CALENDES n. f. pl., d'abord kalendes (v. 1119) puis calendes (1165-1170), est emprunté au latin calendae, qui désignait chez les Romains le premier jour du mois, et que l'on rencontre écrit kalendae à partir de l'époque impériale. Le mot est dérivé de calare « appeler, proclamer, convoquer », verbe archaïque, employé dans des expressions de langue juridique ou religieuse (→ nomenclature), évincé de l'usage courant par clamare (→ clamer) et vocare (→ évoquer). La filiation entre calare et calendae correspond au fait que, le premier jour du mois, le pontife publiait à haute voix quel jour tomberaient les nones (le 7 en mars, mai, juillet et octobre ; le 5 les autres mois). Calare appartient peut-être à une série de termes indiquant des cris et des bruits, tels le grec kelados « bruit », le vieux slave klakolŭ (russe kolokol) « cloche », etc. et peut-être le latin clamare (→ clamer), avec initiale expressive kr-, kl-. Calendae s'est conservé avec des sens divers (« jour de fête », « nouvel an ») en celtique (brittonique calan, irlandais callaind, callendoir).
❏  Le mot, employé en histoire romaine, est passé dans l'usage courant dans la locution figurée remettre, renvoyer aux calendes grecques « jamais » (1552), calque de la locution latine ad calendas graecas (Suétone, qui l'attribue à Auguste), référence savante au fait que les Grecs n'avaient pas de calendes.
❏ voir CALENDRIER.
CALENDO(S) → CAMEMBERT
CALENDRIER n. m. est la réfection (peut-être av. 1307 ; 1339, chalandrier), par intercalation d'un r sans nécessité phonétique apparente, du plus ancien kalendier (v. 1119). Celui-ci est issu du bas latin calendarium, employé dès l'époque classique à propos d'un registre où étaient inscrites les dettes, dérivé de calendae (→ calendes) par référence au fait que l'on payait les intérêts le premier jour du mois.
❏  Le mot désigne un système de division du temps en années, mois et jours et, par métonymie, le tableau contenant les principales divisions officielles du temps. Par extension, il se dit d'une division du temps en fonction d'un programme fixé et, spécialement, un répertoire officiel d'épreuves en sport (1872), de manifestations (festivals, etc.), d'opérations à accomplir, en concurrence avec programme, emploi du temps, etc.
CALEPIN n. m. est un emprunt (1534) à l'italien calepino « dictionnaire » (fin XVIe-XVIIe s.) du nom du savant italien Ambrogio Calepino, religieux augustin (v. 1435-1511), dont le dictionnaire latin Cornucopiae (« corne d'abondance ») connut une très large diffusion dans toute l'Europe, avec l'adjonction de nombreuses langues.
❏  Calepin, anciennement « dictionnaire », a pris, malgré la grande taille des ouvrages (Cf. cahier*, carnet), par analogie de fonction, le sens de « recueil de renseignements » (1662) puis le sens moderne courant de « petit carnet, agenda de poche » (1803). Familièrement, mettez cela dans votre calepin (1835), par l'intermédiaire d'un emploi figuré du mot (v. 1798), signifie « souvenez-vous en ». ◆  En Belgique, le mot désigne, par métonymie du contenu pour le contenant, un cartable.
1 CALER v. est emprunté (v. 1165) à l'ancien provençal calar « baisser » (attesté seulement au début du XIIIe s.), spécialement « tendre les filets de pêche » (1430). Lui-même est emprunté au grec khalan « relâcher, détendre, se relâcher », spécialement « abaisser le mât », mot sans étymologie établie. L'hypothèse d'un emprunt de l'ancien provençal au latin chalare, calare, pris au grec dans le milieu des marins, convient moins bien, car le sens d'« abaisser le mât » n'est pas attesté en latin. L'hypothèse d'un emprunt du français à l'italien calare (XIIIe s.) ou à l'espagnol calar (fin XIVe s.) supposerait que ces mots soient plus anciens, mais le premier n'est pas plus problématique que l'ancien provençal.
❏  Introduit dans la langue nautique, le mot signifie « laisser aller, abaisser la voile d'une embarcation ». En moyen français, avec la même idée de « descendre », il se construit intransitivement en parlant d'un bateau qui coule, s'enfonce dans l'eau (v. 1288), emploi sorti d'usage.
