BOUTON n. m. est, comme bout*, dérivé (1160-1185) de bouter* et entretient avec ce verbe le même type de rapport sémantique que pousse avec pousser sans que ce rapport soit perçu, depuis la disparition de bouter dans ce sens.
❏  Le mot désigne un bourgeon de plante et, spécialement, une fleur non encore épanouie (1236). Le mot, qualifié, dénomme des plantes d'après la forme de leurs fleurs ; les plus connues en français de France sont les composés bouton-d'or, -d'argent (ci-dessous) ; bouton blanc désigne une herbacée d'Afrique tropicale (Labiées) à petites fleurs blanches, bouton violet, une composée à fleurs violettes, utilisée par la médecine traditionnelle. ◆  L'acception initiale donne lieu à des métaphores, à partir du milieu du XIXe s., du type « la femme en bouton » (Hugo). ◆  Une autre métaphore donne à bouton la valeur de « renflement à l'extrémité d'un fleuret (moucheté) », d'où l'expression coup de bouton en escrime (1885), ainsi qu'un sens technique du verbe boutonner.
■  Par analogie, il s'est appliqué très tôt à une petite pièce souvent circulaire servant à fermer un vêtement (1170-1171), dégageant dès les premiers textes le sens figuré de « chose sans valeur », sorti d'usage. Cette acception, liée aux techniques du vêtement, était suffisamment courante pour que les dérivés boutonner et déboutonner apparaissent dans ce sens dès le moyen français. Certains syntagmes se sont spécialisés, comme bouton de bottine, bouton de culotte. L'ancien sens figuré « chose sans valeur » (ci-dessus) a été réanimé au XXe s. par le syntagme bouton de culotte. ◆  Boutons de manchette (1876 chez Zola) désigne un dispositif amovible dont la fonction est analogue à celle du bouton cousu. ◆  BOUTON-PRESSION n. m. (1909), en concurrence avec la forme pression* n. f. désigne un système de boutonnage formé de deux parties.
■  Par analogie avec la forme de la pièce d'habillement, bouton se dit d'une petite boule servant à saisir divers objets (1380), à manœuvrer une porte (1471). Bouton électrique, bouton d'appel et d'autres syntagmes apparaissent au début du XXe s. Certains, comme le bouton de la radio, ont vieilli. ◆  Bouton de bride « anneau de cuir permettant de resserrer les rênes d'un cheval » a donné lieu dans la langue classique à l'expression figurée serrer le bouton à qqn (Molière), qui équivaut au moderne serrer la vis.
■  Une autre spécialisation, apparue en moyen français (1530), concerne une petite excroissance sur la peau, sens usuel qui donne lieu à des locutions, par exemple, familièrement, donner des boutons à qqn « lui répugner ».
❏  Les dérivés de bouton forment un groupe important.
■  BOUTONNER v. est d'abord attesté à la forme participiale botonné (v. 1160), en parlant d'un habit qui a des boutons. Le verbe a développé en même temps le sens de « bourgeonner » (fin XIIe s.), devenu archaïque ou rare bien que la valeur correspondante de bouton se maintienne, et celui de « fermer un habit par des boutons » (1344). ◆  Il s'est dit aussi de la peau qui se couvre de boutons (1542).
■  Boutonner a servi à former les substantifs d'action BOUTONNEMENT n. m. (1846) en botanique et BOUTONNAGE n. m. (1867) dans l'habillement, ainsi que le préfixé ABOUTONNER v. tr. (1835) qui correspond à « fermer (un vêtement) au moyen de ses boutons », et relève d'un usage populaire régional.
■  BOUTONNIER, IÈRE n., nom de métier pour l'ouvrier qui fait les boutons, est répertorié par É. Boileau (1268-1271) dans son Livre des Métiers.
■  BOUTONNIÈRE n. f., d'abord altéré en botennire (1353), est dérivé de boutonner. Il a désigné une garniture faite de boutons avant de prendre la valeur de « fente faite à un vêtement pour y passer un bouton » (1596). Par analogie de forme, il est employé en chirurgie puis dans l'usage général à propos d'une incision longue et étroite (1751), et en géologie d'une dépression résultant de l'évidement d'un bombement anticlinal (v. 1953). ◆  Il a produit tardivement BOUTONNIÉRISTE n. (1955) comme nom d'ouvrier dans le vêtement.
