BOULEAU n. m. est dérivé avec le suffixe -eau (1516), peut-être par souci d'éviter une homonymie avec boule, de l'ancien français boul, bououl (1215). Celui-ci est issu d'un latin populaire °betullus, altération du latin classique betulla, probablement d'origine gauloise : les noms propres Betullus, Betulo, Bitulla sont celtiques ; d'autre part, l'aire géographique de l'arbre ne s'étend pas à l'Italie. L'indoeuropéen connaissait cet arbre sous un autre nom, représenté par le sanskrit bhūrjas, le lituanien béržas, le vieux slave brěza, voire le latin farnus, fraxinus (→ frêne) et par les mots du domaine germanique : anglais birch, allemand Birke, néerlandais berk. Les formes romanes viendraient des types latins apparentés °bettius (ancien français biez, ancien provençal bez) et °bettia (d'où est issu notamment le nom de lieu Besse).
❏  Le mot désigne un arbre élancé, à écorce d'un blanc argenté (famille des Bétulacées), et, par métonymie, son bois. ◆  Aujourd'hui, bouleau est dominant à côté de boul et boule (est de la France), et de types apparentés dans le Midi. Plusieurs syntagmes caractérisent des variétés : bouleau blanc (français d'Europe), bouleau à papier, à canot (français du Canada). Le bouleau est culturellement important en Europe orientale (Russie), au Canada. ◆  Par extension, on appelle bouleau d'Afrique un autre arbre (Combrétacées) à feuilles argentées, d'où son nom.
❏  BOULAIE ou BOULERAIE n. f. apparaît sous la graphie bouleye (1294), puis boulaie (1798). La variante bouleraie (1838) élargit le suffixe au moyen de l'infixe -er-.
■  BOUILLARD n. m. (1680), forme régionale de bouleau formée avec le suffixe -ard, est attestée dans les dialectes d'Anjou, de Touraine et du Centre au sens de « peuplier noir », passé en français. La similitude relative de port et de feuillage du bouleau et du peuplier peut expliquer que bouillard ait pu représenter l'un ou l'autre de ces arbres dans certains dialectes.
■  BOUILLÉE n. f. vient du même radical et désigne, dans l'ouest de la France et au Canada, un bouquet d'arbres ou une touffe végétale.
Le radical du latin betulla a servi à former les termes de classification botanique BÉTULINÉES (1838, bétuliné), n. f. pl., puis BÉTULACÉES (1838) n. f. pl. pour dénommer la famille qui comprend l'aulne et le bouleau. ◆  On rencontre aussi BÉTULÉES n. f. pl.
BOULEDOGUE n. m. est l'adaptation (1741) de l'anglais bull-dog ou bulldog (1500), proprement « chien-taureau », selon les uns parce que ce chien gardait les taureaux, selon les autres à cause de son encolure puissante. Bull « taureau » apparaît en français dans d'autres anglicismes (→ bulldozer) dont un nom de chien (→ bull-terrier). Dog « chien » figure par ailleurs dans hot-dog* et dans l'emprunt dogue*. ◆  En français, on trouve bull-dog à l'anglaise chez Jules Verne (1864), forme parfois abrégée en bull, et bouldogue (1845), graphie qui, si elle s'était imposée, aurait eu le mérite d'éviter une homographie avec boule.
❏  Bouledogue, emprunté comme nom de chien, a été rapidement employé avec la valeur figurée de « personne peu engageante » (1808) par allusion à l'apparence et à l'agressivité supposée de ce chien. ◆  Le sens argotique de « pistolet à canon très court » (1895, A. Daudet), de nos jours sorti d'usage, s'explique probablement par aboyeur, employé par métaphore avec le même sens (1844).
BOULÉGUER v. est un emprunt, attesté sous la forme bouliguer au XVIIIe s. (Saint-Étienne), à l'occitan boulega « remuer », qui correspond au français bouger.
❏  Comme intransitif, le verbe, de la région lyonnaise jusqu'aux Alpes maritimes, s'emploie pour « remuer, s'agiter », et « s'exciter, bouger par plaisir ». Comme transitif et pronominal, il correspond à « remuer », par exemple les boules du loto, et à « bouleverser, chambouler ».
