CACHEXIE n. f. est emprunté (1537) au bas latin cachexia (Ve s., Caelius Aurelianus), lui-même emprunté au grec kakhexia « mauvaise constitution physique » et « mauvaise disposition morale ». Ce mot est dérivé de kakhektês « qui est mal constitué », « mal disposé », d'où « turbulent, remuant », de kakos « mauvais » (→ caco-) et de ekhein « posséder, tenir, retenir », d'où « avoir » ; ce mot appartient à une racine indoeuropéenne °segh- qui se retrouve dans le sanskrit sáhate « vaincre, résister ».
❏  Le mot a été introduit en médecine à propos d'un état de maigreur extrême et d'atteinte grave de l'état général.
❏  CACHECTIQUE adj. est emprunté en même temps (1538) au bas latin cachecticus (447), lui-même repris au grec kakhektikos « de mauvaise constitution », de kakhektês. ◆  Introduit comme substantif, le mot est aussi employé adjectivement en médecine (1542).
CACHOT → CACHER
CACHOTTIER, CACHOTTERIE → CACHER
CACHOU n. m. est emprunté (1651) au portugais cacho (1516), de nos jours cachu, probablement emprunté au tamoul kāšu « variété d'acacia », qui s'emploie aussi en malais et, par métonymie, « substance tirée de son bois et de ses gousses ». Ce mot remonte au sanskrit kvath « faire bouillir », bien qu'il ne soit attesté dans les temps modernes que dans une langue dravidienne.
❏  Le mot désigne la substance extraite du bois et des gousses de l'acacia catechu des Indes, dont on fait des pastilles et que l'on emploie comme matière colorante. Par métonymie, il désigne la pastille, utilisée pour parfumer l'haleine (1680). Le mot a pris aussi une valeur adjective de « couleur brun rougeâtre de cachou » (1867).
❏  Du même radical, Linné a tiré le latin moderne Areca catechu, d'où vient le mot CATÉCHINE n. f. (1853), désignant le principe actif tiré de la plante, et son synonyme CATÉCHOL n. m. (suffixe -ol). De là un composé CATÉCHOLAMINE n. f., avec amine (années 1950) pour la substance (amine) sécrétée par la glande médulosurrénale, qui joue un rôle de neurotransmetteur du système sympathique. L'adrénaline est une catécholamine.
PYROCATÉCHINE n. f. ou PYROCATÉCHOL n. m. (1853) désigne un diphénol provenant de la distillation sèche du cachou, et servant de révélateur en photographie.
CACIQUE n. m. est emprunté (1515), d'abord par l'intermédiaire de récits de voyage italiens (cacicco, attesté depuis 1507), puis par l'intermédiaire de l'espagnol d'Amérique cacique (1492), à l'arawak (langue caraïbe des Antilles) cacique. Le mot italien, qui serait lui-même repris à l'espagnol, a été adapté en français sous les formes cacichi (pluriel), cachic (1525), cacic (1533) ; la forme cacique (1545), adaptation de l'espagnol, s'est imposée.
❏  Le mot désigne un chef de tribu chez certaines peuplades d'Amérique du Sud. Les extensions sont tardives : l'argot de l'École normale supérieure lui donne le sens de « premier d'une section » (av. 1843), le langage politique l'emploie à propos d'une personnalité influente dans son domaine (1889), spécialement dans un contexte espagnol (1928) par un nouvel emprunt à l'espagnol cacique, qui a pris ce sens au XIXe siècle.
■  Un emprunt indépendant (1760, Arveiller) à l'espagnol d'Amérique latine cacique, pris par métaphore pour désigner un oiseau remarquable par son plumage, a fait du mot un terme d'ornithologie.
❏  CACIQUAT n. m., « dignité de cacique », est enregistré en 1838.
CACO- préf. est tiré du grec kakos « mauvais », dit de personnes pour exprimer la mauvaise qualité, d'où la basse naissance, la lâcheté, l'incapacité, la méchanceté et, d'autre part, ce qui est mal ou mal fait (mort, destin, maladie, paroles...). Kakos est un mot familier et expressif, dont le radical kak- semble connu du vieux phrygien.
