2 CAILLETTE n. f. et adj. est l'emploi comme nom commun (av. 1544) de Caillette, nom du célèbre bouffon de Louis XII et de François Ier, réputé bavard et léger. Dès le XVIe s., le mot est senti comme un dérivé de caille*, ce qui est peut-être le cas du nom propre lui-même : de là, le passage du genre masculin (encore en 1611) au genre féminin.
❏
Le mot est employé familièrement en parlant d'un homme (sens disparu), puis plus souvent d'une femme (1740) frivole et loquace. Le mot est archaïque, sauf pour parler d'un type social de jeune femme légère et gaie, au XIXe siècle.
❏
CAILLETER v. intr. (1766), « bavarder comme une caillette », n'est plus guère usité, tout comme son dérivé CAILLETAGE n. m. « caquetage » (1758).
CAILLOT n. m. est dérivé (v. 1560, Paré) d'un ancien français °cail, °caille « présure ou organe digestif dont on fait la présure », postulé par de nombreuses formes dialectales dont cail (région de Nantes) « partie du tube digestif du veau dont on fait la présure », et l'ancien provençal cal « lait caillé », ainsi que par le moyen français caille « lait caillé, petite masse de lait caillé ». °Cail, dont le féminin a donné 1 caillette*, est hérité du latin coagulum « présure, lait caillé », de cogere « rassembler, contraindre » (→ cogiter ; cailler, coaguler).
❏
Le mot, souvent employé dès les premiers textes dans caillot de sang, désigne une petite masse coagulée dans le sang. Il est plus rare en parlant d'une petite masse de liquide caillé.
G
CAILLOU n. m. est la forme normanno-picarde (v. 1278), qui a remplacé de bonne heure la forme francienne chailos (v. 1100) ou chaillou (fin XIIe s.), qui s'est employée dans presque tout l'ouest de la France comme terme maritime. Comme en francien, cette forme picarde a deux finales, caillou et caillot, ce dernier ayant disparu. Le mot est issu d'un type °caljavò-, « caillouteux, pierreux », dérivé du gaulois °caljo- « pierre ». Celui-ci est reconstitué d'après epo-calium (dans les gloses) « sabot du cheval » (avec passage sémantique de « pierre » à « corne, sabot ») et d'après divers mots celtiques, dont le gallois caill « testicules » (→ califourchon [à]) ; il est lui-même continué par le moyen français chail (1470), conservé en angevin, et le féminin chaille, conservé en Suisse et dans la Franche-Comté. Ce type °caljo- appartient à la base °cal- qui est à l'origine du latin callum « cal, durillon » (→ cal) et est représenté dans de nombreux noms de lieux, comme Chelles en Seine-et-Marne et Caille dans les Alpes-Maritimes. Le suffixe -ávo est à rapprocher du suffixe -ávu des toponymes d'oïl en -ou du type Andecavu qui a donné Anjou.
◆
On évoquera galet, gravier et grève, tous noms de minéraux naturels sans intérêt pratique (à la différence de pierre) d'origine prélatine ou gauloise.
❏
Le mot désigne un morceau de pierre de petite ou de moyenne dimension, dure. Le mot est demeuré très usuel en français d'Europe (alors qu'au Canada, il est concurrencé par roche, dans le même sens). Il a quelques emplois spéciaux, en joaillerie pour « cristal de roche roulé » (1723 ; 1762, caillou d'Égypte), en céramique et en géologie (1783-1788, cailloux roulés, cailloux éclatés). En argot, caillou s'est dit pour « pierre précieuse » (vers 1870).
◆
Tout en se prêtant à quelques emplois métaphoriques comme symbole d'obstacle (1671), de dureté insensible, alors beaucoup moins usuels que ceux de pierre et de roche, il sert de dénomination familière pour le crâne (chauve) [1866].
◆
Comme nom de lieu, le Caillou désigne l'île principale de l'archipel de Nouvelle-Calédonie, peut-être à cause du bagne qui y fut installé, l'expression casser les cailloux ayant signifié « être au bagne » (en Guyane, avant 1938).
