BUSH n. m., emprunt à l'anglais (1860 ; Jules Verne l'emploie), désigne en géographie la végétation des régions sèches, d'arbrisseaux et de petits arbres clairsemés. Il se dit à propos de régions anglophones (Afrique de l'Est, Australie), et aussi de Madagascar.
BUSHIDO n. m., transcrit un mot japonais, dérivé de bushi « guerrier de l'époque féodale », notion exprimée couramment en français par le mot samouraï.
❏  Attesté en français au XXe siècle, le mot demeure didactique, pour désigner le code moral et militaire de l'ancien Japon.
BUSINESS ou BISNESS n. m. est emprunté (1876, J. Vallès) à l'anglais business, mot très ancien (v. 950, bisiznisse) qui a signifié « anxiété, souci », « impatience, avidité » (v. 1300), puis « état de celui qui est occupé » (v. 1350) avant de désigner la tâche, le travail et aussi l'entreprise, le devoir (v. 1385). Le mot est dérivé de l'adjectif busy (bisiz, v. 1100) qui n'a de correspondants germaniques que dans l'ancien néerlandais bezich (néerlandais bezig) et le bas allemand besig, et dont l'origine est inconnue. En anglais, un u a remplacé le i au XVe s. mais la prononciation s'est conservée, responsable d'un rapport anormal entre la graphie et la prononciation. Le mot est venu au français par l'Amérique avec le vocabulaire des affaires « à l'américaine ». On le rencontre déjà au milieu du XIXe s. dans un texte français, mais comme citation du mot américain (1854-1855, L. Deville, Voyage dans l'Amérique septentrionale : « J'entends répéter autour de moi le mot sacramentel business »).
❏  Le sens d'emprunt, « affaires, commerce, travail professionnel », tend à vieillir, de même que le sens argotique de « prostitution » (1901). Dans les emplois populaires, cet emprunt graphique se prononçait à la française bu-zi-ness ; et, lorsqu'il était prononcé à l'anglais, était écrit bizness. ◆  Aujourd'hui, le mot a des emplois dérivés, désignant les objets personnels, les affaires de qqn (1918), une chose qu'on ne nomme pas (Cf. truc, machin, bidule...). Au sens de l'étymon, il désigne le monde des affaires, du grand capitalisme (dans le syntagme repris de l'anglais big business). ◆  Par ailleurs, l'expression américaine show-business, « les affaires du spectacle », toujours prononcée à l'anglaise et abrégée en show bizz, a fourni un emprunt assez usuel, SHOW-BIZ ou SHOWBIZ n. m., soutenu par les emplois de show*.
❏  BUSINESSMAN n. m. est emprunté conjointement à business (1871) à l'anglais ou plus probablement à l'anglo-américain (1832) ; l'anglais a d'abord dit man of business (1670), expression fournie avec man « homme ». ◆  Le mot, prononcé à l'anglaise, désigne un homme d'affaires avec une connotation de « grand capitaliste ». Hors du contexte nord-américain, il a vieilli.
■  D'autres expressions anglo-américaines comportant le mot business, tel BUSINESS SCHOOL n. f. s'emploient par snobisme et effet de mode en français.
BUSTE n. m. (1549), d'abord écrit bust (1546), est emprunté à l'italien busto, « partie du corps située au-dessus de la ceinture » (XIVe s.), spécialisé plus tard en sculpture. Ce mot est issu du latin bustum « bûcher funèbre », d'où « tombeau » et spécialement « monument funéraire orné du buste du mort », issu du verbe amburere, littéralement « brûler autour », avec le préfixe que l'on retrouve dans ambiant*, ambition* et urere « brûler » (→ brûler). Bustum provient d'une mauvaise analyse en am-burere au lieu de amb-urere.
❏  Le mot désigne la partie supérieure du corps humain située au-dessus de la ceinture, spécialement la poitrine de la femme. ◆  Par métonymie, il s'applique à la représentation plastique, le plus souvent sculptée, de cette partie du corps (1680).
❏  BUSTIER n. m. (déb. XXe s.) apparaît comme nom du sculpteur spécialisé dans les bustes, emploi didactique. ◆  Le mot désigne couramment un type de soutien-gorge sans bretelles (1954-1955).
❏ voir BUSC.