❏  Caco- entre dans la composition de plusieurs mots didactiques ou savants. CACOGRAPHIE n. f. (1554), repris au XIXe s. pour « orthographe vicieuse », signifie par métonymie « méthode d'orthographe fondée sur la correction de fautes introduites volontairement » (1809).
■  CACODYLE n. m. (1842), terme de chimie, est repris à l'allemand Kakodyl (XIXe s.), lui-même composé sur le radical du grec kakôdês « qui sent mauvais » avec ulê « matière », d'abord « bois, forêt », d'origine inconnue. ◆  De là CACODYLATE n. m. (1842) « sel ou ester de l'acide cacodylique », employé en thérapeutique (cacodylate de soude).
■  En médecine, CACOSMIE n. f. (1970), fait avec le grec osmê « odeur », désigne la perception d'une odeur fétide réelle ou inexistante.
❏  D'autres mots sont empruntés à des composés grecs.
■  CACOCHYME adj. est emprunté (1478) par le bas latin cacochymus au grec kakokhumos « qui a ou produit un mauvais suc », d'où dans la langue médicale « qui a de mauvaises humeurs », composé de kako- et de khumos « suc ». Le mot, qui vaut pour les sucs naturels des végétaux et surtout des animaux, du point de vue de la saveur et de la succulence, est une forme voisine de khulos « jus, sève », « décoction », « suc », qui appartient à la racine de khéein « verser, répandre » (→ ecchymose), ayant de nombreux représentants en latin (→ fondre, futile).
■  Le sens médical, « plein de mauvaises humeurs ; de mauvaise complexion » est sorti d'usage au XIXe s., sauf dans vieillard cacochyme « débile, faible » et employé comme attribut. ◆  Le sens figuré de « fantasque, bourru, bizarre » (1680), strictement équivalant à « de mauvaise humeur », et encore répertorié par les dictionnaires du XIXe s., est sorti d'usage.
■  CACOCHYMIE n. f. est emprunté (1503), par le bas latin cacochymia, au grec kakokhumia (Galien), de kakokhumos.
■  Le mot a suivi le même type d'évolution que cacochyme : le sens médical de « mauvais état des humeurs » a glissé vers celui de « état d'extrême faiblesse due à la vieillesse » (1835), en passe de disparaître.
CACOPHONIE n. f. est emprunté (1587) au grec kakophônia, substantif dérivé de kakophônos « qui a une voix ou un son désagréable », de kako- et phonê « voix, son » (→ phonie).
■  Le mot est repris au sens strict de « consonance blessant l'oreille » en termes de poétique et de grammaire. Par extension, il s'est répandu à propos d'un mélange confus de voix et de bruits (1732), s'appliquant aussi par analogie à un mélange confus de choses diverses. ◆  CACOPHONIQUE adj. (1806) correspond au substantif.
? CACOLET n. m. (1819), d'abord cacolier (1808), est emprunté au béarnais cacoulet, cacolet « siège à double dossier fixé sur une monture pour transporter des voyageurs, des blessés, des malades ». Ce mot dialectal est d'origine incertaine mais pourrait venir du basque kakoletak « siège en bois recourbé », dérivé pluriel de kakola « bâton recourbé » qui serait alors à l'origine du navarrais cacolas « bâtons que l'on place sur les montures pour transporter des fromages », évidemment parent du béarnais cacoulet. P. Guiraud rattache cacolet à une forme verbale hypothétique °co-acoler « placer ensemble sur le cou », reconstituée d'après l'ancien français acoler « pendre qqch. à son cou » (→ acoler à col) ; mais on ne voit pas de raison majeure pour récuser l'origine basque du mot.
❏  Le mot désigne en français un bât composé de deux sièges à dossier ; il est quelquefois employé par métonymie pour chaque élément dont se compose l'objet (1873, J. Verne). On dit mettre, disposer en cacolet « de chaque côté du dos de l'animal ».
CACOU n. m., mot du français de Marseille, semble être une variante de quécou (XIXe s.), dérivé de quèque, mot provençal toujours en usage, et synonyme de cacou. Ces mots désignent un homme (en général assez jeune) prétentieux et ridicule, oisif, type social marqué par l'habillement voyant, les accessoires (Cf. le bling-bling d'origine californienne). Faire le cacou (le quèque, le quéqué) « faire le malin ». Le sens initial était plus proche de « voyou ».