BOULEVARD n. m., attesté aux XIVe et XVe s. dans des textes d'origine wallonne et picarde (av. 1395), est probablement emprunté au moyen néerlandais bolwerc plutôt qu'au moyen haut allemand correspondant bolwërc, qui est la source du néerlandais ; il est possible qu'il soit parvenu au français par l'une ou l'autre voie. Dans ces deux langues, il s'agit d'un composé dont le premier terme signifie « planche », peut-être apparenté au nom de la poutre (→ bau, balcon), et le second « ouvrage » ; ce dernier appartient, par un germanique commun °werkam, à une racine indoeuropéenne °werg-, °worg-, « agir », bien représentée en grec (→ organe, orgie, orgue, énergie, exergue, démiurge, liturgie), et dans les langues germaniques (werk, anglais work). Le mot germanique, qui désigne proprement un ouvrage en planches, en poutres, est un terme de fortification.
❏  Le mot a été adapté en français sous les formes bolevers (av. 1365), bollewerc (1425), encore au XVIe s. bolvert (1509), qui, par assimilation de la finale à un suffixe français, ont donné bollevart (1429) et, par influence formelle de boule, boulevars (XVe s.), pour se stabiliser en boulevard (1559). Il désigne d'abord un ouvrage de défense consistant en un rempart fait de terre et de madriers. Il a pris le sens figuré de « ce qui protège, sauvegarde » (1509).
■  Par suite de changement des méthodes de défense, ces deux sens ont vieilli au XVIIIe s. et, par métonymie, on est passé au sens moderne de « promenade plantée d'arbres autour d'une ville sur l'emplacement d'anciens remparts » (1803). Par extension, le mot, entièrement démotivé, désigne une large voie urbaine, souvent plantée d'arbres, en concurrence avec avenue, mail, l'idée de circularité liée autrefois aux remparts disparaissant parfois. À Paris les boulevards s'applique spécialement à ceux qui sont situés entre la Madeleine et la Bastille, très fréquentés par les artistes et cœur de la vie sociale au XIXe s. (av. 1842, Stendhal) ; on dit aussi les grands boulevards (depuis 1818), dans cet emploi. Par métonymie, après le théâtre du boulevard [du crime], au XVIIIe s. et début XIXe s., la locution théâtre de boulevard (1867, des boulevards) s'applique à un genre de théâtre léger traditionnel, destiné au public bourgeois, puis petit-bourgeois et populaire de Paris et représenté à l'origine sur les grands boulevards parisiens. ◆  Dans boulevards circulaires, boulevard périphérique ou boulevards des maréchaux (d'après leurs noms), à Paris, la valeur initiale de voie qui entoure les villes est conservée.
❏  BOULEVARDER v. intr. a été usité au XVIe s. sous la forme boullewerquer (1510) au sens militaire de « défendre, protéger ». ◆  Refait au XIXe s., lors de la vogue des grands boulevards avec le sens de « flâner sur les boulevards » (1866), il a disparu.
■  BOULEVARDIER, IÈRE adj., également contemporain de la vogue des boulevards parisiens (1867), a vieilli comme désignation de la personne qui fréquente les grands boulevards mais est toujours en usage à propos du théâtre de boulevard et, par extension, de son esprit.
BOULEVERSER v. tr. (1564), une première fois boulverser (1557), est un composé tautologique formé des verbes bouler, dérivé de boule* signifiant « renverser, abattre » et de verser* « renverser ».
❏  Au XVIe s., le mot signifie surtout « renverser physiquement, mettre sens dessus dessous », « lancer en bas » et s'emploie intransitivement comme bouler et débouler au sens de « tomber, rouler en bas ».
■  L'usage moderne se fixe au XVIIe s. avec l'évolution du sens physique de « mettre en grand désordre par une action violente » et l'apparition de sens figurés : « modifier brutalement » (1622), « jeter (qqn) dans un grand trouble » (1656), devenu courant, aussi au participe passé adjectivé BOULEVERSÉ, ÉE.