? + BUT n. m., attesté à partir de 1245 mais présent dès le XIIe s. par le composé a rebutons (v. 1180), forme de rebuter, ci-dessous, est d'origine douteuse. Il est peut-être emprunté à l'ancien norrois butr « bûche, billot de bois », une pièce de bois ayant pu servir de cible pour le tir à l'arc. Ce mot nordique semble appartenir au même groupe germanique que le moyen haut allemand butze « motte » (allemand Butzen « trognon, chicot »), l'anglais butt « rondin, billot », le danois, le bas allemand but, le néerlandais bot (→ bot). L'implantation de but et de ses dérivés dans le domaine normand semble confirmer cette étymologie. En revanche, une source francique °but « souche, billot », correspondant à l'ancien norrois, ne conviendrait pas du point de vue phonétique. ◆  P. Guiraud, s'appuyant sur de nombreux échanges sémantiques entre les familles de but et de bout, préfère voir dans but une autre forme de bout* qui s'expliquerait par métonymie à partir du type féminin plus ancien butte « endroit à atteindre » (1225).
❏  Le mot, rare avant le XVIe s., n'est guère employé en ancien français que dans la locution but à but « sans restriction », puis « sans avantage de part et d'autre » à propos d'un échange (1312) et d'un jeu (XVIe s.) ; cette locution a vieilli après le XVIIe siècle. ◆  But s'est répandu en emploi autonome à partir du XVIe s., simultanément au sens concret de « point que l'on vise » (1534), au sens extensif de « terme, point que l'on se propose d'atteindre » (1538), et au sens figuré de « fin que l'on se propose, orientation fondamentale que l'homme donne à sa vie » (1552). ◆  Des locutions apparaissent au XVIIe s. : de but en blanc (1660), qui a éliminé de pointe en blanc et de blanc en blanc, vient du tir et se dit du fait de tirer d'une butte de tir en visant directement le blanc de la cible (aujourd'hui, sans se servir d'une hausse mobile) ; l'expression s'est répandue avec le sens métaphorique de « brusquement, sans préparation ». La locution toucher au but, également attestée depuis Molière (1666), a remplacé frapper au but (1640) qui a pris un autre sens. ◆  Des locutions tout à fait courantes et employées par les meilleurs auteurs, comme poursuivre un but (XVIIe s.), dans le but de, dans un but, « dans l'intention, avec la visée de » et remplir un but, sont devenues l'objet des critiques puristes au XIXe s. (notamment de Littré). ◆  Ultérieurement, but, qui n'a pas cessé d'être un terme de jeu, par exemple aux boules (1719), se dit de chacune des deux limites avant et arrière d'un terrain de jeu de ballon, surtout au pluriel (1894), peut-être pour rendre l'anglais goal (→ goal) ; par métonymie, il est devenu le nom du point marqué par une équipe lorsque le ballon pénètre dans les buts adverses (1895). Au sens d'« espace limite du jeu », l'expression renvoyer dans ses buts (attestée dans les années 1980) signifie « contraindre à une défense inefficace ».
❏  La dérivation, qui a commencé très tôt, est riche en développements sémantiques complexes.
■  BUTTE n. f., forme féminine dérivée de but (1225), a d'abord été confondu sémantiquement avec but, désignant l'endroit à atteindre dans une course, d'où, par métonymie, le point marqué où il faut viser au tir (1451) et la cible sur laquelle on tire (1530). ◆  De ce dernier sens provient la locution moderne de sens figuré être en butte à (1580, être en bute à) « être la cible de (vexations, quolibets, tourments) » en parlant d'une personne. ◆  Une autre extension métonymique, dans laquelle on peut voir une réactivation du sens étymologique de l'ancien norrois, correspond au sens de « petit tertre, éminence » (v. 1375), à l'origine à propos du tertre auquel on adosse une cible ; en procèdent des emplois spécialisés en horticulture (1697) et en géographie ou en géologie (dans le composé butte-témoin). ◆  Par allusion au tertre sur lequel on montait l'échafaud, le mot a reçu en argot le sens d'« échafaud » (1821).
■  C'est de cet emploi que vient 2 BUTER v. tr. (1821) « assassiner », devenu courant dans l'usage familier, alors que butte « mort violente », senti comme déverbal de buter, est sorti d'usage.
■  BUTTER v. tr., d'abord buter (1694), est dérivé de butte en horticulture, signifiant « disposer de la terre en petites buttes autour d'un arbre, d'un végétal ». ◆  Ce verbe a servi à former les termes techniques BUTTAGE n. m. (1835) et BUTTOIR n. m. (1835), nom d'instrument quelquefois concurrencé par BUTTEUR n. m. (1866).