CACTUS n. m. est un emprunt (1627) par l'intermédiaire du latin cactos, cactus « cardon » (Pline), au grec kaktos « artichaut épineux, cardon », mot sans étymologie connue.
❏  Le mot désigne une sorte de chardon avant de prendre (1788) le sens moderne appliqué à des plantes exotiques (Afrique, Amérique) à piquants. ◆  Sous l'influence d'une chanson à la mode de J. Dutronc (1967), il s'est employé peu après au sens figuré de « épreuve, difficulté » (comme épine, os). ◆  Avoir un (des) cactus dans le porte-monnaie, le portefeuille, etc. « être avare » (années 1970).
❏  Du radical de cactus sont dérivés CACTÉES n. f. pl. (1842), par l'intermédiaire d'un adjectif CACTÉ, ÉE (1803), CACTACÉES n. f. pl. (1850) et, ultérieurement, CACTERAIE n. f. (XXe s.), « plantation de cactus ».
CADASTRE n. m. est emprunté (XVIe s.) au provençal cathastre (1525, libre del cathastre) ou cadastre (1527), lui-même emprunté à l'italien catasto, catastro, issu du vénitien catastico (dès 1185) « liste des citoyens possédant une propriété imposable ». Le vénitien le tient du grec byzantin katastikhon (VIIIe-XIe s.) « compte ligne par ligne des taxes, tenu par un collecteur », composé de kata « de haut en bas, dans tous les sens » (→ catastrophe) et de stikhos « rang, ligne » (→ hémistiche).
❏  En français, où il a d'abord désigné le registre qui servait à l'assiette des tailles réelles, le mot n'est employé jusqu'au milieu du XVIIIe s. que par rapport au sud de la France. ◆  Son usage semble être devenu général grâce à Turgot, pour désigner l'arpentage et l'évaluation des propriétés imposables (1758) et de là, par métonymie, l'administration fiscale chargée de cette opération.
❏  La dérivation commence avec le sens moderne dans la seconde moitié du XVIIIe s. avec CADASTRAL, ALE, AUX adj. (XVIIIe s., Necker) et CADASTRER v. tr. (av. 1781, Turgot) « faire le cadastre, inscrire au cadastre ». ◆  Du verbe sont dérivés à leur tour CADASTREUR n. m. (1838) et CADASTRAGE n. m., mot tardif (1948) qui tend à supplanter le plus ancien CADASTRATION n. f. (1892).
CADAVRE n. m. est emprunté (XVIe s., av. 1550 sous la forme cadaver) au latin cadaver « corps d'un homme mort » (IIIe-IIe s. av. J.-C.). Le mot, bien qu'il soit ancien et usuel, était parfois évité pour sa crudité au profit de corpus (→ corps) et n'a que de rares dérivés. Il est seulement représenté dans les langues romanes par des formes savantes. Il est justement rattaché par les Anciens à cadere « tomber », d'où « succomber » (→ cadence), avec une finale obscure.
❏  La même réticence à utiliser le mot est sensible en français, où on lui préfère corps*, réservant cadavre à un contexte anatomique ou policier, voire à des emplois métaphoriques (av. 1704, d'une ville ; 1741, d'un arbre). Dans la langue familière, le mot s'emploie pour « bouteille (de vin, d'alcool) vidée » (1901 dans A. Bruant). ◆  Cela n'empêche pas un autre usage familier (Cf. mort, zombie, déterré) dans cadavre ambulant (1835) et la locution ça sent le cadavre « ça se gâte ». Le cadavre exquis (1927), nom d'un jeu surréaliste, rappelle le sujet de la première phrase obtenue par composition collective et aléatoire (le cadavre exquis boira le vin nouveau).
❏  Du latin cadaver sont dérivés CADAVÉRIQUE adj. (1787), surtout au sens de « qui évoque le cadavre » (XIXe s. : un teint cadavérique), concurrencé dans le style plus soutenu par CADAVÉREUX, EUSE adj. (1546), emprunt au latin cadaverosus, et CADAVÉRISER (SE) v. pron. (1830) de sens concret et abstrait.