◆
En français de Nouvelle-Calédonie, un caillou désigne une personne au physique remarquable.
❏
CAILLOUTEUX, EUSE adj. est la réfection, d'après
caillou (1829) après la disparition de
caillot « caillou », du moyen français
cailloteux (fin
XVIe s.), qui était lui-même en concurrence avec
cailloueux (1564 selon Wartburg).
■
CAILLOUTAGE n. m. est aussi la réfection, sous l'influence de caillou (1694), de caillotage n. m. (av. 1638), dérivé de la forme caillot ; le mot désigne un ouvrage de cailloux, un ensemble de cailloux, avec des spécialisations en maçonnerie et en céramique.
■
CAILLOUTIS n. m. (1700) est dérivé de caillou, avec -t- de liaison, sur le modèle des anciens dérivés de chaillot, caillot « caillou ». Il est employé en travaux publics pour désigner des cailloux concassés servant au revêtement des routes et repris en géologie à propos du dépôt sédimentaire de graviers et sables charrié par un glacier.
■
CAILLOUTER v. tr. (1769, Turgot), qui présente la même consonne de liaison, signifie « revêtir de cailloux ».
◆
Son participe passé CAILLOUTÉ, ÉE, adjectivé (1769), tend à se confondre avec l'adjectif caillouté, dérivé directement de caillou (1757), comme qualificatif et dénomination de la faïence fine.
◈
CAILLASSE n. f. (1846), dérivé de
caillou avec substitution de suffixe, désigne la pierraille. Il est employé spécialement en géologie à propos des bancs discontinus de calcaire grossier des environs de Paris.
◆
Dans l'usage familier, c'est un collectif pour « pierres, cailloux ». Le mot est usuel en Nouvelle-Calédonie pour « terrain caillouteux ».
◆
Le dérivé
CAILLASSER v. tr. et intr., apparu en 1962 en Nouvelle-Calédonie, signifie « lancer des pierres contre (qqn ou qqch.) ; lapider », dans le contexte d'une révolte ou d'une manifestation hostile. Comme ses dérivés
CAILLASSAGE n. m. et
CAILLASSEUR, EUSE, il fait partie du vocabulaire courant des violences, surtout urbaines, depuis la fin des années 1980, en français d'Europe.
Caillasser, en français du Paicifique, s'emploie pour « lancer des projectiles, des branches dans un arbre pour faire tomber les fruits ». Le verbe s'est diffusé en français de France à partir de la Nouvelle-Calédonie, où le verbe est aussi employé pour « être fort, intense » (
ça caillasse, « c'est fort, ça tape », d'un alcool, du soleil, etc.).
❏ voir
CAL.
CAÏMAN n. m., d'abord caymane (1584) emprunt oral, puis caïman (1588), est emprunté à l'espagnol caymán « crocodile de l'Amérique centrale et du Sud » (1530), lequel est très probablement d'origine caraïbe.
❏
Le mot, nom usuel de plusieurs animaux du genre alligator d'Amérique tropicale, est souvent employé erronément pour désigner d'autres crocodiliens, peut-être en raison de sa valeur suggestive ; il est usuel en français d'Afrique pour tous les petits crocodiliens.
■
Par allusion plaisante à la férocité de l'animal, il désigne, dans l'argot de l'École normale, un surveillant répétiteur (1880).
◆
En français d'Afrique, « personne avide, rapace, dangereuse » (Cf. crocodile).
CAÏQUE n. m., d'abord caïq (1579), puis caïque, mot féminin (1619) puis masculin (XVIIIe s., av. 1752), est emprunté au turc qāyïq désignant un bateau à rames. Il est difficile de dire si le mot a été emprunté directement ou par l'intermédiaire de l'italien (XVIe-XVIIe s.), mais l'origine de la première attestation peut faire pencher pour la première hypothèse.