■  Le verbe se répand dans l'usage général avec le sens figuré de « reculer, céder » (1524), puis est proscrit par Malherbe et marqué comme « burlesque » au XVIIe s. Mais il a continué à s'employer dans l'usage populaire ; passé dans l'argot des typographes au sens de « être paresseux alors qu'il y a de la besogne » (1808), il se dit couramment pour « cesser de fonctionner, renoncer » (XXe s.), se confondant alors avec son homonyme 2 caler*, dérivé de 2 cale*.
■  Le verbe, avec les connotations de ses emplois anciens, s'emploie en français du Canada pour « se casser, céder (à propos de la glace sur une surface d'eau) », et au figuré pour « compromettre, mettre (qqn) en mauvaise posture » (il essaie de le caler). Familièrement, caler un verre, c'est le vider d'un trait.
❏  1 CALE n. f. (déb. XIIIe s.) est le déverbal de caler « descendre, s'enfoncer », les marchandises étant descendues dans cet espace ; l'hypothèse d'un intermédiaire provençal calo, déverbal de calar, n'est pas impossible. Le mot, attesté dans le syntagme fond de cale (dont l'identification est contestée), désigne la partie la plus basse dans la partie immergée d'un navire. ◆  Il semble avoir aussi le sens d'« action d'immerger » dans l'ancien code pénal maritime, où le supplice de la cale consistait à suspendre un homme à bout de vergue et à le plonger (« caler ») plusieurs fois dans l'eau. L'emploi pour « partie en pente d'un quai » (1700), annoncé par l'acception plus générale de « lieu en talus » (1694) et sorti d'usage, relève d'un usage plus technique ; le mot est encore usité en parlant du plan incliné servant à la construction, à la réparation des navires (1751).
■  De cale est dérivé CALIER n. m. « matelot chargé du service de la cale » (1845).
■  CALAISON n. f. (1730) réfère à l'enfoncement d'un navire en raison de son chargement.
■  CALAGE n. m. est accueilli par Littré (1863) comme substantif d'action pour désigner le fait de baisser les voiles, les mâts ; le mot signifie par suite « arrêt de la progression du navire ». Dans le sens dérivé de « arrêt brusque d'un moteur », les deux verbes 1 et 2 caler sont confondus.
❏ voir CALADE, 2 CALE, CALTER.
2 CALER → 2 CALE
CALFATER v. tr. (1382-1384) indirectement attesté dès la fin du XIIIe s. par son dérivé callefaterie, puis sous la forme calafater (déb. XIVe s.) usuelle jusqu'au XVIe s., est emprunté à l'arabe qalfata « rendre étanche (le pont, les bordages d'un navire) » (XIIIe s.), indirectement attesté au IXe s. par le substantif qalafât, surnom d'un poète cordouan du IXe siècle. Il est peut-être emprunté au bas latin °calefare ou °calefectare, déformation du latin classique calefacere (→ chauffer) parce qu'on chauffe du goudron pour rendre étanches les interstices des bordages du pont d'un navire. Il est improbable que le grec médiéval kalaphatês « calfat » (1057), kalaphatêsis « opération consistant à calfater » (959), ait servi d'intermédiaire entre l'arabe et les langues romanes. En tout cas, le passage du mot en français s'est fait par l'intermédiaire d'une langue méditerranéenne : italien calafatare (XVe s.), latin médiéval calafatus (1213 à Gênes) et calafatare (1318 à Rome), ou provençal calafatar (XIIIe s.).
❏  Le mot a été repris avec le sens du mot arabe en marine ; par extension il exprime le fait de fermer hermétiquement, de boucher qqch.
❏  CALFAT n. m., d'abord calefas (1371), forme isolée avant calfat (1611), est soit le déverbal de calfater, soit un emprunt par l'intermédiaire de l'italien calfato à l'arabe qalafâṭ. Il désigne l'ouvrier qui calfate un navire.
■  CALFATEUR n. m., autre nom d'agent dérivé de calfater, sous la forme calphadeur (1373) puis calfateur (1382-1384), a été éliminé par calfat.
■  CALFATAGE n. m. (1527) a désigné concrètement l'étoupe servant à calfater, avant d'être repris avec la valeur d'un substantif d'action (1832).
