BRIMBELLE n. f. est un mot régional (1765) venu des dialectes, d'un radical brimb- exprimant la petitesse (Cf. bribe, brimballer, et, par paronymie, brimborion), avec le suffixe diminutif -elle.
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Le mot, répandu dans de nombreux dialectes, est passé en français dans l'est de la France, de la Lorraine à la Franche-Comté, pour désigner la myrtille ou airelle.
BRIMBORION n. m., d'abord breborion (v. 1450), briborion (1611) nasalisé depuis le XVIe s. en brinborion (1532), puis écrit brimborion (1611), est l'altération du latin ecclésiastique breviarium « livre de prières » (→ bréviaire). La prononciation de la dernière syllabe est analogue à celle de dicton* (du latin dictum) ; elle correspond à la diction française ancienne du latin. L'initiale est due à l'influence des mots de la famille expressive de bribe*, brimber, dont le sémantisme a influé sur l'évolution de brimborion.
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Le sens étymologique, « prières bredouillées », a disparu au XVIe siècle.
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Puis le mot désigne une chose petite, insignifiante (1611), sous l'influence de mots à initiale b- de même sens : bribe, babiole, bibelot. Le pluriel brimborions (1644) a quelquefois une nuance de mépris (1690).
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Le singulier collectif, « ensemble des petites choses sans nom précis » (1690) et, au figuré, « choses vulgaires et futiles » (1857, Flaubert), est rare et affecté.
BRIMER v. tr., introduit tardivement (1826 selon Esnault, ou 1853 ; mais probablement antérieur ; Cf. brimade), semble d'origine dialectale ; le manceau brimer « battre, tourmenter » semble une extension figurée du sens propre, « geler, brouir », dérivé de brime, et attesté dans les parlers du Nord-Ouest (bas manceau, bas gâtinais) au sens de « givre, coup de vent froid qui flétrit les fruits ». Brime résulte probablement du croisement de brume* avec frimas*. Selon P. Guiraud, le développement du sens figuré de brimer « battre » procède de brim « mèche de fouet », qu'il interprète comme la forme originale de brin* au sens de « baguette ».
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Le mot a été introduit par l'argot militaire et scolaire (Saint-Cyr) avec le sens de « railler, berner (les nouvelles recrues) ». Par extension, il s'est répandu dans l'usage commun pour « vexer, contraindre par des mesures vexatoires » (av. 1866).
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L'emploi du participe passé BRIMÉ, ÉE adj. pour qualifier un raisin marqué de taches (1838) procède directement du sens étymologique.
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BRIMADE n. f., dérivé (1818) de brimer, désigne l'action de brimer, une mesure de vexation infligée par les anciens aux nouveaux (1826, dans l'argot scolaire) et, au figuré, une vexation découlant d'un abus d'autorité (1900, Bergson).
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BRIN n. m. (1471), d'abord écrit brain (v. 1393), est d'origine incertaine. L'hypothèse d'un étymon gaulois °brinos « baguette », se heurte au fait que ce mot n'est postulé par aucune forme dans les langues celtiques. L'étymon latin primus « premier » (→ prin, prime), par l'intermédiaire du provençal, fait difficulté des points de vue phonétique et sémantique. L'hypothèse de P. Guiraud, proposant d'y voir le même mot que l'ancien français brin, rapproché d'un ensemble de mots apparentés au scandinave brim « ressac » et au figuré « puissance, force », « tumulte, orgueil », est insuffisamment fondée.
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Le sens de base est celui de « tige fine d'une plante sortant de terre », réalisé par le mot de manière autonome et surtout dans des syntagmes (
brin de fenouil, etc.). Le sens de « tige fine » a donné en sylviculture celui de « rejeton d'une souche restée en terre après que l'arbre ait été abattu » (1611).
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Au figuré, le langage familier emploie la locution métaphorique
un beau, un joli brin de (fille), [1718] pour caractériser une jeune femme grande et bien faite.
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Par analogie,
brin désigne une petite partie d'un tout organique, un filament délié (de chanvre ou de lin, 1471), d'où les anciennes expressions
drap de premier, de second brin (1471), évaluant la qualité d'un drap d'après la longueur des fibres.
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Par extension, le mot désigne un élément, une partie longue, fine et souple, en général et dans quelques emplois techniques (électricité, pêche, mécanique).
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Par transposition, au figuré, il exprime l'idée d'une petite parcelle, d'une quantité infime de qqch. (1497, brin de loyaulté), sens conservé dans quelques expressions comme faire un brin de toilette, faire un brin de cour à qqn. La locution adverbiale un brin suivi d'un adjectif (1577), « un peu », participe de ce sens. Au figuré, un brin correspond à « très peu », et pas un brin à « pas du tout ».
❏
BRINDILLE n. f., d'abord
brindelle (1551), la forme actuelle resuffixée n'étant attestée qu'en 1761 (dans un petit dictionnaire), est dérivé de
brin avec intercalation d'un
-d- d'appui d'origine obscure ; l'hypothèse d'une influence de l'ancien provençal
brondhel « rameau, feuillée, branche » (
XIIe s.) pour l'expliquer est peu fondée.