1 BUTER v., dérivé de but (1289), s'est employé en parlant d'une terre qui touche, qui aboutit à un point donné, sens attesté jusqu'au XVIIe siècle. ◆  Avec l'idée voisine de « toucher violemment à », il a développé la valeur moderne de « heurter » (1539), qui a donné à son tour le sens figuré de « se heurter à ». La forme pronominale se buter en parlant d'une personne signifie abstraitement « se braquer » (1636). ◆  De but, en football, le verbe s'emploie en français d'Afrique pour « marquer un but ».
■  De là le participe passé adjectivé BUTÉ, ÉE adj. (1690) qualifiant une personne obstinée, qui refuse de changer d'attitude, puis des sentiments, comportements et opinions. ◆  La même idée de contact a suscité l'emploi technique du mot en architecture au sens de « soutenir, étayer » (1694).
■  Le verbe, qui n'a pas produit de substantif d'action, a servi à former des dérivés en architecture, donnant BUTÉE n. f. (1676), passé ultérieurement (XIXe s. ?) en mécanique à propos d'un dispositif arrêtant ou limitant le mouvement d'une pièce, et BUTANT ou BUTTANT adj. m. (XVIIIe s.), synonyme exact de boutant (arc-butant doublant arc-boutant), mais beaucoup plus rare.
■  L'influence de bouter et de ses dérivés se marque aussi dans BUTOIR n. m. (1790) qui n'est autre qu'une altération de boutoir, désignant un outil pour sculpter le bois, racler le cuir, puis une pièce servant à en arrêter une autre (1845). ◆  Butoir s'est spécialisé en sports, où il désigne la pièce de bois matérialisant l'extrémité antérieure du cercle d'élan dans le lancer du disque, du poids (XXe s.).
Plusieurs verbes préfixés sont eux-mêmes à l'origine de dérivés.
■  REBUTER v. tr., repéré dans la locution ancienne à rebutons « à tort » (v. 1180), part du sens propre de « repousser du but » et a longtemps signifié « rejeter, repousser (qqch., qqn) » (1215), se disant spécialement dans l'usage classique d'une femme qui repousse l'hommage d'un galant (1680). ◆  L'usage moderne a privilégié le sens secondaire de « dégoûter, détourner (qqn) de qqch., inspirer de l'antipathie à » (v. 1450), avec un sujet désignant une chose concrète ou abstraite, puis une personne (XVIe s.). ◆  La forme pronominale se rebuter (1559) au sens de « se décourager », « se dégoûter » (1640) est sortie d'usage.
■  Le déverbal REBUT n. m., d'abord rebeut (fin XVe s.), a joué le rôle de substantif d'action du verbe, exprimant jusqu'au XIXe s. l'action de repousser, de rejeter qqch. ou qqn. ◆  Depuis le XVIe s., il désigne concrètement ce qui est rejeté (1573), s'employant dans la locution de rebut (1549) pour qualifier ce qui n'a aucune valeur, spécialement une marchandise laissée de côté ou retournée au fournisseur (1731). Le mot est fréquent dans la locution verbale mettre au rebut « se débarrasser, jeter » (1690). ◆  Un sens figuré impliquant un jugement moral négatif, pour « ce qu'il y a de plus vil », se développe au XVIIe s. en parlant de personnes (1690). Cette acception marque comme péjoratif dans l'usage général tous les emplois du mot, sauf dans les usages techniques spécialisés, spécialement dans le vocabulaire de la poste, pour « objet qui n'a pu être acheminé à destination ou retourné à l'expéditeur » (in Académie, 1835).
■  REBUTANT, ANTE, adj., tiré du participe présent de rebuter, qualifie (1669) ce qui ennuie, décourage, ainsi que ce qui dégoûte, et la personne qui repousse la sympathie (1690).
■  Les dérivés REBUTAGE n. m. (1875) et REBUTEUR n. m. (1875) sont deux termes techniques relatifs au service d'une pêcherie chargée de vérifier les morues préparées et de rejeter celles qui ne seraient pas en bon état.