CALFEUTRER v. tr., d'abord calfestrer (1382-1384), galefeustrer (1478) puis calfeutrer (1540), est l'altération de calfater avec développement d'un r épenthétique par croisement avec feutre*, le feutre étant utilisé comme bourre dans le calfatage. Le mot, supplanté par calfater comme terme technique maritime, a survécu et s'est répandu avec le sens extensif de « rendre étanche en bouchant les fentes d'une ouverture » (1478), alors détaché de son origine. ◆  SE CALFEUTRER a pris au XVIIIe s. le sens figuré de « s'enfermer chaudement chez soi dans une pièce calfeutrée » (av. 1721) d'où « s'enfermer, se cloîtrer ».
■  Son substantif d'action revêt dès l'origine la double forme CALFEUTRAGE n. m. (1575) et CALFEUTREMENT n. m. (1575) et disparaît de l'usage maritime en suivant la même évolution que le verbe, au XVIIIe s. pour calfeutrage, au XIXe s. pour calfeutrement.
CALIBRE n. m. est emprunté (1478) à l'arabe qālib, qālab « moule où l'on verse les métaux » (IXe s.) et « forme de cordonnier », (déb. XIIe s.). L'arabe est lui-même emprunté au grec kalopous, kalapous « forme en bois pour fabriquer des chaussures », composé de kalon « bois » et de pous « pied ». Kalon est apparenté à kaiein « brûler » qui appartiendrait au même groupe indoeuropéen que plusieurs mots baltes. L'hypothèse d'un intermédiaire italien calibro est très douteuse, ce mot n'étant pas attesté avant le XVIIe s. ; il en va de même pour l'espagnol (1583, calibio ; 1594, calibre).
❏  Le mot désigne le diamètre intérieur d'un tube, spécialement le diamètre intérieur du canon d'une arme à feu (1571). Tandis que d'après l'idée de volume, de capacité, le mot a pris le sens figuré d'« importance » (1548), familièrement dans la locution n'être pas du même calibre (1611). Le sens propre a connu une expansion métonymique au XVIIe s. : calibre désigne l'instrument servant à vérifier le diamètre d'une arme (1690) et par extension l'arme à feu caractérisée par l'importance de ce diamètre (un calibre 12), d'où en langue familière un calibre « une arme à feu » (1935).
■  Le mot s'applique aussi au modèle sur lequel sont tracés les contours, les dimensions de l'objet à fabriquer (1694).
❏  CALIBRER v. tr. est d'abord attesté (1552) sous la forme du participe passé adjectivé calibré avec le sens de « donner le calibre, les dimensions voulues à ». Depuis 1845, il signifie aussi « mesurer les dimensions de (qqch.) » et par extension « proportionner » (1819), spécialement en termes d'imprimerie « évaluer la longueur d'un texte ».
■  Le verbe a produit les dérivés CALIBRAGE n. m. (1838), CALIBREUR, EUSE n. (1845), CALIBRATION n. f. (1963 dans les dictionnaires) désignant en physique l'étude des variations de la réponse d'un récepteur photométrique à des flux lumineux. ◆  CALIBRISTE n. m. (1941) est le nom de l'ajusteur-outilleur chargé de la confection des calibres.
1 CALICE n. m., d'abord chalice (v. 1180), est emprunté au latin calix « coupe, vase à boire » employé par extension à propos de toute espèce de récipient et spécialement à propos d'un tuyau d'aqueduc ; le mot est fréquent dans la langue de l'Église pour désigner la passion du Christ, le sang du Christ et le vase sacré de l'eucharistie. Les Romains y voyaient un emprunt au grec kulix « coupe, vase à boire », mais en réalité le mot peut être latin, d'origine indoeuropéenne et appartenir à un ancien °k°lik- ayant des correspondants dans le grec kulix et kalux (→ 2 calice), le sanskrit kaláçah « pot, coupe » et kalikā « bouton de fleur ».
❏  Le mot est introduit avec le sens concret de « vase à boire », se spécialisant dans le vocabulaire de la liturgie. Ultérieurement, il a été réemprunté au grec comme terme d'antiquité. ◆  À partir de 1660, il est employé comme terme de mystique avec le sens figuré d'« épreuve cruelle » en référence à la passion du Christ (le calice de la passion) ; ce sens a suscité la locution métaphorique boire le calice jusqu'à la lie (1680).