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Le mot réalise l'idée de « petit brin », désignant une petite branche mince et le plus souvent sèche et, par figure, comme brin, une petite unité de qqch., emploi rare.
❏ voir
1 BRINGUE (peut-être).
BRINDE n. f. est probablement importé (1552) par les mercenaires allemands au XVIe s. et passé dans les langues romanes : italien brindisi, espagnol brendes (1609), catalan brindis et portugais brende, un verbe brendar « porter un toast » correspondant aux trois derniers. Le mot, dans chacune de ces langues, est l'adaptation de la formule allemande bring dirs, littéralement « je porte à toi (sous-entendu un toast) », de bringen « porter », de l'ancien haut allemand bringan et dir (« vers ») es (« toi »). Bringan vient d'un germanique commun (non norrois) °breŋgan d'une racine °bhreŋk-, °bhroŋk-, représentée aussi en celtique, mais pas dans d'autres groupes indoeuropéens.
❏
Le mot signifie « action se porter un toast à la santé de qqn » (1554) ; il est considéré comme archaïque depuis le XVIIIe s. (1740). La locution familière être dans les brindes « être ivre » (1835) est sortie d'usage (Cf. ci-dessous brindezingues).
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Par métonymie, brinde a développé le sens de « verre à boire » (1552), repris au XVIIe s. avec le sens dérivé de « vase à anses pour le vin », qui s'est peu répandu.
❏
BRINDER v. intr. (1588), sorti d'usage au sens de « boire avec excès », a été repris au
XXe s. pour « porter un toast » mais est peu usité. Il est resté une trace dans des patronymes venus de surnoms de soldats au
XVIIIe s., et qu'on rencontre au Québec, comme
Brind'amour « qui boit à l'amour ».
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BRINDEZINGUE n. et adj. est formé en argot (1756) de brinde, et probablement de zingue, forme populaire de zinc* « comptoir du marchand de vin » ; le recours à l'italien brindisi doit être écarté, ce mot n'étant emprunté en français qu'en 1806.
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Brindezingue est surtout employé dans la locution être dans les brindezingues « être ivre » (1756) et, adjectivement, être brindezingue « ivre » (av. 1899) et « un peu fou ». Ces emplois plaisants ont vieilli.
❏ voir
2 BRINGUE.
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1 BRINGUE n. f., repéré tardivement (1738), est d'origine incertaine, probablement à rattacher à bringue(s) « morceau(x) », mot des dialectes normand et du Centre, à rattacher à brin* ; on comparera l'expression bringue de femme, employée par Balzac, avec brin de femme, brin de fille. Si ce rattachement satisfait du point de vue sémantique, il n'explique pas la formation du mot ; peut-être faut-il évoquer la finale populaire -ingue sur le modèle de bastringue*, fringue*, flingue*. P. Guiraud rattache également le mot à brin*, mais insiste sur les premiers emplois qui correspondraient à boiter, attesté par le jurassien bringou « boiteux », bringala « marcher en boitant » : le brin en cause pourrait être une entrave constituée par une barre ou un lien qui emprisonne les pieds de l'animal.
❏
Le mot est d'abord un terme d'argot de manège appliqué à un cheval mal bâti, employé par extension familière pour une femme, une fille dégingandée (1807), le plus souvent dans une grande bringue.
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Le sens de « morceau, pièce », dans la locution en bringues « en pièces et morceaux » (1751) d'où au figuré « en piteux état » (1842-1843), va à l'encontre de l'hypothèse sémantique de P. Guiraud et donne au mot la valeur de « morceau rompu ». Il a disparu.
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La locution adverbiale d'abord argotique à toute bringue « à toute allure » (1936) doit probablement autant à bringue au sens de « machine qui fonctionne mal » qu'à l'influence de berzingue*, dans à tout berzingue.
❏ voir
EMBRINGUER.
2 BRINGUE n. f., d'abord bringe en fribourgeois (1609) puis bringue (1611), est originaire de Suisse romande. C'est une forme dialectale correspondant au français brinde*. Le maintien du -g- étymologique s'explique par le contact avec le domaine linguistique allemand.
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Le sens propre de « toast porté à qqn avec obligation de boire » est sorti d'usage (1660) sous la concurrence de brinde.
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Par extension, le mot a pris ultérieurement, en français de France, le sens de « fête, débauche » (1901) en argot, puis dans l'usage familier, surtout dans la locution faire la bringue, toujours vivante.
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En français de Suisse, à partir de l'idée de répétition ennuyeuse (probablement liée aux formules répétées de toasts), le mot s'emploie pour « rengaine, propos ressassés », et faire la bringue à qqn pour « harceler, ennuyer ». Par métonymie, une bringue a le sens de « raseur, importun ». L'emploi le plus courant de bringue semble être pour « querelle » (chercher, faire des bringues).