1 CADDIE ou CADDY n. m. est emprunté (1895) à l'anglais caddie, emprunté du français cadet* au XVIIe s. sous la forme cadet, caddee, et spécialisé comme nom du garçon de golf (1857).
❏  Le mot désigne l'aide qui porte les clubs du joueur de golf, emploi qui tend à disparaître et dont la désignation est concurrencée par la forme française originelle, cadet*.
Avec le sens de « petit chariot métallique employé dans les magasins à libre service » (1957), 2 CADDIE est un second emprunt, plus récent, à l'anglais caddie, abréviation de caddie car qui désigne un chariot de golf à deux roues tiré par le joueur et, aux États-Unis, un petit chariot de manutention. L'emploi de caddie dans les magasins est donc un faux anglicisme (nom déposé en 1952) et correspond à celui de trolley au Royaume-Uni et de cart aux États-Unis.
CADE n. m. est emprunté (1518) au provençal cade « genévrier » (XIIIe s.), lui-même issu d'un latin des gloses d'Espagne catanum. L'aire géographique dans le territoire gallo-roman et l'absence de correspondant dans les langues celtiques insulaires ont fait supposer sans autre preuve un radical préceltique.
❏  Le mot désigne un genévrier méditerranéen et s'emploie, dès les premiers textes, dans le syntagme huile de cade, à propos du goudron extrait de cet arbuste, utilisé notamment en dermatologie vétérinaire, mais aussi humaine. ◆  C'est de cade que vient la marque déposée Bébé Cadum, en 1912, d'où l'expression aujourd'hui vieillie un bébé Cadum « un bébé nu, rose, en bonne santé ».
CADEAU n. m. est emprunté (1416) à l'ancien provençal capdel « personnage placé en tête, capitaine » (→ cadet), lui-même issu (XIIe s.) du latin capitellum qui signifie proprement « petite tête, extrémité » et qui a donné chapiteau*, diminutif de caput « tête » (→ chef). On est en droit de penser qu'en ancien provençal, le mot désignait déjà une grande initiale ornementale (comprenant souvent une tête de personnage) placée en tête d'un alinéa (Cf. capitale).
❏  Le mot désigne d'abord une lettre capitale ornée (en concurrence avec lettre cadelée), d'où spécialement une lettre ornée de grands traits de plume pour décorer les écritures, remplir les marges, le haut et le bas des pages (1532) ; un trait de plume figuré que les maîtres d'écriture faisaient autour des exemples (1680). Par analogie, il se disait aussi des formes que l'on trace distraitement sur les cendres ou le sable (1690) et, par figure, des enjolivures inutiles dans le discours d'un avocat, d'un auteur (1690).
■  Un déplacement de sens fondamental s'est fait au cours du XVIIe s. : d'après l'ornementation raffinée et luxueuse des lettres initiales, cadeau a désigné en langue classique une fête galante avec musique et banquet, offerte à une dame (1656), sens déjà décrit comme « vieilli » par Furetière en 1690. On est passé, selon Ménage, qui ne signale pas le sens de « don », des « paragraphes que font les Maîtres à écrire autour des exemples qu'ils donnent à leurs Écoliers » à faire des cadeaux « faire des choses spécieuses mais inutiles ». De là, par extension, le mot a pris son sens actuel de « ce que l'on offre à qqn en hommage, pour faire plaisir » (1669, cadeau nuptial), entrant en concurrence avec don et présent dans le langage usuel. ◆  L'expression petit cadeau s'emploie spécialement (1829) pour « supplément accordé à une prostituée par son client ». ◆  Sur la base de la locution fréquente faire (un) cadeau, a été formée la locution familière ne pas faire de cadeaux à qqn « être dur avec lui, ne lui céder en rien » (v. 1930). Plus récente, la locution c'est pas un cadeau s'entend ironiquement d'une chose ou d'une personne difficile à supporter (1936, Céline : « c'est un joli cadeau »). ◆  Par ailleurs, banalisé, cadeau est entré dans le vocabulaire de la publicité, aussi en apposition (paquet cadeau, etc.). ◆  Le mot en français d'Afrique, de Madagascar, s'emploie pour un supplément de marchandise ou un don en espèces, à titre gracieux et commercial.