❏
Le mot désigne une petite embarcation légère à voiles ou à rames, en usage dans les mers du Levant, et en particulier un esquif destiné au service d'une galère (1619), sens historique. Dans son emploi premier, le tourisme a donné au mot une certaine fréquence.
+
CAISSE n. f., d'abord quecce (1365) puis caisse (1553), a été emprunté, sans doute à la faveur de rapports commerciaux entre le sud et le nord de la France, à l'ancien provençal caissa (XIIIe s.), du latin capsa « coffre à livres » puis « contenant pour denrées, fruits » (→ châsse). Les formes de latin médiéval de type capsea attestées au sud de la France, n'étant pas antérieures à la seconde moitié du XIVe s., sont probablement une latinisation de l'occitan.
❏
L'expansion sémantique s'est faite à partir du sens de base de « grande boîte pour emballer, transporter ». Par analogie de forme,
caisse est devenu le nom d'une espèce de tambour (1611), notamment dans le syntagme lexicalisé
grosse caisse. En relation avec une spécialisation d'usage, il désigne un coffre où l'on dépose de l'argent, des valeurs (1636), sens réalisé dans la locution
tenir la caisse (1690). De cette valeur procèdent des emplois métonymiques référant à la fois à l'établissement qui administre les fonds qui lui sont confiés en dépôt (1673) et aux fonds dont on dispose (1690), seul dans un syntagme comme
caisse noire « fonds secrets » (1882). Ultérieurement le mot s'applique, par métonymie, au guichet des opérations de paiement-versement (1723).
■
Du sens de base partent des acceptions techniques concernant la boîte d'un instrument de musique (1820), le baril d'un navire contenant l'eau douce (1831), la carrosserie d'une voiture à cheval (1832), puis également d'une automobile (1906). Ce sens a donné par métonymie une dénomination populaire du véhicule (1918 à propos d'un avion ; v. 1970, d'une automobile), par exemple dans une locution comme à fond la caisse « à toute allure ».
■
Par analogie, le mot est passé en anatomie, d'abord dans l'expression caisse du tambour (1762), supplantée par caisse du tympan (1832).
◆
Le mot sert aussi de dénomination métaphorique du ventre (1808), de la tête (1916, par exemple dans rien dans la caisse) et de la poitrine (1928), dans la langue populaire, avec des locutions comme partir de la caisse (1896) « être tuberculeux ».
◆
En français de Suisse, avoir, prendre, renverser une caisse, sa caisse s'emploie pour « être, rentrer complètement soûl ».
❏
CASSETTE n. f. est probablement dérivé, avec le suffixe
-ette (1348), de l'ancien français
quasse, casse, autre forme pour
caisse, plutôt qu'emprunté au correspondant italien
cassetta, de
cassa (→ 1 casse). Avec l'idée de petite boîte, il s'est immédiatement spécialisé à propos d'un coffret contenant des objets précieux, donnant par métonymie le sens de « revenus royaux » dans
la cassette du Roi (1690), expression reprise par les historiens.
■
Le mot a pris récemment une valeur technique, désignant un petit boîtier muni de bandes magnétiques (v. 1960), avec ses dérivés MINICASSETTE n. f. (v. 1960, nom déposé d'une marque de cassette), VIDÉOCASSETTE n. f. (v. 1970). RADIOCASSETTE n. f. (années 1970), mot périmé par l'évolution des techniques, désignait un récepteur de radio associé à un lecteur-enregistreur de cassettes.
■
CAISSETTE n. f. (1569) s'est maintenu à côté de cassette avec le sens général de « petite caisse », rare jusqu'au XIXe siècle.
■
CAISSIER, IÈRE n., attesté depuis 1611 après une première attestation sous la forme cassier (1585), désigne la personne qui tient la caisse.
■
CAISSERIE n. f. est un dérivé technique tardif (1869), référant à l'industrie de la fabrication des caisses, et désignant concrètement l'atelier où l'on fabrique des caisses.