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De là, 2 BRINGUER v. intr. pour « être ennuyeux » ou encore « se disputer, chercher querelle » et comme transitif « importuner, ennuyer », souvent pour obtenir qqch. Le sens de 1 bringuer n'est pas inconnu en Suisse.
❏
1 BRINGUER v. tr., d'abord employé en Suisse romande au sens de « toaster » (1542)
[Cf. brinder], s'est répandu en français de France avec le sens familier de « faire la fête » (1928).
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Il a produit BRINGUEUR, EUSE n. (fin XIXe s.) « personne qui fait la noce ».
BRIO n. m. est emprunté (1812) à l'italien brio « vitalité, énergie se manifestant dans la vivacité, gaîté, entrain », attesté depuis le XVIe siècle. Le mot italien est lui-même emprunté à l'espagnol brio « vivacité, élégance, énergie », probablement par son correspondant ancien provençal briu « valeur, mérite ». Le mot serait issu d'un gaulois °brivo- ou °brigo-, reconstitué par l'ancien irlandais brig « puissance, force », le gallois bri « dignité, valeur ».
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Le mot a été introduit pour caractériser la vivacité d'une pièce musicale, dans la locution adverbiale italienne con brio (Stendhal) et sa traduction avec brio (1824).
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Par extension, le mot exprime l'idée de « fougue, de talent brillant » (1828, dans un contexte italien), quelquefois avec une nuance péjorative, « éclat trompeur, facile ».
BRIOCHE n. f. est dérivé avec le suffixe -oche (1404) de brier, forme normande de broyer* au sens de « pétrir la pâte avec un rouleau en bois ». Ce verbe vit également dans les dérivés brie n. f., nom de l'instrument servant à pétrir (1700) et dans l'adjectif brié, ée (1857) qualifiant un type de pain à pâte dense, pétrie avec cet instrument. Le participe passé féminin briée a été substantivé (1811) pour désigner la quantité de pâte travaillée avec la brie.
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Brioche désigne une pâtisserie à base de farine, d'œufs, de lait et de levain, de forme circulaire, formant au sommet une demi-sphère, puis de forme quelconque.
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Le sens figuré et familier de « bourde, bévue » (1826) serait né dans les milieux musicaux (1825) : selon une anecdote rapportée au XIXe s., il ferait allusion à la caisse d'amendes constituée par les musiciens de l'orchestre de Paris pour chaque faute commise et qui servait à acheter une brioche partagée en commun.
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Le sens familier de « ventre proéminent » (1926), quasi synonyme de bedon, fait allusion à la bosse formant la partie supérieure de la brioche traditionnelle.
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L'expression partir en brioche, « se désagréger, se défaire », viendrait du fait que la mie séchée s'émiette.
❏
BRIOCHÉ, ÉE adj., d'abord relevé dans le vocabulaire du journalisme de mode pour décrire une calotte en forme de bosse, de brioche (1952), est surtout usité en boulangerie (pain brioché).
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BRIQUE n. f., d'abord écrit brike (1204), brique (une fois au XIVe s.), bricque (XVe s.) puis brique (1508), est localisé à son origine dans le nord de la France, attesté d'ailleurs sous la forme briche (XIIIe s.). Il est emprunté au moyen néerlandais bricke, brike, étymon confirmé par l'importance des briqueteries et de l'habitat en briques aux Pays-Bas et en Flandres. Le mot est probablement à rattacher au verbe breken « casser en morceaux » (→ broyer ; peut-être brocanter), correspondant à l'anglais to break, l'idée initiale de « morceau » étant d'ailleurs la première valeur en français.
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Le mot a désigné un palet (1204) et, de manière générale, un morceau, une miette
(→ bricheton), une pièce, ceci jusqu'au
XVIe siècle.
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Il a servi à exprimer la négation dans la locution
ne... brique « nullement » (
XIIIe s.) à comparer à
ne... mie. Brique a aussi désigné en moyen français une pièce d'or (1660).
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Ce sens de « morceau », sorti de l'usage courant, se maintient dans plusieurs dialectes, du Centre, de l'Est et de la Suisse. Il est usuel en Suisse, depuis le
XVIe s., pour « fragment, éclat » ou « tesson », et dans l'expression
pas une brique « rien du tout »
(voir aussi 3 briquer, ci-dessous) ; il explique la locution argotique puis familière
bouffer des briques (1878) « n'avoir rien à manger », qui a subi l'influence imagée de
brique « carreau d'argile » (d'où la variante
bouffer des briques sauce caillou).
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Le sens dominant, « parallélépipède d'argile durci au feu » (1292, à Tournai), employé pour la construction (architecture en briques), a produit des extensions analogiques. Depuis le début du XVIIe s. (1611), brique est employé en parlant d'un matériau moulé en forme de brique (brique de savon, de métal) ; en marine, la locution brique à pont (1867, sans doute antérieure d'après le dérivé briquer, ci-dessous) désigne une pierre de grès fin utilisée pour frotter le pont après lavage. Au sens premier, à brique réfractaire correspond brique à feu au Québec. Une expression figurée s'emploie en Belgique, où avoir une brique dans le ventre correspond à « adorer construire ». En français du Québec, on connaît l'expression attendre qqn avec une brique et un fanal (« pour lui demander des comptes »).