ABUTER v. tr. (1215-1245) a connu un sémantisme riche et varié en ancien français, les divers sens se regroupant sous l'idée de but, terme ou fin et, par ailleurs, sous l'idée de contact par une extrémité, d'assemblage. Très proche d'abouter, il a pris en ancien français des sens très voisins, voire identiques. Le sens premier, en emploi absolu, « toucher au but », a disparu en moyen français. Les acceptions « pousser à bout, décevoir, tromper » (1250), « fixer (une somme), régler (un compte) » (1450), « diriger vers un but, viser à » (1450), sont sorties d'usage l'une après l'autre. ◆  En français moderne, l'idée de but correspond à l'emploi du mot au jeu pour « lancer une boule, un palet (vers le but) » (1680), tandis qu'avec l'idée de bout, le verbe signifie « ajuster (deux pièces) par le bout » (1550), emploi repris dans l'usage technique (1835). ◆  Les emplois qui ne sont pas archaïques sont techniques et assez rares.
DÉBUTER v. (1547) semble avoir signifié à l'origine « déplacer » et, en termes de jeu, « écarter du but (la boule d'un autre joueur) » (1549). ◆  Cette valeur spatiale a disparu au profit d'une valeur temporelle elle aussi née dans le vocabulaire du jeu, pour « jouer le premier coup » (1640). Se détachant complètement de son origine dans la conscience langagière, débuter s'est identifié à commencer, d'abord (1649) avec un complément, emploi toujours vivant mais devenu plus rare que le tour sans complément (1665), surtout au sens de « commencer dans une carrière », notamment la carrière théâtrale (1750), d'après faire ses débuts, antérieur. L'emploi transitif, avec un complément, qui était devenu archaïque, a été repris au XXe s. mais il est considéré comme un synonyme abusif et incorrect de commencer.
■  Le déverbal DÉBUT n. m. (1642), apparu en termes de jeu comme dénomination du premier coup pour décider qui jouera le premier, a connu la même extension que débuter vers le sens moderne très usuel de « commencement d'une chose » (1674) avec les locutions courantes au début, dès le début... ◆  Le pluriel débuts désigne les premiers pas dans une activité, au théâtre (1674) puis en général (1690) avec des expressions comme faire ses débuts, des débuts prometteurs, etc.
■  DÉBUTANT, ANTE adj. et n., participe présent de débuter, a été adjectivé dans le domaine du spectacle (1767), puis étendu à toute per- sonne débutant dans une activité (1782). ◆  Il semble que l'emploi substantivé du féminin débutante, avec le sens spécial de « jeune fille qui sort pour la première fois dans le monde » (1930), soit repris de l'anglo-américain debutante, où il représente une spécialisation de sens du mot anglais, lui-même emprunté au français.
BUTANE → BUTYRO-
BUTÉE, BUTOIR → BUT
BUTIN n. m., attesté au XIVe s. (1350), est un emprunt d'origine germanique. Le recours à l'ancien norrois býti semblant impossible pour des raisons chronologiques, l'hypothèse la plus probable est un emprunt au moyen bas allemand būte « échange, partage » et, par métonymie, « ce qui échoit en partage » ; il aurait eu lieu par les relations maritimes entre la France et les villes hanséatiques. Būte est à rattacher au verbe buten, « échanger, troquer » et « partager, répartir », lequel correspond à l'ancien norrois býta « échanger » et au moyen néerlandais būten. Ces verbes font postuler un germanique commun °biūtian, décomposable en deux éléments : un préfixe bi- (allemand bei), correspondant à l'anglais by et exprimant la notion de proximité, est probablement identique au second élément du grec amphi- et du latin ambi- (→ amphi-, ambi-) ; le second élément serait l'adverbe ut (allemand aus), correspondant à l'anglais out et indiquant un mouvement ou une position au-delà de certaines limites, à rattacher au préfixe indoeuropéen °ud- (→ utérus, hystérie, du grec) ; le verbe est formé avec la désinence -(i)an à l'infinitif.
❏  Le sens propre, « action de partager, de répartir », est attesté en moyen français en emploi autonome et en locutions (mettre au butin, à butin), dans le contexte de la guerre et dans celui du jeu (jouer à butin « être de moitié au jeu avec qqn ») ; l'idée correspond alors à celle de part, partage (et de 2 pied). ◆  Cette acception de butin est sortie d'usage vers la fin du XVIe s. au profit du sens concret de « part de ce qui a été pris sur l'ennemi » (v. 1440), d'où on est passé au sens moderne de « ce que l'on prend sur l'ennemi » (1530) en perdant la notion de base de « part ». ◆  Par extension, butin est employé à propos du produit d'un vol, d'un pillage (1690) et, par transposition dans d'autres domaines, des trouvailles faites au cours de recherches intellectuelles patientes (1672). Sur le plan concret, il s'applique à la récolte des abeilles (XVIIe s.) ou à celle des fourmis.