■  Le mot, comme d'autres termes religieux (ciboire, tabernacle), sert de juron (« sacre ») en français québécois. Dans l'usage familier, il s'écrit CALISSE, avec les variantes caline, calique. De là un verbe familier, CALISSER v. tr. pour « donner », « jeter », « laisser, abandonner (qqn) », « mettre (dehors) un peu vivement » (il l'a calissé dehors). Se calisser de (qqn, qqch.), correspond à « s'en ficher, s'en foutre ». ◆  L'interjection calice ! existe aussi en français de Nouvelle-Calédonie, comme expression de la surprise, ceci dans la série des exclamations évoquée à l'article babylone ! (on entend aussi alice ! et calisson !, ce qui écarte une assimilation au sacre québécois).
2 CALICE n. m. est emprunté (1575) au latin calyx « enveloppe de la fleur » (Pline), lui-même emprunté au grec kalux (Hérodote). Le mot désigne en botanique toutes sortes d'enveloppes (enveloppe des graines, des fleurs, gousse), un bouton de fleur — en poésie — et une parure féminine. Le mot fait penser à kulix « vase à boire » et au latin calix « coupe » auxquels il pourrait être apparenté (→ 1 calice). L'introduction d'un i à la place du y s'explique par l'influence de 1 calice, les deux mots étant confondus, 2 calice étant spontanément considéré comme une métaphore de 1 calice.
❏  Le mot désigne l'enveloppe extérieure de la fleur qui recouvre la base de la corolle et est formée de sépales. Par analogie de forme, il est employé spécialement en anatomie (calices du rein XIXe s., in Landais, 1843). En architecture, il s'applique aux feuilles sculptées dans les chapiteaux corinthiens.
❏  Calice a produit trois adjectifs relevant de la description botanique : CALICIN, INE (av. 1826) dont est tiré CALICINAL, ALE, AUX (1803), et CALICIFORME (1838) avec l'élément -forme*.
CALICOT n. m., d'abord callicoos (1613 ou 1663), puis calico (1750) et calicot (1808), est issu du nom de la ville de Calicut située sur la côte de Malabar en Inde, important centre de commerce du XVe au XVIIIe siècle. Compte tenu des données historiques et des constructions périphrastiques anglaises (1540, kalyko cloth ; 1549, calocowe clothe) d'où la forme elliptique callaga, callica (1578), callico (1590), l'intermédiaire de l'anglais est très probable.
❏  Le mot, qui, avant le XIXe s., n'apparaît que dans les récits de voyage, désigne une toile de coton assez grossière et, par métonymie, une bande de cette étoffe portant une inscription. Pris quelquefois comme symbole d'une qualité inférieure, il a servi à désigner péjorativement le commis d'un magasin de nouveautés, apparaissant comme nom propre d'un personnage de vaudeville (1817) et se répandant rapidement dans l'usage (1819) ; ce sens s'est éteint au XXe siècle.
CALIFE n. m. (v. 1360), d'abord califfe (déb. XIIIe s.) et calif (v. 1244), est emprunté à l'arabe ḫalīfa « souverain musulman succédant à Mahomet », proprement « successeur », dérivé de ḫalafa « succéder à ». L'hypothèse d'un intermédiaire espagnol est à écarter, la forme espagnole califa attestée plus tard (1295) étant probablement empruntée au français.
❏  Le mot désigne, en histoire de l'islam, le successeur de Mahomet. Par extension, il s'est quelquefois employé à propos d'une personne ayant un certain pouvoir dans un domaine particulier. Il s'est écrit au XIXe s. caliphe, graphie abandonnée, et khalife, plus didactique. ◆  Par allusion à une bande dessinée mettant en scène le vizir Iznogoud, l'expression vouloir être calife à la place du calife « prendre indûment la place d'un supérieur » est devenue courante. ◆  En français du Maghreb, le mot, aussi écrit khalife, khalifa, se dit en histoire du gouverneur d'une province de l'Empire ottoman. Au Maroc, c'est le nom d'un adjoint à un gouverneur.
❏  De calife sont dérivés CALIFAT n. m. (1560) « dignité de calife » et par extension « durée de règne d'un calife » (1863), écrit aussi khalifat, ainsi que CALIFAL, ALE, AUX adj. « relatif au calife » (1838).
