1 CALANDRE n. f., attesté au XVe s. mais indirectement dès le XIVe s. par ses dérivés calendruer (1313, pour calandreur) et calendrer (1400), est probablement issu par assimilation vocalique d'un ancien français °colandre. Celui-ci serait issu d'un bas latin °colendra, adaptation, avec changement de genre, probablement d'après columna (→ colonne), du grec kulindros qui a donné par emprunt cylindre*.
❏  Le mot désigne une machine composée de plusieurs cylindres, servant à lustrer les étoffes (1483), glacer les papiers et aussi, de nos jours, à fabriquer des feuilles de caoutchouc, à enduire des tissus avec des feuilles de chlorure de polyvinyle (1928).
■  Il désigne aussi la grille décorative protégeant le radiateur d'une automobile contre les projections de gravillons (1948).
❏  CALANDRER v. tr., attesté en 1400 au participe passé adjectivé calandré « lustré avec la calandre », signifie « faire passer (une étoffe, un papier) à la calandre » (1483).
■  En sont tirés CALANDREUR, EUSE n. (dès 1313), comme nom d'ouvrier, et CALANDRAGE n. m. (1771), usité comme substantif d'action dans le même domaine.
2 CALANDRE n. f., d'abord kalandre (v. 1236), est emprunté à l'ancien provençal calandra « alouette » (1180-1225), lui-même issu d'un latin populaire °calandra, repris au grec kalandros, mot préhellénique ayant la même finale que Maiandros (→ méandre).
❏  Le mot désigne une espèce d'alouette méditerranéenne à calotte rousse et gros bec jaune.
❏  CALANDRELLE n. f. (1838), emprunt au latin scientifique calandrella (1829), diminutif de °calandra, désigne une petite alouette au bec fort.
CALANQUE n. f., d'abord calangue (1678), encore au XIXe s., puis calanque (1690), est emprunté au provençal calanco attesté par Mistral au sens de « pente rapide, ruelle étroite, crique, cale » et déjà au XIIIe s. (1268-1269), au sens de « chemin, sentier », sous la forme calanca. Le mot est formé sur la base préindoeuropéenne °cala- (variante originaire de °cara-) « abri de montagne » et aussi « pente raide », probablement par croisement avec calare (→ caler « descendre »). Le suffixe -anca est le même que celui d'avalanche*.
❏  Le mot désigne, à propos de la France méditerranéenne, une crique ou une petite baie entourée de rochers.
❏ voir CALEBASSE, CHALET.
CALCAIRE adj. et n. est emprunté (1751) au latin calcarius « à chaux, qui concerne la chaux », de calx (→ chaux). L'anglais calcarious est attesté dès le XVIIe s. (1677).
❏  L'adjectif, d'abord dans terre, pierre calcaire, qualifie ce qui contient de la chaux et, par extension, ce qui rappelle la chaux (par sa couleur, sa consistance). Il est substantivé (in Acad. 1835) comme nom d'une roche composée essentiellement de carbonate de calcium. La notion, au cours du XVIIIe s., est passée de « qui peut produire de la chaux », valeur technique, à la notion chimique « qui contient du carbonate de calcium », et est devenue essentielle en géologie, liée à celle de sédiment. Buffon (1783) parle de matière, substance calcaire et du genre calcaire (opposé à vitreux), employant l'adjectif avec plusieurs noms de minéraux (gravier, spath), et par extension dans colline calcaire. Ce minéral était nommé chaux carbonatée (Haüy). Dès son apparition, le mot est employé en syntagmes : calcaire argileux, compact, crayeux, fibreux, grossier, marneux, métamorphique, oolithique, siliceux... (in Dict. d'histoire naturelle, 1845, art. calcaire et carbonate).
❏ voir CALCIFIER, CALCINER, CALCIUM.
CALCÉDOINE n. f., d'abord chalcedoine (v. 1121), puis calcedoine (v. 1150, sans accent) et calcédoine, est issu du latin calchedonius « de Chalcédoine », adjectif correspondant au toponyme Calchedon (Calcedon, Chalcedon) « ville de Bithynie sur le Bosphore, vis-à-vis de Byzance », parce que cette sorte de pierre en était originaire. Le mot latin est emprunté au grec Khalkêdôn, désignant à la fois la ville et la pierre précieuse.