■  BOUTONNEUX, EUSE adj. (1557) n'est attesté qu'occasionnellement au XVIe s. au sens ancien de « bourgeonnant ». Il a signifié « qui se ferme au moyen de boutons » (1571) puis a été repris (1837) avec son sens moderne de « qui a des boutons sur le visage », péjorativement.
■  BOUTONNERIE n. f. (1660), dérivé de bouton, recouvre la fabrication et le commerce des boutons ; son usage est technique.
DÉBOUTONNER v. tr. (v. 1360), de bouton, terme d'habillement, signifie « défaire les boutons de (un vêtement, une personne habillée) » en construction transitive et pronominale. ◆  La locution, rire à ventre déboutonné (1690), précédée par une variante déjà suggérée chez Rabelais (1532), fait allusion à l'ancien mode de fermeture des pantalons. Elle annonce la valeur figurée de « faire qqch. sans retenue, en toute liberté » à la forme pronominale se déboutonner (av. 1641), d'abord « parler franchement ». ◆  Le mot est passé en escrime pour « enlever le bouton du fleuret afin de s'en servir comme d'une épée » (1835). ◆  Ce verbe a donné DÉBOUTONNAGE n. m. dont le sens figuré est attesté (1878), sans doute par hasard avant le sens propre (1904).
■  REBOUTONNER v. tr., composé régulier de sens itératif, est attesté à partir de 1549.
BOUTON-D'OR n. m. (1775) et BOUTON-D'ARGENT n. m. (1808) utilisent bouton dans son sens de « fleur de forme groupée comme à l'état de bouton » pour dénommer des renoncules d'après leur couleur.
BOUTRE n. m. est un mot relativement récent, introduit entre 1833 et 1866, et probablement emprunté à l'arabe būt, désignant un type de bateau à voile, et lui-même emprunté au XIXe s. à l'anglais boat (→ bateau).
❏  Le mot désigne un petit voilier arabe élevé à l'arrière, utilisé notamment en mer Rouge pour le cabotage et la pêche des perles.
BOUVIER → BŒUF
BOUVREUIL → BŒUF
BOVARYSME n. m., d'abord bovarisme (1865), est formé à l'exemple de bovaryste adj. et n., mot dérivé par Flaubert lui-même du nom du personnage qui donne son titre au roman Madame Bovary (1857). Le mot, dans la correspondance de l'écrivain, se rapporte à un défenseur de Madame Bovary, par allusion au procès qui fut intenté à Flaubert pour outrage à la morale publique et religieuse et outrage aux bonnes mœurs. Dès la même année, Flaubert emploie le substantif (1857).
❏  Bovarysme, qui apparaît un peu plus tard sous la plume de Barbey d'Aurevilly, recouvre un concept affectif et moral inspiré par le type psychologique d'Emma Bovary. J. de Gaultier, dans un ouvrage qui a diffusé le mot (1902), le définit « comme le pouvoir qu'a l'homme de se concevoir autre qu'il n'est » et, par extension, de s'évader hors d'une réalité médiocre par un imaginaire romanesque et sentimental.
❏  L'adéquation de bovarysme à un type psychologique existant se mesure à l'emploi de BOVARYSTE pour « relatif au bovarysme » et à la création de BOVARYQUE adj. (1865, Barbey) et BOVARYSER v. intr. (1927, Larbaud) « se comporter comme Emma Bovary », mots sans lendemain.
BOVE n. f., attesté dès le XIIIe s. en picard, semble emprunté au flamand par le bas latin, pour désigner, dans le nord de la France, une caverne, une cave, une niche dans une cave. ◆  De là ou par emprunt direct au flamand, BOVETTE n. f. « galerie de mine creusée dans le rocher ».