❏  BOULEVERSEMENT n. m. (1579) suit la même évolution que le verbe.
■  BOULEVERSANT, ANTE, participe présent de bouleverser, est adjectivé ultérieurement (1863) au sens psychologique d'« émouvant, troublant ».
BOULIMIE n. f. est emprunté (1594 ; 1482 selon Bloch et Wartburg) au grec boulimia « faim dévorante », dérivé de boulimos, adjectif formé de bou-, pour bous, correspondant au latin bos (→ bœuf) et limos « faim », « famine ». À la suite des Anciens, les étymologistes modernes rapprochent limos et loimos « peste » comme deux formes alternantes ; en dehors du grec, on a évoqué des termes signifiant « maigre » en lituanien et en vieux slave, mais sans pouvoir établir une famille indoeuropéenne. Le sens littéral, « faim de bœuf », est à rapprocher, avec un contenu différent (la comparaison portant sur un herbivore, qui se nourrit souvent et longtemps) de l'expression populaire faim de loup et de la dénomination faim canine. L'ancien français avait bolisme « appétit insatiable » (1372), le moyen français bolime (1574-1590), évincés par l'emprunt boulimie.
❏  Le mot se réfère en pathologie à une sensation continuelle de faim intense, fonctionnant dès le XVIe s. en antonymie avec anorexie. Par extension, il est employé depuis le XIXe s. à propos d'une faim intense (1863, chez Gautier) et, au figuré, d'un désir intense de qqch. (1895, Huysmans).
❏  BOULIMIQUE adj. et n. (1838), qui caractérise la faim ou l'être affamé, a été un instant concurrencé par boulimiaque.
❏ voir BOUSTROPHÉDON, BUCOLIQUE, BUGLOSSE, BUGRANE.
? BOULIN n. m., attesté depuis 1486, est d'origine obscure, mais une dérivation de boule* est fort possible en raison de la forme ronde des trous du colombier et des pots de terre où se nichent les pigeons. Cette hypothèse trouve une confirmation morphologique dans le latin médiéval bolinus « boulon, petite masse ronde décorative » (→ boulon à boule), spécialisation de l'expression ad bolinum « relevé en bosse, ciselé ».
❏  Le mot désigne un trou pratiqué dans un mur de colombier et servant de nid aux pigeons, et, par extension, la niche constituée par un pot de terre servant au même usage (1600). Par analogie de forme, le mot s'emploie en maçonnerie à propos d'un trou pratiqué dans un mur pour un support d'échafaudage (1676). ◆  Par métonymie, il désigne aussi (1676) la poutre de bois engagée dans ces trous pour supporter l'échafaudage.
? BOULINE n. f., d'abord boëline (v. 1155), au XVIe s. bouline (1532), est d'origine incertaine. Un emprunt au moyen anglais bou(e)line, « cordage servant à tenir une voile de biais », est probable, les premières attestations étant en français d'Angleterre (anglo-normand), mais elle se heurte à la date d'apparition plus tardive du mot anglais (1295, boweline). Ce dernier (aujourd'hui bowline) est emprunté au moyen bas allemand boline ou au moyen néerlandais boeglijne, formé de boeg, « poupe de navire » (emprunté par l'anglais bow), et lijne « ligne », de même origine que le français ligne*.
❏  Ce terme de marine à voile, devenu archaïque, désignait le cordage amarré par le milieu de chaque côté d'une voile carrée pour lui faire prendre le vent de côté, d'où, par métonymie, la voile ainsi placée (1606). Il a donné les locutions vent à la bouline (1573), devenue vent de bouline, et aller à la bouline « placer les voiles de sorte qu'elles reçoivent le vent de côté » (XVIe s.). ◆  Le sens secondaire de « corde tressée servant aux châtiments corporels sur les navires de guerre », reflété par la locution courir la bouline, « encourir ce châtiment » (1687), est aussi sorti d'usage. ◆  Le mot a été repris en alpinisme dans nœud de bouline, à propos du nœud que les marins nomment aujourd'hui nœud de chaise.