❏  Le mot désigne, comme en latin, une pierre précieuse composée de quartz et de silice, généralement d'un blanc laiteux, comportant de nombreuses variétés.
❏  Calcédoine a produit CALCÉDONIEUX, IEUSE adj. (1798), antérieurement noté chalcedoineux (1690), concurrencé depuis 1835 par une forme calcédoneux, euse.
CALCÉOLAIRE n. f. est la francisation (1803) du latin scientifique calceolaria (1714-1725), nom donné à un genre de plante ornementale par Louis Feuillet. Ce mot est dérivé savamment, avec le suffixe -aria (→ -aire), du latin calceolus « chaussure, soulier », diminutif de calceus « soulier » (→ chausse), en raison de la forme irrégulière de la fleur de cette plante, en forme de petit soulier. Dès 1694, Tournefort, dans ses Éléments de botanique, emploie calceolus pour une plante, appelée aussi « sabot ».
CALCIFIER v. tr., d'abord calcifié (1765 selon Larousse, puis 1838), ensuite calcifier (1893), est dérivé savamment du radical du latin calx (→ chaux) avec le suffixe -ifié, -ifier. Le latin médiéval a eu calcificare (XIIIe s.).
❏  Le verbe exprime l'idée de « convertir en carbonates calcaires » en chimie, physiologie et pathologie. CALCIFIÉ, ÉE adj., plus ancien, est aussi plus usuel, comme le pronominal se calcifier.
❏  CALCIFICATION n. f. est formé (1848) sur le radical de calcifier (le latin médiéval avait calcificatio).
■  Par adjonction du préfixe dé-, à valeur privative, a été formé DÉCALCIFIER v. tr. (1878), surtout au pronominal et au participe passé, d'où est dérivé DÉCALCIFICATION n. f. (1911), mots qui concernent la diminution du calcium dans l'organisme et sont plus courants, de par leur usage médical, que les mots simples.
CALCIUM n. m. est dérivé savamment (1808) du radical du latin calx, calcis (→ chaux) avec le suffixe -ium. La chaux obtenue par calcination du calcaire était connue des Romains qui l'utilisaient comme mortier, alors que les Égyptiens employaient le plâtre. Le calcium ne fut découvert qu'en 1808 par Berzelius, puis Davy (celui-ci proposant la dénomination en anglais), qui électrolysèrent un mélange de chaux et de mercure et obtinrent un amalgame ; le métal massif ne fut véritablement isolé qu'en 1892 par Moissan, qui procéda à la réduction de l'iodure de calcium par le sodium. Il fallut attendre encore dix années pour que la méthode de production du calcium par électrolyse du chlorure anhydre fût mise au point.
■  Le mot désigne un métal blanc argenté, mou, très répandu dans la nature où il existe combiné, notamment sous forme de carbonate. Il s'est répandu dans l'usage avec le sens métonymique de « produit pharmaceutique à base de calcium ».
CALCÉMIE n. f., dérivé savamment (1927) du latin calx, avec le suffixe -émie, désigne la teneur du sang en calcium.
❏ voir CALCAIRE, CALCINER.
CALCINER v. tr. est emprunté (XIVe s.) au latin médiéval calcinare de même sens (XIIe-XIIIe s.), lui-même dérivé de calx (→ chaux, calcaire).
❏  Le verbe signifie proprement « soumettre à l'action du feu (les pierres calcaires) pour (les) transformer en chaux ». Par extension, en construction transitive ou pronominale, il exprime le fait de soumettre un corps à une très forte température pour obtenir une combustion totale (XVIe s., B. Palissy). Dans ce sens, il a perdu sa relation étymologique avec chaux, calcaire et les autres mots de la série.
❏  CALCIN n. m., déverbal de calciner (1765), désigne en verrerie les débris de verre réduits en poudre par calcination et utilisés pour les émaux et, depuis 1873, le dépôt calcaire à l'intérieur des chaudières à vapeur.
CALCINATION n. f. est emprunté (1516) au latin médiéval calcinatio (XIIe-XIIIe s.), du supin de calcinare.