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Le sens familier de « liasse de billets de banque » (1926), d'où « million de francs » (1946), réanime l'ancienne valeur de « pièce (d'argent, etc.) », mais recourt à une métaphore du même type que pavé. Depuis la disparition du franc en France et en Belgique, brique peut s'entendre pour « million d'euros ».
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Le mot désigne couramment un récipient parallélépipédique utilisé pour certains liquides, notamment alimentaires (v. 1950).
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En référence à la couleur de la brique, le mot désigne une couleur rougeâtre, cuivrée, dans le syntagme couleur de brique (1867 ; 1817, couleur brique), puis en emploi apposé invariable (des vestes brique).
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Briquet n. m., diminutif de
brique, s'est employé en moyen français au sens originel de « morceau, petite quantité ». Ce sens, maintenu dans les dialectes, survit dans quatre spécialisations dont le lien entre elles et la motivation ne sont plus perçus par le locuteur moderne.
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1 BRIQUET n. m., nom d'un petit chien de chasse (v. 1440), procède de l'idée de « petit bout », par allusion à la taille de l'animal ; le mot, appellatif et nom propre, a longtemps désigné des petits chiens. Il est archaïque.
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2 BRIQUET n. m. (1735), mot qui a remplacé fusil dans son sens ancien de « pièce d'acier avec laquelle on bat un silex pour en tirer du feu », participe également de l'idée de « petite pièce », qui avait donné au XVIIe s. le sens technique de « charnière » (1676).
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L'objet primitif, dont procède la locution battre le briquet (1752), encore employée avec un sens figuré, a disparu.
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Le mot s'est étendu, par analogie de fonction, à un petit appareil servant à produire du feu (1809), d'abord formé d'une pierre à feu et d'amadou, aujourd'hui alimenté à l'essence ou au gaz. On parle de briquet rechargeable, ou jetable (non rechargeable). Plus ou moins luxueux, les briquets relèvent de la joaillerie (briquet en or) ou de la grande industrie.
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Un autre mot, 3 BRIQUET n. m. (1734), désignant un couteau à longue lame puis un sabre court et recourbé (1793), est probablement une extension de la pièce d'acier frottée contre un silex, par analogie. Il ne semble pas nécessaire d'y voir une altération de braquet « poignard », diminutif de braquemart*, avec attraction de briquet.
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Enfin 4 BRIQUET n. m., « casse-croûte du mineur » (Zola, 1885), se rattache directement au sens de « morceau » par l'intermédiaire d'emplois anciens désignant une forme de pain (1264), un morceau de pain, maintenus dans les dialectes du Nord.
◈
BRIQUETERIE n. f. (1407) « lieu où l'on fabrique des briques » appartient à la série des dérivés de
brique comportant une consonne intercalaire
-t-. Le mot a été reformé ultérieurement à deux reprises, d'après
briquet pour désigner une fabrique d'allumettes (1863) et d'après
briquette pour désigner l'usine où l'on fait des briquettes de chauffage (1890,
briquetterie).
■
BRIQUETER v. tr. (attesté 1418, mais antérieur ; Cf. briquetage) signifie « construire en briques » et « donner à une surface l'apparence d'un mur de briques ». Reformé d'après briquette, il a pris le sens de « transformer en briquettes » (1928).
■
BRIQUETAGE n. m. (1394) est probablement dérivé du verbe avec le sens de « construction en briques », sorti d'usage au XVIe s. et repris au XVIIIe s. (1752). Par analogie d'aspect avec la brique, il désigne l'enduit rouge ou jaune qui donne à une construction l'apparence de la brique (1718).
◆
Du sens technique récent de briqueter vient l'emploi en métallurgie pour « action d'agglomérer des débris métalliques en briquettes » (1927).
■
BRIQUETIER, IÈRE n. (1503) désigne l'ouvrier (l'ouvrière) ou artisan qui fait des briques, et celui qui les vend.
◈
1 BRIQUER v. tr., dérivé de
brique (1532), a d'abord le sens de « remplir avec des briques », éliminé par
briqueter.
◆
Le verbe a été repris au
XIXe s. avec le sens de « frotter avec la
brique à pont pour nettoyer », d'abord argotique (1850) puis adopté comme le terme propre (1897). Il s'est répandu dans l'usage familier pour « frotter, nettoyer énergiquement » (1944).
■
BRIQUÉ, ÉE, adjectif tiré du participe passé (1881), qualifie à l'origine ce qui a la couleur de la brique, sens disparu (on dit briqueté), puis ce qui est briqué, propre.
■
BRIQUAGE n. m. (1899), d'abord écrit bricage (1888), se dit du nettoyage d'un navire et, par extension, d'un nettoyage énergique et complet.