◈
ENCAISSER v. tr. (1510), proprement « mettre en caisse, emballer », a reçu des acceptions spéciales en finance (1690) ; par extension, il est employé couramment pour « percevoir (une somme d'argent) » (1832). Le sens figuré et familier de « admettre, recevoir » (1867, dans la locution
encaisser un soufflet) est une extension du sens de « percevoir, toucher de l'argent ». Au sens concret, le verbe s'emploie par ailleurs en horticulture (1740) et en topographie pour « resserrer entre deux versants abrupts » (1791), rare sauf dans l'emploi adjectivé du participe passé
ENCAISSÉ, ÉE.
■
Le verbe a produit le substantif d'action et d'état ENCAISSEMENT n. m. (1645), proprement « emballage en caisse », également employé en termes de topographie (1801) et de commerce (1832).
◆
Il a aussi donné ENCAISSAGE n. m. (1803), réservé au sens de « mise en caisse », spécialement en horticulture (1845).
■
Le sens financier a fourni le terme de finance ENCAISSE n. f. d'abord dans encaisse-or, 1835, ainsi qu'ENCAISSABLE adj. (1870) et ENCAISSEUR n. m. (1870).
◈
DÉCAISSER v. tr. (1680) fonctionne comme antonyme d'
encaisser, spécialement en termes de banque (1878).
■
Il y a hésitation pour son substantif d'action entre DÉCAISSAGE n. m. et DÉCAISSEMENT n. m. (mil. XIXe s.).
❏ voir
CAISSON, CASSE.
CAISSON n. m., réfection (1636) de caixon (1418), est emprunté à l'ancien provençal caisson (1375), lui-même de caissa, correspondant au français caisse*. L'italien cassone « grosse caisse, boîte » rend compte de la forme casson employée au XVIe s. (av. 1559).
❏
Le mot désigne une caisse plus ou moins grande servant à divers usages techniques, notamment au transport militaire (1418) et, aux
XVIIe et
XVIIIe s., au transport des marchandises (1636).
■
Il désigne le compartiment creux — en cela comparable à une caisse — d'un plafond, résultant de l'assemblage des solives ou servant à la décoration (1694).
■
Il s'est dit de la caisse ménagée sous les sièges d'une voiture hippomobile (1787). À partir de 1832, il est employé en marine à propos de la caisse en métal ou en béton armé utilisée pour effectuer des travaux sous l'eau. Il reçoit d'autres acceptions spéciales, comme dans caisson de décompression et « enveloppe d'un réacteur nucléaire contenant le fluide refroidisseur ».
■
Comme caisse, il signifie par métaphore « thorax » et aussi « tête » (1896), par exemple dans se faire sauter le caisson.
?
CAJOLER v. tr., d'abord cageoller (1579), forme attestée jusqu'en 1771, puis cajoler (mil. XVIe s.), est généralement considéré comme l'adaptation, sous l'influence de cage*, du moyen français gayoler « caqueter, babiller comme un oiseau » (1525). Ce verbe dérive de gaiole, forme picarde de geôle* « cage » (XIIe s.) avec contamination sémantique de enjôler* « attirer dans une cage par des vocalises ». Cette hypothèse semble préférable à celle qui consiste à dissocier cajoler « caqueter » et cajoler « flatter », en voyant dans le premier un dérivé du prénom Jacques, désignant la pie dans certains dialectes, ou une formation expressive à partir de cacarder « caqueter », et dans le second un croisement de enjôler* et de caresser*, ou de l'ancien français jaiole « petite cage » (→ geôle) et de caresser.
❏
Le sens primitif de « chanter, crier comme un oiseau », attesté jusqu'en 1675, est signalé au
XVIIIe s. comme terme de fauconnerie (1752, Trévoux). Par transposition le verbe signifie « flatter par des paroles enjôleuses pour obtenir ce qu'on désire » (1585), spécialement dans un contexte galant (1637, Corneille) à l'époque classique.
■
Depuis la fin du XVIe s. (1596), il est employé transitivement, glissant de « chercher à séduire par des paroles flatteuses » vers « entourer de prévenances », sans l'idée d'intérêt.
