désigne un jeu de trois cartes retournées, manipulées et dont il faut deviner la place.
BONNETERIE n. f. (XVe s.) désigne collectivement les articles en tricot ainsi que l'art, le métier du bonnetier (1718) et son magasin.
2 BONNETTE n. f., d'abord bonete (XVe-XVIe s.), semble dérivé de bonnet « étoffe » pour désigner une sorte de bonnet ; il ne subsiste que dans l'usage régional.
? BONNIR ou BONIR v., attesté tardivement comme mot d'argot (1811), est d'origine incertaine : la dérivation de bon*, bonne (bonne histoire, en raconter de bonnes) semblerait naturelle, mais manque d'attestations. P. Guiraud préfère remonter à bon* employé pour caractériser une personne ayant en soi toutes les qualités convenables à sa destination, à l'usage que l'on veut en faire, et spécialement « dupe » (1670), puis « pris sur le fait » (être bon correspond dès 1809 à être fait, refait). Esnault, quant à lui, remonte par l'intermédiaire des saltimbanques et des comédiens, à l'italien imbunire qui a conservé, comme son synonyme imbelir, le sens de « distraire aux fins de larcin », mais aurait donné °embonnir.
❏  Le mot est employé en argot avec la plupart des valeurs de dire en emploi transitif et, plus rarement, intransitif, pour « dire, raconter » (1821).
❏  BONISSEUR n. m. est dérivé (1820-1840) du radical du participe présent de bon(n)ir et désigne le forain qui débite un boniment pour attirer le client.
■  BONIMENT n. m., dérivé de bon(n)ir avec le suffixe -ment (1827), est devenu usuel ; de « propos débité par le forain pour attirer le public », il a développé le sens familier de « propos artificieux, trompeur » (1866, en politique).
■  En est dérivé BONIMENTER v. intr. (1883) d'où est tiré BONIMENTEUR n. m. (1894), employés dans le domaine du spectacle et, plus rarement, d'une manière générale.
BONOBO n. m. est un emprunt, passé par la langue anglaise, à un mot d'une langue autochtone du Congo.
❏  Depuis les années 1970, le mot, amplement commenté dans le monde entier, d'abord en anglais, désigne en français aussi un singe anthropoïde, variété de chimpanzé dont le patrimoine génétique est à 98% identique à celui de l'homme, et de mœurs douces.
BONSAÏ n. m. est l'emprunt, répandu vers 1975, d'un mot japonais désignant un petit arbre intentionnellement nanifié. Le mot est attesté en anglais en 1950 dans le titre d'un ouvrage de N. Kobayashi « Bonsai — Miniature Potted Trees » (Bonsaï : les arbres miniatures en pot).
❏  Le mot a conservé le sens de l'étymon.
BONTÉ n. f. est issu (1080) du latin bonitas, -atis (accusatif bonitatem), nom de qualité issu de bonus (→ bon), désignant à la fois la qualité de ce qui est bon en soi, et la qualité morale de bienveillance envers autrui.
❏  La valeur sémantique moderne de bonté s'est dégagée graduellement comme celle de l'adjectif bon* : comme nom de qualité morale, le mot s'applique dans les premiers textes à une vertu non individuelle mais sociale ; dans la société chrétienne du moyen âge, c'est un attribut divin dont l'homme est privé par le péché originel, mais dont il peut s'approcher en se consacrant au service de Dieu. Dans le contexte féodal, le mot exprime également la qualité du guerrier courageux et de haute naissance, de celui qui s'illustre par de hauts faits, sens appliqué par métonymie aux choses (cheval, écu, épée) qui contribuent à affirmer le code féodal. ◆  Une mutation s'effectue avec la courtoisie : bonté caractérise alors de manière plus individuelle le héros (homme et dame) tout en continuant de qualifier son appartenance aristocratique et sa valeur guerrière. ◆  Le déplacement vers le sens moral individuel, « qualité de celui qui est bon, charitable envers autrui » (déb. XIIe s.), s'opère progressivement, se reflétant dans les emplois concrets de une (1150-1170), des bontés (fin XIIe s.) pour « acte de bonté ». En ancien français, ceux-ci ont le plus souvent trait à un avantage, un don accordé (v. 1180), à la faveur d'une dame, encore dans la rhétorique amoureuse classique avec une nuance plaisante : avoir des bontés pour (un homme). Une bonté s'appliquait aussi à une redevance (1212), au produit de l'argent ou des terres, à la rente d'un capital prêté. ◆  À partir du XVIe s., le concept se laïcise, le mot gardant des échos de ses valeurs traditionnelles, par exemple dans l'interjection bonté divine ! (1766), beaucoup moins énergique que bon Dieu ! ◆  Il devient un terme de politesse voisin d'amabilité, en entrant par exemple dans la formule avoir la bonté de (1656).
■  Parallèlement, le sens de « qualité d'excellence (d'une chose) », attesté dès l'ancien français (v. 1130), se maintient de manière marginale, alors que bon est usuel dans ce type d'emploi.
BONZE n. m., attesté en 1579 sous les deux formes bonzi et bonze, est emprunté au portugais bonzo (1545), également bonzus, bonzius en latin médiéval. Le mot portugais est lui-même emprunté au japonais bonzô ou bonzi. Ces deux mots correspondent au chinois fan seng « personne religieuse » tandis que le type sans nasale bo-zi est issu du chinois fa-sze « docteur de la loi ».
❏  Le mot désigne un prêtre ou un moine bouddhiste de l'Asie du Sud-Est. Il est devenu usuel au XVIIIe s. avec les discussions sur les religions orientales. ◆  Par extension, il s'emploie au figuré et péjorativement en parlant d'un personnage officiel, d'un homme influent imbu de lui-même (attesté 1937).
■  Par déformation de gonze*, il est employé en argot d'abord par les étudiants de l'École polytechnique, avec le sens d'« individu » (1911).
❏  BONZESSE n. f. « femme bouddhiste cloîtrée » (1756, Voltaire) et BONZERIE n. f. « monastère de bonzes » (1845) sont archaïques.
BOOGIE-WOOGIE n. m. est un emprunt à un mot des pianistes de jazz des États-Unis, d'allure onomatopéique.
❏  Le mot désigne une façon de jouer le blues au piano, sur un rythme rapide, avec un accompagnement rythmique sur une formule constante. Il est attesté en français depuis 1942, et s'est employé pour désigner la danse sur ce rythme. L'abréviation boogie tend à remplacer la forme complète dans les années 1960-1970.
BOOKMAKER n. m. est emprunté (1855) à l'anglais bookmaker, mot existant depuis le XVIe s. au sens d'« éditeur, faiseur de livres » et spécialisé (déb. XIXe s.) pour désigner celui qui, sur les champs de courses, prend les paris et les inscrit. En ce sens, il est recomposé de book « livre », abréviation pour betting-book « livre de paris », et de maker « celui qui fait, établit, compose ». Le premier de ces mots, book, appartient à la famille germanique dont un représentant a donné, par emprunt, bouquin* ; le second est dérivé de to make « faire », apparenté au verbe néerlandais qui est passé en français dans maquiller*.
❏  Introduit pendant la période qui a importé l'ensemble des termes de turf anglais (fin XVIIIe-2e moitié XIXe s.), bookmaker désigne la personne qui prend les paris des courses de chevaux.
❏  L'abréviation BOOK n. m. a été reprise (1854) à l'anglais pour désigner le livre des paris. De cette acception disparue, book passe au sens devenu usuel de bookmaker (1895). Écrit bouc, il est méconnaissable.