BOVIN, INE → BŒUF
BOWLING n. m. est emprunté (1907) à l'anglais bowling « jeu de boules » (1535), spécialisé dans cet emploi aux États-Unis par abréviation de bowling saloon (1842, Dickens, American Notes). Le mot est le substantif verbal de to bowl « jouer aux boules » (1440), lui-même dérivé de bowl « boule » (1413), emprunt au français boule*. Le composé bowling green a fourni au français le mot boulingrin*. Le bowling, créé aux États-Unis et codifié en 1874, est un jeu aménagé dans une salle fermée, joué par allées séparées, avec divers mécanismes, et qui n'a plus grand rapport, socialement, avec le jeu de quilles. Il est répandu en France surtout après 1945, le jeu de quilles étant alors démodé.
❏  Le mot désigne à la fois le jeu de quilles à l'américaine et le lieu où l'on pratique celui-ci.
❏ voir BOULINGRIN.
BOW-WINDOW n. m., attesté isolément en 1830 et repris à partir de 1863, est emprunté à l'anglais « fenêtre [window] en arc [bow] ».
❏  Le mot désigne une fenêtre en saillie par rapport au plan de la façade. Un terme équivalent est oriel.
1 BOX, pluriel BOXES n. m. est emprunté (1777) à l'anglais box « boîte » (1000) qui a pris les sens particuliers de « loge de théâtre » (1609), « compartiment d'un café, d'une salle publique » (1712), « banc des jurés ou des témoins » (1822, abréviation de jury-box, witness-box) et « stalle d'écurie » (1846). Le mot représente probablement un latin populaire °buxem, forme contractée pour le bas latin buxidem, accusatif de buxis (→ boîte), plutôt qu'un emploi métonymique de box « buis » (931) de même origine que le français buis*.
❏  Le sens de « loge de théâtre » (1777, au pluriel) a disparu. ◆  Par un nouvel emprunt, le mot désigne une stalle d'écurie destinée à loger un seul cheval (1839) et, par une extension propre au français, une place cloisonnée pour voiture dans un garage commun (1918). ◆  Le sens de « banc cloisonné au tribunal » (1879) est repris à l'anglais, de même que celui de « compartiment cloisonné (d'un dortoir, d'un café, d'un bureau) » (1906, dans un contexte américain à propos d'un bureau).
❏  BOXON n. m., d'abord bocson (1811), est emprunté à l'anglais populaire boxon « cabinet particulier de taverne », dérivé de box « compartiment, salon particulier dans un café » (1712). Le mot a été introduit au sens de « cabaret », de manière extensive par rapport au mot anglais. Il a évolué vers le sens moderne de « maison de tolérance, bordel » (1846), en passant par une forme bocard (1821). Celle-ci est obscure ; c'est peut-être une forme apocopée de bocson avec le suffixe péjoratif -ard. Par la même extension que bordel, boxon signifie au figuré « désordre, fouillis ».
❏ voir BOXE.
BOX-CALF n. m. est emprunté (1899) à l'anglo-américain box-calf, nom commercial tiré vers 1890 par Edward L. White (de la White Bros. & Co. dans le Massachusetts) à ce cuir de veau réputé. L'appellation vient du nom propre de Joseph Box, célèbre bottier londonien, et de calf « veau », mot d'origine germanique correspondant à l'allemand Kalb et au néerlandais kalf. La publicité de cette marque représentait, par une sorte de rébus, un veau (calf) dans une boîte (box).
❏  Le mot désigne un cuir obtenu à partir de peaux de veaux tannées au chrome, utilisé notamment dans la confection d'empeignes et de tiges de chaussures. ◆  L'abréviation 2 BOX est aujourd'hui plus courante (on a dit également calf, sorti d'usage).
BOXE n. f. est emprunté (1698) à l'anglais box (v. 1385, Chaucer) « soufflet, coup » puis, par spécialisation, « claque sur l'oreille ou la tempe » (v. 1440). Ce mot est d'origine inconnue : une formation expressive ou une spécialisation figurée à partir de box « boîte » (→ 1 box) a plus de probabilité qu'une dérivation de la racine germanique représentée dans le moyen néerlandais bōke, böke (néerlandais beuk), le moyen haut allemand buc « coup ». Le terme anglais pour le pugilat n'est pas box mais boxing (1711), substantif verbal de to box, lui-même dérivé de box. Ce sport fut pratiqué à poings nus et de manière très violente, en Angleterre, jusqu'en 1891 dans la semi-légalité (Cf. les évocations de Hugo, pour le XVIIe s., dans L'Homme qui rit).