■  Le mot est le substantif d'action de calciner.
1 CALCUL → CALCULER
2 CALCUL n. m. est emprunté (1540) au latin classique calculus « caillou », « boule pour voter », « pion, jeton », d'où « compte » (→ calculer), et spécialement en médecine « pierre que l'on a dans la vessie ». Les Romains y voyaient le diminutif de calx, calcis (→ chaux), mais les sens sont différents et le grec kakhlêx « caillou de rivière » amène à se demander si calculus ne serait pas un mot à redoublement. Cela n'exclut pas le rapprochement avec le grec khalix « caillou », au pluriel « moellons », à moins que tout le groupe soit issu, par des emprunts indépendants (en grec et en latin), d'une langue méditerranéenne inconnue.
❏  Le mot a été introduit en médecine à propos de la concrétion pierreuse qui se forme dans le corps de l'homme et de l'animal. Le qualificatif « vieux et hors d'usage », qui apparaît dans le Dictionnaire de l'Académie en 1694 et marque l'abandon du mot au XVIIe s. (au profit de pierre*, gravelle), disparaît des éditions suivantes, ce qui signale la réapparition du mot.
CALCULER v. tr. est emprunté (1372) au bas latin calculare « déterminer, à l'aide d'opérations sur des nombres donnés, un nombre que l'on cherche », dérivé du latin classique calculus « caillou » (→ ci-dessus 2 calcul), pris spécialement au sens de « caillou de la table à calculer », d'où il a développé celui de « compte ».
❏  Le verbe signifie « chercher, déterminer (un nombre) par une opération sur d'autres nombres ». Des extensions figurées (XVe s.) correspondent au sens de « prendre des mesures en vue d'un but à atteindre » et (1671) expriment l'idée de « déterminer la probabilité d'un résultat » (1671). ◆  En emploi absolu calculer, comme compter, signifie « être économe jusqu'à l'avarice » (XVIIe s., La Fontaine).
❏  Le déverbal 1 CALCUL n. m. (1484) correspond au verbe ; c'est le nom donné à l'opération portant sur des nombres, en mathématiques et dans ses applications courantes et techniques (1690, en astronomie, géométrie) ; il désigne aussi l'estimation d'un effet probable (1694), spécialement avec une valeur péjorative d'« intérêt ».
■  Dans la seconde moitié du XXe s., il a produit les termes de psychopathologie ACALCULIE n. f. « perte pathologique de la capacité à calculer » (1951), DYSCALCULIE n. f., fait (v. 1970) sur le modèle de dyslexie, pour nommer un trouble de l'apprentissage du calcul.
■  CALCULETTE n. f. (v. 1970) est contemporain de la diffusion des petites calculatrices de poche.
Un autre dérivé du verbe est CALCULABLE adj. (1732) « qu'on peut calculer », d'où INCALCULABLE adj. (1779), le composé acquérant dès les premiers emplois une certaine vitalité avec le sens figuré de « considérable, illimité », à côté du sens propre, « impossible à calculer » (1797). ◆  Il a produit INCALCULABLEMENT adv. (1846) et INCALCULABILITÉ n. f. (1922).
CALCULATEUR, TRICE n. et adj. est emprunté (1546) au latin impérial calculator, de calculare. ◆  Le sens propre de « personne qui sait faire des opérations » a été supplanté dans l'usage courant par le sens figuré de « personne habile à combiner des projets, des plans » (1794, en emploi adj.), souvent péjoratif. ◆  Appliqué à une chose, le mot désigne, d'abord au masculin dans calculateur mécanique (1859), une machine de calcul, de nos jours utilisant des cartes ou rubans magnétiques.
■  Le féminin CALCULATRICE n. f. désigne spécifiquement une machine de bureau effectuant les quatre opérations arithmétiques, ainsi qu'un ordinateur dont la fonction principale est le calcul. Les petites calculatrices de poche sont appelées calculettes (ci-dessus).