? CALIFOURCHON (À) loc. adv. et n. m., d'abord à calfourchons (v. 1550), callifourchons (1611) puis califourchon (1690), continue l'ancien français a caleforchies (1262), composé de fourche* avec un premier élément d'origine controversée. D'après Wartburg, il serait issu du breton kall « testicules », fourche concernant l'écartement des jambes ; cette formation serait originaire de l'Ouest. D'après Dauzat, l'expression serait issue de 2 caler*. Une autre hypothèse analyse le mot tout entier comme une déformation d'après le préfixe ca-, cali- « creux » d'un type °confurcus, de cum « avec » (→ co-) et furca « fourche », d'où dérivent de nombreux toponymes de la Dordogne et du Cantal, du type La Cafourche, La Cofourche, désignant des carrefours, ainsi que le provençal cafour « enfourchure d'arbre, carrefour ».
❏  Dès les premiers textes, le mot est employé dans la locution adverbiale à califourchon « dans la position d'un homme à cheval, les jambes écartées ». ◆  L'emploi autonome du substantif, au sens figuré de « dada, manie » (1835) à rapprocher de dada (enfourcher un dada) et de cheval de bataille, est sorti d'usage.
? CÂLINER v., attesté depuis 1616 et probablement antérieur si l'on en juge par câlin (av. 1593), est d'origine incertaine. Il est généralement considéré comme emprunté au normand caliner, dit des animaux qui se reposent à l'ombre pendant les grandes chaleurs, dérivé avec la désinence -er du normand caline « chaleur lourde ». Ce mot, qui correspond à l'ancien et moyen français chaline, attesté du XIIe au XIVe s., en usage dans le Poitou, est issu d'un latin populaire °calina, dérivé du latin calere « être chaud » (→ chaland). Le normand a également caliner « faire des éclairs de chaleur » et calin « éclair de chaleur ». L'évolution sémantique en français, de l'idée de « chaleur » à celle de « paresse, indolence », serait analogue à celle de chômer* ; la longueur du a de câliner peut être le reflet d'une prononciation dialectale. ◆  Gamillscheg supposait que le verbe remontait à l'ancien français chadeler « conduire, mener qqn » (du latin capitellare, dérivé de caput « tête » → chef), par l'intermédiaire d'une forme °cadliner supposée d'après le normand cadeler « choyer, caresser » et de l'emprunt moyen anglais to caddle de même sens (1611) ; cette hypothèse fait difficulté du point de vue phonétique. ◆  Pour la même raison, il faut écarter celle de Spitzer invoquant l'étymon latin catellus « petit chien, petit d'animal » (Cf. canicule). P. Guiraud explique le sens moderne d'après l'influence de l'ancien français chael « petit d'animal » (du latin catellus), mais il ne semble pas indispensable de recourir à cette influence, le passage de « réchauffer » à « cajoler » semblant assez naturel.
❏  Le verbe signifie d'abord « se tenir dans l'indolence, prendre ses aises », et encore exceptionnellement à la forme pronominale, puis aussi en construction intransitive (1740), sortie d'usage. En changeant de construction, il a changé de sens, exprimant l'idée de « dorloter, bercer de regards, paroles tendres, caressants » (1808).
❏  CÂLIN, INE adj., en dépit de son attestation (av. 1593), semble dérivé du verbe. Il n'est pas exclu que calin, au sens de « gueux, mendiant » et « niais, naïf » (1740), soit, comme le pense Guiraud, dérivé d'un autre mot, lui-même dérivé de cale « coquille » (→ écale). ◆  Le sens moderne de « cajoleur » apparaît au XIXe s. en même temps que l'accent circonflexe (1833), éliminant la valeur de « paresseux, trop délicat » que l'on rencontre encore chez certains écrivains du XIXe s. (Chateaubriand, Sand). ◆  L'adjectif est substantivé, désignant à la fois la personne qui aime faire des caresses ou en recevoir et, plus souvent, l'échange de caresses, surtout dans la locution faire (un) câlin, employée par euphémisme (v. 1970-1980) pour un rapport sexuel.
Les autres dérivés de câliner correspondent au sens moderne : CÂLINERIE n. f. (1831), CÂLINAGE n. m. (1837) et CÂLINEMENT n. m. (1889) rares, ainsi que l'adverbe CÂLINEMENT (1842), assez usuel.
❏ voir ACHALANDER, CALOR-, CHALAND, CHALEUR, CHAUD, CHAUFFER, ÉCHAUDER, NONCHALANT.