❏  BUTINER v. (1350) a fortement évolué de « partager le butin » et « faire du butin sur l'ennemi » (1513) à « voler de fleur en fleur pour amasser le pollen », en parlant des abeilles (1718). Ce changement de contexte et de registre (ce sens est d'abord « poétique ») a dû être favorisé par des emplois figurés constatés dès le XVIe s. (1547, Rabelais). ◆  Le verbe s'emploie en français québécois pour « naviguer sur Internet ».
■  La dérivation a suivi le même cheminement : BUTINAGE n. m. (1380-1382), quelquefois concurrencé par BUTINEMENT n. m. (1552) lorsque l'action est envisagée dans son résultat, est attesté tardivement avec son sens moderne (1901), mais BUTINEUR, EUSE adj. et n. (1443), ancien nom de l'officier gardant le butin, s'applique à une abeille ouvrière qui récolte le pollen (1845).
BUTO n. m., parfois écrit BUTŌ, est l'emprunt à un mot japonais dans l'expression ankoku butō, mot à mot « danse des ténèbres ».
❏  Le mot désigne un art chorégraphique japonais, né dans les années 1960, où les danseurs, nus et peints en blanc, à têtes rasées, prennent lentement des positions tourmentées.
L BUTOR n. m. est probablement issu (fin XIIe s.) d'un latin populaire °buti-taurus, composé du radical de butio ou buteo, « buse, busard » (→ 1 buse), et de taurus (→ taureau). Cette hypothèse semble confirmée par le commentaire de Pline signalant qu'en Arles, on appelait le butor taurus à cause de son cri rappelant le mugissement des bœufs ou des taureaux (Cf. pour un tout autre animal, crapaud-buffle).
❏  Le mot désigne un oiseau échassier appelé parfois bœuf d'eau (ce qui appuie l'hypothèse étymologique), héron des marais à plumage fauve et tacheté. ◆  Par allusion à la lourdeur des formes de l'oiseau, transposée au moral (Cf. 1 buse), il est employé au figuré à propos d'une personne grossière, indélicate (1661), emploi qui a donné lieu à un appellatif insultant courant en langue classique, devenu archaïque ou plaisant en français moderne.
❏  Butor a produit le féminin BUTORDE n. f. (1694) et BUTORDERIE n. f. (1754), exprimant le caractère d'une personne grossière, stupide. Comme butor dans ce sens, ces dérivés sont archaïques.
BUTTE n. f. → BUT
BUTYRO-, élément savant, est dérivé du radical latin butyrum (→ beurre) entrant dans la composition de termes de chimie et de quelques mots didactiques relatifs au beurre.
❏  Déjà au XVIe s., le radical du mot latin a servi à former BUTYREUX, EUSE adj. « qui a l'apparence ou les caractères du beurre » (v. 1560).
■  L'élément BUTYRO- commence à être productif au XIXe s. avec l'adjectif de sens voisin BUTYRIQUE (1816), « relatif au beurre ». Celui-ci, par la dénomination acide butyrique appliquée à un acide présent dans le beurre rance et la sueur, est productif à son tour sous la forme du radical BUTYR-.
■  Ce radical sert à former des noms de composés chimiques, tels BUTYRATE n. m. « sel de l'acide butyrique » (1816) et BUTYRINE n. f. « corps gras présent dans le beurre » (1819).
■  Sous la forme abrégée but- il entre dans BUTYLE n. m. (1854), nom d'un radical monovalent de formule C4H9, dont est dérivé BUTÈNE n. m. (1845) « hydrocarbure utilisé dans la fabrication du caoutchouc synthétique ».
BUTANE n. m. est formé savamment (1874) avec le suffixe -ane de méthane* sur le radical de butyle. ◆  Le mot désigne un hydrocarbure saturé, gazeux et liquéfiable employé comme combustible. Gaz* butane et butane sont usuels à propos d'un combustible gazeux en bouteilles sous pression, destiné aux usages ménagers en l'absence de gaz « de ville » ou naturel amené par conduites.