❏  BOULINER v., ancien terme de marine, d'abord boliner (1611), s'est employé intransitivement pour « naviguer avec un vent de biais ». Transitivement il a signifié « haler au moyen de la bouline » (1835).
■  En est dérivé BOULINAGE n. m. (1645) « navigation à la bouline », également sorti d'usage comme BOULINIER, IÈRE adj. et n. (1687), qui se disait autrefois d'un navire qui remonte au vent.
■  BOULINETTE n. f. (1811) désignait la bouline du petit hunier.
BOULINGRIN n. m. est la francisation, d'abord en poulingrin (1663) puis boulingrin (1664), de l'anglais bowling-green (1646), de bowling, « jeu de boules » (emprunté plus tard en français → bowling), et de green « vert », par métonymie « pelouse », proprement « emplacement gazonné pour jouer aux boules ». Green « vert », comme l'ancien haut allemand gruoni (allemand grün) et de nombreux mots des langues germaniques, appartient à un radical °gro- « pousser » qui a aussi donné à l'anglais le nom de l'herbe (grass) et le verbe exprimant la croissance (to grow).
❏  Le sens de boulingrin reste celui de « parterre de gazon, souvent entouré de bordures, de talus », mais le mot ne se dit plus guère qu'à propos des parcs et des jardins anciens ; on joue désormais aux boules dans des allées. ◆  La locution taillé en boulingrin qualifiait, aussi au figuré, ce qui est taillé comme les arbustes bordant un boulingrin. ◆  Le mot est souvent cité comme exemple d'anglicisme traité et intégré (Cf. redingote).
BOULON → BOULE
1 BOULOT, BOULOTTER → BOULE
? 2 BOULOT n. m. et adj. inv., d'abord sous la graphie bouleau (1881) avant boulot (1892), est d'origine obscure. L'hypothèse d'une dérivation du nom d'arbre bouleau*, par allusion au fait que le bois de cet arbre est très difficile à travailler, semble gratuite. Cependant, un emploi du nom de l'arbre dans le langage des forestiers n'est pas exclu, le bouleau poussant très vite dans tous les terrains aux confins des villages et son bois servant à fabriquer des sabots : on peut imaginer un passage de abattre du bouleau à abattre du travail, mais aucun texte n'appuie cette hypothèse. Celle d'un déverbal de boulotter, diminutif de bouler (→ boule) qui, d'après l'idée de « faire boule de neige » a eu le sens de « travailler » (1844), avant de le céder à boulonner*, est possible, mais cette acception semble seconde puisque boulotter signifiait « se laisser vivre, vivoter » (1834). De toute manière, les hypothèses ne se fondent que sur le sens moderne, « travail », qui semble second ; la valeur attestée d'abord, « bagarre », permet d'évoquer boule, bouler.
❏  Boulot, d'abord employé, semble-t-il, au sens d'« action, bagarre » (en argot) s'est répandu dans l'usage familier avec le sens de « travail, emploi, métier » (1900) probablement sous l'influence de boulotter, remplacé par boulonner (voir ci-dessus). ◆  Par métonymie, il est employé en argot pour désigner un ouvrier, une ouvrière (v. 1920). ◆  L'adjectif est courant dans l'expression il (elle) est boulot boulot (1931) « pour lui (elle) le travail, c'est le travail ».
Un dérivé 2 BOULOTTER v. intr. existe en français d'Afrique au sens de « travailler », ce qui suggère que 1 boulotter « manger » (→ boule), y est inconnu.
1 BOUM interj. et n. m. est une onomatopée (1835, Balzac) qui imite le bruit sonore de ce qui tombe ou explose.
❏  Le mot est employé comme interjection, quelquefois redoublée (boum-boum) et en locution (faire boum). Substantivé, il est aussi en usage dans les affaires en commerce, avec la valeur figurée de « succès brutal et retentissant » (v. 1950, mais antérieur), par confusion avec l'anglicisme boom*. ◆  Il rend une idée d'activité fébrile, autrefois dans la locution en plein dans le boum (Carco), de nos jours en plein boum.