❏
CAJOLEUR, EUSE adj. et n., d'abord
cajolleuse (1585) et
cageoleuse (1616-1620), a eu la même évolution sémantique que le verbe, perdant au
XVIIe s. le sens de « bavard » pour celui de « personne qui flatte » (1616-1620), spécialement dans le langage amoureux, et glissant à la valeur moderne de « personne qui entoure d'affection » ; il est également substantivé.
■
CAJOLERIE n. f. (1609-1619, François de Sales) se réfère à l'attitude par laquelle on cajole qqn, spécialement une femme ou un enfant, et se dit d'une parole, d'une manière cajoleuse (une cajolerie).
■
On emploie occasionnellement CAJOLABLE adj. (v. 1650) et les adjectifs CAJOLANT, ANTE (v. 1865), CAJOLÉ, ÉE (1901), tirés des participes de cajoler.
CAJUN n. et adj., écrit cajan au XIXe siècle (1885), est la forme anglicisée de cadien, enne, apocope de acadien.
❏
Le mot s'applique aux descendants des Acadiens chassés du Canada par les Anglais et établis en Louisiane, dont certains ont conservé l'usage du français. En adjectif, la cuisine cajun, la musique cajun.
CAKE n. m. est emprunté (1795, d'abord sous la forme kaïque, isolée, en 1738) à l'anglais cake, désignant à l'origine un biscuit (v. 1230), et ayant pris au XVe s. le sens très général de « gâteau proche du pain, amélioré de divers ingrédients » ; le sens de « gâteau moelleux aux raisins secs, fruits secs et fruits confits » correspond à une extension particulière dans plum-cake (1635), de plum « raisin sec », apparenté à prune*, et de cake ; le mot français est une abréviation de plum-cake. Le mot anglais est probablement emprunté de l'ancien norrois (d'où islandais et suédois kaka, danois kage), postulant l'existence d'un germanique °kakâ- ; une dérivation de la même racine a donné, par l'ancien haut allemand chuohho, l'allemand Kuche « gâteau » ; la racine ne peut pas être apparentée, comme on l'a supposé, à celle du latin coquere (→ cuire).
❏
En 1795, le mot est employé à propos de l'Angleterre et il ne semble pas que le gâteau (plum-cake) et le mot aient été une réalité française avant le XXe siècle. Les Canadiens francophones traduisent plum-cake, fruit-cake, etc. par gâteau aux raisins, gâteau aux fruits (ce qui n'évoque pas le cake pour un Français), parce que cake évoque pour eux le sens général de l'anglais.
❏ voir
CAKE-WALK.
CAKE-WALK n. m. est emprunté (1895) à l'anglo-américain cake-walk qui désigne depuis 1879 une danse au pas assez comique ; antérieurement, le mot désignait un concours organisé par les Noirs du sud des États-Unis, consistant à faire marcher des couples et à apprécier leur style, le couple gagnant obtenant un prix. En ce sens primitif, le mot vient de l'expression familière américaine to take the cake « décrocher la timbale » (1884), de cake « gâteau » (→ cake) pris au sens figuré dès le XVIe s. en anglais. Walk « marche » est le déverbal de to walk « marcher » (XIIIe s.), en vieil anglais wealcan, correspondant à l'ancien haut allemand °walken, l'ancien norrois valka « tourmenter, travailler, pétrir », etc., tous mots remontant à une racine germanique °walk-, d'origine inconnue.
❏
La danse a été introduite en Europe sous une forme très modifiée, d'abord sur la scène puis dans certains salons (1903) ; elle eut beaucoup de succès au début du XXe s. et Debussy composa un Golliwog's Cake-Walk. Le mot appartient aujourd'hui à l'histoire des coutumes.