CALISSE, CALISSER → CALICE
CALISSON n. m., attesté en 1835, accueilli par le Dictionnaire de l'Académie en 1838 (calisson d'Aix), est emprunté au provençal calisson, forme dissimilée de canisson, canissoun « clayon », spécialement « claie ronde sur laquelle les pâtissiers portent leurs pâtisseries » d'où, par métonymie, « friandise » (1503). Le mot provençal est dérivé de canitz « clayon », issu du bas latin °cannicium, neutre substantivé de l'adjectif cannicius « fait de roseaux », dérivé de canna (→ canne). Le type calison, attesté une seule fois au XIIIe s. en parlant d'une friandise, est emprunté à l'ancien vénitien calisoni (XVe s.) auquel se rattachent le latin médiéval calisone (1170, Padoue), l'italien calicione (XVe s.), formes peut-être dérivées de cannicio « clayon » correspondant au provençal canitz ; les rapports entre le mot italien et le mot provençal ne sont pas bien élucidés.
❏  Le mot désigne une sorte de confiserie provençale (aixoise) en forme de losange, faite d'amandes pilées et au dessus glacé.
CALLEUX, CALLOSITÉ → CAL
CALL GIRL → GIRL
CALLI- est emprunté pour servir de premier élément de composition signifiant « beau », au grec kalli-. Celui-ci est tiré, avec une géminée que l'on retrouve dans la plupart des dérivés de ce groupe, de kalos « beau », « utile », « en bon état », par suite passé au sens moral de « bien » (Cf. la solidarité archaïque, en français de bien, bon et beau). D'où kallos « beauté ». Le rapprochement de kalos avec le sanskrit kalya- « prêt, dispos » est hypothétique, les deux mots étant éloignés par le sens. Une variante calo-, faite directement sur kalos, est empruntée au grec tardif.
❏  Avant de devenir productif en français, calli- se trouve dans plusieurs termes empruntés au grec, tels CALLIGRAPHIE n. f. (1569) qui a donné CALLIGRAPHIQUE adj. (1823), CALLIGRAPHIER v. tr. (1844) et CALLIGRAPHE n. (1751).
■  CALLIPÉDIE n. f. (1749, par le latin) est sorti d'usage.
■  CALLIPYGE adj. (1786 ; Venus Callypygis, 1794) est relativement connu en référence au nom d'une célèbre statue grecque. Le mot est formé avec le grec pugê « fesse ; fessier », d'origine inconnue, malgré des rapprochements avec le sanskrit tardif putau. Il signifie « aux belles (ou aux grosses) fesses ».
❏  L'élément a servi à former de nombreux termes désignant dans les nomenclatures scientifiques des plantes ou des êtres vivants souvent, comme chez Linné, par l'intermédiaire du latin scientifique.
■  Au XXe s., il est entré dans CALLIGRAMME n. m., néologisme d'Apollinaire (1918), créé par croisement entre calligraphie et idéogramme*, d'où CALLIGRAMMATIQUE adj. (1936).
1 CALMAR n. m., d'abord calmart (1464), calemart (1471-1472), puis calamar, calmar (1606), est emprunté, peut-être par l'intermédiaire de l'ancien provençal calamar (fin XIIIe s.), à l'italien calamaro « écritoire portatif » (1300-1350). Celui-ci est une forme dialectale correspondant au toscan calamaio (1250-1300), issu du bas latin calamarium, lui-même attesté en latin médiéval pour « écritoire » (1100-1150). C'est la substantivation de l'adjectif calamarius, de calamus (→ calame), elliptiquement pour calamaria theca (mot grec) « boîte pour les roseaux à écrire ». Étant donné la première forme et l'enracinement du mot dans le domaine italien, cette hypothèse est préférable à celle d'un emprunt direct au latin.
❏  Le mot, qui a désigné un étui pour les plumes à écrire, était sorti d'usage dès 1680.
❏  2 CALMAR n. m., d'abord calemar (1552), calamar (1606), puis calmar (1751), est soit issu par métonymie de 1 calmar, en raison de la poche de liquide noirâtre de ces animaux, soit plutôt emprunté à l'italien calamaro, attesté en ce sens sous la forme calamaio (XIIIe s.) puis calamaro (XVIe s.). L'allusion à l'écriture peut s'expliquer, indépendamment de l'« encre », par la formation anatomique dure qui structure le corps de l'animal, et évoque une plume d'oiseau.
■  Le mot désigne un mollusque du genre seiche, à tentacules garnis de ventouses, sécrétant un liquide noir, et notamment ses variétés comestibles, parfois à nouveau sous la forme calamar réempruntée à l'espagnol.