■
Il faut probablement considérer le verbe 2 BRIQUER v. tr. (1917), « parcourir en bateau », comme une extension de sens de briquer « nettoyer », par allusion au mouvement de va-et-vient sur toute la surface du pont. 3 BRIQUER v., dérivé (1807) du sens de brique en français de Suisse (ci-dessus), correspond à « briser, casser ».
◈
BRIQUETTE n. f. (1612) désigne proprement une petite brique de construction ; il s'est surtout répandu avec des sens analogiques, « petite masse combustible de houille » (1835) et, en lithographie, « pierre à polir les pierres lithographiques ».
◆
Sa spécialisation en métallurgie a influencé le développement de quelques dérivés de
brique.
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Au figuré, la locution
laisse tomber, c'est de la briquette « ça n'est pas important » (1959 dans Esnault) réactive la valeur ancienne de
brique « petit morceau, miette ».
❏ voir
BRICHE.
BRISE n. f., dont la première attestation connue (1598) est traduite du castillan, est probablement emprunté à l'espagnol brisa « vent du nord-est » (1504), lui-même postérieur au catalan brisa (XVe s.). Ce mot est d'origine obscure : on a pensé à un croisement de l'ancien provençal bisa (v. 1173) [→ bise] et du catalan gris, griso « vent ou air froid », mais ce dernier ne semble pas assez ancien.
◆
L'hypothèse selon laquelle le français brise serait issu du croisement de bise avec briser* est satisfaisante sémantiquement, brise désignant à l'origine un vent violent, mais ne rend pas compte du fait que le mot est d'abord attesté dans les langues hispaniques. L'antériorité du mot dans les langues romanes (portugais brisa, XVIe s. ; italien brezza, 1400-1450) par rapport aux langues germaniques (anglais breeze, 1565-1589 ; allemand Brise, 1726) fait écarter l'hypothèse d'un emprunt germanique au frison de l'est brîse « vent frais venant de la mer ».
❏
Le mot a été introduit par les navigateurs à propos d'un vent d'est rencontré « aux Indes et dans toute la Torride ». Au XVIIe s., la définition hésite entre « vent du nord » (1611), « tempête soufflant à l'est » (1638) et « vent frais qui vient de la terre » (1678).
◆
En français moderne, le mot, pour des raisons inconnues, désigne un vent léger et agréable, tant en marine que dans l'usage général où il devient usuel.
❏ voir
PARE-BRISE (au verbe PARER).
L +
BRISER v. tr. est issu (1080) d'un latin populaire °brisiare, postulé par l'ancien français brisier et par les formes italiennes. Ce verbe est probablement issu du bas latin brisare « fouler le raisin ». L'altération s'explique peut-être par la finale des verbes comme °quassiare « mettre en pièces », forme dérivée du verbe classique quassare (→ casser) et postulée par l'ancien français caissier (XIIe s.). Brisare lui-même est d'étymologie obscure.
❏
Le verbe signifie concrètement « mettre en pièces par un choc, un coup violent », sens avec lequel, en dehors de locutions et emplois techniques en français moderne central, il a été réservé au style écrit ou soutenu par rapport au verbe usuel
casser ; il est cependant demeuré courant et neutre régionalement, en France, et aussi au Québec où
briser, au sens concret, est beaucoup plus usuel que
casser et a une valeur plus générale, correspondant à « endommager, mettre hors d'usage » (un appareil sera indiqué comme
brisé, pour « hors-service »).
◆
Dès l'ancien français,
briser est employé avec le sens métaphorique de « rompre (une unité) », en particulier dans quelques locutions plus ou moins lexicalisées comme
briser la paix (1214),
briser un vœu (v. 1274),
briser un arrêt (v. 1360), où il fonctionne souvent en concurrence avec
rompre, avant de reculer.
◆
Par transposition au figuré, il signifie « supprimer de façon violente et radicale, anéantir » avec un complément qui désigne une caractéristique humaine ou une abstraction (v. 1355,
briser les courages). Le complément peut être un nom de personne ou de partie du corps et
briser signifie alors « accabler » (1541,
briser qqn de terreur), valeur sortie d'usage mais dont procède celle de « harasser, éreinter » (1718), surtout fréquente au passif
(être brisé de fatigue).
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Le sens ancien de « mettre un terme à, terminer » (v. 1360) s'est spécialisé avec un complément désignant un fait de discours (1470) ; il a décliné après le XVIIe s. en dehors d'un emploi absolu dans brisons-là (1619) « séparons-nous, je ne veux plus vous parler », encore employé par plaisanterie ou archaïsme.
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Dès l'ancien français, briser est employé intransitivement en vénerie pour « marquer la voie d'un animal avec des branches brisées » (XIIIe s.) [Cf. ci-dessous brisée(s)] dans les locutions techniques briser bas, briser haut ; en blason avec le sens d'« avoir son écu modifié par une brisure ».