1 CALE → 1 CALER
+ 2 CALE n. f. est probablement emprunté (1611) à l'allemand Keil « coin, cale », peut-être par l'intermédiaire du mosellan (dialecte germanique de Moselle) kall, où la diphtongue a été réduite à la voyelle a. Le mot remonte à l'ancien haut allemand kil, d'une racine germanique °kī-, issue de la racine indoeuropéenne °ĝēi-, °ĝī- dont le sens primitif, « germer, pousser », a évolué en germanique vers le sens de « fendre ».
❏  Le mot désigne un morceau de bois, de fer qu'on place sous ou contre un objet afin de le mettre d'aplomb ou de l'immobiliser. Il est employé spécialement en sport dans cale de départ à propos d'un butoir (1939).
❏  2 CALER v. tr. (1676) est probablement dérivé de cale, plutôt qu'emprunté au néerlandais ou à l'allemand keilen « enfoncer comme un coin, ficher ». L'hypothèse qui identifie ce verbe avec le terme de marine homonyme 1 caler* (reposant sur la notion de « abaisser, faire descendre »), par des emplois tels que « faire descendre des tonneaux pour les mettre en place à l'aide de cales », fait difficulté ; elle amènerait à voir dans cale le dérivé régressif de caler.
■  Caler, d'abord employé en architecture, exprime l'idée de mettre d'aplomb au moyen de cales. Par extension, avec un nom de personne ou de partie du corps pour objet, il exprime le fait d'« installer confortablement » (1825), également au pronominal. De ce sens vient l'expression se caler les joues « bien manger » (1878) et, par ellipse, se les caler, se caler (1896), plus récemment être calé « avoir l'estomac bien rempli ».
■  L'idée de « rendre fixe » est réalisée dans le domaine technique (1867) avec un objet désignant une pièce ou une machine. Elle est appliquée couramment à un moteur de voiture, y compris en construction absolue. Transposée à une personne, elle glisse vers une autre valeur, « être arrêté, ne plus pouvoir avancer », puis « être bloqué par suite d'une défaillance » au propre et au figuré. Il se confond alors avec 1 caler. ◆  Une autre valeur figurée du verbe est « fixer dans le temps », par exemple, caler un rendez-vous.
Le participe passé CALÉ, ÉE adj. a pris, indépendamment de l'évolution sémantique du verbe, le sens figuré de « dans une bonne position, riche » (1782), aujourd'hui sorti d'usage, puis de « doué, savant » dans le jargon scolaire (1819) — ces deux sens évoquant par métaphore une situation solide, assurée — et, par métonymie, « difficile, ardu » en parlant d'un problème. ◆  De être calé « savant », le français de Suisse a tiré, d'abord en argot scolaire, le substantif CALURE n. f. « personne calée, forte (dans un domaine) ».
■  CALAGE n. m. (1866), substantif d'action de caler, exprime l'idée de « mise en équilibre au moyen d'une ou de plusieurs cales » et, par extension, « réglage ».
CALANCHER ou CALENCHER v. intr. est une suffixation populaire (1846) de caler « être bloqué », pour « mourir ».
Dès son apparition, caler produit RECALER v. tr. (1676) avec le sens concret de « caler de nouveau ». ◆  Le mot s'est répandu dans l'usage courant et familier avec le sens figuré de « refuser à un examen » (1907), par l'intermédiaire de l'idée de « remettre à sa place ».
■  RECALAGE n. m. (1923, Proust) correspond au verbe ; RECALÉ, ÉE adj. et n., participe passé de recaler, est substantivé pour désigner la personne qui a échoué à un examen (déb. XXe s.).
DÉCALER v. tr. (1845), littéralement « ôter la cale de », a glissé vers le sens de « déplacer un peu de la position normale », aussi en emploi figuré (1929), notamment en psychologie pour exprimer un défaut d'adaptation ; le verbe a aussi une valeur temporelle.
■  DÉCALAGE n. m. (1845) a les mêmes emplois : spatial, temporel et abstrait, avec la valeur générale de « situation ou temps déplacé(e) », par exemple dans décalage horaire (entre deux points du globe reliés rapidement, par avion).