❏  Le mot est passé en français, alors écrit box, une première fois en 1698 (attestation contestée) puis en 1792. Il s'est répandu sous la forme francisée boxe (1804), d'abord en parlant de l'Angleterre, puis comme terme de sport international au début du XXe siècle. Il désigne ce sport, et par métonymie, l'action de combattre en boxe. On a appelé boxe française (1854) l'ancienne savate, sport analogue mais qui ajoute à l'escrime au pied celle du poing ; la savate passa en Amérique vers 1848 où elle devint le « savate-boxing », avant de disparaître. ◆  Boxe, devenu usuel, entre dans de nombreux syntagmes et est au centre d'une ample terminologie.
❏  1 BOXER v. est l'adaptation avec la désinence -er (1767) de l'anglais to box, « battre » (1519), dénominatif de box spécialisé comme terme de pugilat (1567). ◆  Le mot se dit pour « livrer un combat de boxe, pratiquer la boxe » (1772). Il est employé transitivement avec le sens de « frapper (qqn) à coups de poing » (1791), familier, et de « rencontrer (un adversaire) dans un combat de boxe » (1801).
■  BOXEUR, EUSE n. est l'adaptation (1788) avec le suffixe -eur, prononciation française du suffixe anglais -er, de l'anglais boxer (1742), de to box. L'emprunt est sensible dans la persistance de la graphie boxer pour boxeur en français à la fin du XVIIIe s. (1792). ◆  Le mot désigne le sportif qui pratique la boxe ; le féminin boxeuse (1874) reste peu usité.
■  2 BOXER ou BOXER SHORT n. m. est emprunté (mil. XXe s.), à l'anglais boxer shorts ou boxers, « culotte de boxeur », attesté dans le dictionnaire Webster, 3e éd., mais certainement très antérieur en anglais : on trouve en effet boxer shorts en français en 1954.
■  Le mot désigne une culotte de bain ou de sport pour homme, en forme de short ample, resserré par une bande élastique à la taille. La mode de ce type de short, importée des États-Unis, concurrence le slip de bains.
3 BOXER n. m. est emprunté (1919, Larousse mensuel) à l'allemand Boxer « boxeur », appellation transposée à une race de chiens originaires d'Allemagne en raison de sa combativité. L'allemand l'a emprunté de l'anglais boxer.
BOXON → BOX
BOY n. m. est emprunté (1836) à l'anglais boy mot ancien (v. 1300) « garçon », par extension « jeune homme » (v. 1320), également « esclave » (v. 1350) et spécialement « jeune domestique indigène des voyageurs et des colons » (1669). Le mot anglais s'est employé dès le moyen âge comme terme condescendant (v. 1300) et pour désigner le membre d'une bande, d'une organisation (v. 1590) [Cf. boy-scout, ci-dessous]. Son origine fait difficulté : l'hésitation du vocalisme des formes les plus anciennes boie, bay, bey, bwey, suggère une adaptation d'un étymon ancien français en -ui- ; le mot pourrait remonter à l'anglo-normand °abuié, °embuié, participe passé du verbe ancien français embuier « enchaîner, entraver ». Ce mot est issu d'un latin populaire °imboiare, formé de in- (im- devant b) et de boia, surtout au pluriel boiae « carcan, fers ». Ce dernier est probablement emprunté au grec boeiai (sous-entendu dorai), « courroies de cuir de bœuf », pris ensuite pour toutes entraves ou liens, de bous (→ bœuf, boulimie). Le sens originel de boy serait donc « homme dans les fers » d'où « esclave », avant « jeune garçon ». Cette reconstitution est assez fragile.