L
CAL n. m. est la réfection savante, d'après le latin (1314), de l'ancien français chaul (XIIIe s.), chal, issu par voie populaire du latin callus (également au neutre callum) « peau épaisse et dure des animaux et des plantes, durillon de l'épiderme de l'homme ». Le mot, populaire, sans étymologie sûre, représente peut-être le radical °cal du mot gaulois à l'origine de caillou*.
❏
Le mot désigne un épaississement et un durcissement de la peau ; il a reçu en médecine le sens spécial de « soudure naturelle joignant les deux parties d'un os fracturé » (av. 1628).
❏
CALLEUX, EUSE adj., d'abord au féminin
cailleuse (1314) puis
calleuse (1478), est emprunté savamment au dérivé latin
callosus « qui présente un épaississement de l'épiderme, de la peau ». Le mot qualifie une peau dure et épaisse. Il s'est spécialisé en anatomie dans
corps calleux (1751) « partie recouvrant les deux ventricules du cerveau ».
◈
CALLOSITÉ n. f. est emprunté, en même temps que l'adjectif
calleux, sous la double forme
caillosité et
callosité (1314) au latin
callositas, dérivé par l'intermédiaire de
callosus, de
callus.
■
Le mot, employé comme synonyme de cal, désigne par extension un durcissement à la surface du corps (d'un animal) et d'un organe de plante.
CALADE n. f., attesté dans une farce du XVe ou XVIe s., puis à Lyon en 1604, est un emprunt à l'ancien provençal calada, passé en latin médiéval (1218). C'est un dérivé de calar, que l'on rattache au grec khalan « détendre, laisser aller » à l'origine de caler en marine. Il n'y a pas de mot latin correspondant et l'ancien provençal pourrait venir du grec des marins de Phocée (Marseille) ou d'autres colonies grecques de la Méditerranée.
❏
Le mot désigne en français régional, du Rhône à la Provence, une voie de passage pavée, rue, place, chemin... et, sous l'influence de l'italien calata, de calare « descendre » (Cf. caler), une voie en forte pente.
◆
Le dérivé CALADER s'emploie pour « paver ».
❏
Par ailleurs, 2 CALADE n. f. (1564) ou CALATE n. f. (1611), a été emprunté à l'italien calata comme terme de manège, pour le terrain en pente sur lequel on fait descendre les chevaux au petit galop, comme exercice de souplesse.
❏ voir
1 CALER.
?
CALALOU n. m. emprunt (1751 en français de France) à un mot du créole de la zone des Caraïbes, d'origine caraïbe ou africaine, désigne une plante tropicale de la famille des Aracées, dont les feuilles sont comestibles, et ces feuilles. En français de Guyane et d'Haïti, c'est le nom d'une autre plante (Malvacées), et du plat préparé avec ses feuilles et ses fruits (syn. gombo).
◆
En français d'Afrique, le mot désigne une pâte de féculents (igname, manioc, banane...), présentée en boules, et le plat où cet aliment est accompagné de viande ou de poisson en sauce (syn. foufou).
CALAME n. m., francisation (1540) de calamus (1359), est emprunté au latin calamus « roseau » (→ chaume), lui-même emprunté au grec kalamos, employé par métonymie pour de nombreux objets en roseau (chalumeau, flûte, canne à pêche, flèche, instrument chirurgical, baguette d'oiseleur, natte de roseaux, roseau pour écrire). Ce mot, conservé par le grec moderne, entre dans une série de mots désignant la tige, le chaume : latin culmus, ancien haut allemand halam, allemand Halm « chaume, paille », russe soloma « paille », etc. Toutes ces formes remontent à un indoeuropéen °koləmo-, °koləmā-.
❏
Le mot apparaît sous la forme latine calamus-aromaticus, nom scientifique de la plante, déjà attesté en latin médiéval (v. 814), et transcrivant le grec kalamos arômatikos. Il est surtout employé avec l'acception métonymique de « roseau pour écrire » (1540) en paléographie, à propos de l'Antiquité classique.
❏ voir
CALAMISTRER, CALMAR, CALUMET, CARAMEL, CHALUMEAU, CHAUME.