CALEBASSE n. f. (1572), d'abord calebace (1527) et calabasse (1542) aussi caulebasse (1611), est emprunté à l'espagnol calabaza « fruit d'un arbre d'Amérique dont l'écorce séchée sert de récipient », attesté dès le Xe s. (dep. 946, sous la forme kalapazo ; dep. 978, sous la forme calabaza). L'origine de ce mot est discutée, peut-être préromane : il représenterait une dérivation à partir de la racine °kal- (que l'on a dans cale « abri naturel », calanque*, chalet*), variante de °kar(r)- « abri » (représentée dans carapace*, cheire).
■  Un emprunt à l'arabe qar῾a « gourde » obligerait à faire intervenir un croisement pour expliquer la finale, par exemple avec le latin cabas « panier », d'abord cavazo en espagnol (949). L'idée d'un croisement de l'arabe qar῾a avec le latin populaire °cucurbacea, °curbacea, altération par changement de suffixe de cucurbita « courge », a été abandonnée.
❏  Le mot désigne une grosse courge séchée et vidée servant de récipient, d'objet de décoration, puis aussi d'instrument de musique. Par extension, surtout en français d'Afrique, récipient hémisphérique en bois. ◆  Par métaphore, le mot s'est employé en France dans le langage populaire pour « tête » (1829).
❏  Le dérivé CALEBASSIER n. m., d'abord calbassier (1637), a été transposé au baobab d'Afrique occidentale avant de désigner surtout (1640) un arbrisseau d'Amérique tropicale. ◆  CALEBASSÉE n. f. désigne en français d'Afrique le contenu d'une calebasse.
❏ voir CAPARAÇON.
CALÈCHE n. f. est emprunté (1646) à l'allemand Kalesche, attesté dès 1604 sous la forme kolesse, désignant une voiture polonaise, puis Calleche (1636) et calesse (1644). L'allemand a emprunté en même temps le mot et la chose au tchèque kolesa, qui correspond au polonais kolaska, l'un et l'autre dérivés du nom de la roue dans chacune de ces langues. Les différentes graphies du mot en allemand expliquent l'hésitation entre les formes françaises calege (1646), calesse (1656) et calèche (1656).
❏  Le nom de cette voiture légère, attelée, munie d'une capote à soufflet, évoque aujourd'hui une réalité ancienne ou pittoresque, mais le mot reste bien connu. ◆  En français de Madagascar, « petite charrette à bras ».
❏  CALÉCHIER n. m. (1875) désignait un loueur de calèches ou un fabricant de ces voitures.
CALEÇON n. m., d'abord calleson (1563), puis calçon (1571) avant caleçon (1643), est un emprunt à l'italien calzone désignant un vêtement pour les hommes et les femmes, surtout employé au pluriel calzoni, dérivé avec le suffixe augmentatif -one de calza, correspondant au français chausse*.
❏  Le mot français, d'abord employé à propos d'un vêtement de femme, a désigné un sous-vêtement porté autrefois par les deux sexes. Cependant dès le XVIIe s., il se dit d'une culotte portée par les hommes (1643), comme en témoigne la locution misogyne il faut se méfier des femmes qui portent le caleçon (1690) et sa variante porter le caleçon (1771), en parlant d'une femme (remplacé par la culotte). ◆  En français moderne le mot désigne un sous-vêtement masculin (caleçon long, court). Après avoir été supplanté par le slip, le caleçon paraît actuellement revenir à la mode ; mais le mot est concurrencé par divers anglicismes.
❏  CALEÇONNER v. tr. (1879) « revêtir d'un caleçon » est peu usité. ◆  CALEÇONNADE n. f. (v. 1930) réfère péjorativement à un spectacle théâtral dans lequel évoluent des personnages peu vêtus.
■  Caleçon a été modifié, par suffixation argotique sur l'initiale, en CALECIF (1916, faubourgs parisiens) et CALEBAR (1946) tous deux n. m. et réduits, d'après la prononciation, à CALCIF et CALBAR, resuffixé en CALBUTTE (tous n. m.).