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Dans le domaine maritime, il a d'abord signifié « échouer », à propos d'un navire (v. 1243), puis s'est dit de la mer qui déferle ou écume lorsque le vent attaque la crête de la vague (1678), en concurrence avec la forme pronominale se briser, plus usuelle (Cf. ci-dessous brisant).
■
À côté de casser (les pieds, les couilles), l'usage familier récent emploie les briser (tu nous les brises !, tu nous les brises menu).
❏
BRISURE n. f. (1150-1200) désigne souvent l'état de ce qui est brisé et la partie brisée (v. 1240), valeur concurrencée par
cassure, plus courant.
Brisure est encore plus rare lorsqu'il exprime l'action de rompre. Le mot est employé en blason à propos de la pièce d'armoirie qui modifie un écu pour distinguer la branche cadette de la branche aînée, la bâtarde de la légitime (1611).
◆
Il a été repris pour « fragments, matière fragmentée », par exemple dans
brisures de riz.
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BRISEMENT n. m. (fin XIIe s.), substantif d'action de briser, est lui aussi rare et archaïque au concret, et littéraire au figuré (av. 1704, sur un plan psychologique), par exemple dans brisement de cœur.
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BRISEUR, EUSE n. (fin XIIe s.) désigne la personne qui brise qqch., au propre, plus ou moins éliminé par casseur, et, dès les premières attestations, au figuré. Avec cette valeur figurée, il tend à se restreindre, comme briser, à des emplois spéciaux : briseur d'autel (1261), briseur d'images (1690) dans un contexte religieux, devenus didactiques jusqu'à briseur de grèves (1933, traduction de Lénine : Que faire ?), usuel. D'autres emplois métaphoriques sont possibles.
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BRISÉE n. f. est la substantivation (1250-1300) du féminin du participe passé de briser, lui-même adjectivé en BRISÉ, ÉE, avec la plupart des sens du verbe, par exemple dans ligne brisée.
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Le substantif, le plus souvent au pluriel, d'abord sous la forme picarde brisïes, est spécialisé en vénerie à propos des petites branches cassées (brisées) qu'on laisse pendre aux arbres ou qu'on sème sur le chemin pour marquer la voie de la bête. D'où la locution figurée aller sur les brisées de qqn « marcher dans son sillage », « entrer en concurrence avec lui » (1632, Corneille ; dès 1576, venir sur les brisées...).
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Par analogie, brisées se dit en sylviculture de branches taillées pour marquer les limites des coupes de bois (1718).
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BRISABLE adj., « qui peut être brisé » (fin XIVe s.), a cessé d'être attesté après 1611, pour être repris (1836) mais il est demeuré rare, cassable étant seul normal.
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BRIS n. m., déverbal de briser (1413), lui sert de substantif d'action ; rare dans l'usage général, il appartient au langage juridique (XVe s., bris de prison « évasion ») et au vocabulaire de l'héraldique (1690, bris d'huis).
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Du sens métonymique de « débris d'un navire naufragé » (fin XVIe s.), il ne reste que l'expression droit de bris désignant le droit que s'arrogeaient les seigneurs de s'approprier les épaves des navires naufragés (1611).
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BRISANT n. m. est l'emploi substantivé (1529) du participe présent de briser, intransitif, pour désigner un écueil à fleur d'eau sur lequel la mer se brise, et, par métonymie, la crête écumeuse de la vague. Il se dit aussi d'un ouvrage artificiel destiné à briser les lames (1835).
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BRISANT, ANTE adj. qualifie un explosif dont la vitesse de détonation est très grande et la pression très élevée (1863), sens avec lequel il a produit le terme technique BRISANCE n. f. (v. 1950).
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À partir du
XVIIe s., la dérivation de
briser ne consiste guère que dans des substantifs techniques.
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BRISIS n. m. (1676), terme d'architecture, semble indépendant de l'ancien substantif d'action bruiseïz (1175).
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BRISOIR n. m. (1680) est le nom d'un instrument qui servait à briser la paille ou le chanvre.
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DÉBRIS n. m., seul préfixé de la série de
briser, attesté au
XVIe s. (1549), représente le déverbal d'un ancien verbe
débris(i)er, débriser, dérivé intensif de
briser (v. 1120) encore en usage au
XVIIe siècle. Le mot a d'abord fonctionné en concurrence avec
bris, brisement et
brisure, comme substantif d'action exprimant le fait de détruire une chose, au propre et (1616-1620) au figuré.
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Ce sens, encore employé par archaïsme chez Chateaubriand, s'est éteint au profit du sens concret et courant de « morceau, ensemble de morceaux restant d'une chose brisée » (1666), à la fois au singulier et au pluriel. En sont issus quelques emplois spéciaux, à propos d'une épave (1690), de la dépouille mortelle des animaux (1794) et des hommes (1796), précédé par les débris du corps (XVIIe s.) à connotation péjorative.
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Cette valeur disparue succède à l'emploi pour « personne âgée, témoin du passé », employé sans péjoration dans l'usage classique (« Et ces deux vieux débris se consolaient entre eux », Delille).