CALAMINE n. f., d'abord attesté dans l'aire normanno-picarde sous la forme calemine (XIIIe s.), à côté du francien chalemine (XIVe s.), puis refait savamment en calamine (1390), est une formation demi-savante à partir du latin médiéval calamina (v. 1100), altération obscure et ancienne du latin cadmea (→ cadmie).
❏
Le mot, d'usage scientifique, désigne le silicate hydraté de zinc, puis, par extension, un minerai constitué de carbonate impur, de silicate et d'oxyde de zinc. Il s'est spécialisé au XXe s., dénommant le dépôt charbonneux produit par la combustion de l'huile et du carburant d'un moteur automobile (1928-1933) et l'oxyde qui se forme à la surface des métaux soumis à une haute température au contact de l'air (1928-1933).
❏
L'ancien verbe
calaminer « enduire de calamine » (1587) a été repris à la forme pronominale
se calaminer dans sa spécialisation technique (
XXe s.), produisant à son tour
CALAMINÉ, ÉE adj. (1927) et
CALAMINAGE n. m. (
XXe s.).
◈
CALAMINAIRE adj. est probablement un emprunt savant (fin
XIVe s.) du latin médiéval
calaminaris (av. 1161) « qui contient de la calamine ».
◈
DÉCALAMINER v. tr. (1929) signifie « enlever la calamine déposée sur une paroi métallique, sur la paroi de (un cylindre, un piston, un moteur...) », opération dite
DÉCALAMINAGE n. m.
CALAMISTRER v. tr. est dérivé savamment (v. 1375) d'après le radical du latin calamistratus « frisé », du substantif calamistratum « fer à friser ». Celui-ci est sans doute formé du grec kalamis « petit roseau », pris par métonymie comme nom de divers instruments, de kalamos (→ calame) et du suffixe d'instrument -tro, à moins qu'il ne soit directement emprunté à un mot grec non attesté °kalamistron.
❏
Le verbe signifie « friser ou onduler (les cheveux) » ; il tend à vieillir au XXe siècle.
❏
Son participe passé adjectivé CALAMISTRÉ, ÉE s'emploie aussi par contresens pour qualifier des cheveux, lustrés, apprêtés, la valeur originelle n'étant, le plus souvent, plus sentie.
CALAMITÉ n. f. est emprunté (déb. XIVe s.) au latin calamitas « fléau, désastre, ruine, malheur », spécialement « fléau qui atteint les récoltes, maladie qui frappe les tiges du blé, grêle », probablement par suite d'un rapprochement, dans la langue rustique, avec calamus (→ calame, chaume). Le mot est probablement dérivé d'un adjectif, comme la plupart des noms abstraits en -tas, et serait à rapprocher d'incolumis « intact, sans dommage », évidemment à décomposer en in-°columis, qui appartiendrait au groupe de clades « destruction, désastre » et de °-cellere « frapper », seulement attesté dans percellere « frapper violemment, renverser, bouleverser ». Dans le domaine indoeuropéen, on est amené à rapprocher les mots grecs klan « briser », kolos « tronqué », koletran « fouler aux pieds » ainsi que des termes qui, en vieux slave et en lituanien, signifient « battre », « abattre ».
❏
Le mot, d'abord employé à propos d'un dommage qui atteint qqn, désigne comme en latin un désastre, un malheur public (1490-1496), spécialement dans le domaine agricole (1554). Par hyperbole, il se dit familièrement d'une personne ou d'une chose qui cause des ennuis constants.
❏
Le dérivé
CALAMITER v. tr. apparaît au
XXe s. dans le langage familier où il se comporte comme un synonyme de
catastropher.
◈
CALAMITEUX, EUSE adj. est emprunté (
XVe s.) au dérivé latin
calamitosus, de sens à la fois passif « exposé au fléau, accablé » et actif « qui fait des ravages, pernicieux, funeste ».
■
Le mot a été emprunté aux sens du latin, en parlant d'une personne et d'une chose (av. 1544).