CALÉDONIEN, IENNE adj. et n. est le dérivé français de Calédonie, emprunt au latin Caledonia, nom de la région septentrionale de la Britannia. Le nom est dérivé de Caledo (plur. Caledones) nom ethnique d'origine celte, dérivé de caled « sauvage, rude », qualifiant les voisins du Nord des Celtes brittoniques (les Écossais). Quand James Cook découvre en 1774 une grande île au sud-ouest de l'océan Pacifique, il la nomme New Caledonia, assimilant peut-être les Mélanésiens assez rudes de cette île aux Celtes du nord de la Grande-Bretagne. Appelée en français Nouvelle-Calédonie, l'île devint possession française en 1843. ◆  L'adjectif et nom calédonien ne s'applique qu'en histoire antique et médiévale à la Calédonie romaine. À côté du composé NÉO-CALÉDONIEN, IENNE adj. et n. (XIXe s.) qui ne s'emploie pas en français du Pacifique, calédonien qualifie et désigne ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, toujours dénommée Calédonie en français local. Calédonien a deux valeurs, une spécifique pour « habitant natif de la Nouvelle-Calédonie d'origine non-kanake » (syn. Caldoche), une générale pour tout habitant de l'île (et des îles alentour). Calédonien, pour Kanak, Mélanésien de Nouvelle-Calédonie, ne s'emploie plus.
CALDOCHE n., tiré de Cal(é)donie, avec le suffixe populaire -oche, s'emploie en français local d'un descendant d'Européens, de Français établis en Nouvelle-Calédonie et, par extension des habitants non-mélanésiens de ces îles. Il s'emploie aussi comme nom : les familles caldoches. Le mot, attesté par écrit au milieu du XXe s., est plus familier que calédonien.
CALÉFACTION n. f. (XVe s.), réfection de calefacion (XVIe s.), est emprunté au latin calefactio « action de chauffer (un bain) », spécialisé en médecine au IVe s. pour « échauffement ». Le mot est dérivé du supin (calefactum) de calefacere (→ chauffer).
❏  Employé jusqu'au XVIe s. au sens médical d'« échauffement », le mot entre au XVIIe s. dans le vocabulaire de la physique (1690, Furetière), désignant le phénomène par lequel une goutte d'eau chaude, projetée sur une surface très chaude, prend un aspect sphéroïdal et ne se volatilise pas immédiatement.
❏  CALÉFACTEUR n. m. est dérivé (1836) du radical du latin calefactus, participe passé de calefacere. Le mot, aujourd'hui sorti d'usage, désignait un appareil permettant une cuisson économique des aliments et la conservation de l'eau chaude.
? CALEMBOUR n. m., attesté dans une lettre de Diderot à S. Volland (1er décembre 1768), est d'origine incertaine, soit dérivé régressif de calembourdaine, calembredaine*, soit directement formé comme ce dernier de l'élément calem- et de bourde* amputé de sa finale. P. Guiraud propose, entre plusieurs hypothèses, un composé du picard-wallon calender « dire des balivernes » (→ calembredaine) et de bourder « dire des bourdes ».
❏  Le mot désigne un jeu d'esprit fondé sur des mots à double sens ou une équivoque de mots, phrases se prononçant de manière identique. Par extension, il se dit d'un mauvais jeu de mots (1812).
❏  En sont dérivés quelques mots rares tels CALEMBOURDIER, IÈRE n. (1776 comme nom propre), CALEMBOURISTE n. et adj. (1783 ; après calembourdiste, 1777), CALEMBOURDISER v. tr. (1842, néologisme balzacien), CALEMBOURESQUE adj. (1883).
? CALEMBREDAINE n. f., attesté en 1745, accueilli en 1798 par l'Académie, est de formation assez obscure : le second élément -bredaine semble devoir être rattaché au groupe dialectal de la famille de bredouiller* ; la forme genevoise calembourdaine résulte d'un croisement avec bourde* « parole en l'air ». Le premier élément est obscur : il peut être à identifier avec le préfixe péjoratif ca-, cal(i)- exprimant une idée de creux, de vide (→ 1 cave), dont il serait une forme nasalisée. L'hypothèse de P. Guiraud qui, rapprochant calem- du wallon calauder « bavarder » et du picard calender « dire des balivernes », empruntés au flamand °kallen « bavarder », fait difficulté des points de vue phonétique et géographique.
❏  Ce mot familier, souvent employé au pluriel, désigne un propos extravagant et vain, une plaisanterie cocasse et par extension une chose dérisoire ou absurde.
❏ voir CALEMBOUR.