❏  Depuis l'extinction de cadeler v. tr., cadelure n. f., cadeau n'a produit aucun dérivé avec son sens moderne, si ce n'est le verbe tardif CADEAUTER v. tr. (1844) « gratifier qqn de qqch. », d'usage rare et familier en dehors de l'Afrique où il est normal et courant, pour « donner en prime, en supplément ». On trouve les variantes graphiques cadoter, cadotter chez Flaubert.
CADENAS n. m., d'abord cathenat (1529), puis avec le suffixe -as, cadenas (1540), est emprunté à l'ancien provençal cadenat « chaîne servant à fermer un accès » (XIIIe s.), d'où par métonymie « serrure mobile » (1453). Le mot est issu du bas latin catenatum de même sens (VIe s.-VIIe s., Isidore), neutre substantivé de l'adjectif catenatus « enchaîné » — l'arceau du cadenas étant comparé à une chaîne ou faisant fonction de chaîne — lui-même dérivé du latin catena (→ chaîne).
❏  Le mot désigne une sorte de serrure mobile formée d'une boîte et d'un arceau métalliques dont une extrémité s'ouvre au moyen d'une clé ; par métonymie, il a désigné un coffre fermé à l'aide de cet objet et contenant l'argenterie des rois et grands seigneurs (1551). Il a donné la locution figurée mettre un cadenas aux lèvres de qqn « l'empêcher de parler » (1779). La locution loi du cadenas (1897) s'est appliquée à une loi qui, pour empêcher les spéculations, mettait immédiatement en vigueur, par décret, les projets de loi tendant au relèvement des droits de douane sur les marchandises.
❏  Le dérivé CADENASSER v. tr. (1569) signifie proprement « fermer avec un cadenas » ; il s'emploie également au figuré pour « faire taire », « tenir enfermé », aussi au pronominal et au participe passé adjectivé.
❏ voir CADÈNE.
CADENCE n. f. est emprunté (fin XVe s.) à l'italien cadenza « conclusion », employé ensuite au sens de « rythme » en parlant de l'allure des rameurs (XVIe s.), d'un vers (XVIIe s.), d'une succession régulière de sons musicaux (XVIIe s.). Ce mot est issu d'un latin populaire °cadentia (sous-entendu verba), pluriel neutre substantivé et pris pour un féminin singulier (→ chance) du participe présent de cadere « tomber » (→ cadavre, choir), au sens grammatical de « se terminer », en parlant d'un mot.
❏  Dès les premières attestations, l'idée de base est celle de « rythme », d'abord en art, en chorégraphie (fin XVe s.), en prosodie (1520) et en musique (1550) où cadence garde aussi le sens de « terminaison, résolution d'une suite d'accords » (1680). Par extension, le mot s'applique à une répétition de sons ou de mouvements qui se succèdent régulièrement (1690, en cadence) et tend même à empiéter sur certains emplois de rythme, notamment en parlant du rythme de travail (Cf. l'expression les cadences infernales, à propos du travail à la chaîne).
■  Le sens latin de « chute », emprunté au début du XVIe s. (1510) avec des extensions figurées, « décrépitude » et « conséquence, résultat », ainsi que l'acception spéciale de « terminaison d'un mot », ont disparu au XVIIe siècle.
❏  CADENCÉ, ÉE adj. (1597) s'est rapidement répandu pour qualifier un mouvement répété bien rythmé (notamment dans pas cadencé), un discours ou un style rythmé (1613). ◆  Ce n'est pas le cas du verbe CADENCER v. tr., plus tardif (1701), « rythmer une phrase », « régler son pas », et qui demeure rare. ◆  Le dérivé CADENCEMENT n. m. (1873), « mouvement bien rythmé », est lui aussi peu usité.
❏ voir CADUC, DÉCADENCE.