❏  Son dérivé BOUMER v. intr. (1929 ; boomer, 1925), familièrement « connaître une phase d'activité et de prospérité », a subi l'influence du sens de l'anglicisme boomer « lancer à grand tapage par la publicité » (1905).
Le composé BADABOUM interj. et n. m. (1873) doit peut-être ses deux premières syllabes à l'influence de patatras* (avec sonorisation du p- en b-) et évoque le bruit d'une chute suivie d'un roulement.
■  On en a fait dériver BADA n. m. (1925), nom argotique puis familier du chapeau (qui tombe toujours en roulant sur sa tranche), mais cette origine est douteuse.
2 BOUM → SURPRENDRE (SURBOUM)
BOUQUE n. f. est emprunté (1409) à l'ancien provençal bouca « bouche, ouverture » (XIIIe s.), dont la forme provençale moderne, bouco, est également spécialisée en marine au sens de « passe ». Le mot est issu du latin bucca (→ bouche) ; l'ancien français bouque, attesté en 1338 au sens de « passe étroite », est le mot picard correspondant au français bouche dans son acception maritime.
❏  Cet ancien terme de marine signifiait « entrée d'une passe, d'un canal » et « passage entre les chambres d'un parc à poissons ». Ses composés lui ont survécu.
❏  DÉBOUQUER v. intr. (1678) « sortir de l'embouchure d'un canal vers la haute mer », a pour dérivé DÉBOUQUEMENT n. m. (1694) qui lui sert de substantif d'action et, par métonymie, désigne l'extrémité d'un chenal (1694).
■  En ce sens, il est concurrencé par l'infinitif substantivé DÉBOUQUER n. m. (av. 1848, Chateaubriand).
EMBOUQUER v. intr. (1694) se dit d'un bateau qui entre dans une passe. Il s'emploie aussi transitivement, le complément désignant le lieu où pénètre le bateau (1811, Chateaubriand).
■  Son dérivé EMBOUQUEMENT n. (1792) désigne l'action d'embouquer et l'endroit où cette opération s'effectue, l'embouchure d'un canal.
1 BOUQUET → BOUC
2 BOUQUET n. m., d'abord boucquet (déb. XVe s.), est la forme normanno-picarde correspondant au francien bouchet « petit bois » (1325) ; une autre forme des mêmes dialectes, boquet, correspond au francien boscet, boschet (fin XIIe s.) et survit dans le dérivé boqueteau (→ bosquet). Ces mots sont tous des diminutifs de l'ancien français bos, bosc, français moderne bois*.
❏  Le sens étymologique de « petit bois » a disparu au XIXe s. au profit des mots apparentés bosquet* et boqueteau, bouquet d'arbres étant aujourd'hui compris comme une métaphore du sens usuel. ◆  Ce sens d'« assemblage de feuillages, de fleurs » (XVe s.), aussi dans bouquet de fleurs, a orienté tous les emplois du mot, se spécialisant en architecture ornementale (1408) et en art culinaire à propos d'une réunion de plantes aromatiques (1675), aujourd'hui dans bouquet garni (dep. 1803). ◆  Par analogie de forme, le mot se dit d'un ensemble de choses évoquant un bouquet de fleurs ; abstraitement, il a fourni un terme de littérature désignant un recueil de poésies délicates et recherchées, d'inspiration galante (Cf. aussi guirlande). ◆  L'idée de « présent consistant en fleurs » a entraîné l'emploi du mot pour « gratification » (1821 à propos d'un « pot-de-vin » ; 1845), et spécialement, de la somme en supplément au tarif consenti versée à une prostituée par son client (le « petit cadeau »). Dans un contexte tout différent, bouquet désigne en droit la somme versée immédiatement au vendeur en viager (en sus des annuités). ◆  En pyrotechnie (1798), il se dit d'un groupe de fusées particulièrement spectaculaire et tiré en dernier, sens qui a donné lieu à des emplois métaphoriques et au sens figuré de « comble », dans c'est le bouquet ! (1828, Vidocq). ◆  Par analogie avec l'odeur des fleurs, il s'applique à la qualité olfactive d'un vin (1798), valeur où le sens hésite entre celui du mot arôme, en général, et celui d'« arôme développé d'un bon vin » ; bouquet se dit aussi de l'arôme d'autres boissons, ou même d'un cigare. Une image nouvelle emploie bouquet au sens d'« ensemble d'émissions de télévision retransmises par câble ou satellite ».