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Les composés du verbe utilisent un élément
brise- et un substantif ou un pronom.
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BRISE-TOUT n. m. est le premier substantif composé à partir de cette forme verbale, d'abord attesté comme nom ironique du verrier (1364, brisetout).
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Il s'est répandu avec le sens figuré de « personne maladroite qui casse tout ce qu'elle touche » (1690), quelquefois en emploi adjectivé.
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On rencontre également le synonyme BRISE-FER n. m., employé au figuré par Hugo (1862) et comme nom de personnage. Le mot s'emploie aussi comme adjectif, à propos d'une personne, d'un enfant qui casse, détruit (Cf. brise-tout).
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D'autres composés désignent des objets concrets : BRISE-VENT n. m. (1690) « dispositif contre le vent », BRISE-GLACE n. m. (1704), courant pour désigner un navire spécialement équipé pour naviguer dans les glaces, BRISE-MOTTES n. m. (1796), BRISE-LAMES n. m. (v. 1818) « construction pour interrompre les vagues, jetée », BRISE-BISE n. m. (1898), BRISE-JET n. m. (1906), nom d'un dispositif adapté à un robinet pour régulariser l'écoulement, BRISE-SOLEIL n. m. (v. 1966).
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Dans le langage familier, il peut désigner des personnes : BRISE-RAISON n. m. (1798), archaïque, BRISE-CŒURS n. m. (1934) et BRISE-MÉNAGE n. m. (v. 1950), stylistiques et rares (on dit plutôt un briseur de ménages).
❏ voir
BRÉSILLER (art. BRÉSIL).
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BRISQUE n. f., attesté en 1752, est d'origine obscure. On a pensé à une formation régressive à partir de briscambille, bruscambille*. Un rattachement à l'ancien français briche « piège », désignant aussi un jeu, ne semble pas recevable, l'-s- restant inexpliqué. L'hypothèse de P. Guiraud, postulant un gallo-roman °brisicare, du latin brisare (→ briser), qui aurait donné le normand briscailler « mettre en pièces », est trop complexe sémantiquement : on suit mal le cheminement de « pièce brisée » à brisque « chevron » et, par figure, « carte supérieure » ; en outre le sens de « chevron » est tardif.
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Le mot désigne un jeu de cartes, aussi appelé mariage, et la carte d'atout à ce jeu.
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Le développement ultérieur du sens de « galon d'un soldat rengagé » (1872) n'est pas clair ; il procède peut-être de l'acception d'« atout », l'appellation métonymique vieille brisque à l'adresse d'un soldat chevronné est attestée un peu plus tôt (1863). Le mot, vite oublié, ne survit que par son dérivé.
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BRISCARD, également BRISQUARD n. m. est dérivé (1861) de brisque (au sens de « chevron, ancienneté ») pour désigner le soldat chevronné portant des brisques, surtout dans un vieux brisquard. Par extension, il s'applique à un homme ayant une longue expérience dans un domaine particulier. Il a vieilli.
BRISTOL n. m. est l'emprunt (1836) du premier élément de l'anglais Bristol board, littéralement « carton de Bristol », du nom d'une ville portuaire d'Angleterre où l'on fabrique du papier et du carton, et de board attesté au sens de « carton » depuis 1809 (→ bordel).
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Le mot désigne un carton de qualité supérieure employé pour le dessin et les cartes de visite.
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Le sens métonymique de « carte de visite » (1893) est archaïque ou évoque les usages mondains de la Belle Époque.
BRITANNIQUE adj. est emprunté (1512) au latin britannicus, de Britannia, « Bretagne (au sens de Grande-Bretagne) ». → breton.
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Le mot qualifie ce qui a rapport à la Grande-Bretagne et à l'Irlande (les îles Britanniques) ou seulement au Royaume-Uni (l'Empire britannique).
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Dans l'usage relâché, britannique adj. et n. peut équivaloir à anglais.
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Le dérivé
BRITANNISME n. m. désigne d'abord (1884, Verlaine) le comportement britannique, puis (
XXe s.) un fait de langue propre à l'anglais des îles Britanniques.
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BRITICISME n. m. a été pris à l'anglais des États-Unis
briticism, de
Britain, avec le même sens que
britannisme, souvent opposé à
américanisme.
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BRITISH adj. et n., emprunt au mot anglais, s'applique familièrement à ce qui est britannique
(l'accent british ; les British).
❏ voir
BRETON.
BRIZE n. f. est emprunté (1557) au grec briza « variété de seigle » en Thrace et Macédoine ; le seigle n'étant pas une céréale grecque, le mot est thrace ou macédonien.
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Brize, mot archaïque ou technique, désigne une plante herbacée aux ramifications ténues dont les épillets tremblent à la moindre brise. On rencontre aussi la graphie moins fréquente brise.