CADÈNE, CADENNE n. f., d'abord catène (déb. XIVe s.), est emprunté à l'italien catena, anciennement cadena « chaîne » (XIIIe s.-déb. XIVe s.) qui, par l'intermédiaire de la locution in catene « lié, enchaîné » puis « emprisonné », a pris le sens de « prison » (av. 1529). L'italien est issu du latin catena (→ chaîne). Après l'exemple isolé du XIVe s., catene, bien attesté en moyen français (XVe s.-XVIe s., jusqu'à Rabelais), est probablement un nouvel emprunt à l'italien : mat de cathène « fou à lier » rendait l'italien matto da catena, pazzo da catena. La forme actuelle cadène (1540) est probablement reprise à l'italien du Nord qui a conservé la forme ancienne cadena, génois cadenna « peine de la chaîne, à laquelle sont condamnés les soldats délinquants », vénitien cadèna ; les contemporains considèrent le mot comme italien ; l'hypothèse d'un emprunt au provençal cadena (fin XIIIe s.) est moins probable (→ cadenas).
❏  Le mot, aujourd'hui archaïque, désignait la chaîne à laquelle on attachait les forçats et, par métonymie, l'ensemble des forçats enchaînés. En marine, le mot a désigné une chaîne de fer fixée au bordage et servant à rider les haubans (1678), remplacée de nos jours par une ferrure boulonnée.
CADENETTE n. f. est dérivé (1655) du nom d'Honoré d'Albert, seigneur de Cadenet (Vaucluse), frère de Charles, duc de Luynes, connétable de France (1578-1621) et qui aurait été le premier à porter de longues mèches de cheveux d'un seul côté du visage. Cette étymologie figure déjà chez Ménage.
❏  Le mot désigne une longue mèche de cheveux que les hommes laissaient pendre d'un côté, sous le règne de Louis XIII. Il a ensuite désigné les tresses de cheveux entortillées de rubans, portées par certains corps de troupes au XVIIIe s. (1767), et remises à l'honneur après le 9 thermidor par les muscadins. De nos jours, il est pris quelquefois comme synonyme de couette.
CADET, ETTE n. et adj. est emprunté (1466) au gascon capdet « chef, capitaine » (XVe s.), correspondant au provençal capdel qui a donné cadeau*, -et étant en gascon le traitement du suffixe provençal -el.
❏  Le sens moderne, « celui qui vient après un autre frère par ordre de naissance » attesté dès les premiers emplois (1466), vient de ce que les chefs gascons venus servir dans les armées des rois de France au XVe s. étaient souvent des fils puînés de familles nobles ; en outre, la finale du mot a pu être sentie comme une sorte de diminutif. En ce sens, le mot a supplanté puîné au XVIIIe s. et il s'est étendu au dernier fils, à la dernière fille d'une famille (1671), s'employant également comme adjectif (1740, branche cadette).
■  Par extension, il signifie « moins âgé » (sans lien de parenté, 1690) et, au figuré, « mineur, sans importance » (1812), notamment dans la locution familière c'est le cadet de mes soucis.
■  En sport, le substantif désigne le garçon portant les clubs des joueurs de golf (1906 ; → caddie) et les cadets une catégorie de jeunes athlètes (1928).
■  Le sens militaire de « gentilhomme qui servait comme soldat pour apprendre son métier » (1530), dont procèdent les expressions compagnie de cadets (1682), cadet de Gascogne (1812), rendu célèbre par Les Trois Mousquetaires de A. Dumas, s'applique à une réalité historique. De nos jours, le mot désigne un élève officier (à propos de la Russie, 1769 par réemprunt au russe, lui-même pris au français) et un jeune sportif.
CADI n. m., une première fois escaadi (v. 1230) puis cady (1351) et cadi, est emprunté à l'arabe (al) qāḍi, participe actif substantivé de qaḍā « décider, juger » (→ alcade). Les anciennes formes cadilesquier (1576), cadilesquer (1670), cadilesker (1732), vivantes jusqu'au XIXe s., sont empruntées du turc kadilasker, kadī asker « juge de l'armée » ; les variantes cassi-ascher (1612), caziasquer (1654) correspondent à d'autres formes du turc.
❏  Le mot désigne un magistrat musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses, en particulier celle de juger les différends entre particuliers.
❏ voir CAÏD.