❏  Le mot est introduit une première fois avec le sens de « jeune homme » dans un contexte anglais. Le sens de « jeune domestique indigène en Extrême-Orient, en Afrique » (1843), longtemps le plus vivant en français, tend à disparaître avec l'institution ; on signale dans ce sens l'emploi d'un féminin BOYESSE n. f. (1921) demeuré rare. En français d'Afrique, le mot boy s'entend parfois encore pour « serveur de café, de restaurant » et, en français de l'océan Indien, pour « jeune garçon servant comme domestique ». Le féminin boyesse s'employait en Afrique pour « bonne d'enfant » et « bonne à tout faire ». Au masculin, il semble que boy-chauffeur (« aide du chauffeur ») et boy-cuisinier s'emploient encore. ◆  Le sens de « danseur de music-hall » (1947), symétrique à l'emploi du féminin girl, est moins courant que ce dernier. ◆  Le contexte de la guerre du Viêtnam a relancé le sens de « jeune soldat américain », par un réemprunt occasionnel, d'usage journalistique.
❏  BOY-SCOUT n. m. est emprunté (1910) à l'anglais Boy Scout, nom donné au membre de l'organisation fondée en Angleterre en 1908 par sir Robert Baden-Powell (1857-1941). Le mot signifie « garçon-éclaireur » ; il est composé de boy et de scout « action d'observer, d'espionner » (1553) d'où « éclaireur » (1555), emprunté avec altération de l'initiale à l'ancien français escoute (→ écoute).
■  Le mot désigne un enfant (garçon ou fille) faisant partie d'un mouvement de scoutisme. La forme abrégée SCOUT n. (1923), également employée comme adjectif (1923), est plus fréquente aujourd'hui, boy-scout connotant ironiquement la bonne volonté naïve et idéaliste. C'est dans cette acception qu'est employée la forme plaisante boiscout (Boris Vian, 1950), transcrivant une prononciation francisée (comme bois).
■  Scout a produit en français SCOUTISME n. m. (v. 1914, puis 1933), le mot anglais étant scouting.
■  Boy-scout lui-même a donné BOY-SCOUTESQUE adj. (v. 1960), qualifiant ce qui rappelle la mentalité des boys-scouts.
❏ voir COW-BOY.
BOYARD ou BOÏAR n. m. est emprunté (1415) au russe boiarin, « seigneur », dont le pluriel boyare explique la forme française. Boiarin est issu du vieux slave boliarin (pluriel boliare) qui semble représenter une forme plus ancienne : il vient de la langue bulgare du Danube (turc) et se rencontre dès les Dialogues de Grégoire le Grand (v. 540-694). Il a été rapproché du vieux turc boila et du grec byzantin boilas, boëlas (Théophane), boliades. Un tel cheminement soulève cependant des difficultés phonétiques. Une autre hypothèse pose comme étymon le vieux turc bai, « célèbre, puissant », avec l'élément -är, au sens « personnage célèbre », et explique la forme boliarin comme une corruption sous l'influence de la racine vieux slave bol-, « grand, puissant », que l'on trouve dans le russe bolchoï « grand » (→ bolchevik). Les attestations les plus anciennes en français ayant trait à des réalités russes, un emprunt au russe est plus vraisemblable qu'un intermédiaire polonais ou tchèque bojar, forme non suffixée qui a donné le latin médiéval de Pologne boiarus (1470).
❏  Le mot s'est écrit boyare (encore en 1771), boyar (1575), boïar (1721) et, par assimilation erronée au suffixe français -ard, boyard (1721), forme aujourd'hui dominante. Il désigne un ancien seigneur gros propriétaire terrien des pays slaves, en particulier de Russie et, par extension, des provinces danubiennes d'Europe centrale. ◆  Par extension, il s'est employé familièrement au sens figuré d'« homme riche, cossu » (1932).
L BOYAU n. m. est issu (1080) du latin botellus, d'abord attesté à l'époque classique au sens de « petite saucisse », qui a pris, semble-t-il seulement en latin médiéval le sens d'« intestin, viscère » en parlant de l'homme (802) et de l'animal (1277), puis appliqué au domaine technique aux XIIe-XIIIe siècles. C'est le diminutif du latin classique botulus « boudin » (→ botulisme) sans doute d'origine non romaine (le mot latin étant farcimen), probablement emprunté à l'osque, ce qui n'est pas surprenant pour un terme de cuisine ; dès lors, un rapprochement avec le gotique qiþus « ventre » ne serait pas impossible et ébaucherait une origine indoeuropéenne.