■  Butane a servi à former les termes de chimie BUTANOL n. m. et BUTADIÈNE n. m. (1913), « hydrocarbure employé dans la fabrication des caoutchoucs de synthèse », le terme technique BUTANIER n. m. désignant un navire destiné au transport du butane (1950), et le composé courant en France BUTAGAZ n. m., formé avec gaz comme nom de marque déposée pour le gaz en bouteilles (le plus souvent du butane) utilisé à des fins domestiques. Par métonymie, butagaz désigne le réchaud alimenté par le gaz en bouteille.
L'élément butyro- a également donné BUTYROMÈTRE n. m. (1855), « appareil mesurant le taux de matière grasse du lait ».
BUV- → BOIRE
BYE BYE interj. est un emprunt à la forme familière redoublée, équivalant en anglais à good bye « au revoir », dont la forme ancienne (XVIe s.) est godbwye, contraction, selon les étymologistes, de God be with you [ye], « que Dieu soit avec vous », avec confusion entre god et good, et entre bye et by « par ». ◆  En français, bye bye est attesté par écrit en 1934, parfois abrégé en bye, équivalant à salut ! Il est toujours prononcé à l'anglaise.
BABAILLE interj. est une graphie francisée de l'anglicisme bye bye, le mot et surtout la forme orale étant très courants en français familier de Nouvelle-Calédonie.
BYSSUS n. m., d'abord bissum (1291-1295), puis bysse (1519) et byssus (1530), est emprunté au latin byssus « lin très fin ». Celui-ci est pris au grec bussos de même sens, employé dans des textes tardifs à propos d'un tissu de soie ou de coton. Bussos n'est pas un mot hellénique autochtone ; il est probable qu'il s'agisse d'un emprunt oriental : on a pensé à l'égyptien wɔ̓d-t ; et surtout au sémitique comme l'induisent le phénicien bṡ, l'hébreu et l'araméen būṡ.
❏  Le mot désigne un tissu de lin très fin, très estimé, surtout dans un contexte biblique ou antique. ◆  Au XIXe s., il s'emploie aussi en botanique (1805) par l'intermédiaire du latin scientifique byssus, utilisé par Linné en raison de l'analogie entre les fils de lin et les filaments de certains cryptogames formant des moisissures. ◆  Il a été repris en zoologie (1809) en parlant de filaments soyeux sécrétés par une glande de certains mollusques bivalves, et servant à fixer l'animal sur le rocher.
BYZANTIN, INE adj. est emprunté (1338) au bas latin byzantinus « de Byzance », dérivé du latin classique Byzantium, transcrit du grec Buzantion, lui-même dérivé de Buzas, -antos, nom du fondateur de la ville au VIIe s. av. J.-C.
❏  L'ancien et le moyen français ont employé le mot substantivement, en parlant d'une monnaie de Byzance. L'adjectif semble avoir été repris plus tard pour qualifier ce qui est de Byzance, chose ou personne (attesté 1732). ◆  Le sens figuré péjoratif, « excessivement subtil » (1838), provient du jugement sévère des historiens à l'égard de l'Empire byzantin où les querelles théologiques se sont succédé presque sans interruption jusqu'au IXe siècle. Le substantif s'est employé avec la même valeur de « personne versée dans les arguties subtiles » (1875) ; cet emploi a disparu. Par une interprétation erronnée de ressemblances architecturales, on a employé, notamment au cours du XIXe siècle, l'adjectif byzantin pour qualifier le style qui, à partir de la Restauration, commençait d'être appelé roman*.
❏  BYZANTINISME n. m. apparaît au XIXe s. (1838, chez Michelet) en parlant de l'état d'un peuple où des querelles sur les sujets futiles accaparent et divisent les esprits, valeur pour laquelle un verbe byzantiner, formé par les Goncourt (1870), n'a pas eu de lendemain. ◆  Le mot a été repris en art à propos du style byzantin (1868).
De là, on a fait BYZANTINISTE n. (déb. XXe s.), « spécialiste de l'art et de l'histoire de Byzance », et BYZANTINISANT, ANTE adj. (XXe s.), « qui évoque l'art byzantin ».
■  Les composés didactiques, BYZANTINOLOGIE n. f. (v. 1950) et BYZANTINOLOGUE n. (v. 1950), désignent aussi la spécialité et le spécialiste.
Le nom propre BYZANCE, au sens d'« Empire byzantin », entre dans l'expression familière c'est Byzance, « c'est l'opulence » (1946 Trignol, auteur argotier : « quelle orgie, quel luxe [...], mais c'est Byzance ! »).