❏  BOUQUETER v. attesté deux fois au XVe s. en architecture (1409) et généralement pour « orner de bouquets de fleurs », semble sorti d'usage. ◆  Le participe passé adjectivé, BOUQUETÉ, ÉE, dont on a une attestation au XVIIe s., est repris au XIXe s. avec les sens de « garni de bouquets d'arbres » (av. 1848) et se dit d'un vin qui a du bouquet (1873).
BOUQUETIÈRE n. f. (1562), dont le masculin bouquetier attesté en 1635 n'est pas usité, désigne celle qui fait et vend des bouquets dans les lieux publics.
■  BOUQUETIER, IÈRE adj., d'abord n. m. (1600) « endroit où il y a des fleurs », désigne ensuite un vase à bouquets (1680), spécialement avec un couvercle percé d'ouvertures où l'on pique des fleurs, puis s'emploie comme adjectif.
■  ÉBOUQUETER v. tr., terme technique d'arboriculture (1856), exprime l'idée de couper les bourgeons à feuilles pour conserver toute la sève aux bourgeons à fruits.
PORTE-BOUQUETS n. m. (1680), après avoir désigné un plateau pour disposer des fleurs coupées, a été repris au sens de « petit vase à fleurs à accrocher » (1869).
3 BOUQUET n. m. est la forme normanno-picarde (1485) correspondant à l'ancien français bouchet de même sens (1379). C'est le diminutif de bouque (1332, bouke), forme picarde de bouche*.
❏  Ce mot de médecine vétérinaire désigne la gale qui affecte le museau du mouton.
❏  De manière analogue, la maladie a été nommée bouquin n. m. (v. 1560, Paré) et noir ou faux museau.
■  Le composé BARBOUQUET n. m. (1701, barbuquet), formé avec le préfixe péjoratif bar- (→ barlong), subit l'influence de barbe, le second élément bouquet étant probablement assimilé à bouc. ◆  Le mot, qui signifiait « écorchure ou petite gale sur les lèvres », est attesté antérieurement sous des formes diverses, au sens de « coup sous le menton » (XIVe-XVe s.). Il est archaïque.
BOUQUETIN n. m. est parvenu en français à travers les dialectes alpins du franco-provençal sous les formes boc estaign (1240, dans un texte latin de Romans), soudé en bukestein (v. 1250), bosquestaym (1289-1290, canton de Vaud), puis boucastain (1471), bouquestain (1509), bouquetin (1671). Le premier élément est assimilé à bouc* et la forme moderne paraît être un quasi-diminutif de ce mot. Le franco-provençal est probablement adapté de l'ancien haut allemand steinboch, (XIIe s.), « bouc vivant dans les rochers », avec interversion des deux composants, conformément aux règles de composition des mots en français. Cette hypothèse est appuyée par les formes directement empruntées comme le « judéo-français » estainbouc (av. 1105), la variante stamboucq (1552, Rabelais) et l'italien stambecco (XIVe s., dès le XIIIe s. par le latin médiéval stambicus). Le premier élément de l'étymon est stein « rocher » (allemand Stein) qui, avec suffixe, se rattache à une racine indoeuropéenne °steia représentée dans le sanskrit stíyāḥ « eaux dormantes », le grec stia « petit caillou », le latin stiria « goutte congelée ». Le second élément, boch (allemand Bock), « bouc », appartient avec ses correspondants germaniques, à un radical germanique °bukka-, qui représente certainement l'indoeuropéen bhuǵnó- ; il semblerait que le celte ancien °bukko, postulé par l'ancien irlandais bocc, l'irlandais boc et le français bouc*, soit lui-même emprunté au germanique.
❏  Le mot désigne un mammifère de la famille de la chèvre qui vit dans les hautes montagnes d'Europe et d'Asie.
1 BOUQUIN → BOUC