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BROC n. m., attesté au XIVe s. (1379), est d'origine controversée. Il pourrait être d'origine grecque et son cheminement aurait été le suivant. Emprunté à l'ancien provençal broc (1200-1225), le mot serait issu du domaine italien (latin médiéval broccus à Trévise : 929, brocca, à Naples, 1300). Ce mot italien pourrait être emprunté au grec par l'intermédiaire de l'Exarchat de Ravenne. Deux étymons grecs ont été proposés : prokhoos « vase », dérivé de prokhein « verser », croisé avec le latin brocchus « proéminent, en parlant des dents » (→ broche) ; le grec brokhis, -idos « encrier, écritoire », attesté au milieu du Ier s., est sémantiquement moins vraisemblable. Selon d'autres étymologistes, le mot serait d'origine latine : le latin médiéval brocus, attesté en Saintonge (1107), a fait penser à une formation du haut moyen âge dans le domaine gallo-roman (provençal, puis français) et en Italie ; il serait issu du latin brocchus, le récipient étant muni d'un bec verseur qui fait saillie. Brocchus est donc presque certainement en cause.
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Le sens de « récipient à anse et bec évasé » n'a pas eu d'extension, sinon par la valeur métonymique de « contenu de ce récipient ».
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Le statut du mot a changé vers la fin du XIXe s. et au XXe s., avec le développement de l'hygiène, le broc et la cuvette servant aux ablutions étant remplacés en milieu bourgeois par le pot à eau, puis par les installations à eau courante, rejetant broc dans un contexte rural. Le syntagme broc d'eau, aussi employé par métonymie, est plus usuel.
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BROCANTER v. tr., attesté depuis 1696, est un terme d'origine obscure, peut-être germanique mais dont le cheminement est difficile à préciser. Il se rattacherait soit au néerlandais brok « morceau, fragment », soit à son correspondant haut allemand Brocken, mots apparentés au verbe signifiant « casser, mettre en morceaux » (anglais to break, → breakfast, brique, broyer). Du sens de « fragment » serait issu celui de « vente au détail dépareillée ». La finale -anter est obscure : Wartburg l'attribue à une mauvaise compréhension du mot germanique lors de l'emprunt ; une influence de marchand* ne serait pas exclue. L'attestation plus tardive de brocante empêche de voir dans le verbe un dérivé du substantif. Le moyen néerlandais broken « faire le courtier » n'est pas attesté dans ce sens. L'emprunt fait par le français moderne est précédé par le moyen néerlandais brocke « fragment », de l'ancien liégeois a broke « en détail » (1377), d'où sont dérivés l'ancien français broqueur « courtier » et abrokeur (XIIIe s.), également abrocator en latin médiéval (XIIIe s.).
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P. Guiraud, qui soutient l'hypothèse d'un emprunt au néerlandais brok, fait de brocanter un verbe qui remonterait à l'argot ancien brocant « bijou » (1450), broquante « bague » (1628) avec un autre suffixe, broquille « boucle d'oreille » (1821) et évoque l'ancien mot argotique broque « pièce de monnaie » (1596), tous mots référant à une pièce d'art, d'orfèvrerie, mais qui sont peut-être en rapport avec broque, broche* (au moins pour certains d'entre eux).
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Le mot, relatif au commerce d'objets anciens et de curiosités achetés d'occasion et revendus, est employé absolument et transitivement. Il est plus rare que brocanteur et que brocante.
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BROCANTEUR, EUSE n. a peut-être été dérivé de
brocanter (1694) sur le modèle du latin médiéval
abrocator (
XIIIe s.). Il désigne un revendeur d'objets d'occasion, quelquefois abrégé familièrement en
broco, broc.
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BROCANTERIE n. f., apparu près d'un siècle plus tard (1767), concurrencé et éliminé par brocante, s'est employé pour « ensemble des brocanteurs » (1841).
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BROCANTE n. f. (1782) se dit du commerce du brocanteur et de l'action de brocanter ; il désigne aussi un petit travail d'occasion fait en plus d'un travail régulier.
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BROCANTAGE n. m. (1808), de sens plus actif que brocante, n'est guère employé.
1 BROCARD n. m., d'abord écrit brocart (1373-1377), puis brocard (XVe s.), est dérivé du moyen français broquer « dire des paroles piquantes » (seulement attesté v. 1440). Ce verbe est une forme normanno-picarde de brocher*, correspondant à broque (→ 2 brocard) pour broche*. Il ne paraît pas nécessaire de lier ce mot au latin médiéval brocardus « aphorisme de droit », issu du nom propre Brocardus, altération de Buchardus, nom de Burckard, évêque de Worms qui fit au début du XIe s. un recueil célèbre de droit canonique. Ce mot est à l'origine d'un autre brocard n. m. « adage juridique » (1470).
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Le mot, le plus souvent au pluriel, désigne un trait piquant, une raillerie. Il est archaïque.
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Le dérivé
BROCARDER v. tr. (
XVe s.), aussi
se brocarder avec une valeur réciproque (1606), signifie « railler, se moquer de » ; archaïque comme le substantif, il se maintient mieux au participe passé.
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On en a tiré BROCARDEUR, EUSE n. (1531), « celui qui lance des brocards ».