❏  La forme attestée dans La Chanson de Roland est le féminin buele, issu d'un pluriel neutre °botella ; elle a été suivie par boiel (v. 1160) puis boyau (v. 1340). Le mot a évincé le représentant du latin botulus, buille (XIIe s.). Toutes ces formes désignent l'intestin des animaux en général. Comme en latin médiéval, dans des domaines techniques : le mot s'emploie ensuite par métonymie à propos d'une corde faite à partir de certains boyaux et utilisée en chirurgie, puis en musique. Cet emploi en musique est attesté dans la locution figurée et familière racler le boyau (ou les boyaux) « jouer mal d'un instrument à cordes » (1623). Un autre emploi des boyaux d'animaux concerne les raquettes de tennis (XXe s.). ◆  L'emploi du mot pour désigner l'intestin de l'homme est resté usuel au pluriel avec une connotation péjorative sensible dans diverses locutions familières : aimer qqn comme ses menus boyaux « l'aimer beaucoup » (XVIe s.) est sorti d'usage ; vomir tripes et boyaux (1651, Scarron) se dit encore. Au singulier, le petit boyau s'est dit de la verge.
■  Par analogie, boyau désigne une tranchée militaire qui va en serpentant et sans angles (1676), puis un passage long et peu large (1690), un conduit servant d'écoulement et, spécialement (1904), un pneumatique de vélo de course, formé d'une seule enveloppe (les pneus de tourisme ayant une chambre à air et une enveloppe extérieure).
❏  BOYAUDIER n. m., d'abord boiotier (1680) puis boyautier (1690), attesté jusqu'en 1740, a changé de consonne d'appui pour devenir boyaudier (1690). ◆  Le mot, d'usage technique, désigne l'ouvrier spécialisé dans la préparation des boyaux destinés à diverses industries.
■  BOYAUDERIE n. f., dérivé (1835) du précédent, appartient également au langage technique et désigne l'industrie chargée de transformer les boyaux de certains animaux en baudruches, cordes, etc.
■  SE BOYAUTER v. pron. (1901), très familier, signifie « rire très fort », « se tordre les boyaux de rire ».
■  BOYAUDER v. tr. est un verbe, lui aussi familier (1919), pour « étriper », sorti d'usage. ◆  L'adjectif BOYAUDÉ, ÉE qualifie un canon de calibre normal portant de multiples rayures et au pas très allongé (1919). Les deux mots sont peu usités.
TORD-BOYAUX n. m. (1855), procède de boyaux « viscères de l'homme » et désigne familièrement une eau-de-vie très forte.
❏ voir BOTULISME, ÉBOULER, ÉCRABOUILLER, TOURNEBOULER.
BOYCOTTER v. tr. est la francisation (1880) de l'anglais to boycott (1880), verbe formé avec le nom du capitaine Charles C. Boycott (1832-1897), riche propriétaire irlandais du comté de Mayo qui, refusant de baisser les loyers, fut l'objet de ce genre de quarantaine pendant l'automne 1880. Le mot s'est répandu immédiatement par voie de presse, passant dans toutes les langues européennes.
❏  Le verbe s'applique à l'action d'interdire, à un individu ou à une collectivité, par une mise en quarantaine collective, l'exercice d'une activité commerciale, puis industrielle. Il s'emploie par extension pour « interdire (une activité) ».
❏  Il y a concurrence, pour le substantif d'action de boycotter, entre BOYCOTTAGE n. m. (1881), formé en français (l'américain boycottage lui serait emprunté), et BOYCOTT n. m. emprunt (1888) à l'anglais boycott. Le premier s'emploie surtout pour l'opération et le second pour le procédé.
■  BOYCOTTEUR, EUSE n., dérivé (1881) du verbe français, n'est pas usuel.
BOY-SCOUT → BOY
? BOZO n. m., attesté en français du Québec depuis 1930, peut être un emprunt à un mot populaire en anglais d'Amérique du Nord (1920-1930), à moins que l'anglais ne l'ait emprunté au français, ou bien un héritage de mots régionaux français (attesté par baozo « niais », en dialecte manceau). Il désigne un simple d'esprit, un imbécile.
BRACELET → BRAS